Atlas universel, contenant la géographie physique, politique , historique, théorique, militaire, industrielle, agricole & commerciale du monde... : précédé d'une astronomie et d'un planisphère céleste / le texte par F. de La Brugère,... et Alphonse Barall (2024)

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Titre : Atlas universel, contenant la géographie physique, politique , historique, théorique, militaire, industrielle, agricole & commerciale du monde... : précédé d'une astronomie et d'un planisphère céleste / le texte par F. de La Brugère,... et Alphonse Baralle,...

Auteur : Fayard, Arthème (1836-1895). Auteur du texte

Auteur : Baralle, Alphonse (18..-19..?). Auteur du texte

Éditeur : A. Fayard (Paris)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb307058945

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 1 vol. (410 p.) ; in-4

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Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6569199b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-G-64

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 16/12/2013

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ATLAS UNIVERSEL

AVEC LA

GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE DU MONDE

MÉDAILLE A L'EXPOSITION INTERNATIONALE, PARIS

MÉDAILLES ET RÉCOMPENSES ACCORDÉES PAR PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES

PROPRIÉTÉ DE L'ÉDITEUR

Les formalités prescrites par la loi ayant été remplies, les contrefacteurs seront rigoureusemenl poursuivis.

Tous les exemplaires non revêtus de la signature de l'éditeur seront réputés contrefaits.

Droits de traduction réservés.

ATLAS UNIVERSEL

CONTENANT LA

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE, POLITIQUE, HISTORIQUE, THÉORIQUE, MILITAIRE, INDUSTRIELLE, AGKICOLË & COMMERCIALE DU MONDE AVEC LA STATISTIQUE LA PLUS RÉCENTE ET LA PLUS COMPLÈTE Précédé d'une astronomie et d'un planisphère céleste

JL.Œ3 TTlEX'jrjE

Par F. DE LA BRUGÊBE Auteur de la France pittoresque, de l'Encyclopédie des connaissances utiles, etc., rédacteur en chef du Journal historique, de la Revue scientifique, etc., membre de la Société de Géographie, du Congrès international des sciences géographiques, de la Société de Géographie commerciale, de la Société d'Acclimatation, etc. etc.

Et Alphonse BARALLE Ancien professeur de géographie, collaborateur du Grand Dictionnaire du XIX' Siècle (Larousse), membre de la Commission de géographie commerciale déléguée par la Société de Géographie et les Chambres syndicales de Paris, membre de plusieurs Societés savantes et littéraires, etc., etc.

Contenant 84 Cartes géographiques 1.

DRESSÉES Par VUILLEMIN, Charles LACOSTE, MONIN et CLEROT

GRAVÉES SUR ACIER Par LACOUCHY, LORSIGNOL et HAUSSEKMANN

EN PLUS 64 PLANS DES PRINCIPALES VILLES DU MONDE Imprimés en plusieurs couleurs (chromo), gravés par H,t.IJSSERJlt.:N:N Un Planisphère céleste, une Carte spéciale des Chemins de fer de l'Europe, chaque ligne coloriée différemment, une GRANDE CARTE D'EUROPE (prime), plus un GRAND PLANISPHÈRE (prime), ces deux grandes cartes mesurent 1 m. 30 sur 1 mètre; et un très-beau Titre artistique En tout, 148 CARTES ou PLANS tirés à part

PARIS LIBRAIRIE HISTORIQUE ET SCIENTIFIQUE Arthême FAYARB Éditeur 49, RUE DES NOYERS, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 49

1877

PARIS, - IMPRIMERIE MODERNE (BARTHIER, DIRECTEUR) 61, RUE JEAN-JACQUES -ROUSSEAU, 6t

La géographie, ainsi que l'indiquWétymolo- gie grecque de son nom (Ghê, TerW,- faGraphé'in, écrire, décrire) a pour but la d'

de notre giooe.

Pour arriver à cette étude, quelques notions de géométrie nous ont paru indispensables.

DÉFINITIONS GÉOMÉTRIQUES. — On appelle point (a, fig. 2) un espace tellement petit que l'on ne saurait le diviser. (Voir nos tableaux.) La ligne est une longueur sans largeur; on la considère comme étant formée de la réunion de plusieurs points (fig. 2, b).

La ligne droite, ou plus simplement la droite (fig. 2, b) est le plus court chemin d'un point à un autre. Deux points tfig. a et b) suffisent pour déterminer une droite.

La ligne brisée est composée de lignes droites.

Une ligne qui n'est ni droite ni brisée est une ligne courbe (f).

Lorsque deux droites se rencontrent, elles forment les deux côtés d'un angle.

L'angle est donc l'espace compris entre deux droites qui se coupent.

Lorsqu'en prolongeant deux droites qui se rencontrent, on forme à leur point de jonction quatre angles égaux, les lignes sont perpendiculaires l'une à l'autre.

Chacun des angles compris entre deux perpendiculaires est un angle droit.

Tout angle droit a une ouverture égale à 90°.

L'angle aigu est celui dont l'ouverture est inférieure à 90°; il est donc plus petit que l'angle droit.

L'angle obtus, dont l'ouverture est supérieure à 90°, est plus grand que l'angle droit.

Des lignes qui, en se rencontrant, forment des angles autres que des angles droits, sont dites obliques l'une à l'autre.

Deux droites sont dites parallèles, lorsqu'étant situées sur un même plan, elles ne peuvent se rencontrer, à quelque distance qu'on les prolonge.

Un plan est une surface sur laquelle on peut appliquer une ligne droite dans tous les sens.

Une figure plane est une portion de plan terminée par des lignes.

Le triangle est une figure terminée par trois lignes droites.

Le quadrilatère est la figure terminée par quatre lignes droites; il prend le nom de parallèlogramme quand les côtés opposés sont parallèles; celui de losange lorsque ses quatre côlés sont égaux; de rectangle quand ses côtés forment entre eux des angles droits; de carré quand il a ses quatre côtés égaux et ses quatre angles droits ; de trapèze lorsque deux de ses côtés seulement sont parallèles.

Le cercle est une surface' entourée par une ligne courbe (circonférence), dont tous les points sont également distants d'un point intérieur appelé centre.

Le diamètre du cercle est la ligne droite qui unit deux points de la circonférence en passant par le centre; il divise le cercle et la circonférence chacun en deux parties égales.

Le rayon est une droite qui va du centre à un point. quelconque de la circonférence.

On divise le cercle en 360 parties égales, appelées degrés (°) ; chaque degré en 60 minutes ('), chaque minute en 60 secondes ("), chaque seconde en 60 tierces ('"), et ainsi de suite.

(1 cercle vaut donc quatre angles-droits 9 4 = 360).

i * moitié du cercle vaut deux droits

-190 X 2 = 180).

Le quart du cercle vaut un angle droit 4 L'arc est une portion quelconque de la circonférence.

La corde est la ligne droite qui réunit les deux extrémités d'un arc.

Le segment est l'espace compris entre la corde et l'arc.

* Le secteur est l'espace compris entre l'arc et deux rayons.

Toute droite qui touche une courbe en un seul point est dite tangente à cette courbe.

Toute droite oui coupe une circonférence est

dite séquentc.

La sphère est un corps solide terminé par une surface courbe dont tous les points sont également distants d'un point intérieur appelé centre.

DÉFINITIONS GÉOGRAPHIQUES. — Pour indiquer la position des différents lieux, les uns par rapport aux autres, on a recours aux points cardinaux, aux grands rprelet et aux petits cercles.

Points cardinaux. — Ce sont : le levant, le couchant, le nord et le sud. Le levant est le point vers lequel le soleil semble se lever; on l'appelle aussi est ou orient. Le point opposé est le couchant (ouest ou occident). Le nord ou septentrion est le point qu'on a devant soi quand on a le levant à sa droite et le couchant à sa gauche. Le sud ou midi est le point opposé au nord.

II existe entre ces points principaux des directions intermédiaires.

En premier lieu nord-est, entre le nord et l'est, nord-ouest entre le nord et l'ouest, sudouest entre le sud et l'ouest, sud-est entre le sud et l'est.

En second lieu, nord-nord-est, entre le nord et le nord-est, etc. En troisième lieu nord 1/4 nord-ouest, entre le nord-nord-ouest et le nord, etc. La configuration de l'ensemble de tous ces signes forme la figure appelée Rose des Vents.

Grands cercles.-La ligne sur laquelle tourne la terre, s'appelle l'axe de la terre et se termine en deux points appelés pôles, que l'on suppose placés, l'un à l'extrémité sud (pôle antarctique) et l'autre à l'extrémité nord (pôle arctique.) Les cercles marqués sur les cartes sont arbitraires; on les suppose tracés sur la terre. Ce sont : 1° L'équateur, nommé aussi ligne équinoxiale.

L'équateur fait le tour de la terre à égale distance des deux pôles. Il divise le globe en deux parties nommées hémisphères. L'une prend le nom de septentrionale ou boréale et comprend le pôle arctique; l'autre celui de méridionale ou australe, et comprend le pôle antarctique.

20 Les méridiens, grands cercles qui, passant par les pôles, coupent l'équateur perpendiculairement et partagent le globe en deux hémisphères : l'hémisphère oriental et l'hémisphère occidental. Tous les points du globe qui ont

midi en même temps sont sous le même méridien. Le nombre des méridiens est donc infini, et chaque peuple fixe le sien.

3° L'écliptique, ligne suivant laquelle la terre effectue sa révolution annuelle autour du soleil.

Petits cercles. A moitié distance environ des pôles et de l'équateur, deux nouveaux cercles ont été placés. On les nomme les tropiques.

Celui qui sépare l'équateur du pôle arctiqua prend le nom de tropique du Cancer; celui qui se trouve entre l'équateur et le pôle antarctique, tropique du Capricorne. Deux autres cercles plus petits, parce qu'ils sont beaucoup plus rapprochés des pôles, sont appelés cercles polaires.

Celui de l'hémisphère nord prend le nom de cercle polaire du nord ou arctique. Celui de l'hémisphère du sud, cercle polaire du sud ou antarctique.

Zones. -L'espace contenu entre ces différents cercles prend le nom de zones. La zone torride est celle qui occupe toute la partie du globe entre les deux tropiques. ,

La zone tempérée est placée, au nord, entre le tropique du Cancer et le cercle polaire arctique, et au sud, entre le tropique du Capricorne et le cercle polaire antarctique. Les deux parties sphériques situées entre les cercles polaires et les pôles prennent le nom de zones glaciales.

Degrés. —La distance d'un lieu à l'équateur se détermine en degrés. La circonférence du globe étant de 360 degrés, on dira donc que tel point se trouve à tant de degrés de l'équateur, mais on dit plus communément à tant de degrés de latitude. Si les points se trouvent l'un dans un hémisphère, l'un dans un autre, à égale distance de l'équateur, ces points ont aussi la même latitude. Mais on les distingue en nommant l'un latitude australe et l'autre latitude boréale.

La longitude d'un lieu est l'angle que fait leméridien de ce lieu avec un autre méridien pris pour point de départ. Sur les cartes françaises, on part du méridien de Paris. La longitude se compte de 0° à 180° vers l'est ou vers l'ouest, ou de 0° à 360 en allant toujours vers l'ouest.

Des globes et des cartes plates. - Pour rendre fidèlement la position exacte des lieux, il est impossible de s'en rendre compte sur une carte plate, on doit se contenter de procéder par approximation et, pour arriver à ce résultat, on coupe la sphère en deux parties égales et on dresse une mappemonde. Cette carte représente deux cercles contenant chacun un hémisphère.

On distingue trois sortes de projections stéréographiques qui sont d'un usage commun : 1° celle sur le plan de l'équateur qu'on nomme polaire, parce que l'œil est supposé à l'un des pôles; 2° celle sur le plan d'un méridien, ordinairement celui de l'Ile de Fer, qui coupe le globe en deux hémisphères, l'un contenant l'Amérique et l'autre l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Océanie; 3° celle sur le plan de l'horizon d'un lieu quelconque.

Le planisphère prend aussi parfois la forme d'un rectangle. Pour obtenir cette forme, on projette les degrés sur un cylindre enveloppant

là terre, et on déroule ensuite ce cylindre, qu'on met à plat. Ces cartes sont généralement dessinées d'après la projection de Mercator. , Les méridiens y sont des lignes droites parallèles, équidistantes et coupées à angle droit par les parallèles à l'équateur. Mais les intervalles qui séparent ceux-ci croissent a mesure qu'on avance vers les pôles, dans un rapport précisément inverse de celui que suit sur le globe la diminution des degrés de longitude. Il résulte de là que les distances en longitude ont, par rapport aux distances en latitude correspondante, la même relation que sur le globe.

Pour se rendre un compte exact des mouvements de la terre et de la géographie physique, il est nécessaire de jeter un rapide coup-d'oeil sur le groupe solaire dont notre globe n'est qu'une partie bien infime.

ASTRONOMIE - BUT Et ORIGINE DE L'ASTRONOMIE. — La science qui donne la connaissance des astres se nomme astronomie ; elle cons'Iste à considérer tous les corps célestes, à déterminer et à calculer leurs divers mouvements, à mesurer l'éloignement et la grandeur des planètes et des étoiles, enfin à calculer les éclipses du soleil, de la lune, etc. L'astronomie doit son origine aux Chaldéens, peuple de la Babylonie, dont les prêtres s'adonnaient particulièrement à cette science. On leur doit les cadrans solaires; ils établirent le culte des astres ; leur dieu Rclus était le soleil.

SYSTÈMES DE PTOLÉMÉE, COPERNIC, TYC'HOBRAHÉ, DESCARTES. — On nomme système, en astronomie, certain plan que s'est fait quelque astronome célèbre de la position, des distances, des mouvements et de la grandeur de certains astres, et par lequel il pi étend expliquer tous les phénomènes et tous les changements observés dans le ciel. Les principaux systèmes sont ceux de Ptolémée, de.Copernic, de Tycho-Brahé et de Descartes.

Système de Ptolémée. — Ptolémée, célèbre astronome d'Alexandrie, qui vivait vers l'an 138 de notre ère, suppose que la terre est immobile au centre du monde. Autour de la terre, il fait tourner en vingt-quatre heures le ciel avec tous les astres, d'occident en orient, ce qui donne le jour et fa nuit. Outre ce mouvement, les étoiles fixes et les planètes, au nombre desquelles il met le soleil et la lune, font des révolutions particulières d'occident en orient, en des temps inégaux, selon leur éloignement de la terre. La lune en est la plus voisine : au-dessus de la lune circulent Vénus, Mercure, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne, la plus élevée de toutes celles qu'il connût. Ce système, uniquement fondé sur des apparences, mais contraire aux observations astronomiques et aux principes de la physique, est abandonné depuis plus de trois siècles.Système de Copernic. — Copernic, néàThorn, dans la Prusse, en 1473, renouvela et étendit ce système, qui avait été adopté par quelques philosophes anciens. Képler, Galilée, Newton et d'autres savants l'ont perfectionné après lui et l'ont porté au dernier point d'évidence ; en sorte que c'est aujourd'hui la seule manière raisonnable d'expliquer les phénomènes célestes.

Dans ce système, le soleil est placé au centre de l'univers, ensuite les planètes Mercure, Vénus, la Terre et la Lune, Mars, Jupiter .et Saturne. Les modernes, d'après leurs observations, y ont ajouté Vesta, Junon, Cérès, Pallas, etc., situées entre Mars et Jupiter, plus les planètes Uranus et Neptune après Saturne.

Système de Tycho-Brahé. — Tycho-Brahé, né à Knudstrop, en Danemarck, en 1546, fit laplus grande partie 5e ses étudos à l'universite de

Copenhague. On le destinait au barreau; mais la grande éclipse de soleil de 1560 développa son goût pour l'astronomie. Il approuvait tout le système de Copernic, à l'exception du mouvement de la terre, qui lui semblait contraire à PEcriture-Sainte. Il crut donc corriger cette prétendue erreur en placant la terre immobile au centre du monde. Autour de la terre, il faisait tourner la lune, puis le soleil et toutes les étoiles, tandis que le soleil était le centre du mouvement des cinquante planètes.

Système de Descartes. — Descartes, né en Touraine (à la Haye, en 1596), fut élevé chez les Jésuites à La Flèche, et il passa ses premières années au service, qu'il quitta pour se livrer plus librement à l'étude. Il crut trouver un moyen vraisemblable d'expliquer le mouvement des astres en imaginant des tourbillons qui environnent certaines planètes principales, et sont entraînés avec elles dans leur mouvement, aussi bien que les planètes moindres qui se trouvent dans ces tourbillons. Ce philosophe regarde chacune des étoiles fixes comme autant de soleils qui sont an' centre d'un tourbillon auquel elles donnent le mouvement. Son système est celui de Copernic; mais l'idée des tourbillons n'est pas heureuse.

Nous allons résumer ici l'historique de l'astronomie.

HISTORIQUE DE L'ASTRONOMIE. — Année 640 avant J.-C. — Vers ce temps environ naquit à Milet, ville d'Ionie, dans la Grèce, le fameux Thalès. On le regarde comme le premier qui ait prédit les éclipses. Il fixa les points des solstices, et il trouva en quelle raison est le diamètre du soleil au cercle qu'il paraît décrire autour de la terre.

Année 847. — On savait en ce temps-là que la lune n'a qu'une lumière empruntée ; que le soleil est plus grand que la terre ; que cet astre n'est qu'une masse de feu. On construisait des sphères. On traçait des cadrans solaires. On dressait des cartes géographiques. On connaissait l'obliquité de l'écliptique. On doit toutes ces connaissances à Anaximandre,natifde Milet, et disciple de Thalès.

Année 530. — Pythagore enseigna, environ à cette époque, que la terre tourne autour du soleil immobile au centre du monde.

Année 439. — Cette année-là même, Meton, célèbre astronome d'Athènes, publiason fameux cycle lunaire ou révolution de 19 années solaires, au bout desquelles les nouvelles lunes tombent aux mêmes jours auxquels elles étaient arrivées 19 ans auparavant.

Année 370. — Ce fut à peu près alors qu'Eudoxe de Cnide régla l'année solaire à 365 jours, 6 heures. Cet astronome eut encore la gloire de déterminer le temps précis que mettent les planètes à tourner périodiquement autour du soleil.

Année 340. — A peu près en ce temps-là, Aristote observa une comète et une éclipse de Mars par la lune.

Année 200. — Alors florissait à Syracuse Archimède, qui s'adonna à l'astronomie avec une extrême ardeur. Il fit une sphère de verre, dont les cercles suivaient les mouvements des cieux avec beaucoup d'exactitude. Dans ce temps-là même vivait Eratosthène qui fixa la distance de la terre au soleil et à la lune.

Année 140. - Ilipparque, le plus grand astronome de l'antiquité, composa ses ouvrages entre l'an 168 et 129 avant J.-C. Il prédit les éclipses et il calcula toutes celles qu'il devait y avoir de soleil et de lune dans l'espace de 600 ans. Il compta les étoiles et il marqua la situation et la grandeur des principales. Il fit plus : il s'aperçut que les étoiles avaient un mouvement d'occident en orient autour des pôles de l'écliptique.

Année 138 de J.-C. — En ce temps-là floris-

sait à Alexandrie Claude Ptolémée, dont nous avons fait connaître le système astronomique au commencement de cet article. Ce fut lui qui rangea les étoiles- les plus considérables sous quarante-huit constellations.

Année 169. — Cette année-là même fut fait évêque de Laodicée saint Anatole. Le traité qu'il composa sur la Pâque est une preuve incontestable dés grands progrès qu'il avait faits en l'astronomie Année 813. — Le calife Almansour, prince mahométan, commença cette année-là son empire. Il s'adonna à l'astronomie avec tant de soin, qu'on dressa sur ses observations des Tables astronomiques qui portent son nom.

Année 1252. — Le er juin de cette année monta sur le trône de Léon et de Castille, Alfonse, surnommé l'Astronome. Ce prince dépensa quatre cent mille ducats à la construction des Tables astronomiques, nommées Alfonsiennes. Ces Tables furent dressées en 1270.

Année 1267. — Roger Bacon, cordelier, proposa, dans le cours de cette année, au pape Clément IV, la correction du calendrier, dans lequel il avait découvert une erreur très-considérable. Cette correction ne fut exécutée qu'eu l'année 1580, sous le pontificat de Grégoire XIII.

Année 1440. — Dominique Maria, Bolonais, travailla, en ce temps-Tà, avec beaucoup de soin, au rétablissement de l'astronomie. Il donna du goût pour cette science, au fameux Copernic, dont il fut le précepteur.

Année 1460. — Alors florissait en Allemagne Jean Muller, connu sous le nom de Régiomontan. Il publia le premier des éphémérides pour plusieurs années. II donna l'abrégé de Y Aimageste (recueil d'observations astronomiques) de Ptolémée, et il observa avec beaucoup de soin la comète de 1472.

Année 1473. — Le 19 février 1473, naquit à Thorn le célèbre Nicolas Copernic. Il publia, en 1530, le vrai système du ciel, dont il trouva le fond dans les écrits de Pythagore, et dont nous avons rendu compte à l'article Système de Copernic.

Année i 531. - Cette année est fameuse par l'apparition de la comète que l'on a vu revenir pendant les années 1607, 1682 et 1759. Elle fut observée, la première fois, par Pierre Apiano, de Leipsick, astronome de l'empereur.

Année 1546. — Le 19 décembre de 1546 naquit à Knudstorp, le grand astronome TychoBrahé. Il fit bâtir, dans son château d'Uranilbourg, un fameux observatoire, d'où il détermina les vrais lieux de sept cent soixante-dixsept étoiles fixes; nous avons parlé de son système.

Année 1564. — Cette année-là même naquit l'inventeur des télescopes astronomiques , le célèbre Galilée. A l'aide de ces instruments, il découvrit les quatre satellites de Jupiter. Mais, enseignant le système de Copernic, l'Inquisition en prit ombrage et le cita. Il passa deux ans dans les prisons du Saint-Office ; il fut obligé de se rétracter, et son livre fut brûlé. Le fréquent usage du télescope et l'intensité de la lumière le rendirent aveugle. Il mourut à Ascetri, en 1642, près de Florence, où il était né.

Année 1571. -* Le 22 décembre 1571 naquit à Wiel, Jean Képler ; les deux lois qu'il a trouvées, et dont nous allons rendre compte, l'ont fait surnommer le père de l'astronomie. Première loi : « Les aires astronomiques parcou« rues par les planètes sont comme les temps « employés à les parcourir. » Seconde loi : « Les « carrés des temps périodiques des planètes qui « tournent autour d'un centre commun sont « comme les cubes de leurs distances à ce « centre. » Quelques-uns, au lieu d'énoncer la seconde loi de Kepler, comme nous l'avons fait, la proposent de la manière suivante : « Les

« temps périodiques de deux planètes qui tour« nent autour du soleil, sont comme les racines « carrées des cubes de leurs distances à cet « astre. » La seconde loi de Képler peut encore se proposer ainsi : « Les distances des planètes « au soleil sont comme les racines cubiques des « carrés de leurs temps périodiques autour de « cet astre. »

Les trois manières dont on peut proposer la seconde loi de Képler conduisent au même terme; il nous paraît cependant que la première manière est plus claire que les deux autres. Il faut remarquer que si les planètes décrivaient des cercles autour du soleil, la seconde loi de Képler se vérifierait dans les points de leurs orbites. Mais elles décrivent des ellipses ; aussi cette seconde loi ne se vérifie-t-elle, à l'égard des planètes, que lorsqu'elles se trouvent vers l'extrémité de leur petit axe ; parce qu'elles ont alors une vitesse égale à celle qu'elles auraient, si elles décrivaient un cercle qui eût pour rayon leur rayon vecteur, et pour centre celui des deux foyers auquel se trouve le soleil. Les astronomes appellent rayon vecteur d'une planète qui tourne autour du soleil, une ligne droite tirée du centre du soleil au centre de la planète.

Année 1582. — Cette année fut publié le calendrier réformé par l'ordre de Grégoire XIII.

Ce fut le père Clavius, jésuite, qui eut la principale part à cette réformation si nécessaire à l'astronomie.

Année 1583. — Cette année naquit Christophe Scheiner, jésuite ; c'est à cet astronome que nous devons la découverte des taches du soleil.

Année 1592. — Cette année est célèbre par la naissance de Gassendi. Il nous a laissé, dans ses Œuvres astronomiques, des observations de la dernière exactitude. On trouve dans ses commentaires sur le dixième livre de Diogê)te Lance, la description de l'aurore boréale de 1621. Gassendi, prévôt de la cathédrale de Digne, naquit à Chantersier, village de Provence. Il eut quelques démêlés avec Descartes, mais les deux philosophes se réconcilièrent et vécurent ensemble en bonne intelligence. Gassendi admettait les atômes comme Epicure. On rapporte qu'avant de mourir, il prit la main de daller, son secrétaire, et la mettant sur son cœur : « Voilà, dit-il, ce que c'est que la vie de l'homme. »

Année 1596. — Voici encore une époque pour la physique en général, et pour l'astronomie en particulier ; c'est la naissance de Descartes, dont le nom seul fait l'éloge. Les sciences lui ont de grandes obligations ; et si, depuis lUi, on a été plus loin, il a eu la gloire d'ouvrir la carrière. Ayant passé en Suède, sur l'invitation de la reine Christine, il mourut à Stockholm en 1650, llgé de soixante-dix ans.

Dix-sept ans après sa mort, son corps fut transporté à Paris, et enterré à Sainte-Geneviève ; une des rues qui avoisinent cette église fut nommée rue Descartes. r Année 1598. - A la fin du seizième siècle, Jean Néper s'immortalisa par l'invention des logarithmes (nombres arithmétiques). Tous les astronomes savent combien grand est le service que ce géomètre a rendu aux sciences. A peu près vers ce temps florissait Jean Boyer. C'est à cet astronome que nous devons la division des principales étoiles en soixante constellations.

Cette année est encore célèbre par la naissance de .h'on-Baptiste Riccoli, jésuite, connu par plusieurs ouvrages astronomiques, et surtout par son nouvel almageste et par sa sélénographie (description de la lune). Il s'associa, dans sel observations, le père Grimaldi, de la même compagnie, aussi grand astronome que lui. Ils augmentèrent de trois cent cinq étoiles le catalogue de Képler.

Année 1611. — Le 8 janvier 1611 naquit à

Dantzick l'infatigable astronome Hévélius. Il calcula les positions de quinze cent cinquantetrois étoiles fixes. Il découvrit le premier une espèce de vibration (balancement) dans le mouvement de la lune, et il fit sur les autres planètes plusieurs observations importantes que l'on trouve dans ses ouvrages.

Année 1625. — Le grand astronome JeanDominique Cassini naquit dans le comté de Nice, le 8 juin 1625. La principale découverte qu'il ait faite est celle de quatre satellites de Saturne. Il observa plusieurs comètes, en particulier celle de 1682, dont il annonça le retour pour l'année 1759. L'événement a prouvé combien sûrs étaient ses principes, lorsqu'il fit cette prédiction.

Année 1629. — La Hollande n'eut rien à envier au comté de Nice ; le 16 avril.1629, elle vit naître dans son sein Huygens, qui découvrit le premier l'anneau de Saturne et le quatrième satellite de cette planète. Il inventa les pendules astronomiques et il perfectionna les télescopes dioptriques.

Année 1642. — Cette année naquit à Woolstrop, en Angleterre, le plus grand savant que le monde ait encore eu : c'est l'immortel Newton. La philosophie de Descartes avait alors prévalu ; Newton l'étudia et y fit des améliorations. Ce fut vers 1664 qu'il inventa la méthode des suites et le calcul de l'infini. Bientôt après, une autre découverte servit de fondement à sa théorie des couleurs. En 1665, étant à la campagne, la chute d'une pomme détachée d'un arbre, le frappa, le fit réfléchir à la cause de la pesanteur, et donna naissance à son système du monde. Il s'occupa en même temps du perfectionnement des télescopes. On peut dire de Newton que c'est à lui que nous devons l'état brillant où nous voyons l'astronomie aujourd'hui.

Année 1644. — Olans Roëcüer, qui naquit à Arhus dans le Danemarck, le 25 septembre 1644, nous apprend que la lumière du soleil parcourt en chaque minute environ quatre millions de lieues.

Année 1646. — Flamstées, auteur d'un cata* logue astronomiqne de trois mille étoiles, naquit à Derby, en Angleterre, le 19 août 1646.

Année 1656. — L'Angleterre produisit encore, le 8 novembre 1656, un célèbre astronome, c'est Edmond Halley. Il a déterminé la position de trois cent soixante-treize étoiles australes, et les orbites de vingt-quatre comètes.

Année 1666. — Auzout, l'un des premiers membres de l'Académie royale des sciences de Paris, fit cette année la découverte du micromètre, instrument qui a tant contribué à la perfection de l'astronomie.

Année 1683. — L'existence de la lumière zodiacale fut constatée cette année par Cassini.

Année 1684. — Leipnitz publia cette année, dans les actes de Leipsick, les règles du calcul différentiel, dont les astronomes, qui ne s'en tiennent pas aux pures observations, font un si grand usage.

Année 1702.— Cette année, La Hire donna au public ses Tables astronomiques. Nous devons encore a ce savant la continuation de la fameuse méridienne commencée par Picard.

Année 1713. — Le 15 du mois de mars de l'année 1713, naquit à Romigni, village près de Reims, Nicolas-Louis de la Caille, l'un des plus fameux astronomes de l'Europe, dans ce siècle fécond en savants illustres. Si la partie méridionale du ciel fut alors aussi connue que sa partie septentrionale, c'est à cet infatigable astronome qu'il faut l'attribuer. Il observa au cap de Bonne-Espérance plus de dix mille étoiles, dont la plupart étaient inconnues. Ce fut là qu'il s'aperçut que les cercles parallèles boréaux n'étaient pas exactement égaux aux cercles parallèles méridionaux correspondants. Ce

fut là enfin qu'il fixa les parallaxes (variations) de la Lune, du Soleil, de Mars et de Vénus.

Année 1726. — Le 19 octobre 1726, paruHa plus fameuse aurore boréale dont il soit fait mention dans les histoires. De Mairan s'en est servi pour démontrer que l'atmosphère terrestre a plus de deux cent soixante-six lieues de hauteur.

Année 1727. — Bradley et Malyneux découvrentla cause physique de l'aberration des étoiles fixes.

Année 1734. — Cette année partirent, par l'ordre de Louis XV, pour le Nord : de Maupertuis, Clairaut, Lecamus, Lemonnier, l'abbé Outhier et Celsius; et pour le Pérou : Bougner, de la Condamine et Godiu. Les opérations qu'ils ont faites dans ces deux parties du monde dé- montrent évidemment que la terre est un sphéroïde aplati vers les pôles et élevé vers l'équateur.

Année 1748. — Bougner publia, cette année, dans les mémoires de l'Académie des sciences de Paris, la manière de construire le micromètre objectif; ce ne fut que cinq ans après que les Anglais l'appliquèrent au télescope de Newton.

Année 1749. — Dollon, célèbre opticien de Londres, trouva cette année les lunettes achromatiques. Cet instrument admirable ne parut que quelques années après dans toute sa per- Année 1759. — Dès cette époque, il n'est plus permis de révoquer en doute que les comètes soient de véritables planètes qui tournent périodiquement autour du soleil; on en tira une preuve sans réplique de celle qui parut au mois d'avril 1759.

Année 1762. — Harrizon, fameux horloger de Londres, trouva les longitudes sur mer.

Képler, trouvant, tfp" proportions harmoniques dans les distances des planètes, annonça qu'un accord manquait entre Mars et Jupiter.

Tel était donc le génie de Képler, qu'il a devine une partie de nos découvertes modernes. Ses hypothèses harmoniques firent réfléchir le monde savant ; et les plus hardis convenant que la distance qui sépare Mars et Jupiter est immense, pensèrent qu'une planète avait pu la partager jadis, et depuis s'être perdue dans l'espace; les autres regardèrent cette idée comme ingénieuse, et la placèrent à côté des nombres mystiques (allégoriques) de Pythagore.

Le 13 mars 1781, un homme qui, de musicien allemand est devenu un des astronomes dont s'honore le plus l'Angleterre, HerscheH, regardait a\ec un télescope de sept pieds lesétoiles situées vers l'extrémité boréale des Gémeaux, et fut très-étonné d'en voir uno plus large et moins lumineuse que les autres. Il continua de l'examiner, s'aperçut en vingt minutes qu'elle avait un mouvement, et la traita de comète. Bientôt après tous les astronomes de l'Europe l'ayant observée, enrichirent notre système planétaire d'un huitième monde ; on la nomma Herschell ou Uranus. Par une singularité remarquable, cette planète, la plus éloignée que l'on connût alors, puisqu'elle gravite vers le soleil à la distance de plus de six cent soixante millions de lieues, suivait les lois de la théorie harmonique de Képler, sans représenter cet accord qu'il cherchait entre Mars et Jupiter.

Dans la soirée du premier jour de l'année 1800, Piazzi, professeur à Palerme, observant entre le Bélier et le Taureau, vit une étoile de huitième grandeur, qui lui était inconnue (Cérès); il ne la retrouva plus le lendemain à la même place; il s'assura de son mouvement, et la prit aussi pour une comète. Ce fut au mois d'août seulement qu'il écrivit à notre célèbre Lalande, pour lui faire part de sa nouvelle découverte. L'année suivante (1801), Lalande publie son histoire céleste et le catalogue d'étoiles Je plus considérable.

Le 28 mars 1802, Olbers examinait sur les neuf heures du soir, Cérès, découverte une année auparavant, quand il aperçut dans 1 aile gauche de la Vierge, une étoile de septième grandeur qu'il n'avait pas remarquee jusqu alors. C'était encore une nouvelle planète : on l'appela Pallas.

Le 5 septembre 1704, Harding en découvrit une troisième, nommée Junon; et ce même Olbers, à qui nous devons Pallas, nous donna Vesta, le 28 mars 1807.

Vesta, Junon, Cérès, Pallas, sont situées entre Mars et Jupiter; ces planètes sont si petites, si peu distantes les unes des autres, que le bureau des longitudes paraît adopter l'opinion de M. Olbers, qui les regarde comme les débris d'un astre plus gros, circulant autrefois entre ces deux planètes.

Dans le même temps, le célèbre Laplace composa son immortel ouvrage, la Mécanique eéleste, et son exposition du système du monde.

En 1837, M. Struve, directeur de l'Observatoire de Dorpat, termine son grand travail donnant les mesures micrométriques des étoiles doubles, dont M. Ch. Dien publie un extrait en i839. Enfin Herschell, fils du grand astronome, revient en 1839 du cap de Bonne-Espérance et ajoute de nouvelles connaissances à l'astronomie pratique.

DÉCOUVERTES DE NOUVELLES PLANÈTES.

— Depuis cette époque de nouvelles découvertes ont été faites. M. Le Verrier, directeur de l'Observatoire en i869, a découvert la pla- nète Neptune; et d'autres astronomes, parmi lesquels il convient de citer Chacornac, mort récemment, ont retrouvé beaucoup de petites planètes dites télescopiques, situées entre Mars et Jupiter. Voici la liste de ces planètes, dans l'ordre des découvertes : Cérès, Pallas, Junon, Vesta, Astrée, Hébé, Iris, Flore, Métis, Hygie, Parthénope, Victoria, Egérie, Irène, Eumonia, Psyché, Thetis, Melpomène, Fortuna, Massalia, Lutetia, Calliope, Thalie, Thémis, Phocéa, Proserpine, Euterbe, Bellone, Amphitrite, Uranie, Euphrosine, Pomone, Polymnie, Circé, Leucothée, Atalante, Fidès, Léda, Lœtitia. Harmonia, Daphné, Isis, Ariane, Nysa, Eugenia, Hestia, Aglaia, Doris, Pales, Virginia, Nemausa, Europa, Calypso, Alexandra, Pandore, Melœte, Mnémosyne, Olympia.

Concordia, Danaë, Echo, Erato, Eusonia, Angelina, Maximiliana, Maja, Asia, Leto, Hesperia, Panopea, Niobée, Feronia, Clytia, Galathea, Freia.

Les découvertes modernes les plus imporportantes sont ensuite : io celle des compagnons de Sirius, qu'on a tout lieu de croire être des planètes tournant autour de cette belle .étoile, ce qui confirmerait d'une manière palétoile, l'hypothèse que chaque étoile fixe est un pable soleil entouré d'un système planétaire ; 20 celle de l'analyse spectrale, qui, par la décomposition des rayons lumineux, permet de connaître les substances dont sont formés les corps célestes.

SYSTÈME DU MONDE. — Le Ciel, mot vague, désigne l'espace, immense, incommensurable, infini, où se meuvent les astres, aussi nombreux que les grains de sable de la mer. Quel ordre a présidé à la formation de ce grand univers dans lequel notre' monde n'est qu'un atôme ? Voilà ce que de tout temps la curiosité humaine a cherche à pénétrer; mais on n'est arrivé à quelque certitude que par le système dont notre soleil est le centre et qui, par cette raison, a été nommé système solaire.

Au delà de l'enveloppe d'air et de vapeur qui constitue notre atmosphère et qui s'étend à une distance de vingt kilomètres, le regard se perdrait dans un horizon sans fin, trouble et noir, si, le jour, le soleil ne venait inonder ces espaces de sa toute-puissante lumière et si la nuit ces ténèbres ne s'éclairaient d'abord, près

de nous relativement, à 37,700 kilomètres, du reflet du satellite de la terre, de la Lune, et beaucoup plus loin, à 60 trillions de kilomètres par les plus rapprochées, d'une multitude infinie d'étoiles qu'on a groupées pour les mieux reconnaître en 108 constellations et qui jettent une lumière vive, scintillante, sans rapport avec l'éclat terne et tranquille de la Lune. Ces étoiles sont autant de soleils pour les mondes innombrables qui peuplent les espaces. Douze de leurs groupes, ceux qu'on voit au côté opposé à l'étoile polaire, ont reçu le nom de signes du zodiaque et sont comme le rivage céleste, le long duquel flotte tout notre système, ainsi qu'un navire devant les côtes qui bordent la mer.

Au centre de notre système est le soleil et autour de lui évoluent environ 60 planètes, dont plusieurs accompagnées de satellites et les 167 comètes dont on a pu constater la marche irrégulière autour du même centre. Mercure, la planète la plus rapprochée de l'astre central, en est encore à 95 millions de kilomètres, tandis que Neptune, la plus éloignée, en est à près de 5 billions de kilomètres. La Terre exécute ses mouvements à 138,000,000 kilomètres du soleil.

Notre système paraît être emporté dans l'espace, comme les autres systèmes, par un mouvement général presque insensible. D'après les observations, il serait ainsi lentement entraîné vers la constellation d'Hercule.

Il suit de là que l'univers entier serait emporté autour d'un centre commun qui n'est pas connu et que des créatures faibles et bornées comme nous ne pourront jamais connaître.

MOUVEMENT DE LA TERRE. — Le mouvement de la terre est double. En 24 heures, elle tourne, sur elle-même autour de son axe, et elle fait sa révolution au tour du soleil eq 365 jours et 6 heures. Le mouvement diurne produit le jour et la nuit; de plus, en exposant successivement au soleil toutes les parties de la masse, il leur communique la lumière et la chaleur, sources de toute végétation.

Dans son mouvement annuel, la terre parcourt 1,648 kilomètres en 60 secondes, et ses habitants placés sous l'équateur se trouvent emportés, sans s'en douter, avec une vitesse de plus de 1,500 kilomètres par heure.

Le mouvement annuel de la terre autour du soleil produit les saisons.

PREUVES DE LA ROTATION DE LA TERRE. 1° Preuves astronomiques. — Les étoiles que nous voyons briller dans le ciel semblent se mouvoir d'orient en occident; si bien que l'homme, qui se croit au centre de l'univers, s'imagine que les étoiles tournent autour de lui ; illusion qui servit de base aux théories des premiers savants. Quoi de plus simple, en effet, que de supposer une voûte céleste solide à laquelle les étoiles fixes étaient attachées comme des clous d'or? Mais si l'on considère que, pour la plupart, les étoiles sont situées à des distances 200,000 fois plus grandes que celles du soleil à la terre, on se demande comment ces astres pourraient exécuter leur révolution en 24 heures.

Supposons, au contraire, les étoiles fixes dans l'espace et la terre animée d'un mouvement sur son axe, alors tout s'explique : au bout de 24 heures, nous retrouvons les étoiles dans leur position primitive.

Une seule difficulté se présente dans cette hypothèse; nous voyons tous les objets situés à la surface de la terre, garder une position invariable, si nous ne faisons pas intervenir d'autres forces. Les arbres conservent leurs distances ; la rotation s'opère sans cahotement. Nous pouvons donc nous croire fixes au milieu de l'univers.

Cependant examinons ce qui se passe quand nous sommes transportés dans une voiture lé-

gèrement suspendue, et sur un sol uni. Les arbres, les maisons semblent fuir devant nous tandis que nos voisins ou les objets qui nous entourent, paraissent partager, notre immobilité.

Ce n'est donc qu'en comparant notre point de départ à notre point d'artivée que nous nous apercevons du chemin parcouru.

S'il pouvait en être de même dans l'espace, si nous pouvions voir un point de départ et un point d'arrivée, rien ne serait plus facile que .de savoir le sens du mouvement. Mais aucun corps n'est fixe; le mouvement est une des conditions de l'existence de l'univers.

Supposons-nous, maintenant, montés sur ces chevaux de bois qu'on voit dans les foires et les fêtes de village. Alignons-nou: sur deux des traverses intérieures ; quand la système se mettra en marche, nous verrons h plan déterminé par les deux traverses I OUS fuir et tourner en sens contraire. Revenus au point de départ, nous nous trouverons encore en ligne avec ces deux traverses.

Si donc, on pouvait trouver un plan fixe dans l'espace, ce plan nous indiquerait le sens de not« e mouvement, en même temps que sa réalité.

2° Preuves physiques. — Un physicien trop tôt enlevé à la science, M. Léon Foucard, a démontré la persistance du plan d'oscillation du pendule.

On sait quel est l'appareil auquel on a donné ce nom. C'est un corps pesant, un boulet, un disque, suspendu à un fil sans torsion, qu'on écarte de la position verticale. Il tend à y revenir par une série d'oscillations; le plan dans lequel se font ces oscillations est évidemment vertical.

Suspendons maintenant ce pendule à un trépied, sur une table ou un guéridon, si nous faisons tourner ce meuble, sans lui imprimer de secousses, le plan d'oscillation restera ce qu'il était au commencement de l'expérience.

On comprend donc que si on fait osciller un pendule, son plan d'oscillation, restant fixe, paraîtra se mouvoir dans un sens contraire au mouvement de la terre.

3° ExpériEnces de roucault. — En 1851, Foucault, s'appuyant sur ces principes, suspendit une masse pesante à un fil d'acier de a de millimètre environ, et de 2 millimètres de long, et le fit osciller sans lui donner le mouvement latéral. Le plan d'oscillation parut se déplaper, et pour un physicien l'expérience était concluante. Mais il fallait pouvoir la reproduire sur une grande échelle, pour que chacun pût admettre et vérifier les conclusions. Foucault répéta son expérience à l'Observatoire avec un pendule de 11 mètres, et quelques temps après au Panthéon.

Cette fois, on avait donné au pendule une longueur énorme : 67 mètres. Son point d'attache était fixé à la coupole. Il se composait d'une masse sphérique très-lourde, terminée à sa partie inférieure par une pointe située dans le prolongement du fil. Au-dessous, on avait placé du sable dans lequel le pendule marquait sa trace.

Afin de ne pas lui donner de mouvements latéraux, on l'écartait d'abord de sa position d'équilibre et on le tenait quelque temps à l'aide d'un fil végétal. Quand l'équilibre semblait bien établi, on brûlait le fil et le pendule commencait à osciller. La durée de ces oscillations était de 8 secondes environ. Il entamait le sable et ne repassait pas sur les mêmes lignes, mais formait toujours une nouvelle trace, située à l'occident de la première. C'est-à-dire que son plan d'oscillation se déplacait dans le sens du mouvement apparent des étoiles. Depuis cette expérience a été répétée plusieurs fois et toujours avec un égal succès.

V;Ig.RAPHIE UNIVERSELLE 5

, 1 li 4° Gyroscope.

aussi un autre appareil tonde, non plus suma persistance du plan d'oscillation, mais sur persistance du plan de rotation. Voici quelle

était la disposition de son appareil.

Un anneau ou tore circulaire en bronze est monté à l'intérieur d'un cercle métallique.

L'axe du tore forme le diamètre de ce cercle.

Aux deux extrémités du diamètre perpendiculaire au premier se trouvent deux couteaux d'acier, extérieurs au cercle, les tranchants regardant en bas. A l'aide d'un tour, on imprime au tore un mouvement extrêmement rapide et on fail reposer les deux couteaux sur des plans horizontaux situés à l'intérieur d'un second cercle auquel on donne la position verticale. Ce second cercle est lui-même suspendu à un fil sans torsion, on voit alors que l'anneau de bronze peut prendre toutes les directions possibles

dans l'espace et entraîne tout l'appareil.

Si donc un observateur se place de manière à viser les deux bords du cercle extérieur, ce cercle étant immobile et l'observateur entraîné d'occident en orient, il verra passer le cercle en sens contraire de son mouvement, c'est-àdire dans le sens du mouvement apparent des étoiles. Toutefois, pour observer ce mouvement, il est nécessaire de regarder à l'aide d'un microscope, car la vitesse du tore s'épuise vite et la durée de l'expérience ne peut guère être supérieure à 10 minutes.

Preuves tirées de la formede la Terre.-Quand on fait tourner un corps sphérique avec une certaine vitesse, autour d'un axe passant par un de ses diamètres, on ne tarde pas à le voir se déformer, s'aplatir aux points où l'axe perce la sphère et se renfler dans un sens perpendiculaire au mouvement. Or, des mesures très-précises ont montré que la Terre présente la forme d'un ellipsoïde, celle d'un œuf. Son aplatissement, c'est-à-dire le rapport de la différence entre le plus grand et le plus petit diamètre au diamètre de l'équateur, est égal à environ 3-Jj.

ROTONDITÉ DE LA TERRE. — Quand on regarde s'éloigner un vaisseau, on voit d'abord disparaître le corps du bâtiment, puis les voiles; mais si, au contraire, le navire se rapproche du rivage, on aperçoit d'abord les voiles, puis le vaisseau.

Il résulte de cette observation un moyen d.' déterminer Je rayon de la Terre. On a constaté que deux points élevés d'un mètre et demi audessus de la surface de la Terre deviennent invisibles l'un à l'autre à deux lieues de distance.

Or, la ligne qui joint les deux points est tangente à la surface terrestre, ce qui permet, par des calculs géométriques, d'évaluer le rayon de la Terre.

Un autre effet de la rotondité de la Terre est ce qu'on appelle la dépression de l'horizon. Si, par exemple, on vise avec une alidade bien horizontale une étoile qui va disparaître, on croit apercevoircette étoile au-dessous de l'horizon. Et ce phénomène peut se concevoir facilement. Fixons une aiguille sur une boule, faisons passer un fil dans le chas de l'aiguille; enroulons ce fil autour de la boule, nous le verrons descendre plus bas qu'un fil tendu au pied de l'aiguille et horizontal. Les résultats de l'observation donnent encore pour rayon de la Terre environ 1,500 lieues. Mais ces mesures sont peu rigoureuses et ne sont pas susceptibles de précision.

Nous empruntons à Malte-Brun les autres preuves de la rotondité de la Terre. L'autorité du célèbre géographe ne peut laisser aucun doute à ce sujet. La forme sphérique de la Terre, écrit-il, est le premier principe de toute géographie mathématique. Les preuves de cette vérité viennent elles-mêmes s'offrir aux sens.

Les phénomènes du ciel l'annoncent, les apparences terrestres le font entrevoir. Commençons uar ces dernières. Transportons-nous dans 'une

f) ft

te ^Haine ff Arabie ou sur la haute mer. Ici aucune •moÀEàene n'interrompt les objets que peut atteindre otre rayon visuel. Pourquoi donc $re),ypxéi^-'uems pas les objets élevés se rap•PfoénCTJmt s'éloigner de notre vue en dimi-

nuantsensiblement de volume, sans cacher aucune partie de leur ensemble, comme cela pourrait arriver si nous nous trouvions sur le même plan horizontal? Pourquoi les tours, les vaisseaux, les montagnes, lorsque nous nous en éloignons, semblent-ils se plonger sous l'horizon en commençant par leur base? Et pourquoi, au contraire, lorsque nous nous en approchons, ces objets se montrent-ils d'abord par le sommet et ne découvrent-ils que successivement leur milieu et leur base? Ces phénomènes que chacun est à portée d'observer prouvent évidemment que toute plaine apparente sur la Terre est une surface courbe. C'est la convexité de cette surface qui dérobe aux regards d'un spectateur placé sur les bords de la mer le corps d'un vaisseau dont il aperçoit les mâts et la voilure. Mais dès qu'on sait que ces choses arrivent d'une manière uniforme partout où nous allons sur la terre vers l'orient ou vers l'occident, vers le nord comme vers le sud, dès qu'on s'aperçoit que cet ensemble de surfaces courbées n'est nulle part sensiblement interrompue, il est impossible de ne pas en tirer la conséquence que la surface de la terre est à peu près régulièrement courbée de tout côté, ou, en d'autres mots, qu'elle est un corps sphérique plus ou moins parfait.

Les premiers observateurs des astres eurent sans doute dans leurs recherches le but de trouver des guides sûrs par les voyages nautiques auxquels les entraînaient la curiosité ou le besoin. Ils remarquèrent que le soleil, leur premier guide, occupait dans l'hémisphère céleste une place à l'opposite de certaines étoiles, qui, chaque nuit, brillaient constamment audessus de leur tête, pendant que d'autres astres disparaissaient et revenaient tour à tour. Leurs regards se fixèrent sur l'étoile polaire. Ils remarquèrent dans les cieuxce point qui, seul immobile, semble servir de pivot, ou, selon l'expression grecque, de pôle au mouvement apparent des globes célestes. Ils tracèrent une ligne méridienne, une ligne droite dans la direction du soleil à l'étoile polaire, et tout imparfaite qu'a dû être cette opération, elle leur suffisait à marquer à peu près les quatre coins du monde. Maintenant, s'ils allaient vers le nord, ils voyaient l'étoile polaire prendre une position plus élevée dans les cieux. Allaient-ils vers le midi, cette étoile s'abaissait à. vue d'oeil, et d'autres jusque là invisibles, semblaient successivement s'élever. Il était donc impossible que la ligne dans la direction de laquelle ils marchaient fût une droite tracée sur une plaine horizontale, elle devait être une courbe, un arc de cercle auquel correspondait un autre arc de cercle apparent dans les cieux. Or, comme partout les mêmes changements d'horizon avaient lieu, il était naturel de conclure que la Terre était du moins circulairement courbée du sud au nord.

Ce fut sans doute d'après ces raisonnements que Leucippe, Anaximandre et d'autres anciens philosophes s'étaient contentés de regarder la figure de la Terre comme cylindrique. Les observations astronomiques, en se multipliant, se perfectionnèrent, on calcula par époques fixes les mouvements des corps célestes. On détermina le retour périodique des éclipses. Dès lors, il devenait aisé de s'apercevoir que le soleil se lève plus tôt pour ceux qui habitent plus à l'orient, que pour ceux qui sont moins avancés vers ce côté. Car si on observe une éclipse de lune, tant à Paris qu'à Vienne, en Autriche, et que cette éclipse commence quand il est dix heures du soir à Paris, il sera près de onze heures à Vienne quand on observera ce commencement. Ainsi le soleil a dû se lever

plus tôt pour les Viennois que pour les Parisiens. Or, cela n'arriverait pas si la superficie de la terre n'était pas courbe d'orient en occi dent, car alors le soleil commencerait dans le même instant à éclairer toutes les parties d'une même face de la Terre.

Enfin, lorsque par suite d'observations, on se fut parfaitement convaincu que les éclipses de lune sont causées par l'ombre conique du globe de la terre, on eût une confirmation complète de toutes les preuves précédentes en faveur de la rotondité de la terre, et l'on vit en même temps que le globe terrestre n'était sujet à aucune grande irréguiarité. puisque dans toutes les positions possibles l'ombre de la terre sur le disque de la lune se trouve terminé par un arc de cercle.

Tant de preuves accumulées devaient cependant trouver des contradicteurs. Le respect pour l'écriture sainte devait faire naître d'étranges controverses. Les anciens avaient été aveuglés par l'ignorance, ainsi que le prouvent les versions les plus accréditées alors, Homère avait placé sous la terre une colonnade gardée par le géant Atlas. Les Scandinaves avaient trouvé les neuf piliers qui soutenaient le monde alors connu. Les adorateurs de Brahma avaient remplacé piliers et colonnade par quatre éléphants gigantesques, sans se préoccuper plus les uns que les autres d'expliquer sur quoi reposaient ces mêmes éléphants, colonnade et piliers ; il appartenait à une époque plus rapprochée de combattre les découvertes des novateurs.

Copernic avait publié son système. Le grand Képler y avait apporté le secours et le complément qui lui manquait et dès lors la rotondité et la rotation de la terre étaient devenues une vérité évidente pour tous les esprits éclairés.

Kepler découvrit de plus que les .planètes décrivent autour du soleil des ellipses et non des cercles, il fixa même les lois mathématiques qui régissent les orbites de ces astres.

Képler, dit M. Louis Figuier dans la terre et les mers, Képler, un des plus étonnants génies qui aient honoré l'humanité, était astronome de la cour de Prague. Ses travaux et ses malheurs en ont fait une des plus grandes figures du X vne siècle. L'accusation de sorcellerie, qui ne cessa de le poursuivre lui et sa mère, jeta sur toute sa vie des embarras et des périls dont il ne put triompher qu'à force de constance et de courage. Heureusement, une imagination brûlante, qui lui faisait dominer toutes les adversités de sa carrière, lui inspira la force nécessaire pour terminer l'œuvre de son génie.

Écoutez ce trait sublime du livre de Képler.

Après avoir découvert la troisième loi astronomique qui porte son nom, Képler se décide à publier son livre, et il écrit dans la préface : «'Le sort en est jeté. J'écris mon livre. On le lira dans l'âge présent ou dans la postérité.

Que m'importe ! il peut attendre son lecteur.

Dieu a bien attendu six mille ans qu'il vînt un homme capable de comprendre et d'admirer son ouvrage ! »

L'immortel Galilée fut l'un des plus ardents sectateurs du système de Copernic. Faisant, pour la première fois, usage de la lunette astronomique, qu'il venait de construire d'après la simple annonce de la découverte de cet instrument, Galilée constata le mouvement de rotation de la planète Vénus et celle de Mercure autour du soleil. Raisonnant par analogie, il conclut à la rotation de la Terre, en invoquant d'ailleurs toutes les autres preuves réunies par Képler et qui confirment cette vérité fondamentale.

La passion religieuse de cette époque devait faire cruellement expier à l'immortel Florentin ses convictions scientifiques. En 1633, l'inquisition romaine décrète Galilée de prise de corps

et le condamne à la prison pour avoir professé et proposé le principe contraire, disait-on, aux Saintes-Ecritures, du mouvement de la Terre dans l'espace. Sous la menace de la torture imminente, le malheureux Galilée se résigna a faire une abjuration solennelle de ses erreurs.

Voici la pièce qu'il consentit à revêtir de sa signature, après l'avoir lue à haute et intelligible voix, agenouillé devant le redoutable conclave : « Ego, Galilœus, filius Vincentii Galilœi, Florentinus, œtates meœ annorum 70, constitutus personaliter in judicio et genuflexus coram vobis eminentissimis et reverendissimis Dominis cardinalibus, universœ christianœ Republicœ contra hereticam previtatem generalibus inquisitoribus., corde sincero et fide non ficta ABJURO, MALEDICO ET DETESTOR supradictos ERRORES ET H£RESES. »

« Moi, Galilée, fils de Vincent Galilée, Florentin, âgé de 70 ans, constitué personnellement en justice, étant à genoux devant vous, très-éminents et très-révérends cardinaux , inquisiteurs généraux de la République chrétienne universelle contre la malice des hérétiques.., d'un cœur et d'une foi sincères, je maudis, je déteste les susdites erreurs et hérésies (du mouyement de la Terre).» On a longtemps prétendu que Galilée, après avoir lu cette déclaration, et en se relevant, auraitdit, en frappant de son pied la terre : Epur si muove! (Et pourtant elle tourne !) D'après des travaux récents, cette assertion serait controuvée. Le malheureux vieillard serait allé, en silence, cacher dans la libre retraite que lui valut son abjuration l'amertume de ses derniers jours.

Mais que Galilée ait fait ou non cette protestation tardive, sous l'œil de ses juges et de ses bourreaux, cette exclamation célèbre : E pur si muove ! toute la génération scientifique actuelle la prononce avec un élan unanime.

La rotondité de la Terre a été mip.lmip.fnis

contestée. Des observateurs méticuleux ont pris comme argument les hautes montagnes des Alpes, des Andes, etc., etc. Impossible, ont-ils dit alors, de considérer comme une sphère parfaite un globe aussi hérissé de monts et de vallées. Or, la plus haute montagne connue est, suivant Malte-Brun, le mont Everut, entre l'Inde et le Thibet, et suivant M. Levasseur, le mont Ganrizau-Lar, dans l'Himalaya. Or, le

premier comme le second ont environ 9,000 mèt.

de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Or, la terre ayant un diamètre moyen de 12,732 kilomètres, sa circonférence passant parles pôles étant de 40,000 kilomètres et sa superficie réelle étant de 510 millions de kilomètres carrés, il en résulte que la plus haute montagne représentée sur une sphère ayant fIl150 de hauteur ne pourrait excéder une hauteur de plus d'un millimètre. Des irrégularités aussi insignifiantes ne peuvent donc être d'aucun poids dans une controverse de ce genre.

La rondeur de la Terre est donc à peu près parfaite. Cependant, par la force centrifuge, elle est légèrement aplatie vers les pôles et renflée vers l'équateur. La différence est d'ailleurs peu sensible, la différence du diamètre de la terre à l'équateur ne s'élevant qu'à 1/300 du diamètre pris d'un pôle à l'autre.

MOUVEMENT DES ASTRES. — Les planètes supérieures à la Terre, c'est-à-dire plus éloignées qu'elle du soleil sont: 1° Mars, à une distance de 212,000,000 de kilomètres de l'astre central et dont le volume est le cinquième de celui de la Terre ; 2° Toutes les planètes télescopiques situées entre Mars et Jupiter, et dont nous avons donné plus haut l'énumération. Leur distance du soleil est de 364,000,000 de kilomètres ;

3° Jupiter, dont la distance au soleil est de 712,000,000 de kilomètres et le volume 1280 fois plus gros que celui de la Terre ; 4° Saturne, dont la distance au soleil est de 1,808,000,000 de kilomètres et le volume 887 fois plus gros que celui de la Terre; 5° Uranus, dont la distance au soleil est de 2,648,000,000 de .kilomètres et le volume 78 fois celui de la Terre; 6° Enfin Neptune à 5,000,000,000 de kilomètres du soleil aux derniers confins de notre système.

Les planètes supérieures sont au nombre de deux : Vénus, à 100,000,000 de kilomètres du soleil et dont le volume atteint les neuf dixièmes de celui de la Terre; Et Mercure, à 64,440,000 de kilomètres du soleil ; son volume est la sixième partie de celui de la Terre.

ÉTOILES. — Les étoiles sont des corps célestes fixes, lumineux, innombrables et éloignés de la terre d'une distance presque infinie.

1° Les étoiles sont des corps célestes, fixes, puisque leur mouvement diurne d'orient en occident, et leur mouvement périodique d'occident en orient, ne sont pas réels et physiques, mais seulement apparents et optiques. Le mouvement des étoiles en aberration n'est pas plus réel que leur mouvement diurne et périodique; cela n'empêche pas cependant qu'elles n'aient un mouvement de rotation sur leur centre ;

2° Les étoiles sont de3 corps célestes lumineux, c'est-à-dire qui ont en eux-mêmes la source de leur lumière. Effectivement, elles n'ont point une lumière empruntée comme les planètes et les comètes, mais une lumière propre qui se manifeste par les étincellements les plus vifs et les plus sensibles. La plus brillante des étoiles fixes est sans contredit Sirius, dont le diamètre est de 33 millions de lieues. On peut placer après Arcturus, w du Bouvier, l'épaule droite d'Orion; Rigel ou son pied gauche; Aldebaran ou l'œil du Taureau; Capella, ou la

Chèvre; Wega ou la Lyre; Procyon du petit Chien; Antarès ou le cœur du Scorpion; l'Epi de la Vierge; la queue du Lion; le cœur du Lion ou Régulus; A ltaïr ou l'Aigle; Castor et Pollux, des Gémeaux ; Fomalhaut dans le Poisson austral ; Canopus, dans le navire Argo ; Acharnar qui termine 4e fleuve de l'Eridan.

Canopus et Acharnar ne sont jamais visibles sur notre horizon. On place quelquefois parmi les étoiles primaires deux étoiles : le cœur de l'Hydre et la queue de Cygne; mais elles ne nous paraissent pas aussi brillantes que celles dont nous venons de parler;

3° Les étoiles ont été l'objet de diverses classifications; Bayer a numéroté les étoiles de chaque constellation, d'abord par les lettres de l'alphabet grec, oc, fi, y; quand ces lettres étaient épuisées on prenait la lettre romaine; enfin les chiffres arabes. Indépendamment de ces distinctions, plusieurs étoiles ont un nom particulier tiré de l'arabe ou du grec. L'usage de la division vague du ciel en constellations est remplacé par les catalogues d'étoiles, où chacun de ces points brillants est désigné par son ascension droite et sa déclinaison, avec une exactitude que n'admet point la classification des constellations. Une constellation contient un certain nombre d'étoiles. Les 12 constellations du zodiaque, par exemple, que l'on nomme : le Bélier, Je Taureau, les Gémeaux, l'Écrevisse, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons, contiennent plus de 455 étoiles. Depuis longtemps, Ptolémée avait rangé les constellations dans le même ordre où nous les voyons maintenant. Mais ce ne sont là que des étoiles

principales; celles de la Voie Lactée, et une infinité d'autres qui n'appartiennent à aucune constellation, sont en plus grand nombre; aucun astronome n'en pourra jamais donner le catalogue exact; aussi sont-ils obligés d'avouer que les étoiles sont innombrables. On nomme étoiles de première grandeur celles qui jettent une très-vive lumière; on en compte une quinzaine. On a compté longtemps 10 ordres de grandeur, mais la puissance des lunettes actuelles peut étendre ce vaste champ jusqu'à 15 ordres. llerschell a compté 50,000 soleils dans un espace de 8 degrés de longueur sur 3 de largueur, ce qui, pour toute l'étendue du ciel visible, en donnerait 75 millions; mais à mesure que l'on perfectionne les verres des instruments, on voit se multiplier les étoiles; 4° Les étoiles sont éloignées de la terre d'une distance presque infinie; la preuve n'est pas difficile à apporter. Nous sommes, en certains temps de l'année, tantôt plus près et tantôt plus loin des mêmes étoiles, d'environ 264 millions de kilomètres, et cependant la grandeur apparente de ces astres est toujours la même; la terre est donc éloignée d'eux d'une distance presque infinie, puisque 264 millions de kilomètres ne sont rien, comparés à la distance réelle qui se trouve entre la terre et les étoiles.

On pourra juger de la distance de Sirius, la plus belle étoile du ciel et vraisemblablement la moins éloignée de la Terre, en disant que l'atome lumineux frappant les yeux de celui qui regarde cette étoile en est parti il y a plus de trois ans et a parcouru 280 millions de kilomètres par seconde. Herschell affirme qu'il y a des étoiles dont la lumière ne nous par-

vient qu'au bout de 2,000 ans. Ainsi, nous verrions encore ces soleils, quand même depuis 2,000 ans ils seraient éteints !

5° Les étoiles ont leur latitude et leur déclinaison, leur longitude et leur ascension droite, leur amplitude orientale et leur amplitude occidentale;

60 La latitude d'une étoile est marquée par la distance où elle se trouve de l'écliptique, et sa déclinaison par la distance où elle se trouve de l'équateur ; l'une et l'autre sont septentrionales ou méridionales, suivant que l'étoile se trouve dans la partie septentrionale ou méridionale de la sphère. Il suit de là qu'une étoile qui se trouve dans l'écliptique n'a point de latitude, et qu'une étoile qui se trouve dans l'équateur n'a point de déclinaison. En allant du pôle antarctique, les cercles d'ascension droite sont perpendiculaires à l'équateur et coupent ce cercle à angle droit; on commence à les compter à partir de 0 à 360 du premier degré du Bélier. Les longitudes passent par les pôles de l'écliptique et se comptent sur ce grand cercle en suivant l'ordre des signes, à partir de 0 Bélier jusqu'à 360 :

7° L'équateur coupe l'horizon en deux points, l'un oriental, et l'autre occidental; ce sont ces deux points que les astronomes appellent le point du vrai orient et le point du vrai occident.

Tous les astres qui ne se lèvent pas et qui ne se couchent pas à ces deux points ont une amplitude orientale ou occidentale. Lorsque le soleil se lève et qu'il se couche dans l'équateur, il n'a aucune amplitude orientale et occidentale; mais lorsqu'il se lève et qu'il se couche dans quelque cercle parallèle à l'équateur, il a d'autant plus d'amplitude orientale et occidentale, que ce cercle est plus éloigné de l'équateur. Ainsi, les degrés d'amplitude orientale et occidentale se mesurent sur le cercle de la sphère qui se nomme l'horizon.

Il y a des étoiles doubles, triples, quadruples, multiples; il y a des soleils bleus, rouges, verts, de toutes les couleurs. Le nom de fixes donné aux étoiles n'est pas d'une rigoureuse exactitude; plusieurs ont un mouvement propre.

Sirius, Aldebaran, la Lyre, etc., nous ont permis d'évaluer leur déplacement. Celui d'Arcturus, dans la constellation du Bouvier, est de plus de 400 millions de kilomètres par an, et cependant ce n'est qu'après un siècle d'observations qu'on a reconnu que cette étoile s'avance vers le midi. D'autres étoiles tournent autour d'un centre commun. Herschell a trouvé qu'un grand nombre d'étoiles ont changé leurs positions respectives. L'étoile a des Gémeaux est double, et les orbites dans lesquels se meuvent ces deux astres, autour d'un centre commun, sont à peu près circulaires; le temps de leur révolution apparente est d'environ 342 ans. Des deux étoiles qui composent y du Lion, la plus petite tourne autour de la plus grande et accomplit en 1,200 ans sa révolution rétrograde.

ABERRATION DES ÉTOILES FIXES. — L'aberration des étoiles fixes est une découverte des plus curieuses et des plus intéressantes de l'astronomie. La Terre parcourt en une année, autour du soleil, une orbite elliptique réellement, mais sensiblement circulaire, qui se trouve parfaitement dans le plan de l'écliptique ; le diamètre de cette orbite est d'environ 2H4 millions de kilomètres, par conséquent sa circonférence est d'environ 792 millions de kilomètres ; entin, la distance qu'il y a entre la Terre et les étoiles fixes est pour ainsi dire infinie, comparée à celle qui se trouve entre la Terre et le soleil. La vitesse avec laquelle la Terre se meut dans son orbite est prodigieuse; elle parcourt 1,504 kilomètres chaque minute.

Cependant cette vitesse est très-petite, comparée à celle de la lumière, qui parcourt chaque minute 16 millions de kilomètres. La vitesse de la lumière n'est donc que dix mille fois plus grande, et non pas infiniment plus grande que celle de la Terre, ainsi que le prétendent encore quelques physiciens. Ces principes posés, voici comment s'explique l'aberration des étoiles

uxes : Si la Terre était immobile au centre du monde, ou si la lumière avait une vitesse infiniment plus grande que celle de la Terre dans son orbite, les étoiles nous paraîtraient fixes, et elles n'auraient aucune aberration ; mais il n'en est pas ainsi. La lumière n'a qu'une vitesse dix mille fois plus grande que celle de la Terre, et suivant les règles de l'optique, nous devons toujours rapporter l'objet à l'extrémité du rayon droit qui fait impression sur nos yeux ; donc nous ne devons pas aujourd'hui rapporter l'étoile S au même point où nous la rapportions hier, parce que, à cause du mouvement annuel de la Terre, le rayon de lumière que nous recevrons aujourd'hui de l'étoile S n'aboutit pas, lorsqu'il est prolongé en ligne droite, au même point du ciel où aboutissait celui que nous en reçûmes hier. Ce que nous disons de ces deux jours consécutifs peut se dire de tous les jours de J'année : donc, par une illusion optique, nous rapportons chaque jour de l'année les étoiles à des points du ciel auxquels elles ne sont pas réellement. Toutes ces différentes illusions optiques forment, au bout de l'année, une très-petite courbe elliptique que chaque étoile paraît avoir parcourue, et qui a pour centre le point réel où se trouve l'étoile. Voilà ce qu'on nomme aberration des étoiles fixes.

De là, les astronomes tirent les conclusions suivantes : la longitude, la latitude, l'ascension droite et la déclinaison apparentes des étoiles sont différentes de celles qu'elles ont réellement. Le plus grand axe de l'ellipse des plus grandes aberrations ne décrit pas' dans le ciel un arc de plus de 40 secondes ; en effet, il a été observé que les plus grandes aberrations des étoiles vout tout au plus à 20 secondes : l'aberration des étoiles qui sont placées dans l'écliptique ne forme pas une courbe, parce que l'illusion optique ne nous fait jamais transporter ces étoiles hors de l'écliptique; mais elle

forme une ligne droite, parce que l'illusion optique nous les fait transporter tantôt plus près, tantôt plus loin du premier degré du signe du Bélier qu'elles ne le sont réellement ; donc les étoiles placées dans l'écliptique ont une aberration en longitude et non pas en latitude.

Puisqu'une'étoile placée au pôle de l'écliptique paraît décrire un cercle autour de ce pôle, cette étoile, qui n'avait point de longitude réelle, en acquiert une apparente; donc au pôle de l'écliptique l'aberration en longitude est la plus grande qu'elle puisse être; il en serait de même de l'aberration en ascension droite pour une étoile placée à un des pôles du' monde.

L'aberration en longitude va toujours en diminuant du pôle de l'écliptique à l'écliptique, et par conséquent, elle est moindre pour les étoiles qui sont plus près de l'écliptique. 11 en est de même pour l'aberration en latitude ; elle va en diminuant du pôle de l'écliptique à l'écliptique, puisqu'une étoile placée dans l'écliptique n'a point d'aberration en latitude, et qu'une étoile placée au pôle de l'écliptique a la plus grande aberration en latitude qu'elle puisse avoir. Il en est encore de même de l'aberration en déclinaison ; elle va en diminuant des pôles du monde à l'équateur.

Puisque l'aberration en latitude s'anéantit quelquefois, et que l'aberration en longitude ne s'anéantit jamais, l'aberration en longitude doit toujours être plus grande que l'aberration en latitude ; donc, l'aberration en longitude

doit former le grand axe, et l'aberration en latitude doit former le petit axe des ellipses d'aberration. Le grand axe est toujours parallèle à l'écliptique, et le petit lui est toujours perpendiculaire. Le grand axe des ellipses d aberration l'emporte autant sur le petit axe que le sinus total, c'est-à-dire le rayon, l'emporte sur le sinus de la latitude de l'étoile dont on parle ; ou, pour nous exprimer dans les termes de l'art, le grand axe est au petit axe comme le sinus total est au sinus de la latitude de l'étoile.

ASPECT DU CIEL. — On distingue cinq sortes d'aspects : le sextil, le quadrat, la trine, l'opposition et la conjonction. L'aspect du ciel change journellement ; lorsque le crépuscule vient de disparaître, on aperçoit la moitié de la sphère céleste ; d'un côté, les étoiles se couchent sous l'horizon ; du côté opposé, d'autres se lèvent. La révolution apparente continue durant la nuit, et l'étendue du firmament qui vient s'offrir successivement à nos regards dépend de la longueur des nuits. En hiver et en automne, on voit à Paris le ciel presque en entier, excepté la partie voisine du pôle austral, qui ne se lève jamais pour notre latitude, ainsi que la partie voisine du lieu de l'écliptique où le soleil paraît être. Cette partie se trouvant à notre zénith avec cet astre, reste cachée pour nous par la clarté du jour. Tels sont les aspects produits par la rotation de la terre sur son axe en vingt-quatre heures. 1

Tableau de l'aspect du ciel sous la lalilude de Paris, à neuf heures du soir, pour le premier de chaque mois, en se bornant aux principales constellations.

J COTÉ GAUCHE COTÉ DROIT COIE MOIS ou MÉHIDIEN ou ZÉNITII OIIIENTAL OCCIDENTAL DU POLE DOIIEAL

] A droite, Grande- Janvier Cocher, Chèvre. Pléïades. Baleine, Bélier. Persée.f Ourse, Levriers.

Orion, les deux Chiens Eridan Poissons, Pégase. Ourse, Levriers.

Gémeaux, Régulus se lève. Taureau. Andromède. En bas, PetiteFévrier Les deux Chiens, Hydre Sirius, Lièvre. Eridan, Taureau. Cocher.. Ourse, Dragon.

Gémeaux, Lion, Caiicer. Orion, Colomb. Pléiades, Bélier, Baleine. Chèvre.. A gauche, CassioAndromède, Persée, Pégase. pée, Céphée, Cygne.

Mars Hydre, Cancer, Lion, Bou- , vier Procyon. Sirius, °j;i0n Lynx ■ • ■ ■ A droite, les deux Vierge et Corbeau se lèvent Gémeaux Cocher, Taureau. Ourses, Drgon. Pléiades, Bélier Ourses, Dragon *** .: I"iéia(les, Bélier En bas, Céphée, ci Avril Bérénice, Vierge Hydre, tancer. Procyon, Gémaux. L'S de la Cygne, Lyre.

hrande- A gauche, Casiopée, Epi, Corbeau, Coupe Lion. Orion, Taureau, Pléiades. Ourse.. ] Persée Andromède Bonvier,Couronne. Cocher, Sirius -

Mai Vierge, Balance, Bérénice. [j Liun. Hydre, Lion, Cancer. Gr.-Ourse ] 4 droite Dra Bouvier, Couronne. Coupe Procyon, Gémeaux. Petite-Ourse agco, 'f' d S t d'Ol' s , )Tete du Serpent, d Ophi- 1 gne, r vrp nius Corbeau. Cocher. Enbas l'a'

Juin B 1 ,. E V. l' r (' 0 ., \.A slOpee.

J, ui. n Balance, .-\.ntares. Epi Vierge, Coupe "i(;-Ourse A gauche, IwL Serpent, Ophinius, Aigle.. Arcturu s.. Corbeau, Lion 1 Chèvre ,ersee, Couronne, Hercule, Lyre Hydre, Gémeaux Juillet Ophinius, Aigle Antai-ès Balance, Vierge En haut, Dragon, Juillet Ophinius, Aigle Antarès Balance, Vierge. Dragon,..[ Pp etite-Ourse.

Cygne, Lyre, Hercule. a erpent. Bouvier, Lion A. di,oite, Céphée, Pegase se lève Couronne. Bérénice A droite, Cephee A. egasese eue. ouronne"1 erenlce. C , out A. A. 1 0 h.. S B 1 1 Cassiopee.

Août Antinous, Ig e. Ophinius.. Scorpion, Balance Lyre.[ J^ubas,Persée,Chèvre (' C. H 1 S t B. D 'n as ersee ( hevre Cygne, Capricorne Hercule Serpent, Bérénice Dragon 1 J gauche. Gr.-Ourse.

Verseau, Pegase, Sagittaire Couronne, Bouvier. gauc te. Gr.-Ourse.

Septembre Verseau, Pégase Aigle. Bouvier Cygne.) A droite, Céphée, CasDauphin, Bélier. Sagittaire.. Serpent, Ophinius. Lyre.) siopée, Andromède.

Poissons, Capricorne. Hercule, Couronne 'A gauche, les2 Ourses O.ctobre Poissons, Bélier..:. Verseau. Capricorne, Dauphin. En haut, Céphée.

Baleine, Pégase ., Aigle, Antinous I A droite, Cassiopee, Andromède, Fomalhaut Hercule, Lyre, Couronne j Cocher, Persée.

Novembre Andromède, Bélier Algenib Antinous, Verseau. a Andro- En bas, Gr.-Ourse Taureau, Pléiades Poissons.. Capricorne, Dauphin mode.. A gauche, P.-OuTse, Baleine, Orion se lève Aigle,' Cygne, Lyre. Dragon.

Déctmbre. Eridan, Taureau, Baleine. Bélier. Pégase, Andromède. Persée En haut, Cassiopée.

Pléiades, Onon. Verseau, Cygne, Lyre ■ A droite, Gr-.Ourse Gémeaux, Chèvre, Persée Dauphin, Poissons J A petite, Céph.,Dragon

- - -

EXPLICÀTION- - Chaque mois les étoiles avancant vers le couchant de 30 degrés ou deux heures, il suffira de changer de mois quand on voudra avoir cet aspect pour une heure quelconque : ainsi, l'hémisphère céleste est le m&me le 1er août à neuf heures du soir, que le 1er septembre à sept heures, que le lor juillet à onze heures, etc. Du reste, les cartes seules peuvent, donner la situation, prét-ise des étoiles. Dans le tableau cl-dessus, le quinzième jour de chaque mois répond à un intervalle moyen entre les constellations méridiennes qui y sont indiquées, ce qui peut s'accorder avec les numéros pairs des heures nocturnes.

ETOILES CHANGEANTES. — Ces étoiles offrent, dans l'intensité de leur lumière, des variations périodiques. Elles restent quelques heures, quelques mois sans être visibles, puis reparaissent, brillant du plus vif éclat. On a observé dans le Cygne trois étoiles changeantès : une d'elles disparaît quelquefois et devient ensuite de cinquième, puis de troisième grandeur : la période de ses variations est de 596 jours 21 heures.

Les annales astronomiques mentionnent plusieurs étoiles qui ont paru et disparu ensuite totalement. La plus fameuse de toutes les nouvelles étoiles est celle de 1572 : elle parut tout à coup dans la constellation de Cassiopée. En peu de temps, elle surpassa la clarté des plus belles étoiles ; sâ lumière s'affaiblit ensuite, et elle disparut, seize mois après sa découverte, sans avoir changé de place. Elle fut d'abord d'un blanc éclatant, ensuite d'un jaune rougeâtre et enfin d'un blanc plombé. Ces phénomènes sont analogues à ceux que nous offrent sur la terre ces corps que nous voyons s'enflammer, brûler et s'éteindre.

ETOILES NÉBULEUSES. — On donne le nom d'étoiles nébuleuses ou simplement de nébuleuses à des amas d'étoiles dont la,lumière est faible et terne, et qui ressemblent, à la première vue, à de petits nuages blanchâtres qu'on aperçoit dans le ciel. Notre voie lactée est une de ces nébuleuses. Voici, d'après M Babinet, le bilan du monde matériel qui nous entoure. D'abord, notre étoile, le soleil, puis quelques centaines de milliers de soleils disséminés tout à l'entour. Le télescope distingue un à un tous ces soleils voisins; mais, dans la profondeur de l'espace, ils s'entassent l'un sur l'autre et se confondent comme les lumières d'une longue * file de réverbères qui se rapprochent en perspective, et le tout finit en une lueur blanchâtre aplatie, qui forme une zone dans le ciel et qui 1 est connue sous le nom de voie lactée. Compter les millions de soleils d'une si vaste agglomération, cela dépasse le calcul.

Qui croirait que notre agglomération de soleils, notre voie lactée, dont les soleils individuels sont distancés d'au moins six cent mille fois la distance de la Terre au soleil (distance de cent soixante millions de kilomètres) ; qui croirait que cette agglomération est bien loin d'être seule dans l'univers, ou, si l'on veut, de composer à elle seule l'univers tout entier? Les deux Herscheil ont observé et catalogué plus de 400 nébuleuses semblables. 11 n'y a que la pensée capable d'aller plus loin que les bornes de cet immense, univers matériel, où les soleils - sont les grains d'une montagne de sable, et où ces montagnes ou amas d'étoiles sont euxmêmes des grains dans l'univers.

Dans ce vaste amas de soleils,, notre soleil n'est presque rien. Il faut, pour lui rendre quelque importance, le comparer à notre petit globe ou globule terrestre, qui n'en est que la trois cent cinquante millième partie. Quatre planètes de moyenne grosseur, savoir : Mercure, Vénus, la Terre et Mars, circulent autour de notre étoile. Puis vient un espace vide.

Enfin, extérieurement, quatre grosses planètes :

Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, tournent autour du même corps massif. Quant à l'espace vide entre Mars et Jupiter, il est peuplé-de petites planètes visibles seulement au "tél'escope : nous avons plus haut donné les noms de celles de ces petites planètes qui ont été découvertes jusqu'ici.

Si les planètes, par rapport au soleil, sontles résidus de la matière qui s'est conglomérée en soleils d'après les lois primordiales, on peut dire que d'autres petites poussières ou balayures ont échappé à la concentration en planètes, comme les planètes avaient échappé à la concentration en soleils, et que ces petites masses.

des embryons de planètes, parcourent le ciel planétaire et nous arrivent sur la terre quand elles s'engagent dans notre atmosphère. Ce sont les étoiles filantes, les globes de feu, les pierres qui tombent du ciel, les nuages subits de poussière chaotique. Par ordre de petitesse de masse, nous avons ensuite les comètes dont plusieurs doivent passer d'une étoile à l'autre comme des messagers arrivant d'un autre système solaire.

Enfin, une 'dernière existence semble se révéler à nous dans de certains cas exceptionnels.

Ce sont des masses nuageuses, pulvérulentes, qui n'appartiennent à aucune étoile et qu'on a désignées sous le nom de nuages cosmiques (nuages du monde). Ces amas de poussière, justement dite poussière chaotique, passent lentement devant les étoiles et en offusque momentanément l'éclat.

ETOILE DU BERGER. — Ce nom est donné populairement à la planète de Vénus, et que l'on appelle aussi, selon F époque de la jpurnée où elle est visible, étoile du matin, ou étoile du soir.

ÉTOILE POLAIRE. — On appelle ainsi l'étoile la plus raprrochéedu pôle nord du monde.

C'est la dernière à l'extrémité de la queue de la petite Ourse; sa distancé du pôle est d'un degré 38 minutes.

CONSTELLATIONS. — Les étoiles les plus remarquables du ciel, en attirant les regards, aidèrent à en reconnaîtra beaucoup, dautres qui composent avec elles des aspects aisés à saisir.

Ces assemblages d'étoiles furent nommés, ainsi que nous l'avons dit plus haut, constellations ou astérismes. Celles comprises entre le pôle arctique et l'équateur sont nommées boréales, et celles situées au delà de ce grand cercle sont appelées australes. ,

Indépendamment de ces indications générales, des noms particuliers ont été donnés à chacune des constellations. Ces noms, consacrés depuisj'a plus haute antiquité, sont parvenus jusqu'à nous sans altération sensible, quoiqu'ils soient tout à fait arbitraires et fantastiques, n'ayant aucune ressemblance avec les groupes d'étoiles qu'ils désignent.

Après avoir assigné ces noms, il a paru-nécessaire de représenter les figures dont il était question, et comme on s'était d'abord borné ces indications grossières, on se contentait seulement de l'ensemble que présente à la vue tel ou tel groupe d'étoiles. Ainsi, par exemple, en traçant l'image d'une ourse, dans cette constellation, les principales étoiles servirent à donner la posé de cet animal ; les unes indiquant les pattes, lés autres la queue, etc., etc. Plus tard, les Arabes et les Grecs donnèrent des noms à chacune des étoiles principales. Depuis quelques siècles on a substitué aux noms d'étoiles les lettres de l'alphabet grec et romain.

L'étoile qui est la plus brillante est désignée par p, la lettre a indique celle dont la lumière est un peu moins intense, ainsi de suite ; cet alphabet étant épuisé, l'on a recours aux caractères romains, et enfin aux chiffres, qui sont

employés pour, la classification d'étoiles beaucoup plus faibles. On a aussi substitué aux figures de l'astrologie judiciaire des lignes de démarcation comprenant toutes les étoiles d'une même constellation.

Tel est le système adopté pour -classer et dénommer les étoiles. Le nombre des constellations est illimité, à cause du changement de dénominations et des suppressions faites dans les divisions du ciel.

Les constellations qui entourent'l'écliptique ont joué un grand rôle dansThjstoire des peuples anciens. llest important de pe pas confondre ces groupes d'étoiles avec les signes qui portent les mêmes noms. P Dans le tableau suivant, nous désignons par la lettre M toutes les constellations qui furent inconnues aux anciens. 1

Constellations pour le Zodiaque

Le Bélier. La Balance.

Le Taureau. Le Scorpion.

Les Gémeaux. Le Sagittaire.

L'Ecrevisse. Le Capricorne.

Le Lion. Le Verseau.

La Vierge. * Les Poissons.

Constellations situées dans la partie boréale du ciel

La Petite-Ourse.. Antinous.

La Grande-Ourse, L'Ecu de Sobieski X Le Dragon. Hercule.

La Girafe. M Cerbère ou le Rameau. M Le Renne. M Le Taureau de PÓniaLe Messier. M towski. M Le Lynx. M Le Dauphin.

Cephée. Pégase.

Le Mural. M Le Petit-cheval.

Cassiopée. Le Triangle, Persée.. La Mouche ou le Lys. M Andromède. - La Couronne.

Le Trophée de Frédéric. M Le Bouvier.

Le Lézard. M Les Lévriers. M. > 'Le Cygne, - La Chevelure de Bérénice.

La Lyre. Le Pçtit Lion M Le Renard et l'Oie. M Le Cocher et la Chèvre.

La Flèche. Le Télescope dçHerschellM L'Aigle. Le Petit-Chien boréal. M

Constellations australes.

La Baleiné.. Le Grand Chien.

L'atelier du sculpteur. M L'Atelier typognaphiq.M Le Phénix. M - Le Navire.

Le Toucan. M La Boussole et le Loch. M Le Grand et le Petit Nua- L'Hydre femelle.

ge. M La Coupe.

La Machine Electrique. M Le Corbeau.

Le Fourneau Chimique. M Le Solitaire ( oiseau des L'Horloge Astronom. M Indes). M

Le Réticule rhomboïde. M Le Sextant fl L'Eridan. Le Chat. M La Harpe-de George. M La Machine pneumat. M , Le Sceptre de Brande- Le Chêne dè Charles Il. M bourg. M -Le Caméléon. M Les Burins du graveur, M La Montagne de la TaLe Chevalet du peintre, M ble. M L'Hydre mâle. M Le Poisson volant. M La Dorade. M L'Octant. M La Colombe. M L'Indien. M Orion. , 4 La Mouche ou Abeille. M Le Lièvre, La Croix M La Licorne. M Le Centaure Le Petit-Chien. Le Loup.

L'Encrier et la Régie. M Le Serpent, M Le Compas. M La Couronne australe.

Le Triangle austral. M Le Paon. M L'Autel.. Le Microscope. M Le Télescope M Le Globe aérostatique. M Le Serpentaire ( Ophi- Le Poisson austral, nius). M La Grue. M

LE GRAND ET LE PETIT CHIEN. — Le Grand Chien est l'une des constellations australes, La plus belle étoile du firmament, Sirius, fait partie du Grand Chien. Elle est à l'angle supérieur oriental d'un grand' quadrilatère dont la base

/.,,\!f;l' -11 GEOGRAPHIE UNIVERSELLE

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s'étend jusqu'à l'horizon de Paris. Cette base se trouve voisine d'un triangle qui touche le navire Argo. Le Taureau qui enleva Europe, placé près du Grand Chien, a fait supposer que celui-ci était là pour le garder; on l'appela le Chien d'Europe. Quelquefois, comme le Petit Chien, on le nomme Chien d'Orion, parce qu'il se couche derrière cette belle constellation.

Le Petit Chien est remarquable par une étoile de première grandeur, Procyon; cette constellation australe est située au-dessous des Gémeaux, du côté du Cancer ; une ligne tirée de l'étoile polaire par la tête de Castor, et prolongée du côté du sud d'environ 32 degrés, rencontrerait à peu près Procyon. Le Chien passe pour être le Chien d'Orion. Les Latins le désigeaient sous le nom de Camcula, et lui supposaient beaucoup d'influence sur les ardeurs brûlantes de 1 été.

SYSTÈME PLANÉTAIRE. — Notre soleil et les planètes, nos compagnes, qui exécutent avec nous leur mouvement autour de lui, constituent ce qu'on appelle le système planétaire. Ce système forme un orbe ou circuit de plus de 26,600 millions de kilomètres en n'y comprenant pas les comètes, dont quelques-unes s'éloignent dix fois plus que Neptune du soleil, sans cependant se soustraire à son influence.

ATTRACTION UNIVERSELLE. — La cause des mouvements des planètes est l'attraction universelle. Deux corps s'attirent mutuellement, ou exercent l'un sur l'autre une attraction mutuelle, lorsqu'ils tendent à se joindre l'un avec l'autre, et lorsque, pour y parvenir, ils sont obligés de faire chacun une partie du chemin qui les sépare. Il règne une attraction ou une gravitation mutuelle entre tous les corps qui composent l'univers ; le flux de la mer et les irrégularités observées dans le mouvement descorps célestes en sont les preuves. La même force qui fait retomber sur la Terre une pierre jetée en l'air, précipiterait les planètes et les comètes dans le sein du soleil, si elles étaient abandonnées à leur force centripète, c'est-à-dire à leur gravité ; les planètes et les comètes sont donc des corps graves. La gravité d'un corps ne peut avoir pour cause que l'essence de ce corps ou une matière environnant ce corps, ou enfin une loi générale de la nature. On ne peut pas dire que la gravité des planètes leur soit essentielle; ce serait alors faire revivre les qualités occultes de l'ancienne époque, qui ont fait pendant si longtemps le déshonneur de la philosophie et la honte de l'esprit humain ; on peut encore moins donner pour cause de la gravité des planètes une matière environnantces corps; c'est là'une des chimères produites par l'imagination de Descartes.' Il faut donc reconnaître une loi générale comme la cause immédiate de la gravité des corps, et, par conséquent, nous dirons que les corps s'attirent mutuellement, et sont portés les uns vers les autres en vertu d'une loi générale delà nature.

LE SOLEIL. — Des corps s'attirent entre eux en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré des distances. D'après cette loi, le centre d'un système devient nécessairement le corps le plus considérable. Or, le soleil, qu'un philosophe grec croyait à peu près aussi gros que le Peloponèse, c'est-à-dire comme un département français, se trouva, quand on en put calculer exactement le volume, un mil-.

lion quatre cent mille fois plus gros que la Terre.

C'est donc lui qui attire vers sa masse les autres corps répandus dans le ciel, à une distance qui ne serait pas assez considérable, comme celle des étoiles, pour annuler sa puissance d attraction. De sorte que toutes les planètes, et la Terre avec elles, marchent toujours roulees dans la matière céleste vers le soleil,

.dont l'attraction le é soutient, sans qu'il soit beV^Ew',ellQS;ftort^nt sur rien.

P*w&/fe6mjae^ce mouvement, s'il était seul à

agir sur elles, les emporterait nécessairement jusqu'à la surface même du soleil, où elles se confondraient, on a trouvé que les différentes parties de ces corps immenses, plus fortement sollicitées encore à rester groupées à leur propre masse plus rapprochée que celle du soleil, étaient ramenées, d'un violent effort, vers le centre du corps qu'elles composaient. Ainsi se trouve limitée et tempérée la force d'attraction du soleil, et prévenue la confusion de tous les corps plus petits dans le plus considérable. Des deux mouvements combinés résulte l'évolution normale des planètes.

Au sein de cet univers, dont notre esprit ne peut sonder ni la durée, ni la profondeur, notre soleil est bien petit. Sa lumière est blanche, mais beaucoup moins intense que celle de la plupart des étoiles. Elle le serait, au dire d'Herschell, soixante-trois fois moins, et bien moins encore d'après M. Babinet. Aussi n'est-il qu'un astre très-secondaire.

Il fait partie d'un amas d'étoiles, îlot perdu au sein de l'univers et dont l'épaisseur est relativement assez faible. Cet amas se bifurque sur un tiers environ de son étendue; c'est là qu'il semble placé, un peu excentriquement, non loin du point de partage, plus près de la région où brille Sirius que de la constellation de l'Aigle, et presque au milieu de la couche, dans le sens de son épaisseur. Comme nous l'avons déjà dit, il paraît se diriger avec ses planètes vprs la constellation d'Hercule.

Le grand astronome Laplace a émis sur la formation de notre système solaire ou planétaire l'hypothèse suivante : L'on a, nous dit-il, pour remonter à la cause des mouvements primitifs du système planétaire, les cinq phénomènes suivants : 1° les mouvements des planètes dans le même sens, et à peu près dans un même plan; 2° les mouvements des satellites dans le même sens, et à peu près dans le même plan que ceux des planètes; 3° les mouvements de rotation de ces différents corps et du soleil, dans le même sens que leurs mouvements de projection, et dans des plans peu différents; 4° le peu d'excentricité des orbes des planètes et des satellites; 5° enfin, la grande excentricité des orbes des comètes, dont les inclinaisons ont été abandonnées au hasard.

Quelle que soit la nature de cette cause, puisqu'elle a produit ou dirigé le mouvement des planètes et des satellites, il faut qu'elle ait embrassé tous ces corps ; et, vu la distance prodigieuse qui les sépare, elle ne peut avoir été qu'un fluide d'une immense étendue. Pour leur avoir donné dans le même sens un mouvement presque circulaire autour du soleil, il faut que ce fluide ait environné cet astre comme une atmosphère.

La considération des mouvements planétaires nous conduit donc à penser qu'en vertu d'une chaleur excessive, l'atmosphère du soleil s'est primitivement étendue au delà des corps de toutes les planètes, et qu'elle est resserrée successivement, jusqu'à ses limites actuelles; ce qui peut avoir eu lieu par des causes semblables à celle qui fit briller du plus vif éclat, pendant plusieurs mois, la fameuse étoile que l'on vit tout à coup, en 1572, ainsi que nous l'avons dit plus haut, dans la constellation de Cassiopée.

La grande excentricité des orbes des comètes conduit au même résultat. Elle indique évidemment la disparition d'un grand nombre d'orbes moins excentriques; ce qui suppose autour du soleil une atmosphère qui s'est étendue au delà du périhélie des comètes observables, et qui, en détruisant les mouvements de celles qui l'ont traversée pendant la durée de sa

grande étendue, les a réunies au soleil. Alors, on voit qu'il ne doit exister présentement que les comètes qui étaient au delà, dans cette intervalle; et comme nous ne pouvons observer que celles qui approchent assez près du soleil dans leur périhélie, leurs orbes doivent être fort excentriques. Mais, en même temps, on voit que leurs inclinaisons doivent offrir les mêmes inégalités que si ces corps avaient été lancés au hasard, puisque l'atmosphère solaire n'a point influé sur leurs mouvements. Ainsi la longue durée des révolutions des comètes, la grande excentricité de leurs orbes et la variété de leurs inclinaisons s'expliquent trèsnaturellement au moyen de cet atmosphère.

Mais comment a-t-elle déterminé les mouvements de révolution et de rotation des planètes?

Si ces corps avaient pénétré dans ce fluide, sa résistance les aurait fait tomber sur le soleil ; on peut donc conjecturer qu'ils ont été formés aux limites successives de cette atmosphère par la condensation des zones qu'elle a dû abandonner dans le plan de son équateur, en se refroidissant et en se condensant à la surface de cet astre. On peut conjecturer encore que les satellites ont été formés d'une manière semblable, par les atmosphères des planètes.

Les cinq phénomènes exposés ci-dessus découlent naturellement de ces hypothèses auxquelles les anneaux de Saturne ajoutent un nouveau degré de vraisemblance.

On a cru longtemps que la lumière du soleil était irréprochable, sans défaillance. Elle paraissait telle, en effet, à l'œil nu. Mais la lunette astronomique y a de bonne heure découvert de graves perturbations. Des taches, les unes sombres, les autres lumineuses, de nombre et de dimension très-variés, se montrent à la surface du disque solaire. Les taches obscures se composent d'un noyau complètement noir, de forme irrégulière et dentelée, et d'une bande sur le contour, plus claire que le noyau, plus sombre que le disque solaire, désignée sous le nom de pénombre.

Des taches lumineuses jettent un éclat, tranchant vivement sur la surface solaire elle-même; elles sont sans noyau sombre et sans pénombre ; on les appelle' facules.

Ces taches diverses se montrent à l'orient du disque solaire, marchent vers le bord occidental qu'elles atteignent en 15 jours, se dérobent 14 jours et reparaissent alors à l'orient. Tandis qu'elles s'avancent ainsi de l'est à l'ouest, rapidement quand elles sont au centre, plus lentement quand elles touchent le bord, elles subissent des déformations comme celle d'une image réfléchie par un corps rond. Ces circonstances ont permis de s'assurer que le soleil était une sphère lumineuse tournant sur ellemême en 27 jours environ.

Ce que nous voyons du soleil, c'est l'enveloppe extérieure, la photosphère, composée d'une masse gazeuse, montant toujours du centre, et de particules solidifiées, incandescentes, lumineuses, que les observateurs anglais ont constatées, dessinées jour par jour pendant sept ans et demi, de façon à pouvoir donner une carte exacte du disque solaire.

En 1868, une nouvelle découverte relative au soleil fut faite à peu près simultanément par M. Janssen, astronome français, envoyé dans l'Inde, pour observer l'éclipsé de soleil de cette année, et par M. Lockyear, savant anglais. Ces deux savants trouvèrent le moyen d'observer en tout temps les protubérances du soleil, qui se colorent, pendant les éclipses, d'une si belle teinte rose. M. Lockyear songeait déjà, en 1866, à étudier la surface du soleil sans attendre les échéances lointaines des éclipses. Il fut conduit en étudiant les taches, à considérer les flammes aux protubérances roses comme des masses de gaz incandescent. De ce que ces flammes ne

devenaient visibles que pendant le phénomène de l'éclipsé, il ne s'ensuivait pas que le spectroscope ne pût les décéler en d'autres moments. Les protubérances ne sont pas aperçues en temps ordinaire, parce que leur éclat pâlit à côté de celui de la photosphère; elles sont éteintes, tout comme la lune et les étoiles en plein jour. Mais supposons, c'est ainsi que raisonnait M. Lockyear, que les protubérances soient gazeuses : il faudra dès lors que leur lumière, dans le spectre, soit concentrée sur quelques bandes lumineuses; car c'est là une propriété particulière de toutes les flammes gazeuses. Si nous recevons un faisceau de lumière solaire par une ouverture très-mince sur un prisme ou sur une succession de prismes, la lumière du corps du soleil s'étendra en immense éventail: elle sera pour ainsi dire diluée, en se répandant sur un espace de plus en plus large ; au lieu que la lumière des protubérances, fixée pour ainsi dire à certaines directions, conservera son énergie. Cette lumière concentrée pourra donc devenir visible au milieu de la lumière solaire diluée, ou, autrement dit, on apercevra des lignes brillantes sur le spectre ; et ces lignes seront dues aux protubérances gazeuses.

Le 7 novembre, M. Lockyear écrivait ce qui suit : cc J'ai pu remarquer que les protubérances sont tout simplement des accumulations locales d'une enveloppe gazeuse qui entoure complètement le soleil ; car, dans toutes les parties du contour de l'astre, je vois le spectre propre aux protubérances. L'épaisseur de la nouvelle enveloppe est d'à peu près 5,000 milles (8,000 kilomètres). Elle est merveilleusement régulière dans son contour. Au pôle comme à l'équateur du soleil, le spectroscope révèle son existence à une distance sensiblement égale au disque de l'astre. »

Cette enveloppe régulière a été nommée la chromosphère, pour la distinguer d'une part de l'atmosphère, et de l'autre de la photosphère, et sa découverte explique bien les sierras qu'on avait quelquefois observées pendant les éclipses, pareilles à des nuages bas et adhérents à l'horizon ou à des chaînes de montagnes vues dans le lointain.Les raies brillantes du spectre des protubérances méritent une attention spéciale. Dans le nombre, les raies de l'hydrogène sont les plus importantes, ce qui démontre que la chromosphère est principalement formée de ce gaz.

M. Janssen, dans l'Inde, est, de son côté, arrivé à la même conclusion.

M. Janssen a annoncé comme positive la relation entre les taches et l'enveloppe hydrogénée du soleil. M. Warren de la Rue a piis une photographie du soleil, au moment où une forte tache solaire était arrivée exactement au bord du disque 'de l'astre. On y voit, en un point du contour du soleil, une échancrure qui indique, sans aucun doute possible, l'existence d'un creux dans la photosphère à l'endroit où se trouvait la tache.

Il est bien vrai qu'il faut distinguer entre la photosphère et l'enveloppe d'hydrogène ; ces deux couches superposées sont de nature bien distincte ; la photosphère, ainsi que l'a fait voir KIrchhoff, est extrêmement riche en corps simples, et c'est à leur présence que sont dues les innombrables raies obscures du spectre. L'enveloppe appelée hydrogénée, parce que l'hydrogène y domine, semble avoir une composition chimique des plus simples. M. Faye pense nu'elle est simplement le réservoir d'un des deux éléments de la mer qui se formera plus tard à la surface du soleil, lorsque la température aura suffisamment baissé.

Il est probable que les taches sont un phénomène commun à la fois à la photosphère et à l'enveloppe hydrogénée. L'atmosphère incandescente d'hydrogène n'est pas aussi régulière

suivant M. Janssen que suivant M. Lockyear.

Elle a, d'après le premier, un niveau fort inégal et très-tourmenté : souvent, chose bizarre, elle ne fait que remplir les vallées de la photosphère ; les protubérances en sont des saillies qui ailleurs sont projetées, soulevées et détachées en nuages.

Le diamètre du soleil est de 410 fois celui de la Terre ; ce qui équivaut à 1,276,000 kilomètres; son volume est de 1,360.000 fois plus considérable que celui de la Terre, et l'astre ne nous paraît si petit que parce qu'il est éloigné de nous de 136,000,000 de kilomètres.

MERCURE. — Mercure est la planète la plus rapprochée du soleil ; il en est à une distance de 53,440,000 kilomètres. Révolution autour du soleil en 88 jours, rotation sur lui-même en 24 heures. Si les conditions d'existence sont les mêmes pour Mercure que pour la Terre, il doit recevoir une chaleur 7 fois plus considérable que celle que reçoit notre planète dans l'été, ce qui donne une température plus élevée que celle de l'eau bouillante. Les passages de Mercure sur le soleil .ont permis de mesurer son diamètre, qui est de 4,988 kilomètres. On ne le voit que le matin avant le lever du soleil, ou le soir dans la lumière du crépuscule. Vu dans de fortes lunettes, il présente des phases analogues à celles de la lune et dirigées comme elles vers le soleil. On croit qu'il est couvert de montagnes très-élevées et qui ont jusqu'à 16,000 mètres de hauteur.

VÉNUS. — On l'appelle encore Lucifer ou l'étoile du matin, Vesper ou l'étoile du berger; c'est la plus brillante de toutes les planètes ; on la voit parfois en plein midi. Elle donne la nuit une grande lumière et a des phases comme la lune. Distance au soleil 100 millions de kilomètres; volume : neuf dixièmes de celui de la Terre ; révolution : 224 jours 16 heures ; rotation : 23 heures 21 minutes ; lumière bleuâtre.

On suppose qu'elle a une atmosphère et des montagnes très élevées.

LA TERRE. — Distance au soleil : 136,000,000 de kilomètres ; révolution 365 jours et 6 heures;

rotation : 24 heures. Elle a un satellite, la lune, dont nous parlerons plus bas. Autrefois on regardait la terre comme immobile et comme une surface plane, surmontée d'une coupole étoilée.

On ne s inquiétait pas encore de ce que pouvaient être ces astres, qui, pareils à des clous de diamant, ornaient la voûte céleste. C'était la conception des Ariens. Quelques années plus tard, — il y a mille ou douze cents ans, — on se posa enfin la question de savoir ce qui pouvait soutenir la Terre. La réponse fut que la Terre reposait sur douze colonnes. Plus lard, on se demanda ce qui pouvait soutenir ces douze colonnes ; la question commençait à devenir indiscrète ; les prêtres de l'époque répondirent qu'elles reposaient sur les sacrifices, et que si les sacrifices cessaient, la terre n'aurait plus de soutien. Que de temps il a fallu pour en venir à des idées plus raisonnables !

MARS. — Distance au soleil : 212,000,000 de kilomètres ; volume : le cinquième de celui de la terre ; révolution : 687 jours ; rotation : 25 heures 31 minutes. Il est de couleur rougeâtre. On voit son disque changer de forme et devenir ovale. suivant sa position par rapport au soleil. Les habitants de Mars voient le soleil beaucoup moins grand que nous ne le voyons : la surface de cet astre leur paraît plus petite de 5/9 ; la lumière et la chaleur diminuent pour eux dans les mêmes proportions. On croit que Mars a une atmosphère épaisse et que ses pôles sont couverts de glaces qui ne fondent jamais.

LES PLANÈTES TÉLESCOPIQUES. — Junon, Cérès, Pallas, Vesta et les autres planètes dites télescopiques, parce qu'on ne peut les apercevoir à l'œil nu, ont été découvertes dans notre siècle. Comme elles sont très-petites, très-rapprochées les unes des autres, et que d'ailleurs leurs conditions d'existence doivent être à peu près les mêmes, on a supposé qu'elles étaient les débris d'une grande planète interposée jadis entre Mars et Jupiter et qui aura été brisée.

Leur distance au soleil est de 368 à 384.000,000 de kilomètres, et leur révolution se fait à peu près en 40 ans.

NOMS MOYENS DURÉES DISTANCES EXCETRI- AUTEURS I mouvement: des moyennes des planètes diurnes révolutions au CITÉS et époque de la découverte des planètes diurnes srdéiales soleil

jours 43 Ariane 1088. 0655 1191.1039 2.199048 0.1575060 POGSON 15 avril! 857 8 Flore. 1086.0790 1193.281 2.201727 0.1567974 HIND 18 oct. 1847 40 Harmonia. 1039.4094 1246.860 2.267149 0.0460846 GOLDSCH.mDT. 31 mars 1859 18 Melpomène 1020.0440 1270.531 2.295753 0.2171874 HIND 24 juin 185*2 12 Victoria. 995.3340 1301.4193 2.332812 0.2189196 HIND 13 sept. 1850 27 Euterpe. 989.4977 1313.736 2.347507 0.174555 HIND 8 nov. 1853 4 Vesta. 978.2852 1323.7670 2.360630 0.\9111787 OLBERS. 29 mars 1857 30 Uranie. 975.2077 1328.9446 2 365591 0.1243051 IfID. Injuilletl854 7 Iris 963.1396 1345.600 2.386897 0.2323515 HIO. 13 août 1847 9 Métis. 962.1801 1346.9400 2.386897 1.1228221 GRAHAM 26 avril 1818 24 Phocéen. 953.6780 1368.8479 2.4!11061 0.2525329 CHACORNAC 6 avril 1853 20 l\fassalia. 948.8449 1365.8691 2.409208 0.1436802 42 Isis. 946.9044 1368.6682 2.412498 0.2l26«23 DE GASPARlS. 19 sep. 1852 1 Hébé. 939.3772 1375.635 2.455368 0.2020077 POGSON 23 mai 1856 21 Lutetia. 933.0869 1388.0432 2.435213 0.Jü::W746 IŒCt\E. 1erjuill. 1817 19 Fortuna. 930.1169 1393.3710 2.441440 0.1578278 GOLDSMITH 15 nov. 1852 11 Parthénope.. 924.3222 1402.1061 2.451633 0.0996266 H,ND. 22 août 1852 46 921.3600 1406.6149 2.45688 1 0.1226104 nE GASPAR\S. 11 mai 1850 17 Thétis 912.5926 1420.1300 2.472598 0.1267733 POGSON 16 août 1857 41 Ddphné. 903.0956 1435.0613 2.489900 0.2153600 LUTHER 17 avril 1852 29 Amphitrite.. 869.1842 1491.0510 2.554249 0.0726134 GOLDSCHMIDT 22 mai 1856 13 Egerie. 857.7694 1510.8931 2.576860 0.0891127 MARTH lermars 1834 5 Astrée. 857.4996 1511.369 2.577400 0.1887517 HENCKE.' 8 déc. 1815 32 Pomone. 854.7222 1516.2K00 2.582980 0.0820255 GULDSCIDIIHT. 26 oct. 14 14 lrène 853 5922 1518.2866 2.585260 O.W8713.1 111[\0. 19 mai 1851 23 Thalie 833.8635 1554.2093 2.625878 0.235A373 HIND 15 déc. 1852 37 Fides. 826.1750 1568.6724 2.642U3 0.171*927 LUTHER 5 oct. 1855 15 Eunomia. 822.0764 1576.493 2.650918 0.1893392 DE GASPAKIS 29 juill. 1851 26 Proserpine. 819.9866 1580.5107 3.655120 0.0871422 LUTHER. 5 mai 1853 3 Junon. 813.9149 1592.M0H 2.668613 0.2565387 HAM1HNG 1er sept. 180i 44 Nysa. 810.1514 1599.6939 2.676869 0.4.33900 GOLDSCHMIDT. 27 mai 1857 34 Circé. 806.6834 1606.6755 2.684534 0.1119305 CHACORNAC 6 avril 1855

NOMS 1 MOYENS DURÉES DISTANCES EXCENTRI- AUTEURS mouvements des moyennes motivement,, ré, volutions au CITÉS et époque de la découverte des planètes Qdiiuurrnnees s sidérales soleil -

jours 45 Eugenia. 801.1664 1617.6332 2.696844 0.0911214 GOLDSCHMÏDT H juill. 1857 38 Léda 78-2.5>8o 16.i6.3357 2.739684 0.155576s CHACORNÀC. 12 janv.1856 36 Atlante. 778.09(9 1655.6000 2.748890 0.2981715 GOLDsCHMIDT 5 oct. 1855 1 Cérès 271.0^39 16110.751;) 2.266541 0.0795155 P1AZZ1 I"janvl801 39 Loetitia. 769.8940 1683.3458 2.769387 0.1H0748 CHACORNAG 8 fevr. 185^ 2 Pallas. 7C9.8I42 1683.5:31 2.769582 0.2391191 OLBERS 28 mars 1802 28 Bellone. 707.3226 1(88.5426 2.775089 0.15i6816 LUTHER..: mars 1854 33 Pôlymiiie. 731.4843 1771.7365 2.86 >50i 0.336 050 CHACORNAG 28oct 185i 35 Leucothee. 719.8253 1800.4342 2.8H6363 0.1983825 LUTHER 29 avril 1855 22 Calliope. 714.9083 1812.8167 2.90f)6:! O. tO:J65H5 HID. 16 nov. 1852 16 Psyché. 710.0572 1825.2021 2.922866 0.1346336 DE GA--PAHIS. 17 mars 1852 25 Thémis. 637.2175 023.83872 3.H1564 1.1226585 DE GASPARIS. 6 avril 1853

JUPITER. — Distance au Soleil : 712,000,000 de kilomètres. La plus brillante des planètes après Vénus, dont il surpasse quelquefois l'éclat; il est également le plus gros astre de no- tre système, car son volume est 1.404 fois plus grand que celui de la Terre et il tourne sur son axe en 9 heures 56 minutes, vitesse considérable qui, d'après les lois de la force centrifuge, a produit à ses pôles un appiatissement de 1/18°.

Sa révolution autour du soleil s'exécute en onze ans et 315 jours. Il a 4 satellites On les voit quelquefois passer sur le disque de la grosse planète et y projeter leur ombre. En s'interposant entre le soleil et Jupiter, les satellites forment par leur ombre avec cette planète de véritables éclipses de soleil, parfaitement semblables à celles que la lune produit sur la Terre.

L'observation de ces éclipses a servi de base au calcul des longitudes et à celui de la distance de Jupiter au soleil. La position de Jupiter sur son axe doit faire qu'il jouisse d'un printemps perpétuel; néanmoins, les bandes noires et lumineuses qui changent à sa surface ont fait penser -qu'il est sujet à des incendies et a des déluges fréquents. Buffon prétend que cette belle planète est encore incandescente et qu'elle ne sera habitable que dans 160,000 ans.

SATURNE a un diamètre neuf fois plus grand que celui de la Terre. C'est, dans l'ordre des grandeurs, la seconde planète de notre système. ,La distance moyenne au soleil est aussi très grande. Sa rotation diurne est d'une rapi* dité extrême, puisque la durée de la journée est seulement de 10 h. 29 m. Mais l'année saturnienne est de 29 ans et demi. Il est résulté de la rapidité de la rotation de cette planète un aplatissement de 1/10.

Quand on regarde Saturne avec une lunette, on aperçoit un disque d'une couleur plombée, d'un éclat bien moindre que Jupiter, mais qui présente cette singularité d'être sillonné de bandes parallèles obscures. En outre, on aperçoit autour de la planète 7 satellites analogues à ceux que nous trouvons aux autres planètes, puis un satellite d'un nouveau genre, unique dans notre système. C'est un anneau mince et plat qui l'entoure sans la toucher et coïncide avec son équateur. Huighens fut le premier qui pensa que les apparences présentées par Saturne devaient être dues à un anneau. L'ombre de cet , anneau se projette sur la planète et produit ces -bandes obscures que nous présente son disque.

Comme il est toujours placé obliquement à la Terre, il nous apparaît sous la forme d'une ellipse dont la plus grande largeur est la moitié de la longueur. L'anneau s'incline de plus en plus et finit par ne plus être visible que pour une excellente lunette. On le voit alors sous la forme d'un anneau délie, et on apercoit son ombre se projeter sur le disque de 'Saturne' comme une ligne obscure extrêmement fine.

On avait cru d'abord l'anneau simple, mais on a découvert qu'il est double. Il y a un anneau intérieur et un anneau extérieur. En 1843.

MM. Dawes et Lassel purent même dédoubler l'anneau extérieur en deux parties inégales. la plus extérieure étant double de l'autre. Enfin, en 1850, on découvrit encore un quatrième anneau moins brillant et situé entre Saturne et son anneau intérieur.

Ces anneaux produisent pour les habitants de Saturne, s'il y en a, des apparences singulières. Pendant la moitié de leur année, c'està-dire pendant 15 ans, l'anneau éclaire par réflexion l'hémisphère tourné vers le soleil, et cache au contraire le soleil à une partie de l'autre hémisphère.

Expériences de Plateau. — La formation de cet anneau, si singulière qu'elle paraisse, s'explique par les lois de la mécanique, et n'est qu'une conséquence de la rotation rapide de la planète.

M. Plateau est arrivé à montrer aux yeux comment un pareil satellite peut se produire autour d'une masse fluide en mouvement. Etudiant les figures d'équilibre des liquides soumis aux seules forces moléculaires, M. Plateau fit un mélange d'eau et d'alcool tel que la densité de ce mélange fût exactement la densité de l'huile. Il laissa tomber au milieu de ce liquide, à l'aide d'une pipette, une certaine quantité d'huile qui se maintenait en équilibre. Elle prit la forme d'une sphère parfaite. Mais quand il introduisait au milieu de cette sphère un disque traversé suivant un diamètre par une tige auquel on pouvait imprimer un mouvement de rotation, on voyait alors, a mesure que la vitesse s'accélérait, la sphère s'aplatir aux points où l'axe la traversait, se renfler à l'équateur, et si on accélère le mouvement de la sphère, on voit la sphère se creuser en dessus et en dessous, et un anneau parfaitement circulaire se séparer du disque. Il suffit pour cela d'une vitesse de 3 tours par seconde. Avec quelques précautions, M. Plateau a pu obtenir une sphère adhérente au disque, renflée à l'équateur, aplatie aux pôles, en un mot le monde de Saturne dans un verre d'eau. Qu'on accélère encore le mouvement, l'anneau se brise et forme de petites masses sphériques, animées elles-mêmes d'un mouvement propre. C'est donc à la vitesse de rotation de Saturne, et peut-être à sa fluidité, que nous devons cette magnifique apparence qu'il nous présente.

URANUS. —Distance au soleil : 2,728,000,000 de kilomètres; volume: 78 fois celui de la Terre; révolution : 83 ans et 52 jours ^diamètre : 53,900 kilomètres; 6 satellites. Uranus a été découvert en 1781 par Herschell. Le soleil paraît à ses habitants 400 fois plus petit qu'à nous.

NEPTUNE -Distance au soleil : 4,208,000,000 de kilomètres; révolution: 165 ans. Neptune étant 30 fois plus éloigné du soleil que la terre, il doit recevoir de cet astre 900 fois moins de chaleur et de lumière que nous. C'est encore 100 fois la clarté de la lune, dont fa lumière reflétée est 90,000 fois moins vive que celle du

soleil. Neptune a été découvert le 23 septembre -1846, d'après les calculs de 31. Le Verrier.

LA LUNE. — La lune circule autour de la Terre à peu près de la même manière que notre globe circule autour du soleil ; elle a deux mouvements propres, l'un en déclinaison et l'autre en ascension droite. Une des circontances les plus singulières que cet astre présente dans son cours, c'est la manière dont il est éclairé dans ses différentes positions relativement au soleil: la lumière qu'il nous envoie n'est qu'une lumière réfléchie.

Phases de la Lune. — Nous savons que la lune n'est pas lumineuse par elle-même, comme le soleil ou les étoiles, mais qu'elle emprunte sa lumière au soleil pour nous la renvoyer, comme le ferait un miroir imparfait.

Quand nous voyons son disque entièrement éclairé, c'est la pleine lune ; delà pleine à la nouvelle lune, la partie éclairée du disque diminue peu à peu et nous indique que le croissant aura alors sa concavité tournée vers le soleil.

On donne le nom de syzygics à l'opposition et à la conjonction ; le nom de quadrature au premier et au dernier quartier.

La partie du disque qui reste obscure quand la lune approche de la conjonction et lorsque le croissant est très-délié, nous paraît éclairé d'une faible lueur à laquelle on a donné le nom de lumière cendrée. Voici la cause de ce phénomène : Si nous nous supposons placés à là surface de la lune, en face de la terre, au moment de la conjonction ou de la nouvelle lune, nous verrons la surface de la terre éclairée par le soleil et nous recevrons une lumière bien plus intense que celle que nous envoie la lune. A ce moment, la lune aura la pleine terre. Nous devons donc apercevoir le disque lunaire éclairé par nous et qui nous renvoie une faible portion de sa lumière.

Les phases de la lune sont les mêmes pour tous les habitants de la Terre. A la nouvelle lune, elle passe au méridien à midi, en même temps que le soleil. Chaque jour, l'heure de son passage retarde de 48 minutes 45 secondes, et au premier quartier, elle se lève à midi, passe au méridien à 6 heures, et n'apparaît que dans la première partie de la nuit. Arrive la pleine lune ; alors elle est en retard de 12 heures sur le soleil, se lève avec le coucher de ce dernier et passe au méridien à minuit, en même temps que le soleil passe dans la partie du méridien qui est invisible à l'observateur. Enfin, au der..

nier quartier, elle passe au méridien à 6 heures du matin et n'éclaire que la seconde moitié de la nuit.

Quelle que soit donc la position d'un observateur sur la Terre, il verra toujours, à la pleine lune, ce satellite passer au méridien à minuit.

Il est facile de juger par les phases de la lune de l'endroit du ciel où èe trouve le soleil, lors même que cet astre est plus bas que l'horizon.

En effet, si la lune est pleine, le soleil se trouve à peu près sur le prolongement du rayon visuel qui, de la lune, arrive jusqu'à nous.

Dans toute autre circonstance, la lune se trouvant inégalement éclairée, son disque est partagé par un diamètre en deux parties symétriques.

On a nommé âge de la lune ou épacte astronomique le temps époulé depuis la dernière néoménie, le 31 décembre à midi, et le ^janvier à midi, pour les années bissextiles.

Il y a longtemps qu'on s'est occupé de découvrir à quelle distance la lune se trouve de la Terre. Le premier astronome qui attacha son nom à cette importante découverte est Aris- tarque de Sanios, qui vivaitenviron trois siècles avant l'ère chrétienne. Selon lui, la lune est

environ 20 fois moins éloignée de nous que le soleil. Les données d'Aristarque de Samos furent rendues plus précises, plus exactes, par les recherches que fit, un siècle après, le célèbre Hipparque, qui basa sa méthode sur 1 observation de la parallaxe et sur la connaissance du rayon terrestre.

D'après les calculs faits par les anciens et les modernes, on est arrivé à savoir que le rayon de la lune est de 3,164 kilomètres et sa circonférence de près 40,000 kilomètres, en supposant cet astre sphérique. La surface de ce globe n'est que le 4/43 de la surface de la Terre, et le volume le 1/49. La distance moyenne de la lune à la Terre dépasse 340,000 kilomètres.

Un individu qui pourrait faire 400 kilomètres par jour mettrait quinze jours pour aller an centre de la Terre, trois mois pour faire le tour du globe, et deux ans et demi pour aller jusqu'à la lune. Huit jours lui suffiraient pour parcourir le diamètre lunaire, et vingt-cinq pour faire le tour de la lune. Comme point de comparaison, nous ajouterons que le même individu, pouvant faire 400 kilomètres par jour, arriverait au soleil au bout de mille ans environ, et qu'il lui en faudrait près de vingt-huit pour faire le tour de ce globe. S'il s'agissait de se rendre jusqu'à l'étoile fixe la plus rapprochée de nous, il lui faudrait plus de cent millions d'années.

On peut encore estimer les distances relatives d'une autre manière. Tout le monde sait que le son parcourt sur la terre environ 332 mètres par seconde, ou qu'il met la valeur de 32 secondes pour parcourir l'espace de 4 kilomètres. Or, si le bruit d'un canon était assez fort pour se propager à des distances illimitées, sans éprouver d'obstacles, ce bruit serait entendu de la lune après deux mois, et du soleil après soixante-six ans et demi.

L'expérience suivante démontre que la lune tourne tout d'une pièce autour de la Terre en lui présentant toujours le même côté, dominé qu'il est par la force attractive de cette planète.

Faites entrer dans une pomme une des branches d'un compas, fixez la pointe de l'autre branche et décrivez un cercle, et vous verrez que la pomme, immobile sur son axe, présentera toujours le même côté au centre autour duquel elle aura tourné : elle n'aura qu'un seul mouvement, le mouvement circulaire tout d'une pièce, comme une roue enrayée glisse sur le sol sans pouvoir tourner. Ainsi il y a un côté de la lune que nous n'apercevons jamais. L'habitant de ce côté n'aperçoit jamais non plus notre planète ; mais celui qui habite de l'autre côté a de magnifiques clairs de Terre, car il voit notre globe 43 fois plus grand et plus lumineux que nous ne voyons le sien.

La lumière de la lune n'est accompagnée d'aucune chaleur; on n'a point découvert jusqu'ici d'atmosphère sensible dans ce satellite ; mais il y existe de très-hautes montagnes et des volcans éteints ou en activité. Quelques-uns pensent que cet astre a été habité il y a quelques cent mille ans ; mais qu'il ne l'est plus, les conditions de la vie y étant devenues impossibles. Ce serait un astre mort, un cadavre, que la Terre traînerait après elle. On a de trèsbonnes cartes de la lune et la photographie a permis de reproduire les moindres points de sa surface.

MARÉES. — Chaque jour, par un mouvement périodique et régulier, les eaux de la mer s'élèvent et s'abaissent deux fois entre deux retours consécutifs de la lune au méridien. On a nommé flux ou flot le mouvement ascensionnel, et reflux ou jusan le mouvement contraire, qui s'opère environ 6 heures après. Ce mouvement périodique de la mer constitue le phénomène des marées.

On appelle marée totale la durée commune

de deux pleines mers consécutives, prise du point où elle est descendue entre les deux marées. Le flux de la mer n'est pas toujours égal au reflux. A Brest, par exemple, le^eaux emploient un temps plus long pour desceittire que pour monter. On prétend qu'Aristote, confus de ne pouvoir découvrir la cause physique d'un mouvement si extraordinaire, se précipita dans ce bras de la Méditerranée situé entre l'Achoïe et l'île de Négrepont, que l'on nomme Euripe. Newton n'a pas eu la même tentation à combattre; il a trouvé dans ses principes l'explication la plus naturelle d'un phénomène que bien des gens regardaient alors comme inexplicable. Ce philosophe, après avoir supposé, avec Copernic, que la Terre se meut d'Occident en Orient dans l'espace de 24 heures sur son axe, et dans l'espace d'une année dans l'écliptique ; après avoir encore supposé que la lune se meut périodiquement chaque mois dans une orbite qui ne s'écarte pas beaucoup du plan de l'écliptique, ce philosophe, disons-nous, attribua à l'attraction que le soleil et la lune exercent sur les eaux de l'Océan tous les phénomènes du flux et du reflux. Il avoue d'abord que ces eaux sont beaucoup plus attirées par la Terre que par le soleil et la lune : mais il ajoute que, puisqu'il règne parmi tous les corps de l'univers une attraction mutuelle en raison directe de* masses et en raison inverse des carrés des distances, l'action de ces deux astres ne doit pas être comptée pour rien ; elle doit être même d'autant plus sensible que ces deux astres sont moins éloignés de nous et plus perpendiculaires sur l'Océan. C'est cependant la lune que Newton regarde en tout ceci comme le principal agent; et, lorsque les eaux montent de 4 mètres au milieu de l'Océan, il a calculé que le soleil ne les élevait qu'à no centimètres, tandis que la lune les élevait à 3 mètres 30 centimètres.

La Terre se meut sur son axe d'Occident en Orient dans l'espace de 24 heures ; donc les eaux qui, à midi, sont en conjonction avec la lune, seront à 6 heures du soir en quadrature avec cet &stre. A minuit, ces mêmes eaux se trouveront en opposition avec la lune. Par la même raison, elles seront encore en quadrature avec cet astre à 6 heures du matin.

L'attraction se fait en raison directe des masses et en raison inverse des carrés des distances ; donc le soleil et la lune attirent plus les eaux que le centre de la Terre ; de même encore que ces .teux astres attirent plus le centre de la terre que les eaux. Ne parlons, pendant quelques moments, que de l'attraction de la lune, et examinons avec attention quels en seront les effets. Il n'est pas nécessaire de faire remarquer qu'il ne s'agit ici que d'une attraction purement relative et non pas absolue.

L'action de la lune sur les eaux est une action simple quand elle leur est perpendiculaire. Par cette action, ou plutôt par cette attraction perpendiculaire, les eaux deviennent moins pesantes, puisque la lune, faisant tous ses efforts pour les enlever, elles gravitent beaucoup moins vers le centre de la Terre. Il en est de même des eaux en opposition. La lune, attirant plus le centre de la Terre que les eaux, elle tâche, pour ainsi dire, de leur arracher ce centre, et elle les empêche par là même de graviter autant vers lui qu'elles le feraient sans cette attraction perpendiculaire.

L'action de la lune sur les eaux est une action composée quand elle leur est oblique Elle se compose de deux actions, l'une perpendicu aire, l'autre horizontale. L'action perpendiculaire de la lune sur les eaux est comptée pour rien ; elle est précisément égale à celle du même astre sur le centre. Il n'en est pas ainsi de son action horizontale. Par cette action les eaux sont comme pressées vers le centre, et par la même elles deviennent plus pesantes qu'elles ne le seraient sans cette attraction oblique

• Il y a deux espèces de flux : le vrai flux et le flux par communication. Le siège du premier .sé trouve sur les mers dont les eaux sont élevées par l'action du soleil et de la lune. Tel est l'Océan, dont une partie est toujours en conjonction, l'autre en opposition, et les autres en quadrature avec ces astres. Le second a son siège sur les mers, les fontaines, les rivières, les fleuves qui communiquent directement et librement avec l'Océan, mais dont les eaux sont ou trop peu étendues pour que le soleil et la lune les attirent intégralement, ou posées trop obliquement par rapport à ces astres, pour en être attirées sensiblement.

De ces principes incontestables, il suit évidemment que les phénomènes du flux et du reflux de la mer doivent se rapporter à trois causes. La première est l'attraction relative que le soleil et la lune exercent sur la Terre, c'està-dire l'attraction que ces astres exercent sur les eaux en conjonction comparée avec celles qu'ils exercent sur le centre de notre globe et sur les eaux en opposition. La seconde est l'action perpendiculaire du soleil et de la lune sur certaines eaux, jointe à l'action oblique des mêmes astres sur certains autres. La troisième est le mouvement de la Terre sur son axe dans l'espace de 24 heures. En effet, les eaux étant pressées vers le centre de la terre par l'action oblique de la lune et du soleil, elles se rendront nécessairement dans les endroits où elles trouveront le moins de résistance.

Phénomènes de chaque jour. — Dans chaque hémisphère, les'eaux de l'Océan s'élèvent et s'abaissent deux fois chaque jour La lune et le soleil ne peuvent pas élever les eaux d'un hémisphère terrestre sans élever en même temps les eaux de l'hémisphère opposé.

Comme il est impossible d'aplatir une sphëra dans deux points de l'horizon opposés l'un à l'autre, sans faire élever le méridien dans deux points directement opposés entre eux, de même il est impossible que la lune presse vers le centre de la terre les eaux de l'Océan, avec laquelle elle est ea quadrature, sans élever en même temps celles avec lesquelles elle est en conjonction et en opposition. Les rivières et les fontaines qui se trouvent sous la zone torride ne doivent pas avoir leur flux et leur reflux, parce qu'il est impossible qu'en même temps une partie de leurs eaux soit en conjonction et en opposition et l'autre partie en quadrature avec la lune. Quoique la terre attire plus fortement que la lune les eaux de l'Océan, cependant l'action de la lune ne doit pas être nulle, non-seulement parce que la masse, de cet astre n'est pas infiniment plus petite que celle de la Terre, mais encore parce qu'une partie des eaux de l'Océan est en conjonction et en opposition, tandis que l'autre partie est en quadrature avec la lune.

Nous n'avons deux flux et deux reflux que dans l'espace de 24 heures et 48 minutes; il paraît cependant que nous devrions avoir deux flux et deux reflux dans l'espace de 24 heures précises, puisque la Terre n'emploie que ce temps à tourner sur son axe. Cela serait vrai, si la lune n'avait aucun mouvement périodique ; mais il n'en est pas ainsi. La lune, à cause de son mouvement autour de la Terre, paraît chaque jour à notre méridien 48 minutes plus tard que le jour précédent ; donc nous ne devons avoir deux flux et deux reflux que dans l'espace de 24 heures et 48 minutes; aussi l'expérience journalière apprend-elle que l'intervalle qu'il y a entre un flux et un autre est de 12 heures 24 minutes, Le flux dépend du passage de la lune par le

méridien, et non pas par tout autre cercle de la sphère. On doit d'abord en apercevoir la raison ; l'attraction la plus forte se fait par une ligne perpendiculaire au corps attirant et au corps attiré; lorsque la lune est au méridien,

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elle est perpendiculaire aux eaux de l'Océan c'est alors qu'elle doit attirer ces eaux avec plusK

de force, et c'est alors, par conséquent, que uou se faire le flux.

Le flux et le reflux ne sont plus sensibles après le soixantième degré de latitude.

Le soleil et la lune se meuvent toujours entre les deux tropiques; leur action ne doit se fairesentir directement que sur les eaux de l'Océan qui se trouvent entre ces deux cercles; partout ailleurs, le flux et le reflux ne doivent arriver que par communication; et cette communication doit être insensible pour les eaux qui sont fort éloignées des tropiques; telles sont celles qui ont plus de 65 degrés de latitude.

Concluons de ce qui précède : 1° que le siège du vrai flux et du vrai retlux se trouve entre les tropiques, c'est-à-dire dans cette partie de l'Océan qui correspond à la zone torride ; 20 que nous n'avons en France, dans nos ports de l'Océan, que le flux et le reflux par communication, c'est-à-dire l'eiret du vrai flux et du vrai reflux ; 3° que le vrai fhu; doit* produire sur nos côtes le phénomène que nous nommons reflux, puisque, pendant le temps du vrai flux, les eaux s'élèvent sous la lune, et que par conséquent elles s'écartent de nos côtes; par la même raison, le vrai reflux doit produire sur nos côtes le phénomène que nous nommons flux; 4° que, quoique le soleil soit beaucoup plus gros que la lune, celle-ci cependant doit être regardée comme la cause principale du flux et du reflux, parce qu'elle n'est pas à cent mille lieues de la terre, tandis que le soleil est à environ 33 millions de lieues. Newton a calculé que la lune a quatre fois plus de part que le soleil au phénomène dont il s'agit.

Phénomènes de çhaque mois. — Les plus grands flux et les plus grands reflux sont ceux qui arrivent lorsque la lune est dans les syzygies, c'est-à-dire lorsque la lune est nonvelle ou pleine. Le soleil et la lune se trouvent alors dans la même ligne ; leurs forces doivent donc conspirer à élever les eaux de l'Océan, et le flux doit être produit par la somme des forces attractives de ces deux astres. Par une raison contraire, les flux qui arrivent lorsque la lune est dans ses quadratures, c'est à-dire dans ses quartiers, doivent être les moindres de tous, parce que la lune se trouvant au méridien, lorsque le soleil est à l'horizon, le flux ne doit être produit que par la différence qu'il y a entre les forces attractives de ces deux astres. Si le flux des syzygies est de 4 mètres, le flux des quadratures ne sera que d'environ 2 mètres 60 centimètres. Depuis les syzygies jusqu'aux quadratures, le flux du matin est plus grand que celui du soir. Cela n'arrive que parce que les flux vont toujours en diminuant depuis les syzygies jusqu'aux quadratures. Par une raison contraire, depuis les quadratures jusqu'aux syzygies, le flux du soir doit être plus grand que celui du matin.

Le flux est plus grand, lorsque la lune est périgée que lorsqu'elle est apogée, par cette raison que la lune périgée est plus près de la Terre que la lune apogée, et que l'attraction se fait en raison inverse des carrés des distances.

Le flux est plus grand lorsque la lune se trouve dans l'équateur. C'est sans doute parce que les eaux qui sont sous l'équateur sont moins pesantes, et par conséquent plus faciles à élever que les autres. Par une raison contraire, le flux est moindre lorsque la lune est dans les tropiques, parce que les eaux qu'elle a à élever sont plus pesantes.

Phénomènes de chaque année. - Les trois premiers phénomènes de chaque année sont ceux-ci : io le flux est plus grand lorsque le soleil est périgée que lorsqu'il est apogée; 2° le flux est considérable lorsque, dans le temps de l'équinoxe, la lune se trouve dans quelqu'une

- 3° le flux est moins considérais s le temps de l'équinoxe, la lune ~~j,)'"t) H-a ana quelqu'une de ses quadrature?.

L'explication de ces trois phénomènes est parfaitement semblable à celle que nous avons donnée plus haut. Que l'on se souvienne seulement que la lune est dans un des tropiques, lorsque dans le temps de l'équinoxe elle est en quadrature avec le soleil. Les autres phénomènes de chaque année demandent une explication plus étendue. — Lorsqu'il y a en même temps équinoxe et nouvelle ou pleine lune, le flux du matin est égal à celui du soir parce que ce jour-là le soleil et la lune ne quittent pas l'équateur. Dans les nouvelles et pleines lunes d'été, les flux du matin sont moindres que ceux du soir; en voici la raison physique : la Terre, pendant l'été, est plus éloignée du soleil que pendant l'hiver. Depuis la fin du mois de juin, elle s'approche toujours plus du soleil et de l'équateur; donc le flux doit toujours augmenter, et par conséquent le flux du matin doit être moindre que celui du soir.

L'observation nous apprend que la luneexerce une action sur les marées plus forte que celle du soleil. La lune n'étant éloignée de nous que d'environ soixante rayons de la Terre, on aperçoit alors son inégalité sur des points qui en sont plus approchés ou plus éloignés d'un rayon. Quant au soleil, quoique sa masse soit incomparablement plus forte que celle de la lune, l'inégalité d'action est moins sensible; car le soleil placé à 24,096 rayons de nous, agita peu près de la même manière sur des points plus éloignés d'un ou de deux rayons.

Il existe deux espèces de marées, l'une, produite par le soleil et l'autre par la lune, mais elles se combinent tellement que l'on en observe qu'une seule qui est le résultat des deux astres.

Les marées les plus grandes ont lieu dans les syzygies, c'est-à-dire aux nouvelles et pleines lunes. Cependant les marées des syzygies ne sont pas toutes également fortes, parce que les marées partielles qui concourent à leur production varient avec les déclinaisons du soleil et de la lune et les distances de cet astre à la Terre : elles sont d'autant plus considérables que la lune et le soleil sont plus rapprochés de la Terre et des plans de l'équateur. Lors des quadratures, au contraire, les actions sollicitantes produisent des marées qui s'entre-détruisent en partie, et l'action prédominante de la lune ne produit qu'une marée très-faible.

La disposition la plus favorable pour augmenter les marées serait celle où le soleil et la lune, dans leur plus courte distance de la Terre, arriveraient ensemble à la syzygie et se trouveraient dans le plan de l'équateur. Si les eaux étaient en outre favorisées par la direction des vents, il pourrait en résulter des inondations épouvantables et d'affreux malheurs. Qu'pp y ajoute encore le spectacle d'une' éclipse de soleil ou de lune, qui serait la conséquence naturelle de la position de ces astres, et l'on pourra se faire une idée de l'influence que ces phénomènes exerceraient sur les esprits. Mais quelques-unes seulement de ces conditions sont réalisables pour nous.

La hauteur des marées dépend en grande partie de ladisposition des mers où on l'observe, parce que l'effet de l'action des astres sur un espace couvert est d'autant plus énergique que les particules fluides sont nombreuses, et répandues sur une plus vaste étendue. Aussi le flux et le reflux, qui sont très-sensibles dans l'Océan, ne sont pas très-appréciables dans la mer Caspienne, dans la mer Noire et même dans la Méditerranée.

L'inégalité de pente et de direction des côtes a encore une grande influence pour retarder l'heure de la marée. ,On remarque que le flux qui pénètre par les fleuves jusque dans l'inté-

rieur des terres, emploie quelquefois un temps considérable pour parcourir un médiocre espace.

Le retard que la marée éprouve dans chaque lieu par le passage de la lune au méridien est une quantité constante : c'est ce qu'on nomme Y établissement du port. Il est de 11 h. 45' pour les villes de Dunkerque et de Calais, tandis qu'il n'est que de 20' pour Ostende.

L'illustre Laplace considère chaque port comme placé dans un canal, à l'embouchure duquel les marées partielles arrivent au moment même du passage des astres au méridien.

Il suppose encore que les marées, sur les côtes de France, emploient 36 heures à venir de l'embouchure jusqu'au port, et il indique ensuite les constructions à faire selon les localités.

Les anciens avaient quelque connaissance de la véritable cause des marées, quoiqu'ils ne pussent observer ces phénomènes que dans des mers où ils sont moins sensibles. Aristote, dans son livre du Monde, dit que les marées suivent les mouvements de la lune. Pline, dans son Histoire de la Nature, s'exprime encore plus clairement à cet égard : « La cause des marées, dit-il, provient du soleil et de la lune : les eaux se meuvent en obéissant à l'influence sidérale qui attire et soulève les mers. a ECLIPSES. — On appelle éclipse la privation de lumière, l'obscurcissement d'un astre par interposition. La lune s'éclipse lorsque, par son immersion dans l'ombre de la terre, elle est privée de la lumière du soleil Ces sortes de phénomènes ne peuvent arriver que dans le temps de la pleine lune, c'est-à-dire lorsque cet astre paraît sous un signe directement opposé à celui du soleil, parce que ce n'est qu'alors que la terre se trouve entre le soleil et la lune.

Chaque pleine lune nous donnerait une éclipse, si ce satellite de la terre avait son mouvement périodique dans le plan de l'écliptique ; mais il n'en est pas ainsi ; l'orbite de la lune forme avec l'écliptique un angle qui va quelquefois jusqu'à 5 degrés 17 minutes ; aussi ne s'éclipset-elle que lorsqu'elle se trouve dans un des nœuds ou près d'un des nœuds, dans le même temps que le soleil paraît dans le nœud oppose. Les éclipses de lune se divisent en centrales et non centrales. Les premières n'arrivent que lorsque le soleil, la Terre et la lune ont leur centre dans la même ligne droite ; elles sont toujours totales, c'est-à-dire que le disque de la lune est toujours totalement obscurci; il n'en est pas ainsi des secondes; elles sont tantôt partielles et tantôt totales ; et c'est pour déterminer exactement la grandeur des éclipses partielles que les astronomes ont divisé le diamètre du globe lunaire en 12 parties ou en 12 doigts. L'éclipsé est de 6 doigts, lorsque la moitié du disque de la lune entre dans l'ombre de la Terre ; et elle n'est que de 3 doigts lorsque l'ombre de la Terre ne se répand que sur le quart de ce même disque.

Dans les éclipses totales, on dit souvent qu'elles ont plus de douze doigts, bien que le diamètre de la lune n'ait que cette quantité.

Cette circonstance arrive lorsque la lune est avancée dans le cône d'ombre de la Terre plus qu'il n'est nécessaire pour être entièrement éclipsée.

Les éclipses centrales de la lune apogée sont les plus longues, parce que la lune apogée se meut plus lentement que la lune au périgée, ou dans sa moyenne distance de la Terre. Les plus longues éclipses de lune ne durent jamais cependant cinq heures. La lune totalement éclipsée paraît tantôt rougeâtre, tantôt de. couleur de cendre, etc.; on se rend facilement raison de ce phénomène, en faisant attention que l'ombre de la Terre se divise en parfaite et en imparfaite; l'ombre parfaite ne s'étend que jusqu'à environ 48 mille lieues ; l'ombre imparfaite ou la pénombre s'étend jusqu'à 325 mille

lieues au delà de la Terre. Ce n'est pas dans l'ombre parfaite que se fait 1 immersion du disque de la lune ; c'est dans la penombre ; cette pénombre contient plusieurs rayons de la lumière du soleil ; la lune, quoique totalement éclipsée, doit donc nous paraître tantôt rougeâtre, tantôt de couleur cendrée, etc.

On sait que la lune se meut périodiquement d'Occident en Orient, et que c'est le bord oriental de celte planète qui doit entrer le premier dans l'ombre de la terre. Il est impossible que la lune éclipsée puisse se trouver en même temps avec le soleil sur l'horizon, puisque ces deux astres sont alors séparés l'un de l'autre de 1800 ou six signes célestes ; aussi, lorsque le contraire paraît arriver, on doit conclure que ce n'est là qu'une illusion purement optique causée par la réfraction de la lumière; c'est cette même réfraction qui nous fait tous les jours paraître le soleil sur l'horizon, lorsqu'il n'y est pas réellement.

Au moyen d'une éclipse de lune, on peut connaître laquelle de deux villes, prises à volonté sur le même hémisphère, relativement à la déclinaison de cet astre, est plus orientale que l'autre. Si l'éclipsé a commencé à huit heures du soir, par exemple, pour l'une, et à neuf heures pour l'autre, la première de ces deux villes sera moins orientale d'une heure que la seconde.

La lune peut disparaître au moment de son plus grand éclat ; cette disparition est due à l'interposition de la Terre entre elle et le soleil.

La Terre, en effet, projette derrière elle un cône d'ombre. Si la lune vient à pénétrer dans ce cône, elle cessera d'être visible pour nous. Ce phénomène ne peut se produire que lorsque la lune et le soleil sont situés chacun d'un côté de la terre. Il faut donc, pour qu'il y ait éclipse de lune, qu'il y ait pour la lune une éclipse de soleil, c'est-à-dire que tout ou partie de son disque cesse de recevoir les rayons solaires.

Le cône d'ombre projeté par la Terre dans l'espace, cône dont le soleil occupe le sommet et qui est tangent à la sphère terrestre, est assez étendu pour que la lune puisse y enirer et y disparaître. Ainsi, on trouve que le cône d'ombre a une longueur de 216 rayons terrestres environ, tandis que la distance de la lune à la terre n'est que de 60 rayons terrestres. La sectiun du cône d'ombre a un rayon d'environ les 8/11 du rayon terrestre, tandis que le rayon de la lune mesure environ les 3/11. Ce satellite peut donc s'y plonger entièrement. On obtient évidemment le cône d'ombre en menant un cône tangent extérieurement au soleil et à la Terre.

Aucun des points situés dans ce cône ne pourra recevoir de rayons solaires.'C'est là ce qu'on appelle l'ombre géométrique ; mais ce cône obscur n'est pas brusquement' limité : il est entouré d'un autre cônr, qui est la pénombre.

Tout point situé dans ce cône ne reçoit que les rayons d'une partie du soleil. Tout près du cône, la pénombre est très-obscure, mais son obscurité diminue rapidement. Avant d'entrer dans l'ombre et avant d'en sortir, la lune traverse la pénombre. Mais la délimitation de l'ombre et de la pénombre est imparfaite ; aussi est-il assez difficile de savoir juste le commencement de l'éclipse, et par suite, de faire servir ce phénomène à la détermination des longitudes.

Au contraire des phases, les éclipses ont lieu à la même heure absolue pour tous les habitants de la terre qui peuvent la voir, et par conséquent à des heures différentes, si on suppose les observateurs placés sur des méridiens différents. Au bout de 223 lunaisons, les éclipses de lune se reproduisent à peu près dans le même ordre.

Toutes les fois que la lune se trouve en conjonction entre le soleil et la Terre, nous devons avoir une éclipse de soleil, parce que alors la

lune répand son ombre sur la Terre, et qu'elle nous empêche de recevoir les rayons de lumière qui nous sont envoyés par le soleil. Les mêmes raisons qui nous rendent peu fréquentes les éclipses de lune, nous rendent encore plus rares celles de soleil, parce que l'ombre de la Terre se rejetant jusqu'à 1,300.000 kilomètres, et celle de la lune ne s'étendant. que jusqu'à environ 540,000 kilomètres, il est beaucoup plus facile à la lune d'entrer dans l'ombre de la Terre qu'à la Terre d'être affectée par l'ombre de la lune.

Les astronomes divisent les éclipses de soleil en quatre classes : la première classe contient les éclipses partielles, la seconde les éclipses totales, la troisième les éclipses centrales, et la quatrième les éclipses annulaires. Une éclipse de soleil est partielle, lorsque la lune ne nous cache qu'une partie du disque de cet astre ; elle est d'autant plus grande que la partie cachéoest plus considérable. Une éclipse de soleil est totale, lorsque tout son disque nous est caché par la lune ; ce phénomène arrive lorsque surtout la lune périgée se trouve en conjonction avec le soleil apogée : ceci ne doit @ pas surprendre; les observations les moins équivoques nous apprennent que le diamètre apparent de la lune périgée est sensiblement plus grand que le diamètre apparent du soleil apogée. Une éclipse de soleil est centrale, lorsque l'on voit dans la même ligne droite le centre du soleil et le centre de la lune. Enfin, une éclipse de soleil est annulaire lorsque le soleil déborde de tout côté du globe de la lune ; les éclipses centrales. qui arrivent lorsque le soleil est périgée et la lune apogée, ne manquent jamais d'être annulaires, parce que le diamètre apparent de la lune apogée est plus petit que le diamètre apparent du soleil périgée.

La remarque la plus intéressante qu'on puisse faire sur les éclipses du soleil, c'est qu'elles commencent toujours par le bord occidental de cet astre, et qu'elles ne sont jamais totales pour tout l'hémisphère. La raison du premier phénomène est évidente : le soleil et la lune ayant un mouvement périodique d'Occident en Orient, il est impossible que la lune passe sous le disque du soleil, sans commencer par nous en cacher le côté occidental. Le second phénomène n'est pas plus difficile à expliquer que le premier : on sait que le volume de la Terre est cinquante fois plus grand que celui de la lune; la conclusion est donc qu'il est impossible qu'il se fasse jamais une immersion totale du globe terrestre dans l'ombre de la lune. Si une pareille immersion est impossible, nous ne pouvons donc jamais avoir une éclipse de soleil totale et universelle. On nomme également éclipse l'occultation d'un satellite par une planète, ou d'une étoile par la lune.

Nous terminerons cet article par une anecdote qui peindra d'un seul trait dans quelle ignorance étaient nos pères, il y a trois siècles, et combien il a fallu de temps aux hommes pour comprendre cette pensée de Plutarque : Les ténèbres de la superstition sont plus dangereuses que celles des éclipses. — Presque toujours nos sottises, qui sont si tristes, présentent un côté plaisant; le fait en question roule sur l'éclipsé de soleil du 21 août 1564, phénomène dont les astrologues tiraient les conséquences les plus funestes. L'un prédisait un bouleversement considérable des Etats, et la ruine entière de Rome; selon un autre, il ne s'agissait de rien moins que d'un déluge semblable à celui de Noé ; un troisième annonçait un déluge de feu.

Tous enfin étaient tellement épouvantés, que ceux qui, d'après l'ordre exprès des médecins, se contentaient de s'enfermer dans des caves bien closes, bien échauffées et bien parfumées, pour se mettre à l'abri des mauvaises influences, ceux-là, disons-nous, croyaient être en droit de railler les esprits timides, et de faire les esprits forts. Le moment décisif approchait, quand tout à coup la consternation devint si

grande, qu'un curé de la campagne, ne pouvant plus suffire à confesser tous ses paroissiens qui croyaient toucher à la tin du monde, fut contraint de leur dire au prône : Mes frères, ne vous pressez pas tant, l'éclipse est remise à quinzaine.

Eclipses totales.—Supposons que le cône d'omhre rencontre la Terre, il dessine sur elle pour ainsi dire une tache, et pour chacun des points situés dans cette tache, il y a éclipse totale de soleil. La tache se promènera d'Orient en Occident et ne sera visible à la même heure que.

pour un petit nombre de points. Le commencement et la fin de l'éclipse auront lieu, dureste, à des heures différentes pour chacun de ces points.

Eclipse annulaire. — Il peut arriver que la lune soit à son apogée, et alors le cône d'ombre ne pouvant atteindre la Terre, son prolongement seul la rencontre, et les habitants de la Terre placés sur le parcours de ce cercle apercevront une tache centrale, entourée d'un anneau lumineux. C'est ce que l'on a nommé éclipse annulaire de soleil.

Eclipse partielle. — Considérons maintenant la figure et voyons ce qui se passera pour les observateurs situés dans la pénombre, c'est-àdire, comme dans le cas précédent, dans le cône intérieur circonscrit à la lune et au soleil. On voit que tout près de la tache qui se promène sur la Terre, l'éclipse sera presque totale, que la partie du disque aperçue sera d'autant plus petite qu'on s'éloignera davantage de l'ombre, et enfin que pour les points situés en dehors de la pénombre, il n'y aura plus d'éclipsé. Dans le cas d'une éclipse annulaire, il y a éclipse partielle pour tous les points situés dans la pénombre, mais il ne peut y avoir d'éclipsé totale.

On peut se demander pourquoi il n'y a pas éclipse de lune à chaque opposition et éclipse de soleil à chaque conjonction. C'est que l'orbite lunaire est inclinée sur l'écliptique ou orbite apparente du soleil. Les deux plans contenant ces deux orbites se coupent seulement en deux points qu'on appelle les nœuds. Dès lors, si l'opposition se produit sans que la lune se trouve à un nœud, les trois astres ne se trouveront pas en ligne droite, et la Terre ne pourra arrêter la lumière solaire.

Il en sera de même au moment de la conjonction. Il faut donc, pour qu'il y ait éclipse, que la lune soit tout près du nœud pour qu'il y ait éclipse au moment de l'opposition ou de la conjonction.

Les éclipses de soleil sont plus fréquentes que les éclipsés de lune. En dix-huit ans, il y a 29 éclipsesdelune. Pendant le même temps, il y a41 éclipses de soleil ; mais pour un même lieu, il y a environ trois fois plus d'éclipsés de lune que d'éclipsés de soleil. Il ne peut jamais y avoir moins de 2 éclipses de lune ou de soleil pour toute la Terre et plus de 7. Pour un même lieu, on compte environ 1 éclipse de soleil tous les deux ans et 1 éclipse totale en deux siècles.

COMÈTES. — De même que les planètes, les comètes sont des corps opaques qui accomplissent leurs révolutions autour du soleil, et se montrent de temps en temps dans l'espace du ciel. Le nombre des comètes qui ont paru en différents temps, dans les limites de notre système, est porté de 350 à 500. Le nombre de celles dont on a pu calculer l'orbite est de 137.

On les appelle comètes, qui veut dire astres chevelus, parce qu'elles se montrent ordinairement entourées d'une vapeur lumineuse qu'on appelle queue ou chevelure, selon sa forme et sa position. On présume. que cette vapeur lumineuse est occasionnée par la chaleur du soleil; car on a remarqué que cette queue augmente ou diminue, selon que la comète se trouve plus ou moins près de cet astre. L'apparition des

comètes est assez rare, parce que, décrivant des ellipses extrêmement allongées, elles ne deviennent visibles que lorsqu'elles sont très-près du soleil ; ensuite elles s'en éloignent à une si grande distance, qu'on les perd de vue pour une longue suite d'années. Il est à remarquer que si le cours des planètes est renfermé dans la largeur du zodiaque, il n'en est pas ainsi pour les orbites des comètes, qui se portent vers des parties du ciel très-dinerentes les unes des autres ; souvent même on les voit tenir une route opposée à celle des planètes, dont le mouvement a plus d'uniformité que celui des comètes. Cependant, la précision avec laquelle on est parvenu à prédire le retour de ces dernières prouve qu'elles sont soumises à des lois constantes et invariables. Pendant longtemps, les comètes ont été l'effroi des peuples : on croyait qu'elles annonçaient la guerre, la peste ou d'autres calamités ; mais il est démontré aujourd'hui que ces astres ne peuvent avoir aucune influence funeste au globe que nous habitons. Leur matière est si légère que lors même qu'une d'elles rencontrerait la Terre, il n'en résulterait aucun accident : la Terre passerait a travers elle comme à travers un brouillard lumineux.

La queue de la comète est toujours dirigée du côte opposé au soJeil. Elle est souvent bifurquée et occupe un espace immense. La queue de la comète de 1689 était recourbée comme un cimeterre. Le noyau tantôt est très-mobile, diminuant à mesure que la comète approche du soleil, tantôt à peine distinct. La matière qui constitue les comètes est d'une densité prodigieusement petite. On a évalué à quelques kilogrammes le poids de certaines comètes. La comète d'Enlke paraît éprouver une certaine résistance dans le milieu où elle se meut, et c'est en se servant de cette hypothèse que M. Encke a trouvé la période de cette comète, qui est de 52 ans environ.

La plus remarqable de toutes les planètes périodiques est la comète de Halley, dont la période est de 75 à 76 ans; on l'a vue en 1682 et avant Halley en 1607, puis en 1759, puis en 1835. Cette comète a traversé tout le système de Jupiter sans lui faire éprouver le moindre changement.

Une autre comète fut étudiée en 1843 par M. Plantamour ; on crut qu'elle allait tomber sur le soleil, dont, en effet, elle s'approcha à une distance très-faible.

CRÉPUSCULE. — C'est le jour imparfait qui a lieu quelque temps avant le lever du soleil et quelque temps après son coucher. On l'appelle aurore lorsqu'il précède le lever, et crépuscule lorsqu'il suit le coucher de cet astre.

Pour comprendre ce phénomène, il faut avant tout poser les principes suivants admis par la physique: 1° lae Trre est entourée d'une atmosphère très-élevée au-dessus de sa surface ; — 2° cette atmosphère contient des particules aqueuses, huileuses, salines, sulfureuses, bitumineuses, etc., mêlées avec l'air que nous respirons; — 5° les couches de l'atmosphère terrestre sont d'autant plus denses qu'elles sont moins éloignées de la surface de la Terre ; — 4° plus une couche est dense, plus elle est ca-

pante de réfléchir les rayons de lumière ; - 5° un rayon de lumière qui entre obliquement dans l'atmosphère solaire se brise en s'approchant de la ligne perpendiculaire, et par conséquent se replie vers la Terre; — 6° plus la couche dans laquelle le rayon de lumière pénètre obliquement est dense, plus le rayon se brise, et par conséquent plus il se replie vers la Terre.

Ces principes posés, voici ce qui doit conséq'iemment arriver : lorsque le soleil n'est pas e -foncé sous notre horizon au-dessous de 18 deblés, plusieurs rayons de lumière rencontrent

des couches assez denses de l'atmosphère terrestre. Quelques-uns s'y brisent assez pour que leur réfraction les détermine à se porter vers la Terre. @ Quelques autres (et c'est le grand nombre) s'y brisent assez pour pouvoir se rendre dans des couches composées de particules capables de les réfléchir sur la surface de la Terre ; alors nous devons avoir un jour imparfait lorsque le soleil n'est point enfoncé de 18 degrés au-dessous de notre horizon. — Il faut remarquer que lorsqu'on parle d'un enfoncement de 18 degrés au-dessous, on entend 18 degrés pris sur un cercle vertical, c'età-dire sur un grand cercle que l'on imagine passer par le zénith, et couper perpendiculairement l'horizon.

Première conséquence. Lorsque le soleil est eufoncé au-dessous de notre horizon de plus de 18 degrés, nous n'avons que la lumière directe des étoiles et la lumière réfléchie des planètes, parce que les rayons que le soleil envoie alors sur notre atmosphère rencontrent des couches trop rares pour les replier, ou pour les réfléchir vers la Terre.

~cu Seconde conséquence. La lumière du crépuscule va toujours en diminuant, et celle de l'aurore va toujours en augmentant.

Troisisme conséquence. Ceux qui ont leur zénith dans les pôles ont pendant leurs six mois de nuit un crépuscule presque continuel, parce que pendant ce temps-là le soleil n'est pas beaucoup enfoncé au-dessous de leur horizon.

Quatrième conséquence. Par la même raison, dans ce pays-ci, la fin du crépuscule doit quelquefois concourir avec le commencement de l'aurore. A Paris, si l'atmosphère était pure, on verrait, depuis Je 14 juin jusqu'au 1 er juillet, le crépuscule finir à minuit et J'aurore commencer à la même heure. — Sur les hautes montagnes, l'aurore commence plus tôt, le crépuscule finit plus tard; sur le col du Géant (en Suisse), d'une élévation de 3,600 mètres, on a remarqué que le crépuscule était sensible, quoique le soleil fût à plus de 23° sous l'horizon.

Cinquième conséquence. Les habitants de la zone torride ont des crépuscules très-courts, parce que les cercles que suit le soleil étant presque perpendiculaires à leur horizon, cet astre gagne fort vite le 18° degré de son abaissement.

Sixième conséquence. Si la Terre n'était entourée d'aucune atmosphère, le lever du soleil ne serait précédé d'aucune aurore, et son coucher ne serait suivi d'aucun crépuscule.

LES CLIMATS. — Si le mouvement de rotation de la Terre était parallèle au soleil, c'est-à-dire si la limite entre l'hémisphère éclairé et l'hémisphère ténébreux passait toujours par les deux pôles, nous aurions toujours des jours et des nuits d'une égale longueur, et la cause des changements de saisons n'existerait pas, mais il n'en est rien. La Terre, au contraire, tourne sur un plan incliné, de sorte que prenant le sol comme le plan de l'orbite terrestre ou plan écliptique, l'axe'de la Terre ou pivot devra former avec ce plan un angle de 66° 32' c'est-à-dire aue l'axe est incliné dp.

23° 28 relativement à la perpendiculaire. Cette inclinaison change selon les saisons, comme la position de la Terre à l'égard du soleil.

Les rayons de soleil, tous parallèles, arrivent sur la surface sphérique de la Terre, tombent verticalement à certaines époques de l'année et à peu près verticalement aux autres époques dans la partie centrale comprise entre les Tropiques, d'où la grande chaleur et le nom de zone torride. Ils glissent très-obliquement sur les deux parties extrêmes et ne font pour ainsi dire que raser le sol, d'où le grand froid et le nom de zône glaciale. Dans les parties inter-

médiaires. ils tombent avec une certaine obliquité, d'où la température moyenne de ces parties et le nom de zone tempérée. — C'est à cause de leur position dans la zone tempérée que les habitants de l'Europe n'ont jamais de soleil précisément au dessus de leur tête.

(E. Levasseur. La Terre —moins VEurope.) A de certains moments de l'année, les jours sont égaux aux nuits sur toute la surface de la Terre.

Ces époques prennent le nom d'équinoxes. L'équinoxe du printemps tombe du 19 au 21 mars, celui d'automne du 22 au 23 septembre. En ce moment tes rayons de soleil éclairent perpendiculairement l'équateur.

Les solstices d'hiver et d'été, qui indiquent la plus grande inclinaison de l'axe terrestre vers les régions lumineuses ou ténébreuses, nous donnent les jours, plus ou moins longs. C'est au 23 juin qu'a lieu le solstice d'été; à cette époque la région tempérée se trouve dans la saison d'été, et au nord du cercle polaire, le soleil reste des jours entiers au-dessus de l'horizon.

Le solstice d'hiver a lieu du 2t au 23 décembre. Les nuits sont plus longues que les jours et durent au nord du cercle polaire de 24 heures à 6 mois. L'hémisphère opposé a ses solstitices aux mêmes époques, mais à l'inverse, c'est le solstice d'hiver qui a lieu le 21 juin et le solstice d'été au mois de décembre.

L'augmentation progressive des jours se marque en divisant le globe terrestreen climats, par des cercles parallèles à l'équateur. On entend par climat un espace de terre compris entre deux cercles parallèles, à la fin duquel le plus grand jour a une demi-heure ou un mois de plus qu'au commencement. On compte vingt-quatre climats de demi-heure entre l'équateur et tes cercles polaires, et six climats de mois depuis les cercles polaires jusqu'aux pôles. Ces divisions sont marquées sur le méridien des globes. On a fait vingt-quatre climats de demi-heure pour cette raison, que le plus grand jour étant de vingt-quatre heures aux cercles polaires, tandis qu'il n'est que de douze heures à l'équateur, il y a dans cet espace une différence de douze heures ou de vingt-quatre demi-heures, qui forment vingt-quatre climats.

On a partagé en six climats de mois, l'espace compris entre les cercles polaires et les pôles, parce que le plus grand jour est de six mois sous les pôles. Les climats de demi-heure vont en diminuant depuis l'équateur jusqu'aux cercles polaires, au lieu que les climats de mois augmentent depuis ces cercles jusqu'aux pôles.

Pour savoir en quel climat est une ville, il faut d'abord connaître son plus long jour; ensuite oaen retranche douze heures, et le reste se réduit en demi heures. Ainsi, à Paris, le plus long jour est de seize heures, soit quatre heures ou huit demi-heures de plus qu'à l'équateur; conséquemment Paris est au huitième climat.

Pour trouver le plus long jour d'un lieu dont on connaît le climat, il faut prendre la moitié du nombre qui indique le climat d'un lieu et l'ajouter à douze, alors on obtient son plus long jour. Donc, Paris étant au huitième climat, son plus long jour est de huit demi-heures, soit quatre heures de plus qu'à l'équateur, c'est-àdire de seize heures.

Par extension, on appelle climat une certaine étendue de pays dont la température et les autres conditions de l'atmosphère sont à peu près les mêmes.

LA TEMPÉRATURE. — Tous les géographes s'accordent à considérer l'intérieur de la Terre comme un foyer incandescent, la chaleur de ce foyer se fait sentir au fur et à mesure qu'on descend dans les profondeurs connues. L'eau qui sort des puits artésiens peut servir de guide à ce sujet, car cette eau est d'autant moins froide que le puits a été creusé plus profondément. Cette expérience devient encore plus convaincante quand on descend dans une mine

plus ou moins profonde, ou même dans une simple cave, à la surface de la Terre, la puissance de cette incandescence intérieure disparaît et le soleil seul fait sentir ses bienfaisants effets.

Du moment où le soleil se lève jusqu'à ce qu'il arrive à son point, culminant la Terre éprouve une chaleur croissante parce que les rayons deviennent de plus en plus perpendiculaires, en raison inverse la chaleur décroît quand le soleil s'éloigne du méridien. Pourtant la chaleur du soleil est plus intense à deux heures qu'à midi, cela tient à ce que l'action solaire, bien que diminuant depuis le milieu du jour, ajoute néanmoins à ce qui existe déjà La température des saisons tient à la diversité des aspecls sous lesquels la Terre et le soleil se présentent l'un à l'autre. En été, le soleil est plus loin de nous et nous envoie ses rayons moins obliquement, les jours deviennent dès lors plus longs et le temps de l'absorption de la chaleur par la Terre devient d'autant plus considérable, le peu de durée des nuits ne suffit pas à refroidir le sol, il en résulte que, de même que pour la chaleur du jour, les effets de cette absorption ne se font pas sentir de suite, et que le moment où la chaleur atteint son maximum n'arrive qu'un ou deux mois après les plus longues journées.

Le même phénomène se reproduitpour le froid, dont la plus grande intensité ne se présente guère non plus qu'un ou deux mois après les jours les plus courts. ,

Cet état de choses pourrait paraître inexplicable si l'on prenait pour simple cause de la différence des températures le plus ou moins de proximité du soleil, mais il faut se rappeler avant tout que la chaleur vient bien moins du rapprochement des deux astres que du plus ou moins de tempe que le soleil reste sur notre horizon. En effet, dans le mois de janvier le soleil n'est éloigné de la Terre que de 15,200,000 myriamètres,tandis qu'en juillet, cette distance est de 15,700,000 myriamètres.

Néanmoins, il ne faut pas croire que le soleil soit la seule cause des variations de la température, dans ce cas. les degrés de latitude suffiraient seuls à déterminer mathématiquement la température de chaque point du globe. Il faut tenir compte de l'altitude, de la proximité de la mer. de la direction des vents et des courants maritimes et enfin des dispositions géologiques du terrain et du voisinage des forêts et des montagnes.

A mesure que l'on s'élève au-dessus du niveau de la mer, l'air ambiant se raréfie et la déperdition de la chaleur parle rayonnement devient de plus en plus sensible; il suffit de monter sur une montagne au milieu de l'été pour se rendre compte de cette vérité incontestable, plus les aspérités de terrain seront élevées et plus l'on rencontrera ces amas de neiges éternelles qui semblent braver la chaleur du soleil. Cette influence de l'altitude se fait d'autant plus sentir qu'on se rapproche davantage de l'équateur. les neiges perpétuelles y sont communes à 500 mètres d'altitude, tandis qu'au niveau de la mer, on ne les rencontre que dans les régions qui avoisinent les pôles.

La mer absorbe pendant l'été une immense quantité de chaleur, qu'elle communique ensuite aux terres voisines; de plus, les vapeurs qui s'élèvent incessamment de l'eau forment ces nuages qui couvrent fréquemment les contrées avoisinanles; de là une sorte d'atténuement dans la force des rayons solaires, mais aussi déperdition bien moins grande du rayonnement terrestre vers les espaces célestes, ..et conservation de la chaleur du sol. Les pluies fréquenles dans les parages qui avoisinent la mer sont aussi une des causes de l'élévation de la température.

Les vents et les courants maritimes modifient souvent l'influence de la latitude. Telle est pour n'en citer qu'un exemple l'influence du Golf.

Stream,qui, venant du golfe du Mexique, donne aux côtes occidentales d'Europe une température plus élevée que celle de l'Amérique orientale. Il en est de même pour les plaines de Russie qui éprouvent un grand abaissement de température par suite du vent nord-est venant du pôle nord.

CONTINENTS ET OCÉANS. — On ne connaît encore que bien imparfaitement la quantité d'eau qui existe sur la Terre. Dans beaucoup d'endroits, et notamment dans l'Océan austral, il a été impossible d'atteindre le fond, la sonde a été descendue jusqu'à 15 kilomètres sans 'amener de résultats certains. Quant à la superficie occupée parles eaux, elle est à peu près connue d'une façon certaine, bien que, pour rendre l'étude de la géographie plus facile, on ait multiplié les noms des mers et des océans; il est incontestable qu'il n'existe en réalité qu'une seule mer s'étendant partout sans interruption, et suivant, sous formes de golfes, de baies, de détroits, de mers intérieures, les sinliosités des côtes continentales. On est peu d'accord sur la division géographique, nous adopterons avec 31. Louis Figuier, la plus rationelle et la plus simple.

L'Océan glacial arctique s'étend du pôle nord jusqu'au cercle polaire. Il comprend une foule de golfes,et de baies. Ce n'est guère qu'une mer de glace.

L'Océan atlantique va du cercle polaire arctique jusqu'au cap Horn. Il sépare l'Europe de l'Amérique et comprend la mer du Nord. la mer Baltique, le golfe de Gascogne, la Méditerranée, la mer Noire, le golfe du Mexique, les Antilles et le golfe de Guinée.

L'Océan indien, au sud de l'Asie, s'étend entre l'Afrique et la'Nouvelle-Hollande, et comprend la mer Rouge, le golfe Persique et la mer du Bengale.

L'Océan pacifique s'étend entre les deux cercles polaires, sépare l'Amérique de l'Asie et de l'Océanie, au delà du cap Horn, il fait le tour du globe. On y comprend le détroit de Behring, la mer Jaune, la mer Bleue, la Sonde, la mer des Moluques, les golfes de Californie et de Panama.

La partie continentale de la Terre n'est pas encore parfaitement connue sous le rapport de l'étendue, cependant étant donné que la superficie totale du globe est de 500 millions de lieues, ou 41,000 degrés carrés, les géographes sont à peu près d'accord pour évaluer que l'eau occupe 30,000 degrés, tandis que la terre ferme n'en occupe que 11,000. En regardant une mappemonde du système homolographique de Mollwéide, vulgarisée par M. Babinet, ou reconnaît que l'Asie est au moins cinq fois plus grande que l'Europe, l'Afrique trois fois et l'Amérique quatre fois. L'Australie a à peu près les mêmes dimensions que l'Europe.

Une moitié de la Terre est presque entièrement couverte d'eau, l'autre moitié contient plus de terre que d'eau, ce qui pourrait permettre de diviser le globe en deux hémisphères, l'un aqueux, l'autre terrestre. Dans l'hémisphère aqueux, les terres ne sont guère que des îles répandues en très-petit nombre à sa surface ; dans l'hémisphère terrestre, au contraire, les mers semblent jouer un rôle fort secondaire et sont plutôt de grands lacs entourés de terre, comme la Méditerranée et l'Océan glacial du pôle nord. Quelques géographes du siècle dermer supposaient qu'il devait se trouver vers le pôle sud un grand continent austral encore inexploré. Mais le voyage du capitaine Cook ne laisse plus aucun doute à ce sujet.

SAISONS. — Le soleil dans son mouvement

annuel semble parcourir sur la sphère céleste une ligne dont le plan. ne coïncide pas avec l'équateur, mais forme avec lui un angle de 23° 28'. Ce plan est l'écliptique. Chaque jour il semble faire un tour entier autour de la Terre, et paraît suivre un cercle parallèle à l'équateur.

Supposons donc que le soleil se trouve sur l'équateur. Pendant ce jour, le soleil parcourra l'équateur. Les jours seront égaux aux nuits pour toute la Terre. On sait que c'est ce qui arrive deux fois par an, au 21 mars et au 2i septembre. A rapproche de ce moment, le soleil s'avance vers l'hémisphère boréal. Pour nous, les jours augmentent. La quantité de chaleur donnée par le soleil va aussi en augmentant. En outre, le soleil à midi s'approché de plus en plus du zénith et ses rayons étant moins obliques sont doués d'une chaleur plus grande. Il arrive enfin en un point appelé solstice. point qu'on détermine en menant par le centre de la sphère céleste une ligne perpendiculaire à la ligne des équinoxes. A ce moment le soleil semble s'arrêter pendant quelques jours. Si on l'observe à midi, on le voit plusieurs jours presque à la même hauteur au dessus de l'horizon. Nous sommes au solstice d'été. Les jours ont atteint leur maximum de durée, la chaleur son maximum d'intensité.

Mais pour les points situés dans l'autre hémisphère, durée du jour et température sont à leur minimum. Au bout de quelques jours, on voit la hauteur du soleil à midi décroître, la durée des jours devenir moindre, en repassant par les mêmes valeurs qu'entre l'équinoxe du printemps et le solstice d'été. Le soleil parcourt chaque jour des cercles de plus en plus rapprochés de l'équateur jusqu'à ce qu'enfin il y arrive. Alors mêmes phénomènes qu'à l'équinoxe du printemps. Les jours sont égaux aux nuits pour toute la Terre. Peu à peu le soleil s'éloigne de l'équateur et passe dans l'hémisphère austral. Les jours diminuent pour nous ainsi que la température et augmentent pour les habitants de l'hémisphère austral. Le soleil arrive à l'autre solstice ou solstice d'hiver. A partir de ce moment les jours vont en augmentant pour nous puisque le soleil se rapproche de l'équateur. Il y revient et les mêmes phénomènes se reproduisent dans le même ordre On a donné le nom de Tropiques aux cercles que parcourt le soleil le jour des solstices. Tropique du Cancer le cercle qu'il suit le jour du solstice d'été; Tropique du Capricorne celui qu'il décrit le jour du solstice d'hiver.

Mais nous savons que le soleil est immobile et que la Terre se meut autour de lui et accomplit sa révolution annuelle pendant 365 jours et un quart environ.

Le soleil est placé à peu près au centre du cercle décrit par la Terre. Le soleil éclaire toujours une moitié de la Terre. Mais l'axe terrestre restant toujours parallèle à lui-même, l'hémisphère boréal ou l'hémisphère austral est éclairé tout entier. Le grand cercle qui sépare la partie éclairée de la partie obscure reçoit le nom de cercle d'illumination. Cependant l'axe de la Terre devient de plus en plus oblique au rayon qui va du soleil au centre de la Terre et atteindra enfin son obliquité la plus grande au solstice d'été. Le cercle d'illumination coupera la ligne des pôles et dans la rotation diurne de la terre le pôle austral sera constamment dans l'ombre. Les mêmes phénomènes vont se reproduire en ordre inverse jusqu'à l'équinoxe d'automne où le cercle d'illumination passe encore par les pôles. De l'équinoxe d'automne au solstice d'hiver l'obliquité du cercle d'illumination augmente. Le pôle boréal à son tour commence à entrer dans l'ombre et au solstice, la durée des jours sera la plus petite possible pour l'hémisphère boréal, la plus grande pour l'hémisphère austral.

CALENDRIER. — Le calendrier, regardé comme

RAPI-IIE UNIVERSELLE

17

une partie de 1 astronomie, est une fiisiribuf y tion de temps que les hommes ont accomnïodéfe

à leur usage.

L'année proprement dite est le temps quefjlfy'j soleil emploie à revenir au même équinoxe ouJ

au même solstice, et en général au meme point - dé l'écliptique. Cette division naturelle, que l'on nomme année solaire ou année tropique, comprend 365 jours et environ 6 heures. D'abord les 6-heures qui excèdent le nombre de 365 jours de l'année solaire, furent négligées; mais on ne tarda pas à s'apercevoir qu'en faisant toutes les années de 365 jours, il en résultait, après de petits intervalles, une erreur trèssensible, puisque 6 heures produisent un jour au bout de quatre ans. Afin d'employer ces 6 heures excédentes, on prit le parti d'ajouter un jour tous les quatre ans, de sorte que chaque quatrième année était composée de 366 jours. Les années de 365 jours se nomment années communes, et l'année de 366 jours, s'appelle année bissextile.

Le jour intercalaire qui s'ajoutait tous les quatre ans à l'année commune, fut placé immédiatement avant le 24 février, qui, pour les Romains, était le sixième jour avant les calendes de mars ; et afin de ne pas déranger l'ordre numérique des autres jours, on le nommait.

second sixième ou bissexte (bis sextus). De là est venu le nom de bissextile, donné à l'année qui a un jour de plus. L'année bissextile se combine avec l'année commune, de manière qu'il y a toujours trois années communes entre deux bissextiles. Cette combinaison, qui rapproche l'année çivile de l'année astronomique, , se nomme correction Julienne, parce qu'elle est due à Jules César, qui l'introduisit dans le calendrier romain. L'astronome Sosigène, dont César se servit pour la réformation du calendrier, avait supposé que l'année tropique était justement de 365 jours et 6 heures. Mais cette supputation excède d'environ il minutes la durée de la véritable année. Ces 11 minutes de trop produisent à peu près un jour en 133 ans, et trois jours en 400. Ainsi, pour compenser l'erreur qui résultait de la correction julienne, il fallait, dans l'espace de 400 ans, omettre trois jours intercalaires.

Ce fut le pape Grégoire XIII qui, en 1582, apporta au calendrier ce nouveau changement auquel on a donné le nom de réforme grégorienne. En supprimant le jour intercalaire dans les années 1700, 1800 et 1900, on le laissa subsister dans l'an 2000; et il fut convenu de suivre perpétuellement la même marche, de sorte que, sur quatre années séculaires, les trois premières seraient communes, et la quatrième serait bissextile.

L'année lunaire est composée d'un certain nombre de lunaisons ou mois lunaires. Celleci paraît avoir été usitée la première, parce que le cours de la lune offre des variétés plus fréquentes et plus remarquables.

L'année sidérale est le temps que le soleil emploie à revenir aux mêmes étoiles, vis-à-vis desquelles il se trouvait au commencement de la révolution, par exemple, au moment de l'équinoxe du printemps. L'année sidérale excède l'année tropique de plus de 20 minutes. Cette différence provient de ce que, les points équinoxiaux ayant un mouvement rétrograde, le soleil les rejoint plus tôt que les étoiles auxquelles ils répondaient auparavant ; c'est ce qu'on nomme laprécession des équinoxes.

Le temps que la terre emploie à faire un tour sur elle-même, c'est-à-dire le temps qui s'écoule lorque le soleil a fait sa révolution apparente d'orient en occident, est appelé jour par les astronomes. Il se divise en 24 parties que l'on appelle heures. Le mois est environ la douzième partie de l'année; il y a des mois solaires et des mois lunaires. Les mois solaires ont tous 30 ou 31 jours, excepté le mois de février qui

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tta quesr^Sj jours dans les années communes, et 2*9 dansé es années bissextiles.

- Ity a eux sortes de mois lunaires, l'un péet l'autre synodique. Le mois périodi01 t le temns nue la lune emnloie à Darcourir

d'occident en orient les 12 signes du zodiaque; sa durée est de 27 jours 7 heures 43 minutes.

Le mois synodique est le temps qu'il y a depuis une nouvelle lune jusqu'à la nouvelle lune suivante. Ce temps est de 29 jours 12 heures et environ 44 minutes; dans l'usage civil, ces minutes sont négligées pendant un temps, et les mois synodiques sont faits alternativement de 30 et 29 jours.

La semaine est une période composée de 7 jours naturels, et qui correspond à peu près à une phase de la lune, ou au quart du mois lunaire. L'année solaire commune contient 52 semaines et un jour. Cette division du temps était usitée chez les Juifs et chez les anciens peuples de l'Orient; elle s'est établie en Occident, avec le christianisme.

Les Juifs désignaient les jours de la semaine par les noms de premier, second, etc., jusqu'au septième qu'ils appelaient sabbath.

Les églises chrétiennes ont conservé les mêmes dénominations, excepté pour le premier jour, qui est appelé dimanche, c'est-à-dire jour du Seigneur. Quant aux noms vulgaires des jours de la semaine, ils nous viennent des Egyptiens, et'sont formés de ceux des sept planètes de l'ancien système astronomique auxquelles ces jours avaient été consacrés. Ainsi notre dimanche était pour eux le jour du soleil; le lundi était le jour de la lune ; mardi, jour de Mars; mercredi, jour de Mercure; jeudi jour de Jupiter; vendredi, jour de Vénus; et samedi, jour consacré à Saturne. Les noms des mois romains sont aussi restés dans notre calendrier: janvier, januarius, de Janus ; février, februarius, de februari, faire desMbatîôns ; mars, mars, mois consacré au dieu Mars, avril, aprilis d'aprire, ouvrir; mai maius, consacré à la déesse Mail mère de Mercure; juin. junius, consacré à 1 désse Junon ; juillet, julius, consacré à Juleo César; août augustus, consacré à Auguste; ces deux derniers mois furent d'abord désignés sous les noms de quintilis, sextilis, 5e et 6e mois; septembre, september, 7e mois; octobre, october, 8" mois; novembre, november, 9e mois; décembre, december ou 10e mois. Ces mois étaient à leur place, sous Romulus, l'année n'ayant alors que dix mois.

On entend par cycle une période ou suite d'années qui procèdent jusqu'à un certain terme, et reviennent ensuite dans le même ordre sans interruption. Les cycles les plus usités sont le cycle lunaire, le cycle solaire et le cycle de ï indiction.

Le cycle lunaire est une période ou révolution de 19 années juliennes, après laquelle les nouvelles et les pleines lunes reviennent aux mêmes jours de l'année. Cette période comprend 235 lunaisons réparties de manière à former 19 années lunaires, parmi lesquelles il y a 12 années communes qui produisent 144 mois lunaires, et sept années embolismiques qui donnent 91 mois lunaires, dont le dernier n'a que 19 jours. La durée des 19 années lunaires équivaut à celle de 19 années juliennes, à la différence d'une heure et demie, dont le mouvement de la lune anticipe sur celui du soleil. Ce fut Méton, célèbre astronome d'Athènes, qui trouva, 439 ans avant Jésus-Christ, qu'au bout de 19 années solaires, les nouvelles lunes tombaient aux mêmes jours auxquels elles étaient arrivées 19 ans auparavant; c'est pourquoi il appela cycle lunaire une révolution de 19 années solaires. A Athènes, on gravait en lettres d'or l'année du cycle lunaire ; et de là vient que le nombre par lequel on indique cette année, s'appelle encore nombre d'or. -

Le cycle solaire est une période de 28 années juliennes, au bout de laquelle les dimanches et les autres jours de la semaine recommencent à correspondre aux mêmes jours du mois, et procèdent, d'année en année, dans le même ordre qu'auparavant. Les Romains se servaient de lettres nundinales pour indiquer les jours de marchés ou d'assemblées; les premiers chrétiens introduisirent dans le calendrier sept lettres destinées à marquer les sept jours de la semaine, et qui furent appelées dominicales, parce qu'elles marquent, chacune à son tour, le premier dimanche de l'année ainsi que tous les autres. Ce sont les sept premières lettres de l'alphabet, mais prises dans un ordre rétrograde. comme : G F E D C B A. Par exemple, si A est la lettre dominicale pour une année, ce sera G pour l'année suivante, puis F et ainsi de suite jusqu'à ce que l'on revienne à la lettre A. Cette succession de lettres dominicales recommencerait tous les ans, si elle n'était interrompue par les années bissextiles, auxquelles il faut donner deux lettres, dont l'une marque les dimanches depuis le premier janvier jusqu'au 24 février, et l'autre depuis le 24 février jusqu'à la fin de l'année. L'année bissextile revenant de quatre ans en quatre ans, ce n'est qu'au bout de 28 ans que les sept lettres dominicales peuvent se trouver dans le même ordre. Ce n est donc aussi qu'après 7 années bissextiles, ou après 7 fois quatre ans, que les jours de la semaine et du mois se retrouvent ensemble dans le même ordre où ils étaient précédemment.

Le cycle de l'indiction nous ramène encore aux Romains. Ils avaient, comme les Grecs, une manière de diviser le temps qui n'était pas de 4 années et ne s'appelait point olympiade, comme chez les premiers, ainsi que nous l'avons dit plus haut ; elle était de 15 ans et on la nommait indiction romaine, parce qu'elle se rapportait à un certain mode de perception des impôts.

Le mot comput est un terme de chronologie dont on se sert en parlant des supputations de temps qui servent à régler le calendrier ecclésiastique.

L'Epacte astronomique, ou l'âge de la lune, est, comme nous l'avons déjà dit, le temps qui s'est écoulé depuis la dernière néoménie de cet astre en pleine lune, le 31 décembre à midi, et le 1er janvier à midi, pour les années bissextiles.

Fête de Pâques. — Voici comment la fête de Pâques se détermine pour une année quelconque. On suppose que, dans toutes les années.

1 equinoxe arrive le 21 mars. On cherche quel jour, après l'équinoxe, la première pleine lune a lieu. Le dimanche de Pâques est celui qui suit immédiatement cette pleine lune. 11 résulte de là que Pâques ne peut pas arriver plus tôt que le 22 mars, car la règle dit que ce sera le premier dimanche après la pleine lune, si cette pleine lune arrive le 21 ou après le 21 mars.

L'autre limite, ou la date la plus tardive où l'on puisse célébrer cette même fête, est le 25 avril. En effet, si la pleine lune tombe le 20 mars, ce ne sera pas la lune pascale ; cette pleine lune arrivera le 18 avril; et si c'est un dimanche, ce ne sera que le dimanche suivant, 25 avril, que Pâques pourra être célébré. La fête de Pâques a été célébrée le 22 mars, en 1598, 1693, 1761, 1818, et le sera en 2285. Elle a été célébrée le 25 avril en 1666, 1734, et le sera en 1886, 1943, 2038, 2190, etc.

Du 22 mars au 25 avril, ces deux termes compris, il y a 35 jours. Pâques peut donc occuper 35 places différentes.

Les fêtes mobiles, telles que l'Ascension, la Pentecôte, la Trinité, la Fête-Dieu, etc., celles dont les positions dans l'année sont toujours séparées par un nombre déterminé de jours de la fête de Pâques, peuvent varier dans les mêmes limites de 35 jours.

Moyen de se rappeler quels sont les mois de 30 et de 31 jours. — Beaucoup de personnes ont de la peine à se rappeler quels sont les mois pleins et les mois caves, les mois de 31 jours et les mois de 30 dans les calendriers juliens ou grégoriens en usage chez tous les peuples de la chrétienté. Pour aider la mémoire, on a eu recours à des procédés mécaniques.

Après avoir fermé, par exemple, le second et le quatrième doigt de la main, on applique, dans ce système de doigts étendus et de doigts fermés, le nom du mois de mars au pouce, et les noms des mois suivants aux autres doigts, en revenant, bien entendu, au pouce avec le sixième mois, celui d'août. Dans ce dénombrement, tous les doigts longs ou ouverts correspondent à des mois de 31 jours; tous les doigts courts ou fermés correspondent aux mois de 30 jours, et à celui de février, qui en a 28 ou 29.

Un moyen plus commode consiste à fermer la main. Les racines des quatre doigts contigus forment des parties saillantes; les intervalles,

des creux. Si l'on compte alors les douze mois, en commençant par janvier, appliqué à la première partie saillante, continuant par février, appliqué au creux voisin, et ainsi de suite, on retrouvera que tous les longs mois ont correspondu aux saillies et les mois courts aux dépressions.

A défaut de ces méthodes mécaniques, les écoliers avaient jadis recours, au college, à de prétendus vers, semblables au reste, à ceux qui sont contenus:dans les ouvrages intitulés: Racines grecques et Racines latine.. Voici ceux que Nollet nous a conservés et dont on faisait usage de son temps : Trente jours ont novembre, Juin, avril et septembre; De vingt-huit il en est un, Tous les autres ont trente-un.

CONCORDANCE DES CALENDRIERS. — A l'aide du tableau suivant, on pourra aisément faire concorder le calendrier usuel avec le calendrier républicain.

CONCORDANCE DU CALENDRIER GRÉGORIEN AVEC LE CALENDRIER RÉPUBLICAIN DEPUIS L'AN 2 (1793), JUSQU'À L'AN 13 (1805).

Vendémiaire An2 An 3 An4 An 5 An6 An7 An 8 An9 JAnlO Anll Anl2!Anl3 Anl4 correspondant à Septembre 1793 1791 1895 1796 1797 1798 1799 1800 1801 1802 1803 1804 1805

Vendémiaire 1" 22sep. 22 sep. 23 sep. 22 sep. 22 sept 22 sep. 23 sep. 23 sep. 23 sep. 23 sep. 24 sep. 23 sep. 23 sep.

Brumaire 1er 22 oct. 22 oct. 23 oct. 22 oct. 22 oct. 22 oct. 23 oct. 23 oct. 23 oct. 23 oct. 24 oct. 23 oct. 23 cet.

Frimaire ler21 nov. 21nov. 23nov. 21 nov. 21 nov. 21 nov. 22nov. 22nov. 22 nov.,22 nov. 23nov. 22nov. 22nov.

Nivôse lfir 21 déc. 21 déc. 22déc. 21 déc. 21 déc. 21 déc. 22 déc. 22dèc. 22déc.|22 déc 0.3 dée. 2i), déé. 1 2 dée.

Pluviôse An2 An 3 An 4 An5 An 6 An 7 An8 An 9 AnIOjAnll Anl2 Ant3 correspondant à •« § Janvier 1794 1795 1796 1797 1798 17S9 1800 1801 1802 I 1803 1804 1805 §22 1 cd.

a a Pluviôse 1«20 jan. 20janv2ljanv20janv20janv20janv21 janv 21janv 2ijanv 2t jan. 22 jan. 21 jaa. S - 2 , Ventôse 1" 19 fév. 19 fév. 20 fév. 19 fév. 19 fëv. 19 fév. 20 fév. 20 fév. 20 fév. 20 fév. 21 fév. 20 fav. 3 î, Germinal l"121 mar 21 niar 21 mar 21 mar 21 mar 21 mar 22 mar 22 mar 22 mar 22 mar 22 mar 22 mar -g * Floréal 1er 20 avr. 20 avr. 20 avr. 20 avr. 20 avr. 20 avr. 21 avr. 21 avr. 21 avr. 21 avr. 21 avr. 21 avr..2 f?

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Une locution populaire dit : cela sera fait la semaine des quatre jeudis. Implique-t-elle l'existence d'une semaine de deux ou de trois jours?

Le globe de la terre accomplit une révolution sur lui-même toutes les 24 heures, ou, si l'on ne considère qu'un point du globe, ce point parcourt dans le même espace de temps, la circonférence d'un cercle de 360 degrés, soit 4 degrés par minute. Si donc deux voyageurs partis de la même ville marchent, l'un vers l'orient, l'autre vers l'occident, le premier voit se lever le soleil le lendemain d'autant de fois 4 minutes qu'il a parcouru de degrés terrestres; l'effet inverse a lieu pour l'autre. La différence croît de de jour en jour jusqu'au retour des deux voyageurs revenus à leur point de départ après avoir fait le tour du monde. L'un sera en retard alors de 360 fois 4 minutes ou de 24 heures; l'autre sera en avance d'unejégale quantité de temps. Le soleil aura ainsi passé dans le ciel une fois de plus pour l'un, une fois de moins pour l'autre, qu'il n'a accompli de révolutions journalières pour les habitants du lieu où ils se rencontrent de nouveau. Ils devront donc, selon les illu-

r sions de leurs sens placer le jour de leur arrivée, un jeudi, par exemple; l'un un jour plus tôt, l'autre un jour plus tard que le jeudi local, et trouverons ainsi trois jeudis consécutifs. Une méprise de ce genre commise par les premiers navigateurs a donné lieu au dicton.

Pendant de longs siècles, l'homme s'est cru le but unique de la création ; la terre occupait le centre du monde; les astres n'étaient que poussière. Pour l'homme seul se produisaient les phénomènes célestes. Les comètes et les éclipsas n'avaient rien de naturel, c'étaient des avertissements que Dieu, dans sa colère, — et quelquefois aussi dans sa miséricorde, — pre nait la peine de nous envoyer.

L'astronomie, en nous révélant les grandes lois qui régissent l'univers, nous a appris à nous mieux connaître nous-mêmes. Elle nous a mis à notre vraie place. C'est à elle que nous devons de savoir que la terre n'est qu'un point dans l'espace infini ; ce sera sa gloire éternelle de nous avoir montré que notre planète est une des plus infimes de la création, et que, par de là les dix-huit millions de soleils qui forment la

voie lactée, il existe des mondes; et par de là ces mondes, d'autres mondes encore. — L'espace est un abîme. Il n'y a point de ciel ; le ciel, c'est l'infini Idans lequel nous nageons, emportés par notre système tout entier, entourés d'étoiles, et couronnés d'astres sans nombrel BERCEAU DE LA GÉOGRAPHIE. — Il est fort difficile d'indiquer une date, même incertaine, aux premières notions géographiques. Un ancien auteur prétend qu'il aurait existé une carte de géographie, tracée sous Sésostris, quinze cents ans avant Jésus-Christ. Mais bien que cette carte soit introuvable, il est permis de supposer que, vu le peu de goût des Egyptiens pour les voyages, cette carte, si elle a jamais existé, se bornait à l'Egypte.

On trouve dans la Genèse quelques indications bien vagues. Moïse place le second berceau du genre humain dans l'occident de l'Asie, il parle du mont Arrarat, du Nil et de l'Eu.

phrate, mais il n'y a encore là aucune indication sur l'étendue de la terre.

Dans Homère nous trouvons, enfin, une sorte d'abrégé sommaire des connaissances géographiques des Grecs. Au chant xvmC de l'Illiade, le bouclier d'Achille, forgé par Vulcain, représente la terre comme un disque aplati entouré de toutes parts par la mer. Le monde connu commence à la France, prend une partie de l'Allemagne et de la Russie, pour se terminer à l'Orient par l'Arabie; au sud, une petite part des côtes septentrionales de l'Afrique est seule indiquée; au.centre, se trouve la Grèce ; la Méditerranée et le Pont-Euxin partagent cet embryoQ de continent jusqu'aux colonnes d'Hercule, barrière et extrémité du monde.

Bientôt, cependant, les navigateurs sortis des ports phéniciens franchissent le détroit, découvrent l'Océan, et établissent des colonies sur la côte africaine.

Hérodote, mettant à profit plusieurs voyages, retrace l'état des connaissances géographiques de son temps et divise le monde en deux parties, l'Europe et l'Asie.

Les Grecs se lancent, à l'imitation des Phéni.

ciens leurs voisins, dans l'art de la navigation, et les campagnes d'Alexandre font découvrir et explorer l'orient de l'Asie. Déjà Aristote enseignait la rotondité de la terre et affirmait qu'on pouvait se rendre aux Indes par les colonnes d'Hercule. - Au troisième siècle, Eratosthènes mesurait la circonférence du globe, et dressait la première mappemonde d'après les longitudes et les latitudes. — Hipparque divisait le globe en 360 degrés, et inventait la projection stéréographique.

Au commencement de l'ère chrétienne, Strabon publia l'ouvrage le plus intéressant que l'antiquité nous ait légué sur la géographie, mais il n'ajoute presque rien aux découvertes d'Eratosthènes.

Sous l'empire romain, Ptolémée, profitant des conquêtes des légions romaines dans le nord et des rapports de commerce établis avec l'Inde, agrandit les limites tracées par ses prédécesseurs. Déjà l'on commençait à soupçonner l'existence de l'Irlande et de la Scandinavie.

Peu à peu le jour se faisait sur l'intérieur de l'Afrique. En Asie, on soupçonnait l'existenca de la Chine, mais les notions certaines s'arrêtaient à la mer Caspienne, à l'est et au nord des monts Imaüs.

La géographie politique nous montrera bientôt les progrès de la science géographique à travers les âges.

GÉOGRAPHIE POLITIQUE. — Tous les systèmes primitifs de géographie étant nés de la même manière durent fatalement présenter de nombreux points similaires. L'ignorance des premiers siècles devaient engendrer des erreurs

sans nombre. La vanité de chaque peuple devait tout d'abord inspirer à chacun l'idée fondamentale qu'il occupait le centre du monde habité. Cette croyance était telle que nous la retrouvons dans tous les documents qui nous sont parvenus. Chez les Hindous, voisins de l'équateur, et chez les Scandinaves, voisins du pôle nord, les contrées habitées par ces peuples étaient souvent désignées par deux mots assez bizarrement semblables, midhiama et midgard, et qui, tous deux, peuvent se traduire de la même façon: demeure du milieu. L'Olympe des Grecs (mont Olympe) et le mont Mirou des Hindous, passaient tous deux, pour chaque peuple, pour le point central de la terre.

Presque tous les peuples anciens ont eu chacun leur système sur l'origine du monde.

Les mages enseignaient aux anciens Perses que l'œuvre de la création s'était opérée dans une période de deux mille ans.

Selon la mythologie des anciens Toscans, qui tenaient peut-être cette tradition des Perses, Dieu, architecte de l'univers, consacra douze mille ans à produire et coordonner tout ce qui existe et partagea ce laps de temps en douze périodes, nombre égal aux douze signes du Zodiaque ou maisons célestes.

Les annales des Babyloniens, des Egyptiens, des Chinois, des Bramines, des Japonnais contiennent des traditions qui font remonter à quelques centaines de siècles l'apparition des premiers hommes, qu'ils confondent avec des intelligences supérieures qui sont devenues les objets de leur culte.

Le récit de la Genèse qui ne place l'origine du monde qu'à six ou sept mille ans de nous, et qui fait descendre le genre humain d'une seule souche étant adopté, nous nous bornerons à en donner le précis, nous réservant de rechercher, au courant de cette histoire, les divers points de ressemblance avec les autres religions.

Dieu créa le ciel et la terre en six jours, il doua l'homme et la femme d'intelligence et d'immortalité, l'homme s'appelait Adam, et la femme Eve. Ils transgressèrent la défense de Dieu et furent condamnés à mourir. Ils engendrèrent des enfants; Caïn, l'aîné, tua son frère par jalousie. Ce fut le premier crime. Un troisième fils, nommé Seth, naquit à Adam. Il fut juste et eut une nombreuse postérité. — Caïn eut aussi des enfants avec lesquels il bâtit la première ville, nommé Enochia, en l'honneur d'Enoch, son premier né.

Cette première postérité d'Adam connut quelques arts, Ada-Jabel est désigné comme l'inventeur des tentes et l'art de soigner et nourrir les troupeaux; Jubal enseigna à tirer des sons des instruments qu'il avait imaginés ; TubalCaïn montra à travailler le fer et l'airain sous le marteau, et sa sœur Noéma inventait l'art de tisser la laine.

Les populations issues de la première famille du genre humain, devenues nombreuses, se corrompirent et firent le mal. Dieu résolut de les perdre par une immense inondation, appelée le déluge. Un seul iuste, appelé Noé. fut sauvé

avec sa famille dans un grand vaisseau, que l'Ecriture nomme Arche, et qu'il avait construit par l'ordre de Dieu; il sauva avec lui ses trois fils et un couple de chacun des animaux. L'arche s'arrêta sur le mont Arrarat, dans la petite Arménie. Noé sortit de l'arche avec ses enfants et s'établit dans les environs. Deux siècles plus tard, les descendants de Noé se trouvant trop à l'étroit dans les plaines de Sennones, au sud de la Mésopotamie, décidèrent de se séparer et de chercher d'autres contrées. Avant de mettre à exécution leur projet d'émigration, ils décidèrent de construire un monument qui devait atteindre, en hauteur, la voûte céleste, et leur servir d'asile contre un second déluge. Dieu,

voyant cette œuvre d'orgueil, mit dans le langage des enfants de Noé une telle confusion, qu'ils durent renoncer à leur projet et se disperser.

Il y a dans le récit de Moïse une telle simplicité et en même temps une telle noblesse, que la plupart des auteurs païens ou étrangers à la foi chrétienne en ont souvent pris tout ou partie, pour l'adapter à une autre version.

Dans le texte de Moïse, nous trouvons que toutes les nations de l'Asie occidentale que cet historien a connues, sont ramenées par lui à trois familles. Celle de Sem comprenait les peuples pasteurs, habitant sous des tentes; l'autre, se composait des nations industrieuses ou commerçantes dont Cham est la souche, enfin, au nord des deux contrées, la race de Japhet établit ses belliqueux empires.

Sur ce dernier point, la tradition des nations les plus éclairées coïncide de la façon la plus complète avec le récit de Moïse. D'après ce dernier, les habitants des îles des Gentils étaient peuplées par les descendants de Japhet. D'après les Grecs et les Romains, toutes les nations de race commune avaient pour père commun Japetus, dont le nom se rapproche d'une manière frappante de celui de Japhet.

Quant au déluge, nous en trouvons la trace dans les légendes de plusieurs nations, et le récit du paganisme diffère peu de celui de la Genèse. Voici ce qu'en dit la mythologie : Saturne ayant fait connaître à Xixustros, personnage éminent de la seconde race des hommes, qu'un déluge anéantirait la race humaine, il lui avait ordonné d'établir l'origine, l'histoire et la fin des choses dans un écrit qu'il irait cacher dans la ville du Soleil, nommée Sipara, de construire un vaisseau destiné à le recevoir avec ses parentsetses amis, et d'y renfermer des quadrupèdes et des volatiles, ainsi que les provisions nécessaires. Ces ordres furent exécutés, la terre fut inondée. Quand les eaux se furent retirées, Xixustros sortit du vaisseau avec sa femme, sa fille et son pilote, et tous quatre disparurent.

Alors une voix annonça à ceux qui étaient restés dans le vaisseau que Xixustros et les trois personnes descendues avec lui étaient devenus des dieux ; que, pour eux ils eussent à suivre les devoirs de la religion, à aller à Sipara déterrer l'écrit que Xixustros y avait caché et à se transporter à Babylone, ce qu'ils exécutèrent dès que la voix eut cessé de se faire entendre. On voit que partout la similitude est grande.

Ce n'est que par induction que les savants et les chercheurs ont pu retrouver la trace des descendants de Sem, Cham et Japhet. Cependant nous allons consigner ici les faits accrédités par les plus anciens géographes, qui, tous, ont procédé par à peu près pour établir la filiation des divers peuples de la terre aux temps obscurs, fabuleux ou mythologiques, c'est-àdire jusqu'à la prise de Troie, 1200 ans avant Jésus-Christ, et même aux temps incertains, soit jusqu'à l'avènement de Cyrus, 536 ans avant Jésus-Christ.

D'après Malte-Brun, on reconnaît parmi les descendants de Japhet l'Iou ou l'Iaou des Grecs, père des Ioniens dans Iavan ; et Madaï, qui désigne probablement les Mèdes. Il y a bien encore d'autres noms, mais ils sont d'une interprétation plus difficile; tels sont Gomer et Magog, qui paraissent désigner les peuples voisins du Pont-Euxin et du Caucase ; mais les princes de la science hésitent quand il s'agit de suivre les fils de Japhet au delà de cette mer inhospitalière et de ces montagnes redoutables. Cependant, il pourrait bien y avoir quelque analogie entre Tiras et les Thraces. Un des descendants de lavan, nommé Tharschich, serait, selon Josèphe, le père des Céciliens, dont Tarsus était

la ville principale. Cela n'a rien d'invraisemblable, et se rattache à l'explication des noms d'Iavan pour les Ioniens, ainsi qu'à celle de Rodanim pour l'île de Rodes et d'Elisa pour l'Elide. Mais il est difficile d'admettre que le Tharsis de la Genèse soit le pays lointain dont les richesses furent la cause des nombreux voyages des Hébreux et des Phéniciens.

Saint Gérôme a obse-vé et Gosselin, dans ses recherches sur la géographie ancienne a prouvé que le mot Tharschich, dans les passages où il est question des voyages précités, ne dénote pas autre chose que la grande mer. Jamais au reste un mot n'a produit recherches plus savantes, ni plus grand nombre d'écrits. Ophir peut seul lui être comparé à cet égard. On est aujourd'hui fondé à croire que l'Ophir d'où les flottes du roi Salomon rapportaient des pierres gemmes, les bois odoriférants, l'or et l'étain était une toute autre contrée que l'Ophir dont parle Moïse, d'ailleurs d'après la version du Septante le premier est rendu par Soopheira et le second par Ouphéir. L'Ophir de Moïse était donc sans doute une contrée de l'Arabie heureuse, tandis que l'Ophir de Salomon devait être dans les Indes orientales. Les Phéniciens ignoraient probablement l'existence des moussons ou vente périodique et pouvaient fort bien mettre trois ans pour effectuer leur voyage des ports de l'Idumée à la côte de l'Indoustan méridional. Les successeurs de Salomon ayant perdu la souveraineté de ces ports, on comprend que ces voyages durent cesser et que cette première découverte de l'Inde n'ait eu aucune suite.

Les Hébreux étaient bien plus à même de connaître les pays habités par les Semites ou descendants de Sem, qui étaient leurs voisins.

Aussi cette partie de la géographie ancienne est-elle bien plus complète, et se perd-elle bien moins dans les hypothèses. Elle indique l'identité d'origine de presque tous les anciens peuples de l'Euphrate, d'une partie du l'Asie Mineure, de la Syrie et de l'Arabie, identité parfaitement constatée par la ressemblance de leurs langues, car l'arabe, l'hébreu, l'araméen ou ancien syriaque ont autant de rapports entre eux que l'italien, l'espagnol et le français.

C'est dans l'Asie occidentale que la géographie hébraïque place les plus anciens empires connus. Babel ou Babylone, Ninive ou Ninus ont disparu, mais le souvenir des Assyriens et des Chaldéens est conservé dans l'histoire des peuples qu'ils ont soumis à leur puissance.

Bien plus qu'aujourd'hui, les guerres de ces époques barbares changeaient les destinées d'un pays tout entier, des nations entières étaient emmenées en esclavage par le vainqueur qui leur assignait de nouvelles demeures. Les caravanes venant des lieux les plus éloignés apportaient dans les capitales de ces immenses empires toutes les richesses du luxe, des armées innombrables sillonnaient incessamment la surface du monde connu. On conçoit que ces émigrations continuelles aient pu 'donner de sérieuses notions géographiques aux peuples de l'Asie occidentale. Cependant ces connaissances étaient bornées à ce qu'on pouvait découvrir au moyen des voyages par terre.

La troisième race d'hommes connue de Moïse et des Hébreux est représentée comme la postérité de Cham, troisième fils de Noé. Le nom de Cham se retrouve dans celui de Chamia donné à l'Egypte par les indigènes dans les temps anciens et modernes. Mizr ( au pluriel Miszaïm), nom d'un des fils de Cham, est le même qui, chez les Turcs et les Arabes, désigne encore l'Egypte et principalement le Delta. Il est donc permis de supposer que les Hébreux connaissaient toute l'Egypte et une partie des côtes africaines du golfe Arabique.

La géographie des Hébreux présente des faits bien plus certains quand elle décrit la Pales-

tine, c'est là que l'on trouve la trace d'une des plus grande révolution physique de l'antiquité, révolution qui détruisit Sodome et Gomorrhe et précipita ces deux villes dans la Mer Morte.

D'après ce qu'on vient de lire, il est à peu près certain qu'on peut circonscrire la géographie hébraïque entre le Caucase au nord, l'Archipel de la Grèce à l'ouest, l'embouchure du golfe arabique au midi.

Nous avons dit plus haut ce qu'était la géographie au temps d'Homère et ce que les observateurs ont pu tirer de son œuvre sur les connaissances se rattachant à cette science.

Dans ses œuvres poétiques, Homère, qui est considéré à juste titre comme le père de l'histoire, semble regarder l'Europe et l'Asie comme les seules parties du monde tel qu'il le connaissait, c'est-à-dire une circonférence plate partagée en deux par le Pont-Euxin, la mer Egée et la Méditerranée.

Les îles de la Grèce sont considérées par Homère comme le point central du monde. Au nord, les contrées désignées plus tard sous le nom de Thessalie semblent désignéas sous celui de Plaine des Pélasges. Parmi les nombreuses tribus des Pélasges, l'une porte le nom d'Hellènes, qui est plus tard devenu commun à tous les Grecs. La partie occidentale étaient l'Etolie et les îles Sumée, Cephellania, d'Ithaque, Zacinthe, etc., et la partie du continent connue plus tard sous le nom d'Acarnanie.

En allant du centre au sud, Homère indique en détail les nombreuses tribus de la Béotie, quoiqu'il ne nomme pas cette province. L'Attique lui est connue sous le nom d'Athènes, et il remarque que ses habitants étaient des Ioniens.

Dans le Péloponèse, appelé par lui l'Argos, il distingue l'Arcadie, l'Elide, le petit état de Pyloset Sparte ou Lacédémone, capitale d'un Etat qui comprenait la rive méridionale de la presqu'île.

Parmi les îles de l'archipel, le poète connaît Samothrace, Lemnos, Tenedos, Lesbos, Eubée, Delos, Chios, Samos, Rhodes et la Crête.

Dans le nord, le poète parle de la Thrace et des contrées qui formèrent plus tard la Macédoine. Les fleuves Axius el Strimon lui sont connus. Mais il n'a aucune idée du Danube.

L'île de Corcyre est placée par Homère au bout du monde civilisé. Aussi les côtes de l'Italie méridionale ne sont-elles désignées que d'une manière bien vague, et il est bien difficile d'affirmer si l'endroit qu'il nomme Témèse est Tamesa, en Chypre, ou Tempsa, en Calabre.

Le détroit qui sépare l'Italie de la Sicile semble être la séparation qui existe dans l'esprit d'Homère entre la vérité et le monde fabuleux éclos dans l'imagination du poète. La Sicile elle-même semble inexplorée et n'est peuplée que d'êtres fantastiques, tels que les Cyclopes, les Lestrygons, les Nymphes gardiennes des troupeaux du Soleil, etc.

A l'Occident de la Sicile, les merveilles de l'invention du narrateur deviennent de plus en plus évidentes. C'est là que nous trouvons les Cimmériens, l'Elysée, les Macrobiens, les Hyperboréens et tous les peuples imaginaires éclos dans le cerveau du poète, et qui sont autant de preuves de l'ignorance géographique des contemporains d'Homère sur toute cette partie de l'Europe au delà de la Sicile.

Si nous passons à présent dans l'Asie d'Homère, nous trouvons d'abord une description exacte des lieux qui servirent de théâtre aux combats des Grecs et des Troyena. La ville d'Ilion est bâtie sur un des gradins inférieurs du mont Ida, au bout d'une belle plaine que baignent le Simoïs et le Scamandre. Le poète cite le royaume de Trade avec ses neuf provinces, parmi lesquelles sont comprises les contrées habitées par les Lyciens, les Dardaniens, les Lélèges et les Ciciliens. Les recherches faites sur les lieux par les savants modernes n'ont

laissé aucun doute sur l'exactitude des descriptions d'Homère. Les Dardaniens habitaient les rivages du détroit des Dardanelles, confondus par le poète avec la Propontide et le Bosphore, sous le nom générique d'Hellespont; il ne nomme pas non plus le Pont-Euxin, mais il parle des peuples qui habitaient le long de cette mer, ce sont les Caucones, les Paphlagoniens et les Halyzoni.

En s'éloignant du centre de la mer Noire, la géographie d'Homère reprend peu à peu des teintes fabuleuses, après les Amazones qui appartiennent encore un peu à l'histoire, il place la Colchide, mais sans rien en connaître. Aussi y trouve-t-on le palais du soleil ; d'autres poètes ont aussi placé le palais du soleil dans la capitale d'Aëtes sur les bords de l'Océan. Circonstances qui, rapprochées des épisodes du voyage fabuleux des Argonautes, prouvent surabondamment que pour Homère comme pour les Argonautiques, l'Océan oriental baignait de ce côté les limites du monde, placées par eux non loin de la Colchide.

Dans l'Asie Mineure les connaissances géographiques d'Homère semblent bien plus étendues. Il nomme lTIermus, le Méandre et les autres fleuves principaux des côtes occidentales de l'Asie Mineure, mais le nom d'Asie n'est donné par Homère qu'à une petite contrée située sur les bords de la rivière Caystrus. Quant à l'Afrique, les seules citations d'Homère se bornent à Thèbes aux cent portes et au Nil, qu'il nomme Egyptos, et à une petite portion de la Lybie. Mais on voit de suite que le poète n'a fait que profiter de quelques indications vagues et qu'il ne connaît que par oui-dire les pays dont il parle.

Laissons à présent les notions géographiques d'Homère et suivons les Grecs que des guerres extérieures et intestines vont chasser de leur patrie pour chercher ailleurs de nouvelles sources de richesses.

Les Milésiniens et les Mégariens fondent des colonies tout autour de la mer Noire où les Phéniciens n'avaient jamais pénétré. Les trirèmes, galère à trois rangs de rames, sont inventées par les Corinthiens et peuplent la Sicile; l'Italie méridionale recoit le nom de Grande-Grèce, et les Phocéens s'établissent en Sardaigne, en Corse et dans les Gaules, où ils fondent la ville de Marseille. Le Samien Coléus entraîné par une tempête, passe les Colonnes d'Hercule, y découvre l'Océan et rapporte de Tartessus, dans l'Espagne méridionale, des trésors qui enflamment le courage des navigateurs.

Les Phéniciens, jaloux de ces découvertes, voulurent en arrêter l'essor; mais les Grecs parvinrent à se procurer quelques-unes des cartes informes qui avaient guidé les Phéniciens dans leurs excursions, et le Milésien Anaximandre indiqua bientôt, dit-on, la grandeur de la terre, composa une sphère et traça la première mappemonde. Un de ses compatriotes, nommé Hécatée, corrigea cette carte et l'accompagna d'un itinéraire cité par Strabon.

Pourtant, comme Hérodote affirme que les géographes, postérieurs à Anaximandre et à Hécatée, figuraient la terre comme un disque entouré d'eau de toute part, il est certain que la mappemonde des Milésiens était faite d'après ces errements. Plutarque nous apprend qu'Anaximandre comparaît la terre à un cylindre, Laucippe en fit un tambour, Héraclide un bateau, d'autres préféraient la forme cubique : on voit d'après cela que la prétendue science géographique des anciens était encore bien vague.

Enfin, un homme doué d'une intelligence supérieure et assez fort pour rejeter d'un seul coup toutes les idées préconçues, vint poser les nouvelles bases d'un système complet, eet homme, qui a droit à la reconnaissance des savants de

tous les âges, s'appelait Hérodote et habitait Halicarnasse; il s'ouvrit des routes inconnues avant lui, pénétra chez les Péoniens, dans la Servie actuelle, visita les colonies grecquesdu Pont-Euxin et affirma avoir lui-même mesuré l'étendue de cette mer, du Bosphore au Phasis, parcourut une partie de la Russie méridionale, se procura sur la route de PalusMéotide au Phasis les renseignements les plus exacts, visita à l'Orient Babylone etSusa, capitale de la monarchie persane et donna sur cette route les détails les plus circonstanciés. Le reste de la Perse lui était connu parle dénombrement officiel des armées et des gouvernements. Au midi, ses voyages durent s'étendre jusqu'au midi de l'Egypte, et ses récits prouvent surabondamment qu'il y a fait un long séjour; il semble même connaître les routes commerciales des caravanes de l'Afrique intérieure, connaissances qu'on attribue à ses rapports avec les prêtres égyptiens, dont il avait su mériter la confiance. Il visita les colons grecs de Cyrène et en tira de précieux renseignements. La Grèce lui était bien certainement familière, et sa description du passage des Thermopyles est assurément la meilleure qui nous soit restée. Il termina sa carrière dans la grande Grèce, où il put à loisir achever sa precieuse histoire de ses découvertes et de ses voyages.

Bien qu'Hérodote n'admette pas la géographie d'Homère, qu'il nie le fleuve Océan, qu'il n'a, dit-il, jamais pu trouver, et qu'il doute de la rotondité de la terre, il n'en suit pas moins une partie des errements du poète grec, en ce qui touche la Libye ou Afrique, qu'il croit s'étendre dans le même sens que l'Asie et se terminer au-dessus de l'Equateur. Cette opinion est encore confirmée par lui quand il affirme que l'Arabie est la partie la plus méridionale de la terre habitée. Cependant, il doute que la terre soit entourée d'eau de toutes parts.

Hérodote, dans ses voyages, a décrit parfaitement plusieurs contrées d'Europe, mais ces contrées sont séparées par d'immenses espaces inexplorés. 11 cite parmi les découvertes des Phocéens, 1 Adriatique, la Tyrrhénie, l'Hérie et Tartessus. Il connaît dans l'Andoulasie Gadeira ou Gadès, mais il n'ose fixer la position des Cassiterides, dont on tirait l'étain, et il considère comme fabuleuse l'existence du fleuve Eridan. Rome est encore inconnue à Hérodote.

Le nom d'Italie n'est donné qu'à la partie méridionale, c'est-à-dire à la grande Grèce. En revanche, Hérodote a fait de grandes découvertes sur les bords de l ister, du Borysthène et du Tanaïs. Dans sa description du cours de l'Ister, il remonte de l'embouchure à la source et nomme toutes les rivières qui se jettent dans ce fleuve et qui sont au nombre de six au nord et de dix au midi. Parmi ces dix dernières, la septième se nomme Cius et descend du mont Rhodope en traversant la chaîne de l'Hemus. En admettant, ce qui est probable, que Hérodote ait pris la Save pour le bras principal, nous retrouvons les trois autres rivières dans la Morawna, le drin de Bosnie et la Culpa.

Hérodote avoue qu'il ne connaît pas les sources du Borysthène et ne parle pas des cataractes de ce fleuve; il donne cependant la meilleure relation qui nous soit parvenue sur les Scythes dont les tribus occupaient les bords du Tanaïs et de l'Ister el qu'il divise en Scythes royaux, Scythes nomades et Scythes agriculteurs. Parmi les nations voisines des Scythes, il distingue les Gètes, qui habitaient alors la Bulgarie actuelle, les Agathyrsi, qui occupaient la Transylvanie, les Alazones, habitants de l'Oukraine polonaise, les Neuri, cultivateurs des plaines de la Volhynie. Les Sarmates vivaient entre le Don, le Volga et le Caucase. Vers les monts Ourals vivaient les Argippœi. Ces connaissances surprenantes, à une époque où on était complètement dépourvu des plus simples

) -:OGRAPHIE UNIVERSELLE

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notions astronomiques ou même mat^^ati-..

ques, ne peuvent être dues qu'au génieBQrlfjftqih,1 cial dont les aspirations devenaient de PÎHSJÈIL

plus vivaces. C'est aux caravanes qui parcouraient alors en tous sens le monde connu que Hérodote doit sans doute les idées précises qu'il a publiées sur la mer Caspienne.

La mer Caspienne, écrit le précurseur de la

science géographique moderne, est une mer par elle-même, et n'a aucune communication avec l'autre, car toute la mer où naviguent les Grecs, celle qui est au delà des colonnes d'Hercule, qu'on appelle mer Atlantide et la mer Erythrée passent pour n'être qu'une seule mer.

La mer Caspienne est une mer distincte et bien différente, elle a autant de longueur qu'un vaisseau qui va à la rame peut faire de chemin en quinze jours, et dans sa plus grande longueur autant qu'il en peut faire en huit. Le Caucase borne cette mer à l'occident; à l'est s'étendent les vastes plaines du Massagites.

Cette opinion est considérée comme trèsexacte par le savant M. Gisselin.

Hérodote, dit-il, évaluait la marche d'un vaisseau à 700 stades, or i5 jours de marche à 700 stades en font 10,500 de Hll 1/2 au degré valent 189 lieues marines, cette mesure est précisément celle des côtes occidentales de la mer Caspienne, depuis l'embouchure du Jaïk, jusqu'à celle de Kour, l'ancien Cyrus, dans le pays des Caspiens, où était autrefois le principal entrepôt du commerce de cette mer.

Peu après Kour, la côte se dirige vers l'est jusqu'à Esterabad, et trace la plus grande largeur de la Caspienne dans un espace de cent lieues ou de 5,000 stades, lesquels divisés 700, donnent exactement les huit jours de navigation dont parle Hérodote.

Le père de l'histoire considérait l'Asie comme beaucoup moins grandequel'Europe ; voici, ditil, de quelles parties elle se compose. Les Perses demeurent vers la mer méridionale ou Erythrée. Au-dessus, vers le nord, habitent les Modes, au-dessus d'eux les Sapires, et par de là des Sapires, les Colchidiens, qui touchent à la mer du nord où se jette le Phase. Ces quatre nations s'étendent d'une mer à l'autre. Vers l'occident, où remonte deux péninsules opposées qui aboutissent à la mer. L'une des côtes du nord commence au Phase, suit les contours du Pont-Euxin et de l'Hellespont, jusqu'au cap Sigée dans la Troade. Du côté du sud, cette péninsule commence au golfe Myriandrique, adjacent à la Phénicie jusqu'au promontoire Triopium; elle est habitée par trente nations différentes. L'autre péninsule commence aux Perses et s'étend jusqu'à la mer Erythrée, et le long de la mer elle comprend la Perse, l'Assyrie et l'Arabie, elle aboutit au golfe Arabique où Darius fit conduire un canal qui vient du Nil.

Depuis la Phénécie, la péninsule s'étend le long de cette mer-ci par la Syrie, la Palestine et l'Egypte où elle aboutit. Elle ne renferme que les trois nations nommées plus haut. Voilà comment sont les parties de l'Asie à l'ouest de la Perse. Les pays situés vers le soleil levant au-dessus des Perses, des Mèdes, des Sapires et des Colchidiens, sont bornés au midi par la mer Erythrée et au nord par la mer Caspienne et l'Araxes qui dirige son cours vers l'orient.

L'Asie est habitée jusqu'à l'Inde, au-delà s'étendent des contrées désertes sur lesquelles personnes ne saurait rien dire. »

Plusieurs parties de l'Asie, continue Hérodote, furent reconnues par Darius. Ce prince voulant savoir en quel endroit de la mer se jette l'Indus, qui, après le Nil, est le seul fleuve où l'on trouve des crocodiles, envoya sur des vaisseaux des hommes sûrs et véridiques et entre autres Scyllax de Caryande. Partie de la ville de Caspatyrus, ils descendirent le fleuve jusqu'à l'Océan, de là, naviguant vers l'occi-

dent./ ils arrivèrent enfin le trentième mois Hpuès leur départ au même port où les Phéni-clins s'étaient embarqués autrefois, par ordre

du roi d'Egypte, pour faire le tour de la Lybie.

Ce périple (voyage maritime autour de.) achevé, Darius subjugua les Indiens et fut maître de la mer de l'Inde. C'est ainsi que l'on a reconnu que l'Asie, si l'on en excepte la partie orientale, ressemble en tout à la Lydie. Il ressort clairement de tout ceci qu'Hérodote veut dire que les côtes d'Asie ne s'étendent pas plus au midi que les côtes d'Afrique, du reste on a déjà dû remarquer qu'il considère l'Arabie comme la dernière limite du monde habitable vers le sud. On voit de plus qu'Hérodote connaît la route commerciale entre l'Inde et l'Europe par la mer Caspienne, les marchandises étaient transportées sur le haut Indus et sur l'Oxus et ensuite par les caravanes. Les Ethiopiens d'Asie, ainsi que nous le verrons plus tard en nous occupant des races humaines, se distinguaient de ceux d'Afrique par des cheveux moins crépus. Il est certain aujourd'hui pour nous que les anciens désignaient sous le nom générique d'Ethiopiens tous les peuples d'un teint foncé et qui occupaient les côtes méridionales du monde connu.

L'Afrique, d'après Hérodote, se terminait au nord de J'équateur. Mais l'Egypte seule a été décrite avec le soin de détails que peut seul apporter un témoin occulaire. Du reste, nous savons déjà qu'il avait visité cette contrée et était allé jusqu'aux cataractes. La mesure qu'il donne des côtes de l'Egypte, depuis le lac Serbonis jusqu'au golfe Plinthénètes est juste loisqu'on l'évalue en stades égyptiennes de 1,119 au degré, et concourt à prouver que le Delta ne s'est guère accru depuis trois mille ans.

Hors de l'Egypte, Hérodote, se basant sur les renseignements à lui fourni par les prêtres et les commerçants, ne connaît guère que trois lignes de direction : l'une qui longe le Nil et atteint peut-être les limites de nos dernières découvertes, l'autre qui part du temple d'Ammon pour se perdre dans le grand désert, et la troisième qui suit les côtes de la Méditerranée et qui s'avance jusqu'aux environs de Carthage.

Les récits d'Hérodote, ont, croyons-nous, été jugés avec beaucoup d'exagération par les modernes. En effet, voilà ce qu'il raconte sur les recherches des contemporains sur les sources du Nil ou du moins sur son cours au-dessus de l'Egypte. Le pays, dit-il, au-dessus d'Elephantine est élevé ; en remontant le fleuve, on attache de chaque côté du bateau une corde, comme on en attache aux bœufs, et on le tire de la sorte; si le câble se casse, le bateau est emporté par la force du courant. Ce passage exige quatre jours de navigation. Le Nil y est tortueux comme le Méandre et il y faut naviguer de cette manière pendant i2 schènes (720 stades ou environ 30 lieues marines) ; nous arrivons ensuite à une plaine fort unie où il y a une île formée par les eaux du Nil, elle s'appelle Tachompso ; les Ethiopiens occupent une moitié de cette île et les Egyptiens l'autre. Attenant l'île est un grand lac sur les bords duquel habitent les Ethiopiens nomades. Quand vous l'avez traversé, vous rencontrez le Nil qui s'y jette. De là, en quittant le bateau, vous faites quarante jours de marche le long du fleuve, car, dans tout cet espace, le Nil est plein de gros rocs pointus qui rendent la navigation impraticable. Après avoir fait ce chemin en quarante jours de marche, vous vous embarquez dans un autre bateau où vous naviguez douze jours, puis vous arrivez à une grande ville appelée Méroé. On dit qu'elle est la capitale du sud des Ethiopiens, de cette ville vous atteignez le pays des Automoles en autant de jours de navigation que vous en avez

mis à venir d'Elephantine à la métropole des Ethiopiens. Ces Automoles s'appellent Asmach, c'est-à-dire à la gauche du Roi. Ils descendent de 240,000 Egyptiens, tous gens de guerre, qui passèrent du côté des Ethiopiens sous le règne de Psammétique et abandonnèrent les garnisons où on les avait placés. Les Automoles ou fugitifs étant arrivés en Ethiopie, se donnèrent au roi. Ce prince les en récompensa en leur donnant le pays de quelques Ethiopiens qui étaient ses ennemis et qu'il leur ordonna de chasser. Depuis que les Egyptiens se sont établis dans ce pays, les Ethiopiens se civilisèrent en adoptant les mœurs égyptiennes. — Si l'on compte exactement, continue Hérodote, on trouve qu'il faut précisément quatremois pour aller d'Elephantine au pays des Automoles. Il est certain que le Nil vient de l'ouest, mais on ne peut rien assurer sur ce qu'il est au-delà du pays des Automoles, les chaleurs excessives rendent ce pays désert et inhabité.

Le seul résultat de ce long récit est de prouver qu'Hérodote connaissait le vrai Nilj le Bahr-el-Abiad qui vient du sud-ouest, mais il est impossible d'indiquer la distance au moyen de journées de marche et de navigation indiquées.

La route dans le désert ne donne que peu de renseignements. Cette route, qui partait du temple d'Ammon, située dans une oasis à dix journées de marche à l'ouest de Thèbes, s'étendait « sur un terrain sablonneux, parsemé de collines où, à côté d'un tas de sel, jaillissaient des eaux douces et limpides. » A dix lieues du temple d'Ammon on trouvait Angila, autre oasis, encore fort apprécié par les caravanes de nos jours, à dix jours d'Angila, on arrivait chez les Garumantes, dix jours plus loin on trouvait les Atarantes. Enfin dix autres journées conduisaient les voyageurs au pied du Mont-Atlas, dont la cime est constamment environnée de vapeurs et qui était appelé la colonne du ciel. « Au-delà, ajoute Hérodote, je ne connais plus le nom des nations, seulement, je sais que le désert sablonneux s'étend depuis Thèbes jusqu'aux colonnes d'Hercule, et qu'à dix jours de marche (sans doute du Mont-Atlas) on trouve une mine de sel, et que les habitants bâtissent même leurs demeures en pierres salines. »

La route le long des côtes nous fait connaître une foule de peuplades, parmi elles citons les Adyrmachides, les Nasamons, les Psylles, les villes grecques de Cyrène et Barse, les Maures, les Lotophages, cités par Homère et les. Machlyes. Mais les explorations d'Hérodote semblent s'arrêter sur les bords de la Petite-Syrte ; il ne parle de Carthage que d'après les récits contemporains, et ne paraît connaître que trèsimparfaitement toute cette partie de l'Afrique occidentale.

Nous ne parlerons que pour mémoire du récit du voyage des Phéniciens autour de l'Afrique, trop de controverses se sont élevées à ce sujet, et d'ailleurs, nous nous rangeons à l'avis des savants qui, comme nous, ont pu se convaincre qu'Hérodote n'accordait à l'Afrique qu'une étendue en latitude égale à celle de l'Arabie. Comment admettre dès-lors, qu'il eût accepté les détails d'un voyage durant près de trois années.

Ce qui peut encore faire considérer comme apocryphe le voyage des Phéniciens, c'est que les Carthaginois, si hardis pour tout ce qui touche au commerce et à la navigation, ne profitent pas de l'exemple donné et des connaissances acquises dans ce voyage; au contraire, ils connaissaient la tentative avortée du Persan Sataspes qui, voulant faire le tour de l'Afrique, fut arrêté aux environs des îles Canaries par les herbes flottantes ; de plus, ils faisaient eux-mêmes, presqu'en même temps un essai tout aussi infructueux et dont les con-

temporains du navigateur annon, nous ont même laissé le récit.

Il y est dit qu'après deui jours de traversée au delà des Colonnes-d'Hercule, Hannon descendit à terre et fonda une ville qu'il nomma Thymiaterion ; continuant de naviguer à l'ouest, les navigateurs arrivèrent au promontoire de Libye, nommé Soloé; après une journée et demie de navigation Hannon, fonda les villes suivantes sur les côtes: Caricum-Téchos, Gytte, Acra, Melitta et Arambe. Le reste du voyage ressemble plutôt à un conte fantastique qu'à la relation de faits naturels; pourtant Hannon déclare qu'après quelques jours de traversée, les vivres commençant à manquer, il dut retourner à Carthage sans pouvoir pousser plus loin ses explorations. Le terme de la route parcourue par Hannon a été le sujet de tant de discussions qu'il nous semble impossible de le préciser même approximativement.

Le voyage d'Himilcon, vers le nord, fut plus heureux, après une traversée de quatre mois, cet amiral atteignit Albion ou la Grande-Bretagne.

Il paraît certain que les Carthaginois con- naissaient aussi une partie de l'archipel des Canaries. Diodore parle d'une île considérable et lointaine où les Carthaginois avaient décidé de transporter le siège de leur République en cas

d'un désastre irréparable; et avant Diodore, Aristote avait signalé une île semblable, dont le charme était si grand pour les habitants de Carthage, que le sénat défendit, sous peine de mort, d'y aller davantage.

Pendant ce temps, un Grec, nommé Scylax, rassembla tous les itinéraires des navigateurs de son temps. Son recueil embrasse les côtes du Pont-Euxin, du Palus-Métoïde, de l'Archipel, de l'Adriatique, de toute la Méditerranée et de l'Afrique occidentale jusqu'à l'île de Circée, découverte par Hannon. Pour la première fois parmi les Grecs, il prononce le mot de Rome, et décrit les établissements des Carthaginois en Afrique et en Sicile.

Un demi-siècle plus tard, Eudoxe de Cnide, publia un itinéraire universel dont malheureusement il ne reste que quelques citations. Ce fait est d'autant plus regrettable qu'Eudoxe semble être le premier qui ait tenté d'assujettir la géographie à des observations astronomiques.

Quelques temps avant, Hippocrate de Cos, avait écrit uu traité qui passa à bon droit pour être un des premiers ouvrages de géographie physique. Tous ces livres et bien d'autres sans doute, dont il ne .reste aucune trace, étaient l'œuvre des Grecs d'Asie, chez lesquels le goût des sciences en général et de la géographie en particulier semblait se déveiopper de plus en plus.

C'est à ses connaissances de ce genre que Xénophon dut de pouvoir exécuter la célèbre retraite des dix mille, qui amena encore de précieuses découvertes.

Aristote fut le premier qui montra véritablement de vastes connaissances géographiques.

Il reconnaît la forme sphérique de la Terre ; il pense, quelques siècles avantChristopheColomb que l'Espagne n'est pas très-éloignée de l'Inde.

Les disciples d'Aristote perfectionnèrent encore l'œuvre du maître. Diciarque donne une description de la Grèce, dont il reste quelques fragments et cherche à déterminer les lieux situés sous le parallèle de Rhodes. Enfin Alexandre-le-Grand profitant des leçons de son maître, fit servir ses vastes conquêtes au développement de la science. Le conquérant macédonien menait à sa suite plusieurs géographes parmi lesquels on cite Diagnetus et Beton qui écrivirent des ouvrages sur la marche de l'armée en les déterminant d'après les observations astronomiques. Androstène, Néarque et Onesicritus furent chargés de reconnaître par mer les côtes méridionales de l'Asie, tandis que Callistène.

Aristobule, Ptolémée et Cratérus tenaient notes

des choses remarquables. Tous ces travaux réunis devinrent la source d'une nouvelle géographie d'Asie. Les livres enfouis dans les archives de Babylone et de Tyr, furent tranférés à Alexandrie et les Phéniciens et les Chaldéens confièrent aux Grecs les notions qu'ils avaient jusque là gardées pour eux seuls.

Les généraux d'Alexandre firent peu de conquêtes lointaines, cependant Seleucus Nicanor porta ses armées jusqu'au bord du Gange; mais dans le siècle qui suivit la mort du grand conquérant macédonien, le commerce devait faire faire à la géographie des pas immenses.

Les rois grecs d'Egypte, en fondant sur le golfe arabique les ports de Bérénice et de Myoshormus ouvrirent un commerce direct avec l'Inde occidentale et avec Taprobana (aujourd'hui Ceylan).

Ptolémée Philadelphe envoya dans l'Inde des géographes avec mission de décrire le pays, en même temps Timosthènes publiait une description de tous les ports et un ouvrage sur la me- sure de la Terre. Philostéphanus de Cyrène donnait beaucoup de descriptions particulières et Eratosthène, bibliothécaire d'Alexandrie, sous Ptolémée Evergète, écrivit un système complet de géographie fondé sur des bases mathématiques, et qui, pendant quatre siècles, fut considéré comme le seul ouvrage classique de cette science.

La plupart des ouvrages publiés pendant ces quatre siècles ne nous sont connus que par des citations et des analyses. Enfin vint Strabon qui, résumant tous les ouvrages connus à cette époque, créa tout un nouveau système géographique que nous allons passer en revue.

Exposons, dit Malt-Brun, la géographie historique de Strabon et des auteurs qu'il a extraits ou commentés. Son ouvrage offre sous ce rapport deux unités distinctes, une description très-détaillée de la Grèce et de l'Asie-Mineure, et des aperçus très-rapides sur les autres pays connus. Topographe exact, critique scrupuleux et modeste dans la première partie, Strabon, dans l'autre, n'est que trop souvent un abréviateur infidèle et un juge partial et superficiel. Il doit donc nous servir de guide et non de maître. En analysant la géographie, nous tâcherons de rappeler toutes les découvertes de son siècle, même celles dont il n'a tiré aucun parti.

Nous suivrons, comme nous l'avons fait déjà, le travail de Malt-Brun, qui nous a paru le plus complet sur toutes les notions traitant de la géographie universelle, abrégeant le plus possible ce long travail, toujours utile à consulter, mais souvent aride.

L'Europe de Strabon commence à l'Ibérie ou Espagne. Bien qu'il ait donné aux Pyrénées une direction du nord au sud, il a bien retracé ce pays, décrit d'une façon à peu près complète pour la première fois. Les Turditani habitaient la Bétique, dans laquelle il vit les villes de Gades, Corduba et Hispalis (la Séville moderne). Les Lusitains habitaient entre le Tage et le Douro, plus au nord on trouvait les Gallici et les Cantabres. — De l'Ebre aux sources du Tage, Strabon signale les Celtibériens, qui chassées de la Celtique par les Romains, s'étaient habitués à la civilisation et au commerce, et avaient fondé

sur les côtes de la Méditerranée les villes florissantes de Tarraco et de Carthago-Novo. —

Parmi les îles voisines de l'Ibérie, Strabon connaît les Baléares, les Pithyuses qui sont aujourd'hui Ivisa et Formentera, et les Cassitérides.

Cependant ces dernières sont placées dans un autre passage à la hauteur de la Grande-Bretagne. On s'explique ces erreurs en se rappelant que les anciens faisaient de l'Angleterre une îie triangulaire, dont la pointe inférieure leur paraissait devoir être peu éloignée de l'Espagne septentrionale. Le Carthaginois Himilcon avait

exploré ces parages, et avait découvert l'île des Albions (Angleterre) et celle d'Iliberni (Irlande), que d'autres auteurs appellent les Hespérides ou îles du couchant : on en tirait de l'étain extrait des mines de Cornouailles. La Bretanniké ou Grande-Bretagne est décrite, par Strabon, comme ayant une forme - triangulaire.

L'un des côtés, dit-il, court parallèlement au rivage gaulois, le second suit la côte septentrionale d'Espagne, Le troisième est peu connu. —

A côté de la Grande-Bretagne, mais plus au nord, il place lerne (l'Irlande) qu'il considère comme une contrée stérile et presque inhabitable. — Il y a loin de cette lerne, hantée seulement par les anthropophages, à la verte Erin que nous connaissons aujourd'hui et qui est renommée à si juste titre pour sa fertilité. —

Dans le système de Strabon, lerne est le point le plus septentrional du monde connu à l'ouest ; comme les sources du Borysthène et du Tanais à l'est; la ligne tracée par Strabon pour indiquer le nord de son Europe, étant suivie à la lettre, donnait donc à peu près le 55e parallèle de latitude de nos cartes modernes.

Cependant, contrairement à l'avis de Strabon, un navigateur marseillais , nommé Pythéas, avait pénétré jusque dans la Scandinavie, mais l'emploi de deux stades différents a amené parmi les géographes et les savants tant de discussions, qu'il devient difficile de se faire une idée précise des voyages de Pythéas. Notons, pourtant, les points qui nous restent de ce voyage.

— En sortant des colonnes d'Hercule, Pythéas se rendit au cap Sacré, dont il fixa, dit-on, l'éloignement du détroit à 3,000 stades, ce qui est juste si on prend pour mesure le stade égyptien de H H i/2 au degré. Passons rapidement sur un autre promontoire, appelé Calbium, qui paraît être le cap Finistère d'Espagne, mais dont l'éloignement n'est indiqué par aucune mesure, et sur l'île d'Uxisama dans laquelle quelques observateurs ont cru reconnaître l'île d'Ouessant, mais là encore les preuves matérielles nous font défauqSuivons donc Pythéas dans l'île d'Albion, à laquelle il donne 20,000 stades de longueur, mesure prise en stades de 41141 /2 au degré, et qui correspond à peu près à la longueur réelle, en suivant les sinuosités de la côte occidentale du cap Wrat, en Ecosse, au cap Landsen. — Continuant son voyage plus au nord-est, mais selon lui, au nord, Pythéas rencontra les côtes du Jutland. Il estime sa navigation à 600 stades par jour ou 3,600 stades en tout. Il est vrai que la différence de route fait tomber Pythéas dans une erreur grave, et il place Thule à 48,300 stades de l'Equateur, mais la description de la nature du pays ne peut laisser aucun doute sur la contree découverte par le navigateur. Ses déserts sablonneux, ses collines mouvantes, ses marais couverts d'une

croûte de sable ou le voyageur imprudent est englouti, enfin les brouillards d'une espèce particulière qui infectent cette côte, les nuits réduites à deux ou trois heures par les longs crépuscules, la culture du millet dans le nord et celle du blé dans le miai, l'abondance du miel, l'usage de l'hydromel et jusqu'à la coutume de faire sécher le blé dans les granges, tout vient prouver que Pythias a positivement visité le Jutland, ou tout au moins ses côtes occidentales. Pythéas parle aussi d'une grande île qu'il nomma Basilia, on croit communément qu'il a voulu parler de la Suède méridionale qui a longtemps passé pour une île, sous le nom de Scandia ou Scandinavie, Il est aussi très-difficile de savoir si Pythéas a visité lui-même la côte de l'AmbreJaune, c'est-à-dire la Russie orientale, ou s'il s'est contenté des récits qu'on pu lui faire de ces contrées les Goths de la Scandinavie.

Strabon, tout imbu de son système, et ne voulant pas admettre que son opinion sur les bornes septentrionales extrême de son monde, pût être erronée, dédaigne de discuter le voyage de Pythéas. Nous ne parlerons pas des notions

géographiques de Strabon sur les Gaules, tant que cette partie du travail du célèbre géographe trouvera sa place dans la géographie de la France de nos collaborateurs De La Brugère et Trousset. — Suivons donc Strabon dans les Alpes et les contrées situées entre les branches de cette chaîne de montagnes. — Bien que toute cette partie presque centrale soit agréablement décrite par le géographe, et qu'elle renferme d'intéressants détails sur les Rhétrens et d'autres peuplades, il semble que cette description ait été empruntée à Polybe et que Strabon

n'aurait par lui-même que des notions fort imparfaites, non-seulement sur la conformation géologique de ces montagnes, mais mêmes sur leur situation propre. Il place le commencement des Alpes près de Gênes, d'une façon assez ar-

bitraire, car son modèle, Polybe, bien plus près de la vérité, désignait le mont Ventoux, en Provence, comme un des premiers anneaux de cette chaîne gigantesque de notre vieille Europe. Selon Strabon, les Alpes finissaient au nord de l'Istrie, tandis que plusieurs autres les continuaient jusqu'à la Macédoine et à la Thrace. —Le géographe parle des glaciers et des neiges éternelles, mais sans rien préciser.

Des Alpes, Strabon passe en Italie, mais là encore le doute, du moins discutable, règne dans ses descriptions; il ne sait si on doit attribuera cette contrée la forme d'un triangle ou d'un carré. Cependant les détails historiques sont habilement présentés et l'on voit que Strabon, s'il n'a pas visité ces contrées, s'est procuré des renseignements à peu près certains. On peut suivre le géographe dans la Gaule cisalpine déjà comprise dans le nom générique d'Italie.

On y retrouve les plaines fertiles que nous connaissons aujourd'hui, et l'on apprend que les marais traversés par Annibal ne sont autres que les champs admirables qui entourent Parme et Modène. Itavenne y est représentée comme aujourd'hui Venise, bâtie au milieu des lagunes. — On rencontre les rochers cultivés par les Liguriens; le port de Luna avec ses carrières de marbre, restées célèbres sous le nom de Carrare; les anciennes villes de l'Italie; les régions des Sabius et des Umbriens; le petit canton de Latium et enfin Rome déjà célèbre par ses chemins publics, ses aqueducs et ses travaux d'utilité générale.

Strabon passe ensuite aux plaines de la Campanie, montre le commerce et les flottes de la Méditerranée concentrées à Puteoli. Il parle des anciennes éruptions du Vésuve, au repos depuis plusieurs siècles. Après avoir parcouru Samnium, la Lucanie. leBruntium, l'Opulie et d'autres provinces, il nous fait assister à la grandeur des colonies grecques, parmi lesquelles il cite Lucri, Crotone et Torrente, éclipsees par Brundusium, anéantie à son tour aujourd'hui. De là, il passe en Sicile, en Sardaigne, en Corse et dans la petite île d'Ebe.

Strabon décrit ensuite la Germanie mais avec si peu d'ordre que nous préférons laisser de côté toutes les erreurs qu'il semble publier à dessein, et pour l'unique plaisir de contredire Pythias et ses précurseurs. Cependant la nature des contrées situées entre le Rhin et l'Elbe semble lui être connue. Quelque incomplet que soit l'esquisse du nord et de l'est de l'Europe chez Strabon, il sait qu'à partir de la Germanie et de la Dace jusqu'à la mer Caspienne, il existe une plaine immense, mais les notions exactes d'Hérodote sont dédaigneusement repoussées par Strabon, qui se contente de décrire quelques animaux. Le midi de la Russie semble être plus familier au géographe.

Il donne de nombreux détails sur la Chersonèse Tamique où florissaient la cité libre de Chersonèsus, et le royaume de Bosphore avec la ville de Panticapœum, aujourd'hui Jenikalé.

Strabon remonte ensuite vers le nord-ouest, et décrit toute la partie comprise au sud entre le Danube, l'Helvétie, l'Italie, la Grèce et la Ma-

cédoine. Il donne, d'après les Romains, le nom d'Illyrie à toute cette contrée. Les Boïens étaient la principale nation celtique de ces contrées; les Illyriens habitaient l'Albanie moderne, la Dalmatie et l'Istrie; les Taurisi occupaient les montagnes de Salzbourg, de la Carinthie et delà Styrie; Les Scordiviï habitaient la rive sur la Save-Inférieure. A l'est de l'Illyrie on trouvait une race de brigands habitant au milieu des forêts et des marécages de la chaîne de l'Himus, et désignés sous les noms de Mysi, Dardani et Tribolli Puis venait la Thrace et la Macédoine; mais la description de la Thrace a été complétement perdue, et il ne reste qu'un extrait de celle de la Macédoine.

Strabon décrit ensuite la Grèce en commençant par le Péloponèse, qu'il divise en six provinces : l'Elide, ville principale Olympia; la Messenie, capitale Messène ; la Laconie, contenant trente villes et renfermant les Républiques de Lacédémone et des Eleutero-Lacones, toutes deux vassales de Rome ; l'Arcadie, l'Argolide et entin l'Achaïe. Il décrit ensuite l'Attique, Athènes, la Béotie, le Phocide, la Locride où se trouvait le défilé célèbre des Thermopyles, la Thessalie, l'Aramanie, l'Etolie, et enfin l'Epire, exclue de la Grèce par tous les auteurs et que Strabon place, dans ses descriptions, entre l'lllvrie et la Macédoine.

La description de l'Europe, de Strabon, est terminée par les îles de la Grèce. On y trouve Corcyre, Leucus, Cephallenia, Zacinthos, Creta, les Cielades, rangées autour de Délos, et les Sparadœs semées le long des côtes de l'Europe et de l'Asie, et parmi lesquelles le géographe citeThéra, los, Pholegandros, Cimolas, Siphnos, Céos, Milos, Naxos, surnommée la Petite-Sicile, Paros, Nycanos, et Carpathos. Toutes ces îles sont plutôt indiquées que décrites par Strabon.

Nous allons suivre maintenant Strabon en Asie; il se flatte lui-même de connaître cette partie du monde, grâce aux conquêtes des Macédoniens, et grâce à ses propres recherches.

Cependant, comme la plupart de ses prédécesseurs et de ses contemporains, il n'en avait qu'une idée très-imparfaite, et son récit fourmille d'erreurs. Selon Strabon, comme selon presque tous les anciens, la prétendue chaîne du mont Taurus s'étendait en ligne droite à tra-

vers l'Asie entière. Cette chaîne commençait vis-à-vis de Rhodes et se terminait à Thynœ; elle avait, toujours selon Strabon, 45,000 stades de long. C'était aussi la longueur complète de l'Asie, qui se terminait à peu près où la petite Boukkarie touche au désert de Cobi. Cette division de l'Asie, par la chaîne du Taurus, avait amené les anciens à diviser en deux ce qu'ils connaissaient de cette partie du monde.

Tout ce qui était au nord s'appelait Asie, en deçà du Taurus; tout ce qui était au midi Asie, au delà du Taurus. — Ces deux parties se subdivisaient elles-mêmes. On distinguait dans celle en deçà du Taurus, quatre principales contrées. La première était bornée, à l'occident par le Tanaïs, le Palus-Méotides jusqu'au Bosphore, et au Pont-Euxin jusqu'à la Colchide; au nord, par l'Océan septentrional et la partie de cet Océan qui s'avance jusqu'à l'embouchure de la mer Caspienne; à l'orient, par la mer Caspienne jusqu'à la séparation de l'Albanie et de l'Arménie, à l'endroit où le Cyrus et l'Araxe terminent leur cours; au midi, enfin, par l'isthme qui sépare le Pont-Euxin de la mer Caspienne, suivant une ligne qui traversait l'Albanie et l'Ibérie, depuis l'embouchure du Cyrus jusqu'à la Colchide; on estimait cet intervalle à 3,000 stades. Cette contrée était habitée par des Scythes qui n'avaient pour habitation que leurs chariots. En deçà on trouvait les Sarmates et les Siraces; parmi ces derniers les uns étaient nomades, d'autres vivaient sous les tentes et cultivaient la terre. Ce peu-

pIe fut dt.ruit, sous le règne de Claude, par les Romains, aidés d'une autre nation asiatique nommée les Aorci; cette nation, s'il faut en croire Strabon, pouvait mettre deux cent mille cavaliers sur pieds, e. allait chercher sur des chameaux les riches marchandises de l'Inde et de Babylonne.

Près du Palus-Méotides étaient les Mœtœ, les Sinti, les Aspurgiani, les Achœi, les Hincoti, les Zygi, les Cercetœ, les Macropogones, les Plhirophagi, les Soanes, les Ibères, les Albani et les Legœ. — Les géographes conservent encore la tradition des Amazones, nation uniquement composée de femmes, et qu'ils ont placée successivement dans Asie-Mineure, dans le Pont, sur le fleuve Thermodon, puis dans les vallées inconnues du Caucase, puis sur les bords du Volga, pu's enfin dans la Scandinavie. Procope seul semble nous avoir donné la vérité vraie sur cette armée féminine, en nous assurant que les Amazones étaient une nation belliqueuse qui entreprenait des expéditions lointaines et périlleuses.

Dans une de ces excursions, tous les hommes ayant péri, leurs veuves se frayèrent une route à travers les ennemis et regagnèrent leur pays natal.

La seconde région de l'Asie, en deçà du Taurus, était au-dessus et à l'orient de là mer Caspienne. Elle s'étendait depuis cette mer, jusqu'aux parties de la Scythie qui touchent à l'Inde et à l'Océan oriental; elle renfermait les Scythœ, les Hyrcœni, les Bactri et les Sogdiani.

Bien que partageant les idées de ses contemporains sur la mer Caspienne et le cours des fleuves Oxus et Jaxartes, Strabon a eu des notions curieuses sur les mœurs de ces peuples, et sur les productions des contrées qu'ils habitaient. On retrouve dans le Mazenderon les fleurs, les figuiers et les vignes des collines de l'Hyrcanie. Le Dahistan a conservé le nom des anciens Dahœ. Les Derbices erraient où errent les Turcomans, pasteurs et sauvages comme eux. La Bactriane voyait mûrir tous les fruits de la Grèce, l'olive exceptée. Les indigènes faisaient dévorer par leurs chiens leurs parents devenus vieux, usage qu'on retrouve chez tous les Scythes d'Asie. — Plus au nord et à l'est, Strabon avoue lui-même n'avoir que des notions incertaines; il parle bien de deux nations : les Massagetœ et les Sacœ, mais il ne peut indiquer d'une manière précise le pays où vivent ces races nomades, qu'il considère comme deux grandes tribus Scythiques.

Il place dans la troisième région, les contrées situées sur le plateau que forment les différentes branches de la chaîne du Taurus. Les priucipales divisions étaient la Médie, l'Arménie et la Cappadoce. En venant de la Bactriane par la Parthie on arrive dans la Médie par les Portes Carpiennes. Cette heureuse contrée était sillonnée par des canaux d"irrigation et était d'une fécondité extraordinaire. On y distinguait les villes d'Ecbatana et de Rhagœ ; une portion très-montueuse de la Médie, devenue indépendante du vivant même d'Alexandre-leGrand, prit de son nouveau maître le nom d'Atropatène ou Aberdaïja, qu'elle conserve encore aujourd'hui. A côté, dans le pays des Matieni, on remarquait un lac d'eau très-salée, c'est le lac Ourmiah, des modernes. Un autre lac plus étendu baignait les confins de la Médie et de l'Arménie; il est nommé Asissa par Ptolémée et lac de Van sur nos cartes. Strabon fait observer que les eaux de ce lac sont saumâtres.

Dans les montagnes qui bornent la Médie à l'ouest on distingue les Cyrtiï qui sont probablement les Kurdes d'aujourd'hui. Au nord les tribus peu connues des Tapyri, des Amardi, des Carpii et des Cadusii, habitaient d'autres cantons montagneux.

L'Arménie était peu visitée du temps de Strabon, aussi décrit-il les sources du Tigris bien

moins exactement que le vieil Hérodote. La branche septentrionale de l'Euphrate est bien décrite par le géographe, mais le Murad ou l'Euphrate méridional laisse beaucoup à désirer.

Strabon cite les villes d'Artuxata et de Tigranocuta. En passant l'Euphrate, ou trouve la Cappadoce, plateau entouré des chaînes du Taurus et de l'autre Taurus, et dont les plaines produisent du blé ; il y avait aussi de belles forêts, et sur les bords de l'Euphrate on trouvait la Petite - Arménie ou district de Mitiiône dans laquelle on remarquait des vergers et des vignobles.

Le royame de Pont, sur les côtés de la Cappadoce était bordé à l'ouest par une haute chaîne de montagne riches en fer et en cuivre; il était habité par les Mosynœsi, les Chalybes, les Sauni, toutes peuplades sauvages connues bien avant Strabon sous le nom de Macrocépholi, ou gens, à grosse tête. A l'est de Pont, dans la partie où les montagnes s'abaissaient, les terres produisaient le froment, l'olivier et toutes sortes d'arbres fruitiers. Là l'Iris et l'Halys roulaient leurs ondes. Là encore s'élevaient les villes d'Amasée, patrie de Strabon, de Cabira, de Comana Pontica et d'Amisus.

Le royaume de Pont n'était pas expressément compris dans la quatrième contrée de l'Asie, en deçà du Taurus, dans laquelle cependant Strabon fait entrer tout le reste de l'Asie Mineure y compris la Cicilie.

Jetons un coup d'œil rapide sur toute cette partie de l'Asie Mineure; elle comprenait la Paphlagonie, dont la ville principale était Sinope, la Bethynie, pays agréable et fertile parsemé de belle villes, dont les plus connues étaient Chalcedon, Nicea, Nicomedia et Prusa; la Mysie dans laquelle on trouvait Cysicus avec ses deux ports et ses maisons bâties en marbre tiré des carrières de l'île de Proconnessus (aujourd'hui Marmara), Lampracus et Pergamus, célèbre par sa bibliothèque contenant 200,000 volumes ; la Phrygie, dont la Galatia et la Lycaonia étaient les démembrements, contenaient les villes d'Ancyra, de Synnoda, bâtiesen marbre blanc tacheté de rouge, Apamea, surnommée Cébotos (c'est-à-dire coffre ou magasin) à cause de son importance commerciale, Laodicéa, Cybyra et Catiœum.

Sur les bords de l'Hermus, la partie la plus occidentale de la Phrygie, se nommait Katakekauméné ou région brûlée. La Lycaonie proproment dite, avait pour capitale ïconica. Cette contrée, dont les vastes plaines couvertes d'effloressence salines offrait une nourriture convenable à de nombreux troupeaux de moutons à laine grossière, était sur une très-grande surface privée d'eau potable. On y rencontrait en revanche de nombreux lacs salés, dont les plus connus étaient le Talta, le Coralis et l'Arcania.

L'Eolide s'étendait sur les bords de la mer Egée et ne possédait guère qu'une ville méritant ce nom, c'était Kime. Plus au midi se trouvait l'Ionie qui bordait toute la Lydie et une partie de la Carie. C'est dans cette bienheureuse contrée que les Grecs avaient ouvert un asile à tous les arts et à toutes les sciences et où Ephèse et Smyrne tenaient le premier rang.

La Doride était située sur les côtes de la Carie.

Halicarnasse, patrie de Hérodote, de Denys l'historien, d'Héraclide le poète et de Callimaque, tenait le premier rang parmi les villes des Doriens ; elle renfermait le célèbre mausolée construit par Artémise. Après Halicarnasse venait Cindus où se trouvait la Vénus de Praxitèle. Le long des côtes de l'Eolie, de l'Ionie et de la Doride se trouvaient les îles demeurées célèbres, Lesbos ou Mytilène, Chios, Samos, Cos, et enfin Rhodes, l'épouse du soleil, selon la poétique expression de Pindare.

En quittant les îles, Strabon décrit longuement la constitution des républiques fédérées

de la Lycie, dont la principale ville était Patura. Puis, après avoir parcouru la Pamphylie, il passa le mont Taurus pour décrire la Cilicie, divisée en deux fractions, l'une surnommée Trucheïa, l'autre nommée Cilicie propre. Le géographe parcourut les montagnes couvertes de cèdres et de sapins, parmi lesquelles se trouvait l'Amanus qui renfermait le défilé connu sous le nom de Porte de Syrie et il dépeint la vallée riante où s'élevait Tarsus. Puis il passa dans l'île de Cyprus ou Chypre, qu'il esquissa beaucoup trop rapidement, car, à cette époque, Chypre devait nourrir plus d'un million d'habitants, puisque sous le règne de Trajan les Juifs révoltés y massacrèrent deux cent quarante mille individus.

Les quinzième et seizième livres de la géographie de Strabon sont consacrés à l'Asie au delà du mont Taurus. En commençant par l'Orient, il signale d'abord les Indiens qui passaient pour la nation la plus nombreuse et la plus puissante de l'Asie. Suivant Strabon et Erathostliène, le pays habité par les Indiens avait pour confins l'Océan oriental et l'Océan indien. A l'occident s'étendait une vaste contrée habitée par des peuplades à peu près barbares, c'était l'Ariane, qui se prolongeait depuis le mont Paropasimus jusqu'à la Gedrosia et la Carmania, venait ensuite les Perses, les Susiens, les Babyloniens, quelques autres petits peuples; la Mésopotamie, la Syrie, les Arabes et les Egyptiens jusqu'au Nil.

Strabon n'a rien ajouté aux connaissances qu'Eratosthène avait eues sur les contrées orientales de l'Asie. Du propre aveu du géographe, il résulte que suivant les erreurs de ses prédécesseurs, qui ont toujours pris la côte occidentale de l'Asie pour la côte méridionale, il dépeint pour l'ouest les contrées de l'Hyphasis et de l'Indus, conquis par Alexandre et décrites par Onésicrite et Aristobule. Il avait aussi, d'après Mégasthène, quelqu'idée du pays sur le Gange et de la ville de Palibothra, mais bien qu'il cite Néarque, il ne paraît pas avoir tiré tout le parti désirable des récits de cet amiral.

Le Gange, d'après Méthastène, reçoit dix-neuf grandes rivières, parmi lesquelles se distinguent le Jomanes, le Sanus, l'Eraunoboas, le Condochates, le Cainas, l'Agaranis, l'Amystés et d'autres à l'égard desquels il règne une grande diversité d'opinions. Une plus grande incertitude s'élève encore lorsqu'il s'agit de retrouver le grand fleuve qui devait couler aux extrémités de l'Indus et que les anciens nomment Dyardanes ou Oidanes. Les mêmes hésitations se rencontrent au sujet des rivières qui se jettent dans l'Indus, soit à l'est, soit à l'ouest. La plus grande hésitation règne encore aujourd'hui pour reconnaître dans les écrivains grecs les peuplades qu'ils ont voulu décrire; il est certain que ces auteurs parlent des mêmes pays et des mêmes peuples, mais les noms souvent mal entendus par eux créent des confusions qu'il serait difficile de faire cesser. Ainsi Strabon en parlant d'un royaume de Porus qui envoya des ambassadeurs à Auguste, semble confondre un nom ue peuple avec un nom d'homme.

Il faut donc se borner aux hypothèses admises par certains géographes modernes et reconnaître avec eux les Caspirœï, dans les habitants de la vallée de Cachemyre ; la région Penkélaotis dans le canton de Pekheli; la puissante nation de Malli dans le Moultar, et tb Pattalène dans le Delta de l'Indus. Il sembre encore plus évident que les grands royaumes des Prasïi et des Gangaridts, sont indiqués dans les livres sanscrits sous les noms de Pragi ou d'empire d'Orient et de Gangaradessa ou royaume du Gange.

La péninsule méridionale de l'Inde en deca du Gange est à peu près inconnue à Strabon, il en est de même de Taprobane ou Ceylan, dont il ne donne que des notions très-imparfaites; èdu reste, Erathosthène n'avait décrit

cette île que d'après les indications recueillies à Palibothra par Mégasthène, il la placait au midi de l'Inde, à 20 journée d'une très-lente navigation des caps Coléaques, il lui donnait 5,000 stades de largeur sur 7 ou 8,000 de longueur. Selon Strabon, l'île de Taprobane se projetait d'orient en occident vers l'Ethiopie et parallèlement à la côte de l'Inde.

On voit que c'est toujours la même erreurqui se produit par suite de l'ignorance de la forme du continent chez les anciens. Les notions historiques sur les institutions et les usages de l'Inde étaient bien plus avancées que la géographie proprement dite. La division par castes avait frappé les anciens ; mais en pienant des subdivisions pour des classes principales, ils en comptèrent sept au lieu de quatre. Dans celle des sophistes, ils confondaient les brahmines avec les faquirs. Les Germanes ou Sarmanes paraissent être les prêtres de la religion de Bouddha. La caste des guerriers, comprenant les Tchétris, les Ksatris et les Radjahs, forme la seconde classe et correspond aux cinquième, sixième et septième classes de Mégasthène. La caste des négociants, représentant la deuxième, troisième et quatrième de Mégasthène, comprenait les cultivateurs ou fermiers, les pasteurs, les chasseurs et les marchands. La quatrième caste contient les artisans et ouvriers de toute sorte.

La flotte d'Alexandre, sous les ordres de Néarque, navigua contre les moussons ou vents périodiques de l'ouest, le long de la côte des Arabitœ, pendant 1,000 stades, celle des Oritae pendant 1,800 stades, et ensuite le pays des lchtyophages pendant 7,400 stades. Cette contrée appartient à la Gédrosia. L'Arca, la Drangrasia et l'Arachosia formaient le grand pays nommé Ariane par les Grecs, et qui correspond à la Perse orientale de nos jours. LaCarmanie, quelquefois comprise dans l'Ariane, formait une contrée à part, où l'on remarquait le canton et la ville d'Armozia.

A la suite, on trouve la Perside, dont les côtes sont toujours chauffées par les vents du Midi, et dont les montagnes sont couvertes de neiges éternelles. Au milieu de ces deux zones si contraires s'étendent de riantes vallées toutes ombragées de cyprès. Au milieu de cet oasis s'élevait Persépolis, qui était bâtie au pied d'un château dont les ruines imposantes sont encore nommées Tchel-Minar ou les quarante colonnes. C'est ce château qui fut détruit par Alexandre, qui, dans un moment d'ivresse folle, y porta lui-même la torche incendiaire.

Dans la Perside, on remarquait aussi Pasargadae, l'ancienne capitale, qui s'enorgueillissait du tombeau de Cyrus, dans lequel Aristobule trouva un lit d'or et un cercueil du même métal, une table garnie de vases à boire, divers habillements et des bijoux précieux.

La Suside ou Susiane est souvent regardée comme une des provinces de la Perse ; mais c'est à tort, car elle en est séparée par de hautes montagnes. Ses deux rivières, l'Euloeus et le Pasitigris, confondent leurs embouchures avec celle du Tigris. Les maisons de Suze étaient construites en briques cimentées par du bitume.

Selon Strabon, les Susii étaient les mêmes que les Kissii, et appartenaient à la grande famille des peuples Araméens et Syriens. Près de la côte se trouvait une autre peuplade nommée les Elymœi par les Grecs et les Elam par les Hébreux. Une autre tribu, les Casséi ou les Kussœi, a laissé à la Suside le nom de Khosistan.

L'Assyrie, la Mésopotamie et la Babylonie semblent trois contrées unies par la même langue et habitées par les Araméens ; mais il est bien difficile de concilier entre eux Hérodote, Ctésias et les écrivains hébreux. Arrêtonsnous donc aux notions laissées par Strabon et les autres géographes postérieurs aux conquêtes

0. GEOGRAPHIE UNIVERSELLE ;.

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.,_.-- '- 1 j i d'Alcxunàre Le nom d'Assyrie semble aloii*, sous les Perses, cédé la place à cemi dp Baby-, lonie, qui d'abord ne s'appliquait qu'^f^a^mec qui avait Babvlone pour capitale. Stlaè-

ploie indifféremmentrun et l'autre de ces noriis

Sous la domination des Parthes, cette contrée reprit le nom d'Assyrie, et la contrée située entre le Tigre et l'Euphrate reçut le nom de Mésopotamie, nom inconnu à Xéllophon, qui comprenait les vallées septentrionales sous le nom de Syria, et les déserts de la partie méridionale sous celui d'Arabia, divisions adoptées aussi par les Hébreux. Tous les anciens s'accordent au sujet de la fécondité extraordinaire de la Babylonie, arrosée par d'innombrables canaux aujourd'hui en partie comblés ou détruits. D'autres canaux, parmi lesquels le fleuve Royal, servaient à la navigation intérieure.

Mais le défaut de bois réduisait cette navigation à des bateaux dont une partie était en osier couvert de cuir et de bitume. Du temps de Strabon, la grandeur de Babylone était éclipsée par le voisinage deSelencie, ville nouvellement bâtie sur le fleuve Royal, non loin duTigris, et qui compta bientôt 600,000 habitants, tandis que Babylone devenait de plus en plus déserte.

Des murs de Sémiramis, du temple 'de Belus, de ces jardins suspendus, dont les anciens avaient fait une des sept merveilles du monde, il ne reste plus aujourd'hui qu'un amas informe de briques. Hérodote, d'après les habitants euxmêmes, estimait la circonférence de cette ville à 480 stades. Cette enceinte, représentant 56 à 60 kilomètres de France, n'a rien d'incroyable pour une ville d'Asie. A quelque distance de de l'Euphrate, on trouve Bambyce, appelée Edessa et Hierapolis ou ville sacrée. Sur la gauche du fleuve, une route conduisait à travers le désert jusqu'à Scenœ, vers les limites de la Babylonie proprement dite et de la Méso- potamie. Au midi de Babylone s'étendait la

ëhaldée, aujourd'hui déserte, mais alors couverte de villes importantes.

A l'ouest de l'Euphrate s'élevaient les montagnes de la haute Syrie. Là coule l'Oronte, dont les eaux fécondent les campagnes voisines, là brillent les cités fondées ou restaurées par les Séleucides, et dont les proconsuls romains ne

pouvaient épuiser les richesses. Antioche devenait le rendez-vous des voyageurs du monde entier. Sur la côte, Laodicée étendait son port et ses vignobles. Près de l'Orontt? s'élevaient Emesa, Apamia, dont le canton pouvait, disaiton, nourrir une armée entière, et Epiphania.

Yers l'Euphrate, on remarquait Palmyra ou Tadmor, Berœa et Hierapolis.

Dans la @ partie méridionale de la Syrie, le Liban et failli-Liban montraient fièrement leur couronne de cèdres et ombrageaient la CœleSyrie ou Syrie creuse, dans laquelle s'élevaient Damas et Heliopolis. Le nom de Phénicie était toujours donné à une côte assez étendue sur laquelle on trouvait Tyr, Sidon et Ptolémais.

Les Iturœi avaient leurs petites seigneuries dans toute l'étendue du Liban, de l'anti-Liban et des montagnes voisines. Le nouveau royaume des Juifs se composait de la Galilée, avec Tiberias.

La Samarie, où la naissante Césarée luttait avec Ptolémais, où Samaria, rebâtie parHérode, prenait le nom de Sebaste. La Judée, avec la populeuse Jérusalem, et, au delà de la vallée qu'arrose le Jourdain, la Perée, la Décapolis ou pays aux dix villes, les cantons de Gaulonitis, Truchonitis, Batanea et Auranitis.

Toute la Syrie, avec la Palestine et la Phénicie, n'était aux yeux d'Hérodote qu'une côte de l'Arabie. En effet, les tribus arabes se sont de tout temps répandues dans les contrées voisines. Heiodote n'en parle que d'une manière générale. Strabon ajoute que les autres méridionaux étaient, comme les Indiens et les Egyptiens, divisés en castes, au nombre de cinq : les guerriers, les cultivateurs, les artisans, les savants et les marchands.

fabon ne distingue que deux grandes divisions dans l'Arabie. La partie déserte au nord entre la Syrie, l'Euphrate et la Palestine, et au -midi de ces Dlaines abandonnées aux Scenitœ

ou habitants des tentes, l'Arabie heureuse, qui.

dans l'idée des auteurs, comprenait la majeure partie de la péninsule. Mais Strabon connaît peu ce pays et ne donne que des indications bien incomplètes. D'après Eratosthène, il décrit le pays de Maime, la ville de Gerrha, bâtie en sel gemme, et dont les habitants, Chaldéens d'origine, faisaient un grand commerce avec l'Inde. Bien que le voyage de Néarque prouve que les Grecs connaissaient les Macœ, habitants de l'Oman, Strabon ne pouvait savoir de l'Arabie méridionale que ce qu'en avait dit précédemment Eratosthène, Agathaschide et Artémidore. Il cite, à la suite de ces auteurs, les quatre peuples principaux qui habitent le sud-ouest de l'Arabie : les Chatramatitœ, les Castabanes, qui demeuraient au nord des précédents ; les Sabéens, qui habitaient la partie occidentale de l'Yemen, et dont la capitale, Saba, était désignée sous le titre de Marioba (résidence royale), nom commun à toutes les capitales de l'Arabie; enfin les Minœi, qui s'etendaient jusqu'aux environs de la Mecque, et dont la capitale était Carna. Au nord des Minœi demeuraient les nombreuses tribus connues des Hébreux sous les noms d'Edorn, d'Amalec, de Moab et autres, toutes réunies sous la domination des Nabaioths. Ces contrées jouissaient d'une grande liberté politique. Le commerce et l'agriculture étaient très-florissants.

L'Afrique est, de toutes les parties du monde, celle où les anciens ont fait le moins de découvertes. Hérodote avait recueilli à Memphis et à Cyrène quelques renseignements précieux, mais il ne put se procurer que quelques fragments des connaissances des Carthaginois, et il est bien certain qu'il n'a eu que des notions fort incomplètes sur les sources du Nil, le mont Atlas et le Niger. — De son côté Eratosthène avait recueilli à Alexandrie des renseignements très-exacts sur les sinuosités que présente le cour du Nil dans la Nubie; il distingue beaucoup plus clairement que ne l'a fait Hérodote le vrai Nil venant de l'ouest, notre Bahr-elAbiad, l'Astapus, qui est le Nil d'Abyssinie, le Bahr-el-Azrac ou l'Abava et l'Astabarus, qui est notre Tacazzé. Mais l'intérieur de l'Afrique était presque inconnu de Strabon. La côte de la Méditerranée et les environs du Nil étaient seuls fréquentés par les Grecs, l'opinion générale était alors que l'Afrique avait la forme d'un trapèze ou plutôt même d'un triangle rectangle dont le Nil formait le côté perpendiculaire qui se prolongeait jusqu'à l'Ethiopie et l'Océan et dont l'hypoténuse était la côte comprise entre l'Ethiopie et le détroit, le sommet de ce triangle s'étendait au-delà des limites de la terre habitable, aussi Strabon avoue-t-il qu'il ne peut assigner de largeur précise à cette portion de l'Afrique. Ce géographe ne connaissait guère plus les côtes occidentales, puisqu'il dit qu'après avoir franchi les colonnes d'Hercule, on trouve une montagne que les Grecs nomment Atlas et les Barbares Dyris, que de là, en s'avançant vers l'ouest, on voit le cap Cates et ensuite vis-à-vis de Gades, à 800 stades de distancera ville de Tinger; que de ces deux villes au détroit il y a encore 800 stades; qu'au sud de Tinga on remonte le golfe Emporicus et que toute la côte après ce golfe est creuse, et que si on en excepte les sinuosités, il faut s'imaginer qu'elle va directement, entre le midi et l'est, rejoindre le sommet du triangle décrit plus haut. A l'égard des côtes orientales, Strabon cite un périple d'Artémidore qui conduit du détroit de Dirœ ou de Bab-el-Mandel à la Corne du Midi, qui répond, d'après les calculs de Ptolémée et de Marius, de Tyr au cap Baudellans au midi du cap

Guardafui. 11 était donc évident alors que les côtes orientales et occidentales de l'Afrique se rejoignaient au midi à 8,800 de l'équateur ou en langage moderne à la latitude de 12 degrés i/2. C'est là que Strabon place les Ethiopis jEtherié à l'ouest et la région Cionamomit'ère à l'est. C'est là enfin que, suivant l'opinion des anciens géographes, devaient se joindre l'Océan atlantique et l'Océan indien. L'Afrique, d'après les idées adoptées, était donc plus petite que l'Europe ; plus tard, Hipparque joignit l'Afrique orientale à l'Inde, mais dans l'ouest de l'Europe, l'opinion contraire prévalut et contribua à la découverte de la route du cap de Bonne-Espérance. La chaleur insupportable qui régnait dans la zone torride devait faire supposer aux navigateurs que ces contrées étaient, sinon inaccessibles, du moins inhabitables. Cependant quelques savants, et entre autres Posidonius, de Rhodes, cherchaient à prouver qu'un voyage était possible autour de l'Afrique, ce dernier géographe a laissé un récit traduit par Strabon d'un périple accompli dans ce sens par Eudoxe, de Cyzique. Nous esquisons textuellement dans Malte-Brun, le récit de ce voyage : « Un certain Eudoxe, député de la ville de Cizique pour porter l'offrande solennelle aux jeux corinthiens, vint en Egypte, sous le règne d'Evergète second, et eut des conférences avec ce prince et ses ministres, principalement sur la navigation du Nil dans ses régions supé rieures. Cet homme était enthousiaste des re cherches topographiques et ne manquait pas d'érudition.

« Dans le même temps, le hasard voulut qu'un Indien fût amené au roi par les gardes-côtes du golfe arabique; ils l'avaient trouvé, disaientils, seul et à demi-mort dans un navire ; ils n'avaient pu savoir ni qui il était, ni d'où il venait, parce qu'ils n'entendaient point son langage. On le mit entre les mains de gens qui lui apprirent un peu le grec. Quand il le sut, il raconta comment, après avoir mis à la voile dans le golfe de l'Inde, il s'était égaré et avait abordé dans le lieu où on l'avait trouvé, après avoir vu mourir de faim tous ses compagnons.

Il promit que si on voulait le renvoyer, il montrerait le chemin des Indes aux pilotes que le roi voudrait charger de cette commission.

«Eudoxe futde ce nombre. Il partit avec différents objets destinés à faire des présents, et rapporta en échange des aromates et des pierres précieuses, les unes entraînées par les fleuves parmi les cailloux, les autres tirées du sein de la terre, où elles sont formées par la concrétion de l'eau, comme les cristaux se font chez nous, mais il fut privé des avantages qu'il avait espérés, attendu que le roi s'appropria tout ce qu'il avait apporté.

« Après la mort d'Evergète, Cléopâtre, sa veuve, prit les rênes du gouvernement, et fit repartir Eudoxe avec plus de marchandises que la première fois. Dans son retour, les vents le portèrent sur la côte de l'Ethiopie, il aborda en quelques endroits et se concilia les habitants, en leur donnant du froment, du vin et des figues sèches, denrées qu'ils ne connaissaient point, il reçut en échange des secours et des guides; nota quelques mots de leur langue et trouva un morceau de bois sur lequel était sculptée la figure d'un cheval. Ayant su que ce navire avait appartenu à des gens venus de l'occident, il l'emporta et reprit sa route. Arrivé en Egypte, il ne trouva plus Cléopâtre sur le trône, le fils de cette reine y était monté, et il fut dépouillé une seconde fois de tout ce qu'il apportait, parce qu'on le soupçonnait d'avoir détourné plusieurs objets à son profit. Quant aux débris du navire qu'il avait embarqué, il les exposa dans le marché à l'examen des pilotes, qui les reconnurent pour avoir fait pilotes, d'un vaisseau de Gades. Les principaux partie

commerçants de cette ville ont de gros vaisseaux, mais les moins riches en ont de petits qu'ils appellent chevaux, parce que la figure d'un cheval est représentée sur leur proue. Ils s'en servent pour aller pêcher sur les côtes de la Mauritanie jusqu'au fleuve Lixus. Quelques pilotes reconnurent même ces débris pour avoir appartenu à un certain bâtiment, qui, avec plusieurs autres, avait tenté de s'avancer plus loin que le Lixus, sans qu'aucun d'eux eût jamais reparu.

« D'après ces rapports, Eudoxe ayant conclu qu'il était possible de faire par mer le tour de l'Afrique, retourna chez lui et se remit en mer, avec tout ce qu'il possédait, à Dicearchia, près Naples, et ensuite à Marseille, et, parcourant ainsi toute la côte, jusqu'à Gades; partout il annonçait hautement son projet et rassemblait des fonds, au moyen desquels il arma un grand navire et deux barcasses semblables aux bâtiments légers des pirates. Il y embarqua de jeunes esclaves musiciens, médecins, ou instruits dans quelque autre art, et fit voile pour l'Inde, poussé par des zéphirs qui soufflaient sans interruption. Mais son équipage était fatigué; il fut forcé d'aborder où le vent le portait, quoiqu'il redoutât l'effet du flux et du reflux. Il éprouva le désastre qu'il avait prévu : le grand navire toucha, mais doucement, de sorte qu'il ne fut pas subitement brisé. On put sauver les marchandises, et même la plus grande partie du bois du vaisseau, dont on construisit une troisième barque, grande comme un bâtiment à cinq rames. Eudoxe reprit sa route, jusqu'à ce qu'enfin il rencontra des peuples qui parlaient la même langue que celle dont il avait noté quelques mots par écrit, et il en inféra que ces peuples étaient de la même nation que les Ethiopiens, chez lesquels il avait abordé autrefois, et semblables à ceux qu'il avait vus dans le royaume de Bogus.

« Il renonça, pour cette fois, à son voyage aux Indes, et, en revenant sur ses pas, il aperçut une île déserte, abondante en eau et en bois; il en marqua la position. Arrivé heureusement en Mauritanie, il vendit son navire et se rendit par terre auprès de Bogus, auquel il donna le conseil d'envoyer une flotte vers les lieux d'où il venait. Mais le conseil de ce prince s'y opposa, dans la crainte que, montrant ainsi le chemin aux étrangers, on n'ouvrît le pays à leurs incursions. Eudoxe ayant ensuite appris que, sous prétexte de le charger de l'exécution de son projet, on devait l'abandonner dans quelque île déserte, se sauva sur les terres de la domination romaine, et de là en Ibérie. Il arma de nouveau un bâtiment à plate quille, et un autre long et à cinquante rames ; l'un propre à reconnaître les côtes, l'autre à tenir le large. Il embarqua des outils de labourage, des graines, des ouvriers pour bâtir des maisons, et recommença son voyage, résolu, si la navigation se prolongeait trop, d'hiverner dans l'île qu'il avait découverte précédemment; d'y semer, d'y faire la moisson, et d'achever ensuite l'entreprise. Voilà, dit Posidonius, ce que j'ai appris des aventures d'Eudoxe. Sans doute les habitants de Gades et de l'Ibérie savent ce qu'il en a été depuis. »

Malgré ce récit, dont il est très-possible d'admettre l'entière véracité, l'étendue de l'Afrique vers le midi restait donc inconnue à Strabon et à ses contemporains. Du reste, notre géographe ne fut pas beaucoup plus heureux en Egypte, et les notions qu'il nous a léguées sont pleines d'erreurs, qui prennent leur source dans le voyage même entrepris par Strabon dans ces contrées célébrées par Homère et par Hérodote.

Strabon. après avoir visité le Delta et le nome Arsinoites jusqu'au lac Moeris, s'embarqua sur un canal parallèle au Nil, et qu'il prit pour le Nil lui-même, grave source d'erreurs pour un géographe. Ce canal le conduisit par Oxyrhyucus à Philace Thébaïca. Là, il crut rencontrer un canal qui menait à Tunis. Mais, depuis Mem-

phis, il avait quitté le Nil véritable, que sa rapidité rendait moins facile pour la navigation vers la haute Egypte. Avec un peu d'attention, il eût été facile au géographe de s'apercevoir de son erreur, car il ne devait pas ignorer le grand nombre de villes qu'il eût dû rencontrer sur les rives du fleuve véritable. Il ne rentra dans le lit du Nil qu'à Panopolis, ce qui ne l'empêcha pas de citer les villes qu'il avait rencontrées comme si elles avaient été situées sur le Nil même, quoiqu'elles en fussent éloignées. On peut cependant faire, entre les relations d'Hérodote et de Strabon, des rapprochements utiles au sujet des sept embouchures du Nil, qui paraissent avoir changé pendant les siècles qui séparent les deux voyageuts.

Strabon s'accorde avec Diodore en affirmant que l'Egypte, sous Sésostris, était divisée en trente-six nomes ou départements; mais, d'après l'usage habituel, on distinguait l'Egypte en haute et basse; la première comprenait l'IIeptanomide et la Thebaide; la s.econde, le Delta et les pays situés à l'est et à l'ouest du Delta.

Dans le Delta oriental, on trouvait les villes de Pelusium, appelé la clé de l'Egypte, de Bubastus, de Mendes et de Thaméathis. Du Nil à la mer Rouge, espace que les anciens confondaient dans l'Arabie, Strabon cite Phacussa, Arsinoé, Heroopolis et Phariogropolis. Près de la pointe du Delta se trouvait Héliopolis, bâtie sur sur un tertre élevé. Cette ville, qui fut la patrie de Moise, et qu'habitèrent pendant plusieurs années Platon et Eudoxe, n'offrait plus, au temps de Strabon, que des débris échappés à la fureur de Cambyse.

Le Delta occidental renfermait les villes de Bensizis, Sais, Naucratis, et enfin, au delà du bras Canopique, où, selon quelques auteurs, commençait la Libye, Canopus, bâtie sur les bords du Nil, et qui semblait avoir hérité du commerce et des mœurs licencieuses de Naucratis, Plus loin s'élevait sur les bords de la mer la splendide Alexandrie, la capitale du monde commercial, et le foyer principal des connaissances géographiques de l'ancien monde. Sa bibliothèque, formée par les Ptolémée, avait été anéantie en grande partie par un incendie. Les trésors de Pergamus avaient comblé le vide, mais devait bientôt subir le même sort. Dans son pourtour, estimé à 16 kilomètres, cette cité magnifique contenait 300,000 habitants libres et un nombre d'esclaves à peu près égal. Son phare célèbre guidait dans le port des milliers de vaisseaux marchands, tandis que des milliers d'autres barques de plaisance promenaient sur le canal Canopus tout un monde d'oisifs corrompus, de femmes galantes et de musiciens.

Dans l'Heptanomide, la première ville que l'on rencontrait était Memphis, l'antique capital. Une autre ville, Arsinoé, était célèbre par le labyrinthe silué dans son nome, et par le culte qu'on y rendait aux crocodilles, ce qui l'avait fait nommer précédemment Crocodilopolis.

Les oasis ou îles de verdure, semées dans la mer de sable de la Libye, appartenaient à l'Heptanomide. Dans le haut de cette province, on retrouve les ruines d'Hermopolis-la-Grande.

Dans la Théabidi, Strabon cite Panopolis, la plus grande ville après Memphis; Lycopolis où l'on rendait un culte symbolique au loup; Abydos, célèbre par le Memnonium, palais bâti par Mernnon; Teutyro, Ombos, Captos et Bérénice, dont le port recevait toutes les marchandises importées de l'Inde, de l'Arabie et de l'Ethiopie. — Myos-Hormos était un port d'où sortait chaque année 120 voiles, et enfin la pétite Apoilonopolis. Strabon visita ensuite Thèbes aux cent portes et aux cent tours, que Cambyse avait transformée en ruines si immenses qu'elles couvrent un espace de 400 à 420 stades égyptiens de circonférence.

Strabon dit avoir vu, à Syène, le f;r,;<eux puits qui, au moment du solstice d'été, devait être tout éclairé en dedans par les rayons du soleil, mais il ne poussa guère qu'à 100 stades de Syène. Les généraux de Gallus avancèrent jusqu'à Napata où résidait la reine des Ethiopiens, que Strabon appelle Caudace. La capitale ordinaire était Méroé, située à 873 mille romains de Syène, dans la grande contrée presque insulaire qu'embrassent les eaux du Nil, de l'As.

laborus et de l'Astapus. Le silence de Strabon et d'Eratoslhène à l'égard des sources du Nil, prouve surabondamment l'ignorance des anciens à ce sujet.

A la ville de Bérénice commençait la Troglodytique qui renfermait, parmi quelques établissements des Grecs-Egyptiens, unePtolémais, surnommée Epi-Théras, c'est-à-dire aux Eléphants. Dans une des nombreuses îles du golfe, on exploitait une mine de topazes. Le nom générique de Troglodytes, ou habitants des cavernes, était donné à une foule de tribus, désignées par les Grecs sous le nom de Strontophages, d'EIéphantophages, d'Echthyophages, de Rhézophages, etc., etc.; appellations qui s'expliquent assez d'elles-mêmes pour qu'il ne soit pas nécessaire d'y insister davantage. Sur le détroit, les anciens placent la Sabée et la ville de Saba ou Assab, et Pline place à peu près au même endroit la nation des Adulites.

La côte, décrite par Artimidore, se termine à un promontoire peu éloigné du cap Gardafui et que les anciens nommaient Corne-du-Midi.

comme le nom se retrouve dans le voyage d'Hannon où il désigne un fleuve ou un bras de mer, les géographes qui réunissaient dans une direction imaginaire l'est et l'ouest de l'Afrique, durent nécessairement, d'après les systèmes, prendre pour la même chose le fleuve d'Haunon et la Corne d'Artimidore, bien qu'un espace immense les séparât. A cette première erreur vint bientôt s'ajouter celle de la fameuse île de Cerne, que chacun plaçât à la convenance de ses erreurs, tantôt à l'orient et tantôt à l'occident du continent africain.

L'Afrique occidentale est à peine connue de notre geographe jusqu'aux bords du Niger; il affirme que l'Afrique se termine par des déserts, soit en suivant les côtes, soit en avançant dans 1 intérieur, et que les Romains sont maîtres de presque toutes les parties habitées ou seulement habitables. Les Grecs ne connaissaient donc rien au delà du désert de Sahara. Du reste, les régions décrites par Strabon se bornent à la Mauritanie, qu'il esquisse d'une façon assez vague, y compris la ville de Lixus, là dernière de l'empire romain au sud-ouest. Il parle un peu plus longuement de la région fertile du Massœsili, dont les historiens appellent les habitants Numides ou Nomades, et dont les capitales étaient loi, surnommée Cœsaria et Cirtu. Il décrit avec plus de soin les plaines de l'Afrique proprement dite, un des greniers de Rome et dont Cartilage, rétablie en qualité de colonie romaine, était la principale ville.

On s'explique peu le silence gardé par Strabon sur l'empire carthaginois; ce terrible réveil de Rome qui, un moment, contrebalança la puissance de son redoutable adversaire, et qui vint jusqu'aux portes de la reine du monde apporter le carnage, la destruction et l'effroi.

Nous chercherons donc dans d'autres récits les traces de cette grande nation, que son activité et son commerce avaient, un moment, placée à la tête des nations contemporaines.

Les fertiles contrées qui s'étendent depuis le cap Blanc jusque vers le lac Triton, au sud de la petite Syrte, formaient le noyau de l'empire de Cartilage ; c'est là que les colons de la Phénicie, mêlés aux indigènes, formaient la nation des Liby-Phéniciens. Deux provinces y étaient distinguées : au nord, la Zeugitane avec Carthage et ses villes alliées, Utica et Hippoza-

ritos; au sud, Byzacium, dont les côtes portaient le nom d'Emporia, c'est-à-dire la Porte-Marchande. — Parmi les villes dont ces riches contrées étaient parsemées, les unes étaient des colonies carthaginoises, les autres des colonies phéniciennes qui toutes vivaient tranquilles et confiantes sous le gouvernement sage et éclairé de sa métropole. Hors de ce territoire, Mélite ou Malte servait d'avant-garde à Carthage, peuplée de 700,000 habitants, mais qui ne possédait en Afrique qu'une lisière le long de la mer. La région Syrtique, dans l'intérieur n'était habitée que par des nomades. Les villes surnommées Metagonites étaient des places de commerce, semées le long des côtes de la Numidie, dont l'intérieur ne fut jamais soumis aux Carthaginois.

Enfin, au delà du détroit se trouvaient les villes maritimes fondées par Hamon, qui s'étendaient au sud jusqu'aux limites du monde connu. Telle était la base d'une puissance qui domina la Sicile, la Sardaigne et l'Espagne, et fallit détruire l'empire romain.

La Cyrénaïque, nommée aussi Lydie-Pentapole, à cause des cinq villes grecques qu'elle renfermait, est décrite par Strabon avec autant de détails que l'empire carthaginois. Il parle de Bénérice, autrefois Hespéris, aujourd'hui Bernik, située dans l'antiquité sous les riants bosquets où les païens avaient planté le jardin fabuleux des Ilespérides ; Barce, avec son port, et Cyrène, patrie d'Eratosthènes, de Callirnaque et de plusieurs autres savants. A l'est de la Cyneraique s'étendait la Marmaigne, dont faisait partie la province Lybique égyptienne et où se trouvait le port Parœtonium. Quant à l'île de Panthœa, citée souvent par les prédécesseurs de Strabon, ce géographe la considère comme une nation imaginaire.

L'univers de Strabon, comme on vient de le voir et comme il est facile de s'en convaincre en jetant les yeux sur la carte dressée à cet effet, se trouverait au nord vers l'embouchure de l'Elbe, et au sud dans les régions que baigne le Niger, tandis qu'une ligne tiree du cap Saint-Vincent aux bouches du Gange en marquait la plus grande étendue du levant au couchant. L'Europe et l'Afrique étaient à peu près de même grandeur, tandis que l'Asie, bien que les contrées occidentales fussent bien peu connues et à peine explorées, représentait à elle seule à peu près la même surface que les deux autres parties réunies.

Vers le premier siècle de notre ère, les découvertes géographiques furent de peu d'importance et n'ajoutèrent pas grand chose aux connaissances acquises par Strabon. On cite l'abrégé géographique de Denis le Périégète, poëme en beaux vers qui n'ajoute guère aux récits de son prédécesseur que te peuple des Indo-Scyhes.

Le surnom de Périégète (voyageur autour du monde) lui est venu du titre de son œuvre intitulée Périégèse et non de ses voyages. L'abrégé géographique de Pomponius Mila est beaucoup plus curieux, mais sans rien ajouter aux sciences acquises. Il nous semble inutile de chercher aucune notion nouvelle de géographie dans les œuvres plus poétiques que savantes de Pline et de tous les auteurs qu'il cite. Peut-être les ouvrages des contemporains de Pline renfermaient-ils des faits intéressants, mais nous ne les connaissons guère que par les extraits souvent tronqués de l'auteur romain, qui les dénaturait souvent pour les faire concorder avec son système. Passons donc rapidement sur une époque qui ne présente guère que des doutes et dans laquelle la fable coudoie de si près la réalité, qu'il est impossible de se faire une idée exacte des connaissances géographiques de cette époque, où tous les systèmes se choquent, se mêlent, s'embrouillent, sans qu'il soit possible d'en tirer la lumière.

Deux navigateurs, Eudoxe et Jambulus, avaient essayé de se frayer une ligne directe

vers l'Inde, mais ces projets ne nous sont connus que par les rapports d'écrivains contemporains qui les ont tournés en ridicule ou les ont surchargés de circonstances fabuleuses. Hip- palus, plus heureux, découvrit ces vents réguliers qui fixent la navigation dans la mer des Indes et que nous avons nommé les Moussons.

Celui du nord-ouest, qui conduit dans l'Inde les bâtiments sortis du golfe arctique, reçut le nom d'Hippalus. Ce fut sous Auguste que fut faite cette importante découverte qui changea la face de la navigation dans l'Inde. Alors OEluis Gallus, gouverneur d'Egypte, fit partir du port de la Souris une flotte de cent vingt vaisseaux.

La grande péninsule de l'Arabie heureuse n'était connue de Strabon que d'une manière imparfaite; cette contrée se dévoile peu à peu aux yeux des géographes. Le périple de la mer Erytnréenne nous apprend que l'endroit nommé Leuce-Kome ou Bourg-Blanc, situé vis-à-vis de Bérénice-Trogloditica, servait de station à un détachement de soldats ou de douaniers romains; depuis Leuce-Kome jusqu'aux extrémitésdel'Yémen, les écueils, les pirates et l'absence d'un bon port, éloignaient les navigateurs du côté de l'Arabie. Muza, dans la Sabée, était la première ville commerçante. Le. port d'Ocelis servait d'escale aux flottes faisant le voyage d'Egypte dans l'Inde. Après le passage du détroit, on trouvait Eden, centre du commerce de l'Inde, plus loin, à l'est, s'élevait Cane, dernière station des vaisseaux allant dans l'Inde.

C'étaitle portde lavillede Sabbatha, capitale du Chatramotita, habitants de l'Hodramont, dont la domination s'étendait, à l'est, dans la province de Sachar. Un prince de l'IIadramont étendait son pouvoir '.sur l'île de Diascorida.

Les Catabani ou Gibanistes possédaient l'intérieur du pays et faisaient payer un tribut aux caravanes qui rapportaient les aromates en Syrie; leur capitale se nommait Tamna. Nagia, la plus belle de leurs villes, contenait soixantecinq temples. A J'extrémité du golfe Sacalites commence le pays des Asichœ. Devant cette contrée sont les îles de Zénobius. Le periple nous signale encore un golfe ou renfoncement où les navigateurs évitaient d'entrer, c'est là qu'habitaient les Ichthyophages, peuplades barbares soumises à la Perse. Devant ce golfe se trouve l'île de Serapion. Pline connaît une nation d'Epi-Marinatès, ainsi qu'une tribu de Chadéens. Les monts Jumeaux de Ptolémée paraissent tenir la place du cap Rosalgate, et fcï promontoire Coradanum représente celui de Curiat. Le Kryptos-Liman ou port caché rappelle le site du port de Mascata. Pline cite encore l'île de Tylos, qui doit être le Bahrim des modennes, tandis que la petite Tylor est entre Arab et l'Arabus de quelques anciens.

Quant à l'Arabie déserte, les Grecs et les Romains ne la connaissaient pas mieux que nous-mêmes. Les géographes y placent bien quelques tribus nomades vivant sous des tentes, mais ne nous font point connaître aucune notion des coutumes intérieures.

Des côtes de l'Arabie, les navigateurs se rendaient dans l'Inde et surtout dans la péninsule occidentale désignée sous le nom de Dachanabades. - Après le golfe de Canthi se trouvait le royaume de Larice, contenant le Goudjerate et le Malvah, dont la principale ville étatt Barygaza. Les caravanes passaient alors parmi des nations inconnues et probablement dans le grand désert. Au sud du Larice venait une pro vince nommée Ariaca, dont les principales villes étaient Tagara et Pentana.— La partie de ce côté du Malabar, entre Goa et Bombay, était appelée alors, comme aujourd'hui, la côte des Pirates, à cause des forbans dont la race semble s'être perpétuée jusqu'à nos jours. A 7000 stades de Baryzaga, on trouve au sud la baie de Goa, dans un canton nommé Sunda. C'est là qu'il faut placer la Lymérica, contrée maritime située entre les montagnes et la mer, où l'on trouvait

Tyndis, place de commerce souvent citée, et le port de Muziris. La partie méridionale de la côte occidentale était habitée par des Aii, dans lesquels on croit retrouver des Mal-Ays ou gens de montagnes. En doublant le cap Comorin, on rencontrait les Codiaci. Vis-à-vis de cette côte était l'ile de Taprobnna, nommée successivement par les géographes Palœ-Simundi, Salice et Sielediva. A partir de Taprobane, les doutes et les fables recommencent ; il nous faut donc attendre des notions plus certaines pour nous aventurer dans ces riches contrées. Pline ne parle que fort peu de la Serique, sur lequel il n'a que de très faibles renseignements.

Tout le nord de l'Europe était aussi inconnu aux Romains, c'est là que les géographes primitifs ont placé tous les peuples fantastiques nés dans l'imagination des poètes. Les vraies connaissances géographiques des Romains, dans le nord de l'Europe, s'arrêtaient toujours à peu près au même point. La marche de leurs armées avaient fait découvrir le cours du Danube en Germanie et en Pannonie, ainsi que la véritable direction de Pister. Au nord du Danube, les Romains connaissaient la Germanie jusqu'à la Vistule et jusqu'à la mer Baltique, qu'ils regardaient comme une partie de l'Océan.

La Scandinavie était considérée comme uno île. Les navigateurs avaient fait le tour de la Grande-Bretagne et visité les Oreades et les îles de la côte occidentale de l'Ecosse. Au nord-est on connaissait les Duces et les Sarmates, qui habitaient les pays compris entre le Caucase et la Baltique.

Les relations de Pline deviennent plus claires et plus positives quand elles ont pour objectif les bords de la Vistule et les monts Carpathes.

Dans la Pologne méridionale actuelle Pline nomme les Bastarnœ qui, selon lui, formaient une cinquième classe de nations germaniques.

On donnait aussi à ce peuple le nom de Pencini, c'est-à-dire habitants des forêts de pins.

Plus au nord, il signale les Venedi, brigands malpropreset féroces. Vers le milieu du cours de la Vistule, Tacite place les Lygii ou habitants des plaines. Sur les rives occidentales de la Baltique, Tacite connaît par ouï-dire lesQEstyi, peuple adonné à l'agriculture, et qui ramassait sur les bords de la mer l'ambre jaune dont il faisait commerce. Quant aux Suives, cités successivement par les historiens et placés par chacun dans une contrée différente de la Germanie, nous croyons qu'il faut les considérer comme un amas de peuples, disséminés sur une vaste étendue de terrain et confondus sous ce nom générique.

Les Vendili ou Vandali étaient, selon Pline, une des cinq grandes races germaines, et demeuraient vers les montagnes où l'Elbe prend sa source. Les Gothones habitaient sur les bords de la Vistule; les Burgundis vivaient vers leWarta et la Netze; ils étaient gouvernés par des rois amovibles nommés Kindinos, et des souverains-pontifes à vie, nommés Sinistans ou vieillards. Entre l'Oder et l'Elbe, Tacite place les Semnones, qui possédaient cent cantons et passaient pour la principale branche des Suèves. Dans le Jutland on trouvait les Langobardi.

Les Rugii, les Varini, les Angli, nommés par Tacite, doivent être des tribus détachées de la grande race des Saxons. Les Cimbres et les Teutons, dont les hardis guerriers firent trembler Rome, et menacèrent la ville éternelle jusqu'au pied de ses remparts, n'ont pas d'origine bien connue. Bien que Ptolémée ait fait des Teutons une petite peuplade entre l'Elbe et l'Oder, nous n'hésitons pas à croire que ce nom n'ait été commun à toutes les nations germaniques, qui toutes prétendent descendre du dieu Teuto. Quant aux Cimbres, la recherche de leur origine présente encore plus de diffi-

cultes, et il est impossible dj démêler la verte au milieu de tous les récits contradictoires des anciens.

Si l'histoire des peuples du Nord présente une semblable obscurité, il ne faut pas s'attendre à trouver des notions géographiques bien complètes sur les pays septentrionaux. Un seul principe se retrouve chez tous les auteurs, c'est de considérer toutes ces régions comme un archipel formant un appendice à la Germanie orientale. Les grands lacs de la Suède méridionale et le golfe de Botnie, endroits où semblent s'arrêter les connaissances géographiques de Pline, Mêla, Tacite et Ptolémée ont dû être la cause de ces erreurs. La péninsule cimbrique de Ptolémée est sans contredit le Jutland. Pline le connaît sous le nom de promontoire des Cimbres; les îles de la côte occidentale étaient des sortes de comptoirs de commerce de l'ambre jaune. Ptolémée les appela Insula Saxonum, et place au nord de la péninsule les trois îles Alokiœ, que nous retrouvons aujourd'hui dans les extrémités du Jutland presque entourées d'eau, et qui alors l'étaient probablement tout à fait. Il est assez facile de retrouver aujourd'hui la place assignée par Pline et Meta au golfe Codanus; quant au mont Sevo qui, selon Pline, marque l'entrée du golfe Codanus, c'est incontestablement le mont Sève qui forme le commencement de la chaîne des montagnes de Scandinavie. Outre les Sviones, qui, d'après Tacite, habitaient dans le nord de la Scandinavie, plusieurs cantons défendus par l'Océan contre toute attaque imprévue, Ptolémée çomme six tribus de la Scandéca, parmi lesquelles nous trouvons les Goths et les Daukiones,' qui sont probablement les Danois.

La Germanie occidentale est encore bien inconnue à Pline, à Tacite et à Ptolémée, qui, bien souvent, sont loin d'être d'accord entre eux. Sur les bords de l'Océan, entre l'Elbe et l'Amisia, habitaient les Chanci ; les Frisons ou Frisii s'étendaient depuis l'Amisia jusqu'à l'embouchure la plus occidentale du Rhin; la deuxième embouchure était celle du bras qui passait entre Utrecht et Leyde, bras aujourd'hui à peu près desséché; la troisième, ou le Flevum Ostium, servait déjà de débouché à d'immenses lacs qui, s'étant agrandis et réunis, ont formé le Zuydersée. Derrière lesFrisons habitaient lesBatavi ou Bataves entre les bras du Rhin. Les Bructeri, les Chamavi, les Sicambri, les Marsi, les Cherusci, lesCatli, etplusieurs autresdemoindre importance occupaient l'espace compris entre les montagnes du Hartz, vers le Rhin, et depuis le milieu de l'ancien cercle de Westphalie jusqu'au bord de la Saale, en Franconie. Ces nations formaient vraisemblablement la race des lstœvones, que l'on voit souvent en guerre avec les peuples du Nord nommés Ingœvones.

On est fondé à croire que ces deux races prirent plus tard les noms de Francs et de Saxons ; quant aux autres peuples de la Germanie, dont on retrouve les noms dans les récits des anciens, il y a tant de contradictions qu'il serait bien difficile d'affirmer qu'ils aient habité telle ou telle contrée de la Germanie; citons donc, seulement comme souvenir, les Sicambres, les Chérasques, les Marses, les Bructères, etc., auxquels on ne peut attribuer de demeures fixes ; les Catti, qui occupaient la Hesse et les pays de Find et d'Hanau et une partie de la Franconie; les Hassi et les Hesses modernes sont le même peuple. Au sud-est des Catti demeurait une puissante tribu appelé les Marvingi, et qui sous le nom , de Saliens, conduits par des princes mérovingiens, vinrent conquérir la Gaule où ils s'établirent.

Une partie de l'Allemagne, dont Ptolémée cite quelques noms, devint, sous Caracalla, le siège de la confédération des Allamani, dont une partie reprit le nom de Suèves.

Les armées romaines n'ayant pas parcouru les contrées intérieures et orientales de la Germanie, on n'a que fort peu de notions sur les peuples qui y habitaient. Tacite nomme cependant les Hermunduri, tandis que plus au nord, Ptolémée place dans une partie de la Thuringe et de la Saxe une nation qu'il nomme Teuriachœmœ.

Nous avons vu précédemment que les Grecs connaissaient les îles d'Albion ou Bretaniké et d'lerne. Deux expéditions de César firent connaître aux Romains une extrémité de la GrandeBretagne. Les noms des trois promontoires d'Orcas, de Cantium et de Belerium devinrent dès lors célèbres. Mais on s'en tenait encore aux idées reçues sur la position générale de ces îles. Pompéius Mêla, qui vivait à l'époque de la conquête de la Grande-Bretagne par Claude, crut aussi que cette île faisait face d'un côté à la Germanie et de l'autre à l'Espagne. Les soldats romains refusèrent d'abord de se laisser conduire dans ce nouveau monde, et trente ans après, Pline n'avait pu en tracer la description.

Sous l'empereur Domitien, Agricola soumit les nations britanniques jusqu'au pied du mont Grampius, et la flotte ayant doublé les extrémités septentrionales, reconnut que la Grande-Bretagne ne tenait pas au continent. Les sauvages indomptables qui arrêtèrent dans les montagnes de l'Ecosse les armées romaines étaient désignées par les autres peuplades de l'île sous le nom de Calédoniens. Les Romains les nommèrent Picti, à cause des figures peintes sur tout leur corps. Les Picti succombèrent plus tard sous les coups des Scoti, peuple celtique venu de l'Irlande. Le nord de l'Angleterre était occupé par les Br i gantes, puissante nation dont Eboracum était la principale ville.

Deva et Lindum étaient les capitales des Cornavii et des Coritani. Ce qui forme aujourd'hui la principauté de Galles était habité par trois nations belliqueuses. Les Ordovices occupaient le nord. Sur la côte occidentale on trouvait les Demethœ. Enfin, au nord, les Silures s'étendaient jusqu'aux bords de la Saverne. A l'est des Silures demeuraient les Dabuni. Les Catavellani atteignaient le golfe de Wash, nommé Metuaris Estuarium. Les Iveni, dont la capitale porte le nom ue Venta, occupaient le Norfolk et le Suflblk actuels. Plus au nord, dans l'Essex moderne, les Trinobantes avaient pour capitale Camalodunum. Des tribus, connues sous le nom générique de Belgœ, occupaient la plus grande partie de la péninsule méridionale, que forment la Tamise et la Saverne. Enfin, les Damnanii habitaient le Cornouailles. L'ilibernia ou l'lerne des Grecs avait passé longtemps pour inhabitable à cause du froid. Les rapports avec les Bretons dissipèrent cette erreur. La nation la plus répandue était les Iverni ; mais on trouve aussi en Irlande les Bri gantes et les Menapii, ce qui semble prouver l'existence de colonies des Celtes et des Belges.

Nous renvoyons à Ja partie de notre géographie consacrée à la France pour les détails donnés par les Romains sur les Gaules, et pour terminer cette rapide analyse, nous indiquerons les notions laissées sur l'Espagne, que les auteurs en géographie de la métropole connaissaient bien mieux que les Grecs. L'ancienne splendeur de Tarraco et de Carthago-Nova s'était accrue. Ces deux villes servaient de résidences au préteur qui gouvernait l'Espagne citérieure ou la province tarragonaise, dans laquelle Pline comptait i79 villes de premier rang. Sur la même côte, Sœtobis brillait par ses manufactures de toiles fines, tandis que les Latelani, aux environs de Barcino, récoltaient des vins estimés à Rome. Caesar-Auguste, aujourd'hui Sarragosse. fondée par Auguste, éclipsait de sa splendeur toutes les villes construites sur les bords de l'Iberus.

La Celtibérie ne comptait aucune grande ville,

à proprement parler ; mais elle brillait au premier rang par ses productions et ses importations. On citait Bilbilis pour son acier, et les mines d'argent de Carthago-Nova occupaient 40,000 ouvriers et rapportaient par jour un bénéfice de 25,000 drachmes. Le chef-lieu des Carpetani était Toletum. Pline cite dans les Asturies la magnifique ville d'Asturica, et dans le pays des Gallici, on remarquait Bracara-Augusta, aujourd'hui Braga. Les Cantabres, habitants du nord de l'Espagne, avaient longtemps résisté à la domination romaine; mais, en dépit d'un patriotisme farouche, ils avaient été vaincus, et les Romains avaient, là aussi, établi leurs prospères colonies. La Lusitanie se soumettait aussi à la civilisation ; l'agriculture avait remplacé le brigandage, et les villes s'étaient élevées sur les débris de la barbarie.

On remarquait déjà Olysipo, le berceau de Lisbonne, Conimbrica, Salmantica, Emérita et Pax-Julia. La Bétique, déjà connue de Strabon, n'avait fait que croître en prospérité. On citait parmi ses villes Corduba, patrie de Sénèque et de Lucain, Hispalis et Gades.

Avant de jeter un coup d'œil sur la grande révolution occasionnée par les migrations des peuples, il nous reste à parcourir, avec MalteBrun, les derniers travaux des géographes grecs et romains. Strabon et Pline avaient essayé de donner à leurs essais géographiques une base mathématique, mais ils ne pouvaient à ce sujet trouver aucune induction chez leurs prédécesseurs. On ne trouve aucune trace de géographie mathématiquedans lesitinéraireslaissés parles Romains sur les chemins et routes de toutes les provinces de l'Empire. Il y en avait de deux sortes, que V égère distingue par les noms d'Annotata et de Picta, c'est-à-dire d'écrits ou de dessinés. Les premiers contenaient strictement le nom des lieux et les distances qui les séparaient les uns des autres; les seconds ajoutaient aux grands chemins et aux principales routes le nom et l'étendue des diverses provinces, le nombre des habitants, les montagnes, le cours des fleuyes et les mers voisines.

Parmi les premiers, nous possédons l'ouvrage connu sous le nom d'Itinéraire de l'empereur Antonin, mais il est bien difficile d'admettre que cet ouvrage date véritablement du règne de ce prince, car il contient plusieurs endroits qui ne furent connus que longtemps après. Aussi pense-t-on communément que cet itinéraire a été refait et complété par Œthicus, mais ce n'est là qu'une supposition ; il en est de même de Yltinarium Hiérosolymitœnum, qui indique la route de Bordeaux à Jérusalem avec les plus grands détails; il est presque impossible de lui assigner une date certaine. A la seconde espèce d'itinéraire appartient l'épreuve que l'on nomme la Table de Peutinger. Cette carte, gravée en 1753 d'après un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Vienne, est attribuée par Scheyb à l'empereur Théodose Ier. Cette carte, qui a eu plusieurs éditions, paraît avoirété commentéeetconiplélée par des savants de différentes époques, et il devient fort difficile, à cause de ces nombreuses ampliations, de lui assigner une date. Le commencement de cette carte est perdu ; il y manque le Portugal, l'Espagne et la partie occidentale de l'Afrique, et il ne reste de l'Angleterre que la partie sud-est. En revanche, on y trouve l'extrémité connue des Romains dans l'Asie, le pays des Sères, l'embouchure du Gange et Ceylan.

allongée de l'est à l'ouest, selon les suppositions d'alors. Des routes sont tracées au cœur même de l'Inde; mais cette carte est tracée d'une façon tout arbitraire; les pays y sont indiqués sans qu'on ait pris garde à leur dimension, les uns à la suite des autres; on y trouve pourtant l'indication des grandes montagnes, le cours des principaux fleuves, les lacs, les contours approximatifs des côtes maritimes, les noms des grandes provinces et ceux des nations les plus considérables.

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

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---,-_.rU' .-. 1 1) Enfin, deux philosophes grecs; songeant hi donner à la géographie des bases ,ienti que Le premier fut Marin de Tyr, qui viVait^ers l'an 100 de notre ère; l'autre fut Ptoléméê,/ £ uj vé eut de l'an 140 à l'an 170. L'ouvrage de Miwun^nw piiorp. Annnn nnft rtar Ipq p. y traits donnp.

Ptolémée; la géographie de celui-ci telle qu'elle nous est parvenue n'est qu'un abrégé mathématique où la grandeur et la figure de la Terre, ainsi que la position des lieux, est déterminée.

La division du pays n'est qu'indiquée. Bien que la géographie de Ptolémée contienne beaucoup d'erreurs graves, elle est d'un grand secours dans l'étude de l'ensemble des connaissances géographiques du deuxième siècle : dans l'est de l'Europe, Ptolémée donne une description assez exacte du cours du Volga, qu'il appelle Rha; il décrit aussi le Kama, venant des monts Ourals, et qu'il nomme le Rha oriental ; il donne au Tanaïs la courbure qu'il présente sur nos cartes modernes; il efface la Scythie de la carte d'Europe, et étend la Sarmatie européenne depuis le Tanaïs jusqu'à la Vistule et aux monts Carpathes. C'est entre le Borystliène et le Tanaïs qu'il place les Alamis, auquel il donne le nom de Scythes. Les Chuni, placés par Ptolémée vers le milieu du cours du Borysthène, sont très-vraisemblablement cette tribu de Huns qui combattit avec les Goths contre les Huns d'Asie. La plupart des nations sarmatiques étaient désignées sous le nom générique d'l-Iamaxobi; les plus célèbres étaient les Jazyges. Une grande émigration de Sarmates parait s'être portée vers la Perse et la Lithuanie.

Ptolémée signale dans ces contrées les Galendœ, les Sulini, les Borusii, les Carbones, les Cariotœ, les Hosii, et au nord les Agathyrsi et les Sali.

Les Venèdes occupaient, d'après Ptolémée, les côtes situées entre leRubon et laVistule. Les autres nations slavonnes décrites par Strabon et Tacite sont traitées très-légèrement par Ptolémée; mais il nous fait connaître de nouveaux peuples, qui n'étaient même pas indiqués par ses prédécesseurs. Ce sont les Saboci, ou peuples sur le Bug, les Biespi, dont le nom est resté aux monts Biesciad, et les Carpi, ou habitants des monts Carpathes. Si notre géographe se trompe en conduisant le cours de la Vistule du sud au nord, en revanche il décrit la province romaine la Dacie avec bien plus de détails que ses prédécesseurs.

Bien que, ainsi que nous l'avons pu voir, les Romains connussent la Norwége et la Suède, Ptolémée semble dédaigner ces nations, parce qu'elles manquent de ces notions mathématiques apparentes qu'avaient ses autres données.

Son Europe se termine par la Chersonèse cimbrique, qu'il étend de deux degrés trop au nord, en la courbant plus à l'est qu'elle ne l'est.

A l'orient de la Chersonèse cimbrique, il a placé quatre îles; la quatrième, à laquelle il donne le nom de Scandia, doit être la Suède méridionale. Les Romains n'ayant pu parcourir encore la mer Baltique, il est très-facile de comprendre leur erreur au sujet de la Scanie, qu'ils prennent pour une île, se terminant au promontoire de Kullen. L'Hibernie, que Strabon avait placée au nord de la Grande-Bretagne, est réunie a l'occident de cette île par Ptolémée, mais a cinq degrés plus au nord qu'elle ne doit être. L'Ecosse et toutes les îles qui en dépen-

aem est lournee ae l'est a l'ouest, au lieu de l'être du sud au nord. Cependant, malgré ces erreurs, l'Angleterre, les côtes occidentales des Gaules, et l'Espagne dans sa partie nord, présentent un accroissement étonnant de connaissances pour le temps écoulé depuis Strabon.

Et, chose étrange, la géographie semblerait avoir fait plus de progrès dans ces contrées relativement éloignées que dans la Méditerranée.

Cependant, si l'Italie conserve dans Ptolémée une forme tout à fait fantaisiste, quelques découvertes importantes, au point de vue de la

géographie mathématique, sont faites par le g&Tg/'aphe. Le détroit de Sicile n'est plus sous [parallèle des colonnes d'Hercule; il prend à huit minutes près la hauteur qu'il doit occuper, la Sicile est elle-même mieux indiquée.

L'étendue de l'Afrique fut totalement changée par Ptolémée, n'admettant pas la communication de l'Océan avec la mer Erythrée, il pensa que la côte occidentale de l'Afrique, après avoir formé un golfe, qu'il nomme Hespericus, s'étend indéfiniment entre le sud et l'ouest. De même il croit que la côte de l'Afrique orientale, après le cap Prasum, va rejoindre la côte de l'Asie au midi de Cafigara. L'intérieur de l'Afrique présente, chez Ptolémée, une masse de notions confuses. Cependant c'est le premier géographe qui ait annoncé avec exactitude l'existence du fleuve Niger. Quant à ses autres indications, ilestimpossible, même aujourd'hui, de les prendre au sérieux, soit que lui-même ait été induit en erreur par des récits romanesques, soit que trompé par ses calculs, il ait fait double emploi en plaçant les mêmes endroits sous deux latitudes différentes.

L'Asie de Ptolémée offre trois points principaux. Les côtes de l'Inde, en deçà et au delà du Gange, la route de Sérique et là route de la mer Caspienne. — Ptolémée, croyant que les extrémités de l'Asie se dirigeaient vers le sud et se confondaient avec une terre encore inconnue qui allait, à l'ouest, rejoindre l'Afrique, a dû donner à l'Inde une configuration bizarre, ayant placé toutes les côtes de l'Asie, et par conséquent les embouchures de l'Indus trop au sud, et donné à l'île de Taprobane ou Ceylan une étendue démesurée. Il en résulte que l'Inde ne présente plus aucun caractère péninsulaire : c'est pourquoi, dans la nécessité de placer sur sa carte toutes les découvertes des navigateurs, Ptolémée n'a pu trouver la place nécessaire, qu'en donnant à la côte beaucoup plus de courbure et de saillie qu'elle n'en présente. — Les notions laissées par Ptolémée sont donc fort incomplètes et n'ajoutent pas grand'choseà ce que nous avons dit à propos de la géographie de Strabon. Beaucoup de probabilités, mais peu de certitudes. Dans l'intérieur de l'Asie, Ptolémée nous apporte quelques lumières nouvelles, on savait que la mer Caspienne n'était pas un golfe de l'Océan septentrional, et qu'elle en était même fort éloignée, puisque le Volga avait été remonté jusqu'à sa source. En supprimant les gorges imaginées par Eratosthène, on avait conservé à la mer Caspienne sa forme prolongée d'occident en orient. —Depuis les bords de l'Iaxartes, au sud, et ceux du fleuve Rha, à l'ouest, la Scythie s'étendait, au nord, jusqu'à des terres inconnues; et à l'est, au delà d'une chaîne de montagnes nommée Ismaüs, partant de l'Inde et se dirigeant vers le nord Ayant dépassé cette chaîne elle venait toucher à la Sérique. Les nations les plus remarquables de la Scythie, en deçà de nmaüs, étaient les Alani et les Massagetœ, vers le nord et le nord-est; les luxurtœ, sur le fleuve du même nom ; les Comœdi, auprès des sources de ce même fleuve; et les Sacœ, en Boukharie. — Citons pour terminer, la Sérique, extrême limite des découvertes des anciens en Asie. Les Sères habitaient au milieu des régions orientales, dont les Scythes et les Indiens occupaient les deux extrémités. En suivant les renseignements donnés par les anciens, il n'est pas douteux que cette contrée commerçante n'ait compris le grand et le petit Tibet, une partie de la lisière de la petite Boukharie, le Cachemyre et quelques autres vallées des pays montagneux où l'Indus et le Gange prennent leur source.

Ici s'arrête l'histoire de la géographie ancienne. Une immense révolution va s'accomplir puisque toutes ces villes qui ont brillé au premier rang vont disparaître ou s'amoindrir tellement, qu'il devient presque impossible de

les reconnaître. Des nations tout entières vont se perdre dans l'oubli, écrasées dans le grand mouvement des envahissements des hordes sauvages. La Grèce a été anihilée par Rome, nous allons voir décroître et tomber cet immense empire qui étendait sur tout le monde connu sa domination, ses colonies et son commerce. — Les barbares vont s'emparer de tout l'Occident; la Grande-Bretagne devient la proie des Saxons ; les Francs s'établissent dans les Gaules ; les Visigoths prennent possession de l'Espagne; l'Afrique est occupée parles Vandales, et Rome et l'Italie par les Ostrogoths. Plus heureux, un instant, l'empire d'Orient se relève sous le règne de Justinien, mais cela n'est pas de longue durée. Les Goths et les Huns avaient dévasté les provinces européennes. Les Bulgares, les Serviens, les Hongrois et les Valaques s'y installèrent; pendant ce temps, les Perses envahissaient les frontières orientales, tandis que les Arabes se ruaient sur toutes les villes de l'Asie et de l'Afrique, et Constantinople ne dut son salut qu'à la force de sa position et au peu de connaissances maritimes de ses ennemis.

Retournons en Occident, Bélisaire et Narsès délivrent l'Italie et l'Afrique, mais bientôt, grâce à la mollesse du gouvernement de l'empire romain, l'Italie, échappée au joug des Ilérules et des Ostrogoths, tombe dans les mains des Lombards, et les Grecs conservent quelques provinces méridionales. Enfin, Rome se décide à se jeter aux genoux de Charlemagne, et offre au grand conquérant la couronne du nouvel empire d'Occident.

Le tableau de toutes ces migrations, de tous ces envahissements et de toutes ces conquêtes nous servira d'introduction à la géographie nouvelle; suivons donc les barbares et cherchons d'abord la cause de ce cataclysme humain , nous la trouverons facilement dans l'accroissement de la population des nations septentrionales; l'agglomération d'hommes dans des contrées peu fertiles et surtout mal cultivées, devait fatalement faire naître l'idée de lointaines excursions sur des terres plus hospitalières. Lapremière impulsion de ce débordement de barbares, chez les peuples civilisés, fut donné de deux points opposes. Les Huns s'élancèrent du centre de l'Asie, tandis que les Goths marchaient du nord au sud, quittaient les landes et les marécages de la Scandinavie pour venir se heurter à la grande armée hunique. Le choc fut terrible, il ébranla l'empire romain, et par ses avenues ouvertes on vit bientôt accourir de tous les points du monde connu de nouvelles hordes de barbares affamés, qui.

eux aussi, avaient hâte de prendre part à la curée qui leur était offerte.

Les Huns étaient, d'après de Guigues, connus des Chinois, sous le nom de Hiong-nu. Ils habitaient, deux cents ans avant J.-C., au nordest de la Chine, dans le pays actuel des Mongols et des Kalmouks. Leur portrait, tracé par l'historien Amm Marc, ne peut laisser aucun doute sur l'affinité de races de ces peuples : ces envahisseurs étaient d'un extérieur ignoble, petits, trapus, ayant les cheveux rudes comme le crin de leurs chevaux, le nez difforme et les os de la joue très-saillants. Des guerres malheureuses décidèrent une partie de la nation hunique à émigrer vers l'Occident, En l'an 300, ils s'étendaient déjà jusqu'au pays actuel des Baskirs et qu'on appela alors la grande Hunnie ou Hungarie. Attaqués par d'autres nations asiatiques, ils avancèrent vers l'an 400, dans les contrées situées autour du Palus-Méotides et subjuguèrent les Alains, qu'ils incorporèrent dans leurs armées, s'emparèrent du royaume de Gothie ou Pologne poussèrent même, selon quelques auteurs, jusqu'en Scandinavie.

Enfin, Attila tourna ses forces contre le Midi et l'Occident, il investit successivement la Ger-

manie, la Dacie et la Gaultî. Enfin, les années réunies des Francs, des Visigoths et des Romains joignent les Huns dans les plaines de Châlons et forcent le torrent à remonter vers sa source. Cependant, l'année suivante, Attila se remet en marche, détruit Aquilée et aurait peut-être cette fois achevé la conquête de l'Europe si une mort subite ne l'eût arrêté dans son effroyable course. La mort d'Attila amena la dissolution de son empire. Plusieurs des nations domptées par lui secouent le joug et reprennent leur indépendance. Les hordes des Huns, désunies, se réfugient de tous côtés. Les Uturguri prennent possession des marais de la Méotide, les Sabiri se réfugient dans les antres du Caucase, tandis que d'autres se perdent dans les nations paisibles.

Les Goths paraissent dans 1b 'grand mouvement de migration plutôt comme une armée d'aventuriers que comme un peuple. S'ils ont été les premiers à porter des coups terribles à l'empire romain, c'est que, les premiers, ils éprouvèrent les effets de l'invasion des Huns.

Pressés dans leurs retranchements, ils durent chercher une compensation dans de nouvelles contrées. Or, leur voisinage de la partie la plus faible de l'empire devait leur ouvrir une route facile.

L'histoire de l'origine des Goths est assez problématique; cependant les Irlandais connaissaient des Goths continentaux sur les rivages de la Baltique, au moins vers l'an 250 avant J.-C., dans un pays appelé Reid-Gotland et situé probablement entre l'Oder et la Vistule, et des Goths insulaires dans l'Ey-Gotland, qui paraît être la Scandinavie. Jornandès, auteur assez ignorant, mais copiste fidèle des manuscrits du cinquième siècle, est d'accord avec les Irlandais; il fait sortir les Goths continentaux de la Scandinavie et nomme dans cette péninsule les cantons et peuples d'Ostrogothie, de Vagath, c'est-à-dire de West-Gothie, de Suithans ou Suédois, le district de Finvod ou Smaland, de Raumarike et de Raguarike dans la Norwége méridionale et d'autres encore qu'il seaait trop long de citer. La plupart de ces dénominations gothiques subsistent encore aujourd'hui et font foi de la véracité des auteurs copiés par Jornandès.

Au quatrième siècle de notre ère, Hermanaric monte sur le trône des Goths, réunit sous ses lois toutes ces bandes guerrières qui étendaient leur course de la Baltique au Danube, et de la Vistule au Borysthène. Il tourne ses armes du côté du nord-est, soumit les Merens, en Lithuanie, les Mardensimnis, les OEstiens, pêcheurs de l'ambre jaune, les Coldas et d'autres peuples encore. Mais bientôt les Huns attaquent l'empire d'Hermanarie, le choc est terrible, et les Goths sont anéantis. Le plus grand nombre d'entre eux se réfugia dans les terres des Romains.

Les Ostrogoths obtinrent une nouvelle patrie en Pannonie, et en 489, sous la conduite de Théodoric, ils marchèrent à la conquête de l'Italie, ils s'établirent dans la Rhétie, la Norique et une partie de l'Illyrie. En Gaule, ils prirent la Provence, et Ravenne devint la capitale de ce vaste Etat que les successeurs de Théodoric ne surent pas conserver. Vers l'an 553, les Grecs du Bas-Empire se rendaient à leur tour maîtres de l'Italie.

Sous Théodoric. les Ostrogoths rétablirent en Italie l'ordre civil et administratif, firent de nouveau respecter le Sénat romain, restaurèrent et construisirent plus de monuments qu'ils n'en avaient détruits, réprimèrent les discussions des sectes chrétiennes, desséchèrent les marais, ranimèrent le commerce, justifiant ainsi les paroles de Théodoric à ses sujets romains : « Imitez nos Goths, ils joignent à votre civilisation la vertu de leurs ancêtres, ils savent combattre leurs ennemis et vivre en paix avec eux. » Théodoric concevait en germe le

grand plan de civilisation européenne, appuyée sur les bases solides de la fédération, adoptait pour son fils le roi des Herules et plaçait ses sœurs et ses filles sur les trônes des Visigoths, des Bourguignons, des Thuringiens et des Vandales.

Une autre partie des Goths, établie sur le Boryshène, trouva dans la Chersonèse taurique un abri contre l'invasion des Huns; les écrivains byzantins les désignent sous le nom de Golhi-Tetraxitœ, d'autres écrivains plus modernes parlent d'une colonie de Goths en Crimée. Une bande d'Ostrogoths, lesGruthungues, était dispersée jusque dans l'intérieur de l'Asie-Mineure. La Thrace était devenue l'asile des Visigoths pendant la grande invasion des Huns. Alaric, un de leurs chefs, marcha sur l'Italie, vers l'an 400; avec Radagaise il saccagea Rome. Ataulfe, successeur d'Alaric, ayant cédé l'Italie, se retira dans les Gaules, tandis qu'Odoacre, chef de ceux qui étaient restés dans la péninsule italique, abolissait l'empire d'Occident. Théodore, chef des Ostrogoths, les amena de la Thrace, chassa Odoacre et fonda en Italie un Etat qui l'abrita jusqu'à ce qu'il fût détruit par Bélisaire et les autres généraux de Justinius.

Les Visigoths, chassés de la Gaule par les Francs, passèrent en Espagne, où ils fondèrent une monarchie qui, presque anéantie par les Maures, se releva de ses ruines pendant une période de huit siècles, après lesquels ceux-ci furent entièrement bannis de la presqu'île Ibérique, où le sang visigoth, mêlé avec le sang des Celtibériens et des autres peuples primitifs de l'Espagne, constitua cette fière et noble nation espagnole, si puissante et si entreprenante pendant les quinzième et seizième siècles, et descendue aujourd'hui parmi les Etats européens de second ordre. Toulouse fut longtemps la capitale des Visigoths. Le roi Eric, législateur de son peuple, étendit sa domination jusqu'à la Loire. Mais sous son fils, la bataille de Vouillé donna la Gaule aux Francs.

Les Alains, partis des environs du Caucase, étaient d'origine scythique. Ils habitèrent d'abord entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne. Ils étendirent leurs conquêtes du Volga au Tanaïs, pénétrèrent jusqu'en Sibérie, d'où, rebroussant vers les régions méridionales, ils poussèrent jusqu'aux frontières de l'Inde et de la Perse. Ils étaient moins basanés que les Tatars, moins hideux et moins farouches que les Huns, par suite de leur mélange avec les races sarmates et germaniques. Braves comme les Hérules, les Alains ne plaçaient la gloire et le bonheur que dans les combats et le pillage.

La cavalerie formait leur principale force militaire. Ils caparaçonnaient leurs chevaux avec les crânes de leurs ennemis, et regardaient comme lâches les guerriers nui attendaient les infirmités de l'âge ou souffraient les douleurs d'une longue maladie au lieu de se procurer une mort violente et volontaire ; aussi ces peuples furent-ils les plus sanguinaires et les plus froidement cruels de tous les barbares qui descendirent du Nord sur le monde civilise. L'empereur Aurélien ayant pris les Alains à sa solde, ils envahirent la Perse avec leur nombreuse cavalerie. Mais après la mort de ce souverain, prétendant qu'on ne tenait @ pas les promesses qu'on leur avait faites, ils s'emparèrent en peu de temps du Pont, de la Cappadoce, de la Cilicie et de la Galatie ; après quoi, ayant obtenu de l'empereur Tacite ce qu'ils disaient être leur dû, ils se retirèrent pour la plupart au delà de la Phase. Plusieurs de leurs tribus furent exterminées vers l'an 376 de notre ère.

Les Huns, venant des frontières de la Chine, attaquèrent les Alains, qui, vaincus après une longue résistance, se réfugièrent en partie dans les montagnes du Caucase, et en partie dans les régions voisines de la mer Baltique, où ils s'as-

socièrent aux tribus septentrionales de la Germanie et participèrent à la destruction de l'empire des Goths. Ils prirent aussi une large part aux ravages de la Gaule, où leur impétuosité mit en déroute les Francs Ripuaires. Ils se joignirent aux Suèves et aux Vandales pour envahir l'Espagne ; mais dans les combats qu'elle eut à soutenir contre les Visigoths, cette nation fut presque anéantie, et le reste se fondit dans celle des Vandales.

Les compagnons des Alains dans la grande migration furent les Suèves et les Vandales. Ces deux noms désignent moins une nation qu'une ligue de plusieurs peuples. Le nom de Suèves même indique un peuple errant. Ceux qui, en partie, suivirent les Alains, occupèrent la haute Souabe, tandis que les Alamani habitèrent sur les bords du Necker. Les Vandales, aussi désignés sous les noms de Vendes et de Vendili.

prouvèrent plus encore que les autres peuples cet esprit de destruction qui laissa de si profondes et de si douloureuses traces dans les contrées qu'ils traversaient et qui a fourni à notre langage un mot nouveau : le vandalisme, pour exprimer l'aveuglement et l'acharnement qui portait à détruire les monuments des temps anciens.

Les Vandales habitaient avant la migration les côtes méridionales du golfe Caudanus, dans la mer Baltique, jusqu'à l'Elbe et à la Thrace.

Ayant formé une confédération de plusieurs peuples unis pour marcher dans le même but et sous le même commandement, ils traversèrent les Gaules au commencement du cinquième siècle, puis passèrent en Espagne, où ils battirent les Romains et fondèrent en Andalousie le royaume de Vandalitie, qui n'eut qu'une existence éphémère, détruit qu'il futpar les Visigoths, qui, ainsi que nous l'avons vu, s'étaient emparés de l'Espagne, et qui forcèrent les Vandales à passer en Afrique, où ils fondèrent une nouvelle moharchie, que Bélisaire détruisit en faisant périr Gélimer, le dernier roi de cette nation dont parle l'histoire. Les Vandales qui étaient restés dans leur pays du Nord, vaincus par Charlemagne, se confondirent avec les colonies de Saxons et de Francs envoyées dans le nord de l'Allemagne.

Les Astinges, tribu vandale, demeurèrent comme vassaux, sujets des Romains, d'abord dans la Dacie, ensuite en Pannonie, où ils furent trouvés par les Aiains dans leur marche en remontant le cours du Danube.

Il serait assez difficile de fixer d'une manière positive le point de la Germanie d'où partirent les Burgundes, Burgundi, Burgundiones on Bourguignons qui attaquèrent l'empire romain vers l'an 275. Selon Pline et Tacite, ils habitaient ordinairement la Vandalie, aujourd'hui grand-duché de Afecklembourg. Chassés par les Gépides, ils vinrent se porter au delà de l'Elbe, près des Thuringiens. Les Gaules furent longtemps l'objet de leur convoitise, sans qu'ils pussent y pénétrer avant 407. A cette époque, ayant franchi le Rhin, ils s'avancèrent, sous la conduite de Gondioc ou Gondicaire, leur chef, et occupèrent le pays des Eduens, dont Bibracte (aujourd'hui Autun) était la capitale. Leur haute stature, communément de sept pieds romains (5 pieds 10 pouces), inspirait l'admiration et l'effroi. Moins farouches que les autres peuples du nord de la Germanie, ils avaient des mœurs plus douces. D'idolâtres qu'ils étaient, ils étaient devenus chrétiens, mais avec la foi d'Arius. Ils abolirent, en entrant dans les Gaules, les titres de ducs et de comtes, qui n'existaient pas chez eux. Ils n'établissaient pas, comme lesautres peuples conquérants, une différence tyrannique et dédaigneuse entre les vainqueurs et les vaincus, et permettaient entre ces deux conditions les mariages prohibés par les Visigoths. Réunis aux Francs et aux Romains, ils décidèrent ae la défaite d'Attila dans les plaines de la Champagne.

La division qui se mit entre les chefs de cette nation et les efforts des Francs, ruinèrent tellement cette nouvelle monarchie qui avait pour capitale Vienne, en Dauphiné, que dans le cours du sixième siècle, elle disparut totalement dans les Etats des princes francs.

Tout ce qui nous reste de la langue des Bourguignons et gothique, même l'habit rouge sans manches, nommé Armilansa, et qui a fait donner à une tribu bourguignonne le nom d'Armilansini, concourt à prouver que ces peuples parlaient un idiome gothique. Rien dans leurs usages n'indique une origine différente. ils aimaient l'oisiveté, le chant et la musique. Mais leurs lois équitables, quoique sévères, démontrent qu'ils avaient quelque raison de dire : Nous tenons à honneur d'être des barbares plutôt que des Romains. Cependant c'est aux Bourguignons que l'on doit le barbare usage du duel. Gondebaud, leur troisième roi, est le premier qui ait donné force de loi à ces jugements de Dieu, dans lesquels l'accusé, l'accusateur et les témoins des deux parties étaient obligés de soutenir par les armes la défense et l'accusation.

On cherche vainement aussi l'origine certaine des Hérules. Le premier souverain barbare qui osa s'asseoir au Capitole fut Odoacre qui régnait sur les tribus réunies des Hérules, des Turcilenges et des Scyres. Mais d'où venaient ces peuplades, l'opinion la plus accréditée est qu'elles habitaient la Scandinavie, et étaient venues se fixer sur les côtes méridionales du golfe Codanus. Ce peuple était un des plus barbarps de ceux qui habitaient ces régions septentrionales, presque nus, malgré la rigueur de leur climat, les Hérules adorateurs du féroce Odin, divinité des Scandinaves, lui sacrifiaient des victimes humaines, et imitateurs des cruels Mcssagœtes, ils tuaient non-seulement les vieillards, mais encore les infirmes et jusqu'aux veuves qui ne pouvaient plus trouver d'époux.

Us étaient belliqueux et braves dans les combats. Conduits par Odoacre, leur chef, ils envahirent l'Italie dans la dernière moitié du cinquième siècle. Odoacre déposa le faible Augustule, dernier empereur d'Occident, et ayant usurpé le titre d'empereur, fut tué après un règne de dix-sept ans, par Théodoric, qui fonda dans la péninsule italique l'empire des Ostrogoths. Depuis lors il n'a plus été question des Hérules.

Les Rugii ou Rugiens, nation alliée des Goths, habitaient des deux côtés de l'embouchure de l'Oder. Une île de la Baltique a conservé leur nom, chassés par leurs voisins et amis ils formèrent, de 450 à 481, un État sur les bords septentrionaux du Danube, vis-à-vis de la Norique. Vaincus par les Hérules, ils trouvèrent, en partie, asile chez les Ostrogoths, où leur tribu, en ne se mêlant pas aux autres par des mariages, conserva quelque temps son nom.

Les Gépides complètent la nomenclature des hordes et des nations venues du nord de l'Europe ; on ne sait guère où l'armée d'Attila avait ramassé cette nation qui, cependant, se distingua par sa valeur dans la grande invasion hunique. Bientôt ils secouent le joug des Huns, et repoussent leurs anciens maîtres au delà du Tanaïs ; maîtres des pays situées entre le Danube et le Theiss, ils donnent à ces contrées le nom de Gépidia, et se rendent même en Pannonie, et reçoivent, des Romains effrayés, un tribut annuel. Au bout d'un siècle, les Lungobardi renversent la puissance des Gépides et partagent leur pays avec les Awares, nation asiatique à laquelle ils l'abandonnent bientôt tout à fait.

Les peuples conquérants laissent dans l'histoire plus de traces bruyantes que de monuments durables. Tous ces royaumes, fondés par les races gothiques ont brillé un moment, mais pour faire bientôt place à d'autres peuples plus

civilisés, et qui nous ont légué des notions géographiques bien plus étendues, tels sont les Alamannes, les Francs, les Bavarois, les Lombards, les Thuringiens, les Saxons et les Frisons.

Les Lombards qui semblent, pour plusieurs siècles, terminer ce flot envahisseur, parti du Nord vers le Sud, et bouleversant tout sur son passage, prirent leur nom, au dire de quelques historiens, de la longueur de leur barbe, ou de celles de leurs pertuisannes, selon d'autres.

Originaires de la Scandinavie, les Lombards vinrent s'établir sur l'Elbe. Justinien, qui les appela en Italie, pour combattre les Goths, leur assigna, pour résidence, la Norique et la haute Pannonie. Leur puissance s'étant accrue trèsrapidement, Alboin, leur premier chef, les conduisit dans la Gaule cisalpine, où il fonda une nouvelle monarchie dont Pavie fut la capitale.

En 568, ils soumettent toute la partie septentrionale de l'Italie, la Toscane et les régions centrales jusqu'à Bénévent, la ville de Rome, l'Exarchal de Ravennes, mais les extrémités méridionales restent aux mains des Grecs. L'Italie lombarde fut divisée en trente-cinq duchés, dont les titres se sont longtemps perpétués. Le duché de Bénévent, qui subsista jusqu'en 891, formait un Etat presque indépendant. On donnait au duché de Frioul le nom d'Austria ou Contrée orientale, et à celui de Turin, le nom de Neustria. Ce royaume, qui dura deux siècles, fut remis à Charlemagne en 774, mais fut longtemps encore considéré comme un Etat à part.

La dénomination de Francs, désigne moins une nation particulière qu'une confédération de plusieurs peuples germaniques, qui se liguèrent, vers le troisième siècle, sous le nom générique d',stœvones. Cette ligne se composait, d'après le savant M. Godeau, bibliothécaire de la ville de Blois : do Des Sicambres, qui habitaient les bords du Rhin jusqu'au fleuve Visurgis, aujourd'hui le Weser, et principalement sur les bords de la Sieget dans le duché de Berg; 2° Des Frisons, Frisii, ou Frisoncs, nation très-belliqueuse qui s'étendait des lacs Flevo (aujourd'hui le Zuydersée, considérablement agrandi depuis les empiètements de l'Océan), jusqu'à l'Ems, et au sud du même lac jusqu'au Rhin, et à la partie du territoire des Bataves (les Hollandais actuels) qu'on appelle aujourd'hui la province d'Utrecht; 3° Des Bructères, qui occupaient, entre le Rhin et l'Ems, les pays que nous nommons aujourd'hui principauté d'Osnabruck et régence de Munster, s'étant avancés jusqu'au Rhin, et ayant expulsé de son pays la nation germanique des Marses, qu'il ne faut pas confondre avec les Marses d'Italie, ils entrèrent dans la confédération des Francs.

4° Des Attuariens, Attuarii, Chassuarii, habitant un canton sur les bords du Weser, en Hanovre, dans le voisinage du lieu où fut depuis bâtie la ville de Gottingue.

5° Des Chamaves, qui n'étaient séparés des Bructères que par l'Ems, et occupaient le pays appelé aujourd'hui territoire de Lingen, dans Je royaume de Hanovre.

6° Des Cattes ou Hasses, séparés des Chimeques par la forêt Bacenis, habitant la Hesse électorale, ayant la réputation de former la plus redoutable infanterie de toute la Germanie, et souvent en guerre avec les Romains, auxquels ils ne furent jamais entièrement soumis.

7° Des Ansivariens, Ansivarii, qui habitaient sur le Weser.

8° Des Cauques, Cauci, divisés par le Weser en grands et petits, et que Tacite mentionne comme étant, de toutes les nations germaniques, celle qui avait les sentiments les plus généreux.

9° Des Saliens, Salii, qu'on croit avoir habité le territoire de Liège, après qu'ils eurent passé le Rhin. Ces neuf peuples avaient occupé tout le pays qui s'étend de l'Océan jusqu'au Mein, et duWeserjusqu'auRhin, sur une superficie d'environ de quatre mille lieues carrées, et comme la Germanie était alors, en grande partie, couverte d'immenses forêts, ce serait beaucoup de supposer sa population dans la proportion de cinq cents habitants par lieue carrée, ce qui n'aurait donné que deux millions d'habitants, et comme il n'y eut qu'une partie de ces populations qui passèrent le Rhin, on ne peut guère porter à plus de cent mille hommes la totalité des guerriers que commandaient les chefs francs quand ils envahirent les Gaules, peuplées de dix à douze millions d'habitants au moins.

Mais ces habitants, Gaulois et Romains, avaient, par une paix de trois ou quatre siècles, perdu, ou plutôt n'avaient jamais eu l'habitude des combats. Ils avaient été amollis par le luxe et les délices que l'Italie y avait déversés depuis longtemps. Les Francs, au contraire, venus de l'âpre et brumeuse Germanie intérieure, où ils avaient longtemps défendu leur indépendance contre les Romains, les Francs, disons-nous, également braves sur l'un et l'autre élémentapportaient une audace que rien n'arrêtait et un désir ardent de s'approprier les richesses et le sol déjà riche, déjà couvert de vignobles, de la Gaule opulente. En voilà, ce nous semble, assez pour expliquer leurs conquêtes rapides dans ce pays, conquêtes d'abord tentées sous leurs premiers chefs, mais qui ne devinrent réelles et définitives que sous Clovis.

Jetons un rapide coup d'œil sur les premières conquêtes des Francs. En 437, leurs possessions s'étendent jusqu'aux bords de la Somme. On est peu d'accord si la capitale de cette première France gauloise fut Cambrai, Arras ou Tournai.

A côté de l'Etat gouverné par Clodion, et par les princes de la dynastie mérovingienne, ou plutôt marvingienne, il devait exister une foule de petits Etats. Sous Childéric, les conquêtesdes Francs mérovingiens s'étendaient déjà jusqu'à Orléans et Angers. On croit même que les îles des Saxons prises par ce roi sont les îles des côtes méridionales de la Bretagne.

La cruauté politique de Clovis ou Chludwig créa la monarchie franco-gauloise. Il fait assassiner tous les princes régnant à Cologne, à Cambrai, au Mans, sur des Etats particuliers et la Gaule encore romaine, c'est-à-dire tout le pays situé entre la Seine et la Loire, depuis Rennes et Nantes jusqu'à Autun, passe sous les lois de Clovis. Les Bretons mêmes deviennent ses vassaux. Il soumet les Alamanii et impose son joug aux ducs des Bavarois. Aidé par le fanatisme religieux , l'infatigable conquérant s'empare des Etats gaulois des Visigoths depuis la Loire jusqu'aux Pyrénées, et ne leur laisse qu'une partie du Languedoc ou Septimanie et la Provence. Une grande partie du royaume de Bourgogne devint tributaire de Clovis et fut conquis, en 534, par ses trois fils. Enfin, en 536, les Ostrogots, pressés par Bélisaire, cèdent aux Francs la partie du royaume de Bourgogne située entre le Rhône et les Alpes, et qu'ils tenaient en dépôt, ainsi que la Provence. Les Vascons ou Gascons, maîtres de la Novempopulanie, qui prit le nom de Gascogne, furent soumis en 630, et un siècle plus tard, CharlesMartel enlevait la Septimanie aux Sarrasins.

Une seule bataille mettait la Thuringe sous la domination franque. Les Frisons étaient battus aussi, et la Saxe seule résistait à l'envahissement. Les révolutions, les guerres civiles, les spoliations à l'aide de l'assassinat, du parricide, de l'adultère, etc., changèrent bien des fois, pendant le règne des Mérovingiens, la distribution géographique de tous les petits royaumes qui composaient la France gauloise. Cependant, sans nous préoccuper de toutes ces subdivisions,

deux provinces méritent une mention particulière. Nous voulons parler de la Neustrie et de l'Austrasie. La Neustrie, qui, de démembrements en démembrements, se réduisit à la fin à la Normandie seule, comprenait, ainsi que l'indique son nom Westria ou partie occidentale, tous les pays entre la Meuse et la Loire.

Soissons, Paris et Orléans en furent les capitales. L'Austrasie, ou France orientale, avait Metz pour résidence de ses rois.

Charlemagne, devenu roi de toute la France, en étend les frontières de l'Elbe jusqu'à Bénévent, et de l'Ebre aux bords du Raab, en Hongrie. Ce nouvel empire d'Occident était partagé en gouvernements qui, selon leur importance, prirent le nom de duchés, de comtés et de margravats. Mais poursuivons, avant d'indiquer les changements postérieurs à Charlemagne, notre aperçu sur les migrations antérieures, migrations qui ont amené la fondation successive d'une grande partie des contrées de l'Europe moderne.

Les Saxons, maîtres pendant quelque temps de la Batavie, et alliés des Frisons, devinrent dans le troisième siècle des pirates redoutables.

Les peuples du Nord leur fournissaient des renforts considérables, et une alliance indiscutable existait entre les Saxons et les Scandinaves.

Lorsque les Bretons, abandonnés des légions romaines, cherchèrent de nouveaux maîtres, ils durent en trouver dans la Saxe et dans la Chersonèse cimbrique. En 447, les Jules s'établissent dans une partie du Kent. En 477, les Saxons y fondent l'Etat de Sussex ou Saxe du Sud, en 495 le West-Sex, et en 527 l'Essex. On donnait à ce provinces le nom de Saxonie d'outre-mer.

En 547, les Angles débarquent en Bernicie et fondent le royaume d'Ostangle. En 585 commence le royaume de Mercie. Ces royaumes forment la fameuse heptarchie des AngloSaxons. On nomma alors les contrées situées à l'ouest de la Saverne le pays de Galles, qui, ainsi que la Cornouailles, servit bientôt d'asile aux Welches et anciens Bretons qui s'y réfugièrent.

Les Thuringiens n'eurent pas de destin aussi tumultueux. Ils étendirent leurs possessions depuis l'Oder jusqu'aux bords du Danube. En 531, les Saxons et les Francs se partagèrent la Thuringe. Des peuplades slavonnes habitèrent les parties au-delà de l'Elbe. C'est alors que le nom de Franconie fut étendu à toutes les fractions sur le Mein, et que le Haul-Palatinat des modernes, devenu une possession bavaroise, prit le nom de Nord-Gau. Les Bavarois s'étendirent alors jusqu'à l'Ems et aux Alpes. ils restèrent indépendants tant que la fortune des Goths balança celle des Francs; mais leurs rois, devenus vassaux des monarques français, prirent le titre de ducs. Charlemagne réunit la Bavière à son empire.

La ligue des Alemans ou Alemanis se montre vers 427. Dans le quatrième siècle, l'Ale..

mania s'étendait depuis la Thuringe jusqu'à Langres, en Champagne. En 496, la bataille de Tolbiac rendit tous ces peuples vassaux de la France. La Germanie tout entière a pris le nom de cette grande nation qui, cependant, n'a brillé qu'un instant au milieu de tous les peuples belliqueux de cette époque.

Les Frisii ou Frisons habitaient, au temps d'Auguste, dans la Hollande proprement dite.

Dans les deuxième et troisième siècles, ils se répandirent depuis l'Escaut jusqu'au Weser, et prirent part à l'invasion de la Grande-Bretagne par les Saxons. Les Frisons furent vaincus sous Charles-Martel et sous Pépin le Bref, et Charlemagne leur ôta le droit d'être gouvernés par leurs propres rois. Mais partout on retrouve encore les traces de leur idiome et de leurs mœurs, et, au bout de dix-huit siècles, la nation frisonne est restée debout comme un monument historique.

Les GUivons possédaient, au sixième siècle, de vastes établissements à l'est des peuples germaniques et gothiques. Le grand bouleversement de l'Europe, en affranchissant ces peuples du joug des Goths, leur avait permis d'étendre leurs possessions. Les restes des Gêtes vaincus par Trajan étaient venus renforcer les nations sur la Vistule. S'il faut en croire les récits des historiens, les Wendes occupaient, dans le sixième siècle, le sud de la Baltique, les Slaves vers les sources de la Vistule et de l'Oder, et enfin les Antes, troisième branche de cette race, sur les bords du Dniéper et du Dniester.

Mais les grands établissements eurent lieu en Bohême, en Pologne et en Russie. Les Tcheches, qui peuplèrent la Bohême, doivent leur nom, qui veut dire : ceux en avant, à leur position géographique, puisqu'ils occupaient le plus occidental des Etats fondés par les Slaves; d'autres tribus slavonnes semblent avoir toujours rempli le pays sur la Vistule et sur l'Oder, et, dès 536, on voit les Francs attaquer deux Etats slavons. La Grande-Chrobacie embrassait une partie de la Bohême, la Haute-Silésie et un coin de la Haute-Pologne. Les Awares s'en emparèrent; mais un riche négociant, Samo, à la tète de ses compatriotes, s'affranchit bientôt du joug des barbares. Après la mort de Samo, les Slavons formèrent des petits Etats, au nombre desquels on distingua bientôt la Moravie, qui devint une puissance respectable. Elle comprenait toute la Hongrie septentrionale et fut subjuguée par Charlemagne. Resserrée en 894 dans les bornes de la Moravie actuelle, elle passa en 1177 sous la domination de la Bohême.

Les Wendes se répandirent dans tous les pays parcourus, du côté de la mer Baltique, par l'Oder et la Vistule. Une des principales tribus des Wilzes, les Lutzizos, ont laissé leur nom à la Lusace; la puissance de la nation des Wilzes s'étendait sur le Brandebourg, la Poméranie occidentale et une partie du Mecklembourg.

L'Oder les séparait des Poméraniens, c'est-àdire peuples maritimes, et la rivière d'Havel servait de limite entre eux et les Sorabes ou Serbes. Dans l'est de l'Europe, les Slavons avaient bâti, à une époque restée inconnue, la ville de Kiev, sur le Dniéper, et la ville de Novogorod, sur les bords du lac Ilmen. Vers l'an 850, des Scandinaves nommés Warègues, conduits par leur chef Rurik, se rendirent maîtres de l'Etat de Novogorod, et, mêlés avec les Slavons, formèrent un peuple connu aujourd'hui sous le nom de Russes. Les Warègues s'emparèrent aussi de l'Etat de Kiev, et firent trembler Constantinople par l'éclat et la rapidité de leurs succès. A l'est de ces vastes contrées, théâtre de tant de combats, demeuraient les restes des Scythes d'Europe connus sous le nom de nations tinoises. Au sud de ces nations, vers le lac Aral et au pied du mont Altai, demeuraient les Turcs, et plus loin, vers le centre de l'Asie, les Igours. Les uns et les autres sont regardés comme les restes des Scythes d'Asie. C'est de ce monde presque inconnu jusqu'alors qu'on voit, au sixième biècle, sortir une nouvelle avalanche de barbares, connus sous les noms de Bulgares, Avares, Chazares, Ongres, Hongrois et autres, qui probablement étaient un mélange des races finoises et turques. Les Bulgares tiraient sans doute leur nom du fleuve sur lequel ils habitaient originairement. Leur premier pays, ou GrandeBulgarie, était arrosé par le Volga. On montre, près de Kazan, quelques restes de leur ancienne capitale. Ils demeurèrent ensuite sur le Kouban, et enfin près des bords du Danube, où ils subjuguèrent, vers l'an 500, les SlavonsServiens. Soumis à leur tour par les Aval'es ils s'affranchirent de ce joug en (535. Leur empire comprit alors les Cuturgorcs, établis vers le Palus-Méotidc. La Bulgarie danubienne, démembrement de cet Etat, se rendit longtemps redoutable à l'empire byzantin. A côté des Bul-

gares, on voit paraître les Valaques; mais ces peuplades ne formèrent d'Etats indépendants que dans le treizième siècle. Les Avares, dont on ignore l'origine, se montrèrent d'abord comme ennemis des Sabires, peuples du Caucase; puis ils se portèrent sur le Danube, et, en 566, ils établirent un royaume dans la Dacie et la Pannonie, et de là ravagèrent toute l'Al-

lemagne méridionale. L'empire des Chagans, ou princes des Awares, s'étendait de l'Adriatique au Pont-Euxin ; il embrassait une grande partie du cours du Danube et de la Vistule. Leurs déprédations s'étendaient jusqu'en Thuringe, et les richesses de vingt contrées étaient accumulées dans leurs camps retrallchs. En 796, Charlemagne mit un terme aux brigandages de ce peuple, qu'il subjugua complètement. Les Avares étaient, d'ailleurs, très-affaiblis par leurs luttes avec les Bulgares, et la Hunnavarie, resserrés en Dacie, devint, dans le neuvième siècle, la proie des Moraviens et des Patzinakites Les Khazans, nommés aussi Ougres blancs, se montrèrent d'abord entre la mer Caspienne et les Palus-Méotides, et étendirent bientôt leur domination jusqu'à la rivière de Theiss. Pendant les septième et neuvième siècles, ils devinrent la nation prépondérante de cette partie du monde. Ennemis des Persans et des Arabes, ils devinrent les alliés de l'empire byzantin; mais, vers l'an 884, les Patzinakites ébranlèrent leur puissance. Le nom de Khazara resta jusqu'au douzième siècle à la péninsule de Crimée.

La série des hordes barbares qui ont déchiré l'Europe et changé, presque de fond en comble, les limites de ses anciennes nations, se termine par les Ouga ou Hongrois, qu'on écrit Hungrois, Onugures, Hunnugures et Unnugundures, mais qui s'appelaient eux-mêmes Magyares du nom de leur principale tribu, dans le septième et huitième siècle, ils s'approchèrent des bords du Don et des Palus Méotides, ainsi que l'attestent les ruines d'une de leur ville nommée Madehar, et située dans les déserts au sud-ouest d'Astrakan. Dans le neuvième siècle, ils se rapprochèrent des monts Carpatlies, siècle, d'abord comme auxiliaires des SlavolIsMoraviens contre les Allemands, et ensuite comme alliés d'Arnulphe, roi de Germanie, contre la Moravie. Ils finirent par s'emparer du vaste pays qui porte leur nom, et d'où leurs bandes sanguinaires se précipitaient tantôt sur l'Allemagne et tantôt sur l'Italie.

On doit comprendre aisément qu'au milieu de pareils bouleversements, la science géographique ait fait peu de progrès en Europe ; les rares auteurs qui nous ont laissés quelques manuscrits à consulter, avaient, il faut l'avouer, plus de bonne volonté que de science, cependant ils ont encore rendu quelques services en ne laissant pas tomber dans l'oubli et le néant, les rares travaux des premiers siècles de notre ère. C'est à ce titre que nous signalerons Agathémère et Marcien d'Héraclée, parce qu'ils nous ont conservé des fragments d'ouvrages perdus des premier et deuxième siècles. Festus Aviennus, froid imitateur de Denys lePérigète, a rendu, sans y songer, bien certainement, un service éminent à l'histoire critique de la géographie, en nous conservant dans son Ora Maritima, bien que d'une manière très-confuse, les traditions des Carthaginois sur les voyages faits, par leurs navigateurs, le long des côtes de l'Espagne, des Gaules et d'Albion.

La géographie d'Ethicus, conservée par Orasius, les diverses nations des provinces, et d'autres ouvrages de nomenclature, malgré leur sécheresse et l'ignorance de leurs auteurs, fournissent, cependant, quelques renseignements utiles. Les dictionnaires géographiques de Vibius Sequester et d'Eusèbe, ressemblent assez à nos dictionnaires modernes, et celui d'Etienne de Bysance, beaucoup mieux fait. ne nous est

nAPIlJE UNIVERSELLE

33

j'=a/j.

parvenu que par fragments. Chercho t.1h i dans les auteurs arabes les notions qui nous font défaut chez les peuples européens. ,

Cosmas, moine égyptien, à qui ses vo j dans l'Abvssinie, nommée souvent Inde par res^

anciens, aurait fait dériver le surnom d'Indico- 1 pleuses, à laissé le seul ouvrage spécial de son époque. Sa topographie du monde chrétien offre beaucoup de détails que les naturalistes ont cherché à expliquer; le système cosmographique de cet auteur du sixième siècle, offre autant d'intérêt que celui de Ptolémée. Il considère la Terre comme une vaste surface plane entourée d'une muraille, et la succession des

jours et des nuits, comme l'effet d'une grande montagne située au nord de la terre, et derrière laquelle se couche tous les soirs; le firmament est appuyé sur la muraille comme une immense voûte. Cosmas démontre que ces opinions étaient celles des anciens philosophes grecs, et que son système est à peu près celui d'Homère, donc il ne diffère que par la forme

cnrree qu'il donne à la terre. Le système de Cosmas est le meilleur argument qu'on puisse trouver pour prouver que la géographie, toute poétique d'Homère, conserva toute son influence pendant un grand nombre de siècles.

Au moment où la géographie ancienne semble disparaître peu à peu, la géographie du moyen âge commence à naître, mais cette science ne nous est guère révélée que par les œuvres des écrivains sortis des nations barbares. L'Arménien Moïse, de Chorène, composa, dans le cinquième siècle, un ouvrage géographique dans lequel on trouve quelques détails curieux sur les parties orientales de l'Asie. A peu près, vers le même temps, vivait Paul WarneÇrkl ou Paul Diacre, auteur d'une histoire des Lombards où l'on ne trouve que peu de renseignements, mais un Goth, dont on a toujours ignoré le nom, et qu'on nomme communément le Géographe de Ravennes, a laissé une description générale du monde connu au huitième siècle.

On est surpris, en lisant ce document, de la masse de géographies perdues pour nous, et dont l'anonyme de Ravennes invoque le témoignage. Ce sont Castorius et Lollien, Romains; Hylaset Sardonius, Grecs; Aphrodision et Arsucius, Persans: Ciacori et Blantasi, Egyptiens, qui avaient voyagé au midi de leur patrie; Probus et Mélisien, Africains; Aithanaid, Marcomir et Eldehvald, Goths. Les pèlerinages des chrétiens commencèrent, dans le septième siècle, à réveiller l'esprit d'observation.

Adaman, abbé de Jona, composa une description de Jérusalem et des lieux saints, d'après ce que lui raconta saint Arculfe. Willibald, premier évêque d'Aerchstedt, a laissé une relation détaillée de son voyage en Terre sainte en 730, il existe aussi une autre relation d'un moine français, nommé Bernard, inconnu d'ailleurs, faite en 870, et celle d'un voyage de Bâle à Constantinople par Haiton. On commence à citer les cartes géographiques. SaintGall, fondateur de l'abbaye de ce nom, et qui vivait au septième siècle, en possédait une appelée Mapparn subtili opere. On connaît aussi les trois tables d'argent de Charlemagne, sur lesquelles étaient représentées la terre entière, Rome et Constantinople. Son fils Lothaire brisa la plus grande de ces tables et en distribua les morceaux à ses soldats.

Voici, d'après Malte-Brun, la description d'une carte générale du monde, trouvée dans un manuscrit de l'Apocalypse composé en 787, et qui se trouve dans la bibliothèque de Turin. Cette carte est très-curieuse et peut servir d'explications à l'ouvrage du géographe de Ravennes.

Elle représente la terre comme un planisphère circulaire composée de trois parties inégales. Au midi, la Terre est séparée par l'Océan d'une terre appelée la quatrième partie du monde où est le séjour des Antipodes, et que

f !7 ] J chaleiSï xcessive a empêché de visiter jusrment.

--Lis quatre côtés de la terre sont chacun acnés de la figure d'un vent à cheval sur -- met., d'où il fait sortir de l'air, ainsi que

d'une conque qu'il tient à la bouche. En haut, ou à l'orient, sont Adam et Eve, avec l'arbre du fruit défendu et le serpent; à leur droite est l'Asie, avec deux montagnes très-élevées et ces mots : Mons Caucasus, Armenia. Il en sort le fleuve Eusis, et la mer, dans lequel il se jette, forme un bras de l'Océan qui entoure la terre. Ce bras se joint à la Méditerranée et sé-

pare l'Europe de l'Asie. Peut-être l'auteur a-til voulu désigner, par là, la prétendue communication de la mer Caspienne avec l'Océan septentrional et la Méditerranée. Entre les montagnes est la Cappadoce, et au-dessous l'AsicMineure, la Chalcédoine, la Phrygie, la Pamphilie; plus loin, un désert de sable au nord de ces pays, dont il est séparé par le fleuve Eusis, à peu près au milieu de la carte, on voit le mont Carmel, le mont Sinaï, Ibrim (peut-être Hebron), Ascalones, la Judée, la Babylonie; à la gauche d'Eve est Sidon et le mont Liban, entourés du Jourdain, puis la Mésopotamie et l'Antiochie entre les montagnes, avec cette inscription : Mons arabice, Timisci, fixi campi de sera; les amazones ont dû habiter celte contrée. Dans les Indes, on remarque l'île de Criza et celle d'Algure, la Chryse et l'Argyre des anciens. Viennent ensuite un fleuve et une montagne sans nom; plus loin, au-dessous de la mer Rouge, le Nil, avec une inscription dont voici la signification : « D'autres auteurs rapportent qu'il vient ûe montagnes très éloignées et qu'il coule toujours sur un sable d'or; qu'ensuite il se jette dans un très-grand lac par une embouchure étroite. »

L'Ethiopie est représentée sablonneuse et déserte. Dans le reste de l'Afrique, on n'a marqué que peu de fleuves et de montagnes, et au dessous on lit : Garamuntes, Baggi, Getuli lac us, Montes atlanni, duo Alpet contra Arcsibi, Tuigi, Abecania, Gens (peut-être la ville de Gcnt, placée près de Tingi par le géographe de Ravennes).

Dans la mer Atlantique, près de l'Afrique, on voit deux îles inconnues. L'Europe présente les villes et les pays qui suivent : Tascia (Tuscia ), Roma, Salerna, Benebenti, Epium, Aquilega, fluvius Eusis (qui sort d'une montagne), Constantinopolis, Thessalonica, Macedonia, Germania, lien, fl. Danubii, Stolie, Sarrhaii ; suivent les mots : Hic caput Europœ, liettar.um cannnicum.

De l'autre côté : Dardania, Epirum, Apollin, Spoleti, Niavraria.

r Un peu plus bas, les noms suivants : Suebi, Francia, Gallia belgia, GalHa Lugdunensis, Montes Galliarum, Litania, Tolosa, Gallicia sancti Jacobi apostoli, Betica, fluvius Tavus, Asturia, Cœsar-Augusta, Narbona.

Au nord de cette côte : Tile insula, Tancuses insula (peut-être le Danemark), Britania insula, Scotia insula.

Dans la mer d'Europe, entre sept îles inconnues, il y a : Coos insula, Samos insula, Sicia insula, 2'arsis, corso insula.

Au delà de l'Afrique, au midi, on lit ces mots : « Outre les trois parties du monde, il y en a au delà de l'Océan une quatrième que l'extrême ardeur du soleil nous empêche de connaître et sur les confins de laquelle habitent les Antipodes. »

Si l'Europe semble être, pendant toute la période de migrations et une partie du moyenâge, un véritable foyer d'ignorance, il n'en fut pas de même partout; fort heureusement pour la science, d'autres peuples ont hérité du feu sacré et fourni un nouvel aliment aux chercheurs modernes. Les Arabes remettent la géo-

graphie en honneur, ils reculent les bornes du monde connu, surtout en Asie et en Afrique, et les califes ordonnent à leurs généraux de leur faire des descriptions géographiques des pays soumis. En 833, le sultan Mamoun fit mesurer par les trois frères Ben Schaker un degré de latitude dans le désert de Sangiar, entre Racca et Palmyre. Cette expérience, répétée près de la ville de Koula, servit à déterminer la grandeur de la terre. Les Almagrurins, aventuriers arabes, font voile de Lisbonne pour arriver aux Terres occidentales, au-delà de la mer Ténébreuse ou océan Atlantique. Nous verrons plus loin quel fut le résultat de ce voyage.

Les Arabes firent des découvertes plus positives dans la mer des Indes et de la Chine.

Whahad et Abou-Saïd, observateurs consciencieux, parcoururent les pays les plus reculés de l'Asie, de 851 à 877, et décrivirent des nations ignorées des anciens. Vers la même époque, Sallem, surnommé l'Interprète, explorait par ordre de Vatek, sultan de Bagdad, les environs de la mer Caspienne et s'avançait très-haut dans le nord.

En 921, un autre calife de Bagdad envoya Ibn-Foslan en ambassade chez les Bulgares, et l'ambassadeur rapporta des bords du Volga des détails très-intéressants sur les premiers temps historiques de la nation russe. Àlassoudi, surnommé Cothbettin, écrivait en 947 et mourut en 957. On a de lui, sous Je titre de Prairies d'or et Mines de pierres précieuses, une histoire générale des royaumes les plus connus des trois parties du monde. Il entre dans de grands détails géographiques à l'égard de l'Afrique, de l'Inde et de l'Asie-Moyenne.

Au dixième siècle, lhn-Hankel écrivit une géographie intitulée : Kiltib al Messâleh, dans laquelle il a tracé des tableaux très-instructifs de tous les pays soumis à l'Islam. Les autres contrées sont traitées très-légèrement, et voici la raison que donne Ibn-Hankel lui-même de cette indifférence : « Quant au pays des Nazaréens et des Ethiopiens, je n'en ferai qu'une mention légère, attendu que mon amour inné pour la sagesse, la justice, la religion et les gouvernements réguliers ne me laisse rien à louer ni à citer chez ces nations. »

Edrisé, surnommé le géographe de Nubie, né à Ceuta et élevé à Cordoue, descendait d'une famille qui avait régné en Nubie. Vers 1153, il composa à la cour de Roger Ier, roi de Sicile, ses récréations géographiques, destinées à servir d'explications à un globe terrestre en argent que le roi avait fait faire.

Schahab-el-din, mort en 1229, a laissé un dictionnaire de géographie intitulé : Indicateur des pays par ordre alphabétique. - Zicaria, à peu près à la même époque, écrivit sa description des pays et traditions des peuples. Vers le milieu du quatorzième siècle, Hu-al-Ouardi composa la Perle des Merveilles. Dans cet ouvrage, on trouve de grands détails sur l'Afrique, l'Arabie et la Syrie; mais l'Europe, l'Inde et le nord de l'Asie sont traités d'une façon trèssuccincte. En même temps vivait Hamboullah, géographe persan, dont l'ouvrage est fort estimé par les orientalistes.

Aboub-Feda, surnommé le roi victorieux et lacolonnede la religion, mouruten 1231, à l'âge de 60 ans, léguant à la postérité le Takonim al Bodlan, c'est-à-dire la vraie situation des pays dont A. Reynaud, savant orientaliste français, a publié une traduction. — C'est une description très-détaillée de la Terre, par tables rangées suivant les climats. Dans son introduction, il s'étend sur la géographie mathématique, les mers, les rivières et les montagnes les plus considérables du monde. Il indique, dans son ouvrage, le degré de latitude et de longitude de chaque lieu. La Syrie, où ce prince est né, est décrite avec un soin tout particulier. Il donne aussi des renseignements très-complets sur

l'Arabie, la Perse, l'Egypte et le Mogôl ou côte septentrionale de l'Afrique. L'Europe chrétienne et les contrées intérieures de l'Afrique semblent ne pas lui avoir paru dignes d'intérêt. Quant à la Chine et à la Tartarie, elles ne sont qu'esquissées; fait digne de remarque à une époque ou les fréquentes communications des Arabes avec ces contrées avaient dû faire tomber tous les voiles.

Vers la fin du quatorzième siècle, Abd-Our- raschid, plus connu sous le surnom d'El-Ba- koui, publia les merveilles de la toute puis-

sance sur la terre. — A peu près à la même époque, un voyageur, nommé Ibn-Batouta, né à Tanger, quitta sa patrie en 4325, et pendant vingt ans parcourut l'Egypte, l'Arabie, la Syrie, les provinces de l'empire grec, la Tartarie, la Perse, l'Inde et la Chine. De retour en Afrique, il visita l'Espagne, puis, repassant la mer, il traversa l'Atlas et pénétra jusqu'à Tombouctou, à Melli, et jusqu'au fond du Sondon. Malheureusement, il n'est parvenu en Europe que des abrégés incomplets de la narration de tous ces voyages. Nous ne pousserons pas plus loin cette recherche des géographes arabes.

L'Europe échappa pour ainsi dire aux investigations des Arabes. Cependant, les contrées les plus reculées de notre continent, et les déserts de l'Asie, au delà de la mer Caspienne, ne leur sont pas inconnus, mais les descriptions qu'ils ont laissées de quelques points principaux font trouver bien surprenante leur ignorance à propos des contrées avoisinant les endroits qu'ils ont décrits.

Maîtres de la plus grande partie de l'Afrique, les Arabes parcoururent cette partie du monde jusqu'aux environs de Sofala à l'orient, et jusqu'au delà des bords du Niger dans l'intérieur, mais leurs connaissances de la côte occidentale s'arrêtaient au cap Blanc. Ils connaissaient aussi quelques îles de cette côte, mais, dans leurs récits la fable tient une si large place, et les positions géographiques sont indiquées d'une façon si discordante, qu'il est bien difficile de retrouver aujourd'hui les points qu'ils ont voulu indiquer.

Quelques modernes ont bien voulu reconnaître plusieurs des îles indiquées par les Arabes, comme faisant partie de quelque archipel américain. Nous avons même cité plus haut le voyage des Almagrurins qui a donné lieu à cette version : tâchons de chercher la vérité.

Huit habitants arabes de Lisbonne, auxquels on donne le nom d'Almagrurins ou errants, entreprirent un voyage pour découvrir les terres qui, selon les précurseurs d'Americ Vespuce et de Christophe Colomb, devaientse trouver au delà de l'Océan occidental. Après onze jours de traversée à l'ouest, et vingt-quatre au midi, les navigateurs trouvèrent plusieurs îles dont les habitants leur apprirent que l'Océan était encore navigable trente jours plus loin, mais qu'au delà l'obscurité empêchait d'avancer.

Les Almagrurins se le tinrent pour dit et revinrent à Lisbonne. On peut hardiment conclure de ce récit que les voyageurs avaient tout simplement été jusqu'aux îles Canaries, et que là s'est bornée cette prétendue première découverte de l'Amérique.

Dans le pays sur le Niger, la contrée de Meczara avec la ville ou l'île d'Oulel terminent la géographie arabe à l'occident, comme le pays de Lamba au midi. La Négritie ou la Belad-alSoudan, renfermait les villes de Tokrar, Sallah, Birussa, Gana, célèbres par leur grand commerce. Au nord de ces pays était le désert de Sahara, traversé incessamment par les caravanes des habitants des Varé Clun, qui allaient au pays des nègres chercher de l'or, de l'ivoire et des esclaves.

Dès le dixième siècle, l'Afrique orientale fut fréquentée par les Arabes qui y portèrent leur

commerce et leur domination. Les noms donnés par eux aux peuples de ces contrées sont encore les mêmes aujourd'hui. Au douzième siècle, on citait les villes florissantes de Melinde, de Mombaza et de Sofala. Au-dessous de l'Egypte était la Nubie, à ce pays confinait l'Abach ou Abyssinie. Sur la même côte plus au sud, était le pays desZindges ou Zanguebar; avec le pays de Sofala se terminait l'Ethiopie des Arabes, car pour la terre Ouac-Ouac, souvent citée dans les livres arabes, comme plus reculée encore, il a été impossible d'en retrouver la place.

Les géographes arabes qui ne savaient pas que la mer Herkent, c'est-à-dire la mer entre l'Afrique et l'Inde, ne faisait qu'un tout avec la mer Atlantique, parlent cependant de beaucoup d'îles dans l'océan Indien. Il est certain qu'ils connaissaient Madagascar et que les Arabes y avaient même établi des colonies. Massoudi place l'île de Phanbalu à deux journées de navigation de Zanguebar. Cette île paraît être l'île de Phebol, connue du temps d'Aristote. L'île de Seranda est placée par Edrin près des côtes d'Afrique, toujours par suite de la configuration

donnée à Top rabane par les Grecs.

Bien que les Arabes, fervents propagateurs de la religion deMahomet, aient répanduà profusion des missionnaires dans la plupart des pays asiatiques, ils n'ont guère décrit d'une façon très-exacte que la Syrie et la Perse. Les notions laissées par eux sur les autres contrées, telles que la Bactriane, la Transoxiane et toute la zone comprise au nord et à l'est du fleuve Djihoun, sont aussi très-détaillées; mais ces pays ont éprouvé de tels bouleversements, que les royaumes indiqués par les Arabes sont à peu près introuvables aujourd'hui. Ils ont laissé sur l'Arabie, leur mère patrie, de bien plus précieux renseignements. Grâce à eux on put connaître chaque province, chaque ville même de cette péninsule dont auparavant on ne connaissait guère que les côtes et les principaux ports de commerce.

A l'est de la mer Noire, les connaissances géographiques des Arabes s'arrêtaient aux gorges du Caucase, du côté de Bab-al-Abual, cette sorte de muraille-séparation, découverte par les Russes au dix-huitième siècle, près de Derbent, ville que les Arabes nommaient la Porte-des-Portes. — Il existe près de Termed, sur le Djihoun un autre défilé appelé aussi Porte-de-Fer, et que beaucoup de géographes ont confondu avec le premier. La porte de Termed est célèbre par le passage de l'armée de Tamerlan.

Aboul-Feda a placé dans le voisinage de la Pointe-de-Fer, près de Dubent, les Lesghiens; Guldenstaëdt les a trouvés dans le Caucase. Au delà de cette chaîne de montagnes étaient les Esclavons. Parmi leurs villes se trouvait Maschput, dans laquelle beaucoup d'historiens ont cru retrouver Moscou. La contrée limitrophe de celle-ci, ainsi que du Volga, était Belad-alRus, la Russie actuelle. La mer Caspienne était à peu près connue des Arabes du nord au sud, ainsi que les principaux fleuves qui s'y jettent.

Les vastes plaines, situées au nord de cette mer, étaient nommées par les Arabes déserts de Kaptschack. Entre autres hordes, on y rencontrait celle qu'on nommait la Dorée, et dont le khan habitait la ville de Saray, qui, avant sa destruction par Tamerlan, en 1395, était un célèbre marché d'esclaves. A l'orient de la mer Caspienne, les Arabes n'allèrent guère plus loin qu'Alexandre le Grand. Le Transoxiane ou le Maravelnahar fut l'État arabe le plus reculé vers le nord; il confinait avec le Turkestan.

Les contrées soumises par les Arabes ont droit à une nomenclature. Citons d'abord le Khorassan, situé au nord-est de la Perse; il s'étendait jusqu'à l'Oxus; on y comprenait souvent le Candahar et la province de Balk. AboulFeda et Bokoui y signalent les villes de llérat,

Nisabour Khojend et les deux Mérou. Plus au nord et au sud-est de la mer Caspienne s'étendait le pays de Khovarezm ou Kharism, traversé par le DjihouII, et entouré de plusieurs côtés de déserts sablonneux et arides. Les principales villes étaient Otrar, Ourghendj, Amol, Haza- rasp et Cath. Au Khorossan confinait les provinces de Gour et de Badakhchan. Celle de Gour était un petit Etat particulier dans la par.

tie occidentale des montagnes du Khorossan, au midi de la province de Balkh, et avait une capitale du même nom. Le Badakhchan ou le Ba.

laxion de Marco Polo', fameux par ses pierres précieuses, était, dans le dix-septième siècle, une province de l'empire du Mogol, et confinait, selon Edrisi, avec le Canoge, sur le Gange.

Le Tibet, situé sur les hautes montagnes de l'Inde et de la Chine, paraît être le Tobbat ou Alboton des géographes arabes. Alors, comme aujourd'hui, il était divisé en trois parties : le Tibet supérieur, le Tibet du milieu et le Tibet inférieur. Les autres pays plus au nord, à l'exception du Mavarelnahar proprement dit, pa.

raissent, d'après leurs récits, ne leur avoir été connus que d'une manière très-confuse.

Le Mavarelnahar, qui devint par la suite un Etat mongol particulier, et porte, avec une partie de la grande Tartarie, le nom de Zagathai, était situé entre Je Sihoun et Je Djihoun.

Le pays des Turcs, Je Turkestan, s'etendait au delà du Djihoun au nord et à l'est; mais cette contrée ne fut connue en détail que plus tard. Quant à la partie la plus reculée du sud de l'Asie, elle ne paraît pas avoir, été connue des Arabes. Selon eux, le pays le plus septentrional de cette partie du monde était celui de Gog et Magog. La fable remplace partout à ce sujet la réalité, et il est impossible de rien tirer de positif de ce chaos de fictions inventées par les Arabes et répétées par beaucoup de géographes plus modernes.

La Chine est plus connue. Sous le règne du khalife Walid, qui régna de 704 à 715, des ambassadeurs arabes se rendirent en Chine en traversant le Kachghar. Depuis lors, les voyages par terre de Samarcand à Kanfou, en Chine, furent assez fréquents. Dans le même siècle, cet empire fut visité par des navigateurs arabes.

AVahad et Abou-Said firent par mer un voyage à Canton. Bientôt d'autres villes furent ouvertes au commerce. Les négociants connaissaient donc ce pays, mais les géographes ne pouvaient déchiffrer ni le nom des provinces, ni celui des villes; aussi sont-ils très-concis et ne nommentils que les principales. Au midi de la Chine, l'Arménien Hayton place le riche pays de Sino, qui confine avec l'Inde et le Cashai. Ce que nous comprenons aujourd'hui sous le nom d'Hindoustan était divisé en deux grandes provinces : Sind et Hind. La première comprenait à peu près les pays le long de l'Indus, le Lahore, le Moultan, l'Adjemyr et le Gondgérate.

L'Hind, qui était à l'ouest, renfermait t les provinces de Dehly et d'Agra, le pays d'Oude, le Bengale ou les contrées le long du Gange. La partie méridionale, le Dékhan, appartenait au Sind. Les connaissances certaines des Arabes sur cette péninsule s'arrêtaient au cap Comorin.

L'intérieur leur était inconnu, ainsi que la côte deCoromandel. Sous le règne du khalife Walid, pendant qu'à l'Orient les Arabes terminaient la conquête de l'Espagne, leurs armées soumettaient le Moultau et Je Lahore; aussi leurs historiens connaissent-ils très-bien une grande partie du Sind. Ils donnent de nombreux détails sur la vallée de Cachemyre et ses villes populeuses. Ils écrivent Almansoura, qui s'étendait sur tout le delta de l'Indus, et connaissent parfaitement Gondgérate, dans lequel ils citent les villes do Sumenat, Cambay et Norhwara. Cette dernière ville était la résidence du plus puissant des rois de l'Inde.

Le Bengale, Etat puissant et fort ancien, avait

porté le nom de Canoge, qui était aussi celui de sa capitale, dans laquelle les anciens signalent trois cents marchés pour les pierres précieuses seulement. Elle était sur le Gange. On cite aussi, dans cette partie de l'Hindoustan, Benarès ou Banars, antique école de la philosophie indienne. Ibn-Batouta nous apprend que Dehly fut nricf> nnr IpQ Arahp.s fin 1188. Il vante la

beauté de cette ville, la plus vaste de l'ilindous- tan, et cite comme sa rivale Daoulet-Abad, ville très-importante, puis Nazar-Abad, habitée par les Mahrattes, Sagar, qui portait le nom de la rivière qui l'arrosait, et enfin Goa, qui appartenait au roi de Candehar.

Les côtes du Malabar étaient connues des Arabes, dont les pilotes avaient guidé les Romains et plus tard les Portugais. Cependant, ils ne citent guère que la ville de Mangador, près du cap Comorin et de la ville du même nom, formant la limite nord, et Sind et Hind. Les Arabes connaissaient les îles Maldives, qu'ils nommaient Robaihat. et dont ils estimaient le nombre à dix-neuf cents.

Quelques géographes arabes placent près de l'Inde, l'île de Ceylan ou Serendip. A la suite de cette île vient ordinairement le royaume de Ramani. Une île, entre Ceylan et le continent, prend le nom de Ramana-Coil, et, dans le delta formé par le fleuve Madura, ils citent une ville Ramana, ancienne capitale d'un royaume. Les côtes de Coromandel et de Bengale leur sont également connues sous le nom de Mah'bar. L'île de Sumatra prend le nom de Lamery, et Java ou Al - Djanah était également connue des Arabes.

Tandis que le peuple de Mahomet étendait ses courses victorieuses vers l'Orient, les peuplus du Nord continuaient leurs migrations.

Mais les hordes des Normans, des Warègues, des Ostmans et d'autres encore, arrêtées au centre de l'Europe par les forces imposantes de la France et de la Germanie, durent chercher sur la mer des conquêtes moins coûteuses.

Après le neuvième siècle, il sortit de ces régions, habitées par des pirates, des géographes instruits et des navigateurs avides de nouvelles découvertes. Les services que ces infatigables chercheurs ont rendus à la géographie nous ont été conservés par le roi Alfred. par Adam de Brème, par YHeims-Kringla de Suorron, écrit dans le douzième siècle, par diverses chroniques islandaises et par la carte des frères Zéni.

La plus ancienne description des pays du nord de l'Europe est celle du roi Alfred.

Elle est claire et précise. On trouve dans le récit de ce roi d'Angleterre, qui régna de 872 à 900, un extrait de deux relations scandinaves.

Dans l'une, le norwégien Other retraçait ses voyages depuis le Halogoland en Norwége jusqu'à la Biarmie, à l'est de la mer Blanche, et d'un autre côté le long des côtes norwégiennes et danoises par le Sund, jusqu'à la ville de Hœtum en Sleswig; enfin, il décrit la Suède, la Norwége et le Queenland ou OstroBotnie. L'autre relation était celle d'un voyage du Danois Wulfstan, depuis Sleswig jusqu'à Treno, ville de commerce dans la Prusse ou Estum. Le roi Alfred comprend dans la Scandinavie la Biarnice, la Finnemarkie, le Queenland, la Gothie, la Suède, la Norwége et Je Danemark. Le nom générique le plus ancien pour désigner toutes ces contrées semble être celui de Mannaheim ou patrie des Hommes.

Examinons ces divers pays, que nous avons déjà effleurés dans la première partie de notre histoire géographique. La lumière se fait peu à peu, et les limites du monde des anciens ont déjà disparu pour arriver peu à peu à celles que nous connaissons aujourd'hui.

La Norwcge ou Northmannaland consistait dans la côte occidentale de la Scandinavie, depuis la rivière de Gotha jusqu'à Ilalogaland.

Les côtes méridionales se nommaient Veken,

c'est-à-dire le Golfe. C'est là qu'il faut chercher la ville de Kiningesheal, le Konghille moderne La Finnemarkie ou le Finmarck est la Laponie actuelle. Ayant passé cette extrémité de l'Europe, Other entre dans le grand golfe, nommé aujourd'hui mer Blanche, et alors Quen-Sia, mer des Quènes ou Gandvik. Il visita ensuite la Biarmie ou Permie, côte habitée par les Samoyèdes, le long de la mer Blanche, près de l'embouchure de la Dvina. Les Biarmiens, peu-

ple de la race finnoise ou scythique, s étendaient jusqu'aux Bulgares, vers les sources du Volga.

Les Quènes habitaient depuis la mer Blanche jusqu'à l'orient du golfe de Botnie. Le récit du roi Alfred laisse un peu dans l'ombre la Suède ou Séonie. Il est facile de comprendre cette lacune. Other n'ayant que fort peu visité cette contrée, on ne trouve guère que la Scanie, la Beckingie, le Miore, qui est probablement une partie du Smoland, et les îles d'CElaud et de Gotland.

Adam de Brème, deux cents ans plus tard, fait mention de l'Ostrogothie et de la Vestrogothie, du Vermeland et des villes de Birea, Sigtuna et Scara, et il est le premier qui nomme l'Herlingie. Les noms des autres provinces de la Suède sont de temps plus modernes. Le Danemark portait déjà son nom et comprenait les îles de Séland, de Langeland, Laland, Falster et autres, ainsi que le Jutland, où la ville de Sleswig était déjà célèbre.

Jusqu'en 1157, la Finlande ne fut que le repaire de pirates sauvages qu'on appelait Finnois et Kyriales. Les Suédois soumirent les côtes de Finlande dans le douzième siècle, et construisirent les villes d'Abo, de Tavastehous et de Wiborg. Eginhard écrivit le premier une description de la mer Baltique, mais il n'en connaissait pas l'extrémité orientale. Le roi Alfred trouva une description beaucoup plus correcte dans l'œuvre du Danois Wulfstan.

D'après ce dernier, il put indiquer les îles les plus considérables, et outre celles dont nous avons déjà parlé, il signale l'île de Bornholm sous le nom de Burgendoland, il donne l'embouchure de la Vistule pour le point de séparation entre le Wernodiand et les contrées des Estiens.

La première description exacte et détaillée de la Prusse est due aux Normands. Wulfstan fait mention de cette contrée sous le nom de Witland. Les écrivains islandais des onzième et douzième siècles connaissaient l'Ermeland, province de la Prusse dont les habitants étaient appelés Ormoi et Wermiani. Derrière ces contrées, le roi Alfred plaçait le Wirlaland.

Depuis le neuvième siècle, les navigateurs scandinaves visitaient les îles et les côtes les plus reculées de la mer du Nord. L'Irlande, bien que fort éloignée, fut découverte vers le septième siècle. Les Scandinaves fondèrent dans cette île les royaumes de Dublin, d'Ulster et de Connaught, qui leur payèrent longtemps tribut et qui furent soumis par les Anglais en 1771.

Vers 964, les Normans occupèrent les îles Schetland, qui firent pendant quelque temps partie du comté des Orcades. Les Irlandais donnaient à toute l'Ecosse le nom de Pettoland.

La province de Caithness, qui est la plus septentrionale de l'Ecosse, formait un Etat très-peu connu et qui eut souvent les mêmes souverains que les Orcades. Cet Etat fut renversé en 1195 par Guillaume, roi d'Ecosse. Mais le souvenir des Normans s'est conservé dans le pays, et c'est encore à eux qu'on attribue tous les monuments dont on trouve les ruines dans les montagnes. En 893, les Normans avaient conquis les îles Hœbrides des anciens, auxquelles ils donnèrent le nom de Suder-Eyar ou îles méridionalcs, vu leur position par rapport aux îles.

Orcades.

En 861, un bâtiment scandinave s'arrêta aux îles Fœroe, convaincus par le vol des corbeaux

que cet archipel annonçait d'autres terres. De 860 à 872, trois navigateurs visitèrent l'Irlande, île célèbre par les manuscrits qui y ont été conservés, par les services que ses habitants ont rendus à l'histoire du Nord et aux descriptions géographiques qui en ont été faites. Ces premiers navigateurs scandinaves indiquaient la vraie circonférence de l'Islande, dont on pouvait faire le tour, disaient-ils, en sept jours. Cette circonférence, conforme aux observations modernes, était de i68 vekar ou lieues de i5 au degré.

On n'est pas d'accord sur la date de la découverte du Groënland, grande île séparée du continent de l'Amérique du Nord par le détroit de Davis. Cependant, l'opinion générale pense que l'Islandais Eric Rouda fut le premier qui s'y fixa, en 932. Jusqu'en 1418, les colons norwégiens établis dans ce pays avaient leurs évêques et payaient pour dîme et denier de Saint-Pierre 2,600 livres pesant de dents de morse. On y avait bâti deux villes, Garda et Hrattalid. Mais les établissements des Islandais et des Norwégiens n'y étaient guère plus solidement établis que ne l'ont été depuis ceux des Danois.

La colonie scandinave du Groënland était divisée en deux cantons : l'un occidental, qui comptait quatre églises; l'autre oriental, où se trouvaient deux grands hameaux, baptisés pompeusement du nom de villes. La grande peste qui, vers le milieu du quatorzième siècle, ravagea l'Europe et dépeupla, en partie, toute la partie septentrionale, s'étendit jusqu'au Groënland, et en 1418, une flotte, venue on ne sait d'où, porta le fer et le feu dans la colonie, et anéantit à jamais les établissements existant à cette époque.

Dans le récit des voyages entrepris au Groenland, il est facile de se convaincre que l'Amérique a été découverte cinq siècles avant Christophe Colomb, par de hardis navigateurs, qui se rendaient aux nouvelles colonies norwégiennes. En effet, en 1001, l'islandais Biorn, cherchant son père au Groënland, est poussé par une tempête fort loin au sud-ouest. Il aperçoit un pays plat, tout couvert de forêts, et revint par le nord-est au lieu de sa destination. Le fils aîné d'Eric Randa, fondateur des établissements groënlandais, apprend ces particularités, et part, avec Biorn, à la découverte de ces contrées inconnues. Les deux explorateurs trouvent d'abord une grande île couverte de rochers qu'ils nomment Hellelaud, une terre bien sablonneuse, couverte de bois, reçoit le nom d'Harkland i deux jours après Leif et Biorn abordent sur une nouvelle côte, au nord de laquelle s'étendait une île ; ils rencontrent une rivière, et arrivent près d'un lac, là, séduits par la douceur de l'atmosphère, par la fertilité du sol, et par la richesse poissonneuse de la rivière, les navigateurs s'établissent pour rivière, l'hiver. D'après leurs observations, ils passer notent celle-ci, que dans le jour le plus court, le soleil reste huit heures sur l'horizon, ce qui suppose que cette contrée, restée inconnue depuis lors, devait se trouver à peu près par les 49 degrés de latitude. Un Allemand, qui était du voyage, décou-vrit du raisin sauvage et en indiqua l'usage à ses compagnons, de là le nom de Vinland donné à cette contrée, car Vinland veut dire pays du vin. Les parents de Leif firent plusieurs voyages dans cette nouvelle découverte, et se trouvèrent à leur troisième incursion en présence de sauvages de petite taille, qu'ils nommèrent Skrœlingues, et qu'ils massacrèrent sans aucun motif, aussi furent ils attaqués par la tribu tout entière et forcés de se retirer. Quelques années plus tard, ils faisaient avec les Skraelingues, une sorte de traité d'alliance, et firent avec eux un très-grand commerce de fourrures. On ne trouva nulle part des traces positives d'établissements stables, seulement on sait qu'en 1121, un évêque, nommé Eric, se rendit au Vinland pour prê-

cher le christianisme aux naturels de cette contrée.

Passons sous silence un voyage plus que douteux, d'un certain Madoc-ap-Owen, vers l'an 1170, nous arrivons au quatorzième siècle, pendant lequel les frères Zéni, nobles Vénitiens mtrés au service d'un prince des îles Feroë et Schetland, visitèrent de nouveau les contrées découvertes par les Islandais, et en laissèrent une narration, qui bien certainement fut connue de Christophe Colomb. Cette assertion est surabondamment prouvée par la carte de navigation des frères Zéni, et par la relation de ces voyages publiée, à Vienne, en 1858, par Nicolo Zeno, descendant des célèbres navigateurs. La carte des deux Zéni, copiée sur une vieille gravure sur bois, offre, sous une graduation grossière les pays suivants. Au midi, et du côté est, on voit Scocia, l'Ecosse; au sud-est, se présente Dania, le Danemark, la forme en est remarquablement exacte pour ce siècle, on reconnaît tous les détails de la côte occidentale du Jutland. Les îles d'Amère ou Amro, Salt ou Sylt, et ainsi de suite jusqu'à la pointe de Bovenbergen, dont le nom est écrit Bomienbergen ; à l'est, on voit Gocia, la Gothie, et Succia. Les côtes, presque sans détails particuliers, offrent des contours assez exacts. Toutes les positions sont cependant trop au nord. La Norwége (Norvegia) ne commence qu'à 64 degrés.

Le cap Lindesnes ou Der-Neus est nommé Géranès. On reconnaît Bergen dans Pergen, Trondheim dans Trombo, et l'île de Tromsoé dans Trons. Le cap Stadt est marqué par son nom ; on retrouve jusqu'à des villages tels que Gasemdel ou Grisdel; à l'ouest de la Norwége, on aperçoit un archipel nommé Estland, composé d'une grande et de plusieurs petites îles, la position, ainsi que les mots Sumberconit ou cap de Sumburg; S. Magnus, baie de SaintMagne; Bristund, Bressa-Sound; Scalogni, Scablawag, et quelques autres démontrent que ce groupe, de la carte de Zéno, représente les îles Schetland, appelées, par les Norwégiens, Jetland, Himlteland et Hitland; la carte donne même à un îlot de cet archipel le nom d'Itland.

La position de l'Islande n'est pas moins évidente, on reconnaît dans Scalodin et Olensis, les villages de Scolholt et d'Hola; le dernier nom n'est évidemment qu'une abréviation de ces mots : Olensis episcopi Sedes; la partie orientale de l'Islande, découpée par plusieurs golfes profonds, est représentée comme un assemblage d'îles. Jusqu'ici tout s'explique sans effort; les difficultés vont se présenter. Au midi de l'Islande, au nord-est de l'Ecosse, entre le 61e et 65e degrés de latitude, on aperçoit une grande île entourés de plusieurs petites, cette terre, appelée Frisland, appartenait au roi de Norwége. L'île de Frislande est nommée sur la carte de Christophe Colomb, mais de façon à faire douter si c'est cette île qui a été visitée par Colomb, ou s'il s'était dirigé vers l'Islande, le navigateur anglais, Forbischer, croit avoir l'île de Frislande, à 26 degrés à l'ouest des Orcades ; mais il paraît certain que c'est la pointe du Groenland qu'il a prise pour la Frislande, tandis qu'il prenait les îles de la côte du Labrador pour le Groënland lui-même. Mais reprenons la description de la carte des frères Zéni.

Au nord de l'Islande on voit une immense péninsule semblable au Groënland par sa configuration, mais qui au nord-est [va rejoindre la Norwége par une ligne indécise au-dessous de laquelle les auteurs ont écrit Mare et Terre incognito. Toutefois la relation qui sert de commentaires à cette carte dit positivement que les Zeni, en allant de l'Islande au nord, trouvèrent une terre appelée Engrouiland dans le texte, mais bien Engroneland et Grolandia sur la carie, ces deuv noms sont placés l'un à l'ouest et l'autre à l'est. Nous ne suivrons pas les frères Zéni, dans leur description du monastère de Saint-Thomas dans l'Engrouiland. Ce

récit fabuleux ou mal interprété par le traducteur, ne nous apprend rien de positif. Nous laisserons aussi de côté la découverte ou prétendue découverte de l'Estotiand et de Drogéo ou Droceo, les indications de la carte de Zeno, sont tellement arbitraires, qu'on ne sait si on doit croire à une pure invention, ou si, par suite d'une fausse position sur la carte, on ne doit pas retrouver dans l'Estotiand et dans Droeo, Terre-Neuve, la nouvelle Ecosse et la nouvelle Angleterre.

Du onzième au quinzième siècle, le clergé et quelques souverains étendirent les connaissances géographiques en Europe, et Giraud le Gallois nous fournit un exemple de l'enthousiasme avec lequel étaient accueillis les relations des pays étrangers. Ayant été chargé de lire, au collège d'Oxfort, bâti par Guillaume Wiestman, en 1380, sa description de l'Irlande, Giraud fut obligé de recommencer cette lecture trois jours de suite. Le premier jour fut consacré aux pauvres de la ville, le second aux docteurs et le troisième à la bourgeoisie.

D'autre part, quelques souverains s'occupèrent d'une manière active des progrès de la géographie. Il est bien certain que si les Scandinaves eussent connu la boussole, ils auraient fait le tour du monde. En 1231, Waldimir II, roi de Danemark, fit dresser un tableau topographique de toutes les contrées de son royaume. Les rois d'Angleterre parurent animés du même esprit, malgré la destruction presque générale des livres sous Henri VIII. On possède encore sept cartes grossières de ce royaume et des îles qui l'avoisinent. Guillaume-le-Conquérant fit dresser des tableaux généraux des provinces. On y trouvait les terrains cultivés et ceux en friche; les villages, avec le nombre de leurs habitants et la quotité des impôts qu'ils payaient. Le Doomsday-Book, tel est le nom de cet ouvrage, fut composé de 1082 à 1083, et comprenait toute l'Angleterre, à l'exception du Northumberland, du Cumberland, du Wesmorland et de Durham. En Allemagne, on retrouve un travail semblable à celui du Doomsday-Book, fait par l'ordre de l'empereur Charles IV, par le comte de Herzberg, et qui comprend toutes les topographies financières de la marche de Brandebourg.

Mais les plus grands progrès de la science géographique pendant le moyen âge sont dus aux révolutions de l'Asie, qui, en amenant en Europe des peuples jusqu'alors inconnus, inspirèrent le désir de visiter la Tartarie et la Chine. Dans l'espace de cinq à six siècles, en Asie et en Afrique, la face du monde avait été complètement changée. L'empire des Khalifes s'était écroulé et plusieurs royaumes étaient sortis de ses débris. Les Aglabitès, qui régnaient sur l'Afrique propre et la Sicile, avaient pour capitale Kairouan. Les Fatimites les remplacèrent et choisirent le Caire pour capitale. Ils sont chassés à leur tour, en 1171, par Saladin.

Dans l'Afrique occidentale, un royaume comprenant les pays d'Alger, de Fez, de Segelmesse et de Tripoli est fondé par Zeiri, et subsiste deux siècles. Les Almoravides, en 1059, bâtissent Marrakch ou Maroc, s'emparent de 1 Espagne musulmane, et y règnent jusqu'en 1146. Les Àlmohabes réunissent les deux royaumes d'Alger et de Maroc, et en sont chassés en 1269 par les Myrinites. Les Etats de Tunis, d Alger, de Tremecen et autres naquirent du bouleversement de ces monarchies, et, au quinzième siècle, l'Afrique septentrionale prit les formes géographiques que nous retrouvons aujourd hui.

Les empires fondés par les Turcs eurent plus de stabilité. Pendant un siècle et demi, le singulier Etat des Ismaëliens ou Assassins se maintint en Perse et en Syrie, partagés en deux branches, dont la plus célèbre avait pour chef le Vieux de la Montagne. Les Gazuévides ré-

gnèrent pendant les onzième et douzième siècles sur un grand empire dont le Kaboul, le Kandahar et le Khorassan formaient le centre.

Les Safdjoucides furent plus heureux encore.

Togrul-Beg en posa les fondements en 1037, en s'emparant du Khorassan. Il conquit toute l'Asie occidentale, depuis les côtes de Syrie jusqu'aux monts Kasghar. Le principal Etat des Saldjoucides, l'Iran, fut détruit en 1195. Celui d'Iconie lui survécut jusqu'en 1308. Il occupait toute l'Asie mineure. De ses cendres naquit la puis sance ottomane, qui, dévorant les restes de l'empire d'Orient, lit disparaître du même coup la Bulgarie, la Servie et d autres pays voisins du Danube. Les Charissimites étendirent leur domination jusqu'aux confins de la Chine, et ne disparurent qu'en 1231. En Syrie, Noureddin fonda un Etat moins vaste, mais aussi florissant, qui fut agrandi en Egypte par Saladin, qui y ajouta la Palestine et la Mésopotamie. Cet empire disparut avec son fondateur, et les Mameloucks commencèrent à se montrer en Egypte.

Pendant que tous ces empires naissent, s'élèvent et tombent pour ne plus se relever, la puissance des Mongols reste seule debout. Le génie gigantesque de Temoudgyn, qui, en 1203, prend le titre de Tchinghis-Khan en présence de cent chefs de tribus, précipite ces hordes sauvages hors de leurs immenses déserts.

Chaque année amène sous sa domination un nouveau royaume. En i208, il soumet les Turcs orientaux. En 1215, il prend Péking d'assaut et envahit toute la Chine septentrionale. En 1219L, il s'occupa de Karizm et souvent le Khorassan.

En 1221, ses armées pénètrent jusqu'à la mer Noire, tandis que lui-même traverse le grand désert de Cobi et soumet le Tangout. Bientôt, sa domination s'étend du Dnieper jusqu'au delà de la grande muraille. C'est de lui que le poète eût pu dire : Ce royaume effrayant fait d'un amas d'empires!. Et pourtant, tout n'estpas dit encore. Son fils Ogadai soumet la Syrie, l'Asie mineure, la Géorgie et l'Arménie, la Russie entière, la Pologne, laSilésie, et pénètre même dans la Hongrie, qu'il dévaste. A l'est, ce prince achève la conquête du pays des Nioutchi. Pendant ce temps, Mangou détruit le khalifat de Bagdad, et Koubai-Khan conquiert la Chine méridionale et une partie de l'Inde. L'Asie n'allait bientôt plus faire qu'un seul et immense empire. Seul, le Japon, défendu par les flots et les vents, avait échappé à la rage des vainqueurs. Mais l'empire mongol périt par son immensité même, divisé en plusieurs khanats placés sous la domination du khan de la Chine.

La désunion se mit bientôt entre les princes régnants, et l'éloignement même rendit le pouvoir du chef suprême complètement illusoire.

Les progrès effrayants des conquêtes des Mongols firent trembler sur leur base tous les trônes de l'Europe. La crainte de ces barbares, qui n'avaient pas craint de venir menacer la moitié de l'ancien continent européen, inspira à l'empereur Frédéric l'idée de convoquer en une immense alliance tous les potentats de la chrétienté, et l'on vit même les princes refuser, par crainte, de se rendre à la pêche du hareng sur la côte d'Angleterre, comme ils avaient coutume de le faire. En présence de cette panique générale, le pape chercha, par des ambassadeurs et des missionnaires, à detourner d'Europe le cours du torrent dévastateur. De ces ambassades, la géographie retira de nombreuses notions nouvelles et certaines. Suivant toutes les probabilités, ces voyages furent précédés par celui de Benjamin de Tudèle, qui en écrivit la relation en 1160. Benjamin a décrit ce qu'il y avait de plus curieux dans le midi de l'Europe, mais on s'aperçoit bien vite qu'il n'a pas vu tous les pays qu'il décrit, et qu'il a beaucoup copié ses prédécesseurs ; de là une quantité innombrable d'erreurs et de fables. Les autres relations qui nous sont restées des voyages du

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

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moyen âge offrent beaucoup d oi eu t LM 1 cartes de cette époque partagenttés mêmes-et-, rements ; on peut ranger les uns eKies autres el) deux classes. Les unes copient tout le système de Ptotemée, sans y ri,e buter^

d important. Les autres, dans lesquels on réunit pêle. mêle les pays nouveaux découverts par les géographes eux-mêmes, mais auxquels ils ajoutaient les pays dont ils avaient entendu parler, et même les contrées fabuleuses nées dans l'imagination des auteurs.

Les navigateurs catalans furent les premiers qui aient établi une académie nautique et qui aient publié des cartes planes. Nous devons accorder une assez large place à l'atlas catalan de 1375, car c'est le premier monument géographique qui eut une influence directe sur les études postérieures. Cet atlas manuscrit se compose de six doubles cartes, collées sur bois et peintes en couleur. Ces cartes ont 70 centimètres de long sur 50 de large.

La première carte est divisée en quatre colonnes, et contient un long exposé des cinq manières dont le monde a été formé, des quatre éléments qui le composent, de la forme de la terre, de sa circonférence, évaluée à 20,052 milles, et de notions générales sur les trois parties du monde, sur le mouvement du soleil et de la lune, sur l'influence bonne ou mauvaise de notre satellite, et sur la manière de calculer le jour auquel Pâques doit tomber, particulièrement en l'an 1375.

Au-dessus des cercles destinés à arriver à ce calcul, on voit la rose des seize vents, et enfin, au bas, dans la même colonne, la figure d'un homme nu, sur les membres duquel sont placés les douze signes du Zodiaque : sur la tête Je Bélier, sur le cou le Taureau, sur les deux bras lej Gémeaux, sur la poitrine, jusqu'aux parties génitales, au-dessous l'un de l'autre, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire ; sur les cuisses, le Capricorne ; sur les jambes, le Verseau, et sur les pieds, les Poissons. A gauche de cette figure, on lit une légende dont voici la traduction abrégée : Ptolémée dit : Garde-toi de toucher a ta personne avec le fer, ni de te faire saigner tant que la lune est en ce signe qui est indiqué sur ce membre.

La deuxième carte contient les saisons et les signes du Zodiaque. Le milieu présente une suite de trente-sept cercles ou bandes circulaires. Une légende occupe une longue bande en haut et une autre en bas. Aux quatre coins du carré qui se trouve au milieu de ces cercles, on voit les saisons réprésentées par trois hommes et une femme portant les costumes catalans du quatorzième siècle et accompagnées d'une légende indiquant la durée de chacune d'elles.

L'un des cercles représente les figures grotesques des douze signes zodiacaux. Un autre donne l'explication de ces signes, avec des prescriptions hygiéniques pour chacun d'eux.

Un autre contient vingt noms arabes de quelques-unes des principales étoiles des constella.

tions. Un autre la figure des sept planètes.

D'autres représentent le feu, l'air et l'eau. Enfin, au milieu se trouve la figure d'un astrologue mesurant la hauteur du soleil.

Les 3", 4e, 5e et 6e cartes de l'atlas sont hydrographiques. En commençant par la dernière, qui représente le nord, le centre et le midi de l'Europe et le nord-ouest de l'Afrique, on voit, au nord, une île appelée Chatam, et qui paraît être l'île de Thule de Ptolémée, et au sud de celle-ci, une autre, portant le nom de Archania, et représentant les Orcades, avec cette légende : « Dans cette île d'Orcades, il y a six mois de jour pendant lesquels la nuit est claire, et six mois de nuit pendant lesquels le jour est obscur. »

Un peu plus au sud, on lit : Illa de Scillanda

(Notablement les îles du Shetland), avec cette ndt : « Ils parlent la langue de Norwége et sbfli chrétiens. »

/Au nord-est, sur le continent, on lit au-dessus du motNorwége: « Cette région deNorwége est très-âpre, froide, montagneuse, neigeuse et couverte de bois. Les habitants vivent plus de poissons et de chasse que de pain. L'avoine y vient même en petite quantité, à cause du froid.

On y trouve beaucoup de bêtes sauvages, telles que cerfs, ours blancs et gerfauts. »

On reconnaît aussi sur cette carte la Suède (Suessia), le Danemark, appelé Dasia, où se trouve une ville de Viber, qui est sans doute Viborg.

Puis à l'ouest, l'Angleterre (Ingelterra), avec l'Ecosse (Schocia) et l'Irlande (Irlanda), à côté de laquelle on lit une singulière légende, dont voici la traduction : « En Hibernie, il y a beaucoup d'îles qu'on peut croire merveilleuses, parmi lesquelles il s'en trouve une petite où les hommes ne meurent jamais; mais quand ils sont assez vieux pour devoir mourir, on les porte hors de l'île. 11 ne s'y trouve ni serpents ni grenouilles, ni aucune araignée venimeuse; la terre y est plutôt contraire à toute bête venimeuse. Là aussi sont un lac et une île. Bien plus, il y a des arbres qui portent des oiseaux, comme d'autres arbres portent des figues mûres ; il y a là une autre île dans laquelle les femmes n'accouchent jamais; mais lorsqu'elles sont arrivées à terme, on les porte hors de l'île, suivant la coutume.

Au sud et au sud-est du Danemark et de la Suède sont situées, sur le versant septentrional des Alpes, l'Allemagne (Allemania), la Bavière (Bavaria), dont on nomme les principales villes, telles que Dresde (Dresden), Ratisbone (Ratisbona), Mayence (Magensia), Coblentz (Conflansia) , Cologne (Cologna) , Luxembourg (Lucembor).

On reconnaît la France aux villes suivantes : Calais (Calles), Boulogne (Bollogna), Dieppe (Diep'a), Rouen (Roan), Paris, surmonté d'un étendard,porte d'azur à fleurs de lys sans nombre.

Cherbourg (Cheriborg), La Rochelle (Rocella), Avignon (Vinyo), Marseille (Marcella), Toulon (Talom), etc.

L'Espagne, qui dans cet atlas est appelée Chastela, les îles Baléares, la Corse et la Sardaigne sont représentées avec assez d'exactitude.

A l'ouest de l'Afrique, il est assez curieux de voir figurer sur cet atlas les îles Açores, que les Portugais ne découvrirent que de 1432 à 1437, et les Canaries, qui ne furent découvertes par les Espagnols qu'en 1395.

Dans la légende placée au-dessous de tes dernières îles, on lit : « Les îles Fortunées sont situées sur la grande mer, du côté de la main gauche, touchant la limite de l'Occident, elles ne sont pas loin en mer. » On y trouve du miel et du lait, surtout dans l'île de Capria, ainsi appelée de la multitude de chèvres qui l'habitent.

L'île Canarie s'appelle ainsi de la multitude de gros et forts chiens qui l'habitent.

Au-dessous dès Canaries, on voit un navire avec un pavillon aux armes d'Aragon, et auprès une légende avec ces mots : « Le vaisseau de Jacques Ferrer partit pour aller au fleuve de l'or, le jour de Saint-Laurent, qui se trouva au 10 août, et ce fut en l'an 1346. »

Ainsi que le fait observer M. Tastu, voilà un fait remarquable dont les géographes français, avant le dix-neuvième siècle, n'ont point parlé, et cependant l'atlas catalan est à Paris depuis l'époque de sa confection, c'est-à-dire de 1375 à 1377.

Les parties de l'Afrique représentées sur cette carte offrent quelques points dignes de remarque.

Nous ne parlerons pas des principales villes qui y sont représentées, telles que Maroc (MaroclO, Tlemcen (Tirimsi), Mostaganem (Mostegrani), Alger, Bougie (Bugia), Constantine (Casartina), etc. On y voit les régions appelées Ashara et Soudan, la ville de Tagazza (Tagoza), et plus au sud, Tombouctou (Tinbuch), représentées d'une manière qui n'a rien d'oriental, et qui les distinguent de toutes celles qui l'entourent. Elle est placée dans la même situation que lui assigne la belle carte de Berghauss publiée par Cotta. Elle est située enfin au nord d'un lac près duquel on lit : Ormuss sive lacu Nil.

Le reste de l'Europe se trouve sur l'avantdernière carte de l'atlas. On voit au nord les noms suivants : Polonia, Russia, Allania, au sud de ce dernier pays, on lit : Cumania, et on reconnaît à leurs contours la Crimée, la mer d'Azow et la mer Noire; à l'ouest de celle-ci, on lit : Burgaria, et au sud Bulgaria; puis Gré cia. Plus à l'ouest, encore Germania, Bavaria et Panonia, le sud de cette partie de l'Europe comprend l'Italie et les grandes îles de Sicile, de Sardaigne et de Corse.

Au milieu de la mer Baltique qui dans cette carte est appelée mer d'Allemagne, on lit près de l'île Gottland, nommée insula de Visbi, du nom de la seule ville qu'elle renferme, cette légende qui, si elle est exacte, indique que le nord de l'Europe a éprouvé des changements notables dans sa température. « Cette mer est appelée mer d'Allemagne et mer Gothie et de Suède. Sachez que cette mer est gelée pendant six mois de l'année, c'est à savoir de la mioctobre à la mi-mars, tellement que pendant cette saison on peut voyager dessus avec des chariots traînés par des bœufs, à cause des froids du Nord. »

La Crimée est assez bien représentée sur cette carte, bien que le Sivache ou la mer Putride et la longue flèche d'Arabat n'y soient point représentées. Parmi les lieux les plus remarquables de la côte, on reconnaît Ienikaleh (Zukolay), Kertch, qui se nommait au moyen âge Vospro (on y lit Vosiro ou Vospro), Kaffa (Caffa), Soudegth, qu'on appelait au quatorzième siècle Sougdaia (Sedaya), Balaklava, qui s'appelait alors Cimbolo (Cenbaro).

Sur cette carte se trouve à l'est l'Asie Mi.

neure avec la légende suivante : « Asie Mineure ou Turquie où se trouvent beaucoup de villes et de châteaux. » Au sud, on voit la mer Rouge avec cette légende : Cette mer est appelée mer Rouge ; c'est par là que passèrent les douze tribus d'Israël. Sachez que l'eau n'y est pas rouge, c'est le fond qui est de cette couleur. La @ plus grande partie des épices qui viennent de l'Inde à Alexandrie passe par cette mer.

A l'ouest de la mer Rouge, on voit l'Egypte, dont on a figuré le souverain avec cette légende à ses pieds : Ce souverain de Babylonie est grand et puissant entre les souverains de ce pays. Au moyen âge, le grand Caire était désigné sous le nom de Babillonia.

Au sud de l'Egypte, on lit plusieurs noms de pays, entre autres Nubie (Nybia) et Organa, pays dont le roi est figuré armé d'un cimeterre et d'un bouclier, avec la légende suivante : Ici règne le roi Organa, Sarrasin qui fait une guerre continuelle aux Sarrasins de la côte et à d'autres Arabes.

La troisième carte de l'atlas comprend une partie de l'Asie. Mais cette partie du monde s'y arrête avec la mer Rouge, l'Arabie (Arabia Sabba), les contrées à l'est et à l'ouest de l'Euphrate, l'Inde, la Perse et les côtes de la mer Caspienne. Dans l'Arabie, on voit une reine avec cette légende : L'Arabie sabée et la province que possédait la reine de Saba. On y trouve beaucoup d'aromates, tels que la myrrhe

et l'encens. Elle abonde en or, en argent, en pierres précieuses. On y trouve aussi, assuret-on, un oiseau qui s'appelle Phénix.

Presque au-dessous de l'embouchure de l'Euphrate, on lit : Devant l'embouchure du fleuve de Baldach dans la mer des Indes et de Perse, on pèche des perles, qu'on apporte ensuite dans le golfe de Baldach, et les pêcheurs, avant de

descendre dans le fond de la mer, disent des paroles enchantées qui font fuir les poissons.

Près de la ville de Bagdad (Ciutat de Baldach), on voit la légende suivante : Ici se trouvait Babylone la grande, où régnait Nabuchodonosor.

Elle s'appelle maintenant Bagdad. Sachez que dans cette ville on apporte beaucoup d'épices et de belles choses qui viennent des Indes, et se transportent ensuite par terre de Syrie (Suria), et particulièrement dans la ville de Damas (Domasch).

Un peu au-dessus de la ville deDhely (Ciutat de Delly), on voit représenté le roi de Dhely (la rey Dally), avec la legende qui suit : Ici est un sultan grand, puissant et fort riche. Ce sultan a 700 éléphants et 100,000 hommes à cheval sous ses ordres. Il a aussi des fantassins sans nombre. Dans cette partie de la terre, il y a beaucoup d'or et de pierres précieuses.

La quatrième carte de l'atlas, qui n'est pas la moins intéressante, représente le reste de l'Asie.

Près du lac Issikoul (Yssicol), dans la Dzoungarie, on voit un lieu nommé aussi Issicol, avec la légende suivante: Dans ce lieu est un monastère de frères arméniens dans lequel est, dit-on, le corps de saint Matthieu, apôtre et évangéliste.

Tout à fait au nord se trouve une mer ou un grand lac parsemé d'îles, avec une légende qui porte que dans ces îles on voit un grand nombre de gerfauts et de faucons réservés pour l'usage du grand khan, empereur du Kathay (ou Catayo), c'est-à-dire de la Chine.

Près de la ville de Combalu (Ciutat de Chambulech), c'est-à-dire de Pékin, on lit la légende suivante : Sachez que près de la ville de Combalu existait autrefois une ville nommée Guaribalu. Le grand khan trouva par l'astronomie que cette ville se révolterait un jour contre lui.

Il la fit donc dépeupler et fit bâtir cette ville de Combalu. Cette ville a environ 24 lieues et est enceinte de bons murs. Elle est quadrangulaire, chaque carré a 6 lieues, et les murs sont hauts de 20 pas et épais de 10. Il y a douze portes et une grande tour, où est placée une grosse cloche qui sonne après et avant le sommeil, de sorte que lorsqu'elle a sonné, personne n'ose aller par la ville. Il y a à chaque porte 1,000 hommes de garde, non par crainte, mais par respect pour le souverain.

La partie méridionale de cette carte représente l'océan Indien et mérite quelque attention. On y voit à l'ouest une île appelée illa Jana, qui, par sa position, paraît être Ceylan.

D'ailleurs, ce nom de Jana semble venir de celui de la rivière appelée Yalli. La dénomination d'illa Jana pourrait être la corruption de son nom indigène : Singhala. A l'est, on peut reconnaître, avec M. Tastu, les îles Andaman, où on remarque une ville de Caynam. Enfin, tout à fait à l'est de l'île de Jana et à l'extrémité de la carte, on voit une grande île appelée illa Taprobana, qui par sa position, se rapporte à l'île de Sumatra.

Cependant, la plupart des géographes consisidèrent Ceylan comme la Taprobana des anciens. Comment se fait-il donc que le géographe catalan, qui suit partout les traces de Ptolémée, donne le nom de Taprobana à une île qui est évidemment Sumatra? Quel motif a-t-il pour être d'un autre avis que son maître ? Ce qu'il dit do cette lie, qu'elle est habitée par des

hommes bien différents des autres ; que sur quelques montagnes, il y a des hommes de douze coudées de hauteur, très-noirs et dépourvus de raison. Que ces hommes mangent les hommes blancs quand ils peuvent les attraper.

Que chaque année, dans cette île, il y a deux étés et deux hivers ; que c'est la dernière île des Indes, et qu'elle abonde en or, en argent et en pierres précieuses. Tout cela, disons-nous, est tellement fabuleux qu'il est difficile de renoncer à une opinion qui comptait parmi ses partisans les d'Anville, lesGosselin, les Barbie du Bocage, les Walckenaër, pour adopter, comme le fait M. Tastu, la version de l'auteur catalan.

Toutefois, nous devons dire que ce savant annotateur de l'atlas a senti le besoin de s'appuyer sur d'autres témoignages encore. Ainsi, il cite Abraham Ortelius, Mercator et Thomas Porcacchi comme ayant déjà étudié la question, le premier en disant : Sumatra olim Taprobana, et le dernier : Taprobana hoggi Sumatra.

Quoi qu'il en soit, c'est une question qui mérite d'être étudiée et approfondie avant de renoncer à l'opinion reçue.

On remarque au nord, sur cette carte, un souverain à cheval, le sceptre en main, entouré d'une foule d'hommes, dont les uns soutiennent un dais au-dessus de sa tête, et les autres portent deux bannières sur lesquelles est peint un scorpion. A côté de ce groupe, on lit en grosses lettres Gog et Magog, et l'inscription suivante r Le Grand Seigneur prince de Gog et Magog. Il viendra au temps de l'Antéchrist avec une nombreuse suite.

Un peu plus loin, un autre compartiment représente le Christ sous les traits d'un monarque distribuant des palmes immortelles à ses fidèles serviteurs. Cette partie delà carte renferme plusieurs légendes, entre autres celle-ci: Antéchrist. Ce personnage sera élevé à Curazain, en Galilée, et quand il aura trente ans, il commencera à prêcher à Jérusalem, et contre toute vérité, il dira qu'il est le Christ, fils du Dieu vivant, et on dit qu'il réédifiera le Temple.

La carte d'André Bianco, publiée en 134G, ne nous apprend rien de bien nouveau sur l'ancien continent. L'Asie est toujours mal figurée, et

l'Afrique ne dépasse pas l'équateur. 3lais sur ces cartes imparfaites, on trouve trois indications que Formaleoni et d'autres Vénitiens ont voulu appliquer à l'Amérique. Dans la septième feuille, où sont représentés les royaumes du Nord, l'Islande et la Finlande de Zeno, on trouve une île de Scorafixa ou Stokafixa. Formaleoni prétend que ce nom est celui de Stockfisch ou morue en allemand, et il en conclut que cette île ne peul être que Terre-Neuve. Nous ne donnons cette opinion que sous toute réserve, car elle a fourni matière à des discussions pour et contre qui n'ont nullement tranché la question.

A l'occident des îles Canaries, André Bianco a donné le nom d'Antillia à une terre de forme carrée et très-allongée qui se retrouve de même, seulement moins étendue, sur le globe de Martin Behaim. Mais là encore, rien ne vient prouver que cette terre ne soit pas un produit de l'imagination du géographe, ou tout au moins une des Açores. Tout cela, on le voit. ne peul atténuer en rien la gloire de Christophe Colomb.

Il ne faut pas oublier de citer parmi les cartes du moyen âge la mappemonde de Fra Mauro. Les connaissances de ce religieux ie placèrent au rang des plus célèbres cosmographes de son temps. Sa mappemonde, qu'on voit encore au monastère de Saint-Michel de Murano, comprend les découvertes de Marco-Polo et celles que venaient de faire les Portugais, c'est-à-dire le cap Vert, le cap Rouge et le golfe de Guinée. Il consigna sur cette mappemonde les renseignements que lui donnèrent quelques voyageurs. Le Darfour, inconnu en Europe

jusqu'au voyage de Bruce, y est indiqué sous le nom de Dafur. La forme de l'Afrique est presque exacte. Celle mappemonde fut faite de 1457 à 1459.

Pendant tout cet espace de temps que nous venons de parcourir, c'est-à-dire pendant deux siècles, les principales connaissances nouvelles de la géographie nous furent fournis par des missionnaires qui, sur l'ordre des papes, allaient tenter d'arrêter le flot qui menaçait encore l'empire chrétien. En 1245, un moine dominicain, nommé Nicolas Ascelin ou Anselme, fut envoyé par le pape Innocent IV aux princes

tatars et mongols qui campaient dans le Khovaresm. Sa relation manque de détails. Dans la même année, Jean de Piano Carpini, frère mineur de l'ordre de Saint-François, pénétra dans le Kaptchak. Le khan Batou avait renvoyé l'ambassadeur de la chrétienté au grand khan Kajouk, souverain de toutes les hordes mongoles. Carpini a donné une relation détaillée de ce voyage, qui dura trois mois. Après avoir traversé la Bohême, la Silésie et la Pologne, il arriva à Kiew, capitale de la Russie. Il rencontra les Mongols, qu'il appelle Tartares, à Canove, ville sur le Dnieper, qui aujourd'hui prend le nom de Kanef. De là, il traversa la Kumanie ou partie méridionale de la Russie, le long de la mer Noire, et apprit dans sa route le nom des quatre grands fleuves de la Russie : le Dnieper, le Don, le Volga et le Jaik. Il traversa aussi le pays des Cangles ou CangiUes, et après avoir pris les ordres de Batou, il se rendit chez le grand khan par le pays des Bisermines, nom qui désigne les Mahométans qui habitaient les côtes orientales de la mer Caspienne. Plus loin, il trouva le pays des Naïmans, peuple mongol qui, suivant quelques-uns, avaient pour chef le celèbre et fabuleux prêtre Jean, l'UnkKhan, chef des Trogules. Il passa par le Khitai noir (Carakitai) et arriva à Syra-Orda, où il trouva enfin le quartier général. Dans le récit de ce voyage, Carpin joignait à ses propres observations les renseignements qu'il puisait le long de la route. C'est ainsi qu'il donna de trèsgrands détails sur la Kumanie, qui confinait au nord avec la Russie ou Russia. Au delà des Russes habitaient les Morduens, les Bulgares et les Bachkirs,. que Carpin nomme Bastarcas.

Selon lui, ces derniers étaient les ancêtres et les frères des Hongrois et parlaient la même langue Dans ces mêmes régions vivaient les Samoyèdes et les Parassites. Ces derniers rentrent dans la catégorie des peuples fabuleux que tous les voyageurs du moyen âge ont ciu devoir placer auprès de la vérité. D'après Carpin, les Parassites ne pouvaient manger à cause de la petitesse de leur bouche et ne vivaient que de la fumée des mets qu'ils préparaient. Au midi de la Kumanie était le pays des Alains, que Carpin nomme Ases. Plus loin étaient les Khazans, peuples de la Russie méridionale et de la Crimée. Carpin place encore les Ibériens, anciens habitants de la Géorgie, puis les Kates, habitants de Kachete, dans la même contrée, et finit par nommer les Géorgiens et les Arméniens. Il avait aussi appris les noms des quatre principales tribus mongoles.

Mais ceux qu'il cite ne s'accordent avec aucun de ceux des auteurs de son temps. Toute dissertation à ce propos nous semble inutile. Il n'y a là que des probabilités que toutes les discussions des savants n'ont pu éclaircir.

Le 7 mai 12o3, Rubriquis, frère mineur de l'ordre de Saint-François, fut envoyé par SaintLouis au grand Khan des Mogols; une lettre supposée et le bruit général attribuent à ce prince d'avoir embrassé la religion chrétienne.

— Les descriptions du voyage de Rubriquis retrouvées par Purchas dans une bibliothèque de Cambridge, est semés de détails intéressants.

A son passage en Crimée, le voyageur découvrit les restes des anciens Goths qui parlaient allemand, étant originaire des Pays-Bas, il compre-

nait ce langage; dans lès déserts entre le Don et le Volga vivaient les Morduins, qu'il appelle Moxels, et un peu plus au nord, les Merdus ou Merduas ; on reconnaît dans ces deux tribus les Tchérémisses. Après avoir traversé le Jaïk ou l'Oural, Rubriquis arriva au pays des Dachkirs, qu'il nomme Pascatirs; il alla ensuite à Cailac,

ville très-commerçante dans le pays d'Organon. Plus loin il trouva le Kathaï, qu'il considère comme le pays des Seres. Ce nom de Kathaï a toujours eu, d'ailleurs, une acception trèsvague. Rubriquis s'en sert pour désigner la Chine septentrionale, et il en parle d'après les renseignements certains que lui avaient donné des ambassadeurs chinois, qu'il trouva au camp des Mongols. — Rubriquis resta cinq mois au quartier-général du khan, et alla ensuite à Kara-Koroum. Ce lieu, dont le nom faisait trembler l'Asie, était une ville d'une grandeur plus qu'ordinaire entourée de murs en terre, et renfermant deux mosquées et une église chrétienne. Une rue particulière était assignée aux Chinois. Kara-Koroum fut le terme du voyage de Rubriquis; il revint par la même route qu'il avait suivie en allant, cependant il passa par Saray et par un endroit voisin d'Astrakan et nommé Sumerkent. De là il prit sa route sur la côte occidentale de la mer Caspienne, traversa la Géorgie, l'Arménie, le pays des Turcs, qu'il nomme Turcomanie et l'île de Chypre, et arriva le 15 août 1255 à Tripoli de Syrie. Ce qui donne une certaine valeur à la description de Rubriquis, c'est qu'au récit de ses voyages, il ajoute des remarques intéressantes sur la géographie physique et sur les mœurs des nations. C'est à Rubriquis que l'on doit la disparition de l'erreur qui faisait de la mer Caspienne une partie de la mer du Nord.

Le premier, notre voyageur indiqua sa véritable position et apprit que cette mer n'est qu'un grand lac isolé auquel son étendue a fait donner le nom de mer.

Le plus célèbre voyageur du moyen âge est Marco-Polo. Ce voyageur parcourut l'Asie pendant vingt-six ans. Il est le premier qui ait pénétré en Chine, qu'il divise en deux contrees, le Kathai et le Mangi. Marco-Polo entreprit ce voyage en 1271. A son retour, il fut pris par les Génois et conduit à Gènes, où il passa quatre années en prison. C'est là que, suivant les uns, il écrivit la relation de son vovage, et

que, suivant les autres, il la dicta à son compagnon, Rustigielo ou Rusea de Pise. Employé dans plusieurs missions d'Elat par le grand khan des Mongols et des Chinois. Marco-Polo paraît connaître beaucoup l'Asie centrale.

Mais comme il ne suit aucun ordre dans ses récits, il est souvent difficile de trouver des notions positives. On reconnaît facilement Balac ou Balkh, et la province de Scasem ou d'AlShash, mais on ne sait où placer la contrée qu'il nomme Balascian ou Balaxian, avec ses montagnes riches en rubis-balais, lapis-lazuli, argent et divers métaux. On croit y retrouver le Badakhchan. Un canton voisin, celui de Wash, est nommé Bascia par Marco-Polo, qui décrit aussi la ville de Cachemyre sous le nom de Chesmur.

Il traversala plaine élevée de Pamer et les montagnes de Belour. De là, le voyageur visite les contrées de Kachgar, de Khotan, de Pein et d'autres cantons de la petite Boukharie. Il signale la ville de Lop, située sur un grand lac, et la province de Khamil. Selon Marco-Polo, le Tibet renferme huit royaumes. A l'ouest du Thibet, Marco-Polo place la province de Gaindu, où l'on trouvait un grand lac riche en perles, des mines de turquoises, de l'or et plusieurs végétaux aromatiques. Cette contrée paraît répondre à celle de Gang-Desch. C'est la région où coule le Gange, depuis sa source jusqu'à ses cataractes. Elle se termine à l'est par ls fleuve Brius, probablement le Brahmapoutre, qui roulait des paillettes d'or et se jette dans l'Océan.

Marco-Polo parcourut la Chine et fut nommé

gouverneur pendant trois ans de la ville d'Yangui. Sa description n'embrasse pas toutes les provinces chinoises et contient de telles obscurités que les missionnaires qui ont parcouru les mêmes lieux n'ont pu reconnaître les pays décrits. Cependant, parmi les villes chinoises, il dnrrit. Combat n {P¡;kinŒ\ et ses douze fau-

bourgs, il parle de Nanking, capitale du Manji ou Chine méridionale. Parmi ses provinces, il parle du district de Nangkin, très-important par son commerce de soie. Il regarde la ville de Quinsai (Hang-Tcheou) comme la plus grande du monde. Marco-Polo donne aussi des détails intéressants sur le Tangout. Il le sépare complètement du Tibet, et donne le nom des provinces qui le composaient. C'étaient le Sachion, le Chamul, le Succuir, le Siachin et le Campion.

Marco-Polo semble confondre avec le Khatai le Bengale et le Pégou, et donne à ce dernier le nom de Mein, que les Chinois lui donnent encora aujourd'hui. Notre voyageur est le premier qui ait fait connaître le Bengale aux Européens.

Marco-Polo visite aussi plusieurs îles, et entre autres le Japon, qu'il nomme Zipangu.

Puis, après avoir visité la province de Ciamba ou Ciampa, il parle de la grande Java, « l'île la plus considéiable du monde, » et dans laquelle on a cru reconnaître Bornéo. La petite Java, qu'il désigne ensuite,, est bien certainement Sumatra. Au nord de cette île, il trouva Nicobar et Andaman, mais sa relation est peu conforme à la vérité. Il ne connaît qu'une île de chacun de ces groupes du golfe du Bengale, l'île deNoncoveri, qu'il nomme Necuveran, dans le groupe de Nicobar, et sous le nom d'Angaman, probablement celle d'Andaman. A l'est de ces îles était celle de Ceylan, qui avait 2,400 mètres d'Italie de circonférence. Marco-Polo se rendit de là à la presqu'île du Decan, et d'abord dans le pays de Var ou Marvar. Il n'a rien appris sur l'extérieur de l'Inde, car il ne parle que des pays situés le long des côtes de Coromandel, de Malabar, de Konkan et de Gondiérate.

Au nord de Marvar, sur la côte de Coromandel, était le royaume de Mulfili. Comme il ajoute qu'on y trouvait des mines de diamants très-riches, il est à peu près certain qu'il a voulu parler de Golconde. Mais là, comme en Chine, Marco-Polo n'a suivi aucun ordre, et il nomme les provinces un peu au hasard de ses souvenirs. En décrivant les côtes du Malabar et du Konkan, il nomme tout d'abord Cail, ville très-commerçante, dans laquelle les géographes modernes ont cru retrouver Calecoulan, poste hollandais situé dans le Travancore. De là, Marco-Polo passe au royaume de Coulan, qu'il appelle Coilon. Il décrit ensuite le royaume de Comari ou Comorin. sans faire observer que le continent méridional se terminait au promontoire de ce nom. Il revient sur ses pas et nomme tout à coup le royaume de Delhy, qu'il désigne sous le nom d'Eli; puis, se souvenant

entin du royaume de Malabar, il parle de toute cette côte, qui, à proprement parler, comprend tous les pays qu'il vient de nommer, et termine sa narration de l'Inde par le royaume de Gozurat ou de Gondjérate, qu'il a déjà décrit sous le nom de Lar. De là, Marco-Polo retourne au Koukan et parle de Tana, place de commerce dans l'île de Salcette et dans le voisinage de Bombay. La province la plus occidentale de l'Inde est, suivant Marco-Polo, celle de Kesmacoran, qu'il appelle aussi Macoran, et qui est sans doute celle de Mekran, en Perse.

Après la description de l'Inde vient celle des principales villes de la Perse et de l'Arabie, ainsi que d'une partie de l'Afrique occidentale, et enfin celle des déserts de l'Asie. Il décrit le port d'Aden, marché très-célèbre d'où on expédiait en Europe la plus grande partie des épice ries et des marchandises, qui, embarquées sur de petits bâtiments, arrivaient en vingt jours à

Suez et étaient transportées par terre à Alexandrie. Au nord d'Aden était une autre place de commerce très-importante, qu'on nommait Escier (aujourd'hui Adjar). Marco-Polo parle aussi de l'île d'Ormus, et paraît avoir été aussi à Bassora et à Bagdad. Dans l'Afrique orientale, Marco-Polo décrit d'abord Madagascar; mais il copie les anciens plutôt qu'il ne raconte ses impressions personnelles, et accepte certaines notions fabuleuses nées dans le cerveau de quelques conteurs arabes. C'est à Madagascar qu'il place le Rock, cet oiseau énorme qui pouvait enlever un éléphant. Il cite aussi des îles dont les unes n'étaient habitées que par des femmes, tandis que d'autres ne l'éiaient que par des hommes.

Marco-Polo ne parle que de deux pays du continent africain, le Zanguebar ou Zanghibar, habité par des nègres sauvages, et l'Abyssinie.

De ces pays méridionaux, Marco-Polo passe sans transition à ceux du nord de l'Asie. Mais là encore, la fable prend la place de la réalité, et on ne peut guère rien tirer de cette narration du célèbre voyageur.

Continuons de suivre quelques voyageurs en Asie, car bientôt la découverte de routes nouvelles, soit par l'Egypte, soit par le cap de Bonne-Espérance, vont nous faire abandonner cette partie du monde, dont l'intérieur, toutes proportions gardées, est peut-être moins conpu de nos jours que par les géographes du dou-

zième au quinzième siècle.

Vers l'an 1335, Francois Balduin Pegoletli entreprit un voyage d'Aiof à la Chine. C'est une indication de la route qu'on peut prendre avec des marchandises, pour aller et revenir, que ce voyageur nous a transmise.

« Premièrement, dit-il, d'Azof à Guitarchan ou Astrakhan, il y a vingt-cinq jours de route en allant dans un chariot traîné par des bœufs.

Quand il l'est par des chevaux, il ne faut que dix à douze jours. On rencontre chemin faisant beaucoup de Mongols armés. De Guitarchan à Sara, il y a une journée par eau, et de Sara à Saracanco ou Saratchick, huit journées, aussi par eau. On peut, si l'on veut, s'y rendre par terre; mais si l'on porte beaucoup de marchandises, le voyage est à beaucoup meilleur marché par eau. De Saracanco à Organzi ou Ourghcndj, il y a vingt journées avec des chameaux. Celui qui a des marchandises fait bien de passer par Organzi, parce qu'on trouve à les y vendre avantageusement. De là à Oltrare, Otrar, on compte de trente-cinq à quarante journées aussi avec des chameaux. Ceux qui n'ont point de marchandises peuvent prendre un chemin plus court, en allant directement de Saraconco à Ollrare, ce qu'ils font en trente jours. D'Oltrare à Annalcch, il y a quarantecinq journées de marche, qui se font sur des ânes. Dans la route, on rencontre souvent des Mongols. D'Armalech à Camexu ou Chamil, il y a soixante-dix journées, qu'on fait encore à dos d'âne, et de là on va en soixante-cinq jours, à cheval, jusqu'à un fleuve dont le nom n'est pas connu. De ce fleuve, on peut se rendre à Cassai, (Quinsay), pour y vendre des lingots d'argent, parce que cette marchandise y est d'un fort bon débit. On part de Cassai avec le produit de l'argent en espèces monnayées, et en trente jours, on se rend à Garnalecco, Combalu, Péking, capitale de la Chine. La monnaie courante y est en papier. Quatre babisci (c'est le nom de cette monnaie) font un somno en

argent. »

Ces détails un peu minutieux prouvent que le voyage de la Chine était beaucoup plus facile au quatorzième siècle qu'il ne l'est de nos jours.

Il est bien regrettable que le défaui d'observations astronomiques leur ôte cette précision qu'exige la géographie. Suivons donc cependant Pegolctti et tâchons de trouver dans sa narration de nouvelles indications,

Le Gintarchan de Pego'etti est notre Astrakan moderne. Les épiceries et la soie y arrivaient pour être portées ensuite à Tana. Sara, seconde station du voyageur était Saray, capitale des Etats du Khan de Kaptschack. Elle était bâtie sur la rivière d'Actuba, qui tombe dans le Volga, au-dessus d'Astrakan. Saracanco, aujourd'hui ruinée, était en 1238 une ville florissante, elle était fréquentée particulièrement par les caravanes allant en Chine. Organzi, capitale du Khoravesm, était à environ un demi-mille du Djihoun. L'itinéraire de Pegoletti ne nous apprend rien de nouveau sur une des contrées les moins connues de l'Asie, en nous conduisant par le Turkestan, directement à Armalecco, ville du pays de Gété ou de l'Igour, sur la rivière Ab-Eile ou Ili. L'itinéraire nous conduit ensuite à Camexu, dans le Tangout, non loin de la grande muraille de la Chine. Le fleuve dont parle Pegoletti, sans le nommer, ne peut être que le Caramuran, qui, en traversant la Chine, prend le nom de Hoang-Ho ou fleuve Jaune.

Parmi les autres voyageurs du quatorzième siècle, nous citerons encore Hayton, Oderic de Portenau et Mandeville, bien qu'ils n'aient pas ajouté de grands éclaircissements aux notions publiées par Marco-Polo. Hayton était un prince arménien, qui avait échangé son sceptre pour le froc de moine; il composa un ouvrage intitulé : Histoire Orientale; dans cet ouvrage il donne une géographie générale des principaux Etats de l'Asie, à l'exception de la presqu'île au delà du Gange et des îles voisines. Appelé en France, en i397, par le pape Clément V, il dicta son ouvrage en français à Nicolas Sarconi, qui le traduisit en latin. — Hayton n'a guère fait que copier ses devanciers, cependant il décrit avec assez de détails le royaume de Tarse ; situé à l'ouest de la Chine et à l'est du Turkestan.

Hayton nomme les habitants de Tarse : les Igours; il y avait parmi eux des chrétiens qui se servaient de lettres particulières.

La relation du voyage d'Oderic de Portenau comprend toute l'Asie, depuis les côtes de la mer Noire jusqu'à la Chine. Les voyages d'Oderic durèrent de 1314 à 1336, c'est-à-dire à peu près à la même époque que ceux de Mandeville. Les relations de ces deux voyageurs sont souvent tellement textuelles qu'on peut supposer qu'ils se sont copiés l'un l'autre, ou ont tout au moins puisé,) à la même source de renseignements de quelque ouvrage oublié ou perdu.

L'ouvrage d'Oderic ne prend quelque intérêt qu'à la côte de Malabar. Selon lui, le poivre croissait dans une immense forêt longue de quinze journées de marche, et où étaient situées deux villes dont on n'a pu retrouver l'emplacement et qui s'appelait, selon Oderic, Fiandrima et Cycilin ou Alexandrina et Ziniglin, et selon Mandeville, Flandrina ou Glandina et Cinglans ou Cinglante. La première était habitée par des juifs et des chrétiens et était voisine de Polumbrun, ville très-commerçante, où les femmes se brûlaient avec le corps de leur mari défunt. A quinze journées de là était Méliapour, où était enterré l'apôtre Saint-Thomas. De Méliapour, Oderie s'embarque pour Sumatra ou île de Lameri, dont une province s'appelait Symoltra.

Auprès de Lambri, il place Java, île très-considérable. — Oderic visita aussi le royaume de Ciampa, mais là, il semble que l'ordre du voyage soit interrompu. On n'a pu trouver nulle part l'île de Ilicuner, et l'île du Ceylan est décrite avec autant d'erreurs que de fables.

Oderic fait mention, dans les Indes, de 4,400 îles, mais il ne les nomme pas; il place le Manci ou Chine méridionale dans l'Inde et la nomme l'Inde supérieure, il dépeint la surprise que lui ont causée la grandeur et la richesse des villes qu'il visita à son retour entre Zaïton et réking, En quittant les Indes, Oderic traversa

le pays du prêtre Jean et le Tibet, mais on ignore par quelle route il est revenu en Europe.

Quant au voyage de Mandeville, ce n'est guère qu'une copie de ceux d'IIayton et d'Oderic, amplifié de contes et de fables empruntés aux romans de chevalerie.

Dans le courant du quinzième siècle, nous trouvons encore quelques relations de voyages, mais ceux-ci sont moins du domaine de l'imagination. Le goût de la science se développe et la forme des récits prend une allure plus grave et surtout plus conforme à la vérité. Ruy Gonzalès di Clavigo a laissé en ce genre un travail très-estimé. Ce géographe fut envoyé par Henri 111, roi de Castille, à Tamerlan, en l'année 1406. Il écrivit le journal de son voyage, et ce qu'il avait observé dans les différents pays qu'il avait traversés. Comme il avait pris soin de rejeter tous les contes'et toutes les descriptions par trop merveilleuses de ses devanciers, on contesta tout d'abord la vérité de ses relations, et justice ne lui fut rendue que plus tard.

Clavigo s'arrêta d'abord à Constantinople, qu'il visita avec soin. Après une navigation trèslente sur la mer Noire, il arriva le 11 avril 1404 à Trébizonde, puis traversa l'Arménie, le nord de la Perse et le Khorassan, passant souvent la nuit au milieu des déserts ou bien avec une horde errante d'une tribu qu'il appelle Djagathaï. A KhoÏ, sur la frontière de la Perse et de l'Arménie, Clavigo rencontra un ambassadeur du sultan de Bagdad et fit route avec lui jusqu'à Samarkand. Depuis Tauris, il trouva des stations réglées où étaient un certain nombre de chevaux toujours prêts, soit pour porter les ordres du Khan, soit pour le service des voyageurs. Après Tauris, Clavijo cite Sultania, marché célèbre qui tous les ans envoyait ses caravanes dans les Indes; il est le premier qui nous fasse connaître cette nouvelle route entre les Indes et l'Europe.

Après avoir décrit les fêles splendides offertes par Tamerlan aux ambassadeurs, Clavijo visite la ville de Samarkand qu'il décrit avec beaucoup de soins et de détails.

Il n'est guère possible de tirer d'utiles renseignements du voyage de Schildberger ; à peu près illettré, ce voyageur écrit tous les noms d'après la prononciation, tandis que les autres de la même époque les défigurent en leur donnant une tournure italienne ou latine. Ces raisons, réunies à l'absence de procédés mathématiques, ont créé bien des difficultés aux géographes modernes, qui ont dû souvent renoncer à retrouver des villes et même des pays tout entiers cités par ces auteurs inhabiles.

Le moment est venu où la découverte du Nouveau-Monde va ouvrir une nouvelle carrière aux connaissances des Européens L'ancien continent lui aussi, va être exploré d'une façon inattendue et nouvelle. Voyons donc rapidement la situation géographique de l'Europe en ce moment qui semble préparer la grande crise scientifique qui est imminente. Le temps des tâtonnements et des erreurs est passé, la lumière va se faire sur tous les points restés obscurs jusque-là.

Sans nous préoccuper de la France, dont on trouvera l'histoire dans l'autre partie de cette géographie, voyons la situation du reste des Etats européens. En Allemagne, les maisons de Luxembourg, de Hohenstaufen ou Souabe, de Bavière, de Saxe et d'Hapsbourg, se formèrent successivement des Etats, dont les frontières ont pu changer fréquemment, mais dont les noms subsistent encore. L'Autriche grandissant, la Bohême avait pris le titre de royaume, et, presque détachée de l'empire germanique, avait vu ses rois monter sur les trônes de Pologne et de Hongrie. Entre tous ces Etats, la Pologne tenait le premier rang. Réunie sous Vladislas-le-Nain, elle étendit sa domination sur la Moldavie, la Valachie et la Lithuanie. Le nom polonais dominait de la Baltique à la mer Noire, et absor-

bait l'antique Sarmatie. Pendant ce temps, Ivan rétablissait, à force de volonté et d'audace, l'immense empire des Russes, qui devait un jour prochain engloutir tout l'orient de l'Europe.

Les Etats voisins du Danube, la Hongrie, la Servie, la Bulgarie, etc., devinrent le théâtre des guerres sanglantes que se livrèrent pendant près d'un siècle les armées chrétiennes et les Mahométans.

Dans le Nord, les trois grands Etats de Suède, de NorwégJ et de Danemark héritèrent de tous les autres petits Etats scandinaves et prenaient les limites qu'ils ont conservées jusqu'en 1660.

L'Espagne réunissait sous le même sceptre les royaumes de Léon. de Castille et d'Aragon, étendait sa puissance sur les îles de Sicile, de Sardaigne et de Baléares, et s'annexait le royaume de Navarre, demembré de l'empire de Charlemagne. La lisière occidentale de la péninsule se détache seule de l'ensemble et forme le royaume de Portugal.

En Italie, les petites républiques de Florence, de Pise, de Gênes et de Venise, après avoir brillé de l'éclat le plus vif, tombent peu à peu sous la domination des Médicis, des Este, des Gonzague et des Visconti, qui changent tous ces Etats libres en autant de duchés, tandis que les comtes de Savoie jettent les premières bases de cette puissance qui devait plus tard devenir la gardienne des Alpes.

Pendant les treizième et quatorzième siècles, les armes et la persuasion étendirent la puissance temporelle du pape depuis le Tibre jusqu'aux bouches du Pô. Les comtes de la Pouille et de la Calabre étaient les vassaux du Saint-Siège et prirent le titre de rois des Deux-Siciles.

C'est aux Portugais qu'il faut maintenant nous adresser pour trouver des notions exactes sur l'Afrique et sur toute l'Asie méridionale. Les Maures venaient d'être chassés de la péninsule, les armées portugaises, grossies des aventuriers de toutes les nations, les poursuivirent en Afrique, un peu sous le prétexte d'anéantir leur religion, mais beaucoup plus dans le but moins avoué de s'emparer de leurs immenses richesses; enfin, la connaissance et l'usage de la boussole, dont on ne connaît pas la date certaine, permit aux marins de s'éloigner des côtes et de s'aventurer en haute mer. La curiosité de l'infant don Henri, surnommé le navigateur, avait été mise en éveil par les rapports que des Juifs et des Arabes lui avaient faits sur l'intérieur de l'Afrique, sur les Azenaghis qui habitaient au delà du pays, des nègres et des mines d'or de la Guinée. D'après les ordres du prince, Gilles Anès, après plusieurs tentatives inutiles, parvint enfin, en i433, à doubler le cap Bojador, qui avait été jusque-là le terme des navigations sur la côte occidentale de l'Afrique ; cependant, dès 1417, les tempêtes avaient poussé deux autres voyageurs vers les îles de Porto-Santo et de Madère. Ce fut dans cette dernière île que les Portugais, guidés par Jean Gonzalès Zarco et Tristan Vaz, fondèrent la première colonie. L'infant envoya dans les riches forêts de l'île des habitants et des animaux domestiques. Vers le même temps, d'autres Portugais découvrirent les Açores, que les Arabes cependant paraissent avoir * connues avant eux. Gonsalo Yelho Cabral aborda à l'île Sainte-Marie en 1432, les autres îles furent découvertes peu à peu et furent toutes connues vers 1450.

En 1445, les Portugais pénétrèrent jusqu'au Sénégal, où ils trouvèrent les premiers nègres païens. En 1450, Antoine Noli, Génois, au service du Portugal, découvrit les îles du cap Vert, mais en 1456 le Vénitien Aloysioda Cada Mosto arriva à l'embouchure de la Gambie, reconnut les îles du cap Vert, et mit un tel soin à les visiter et à les découvrir qu'on lui en attribue la découverte. Peu après, Pierre de Cintra atteignit la côte de Guinée, donna à une montagne le nom

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

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de Serra Leone, et se dirigea au sud jusÇ ai j cap Mesmado. La route était désormai tracée pour arriver aux Indes. Une compagnie t -~ vilégiée pour aller seule aux côtes de Gu elle payait au roi de Portugal une redevan

annuelle de 200,000 reis. Il était interdit à la compagnie de faire commerce à Arguin et au cap Vert, mais seulement sur les côtes inconnues au sud de Serra Leone. Bien que cette compagnie se fût obligée à pousser les découvertes à 500 milles plus au sud dans l'espace de cinq ans, les Portugais n'atteignirent le cap de BonneEspérance que cinquante-trois ans après avoir doublé le cap Bojador.

En 1472, des navigateurs oubliés découvrirent les îles de Saint-Thomas, du Prince et d'Annobon, situées sous la ligne. La construction du fort de la Mine, sur la côte d'Or, découverte en 1471 par Jean de Santarem et Pierre Escobar, facilita beaucoup les découvertes dans l'intérieur de la Guinée. Peu après, Diego Cam trouvait le fleuve de Zaïre, dans le royaume de Congo; à peu près en même temps, Alfonse d'Aveiro découvrait le Benin et rapportait le piment à Lisbonne. Le Bénin et le Congo donnèrent d'abord une nouvelle direction à cet atroce commerce qu'on nomme la traite des nègres et que les Portugais avaient installé d'une façon très-séreuse sur les côtes d'Afrique. Ceux qui faisaient métier d'enlever les nègres et les Maures le long des côtes et dans les îles pour aller les vendre en Portugal, commencèrent à faire leur épouvantable trafic en Afrique même.

Les captifs étaient conduits au fort de la Mine, où on les échangeait contre de l'or aux marchands venus de l'intérieur. Le roi Jean III abolit ce honteux marché.

Les Portugais ne firent pas d'établissements au sud du cap Negro, dans la Henguala et la Cafrerie. Enfin, Barthelemy Diaz atteignit en 1486 l'extrémité méridionale qu'il nomma cap des Tourmentes. Le roi Jean II lui donna le nom de cap de Bonne-Espérance. Pierre Covilham et Alphonse de Paira, qui avaient été envoyés à Alexandrie pour chercher des notions exactes sur l'Inde, allèrent jusqu'au Caire; là, s'étant mis en rapport avec des marchands qui se rendaient à Aden, ils partirent pour Suez.

Covilham s'y embarqua, visita Goa, Calicut et plusieurs autres villes commerçantes des Indes, ainsi que les mines d'or de Sofala en Afrique. Il revint par Aden au Caire, où il attendit son compagnon qui était allé visiter l'Abyssinie. Il ne devait plus le revoir. Paira était mort pendant ce voyage. Avant que les rapports de Covilham parvinrent à Lisbonne, deux juifs portugais qui avaient habité longtemps Ormus et Calicut, donnèrent au roi de précieux renseignements sur les Indes et sur les trois royaumes qui en dépendaient. D'après ces relations et d'après la connaissance acquise d'une mer qui s'étendait au midi de l'Afrique, Vasco de Gama fut envoyé en 1497 à la recherche des Indes par cette voie.

Les flottes portugaises qui le suivirent ayant tenu la même route, explorèrent toutes les parties des côtes qui jusque-là n'étaient connues que des Arabes. La mer Ténébreuse fut parcourue en tous sens ; après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance, Vasco de Gama visita une partie de la côte de Cafrerie, à laquelle il donna le nom de Pays de Natal. Il n'alla pas jusqu'à Sofala, mais on en eut bientôt des relations exactes par Pierre de Rhaja, qui y fit bâtir un fort en 1506. Sofala, connu des Arabes sous le nom de pays de VOrv appartenait au grand royaume de Monomotapa. Les autres dépendances de Monomotapa : Quitève, Sedanda, Chicova et Butua, furent bientôt visitées avec soin par les Portugais en naviguant sur le grand fleuve de Zambèze. Ils bâtirent sur ses bords les forts de Sena et de Tite, ils y établirent des comptoirs ainsi qu'à Bucati et à Nacapa, pour

j beter -ro - des Cafres qui demeuraient dans le [rays if ines. Une armée, commandée par les P u g'rài BBaretto et Ilomen, partit en 1573 de ^Ôk%la^t de Mozambique et pénétra, après des tes et des combats sans nombre, jusqu'aux

mines de Manica et de Butua, mais les Portugais ne purent s'établir dans ces déserts.

Gama, qui n'avait pas visité Sofala, découvrit Mozambique, où il crut pouvoir trouver des pilotes pour les Indes, mais ce fut en vain ; il aborda en 1497 à l'île de Mombaza, où il trouva une colonie arabe. De là, il visita le royaume de Mélinde, où il vit pour la première fois des Banians ou commerçants indiens; il y obtint des pilotes pour le guider dans sa route. Les flottes qui le suivirent achevèrent la découverte de l'Afrique orientale jusqu'à la mer Rouge. Faria y Souza en a tenu un registre qui embrasse cent quarante ans. Pierre Alvarez Cabrai arriva en 1500 à Quiloa, capitale d'un royaume arabe très-puissant sur la côte de Zanguebar, qui posséda assez longtemps Mombaza, Mélinde, les îles Comores et plusieurs ports à Madagascar.

Alburquerque le Grand découvrit en 1503 l'île de Zanzibar, dans le voisinage de Mombaza, etimposa à son souverain un tribut annuel.

Plusieurs Etats arabes furent bientôt soumis à de semblables contributions. En 1506, Tristan d'Acunha aborda à Madagascar, nommé île de Saint Laurent par suite de sa découverte par Lorenzo Alméida; on prétendait que cette île produisait beaucoup d'épiceries fines, Tristan n'y trouva que du gingembre, des noirs farouches et quelques arabes répandus le long des côtes.

A peu près vers la même époque, d'autres navigateurs abordèrent à la côte d'Ajan, nom donné par les Arabes à tout le pays situé entre le fleuve Quilimanci et Je cap Gardafui, et Alburquerque étant parvenu en 1513 à expulser les Arabes d'Aden, la mer Rouge fut ouverte aux Portugais; ils acquirent une connaissance exacte des ports et des pays qui en bordent les côtes. On peut donc assigner le seizième siècle comme date certaine à la complète connaissance des côtes du grand continent africain.

Les voyages des Portugais en Asie méritent une mention particulière. Ramusio a conservé deux géographies qui contiennent d'utiles renseignements sur l'Asie méridionale depuis la mer Rouge jusqu'au Japon. L'une est d'Edouard Barbosa ou Baibessa, qui accompagna Magellan dans son voyage autour du monde et partagea son sort dans l'île de Zébu; le nom de l'auteur de la seconde géographie n'est pas connu, mais il semble avoir suivi l'œuvre de Barbosa, car il c'asse dans le même ordre les pays nont il parle.

C'est d'après ces sources qu'il a été permis de suivre les progrès des Portugais dans les Indes.

En 1498, Vasco de Gama aborda à Calicut, sur la côte de Malabar: ses compagnons se répandirent à Cocliin, à Cranganor et dans les autres ports de commerce, et dès lors, au lieu des fragments de descriptions laissés par les Arabes et les voyageurs du moyen-âge, les Portugais, grâce à leurs récits, donnèrent enfin à la géographie un tableau général de ces pays, dont ils décrivirent les positions et l'importance réelle.

Barbosa fait mention des royaumes situés entre Dilé et le Comorin, tels que ceux de Calicut, Cranganor, Cochin, Coulan et Travancore, ainsi que de plusieurs petits Etats des Nadires, comme Porca et Chettua. Les Portugais arrivèrent bientôt aux montagnes des Ghattes, d'où sortent tous les fleuves qui arrosent la côte de Coromandel. De là, ils s'étendirent tout le long de la côte occidentale jusqu'au golfe de Cambaye, pénétrèrent dans le royaume de Kanara, dont la capitale était Onor, et les villes principales Baticale et Mangalore. Aux environs des Ankedives, le fleuve Aliga formait la limite septentrionale du pays de Kanara. Là commen-

cait le Dekhan, qui s'étendait jusqu'à la côte de Coromandel, et qui était partagé en plusieurs royaumes, nommés Visapour, Berar, Golconde et Kandirsch.

En 1510, Albuquerque conquit dans le Dekhan la ville de Goa, qui devint en peu de temps le centre de la domination portugaise dans l'Inde. Dabah, et plusieurs autres villes maritimes devinrent aussi la proie des vainqueurs.

Le royaume de Dekhan était séparé par la rivière de Baingangaza du royaume de Cambaye, qui avait pour principales villes Daman, Barotch et Surate. L'île de Salcette, encore célèbre aujourd'hui par ses pagodes creusées dans les rochers, était aussi sous sa dépendance. Parvenus au Gondjérate, les Portugais bâtirent dans l'île de Diu une forteresse et une ville qui fit bientôt un immense commerce avec l'Arabie, la Perse et les pays voisins. Au nord, dans les montagnes, habitaient les Hasbuttes, qui, sous la conduite de leurs princes, essayèrent longtemps d'éloigner les Portugais. Ceux-ci firent des alliances avec plusieurs royaumes hindous de l'intérieur, et notamment avec celui de Bisnagor, alliances qui leur permirent de mettre un terme aux attaques dont ils étaient l'objet.

Les Portugais ne fréquentèrent la côte de Coromandel qu'après avoir découvert Malacca et les îles aux Epiceries. En 1518, ils arrivèrent au Bengale, sous le commandement de Juan de Silveira; mais ils furent reçus très-froidement et n'apprirent que peu de chose sur ce jardin de l'Inde. Les îles voisines de l'Inde ne tardèrent pas à être visitées par les conquérants.

François d'Almeida bâtit un fort aux Ankedives, afin d'intercepter les navires maures qui s'y rassemblaient depuis que les Portugais s'étaient emparés de Cochin et de Calicut, et que la côte de Malabar était infestée de pirates chrétiens. En 1512, Simon d'Andrel fut jeté par une tempête sur les Maldives, qui devinrent bientôt célèbres, Dès 1506, ils avaient visité Ceylan.

Mais Colombo, où ils bâtirent une forteresse, fut leur premier établissement dans l'île. Bientôt les rois voisins furent contraints à leur payer tribut. L'île était alors divisée en neuf royaumes, dont Candy occupait le centre. L'espoir de trouver Malacca, la patrie des épiceries y conduisit Lopez Sequeira en',1509, mais il n'y forma d'établissement qu'en 1511, après la conquête de cette ville par Albuquerque. Cette conquête ouvrit aux Portugais tout l'archipel Indien, ainsi que la presqu'île au delà du Gange et les rendit seuls maîtres du commerce des épiceries dans toute cette partie des Indes. ,.

Poursuivant leurs pérégrinations, ils trouvèrent le royaume de Siam, dont la capitale était Judia et qui possédait les ports de Tenassarim et Quida. Le roi de Pegu ou de Pegou prit le titre de maître de l'éléphant blanc. Martoban était l'endroit le plus commerçant du Pegou. Les autres royaumes de cette presqu'île étaient ceux de Birman, d'Arakan, d'Ava, de Cambodge, de Ciampa et de la Cochinchine.

En 1516, Ferdinand Perez partit de Malacca et aborda à l'île de Taman, à trois milles de Canton. Les Portugais furentsurpris de l'étendue immense de l'empire de Chine qui était alors divisé en quinze royaumes, auxquels Burros donna les noms suivants : Cantam, Foquiem, Chequeam, Xantoin, Nanquii, Quincii, qui étaient situés sur les bords de la mer. Plus loin ceux de Quichen, Juana, Quancii, Suluam, Fuquam, Causii, Xiansii, Honan, Sancii. Les Portugais ne purent pénétrer en Chine, et la haine qu'ils inspiraient aux Chinois était telle, qu'en 1542 on voyait encore ces mots écrits sur les portes de Canton en lettres d'or : « On ne laisse pas entrer ici et on n'y souffre pas les hommes qui ont une longue barbe et de grands yeux. »

L'île de Bornéo fut découverte en 1513, mais cette grande île ne fut véritablement connue

qu'en 1530. Les Portugais fréquentèrent aussi beaucoup Java, cependant il n'en connurent guère que la côte septentrionale dont les habitants n'avaient pas de relations avec ceux du midi.

C'est encore à ces intrépides navigateurs que l'on doit la découverte de la cinquième partie du monde. Couto comprend toutes les îles alors découvertes de l'Océanie en cinq groupes; dans cette nomenclature il existe des îles appartenant encore à l'archipel Indien. Le premier comprend les Moluques ou Ternate, Tidor, Motir, Makian et Batchian, dont les Espagnols s'emparèrent en 1511. Le second archipel comprenait Gilolo, Mortay et plusieurs autres îles habitées par des sauvages, ainsi que Gelibes ou Macassar, où les Portugais bâtirent un fort et fondèrent quelques établissements après une lutte assez longue avec les habitants. Le troisième groupe contenait Mindanao, Siloé et plusieurs des Philippines méridionales, entr'autres Mascate. Le quatrième archipel était formé par les îles de Banda, Amboine, Ay, Banda-Neira et Rom. Le cinquième groupe fut très-peu connu des Portugais, les habitants de ces îles étant farouches et peu adonnés au commerce.

Dans la mer de la Chine, les infatigables explorateurs furent jetés, en 1542, sur les côtes du Japon par une tempête.

Le Portugal était arrivé à l'apogée de sa puissance et de sa richesse. Tout s'inclinait devant cette petite nation européenne qui recevait des tributs de tous les points de l'Asie et de l'Afrique. La témérité de don Sébastien lassa la fortune, et la puissance portugaise vint s'effondrer dans les plaines célèbres d'Alcaçar-el-Kibir.

Languissant sous le joug espagnol, les Portugais virent bientôt crouler leur magnifique empire.

Les Hollandais, profitent des exactions du gouvernement portugais dans les comptoirs indiens, héritèrent bientôt du produit des découvertes des Alburquerque et des Gama.

Nous voici arrivés aux grandes découvertes des derniers siècles, mais ici, nous n'avons plus qu'à signaler les faits principaux de ces immenses voyages, les détails appartiennent à la géographie moderne de chaque contrée et trouveront leur place dans les notions , particulières destinées à chacun des Etats du globe.

En tête delà liste des navigateurs et des chercheurs qui ont illustré les seizième, dixrseptième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, il faut placer Christophe Colomb. Ce grand homme, qui ne pouvait guère ignorer les découvertes de Marco Polo en Asie, et les voyages des Scandinaves au Groënland et à l'île de Terre-Neuve, jugeait comme Aristote, Marin de Tyr et d'autres auteurs anciens, que les extrémités de l'Inde ne devaient pas être très-éloignées des rivages de l'Espagne. Cette première erreur sur les dimensions du globe terrestre fut le principal motif de l'entreprise de Christophe Colomb. Après des combats sans nombre contre l'incrédulité et l'ignorance, le hardi navigateur, grâce à la protection d'Isabelle, obtient trois frêles barques et traverse l'océan Atlantique. En 1492, il découvre l'île de San-Salvador dans les Lucayes, celles de Cuba et d'Espanola, aujourd'hui Haïti.

En 1498, il visitait les Antilles et pénétrait jusqu'aux côtes de la Terre-Ferme et à l'embouchure de l'Orénoque. L'Amérique était découverte.

Un an auparavant, selon les uns, deux ans plus tard, suivant les autres, Améric Vespuce visita la côte de la Guyane et de la Terre-Ferme, et parcourut une partie du pays appelé depuis le Brésil.

C'est à peu près à cette époque que l'Espagne et le Portugal, ne pouvant se pardonner leurs découvertes mutuelles, demandèrent au pape une sentence qui partageât le monde entre eux en assignant à leur ambition particulière son

hémisphère à part. La ligne de démarcation, restée célèbre, interdisait aux Portugais toute excursion en Amérique. Mais s'il est des accommodements avec le ciel, à plus forte raison doit-il y en avoir avec les décrets du souverain pontife, surtout quand l'ambition de deux peuples se trouve face à face. A force d'interpositions arrangées à la guise de leurs intérêts, les Portugais finirent par faire comprendre le Brésil dans leur hémisphère; puis, prétendant qu'eux seuls avaient le droit de faire des conquêtes à l'est de la ligne de démarcation, ils prirent possession des îles des Epiceries, tandis que les Espagnols, soutenant qu'ils pouvaient pousser à l'ouest de la ligne aussi loin qu'ils le voudraient, cherchaient un passage au midi de l'Amérique pour arriver aux Indes.

Un navigateur espagnol, Solis, périt dans une de ces expéditions, après avoir découvert, en 1509, le Rio de la Plata. Le célèbre Magellan fut plus heureux : il passa le détroit qui porte encore son nom, et l'Océan appelé improprement par lui le Pacifique porta pour la première fois un navire européen. Magellan découvrit les îles des Larrons et les Philippines,, où il trouva la mort. Ses compagnons arrivèrent aux Moluques, et retournèrent en Europe par le cap de Bonne-Espérance. Tel fut le premier voyage autour du monde; il avait dure onze cent vingtquatre jours.

Cinquante ans plus tard, Francis Drake accomplissait le même voyage en mille cinquante et un jours, tandis qu'un autre Anglais, Thomas Candisk n'employait que sept cent soixante-dixneuf jours.

Les deux Amériques étaient envahies aussitôt que découvertes : Pizarre au Pérou et Cortès au Mexique établissaient l'empire de l'Espagne.

Tandis que d'autres aventuriers moins célèbres parcouraient toute l'étendue de l'Amérique du

sua, Lortes cnercna au nord un passage semblable à celui découvert par Magellan au sud; mais il ne réussit pas. N'oublions pas cependant qu'on lui doit la découverte de la Californie et de la mer Vermeille.

Cette idée d'un détroit au nord de l'Amérique paraît avoir eu sa source dans les relations encore mal connues d'un navigateur portugais nommé Gaspard Cortérial. Les frères Jean et Sébastien Cabot avaient déjà examiné les côtes septentrionales, jusqu'à une très-haute latitude, lorsque Cortérial se rendit à Terre-Neuve. Il examina le fleuve Saint-Laurent et côtoya le continent, qu'il appela Terre-de-Labrador, jusqu'à la baie qui porte aujourd'hui le nom d'Hudson, et qu'il appela Anian. 11 revint en Portugal en annonçant qu'il venait de découvrir

une nouvelle route vers les Indes; mais, dans un second voyage, il périt ou disparut. Il est bien prouvé aujourd'hui que la découverte prétendue de Corlérial n'est autre chose que la baie d'Hudson. Cependant ses récits avaient enflammé l'imagination des navigateurs portugais et espagnols, mais nul ne put trouver le fameux détroit. En cherchant ce dernier, les Espagnols firent quelques découvertes réelles.

Cabrillo côtoya, en 1542, les régions connues aujourd'hui sous le nom de Nouvelle-Californie, et découvrit le cap Mendocino. En 1584, Gali, navigateur espagnol, découvre les contrées nommées par les modernes Nouvelle-Géorgie et Nouvelles-Cornouailles. En naviguant près des îles du Japon, il reconnut un courant qui lui fit penser qU'il devait exister un canal entre l'Asie et l'Amérique.

Pendant qu'on cherchait au nord ce passage, qu'on aurait dû croire impraticable à cause des glaces, Verrazano, Cartier et d'autres encore examinaient les côtes de la Floride, de la Virginie, de l'Arcadie et du Canada.

Jacques Cartier, de Saint-Malo, était parti pour les Terres-Neuves, comme on disait alors,

pour y faire de nouvelles découvertes. Il reconnut que la Terre-Neuve proprement dite était une île, ce qu'on ne savait pas encore. Il entra dans le golfe Saint-Laurent, et remonta le fleuve du même nom jusqu'à 1,200 kilomètres de son embouchure, où, après avoir choisi une situation favorable, il bâtit un fort qui protégea nos premiers établissements au Canada.

Le désir de trouver une route plus courte pour se rendre dans les Indes fit entreprendre les voyages les plus hardis. Dès 1553, les Anglais, cherchant ce passage au nord-est, parviennent dans la mer Blanche. Trois ans après, ils arrivèrent aux côtes de la Nouvelle-Zemble et au détroit de Waigatz. En 1594, deux Hollan.

dais, Barentz et Ilemskerck avaient tenté deux fois, mais en vain, de trouver par le nord-est une route de la Chine. En 1595, un nouveau voyage qu'ils firent fut plus malheureux encore.

Ils pénètrent au nord de la Sibérie, luttent contre les éléments; de leur vaisseau brisé, ils construisent deux petits bâtiments. Barentz meurt et IIemskerck hiverne à la Nouvelle-Zélande, et ne revient à Amsterdam que le 1er no.

vembre 1597.

Au nord-ouest de l'Europe, les recherches n'étaient pas moins actives. En cherchant ce passage si ardemment désiré, Forbisher retrouve les parties méridionales du Groenland, qu'il appelle Westfriseland, et passe par un détroit entre quelques îles de la baie de Iludson. En 1607, Davis découvre le détroit.qui porte son nom et une partie du GroënJand. Hudson, en se dirigeant droit au pôle, voit la côte orientale du Groënland à 73 degrés de latitude, et est arrêté à 82 degrés par les glaces. Plus tard, il découvre la baie et le détroit qui portent son nom, et où il trouve son tombeau.

En 1716, Bylot et Baffin entrent dans la baie qui recut le nom de ce dernier. Jean Munck, en cherchant toujours par le nord-ouest la route des Indes, est jete successivement dans trois golfes, qu'il appelle Mare-Christianeum, Mare-Novum et Fretum-Christianeum, qui ne sont que des fractions de la mer et du détroit de Hudson. Il passa l'hiver de 1619 à 1620 dans un long golfe, qu'il nomma Port-d'Iliver-deMunck, et qui paraît être celui que les Anglais ont appelé Entrée-de-Christerfield.

C'est aussi au seizième siècle que semble revenir l'honneur de la découverte de l'Océanie ou cinquième partie du monde. Bien que les Hollandais prétendent que cette découverte leur revient entièrement, on ne peut refuser aux Portugais et aux Espagnols d'avoir visité la Nouvelle-Hollande bien avant les explorations des navigateurs hollandais. Le fait est prouvé surabondamment par deux anciennes cartes qui existent au Muséum britannique. On y voit une grande terre australe, et, dans les parties septentrionales de cette terre, on'reconnait facilement la configuration du nord de la Nouvelle-Hollande. Il faudrait, dans ce cas, faire remonter la découverte de cette partie de l'Océanie de 1530 à 1540.

Les Portugais ayant été chassés des îles Moluques par les Hollandais, ceux-ci furent bientôt regardés comme les principaux auteurs de la découverte de la Nouvelle-Hollande. Debrosses date la première découverte du mois d'octobre 1616, époque à laquelle le capitaine Dirck-Hartighs visita l'extrémité occidentale, qu'il nomma Terre-de Concorde. En 1642, Abel Jaussen Tusman découvrit la partie septentrionale, appelée Terre-de-Diémen; puis il fit le tour de la Nouvelle-Hollande, quoiqu'à une giande distance, et découvrit, au midi de ce continent, l'île de Van-Diémen. En 1627, Pierre Nuyts découvrit la côte méridionale. Trop faibles pour s'emparer de ce continent, les Hollandais étaient trop jaloux pour permettre que d'autres nations profitassent de leurs recherches. Aussi ne permirent-ils la publication

d'aucune relation de ces nombreux voyages, et l'Europe dut croire que tout ce pays était stérile et indigne de son attention. Enfin, en 1770, le célèbre capitaine Cook visita la côte orientale de l'île, et put se convaincre que les dessins laissés par ses prédécesseurs étaient presque conformes à la vérité; puis il passa entre la Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Guinée, retrouvant ainsi le détroit découvert par Torrès en 1606.

La circumnavigation de la Nouvelle-Hollande ne fut achevée qu'au commencement du dixneuvième siècle. Le large détroit qui sépare l'île de Van-Diémen du continent fut découvert par le médecin Bass. A la fin du dernier siècle, les navigateurs Vaucouvert, d'Entrecasteaux et Flinders avaient reconnu diverses parties de la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande. Le premier mouilla dans la baie du Roi-George; le deuxième, qui allait à la recherche de La Pérouse, explora la même côte et la partie orientale, où il découvrit plusieurs goulets et ports; enfin Flinders examina avec beaucoup d'attention toute la Terre-de-Diémen.

Le premier grand voyage de recherches fut entrepris par Alvaro Mendana de Neyra qui, parti du Pérou, découvrit en 1568 un archipel qu'il nomma îles Salomon ; la plus grande île fut appelée Isabelle, puis vinrent les îles de Guadalcanal, Sesarga et enfin Christoval, la plus méridionale de tout ce groupe. Dans un second voyage, Mendana étendit ses découvertes, sans cependant retrouver cette fois les îles Salomon. Il entreprit un troisième voyage, mais cette fois avec des prêtres et des soldats, afin de fonder un établissement aux îles Salomon.

Cet établissement ne dura que peu de temps.

La mort de Mendana fut le signal de la ruine de la petite colonie, qui fut obligée de revenir aux îles Philippines pour échapper aux attaques des indigènes et aux maladies. Sur son chemin, Mendana avait découvert les îles Marquézas de MenJoza (nos Marquises actuelles), qui forment le groupe d'îles du Grand-Océan le plus rapproché de l'Amérique méridionale.

Les îles Salomon ont été longtemps très-discu'tées, par suite du secret gardé par Mendana sur cette découverte, qu'il craignait de se voir disputer par d'autres nations européennes. Cependant leur position semble démontrée aujourd'hui par suite des voyages de Carteret, de Surville, de Bougainville et de Shortiand, qui s'accordent à reconnaître le groupe désigné par Mendana dans les îles de la Reine-Charlotte.

Les découvertes des Espagnols, bien que tenues aussi secrètes que possible, ne pouvaient manquer d'exalter l'imagination des Hollandais.

Un navigateur nommé Lemaire, après avoir doublé la Terre-de-Feu, découvrit cette mer toute chargée d'ilôts et d'écueils, si justement nommée la mer Mauvaise, et voisine de l'archipel Dangereux de Bougainville. Le voyage d'Abel Tasman fut mené avec bien plus d'intelligence; il fit découvrir les îles des Amis, la NouvelleZélande et l'île de Van-Diémen. Après un assez long intervalle, Dampier découvrit la Nouvelle-Bretagne et le détroit qui sépare cet archipel de la Nouvelle-Guinée. Il avança de beaucoup la reconnaissance des côtes.

Le milieu du dix-huitième siècle vit renaître chez les Français et les Anglais cette ardeur des découvertes lointaines dans les mers australesmais ces voyages, mal dirigés, n'amenèrent que peu de nouvelles conquêtes à la science géographique. L'Anglais Byron n'indiqua que d une manière très-'tague les îlots découverts par lui. Wallis découvrit la chaîne méridionale de l'archipel Dangereux et retrouva O-Taïti ou l'île Sagittaria de Quiros. Carteret rendit un service bien plus grand. Après avoir touché à l'île de Santa-Cruz de Mendana, il passa le piemier dans le canal Saint-George, entre la

Nouvelle-Bretagne de Dampier et la terre qui recut dès lors le nom de Nouvelle-Irlande. Mais Bougainville, notre célèbre marin, devait pousser bien plus loin que les Anglais les découvertes dans l'Australie. I! parcourut l'archipel Dangereux, dont Wallis, à la même époque, n'avait vu que la moindre partie. L'accueil que son équipage reçut des femmes d'O-Taiti fit donner à cette île le nom de Nouvelle-Cythère.

Après un court repos et ayant pris une route absolument nouvelle, il rencontra ce bel archipel des Navigateurs, dont la reconnaissance a été complétée par La Pérouse. Les îles que Bougainville voulut nommer les Grandes-Cyclades ne sont qu'une partie de l'archipel découvert par Quiros, sous le nom de TerresAustrales du Saint-Esprit. La famine empêcha Bougainville de se diriger sur la Nouvelle-Hollande; mais il attacha son nom à la découverte de l'archipel de la Louisiade, et retrouva une partie des îles Salomon.

il appartenait au génie de Cook de compléter à peu près la connaissance de l'archipel austral. Il franchit trois fois le cercle polaire antarctique, et en faisant le tour du globe dans ces régions glacées, il put affirmer enfin qu'il n'existait pas de continent austral, comme on l'avait cru jusqu'alors. Il visita la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, qu'il appela la Nouvelle-Galles du Sud, prouva que la NouvelleZélande était composée de deux îles, découvrit en 1777 la Nouvelle-Calédonie, et examina les Nouvelles-Hébrides, qui ne sont que les Grandes-Cyclades de Bougainville, les îles des Amis, de la Société et de Sandwich. Cook, s'il n'a pas fait, à proprement parler, beaucoup de nouvelles découvertes, a du moins rendu un immense service a la géographie en détruisant la source d'une foule d'erreurs et en résolvant des questions qui, depuis des siècles, divisaient les savants.

Pendant que les Espagnols étendaient le cercle de leurs découvertes au nord de la Californie, et que les Anglais exploraient la baie de Hudson, on était toujours dans la même incertitude au sujet des extrémités septentrionales de l'Amérique, et on était à peu près aussi peu avancé en ce qui concernait les extrémités de l'Asie aux lieux où elle se rapproche du Nouveau-Monde. Les Russes avaient parcouru les déserts de la Sibérie, franchi l'océan Oriental et découvert une grande étendue de terre en Amérique. Le Cosaque Dimitri Koussiloff, fut le premier qui parvint jusqu'à la mer Orientale. Un autre cosaque, nommé Deschnoff, fit le tour des extrémitésde l'Asie, depuis la Kolyma jusqu'au fleuve Anadyr. Mais toutes ces découvertes étaient mal tracées sur les cartes.

C'est à Pierre-le-Grand que revient la gloire d'a-

voir donné une nouvelle activité aux recherches géographiques dans ces parages. — Le Danois Biring, par son premier voyage, fixa l'opinion sur l'extrémité orientale de l'Asie ; un second voyage conduisit Béring jusqu'au continent Américain, mais la mort du géographe Delisle de la Croyère empêcha l'Europe de connaître, avec autant de précision, les résultats des voyages qui suivirent, et dans lesquels les Russes achevèrent de découvrir le nord-ouest de l'Amérique et dont l'un des plus importants est celui que le commodore Billing exécuta, par ordre de Catherine II, de 1785 à 1794, dans l'océan Glacial et sur les côtes du nouveau continent.

Le capitaine Cook essaya d'éclairer la science, mais il devina plutôt qu'il ne prouva que l'Amérique offrait, de ce côté, un continent non interrompu. Les voyageurs qui lui succédèrent ne furent guère plus heureux; seul, Mackensie, en parcourant les pays qui séparent le grand Océan de la baie de Hudson, n'a plus laissé dans l'obscurité que les extrémités de l'Amérique, perdues dans les glaces du pôle Arctique.

Enfin, l'infortuné La Pérouse commença cette découverte par le véritable chemin. Il devait, avec les frégates l'Astrolabe et la Boussole, visiter les côtes nord-ouest de l'Amérique, le littoral de la Tartarie et le Japon. La Perouse, partit de Brest le 1er août 1785, après avoir relâché à l'île de Pâques et aux Sandwich, l'expédition atteignit les côtes nord-ouest de l'Amérique par 59 degrés de latitude. Ou releva avec un soin minutieux une assez grande étendue de ce littoral, puis traversant le grand Océan, on détermina la position des îles aux Larrons, et l'on vint relâcher à Macao le 2 janvier 1187.

Au début de sa seconde campagne, La Pérouse longea la côte de Corée, découvrit le cap Nota, sur la côte ouest du Japon, et rectifia le tracé de ces côtes peu connues.

Vers le mois de juin, il atteignit la côte de Tartarie par 42 degrés de latiitude; sous le 45° il découvrit un port qu'il nomma baie de Ternay. Il découvrit ensuite le détroit qui sépare l'île d'Ieso de l'île de Saghalian ou Tarrakai ; ce détroit recut le nom de détroit de La Pérouse.

Le navigateur français apprit que la grande terre de Saghalian était une île, mais qu'elle se rapprochait beaucoup du continent, et que le canal qu'elle formait et qu'on nomme aujourd'hui Manche de Tartarie, n'était pas navigable pour les gros navires. L'expédition fit alors voile pour le Kamchatka. Là, M. de Lesseps, qui avait accompagné La Pérouse, fut envoyé par terre, en France, chargé des journaux et des cartes du voyage.

La Pérouse retournadans l'Océanie, et depuis ses dernières nouvelles, datées de la NouvelleHollande, on n'en entendit plus parler. Le malheureux et célèbre navigateur avait trouvé la mort sur les récifs dé l'archipel de SantaCruz.

En 1791, l'amiral Brunoy d'Entrecasteaux reeut la mission de parcourir l'Océanie et de rechercher les traces de La Pérouse et de ses compagnons; il explora les archipels voisins de l'endroit où avait eu lieu le naufrage, il passa même en vue de Mallicolo, mais il n'y • débarqua pas. Il y eût probablement trouvé quelqu'un des marins qui y séjournèrent, diton, et moururent de vieillesse quelque temps avant la venue de Dillon et de Dumont d'Urville.

L'expédition d'Entrecastreaux ne fut cependant pas stérile pour la science, il explora les côtes de l'Australie et reconnut plusieurs îles voisines de la Nouvelle-Guinée. Après lui, Marchand visita la Nouvelle-Hollande, Beïs et Flinders faisaient le tour de la Tasmanie, et ce dernier donnait son nom au détroit, où il avait osé s'aventurer sur une barque fragile.

Désormais tout le globe est connu et le temps des grandes découvertes est terminé. Les détails seuls restent à préciser, et comme le dit M.

Louis de Freycinet: « On ne doit plus se flatter aujourd'hui que ce soit la rencontre inopinée d'une grande étendue de terre, qui puisse attirer l'attention publique. Le globe est connu dans ses masses principales, il ne reste qu'à revenir sur les détails pour éclairer la science géographique, plutôt que pour l'augmenter ; aussi cette limitation de nos courses maritimes doit-elle donner aux expéditions nouvelles un caractère analogue à leur objet. Il faut donc que les voyageurs renoncent à étonner par la grandeur de leur découvertes. Leur mérite ne peut plus consister que dans l'exactitude de leurs travaux, et dans l'attention minutieuse qu'ils auront apportée à leurs observations. Cette tâche- est, en effet, plus utile que brillante, elle ne peut être célébrée comme les entreprises de ces fameux navigateurs dont le nom se perpétue avec la terre qu'ils ont montrée aux autre hommes, mais qui le croirait d'abord? avec moins d'éclat, elle offre plus de difficultés. On pouvait autrefois reconnaître l'existence d'une île et en

tracer les principaux contours, sans qu'il fut nécessaire de l'approcher au delà du pont

choisi pour le mouillage. On doit aujourd'hui pénétrer en quelque sorte jusque dans les moindres enfoncements, reconnaître les récifs, sonder toutes les passes, et l'on conçoit que cette opération deviendra d'autant plus périlleuse qu'on sera plus dépourvu de ressources en cas d'accidents, ou plus elolgne des pays civilisés. »

Nous ne suivrons donc pas Malte-Brun dans tous les détails qu'il emprunte aux navigateurs du dix-neuvième siècle, nous réservant de faire entrer dans la description de chaque contrée les découvertes récentes. Nous passerons donc aussi très-rapidement sur les relations des voyages de Biscop, Grant, Baudin, Parry, Widdel, Dillon, Dumont d'Urville, John Ross, Franklin, Billot, etc., etc. Nous nous contenterons d'indiquer les principaux points de ces voyages.

Les premières découvertes de ce siècle furent les îles Drummond, Sydenham et Mattomy, visitées par le capitaine Biscop. Le 18 juillet 1800, James Grant partait de Porthmouth, traversait le détroit de Basso pour entrer à Port-Jackson, et signalait sur la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande deux promontoires boisés auxquels il donnait les noms de cap Banks et de cap Northumberland. A la même époque, le capitaine français Baudin parcourait les côtes de l'Australie et déterminait plusieurs points importants tels que la baie du Géographe, le cap du Naturaliste, et, près des côtes, plusieurs groupes d'îles qui reçurent les noms d'archipel Forestier, d'archipel Champagny et d'archipel Bonaparte. Mais ignorant les découvertes récentes de Flindon, Baudin crut avoir visité pour la première fois quelques-unes des îles parcourues par le navigateur anglais. De là les noms donnés en double à plusieurs de ces îles, mais bientôt la vérité se fit jour et les noms anglais prévalurent. Les explorations réitérées dans la mer du Nord firent successivement découvrir l'île Pheasant, par le capitaine Fearn, celle de Palmyre, par le capitaineSawle, l'île d'Onalan, par l'américain Crozer, et enfin le petit groupe des îles Aukland, ou îles du Nord, par le capitaine Bristow. Cette dernière découverte mérite d'autant plus d'être citée, qu'elle indique la continuation sous-marine de la chaîne de montagnes qui parcourt la Nouvelle-Zélande.

De 1800 à 1804, l'Anglais John Turnbull découvre les îles Margaret, dans l'archipel Dangereux, celles de Holt et de Philips et du golfe Buyen.

Les Russes, qui depuis le règne de Catherine Il ne s'étaient fait remarquer par aucune tentative de grande navigation, tentèrent de rivaliser avec la France et l'Angleterre, et leur marine sillonna à son tour les mers de l'océan Austral.

Parmi les plus célèbres voyages entrepris à cette époque, il faut citer celui de Otto de Kotzebue, qui, en 4815, partit dans le but de reconnaître diverses îles du Grand-Océan, d'explorer les côtes d'Amérique du Sud et au nord du détroit de Béring, et de chercher un bras de mer communiquant avec la mer de Baffin, Sauf ce dernier point du programme, le voyage de Kotzebue réussit au delà de toute espérance. Dans l'Océanie, le navigateur découvrit, à peu de distance l'une de l'autre, deux îles qu'il nomma Romanzof et Spiridof, puis plusieurs autres formant un groupe qu'il appela îles de Kruzsenstern, et enfin une chaîne d'îlots inhabités qui reçut le nom de chaîne de Rurick. Près de l'archipel Malgrave, Kotzebue découvrit deux nouvelles îles : l'une,, habitée, reçut le nom de Koutouzof; l'autre, déserte, celui de Souvarof.

Dans le golfe de Kotzebue, formé par l'océan glacial Arctique, sur les côtes de l'Amérique, au nord-est du détroit de Béring, se trouve une île qui fut appelée île Chamisso, en l'honneur du naturaliste de l'expédition. Au sud-ouest des

îles Sandwich, on découvrit, le 1er janvier 1817, une petite île boisée qui reçut le nom d'île du Nouvel-An. Entre les archipels Sandwich et Mal grave, on trouve le groupe que l'on appelle Romanzof, dont l'île principale est Otdia, et à deux milles au nord celui de Thitchagof. Un autre que l'on nomme groupe d'Araktchef est beaucoup plus considérable; celui d'Aour, fut appelé groupe de Teversey, et celui d'Aïlou Krusesern.

La connaissance complète de la NouvelleZemble eut lieu en 1823 après trois expéditions du capitaine russe Lutke.

D'un autre côté, il était question depuis trop longtemps delà possibilité de trouverun passage de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique par la mer Polaire et celle de Béring, pour que, favorisés par la paix de 1815, les Anglais ne songeassent pas à s'assurer de la possibilité de ce passage. En 1818, le capitaine John Ross avait reconnu l'entrée du détroit de Lancastre, sans essayer de le franchir; dè3 l'année suivante, une nouvelle expédition fut confiée à sir Edward Parry, auquel on adjoint le lieutenant Liddon.

Le conseil de l'amirauté avait promis une récompense nationale de 5,000 livres sterling à celui qui couperait le 110e méridien à l'ouest de Greenwich, par 74 dégrés 44 minutes nord. Les deux capitaines atteignirent le but proposé. Ils déterminèrent dans la mer de Baffin, vis-à-vis du détroit de Lancastre, un bras de mer qui reçut le nom de Passe du Régent, et vers l'extrémité du détroit, un canal que Parry appela détroit de Barrow. Dans la mer Polaire, on découvrit un archipel qu'on nomma la Géorgie septentrionale.

Au sud-ouest de ces îles, la terre la plus occidentale que l'on ait encore découverte, reçut le nom de Banks. Le point le plus éloigné où parvint l'expédition est 74 degrés 26 minutes de latitude septentrionale et 113 degrés 48 minutes de longitude occidentale. Au-delà, les glaces paraissant augmenter, Parry conclut qu'il était impossible de traverser de la côte orientale à la côte occidentale par la mer de Baffin, et que peut-être il y aurait plus de chance par le détroit de Réring, et il rentra en Angleterre après un voyage de dix-huit mois.

En 1821, un second voyage ne fut pas aussi heureux que le premier, cependant il permit de reconnaître que la baie Répulse était fermée contrairement à l'opinion généralement reçue qu'elle devait communiquer avec la mer Polaire, En 1824, l'infatigable Parry tente une troisième expédition; il part de la côte de Groënland le 4 juillet, reste pris par les glaces pendant cinquante-huit jours, entre dans le détroit de Barrow, et, poussé par les glaces, se réfugie dans une vaste passe du prince Régent jusqu'à la fin de juin 1825. Il naviguait enfin sous les plus heureux auspices, lorsqu'une tempête brisant son vaisseau mit fin à cette nouvelle expédition.

Loin de se trouver découragé par ce nouvel échec, Parry, persuadé d'arriver au pôle nord en employant alternativement des bateaux légers et des traîneaux, s'embarque au mois d'avril 1827 à bord de VHcckla; le 22 juin il commence son exploration, métamorphosant sa barque en traîneau selon les besoins de la circonstance, ne voyageant ijue la nuit pour éviter les reflets de neige, et parvient jusqu'à 82 degrés 40 minutes de latitude; il voulait atteindre le 83e degré, mais les tourbillons de neige lui faisant perdre sa route, il fallut regagner VHcckla et reprendre le chemin de l'Europe.

Pendant ce temps une expédition par terre, commandée par le capitaine John Franklin, avait lieu pour déterminer la véritable position du fleuve de Cuivre et le détour de la côte à l'est de cette rivière. Dans les trois courses entreprises par Franklin et ses compagnons, on découvrit la rivière de Cuivre jusqu'à la baie de Baffin, on reconnut la côte entre le cap Hearne

et le fleuve Mackcusie, et on découvrit à l'embouchure de celui-ci une île à laquelle on donna le nom d'île Gary. Des sommités de cette île, Franklin aperçut une mer dégagée d'îles et de claces, la côte se prolongeant à une grande distance vers l'orient et vers le 139e degré le Ion.

gitude, l'horizon se terminait par des montagnes fort élevées.

Pendant que l'on cherchait une mer navigable dans les régions australes, le capitaine Smith, doublant le cap Ilorn pour aller de Buénos-Ayres à Valparaiso, découvrit au milieu des glaces du pôle austral des terres inhabitées, dont l'une fut nommée par lui Nouvelle-Shetland australe et dont il prit possession au nom de la Grande-Bretagne. Les principales îles de cet archipel sont celles du Roi-George, de l'Elé.

phant, de Clarence, de Greenwich et de Livingstou.

En 1810, les vaisseaux russes le Vistok et le Mirni, découvrirent dans les mers antarctique l'île Macquerie, située très-loin au sud de la Nouvelle-Zélande, et par 69 degrés 30 miuutes de latitude, à peu près au sud de l'Amérique les îles qu'on appela Pierre Ier et Alexandre Ier, et qui étaient les plus reculées vers le pôle austral que l'on eût rencontrées jusqu'à cette époque.

Les Américains découvrirent aussi vers cette époque quelques îles dans l'océan Pacifique et dans les mers du Japon, mais ces découvertes furent de peu d'importance.

Le voyage autour du monde de Louis de Freycinet offre des points intéressants, mais les observations de ce savant tiennent plus de la géographie physique et de l'ethnographie que de la géographie proprement dite; nous nous en occuperons dans un temps plus opportun.

L'expédition de la Coquille, commandée par le capitaine Duperrey, accomplit en trente-etun mois un voyage de cent mille kilomètres. Sa première découverte fut celle de l'île la plus orientale de l'archipel Dangereux, et à laquelle on donna le nom de Clermont-Tonnerre; Duperrey visita aussi les autres îles de l'archipel et détermina la position de plusieurs terres, mais si ce voyage ne fut pas fécond en découvertes, il fut des plus utiles au point de vue des travaux hydrographiques et le grand nombre de rectifications des erreurs commises par ceux qui avaient précédé le célèbre navigateur francai.

--En 1828, le bruit se répandit tout-à-coup en France que le capitaine anglais Peter Dillon venait de retrouver les traces de La Pérouse et de ses infortunés compagnons. Se rendant de Valparaiso à Pondichèry, Dillon avait relâché à l'île de Tucopia et appris qu'on avait vu entre les mains des naturels, quelques années auparavant, des haches, des couteaux, des tasses à thé, une cuillère en argent et quelques autres objets, tous de fabrication française. Il acheta une garde d'épée en argent sur laquelle il crut voir les initiales de La Pérouse. Il s'informa de la manière dont ces objets étaient venus dans l'île et apprit qu'ils avaient été apportés de Mallicolo et qu'ils provenaient du naufrage de deux bâtiments, qui, bien des années auparavant, avaient été jetés à la côte; que l'équipage de l'un d'eux avait péri, mais que les hommes qui montaient l'autre étaient venus à terre pour construire un petit vaisseau avec les épaves des navires naufragés, qu'ils étaient repartis ensuite laissant dans l'île quelques-uns d'entre eux qui étaient morts depuis lors.

De retour à Pondichéry, Ip capitaine Dillon obtint du gouverneur le navire la Recherche pour aller explorer les lieux témoins du naufrage de La Pérouse. Il se rendit à Mallicolo, et reconnut que cette île était entourée d'un banc de corail qui laissait à peine quelques passages étroits. 11 reconnut le point ou l'un des vaisseaux avait touché, et retira de l'eau des canons

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

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et divers objets qui ne laissèrent @a e n doute sur leur origine. ( :2. L) j En 1828, le capitaine Dumont-d'Wrvîlie/ pn dant un voyage de circumnavigation, açquit la certitude de la véracité du récit diNjtfabitpineDillon. Il aborda à Mallicolo, qu'il no M V nikoro. suivant la prononciation des habl

Il vit au fond des eaux, calmes et transparentes, des ancres, des canons, des boulets, et une immense quantité de plaques de plomb, seuls restes d'un de nos vaisseaux naufragés. On retrouva, au milieu des récifs de Païou et de Vanou, une ancre pesant 900 kilogrammes et un canon en fonte du calibre de huit, tout corrodé de rouille, ainsi que @ deux pierriers en cuivre assez bien conservés. La triste certitude qu'il avait d'avoir retrouvé l'endroit précis où périt La Pérouse inspira à Dumont-d'Urville la noble pensée d'élever un monument commémoratif à nos malheureux compatriotes.

Voici un fragment du rapport de M. Rossel sur la navigation de Y Astrolabe, rapport lu à l'Académie des sciences, le 17 août 1829.

« Les renseignements obtenus par M. d'Urville firent juger que les frégates commandées par La Pérouse auraient rencontré inopinément dans une nuit obscure et pendant un violent vent de sud-est les récifs qui entourent l'île de Vanikoro et s'y seraient brisées. L'une d'elles serait venue heurter un de ces récifs taillé à pic et aurait coulé à fond presque immédiatement.

L'autre vaisseau, plus heureux, serait entré dans une des coupures de ce récif; mais, n'ayant pas trouvé assez d'eau, se serait échoué et aurait demeuré en place. C'est celui dont les débris aperçus au fond des eaux attestent le naufrage.

Trente hommes du bâtiment coulé à fond auraient pu gagner la terre. M. d'Urville ne parle pas du sort qui leur a été réservé; mais les récits de M. Dillon tendent à faire croire qu'ils auraient été massacrés par les naturels de l'île.

Quant à l'équipage du bâtiment qui s'est échoué, et qu'il a été impossible de relever de la côle, M. d'Urville a entendu dire qu'il aurait débarqué dans le district de Païou, lieu voisin du naufrage, et aurait construit, avec les débris qu'il aurait, pu sauver, un petit bâtiment, à l'aide duquel tous les Français se seraient mis en mer, après un séjour de sept lunes dans l'île, pour venir dans quelques-uns des établissements des Molluques et de la Nouvelle-Hollande. On ne peut malheureusement que trop prévoir le sort qui a été réservé à ces infortunés, dont, depuis quarante ans, on n'a pas entendu parler. Quelques récits cependant assurent que deux hommes de l'équipage restèrent dans l'île, mais qu'ils moururent en moins de deux années. Ainsi le fruit de toutes nos recherches a été de nous procurer quelques canons, une ancre rougie par la rouille, des débris d'ustensiles, de poteries, etc., etc., qui, en nous faisant connaître le lieu du naufrage des compagnons de La Pérouse, nous enlèvent l'espoir de jamais en retrouver un seul. »

Les nombreuses erreurs relevées sur les cartes que les Espagnols et les Portugais avaient commises aux côtes de l'Amérique du Sud engagèrent la France et l'Angleterre à explorer les côtes au point de vue de la navigation générale. Les Français reconnurent les côtes du Brésil et les Anglais celles de la Patagonie, de la Terre-de-Feu, du Chili et du Pérou.

A la même époque, le capitaine Ross, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler, résolut de faire une nouvelle tentative pour trouver au nord de l'Amérique un passage de l'océan Atlantique au Grand-Océan.

Parti le 25 mai 1829, Ross arriva à l'endroit où s'était ouvert le navire Fury, dont il retrouva sur la côte les canots et les provisions, et continua sa route vers le sud-ouest, le long de la côte occidentale du canal du Prince-Uégent.

l' YeMUe 70e parallèle, on trouva un port où on rpuEhi erner, et qui reçut le nom de BoothiaFf]!!. La contrée dont on venait de longer le ri faisait partie du continent Américain, et formait une vaste presqu'île, liée à la terre par up/fsthme de quinze milles anglais de largeur.

e détroit du Prince-Régent forme l'entrée de

cette mer intérieure, qui communique avec l'Océan par la baie de Baffin. On consacra toute l'année 1832 à des excursions sur le continent; mais les barrières de glace ne permettant plus d'avancer, il fallut laisser le navire la Victoire dans un port auquel on donna son nom, et regagner la plage où le Fury avait fait naufrage. Ce voyage se fit dans des canots, qu'il fallait souvent transporter à terre lorsque les glaces rendaient la navigation impraticable. Au bout de deux mois, le capitaine Ross parvint à gagner l'île Léopold, située au 74e parallèle.

L'hiver approchait, il fallut encore une fois retourner vers la plage de la Fury. Plusieurs années se passèrent-sans qu'on entendit parler de l'expédition.

En 1839, l'amirauté anglaise, les frères et les amis de Ross pourvurent aux frais d'une expédition destinée à aller à la recherche de ce dernier. Elle fut confiée au capitaine Back ; mais tandis que celui-ci cherchait les traces du navigateur, Ross avec ses compagnons, réduils au nombre de treize hommes valides, portait à 280 kilomètres ses malades, ses instruments et ses collections d'histoire naturelle, et quelques provisions, dont il était facile de prévoir 1 épuisement prochain. Dans la baie Fury, ils retrouvèrent leurs canots, et parvinrent, le 25 juillet, à la baie de Barrow, où ils furent recueillis par l'Isabelle, qui, par un hasard étrange, était juste le navire sur lequel, en 1818, Ross avait fait sa première expédition.

Pendant cette période de quelques années, les marins de l'Union parcouraient l'océan Antarctique, et James Brown découvrait l'île de Potier, l'île des Princes et celles de Willey et de Noël.

Le capitaine français La Place, dans un voyage de circumnavigation sur la Favorite, relevait les côtes du nord de la Cochinchine et d'une partie de Tongling, ainsi que le plan détaillé de la baie de Touranne. Tandis que l'Anglais Stuart parcourait l'intérieur de l'Australie, et jetait un jour précieux sur le cours des rivières de la Nouvelle-Hollande et sur la nature de l'intérieur de ce nouveau continent, le capitaine américain Morrell découvrait, dans l'océan Australien, les îles Westertield et le groupe de Berght, et une nouvelle terre, qu'il nomma île deLivingston.

En 1833, Jules déBlainville, commandant de la Lilloise, fut chargé de protéger nos pêcheurs sur les côtes du Groënland, et de chercher à reconnaître la côte orientale de cette terre glaciale. Après avoir envoyé au ministère de la marine le résultat d'une partie de ses travaux, on perdit ses traces, et depuis lors on n'en a plus entendu parler, malgré les recherches actives dirigées dans ces parages par le capitaine Trehouart et le lieutenant Dutaillis.

Le cercle polaire antarctique tentait encore l'attention du monde maritime. Les découvertes successives des navigateurs faisaient soupçonner l'existence d'un continent austral caché dans les éternels brouillards de ces régions. La France, l'Angleterre et l'Amérique unirent leurs efforts pour arriver à la solution de cet immense problème de la nature.

Le capitaine Dumont-d'Urville reçut le commandement de l'expédition française. Il parcourut l'Océanie et se dirigea vers le pôle antarctique. Il découvrit successivement la TerreLouis-Philippe, la Terre-de-Joinville, la TerreAdélie et la Terre-Clarie, et revint en France après avoir accompli une des plus belles campagnes maritimes dont puissent s'énorgueillir les annules de la marine française.

L'expédition américaine fut confiée au lieutenant Charles Willies. Il aperçut, sans pouvoir y aborder, des terres qui sont probablement celles reconnues par Dumont-d'Urville une année auparavant, rapporta des notions précieuses sur la Polynésie, et explora avec soin le cours inférieur de l'Orégon.

Quant à l'expédition anglaise, elle eut pour chef James Ross, qui s'était fait remarquer près de son oncle John Ross dans ses voyages au pôle arctique. Cette expédition devait parcourir, pendant trois ans, les régions circumpolaires australes. James Ross eut la gloire de pénétrer plus avant vers le pôle que ses devanciers; il découvrit, vers le 77e degré de latitude, la Terre-Victoria, et y constata l'existence de deux volcans.

Mais le voyage qui devait fixer l'attention générale était celui que Franklin entreprenait en 1845. Le hardi capitaine partait pour découvrir le fameux passage du nord-ouest. L'expédition devait s'engager dans la baie de Baffin et pénétrer dans la mer polaire par les détroi ts de Lancastre et de Barrow. John Franklin envoya ses dernières dépêches de l'île de Discô, sur la côte du Groenland ; des baleiniers le rencontrèrent à l'ouest de l'île de Beechey, et depuis on n'en eut plus de nouvelles.

En 1848, l'amirauté britannique fit commencer des recherches qui, malheureusement, ne servirent qu'à constater la perte totale de l'Erebus et de la Terror, les deux navires composant l'expédition de Franklin. Tout ce qu'on put apprendre de la destinée de l'infortuné capitaine anglais fut qu'il avait dû passer l'hiver de 1845-1846 sur l'île Beechey, près du cap Rilley, à l'entrée du canal de Wellington. On y retrouva les tombes de trois des matelots de l'expédition, des débris de cordes, d'habits, des caisses de provisions. Quatre ans plus tard, le docteur Raë obtint de nouvelles informations d'une tribu d'Esquimaux qu'il rencontra dans le cours de son voyage. Il lui dirent que quatre ans auparavant, c'est-à-dire vers le printemps de 1850, une troupe d'hommes blancs s'élevant à moins de quarante avait été vue par quelques Esquimaux, près de la rive septentrionale de la Terre-du-Roi-Guillaume. Ce détachement voyageait sur la glace et traînait un bateau; personne ne parlant la langue des Esquimaux d'une manière intelligible, les hommes du détachement tirent comprendre par signes que leur vaisseau avait péri dans les glaces et qu'ils cherchaient du gibier. Tous ces hommes, à l'exception d'un officier, étaient maigres; on supposa qu'ils étaient à court de vivres, car ils achetèrent un veau marin aux indigènes. Plus tard, mais avant la débâcle des glaces, les' corps de trente individus furent découverts sur le continent, et cinq dans une île voisine. A une longue journée au nord-ouest d'une large rivière, quelques corps avaient été enterrés probablement ceux des premières victimes de la famine. Le docteur Raë acheta aux indigènes des fragments d'armes et d'instruments de mathématiques, et lorsque ces objets parvinrent en Angleterre, on acquit la certitude que ces débris provenaient de l'Erebus et de la Terror.

On y reconnut même plusieurs objets ayant ap.

partenu à sir John Franklin.

Lady Franklin, désireuse de retrouver au moins quelques épaves des travaux de son mari, organisa une expédition à laquelle prirent part volontairement deux jeunes officiers de la marine française : le lieutenant Bellot et J'enseigne de Bray. Le premier, alors enseigne de vaisseau, avait obtenu de prendre part, en 1851, à l'exploration arctique entreprise sous les auspices de lady Franklin. Bellot eut la satisfaction de retrouver son commandant qui, à la suite d'une course lointaine, s'était égaré au milieu de ce dédale de terres et de glaces. Le nom de détroit de Bellot fut donné à un bras

de mer reconnu par le jeune marin, et qui semblait séparer le North-Sommerset de la Terrede-Boothia-Félix. De retour en France, il fut promu au grade de lieutenant et prit part, en qualité de second, à l'expédition arctique organisée par le capitaine Inglefield pour porter des instructions et des vivres à l'escadre de sir Edouard Belcher, qu'on supposait dans les environs de l'île Beechey. Arrivé sur ce point, on apprit que sir Belcher devait se trouver dans le canal de Wellington, à 76 degrés 15 minutes de latitude nord et 96 degrés 70 minutes ouest de Paris. Il fallait lui faire parvenir les dépêches. Bellot s'offrit pour cette dangereuse mission et partit le 12 août 1853, avec le contre-maître du North-Star et trois matelots, emmenant un traîneau et un léger canot en caoutchouc. Après avoir atteint sur les glaces Je voisinage du cap Bowden, il fut entraîné par les glaces et mis dans l'impossibilité de gagner la terre. Réfugié avec ses compagnons sur un énorme glaçon, il leur apprit à se construire une tente avec la neige qui tombait en abondance; puis, voulant reconnaître sa position, il grimpa sur le sommet de leur énorme radeau improvisé. Au bout de quelques minutes, inquiet de son absence, le matelot Johnson lit le tour de ce monticule de glace en appelant Bellot; il l'appela sans recevoir de réponse, et trouva enfin, sur le bord d'une crevasse d'environ dix mètres, le bâton ferré du malheureux jeune homme. Bellot était mort, victime de son dévouement, à l'âge de vingt-sept ans.

L'amirauté britannique lui fit élever, sur l'esplanade de la marine royale de Greenwich, un monument simple et sévère.

De Bray fut plus heureux, il prit une part active à l'expédition des capitaines Belcher et Kellet de 1852 à 1854 visita les côtes orientales de l'île Melville, et son nom fut même donné à un cap situé entre l'île Melville et l'île du Prince-Patrick, à l'entrée du détroit de FitzWilliam.

Tant de malheurs et tant de désillusions n'avaient pas découragé les marins, la découverte du passage nord-ouest était toujours le but envié de tous les navigateurs. Tandis que les capitaines Austin et Penny dirigeaient leurs investigations par la mer de Baffin et le détroit de Lancastre, l'Entreprise et l'Investigator, sous les ordres du capitaine Collinson et de son second capitaine Mac-Clare, reçurent l'ordre de gagner l'île Melvil par le détroit de Béring.

L'hiver approchait et Collinson craignant, avec quelque raison, de s'avancer plus vers le Nord, fit le signal de rappel à Mac-Clare et alla hiverner à Hong-Kong. Soit que Iac-Clare n'eût pas compris le signal, soit pour toute autre cause, il continua sa route et navigua hardiment vers le nord-ouest, et bientôt le commandant du Pluvier, qui devait lui servir de conserve, n'eut plus de ses nouvelles.

Mac-Clare suivit entre les 70e et 72e degrés de latitude la direction de la côte septentrionale de l'Amérique jusqu'au cap Parry qu'il atteignit le 6 décembre 1850. De là il se dirigea vers le Nord, reconnut le cap Nelson et donna à la grande terre que ce cap terminait le nom d'île de Baring, puis après avoir reconnu à l'est la terre du Prince-Albert, il s'engagea dans un long canal qu'il nomma détroit du Prince-deGalles, et qu'il suppose devoir aboutir vers le nord dans le bassin de Melville. il eut l'extrême satisfaction, le 26 octobre, de planter sa tente sur le rivage de ce bassin. Et comme Archimède il put s'écrier : Eurêka l Le passage nordouest était enfin découvert !

L'Invettigator passa l'hiver dans le détroit du Prince-de-Galles par un froid qui atteignit souvent 46 degrés, et dès les premiers jours de mars* 18^1, il faisait ses préparatifs d'appareillage.

Mac-Clare essaya, mais en vain, de déboucher du détroit du Prince-de-Galles dans le bassin de Melville ; repoussé par les courants et les glaces flottantes vers le Nord, il résolut de tourner l'île Baring par le cap Nelson et de chercher, en longeant la côte occidentale de cette île, un passage entre les terres et la redoutable banquise qui menaçait, à chaque instant, de briser son navire. Après quelques semaines d'un travail surhumain il atteignit la baie Mercy où il hiverna deux années consécutives.

Le H avril 1852, après le premier hivernage, le capitaine Mac-Clare essaya de traverser, avec quelques traîneaux, les glacesdu bassin de Merville et de visiter l'île de ce nom dans l'espoir d'y trouver un des bâtiments envoyés par le capitaine Austin et pouvoir arrêter, avec cet officier, les moyens de sauver l'équipage de l'Investigator, les approvisionnements étant à peine suffisants pour attendre la fin de 1852.

Au bout de [dix-huit jours Mac-Clare arriva à Winter-Harbour (île Melville), où l'on trouva seulement une sorte de cachette formée de pierres amoncelées nommée Cairn, et contenant l'avis de l'excursion faite dans ces parages l'année précédente par le lieutenant Mac Clintock Désespéré et livré à ses seules ressources MacClare eut l'heureuse inspiration de laisser un dépôt dans le Cairn, inspiration qui fut la cause du salut de l'Investigator.

Le 16 avril 1853, après un hiver où le thermomètre s'était constamment tenu dans le mois de janvier de 42 à 54 degrés, le capitaine MacClare se disposait à renvoyer par détachements son équipage en Angleterre, lorsque se promenant avec un de ses lieutenants assez loin du vaisseau, ils virent paraître du côté du nord un homme qui courait vers eux. C'était le lieutenant Sim de l'expédition Kellet, qui hivernait, depuis le mois de septembre, dans l'île Melville. Ayant trouvé dans le Cairn la dépêche de Mac-Clare', Kellet s'était empressé, dès les premiers jours du printemps, d'envoyer à la baie Mercy un détachement commandé par Sim et dans lequel se trouvait aussi l'enseigne de Bray dont nous avons récemment parlé. Quelques jours après cette réunion, le lieutenant Creswell, de l'Investigator, se rendait de l'île Melville, à l'île Beechey, après avoir fait 470 milles sur la glace, et de là partait en Angleterre pour annoncer l'importante découverte du capitaine Mac-Clare.

Nous ne parlerons que pour mémoire de la découverte de la mer de Kanequi baigne le cap Constitution et du voyage autour du monde de la frégate autrichienne Novara. Quant aux découvertes dans l'intérieur des continents, nous les trouverons dans la description particulière de chaque pays, description qui formera la seconde partie de cet ouvrage.

Toute la partie contenue sous le nom de Géographie politique a été puisée par nous dans l'excellent ouvrage de Malte-Brun, dont nous avons abrégé avec soin tous les passages pouvant servir à l'étude de la géographie ancienne, nous bornant à élaguer toutes les superfluités du récit du célèbre géographe.

Notre but est principalement de vulgariser la géographie et d'en rendre l'étude possible et facile. Avant d'arriver à la description physique et politique de chaque nation du globe ; il nous reste à indiquer les noms des différents accidents qui se produisent dans les mondes terrestres et dans les mondes aqueux, et d'en expliquer les termes afin de rendre leur application facile et compréhensible pour tous. C'est ce que nous allons essayer de faire dans le chapitre suivant.

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

MONTAGNES. — On désigne communément sous le nom général de chaînes, toutes les été.

vations de terrain pour peu qu'elles se prolongent, il est certain cependant que les montagnes forment plus souvent des groupes que des chaînes.

Une chaîne est une suite de montagnes qui s'étendent principalement dans une direction longitudinale.

Les montagnes sont les éminences de la terre et présentent une pente rapide ou du moins sensible. Il faut les distinguer des plateaux, qui sont de grandes masses de terres élevées, formant ordinairement le noyau d'un continent ou d'une île, mais qui ont des pentes longues et étendues. Un plateau peut renfermer des montagnes, des plaines et des vallées.

Les montagnes ont été formées par deux effets géologiques tenant chacun à la même cause. Le refroidissement progressif du globe, le refroidissement de la masse terrestre, le passage à l'état solide d'une partie du noyau liquide intérieur, en diminuant le volume de la masse extérieure a rendu trop grande son enveloppe consolidée. Dès lors cette enveloppe s'est affaissée en certains points et relevée en d'autres.

Elle a produit des rides, des plis, des bosses à la surface de la terre. Ces rides et ces plis sont les montagnes et les chaînes de montagnes. Quand une pomme se dessèche, c'est-àdire diminue de volume par suite de l'évaporation de l'eau, sa peau se ride, se hoursouffle, voilà l'image de la formation des montagnes sur Técorce terrestre par le refroidissement.

« Le refroidissement de la masse intérieure du globe n'a pas seulement produit les rides sur notre globe, il a aussi déterminé des fentes et des fractures. Les immenses fentes qui, à un certain moment, se sont ouvertes dans l'épaisseur de la croûte terrestre, ont été bientôt remplies par l'éruption, lente ou subite, des matières contenues dans l'intérieur, par le granit, les porphyres, les basaltes, enfin par les laves. Les Alpes orientales, par exemple, ont été produites, à une époque assez récente, par l'éruption de la protogyne qui constitue le mont Blanc, à travers les terrains de transition et secondaires qui formaient autrefois la @ région des Alpes. Les Pyrénées ont été formées par l'éruption des masses de granit et d'ophite; les roches surgissant au dehors ont soulevé et renversé les terrains crétacés et tertiaires qui s'étendaient autrefois dans cette région en bancs horizontaux, et ont ainsi produit la chaîne des Pyrénées.

« Les deux phénomènes, dont il vient d'être question, s'étant manifestés à diverses époques, dans toutes les parties des deux hémisphères, ont donné au globe terrestre ses reliefs principaux, c'est-à-dire formé les montagnes. » (Louis Figuier, La terre et les mers.) Les flancs d'une chaîne de montagnes se nomment versants.

Les diverses parties de la montagne prennent successivement les noms depieii, de flanc et enfin de cîme, de sommet et de faîte. Si l'élévation affecte la forme d'un toit elle prend le nom de crête. La dénomination de montagne ne s'applique qu'à des éminences ayant au moins cinq cents mètres de hauteur.

Les montagnes offrent dans leurs formes des variétés innombrables ; ici elles s'élancent en cristaux énormes taillés en angles aigus; là, des sommets arrondis couronnant des masses

vastes et élevées, plus loin ce sont d'effroyables escarpements qui découvrent les entrailles de ]a montagne. De là le nombre d'applications différentes que l'on donne à ces cîmes suivant leurs différents aspects : pics, aiguilles, dents, quilles, dômes, puys, cornes, tours, mamelons, trompes, ballons, brèches, etc., etc.

Citons quelques-unes de ces principales bizarreries de la nature.

Les Alpes offrent une série d'aiguilles, ce sont celles de Charmoz, du Dru, l'aiguille verte et le Cervin.

La montagne de la Table, au Cap de BonneEspérance, présente l'aspect d'un immense autel.

Le pic de Peter-Bott (île Maurice) porte audessus de sa cîme un énorme bloc de pierre posé en surplomb. Il doit son nom à un voyageur qui, après avoir réussi à escalader son sommet, périt en redescendant.

Les montagnes percées à jour sont aussi une des curiosités de notre globe, tels sont PierrePertuis dans le Jura, le Pausilippe, près de Naples, le Monte-Tofanato, en Corse, et le Torghat, en Norwége.

Les pics volcaniques s'éloignent de toutes ces formes communes, leurs masses coniques ou pyramidales se distinguent par leur régularité, même quand elles ont été tronquées par quelque accident.

Les montagnes basaltiques, lorsqu'elles ne sont pas recouvertes par d'autres terrains, présentent aussi une apparence particulière. Leurs escarpements présentent des rangs serrés d'énormes piliers ou des chaussées d'un aspect grandioses ; on les désigne sous le nom de Chaussées des Géants.

Il y a des montagnes isolées, c'est souvent le cas des pics volcaniques, c'est encore celui de plusieurs montagnes calcaires et autres. La Chine et l'Irlande nous en offrent un grand nombre d'exemples. Le rocher de Gibraltar et le mont Aornos, où une peuplade entière soutint

un siege contre Alexandre, peuvent être aussi rangés dans cette catégorie.

Le plus souvent les montagnes sont groupées, tantôt les chaînes partent d'un noyau commun en directions angulaires, tantôt le noyau est luimême une haute chaîne courbée ou droite, d'où sortent cà et là des branches secondaires. On peut mettre les Alpes dans cette classe.

Quelquefois on voit des groupes irréguliers de plusieurs chaînes, parmi lesquelles aucune ne peut être considérée comme la principale.

Tel est l'ensemble de l'Asie-Mineure et de la Perse. Mais le genre le plus remarquable, c'est celui des longues chaînes qui, à l'instar des Cordillères des Andes, dans l'Amérique méridionale, se continuent pendant un espace de centaines et même de milliers de lieues dans

une direction presque constante, ayant de côté et d'autres des assises régulières de montagnes inférieures, mais ne détachant que peu de chaînes secondaires.

dl En général, toutes les chaînes de montagnes d'un même continent sembleraient avoir entre elles une connexion plus ou moins sensible et en former la charpente, mais cette analogie ne peut pas être généralisée, car on connaît plusieurs chaînes n'ayant aucune liaison avec d'autres; de ce nombre sont les montagnes tout à fait indépendantes de la Norwége et de l'Ecosse.

Il est donc plus méthodique de diviser toutes les montagnes du globe en chaînes, en groupes, en systèmes et en rameaux ou contre-forts, d'après la désignation suivante : Une chaîne est une réunion de montagnes importantes, qui change quelquefois de nom lorsqu'elle occupe une vaste étendue. Elle peut être isolée ou faire partie d'un groupe.

Un groupe est la réunion de plusieurs chaînes se prolongeant dans différentes directions.

Un système se compose de plusieurs groupes liés entre eux, quelles que soient leur étendue et leur élévation.

Un rameau ou contre-fort est un assemblage de montagnes peu considérables partant d'une chaîne; On nomme nœud le point ou plusieurs montagnes se réunissent.

Il n'y a aucune règle constante à pouvoir invoquer pour la pente des montagnes, tout dépend des circonstances locales. Tantôt les pentes sont douces et tantôt escarpées. On doit même remarquer que dans toutes les hautes gibbosités du globe on trouve une pente relativement trèsdouce, tandis que l'autre versant est tout à fait escarpé. Les Alpes descendent beaucoup plus rapidement du côté de l'Italie que de celui de la Suisse. Au contraire, les Dotrines ou Alpes Scandinaves ont une descente beaucoup plus raide au nord-ouest et a l'orient que vers le sud

et l'est. Les Pyrénées sont plus raides du côté sud que du côté nord. Les montagnes de l'Asturie ont leurs pentes dans le sens contraire, mais celles de la Sierra-Morena et surtout les Alpuxarras, dans la province de Grenade, semblent avoir leurs pentes raides au midi. Le mont Atlas, le mont Liban, bordent la Méditerranée de falaises escarpées, tandis que le Liban redescend par une pente douce vers l'Euphrate.

Le mont Taurlls, en je prenant aux sources ne l'Euphrate, offre deux pentes très-différentes.

En Caramanie et en Anatolie, il a des escarpements au midi et de très-longs plateaux au nord.

En Arménie, au contraire, la partie au nord est très-rapide. Les Chattes, sur lesquels s'appuie le plateau de Dakhan, dans l'tlindoustan, ont des montées raides directement vers l'ouest et des pentes douces vers l'est. Nous croyons inutile de multiplier a l'infini ces citations. En général, il faut considérer cette inégalité de pentes en regardant les chaînes de montagnes comme les bords escarpés des longs plateaux dont la surface du globe semble être composée.

Quelques montagnes offrent cette particularité qu'elles s'abaissent par assises ou gradins. Ce fait est attribué à l'affaissement de bancs d'une nature différente ou à l'action des eaux qui jadis ont dû baigner les pieds de ces montagnes.

Les vallées sont formées par les écartements des chaînes de montagnes ou des collines. Celles qui se trouvent entre les hautes montagnes sont ordinairement longues et étroites, et font supposer qu'elles n'étaient d'abord que de larges fissures produites par une convulsion de la terre ou le lit de quelque torrent aujourd'hui desséché. Les angles de rivières offrent souvent une analogie complète.

On voit dans les Pyrénées, dit Ramond, des vallées dont les angles saillants et rentrants correspondent si parfaitement qUI::, si la force qui les a désunis venait à s'opérer en sens contraire, leurs coteaux s'uniraient ensemble sans qu'on pût apercevoir la soudure.

Bourguet avait signalé ce phénomène dans les Alpes, mais il l'avait trop généralisé, car il y a de hautes vallées de caractères tout à fait différents, il y en a qui ont une grande étendue en longueur et forment des plaines élevées, telles sont celles du Valais; il y en a d'autres qui affectent une forme ronde et renflée. Malte-Brun pense avec Lamanon et Sulzer que ces plaines ne sont que les bassins de quelques grands lacs qui se seront écoulés après s'être frayés un passage.

Les vallées sont presque toujours barrées par un angle saillant de la chaîne demontagnes qui leur sert de ceinture. Le détroit formé par lequel on entre dans la vallée s'appelle passe ou défilé. Ainsi que nous l'avons vu dans la première partie de cet ouvrage, chaque vallée ren-

fermait une peuplade indépendante, de là le nom de Porte des Nations donné aux différentes passes connues. Telles étaient les portes du Caucase, les portes Caspiennes, la passe d'Issus, les Thermopyles et les Fourches Caudines.

On trouve entre la Suède et la Norwége une de ces passes formée par une masse de rochers presque taillés à pic. Une autre est située dans le Portneld, Ces ouvertures sont exactement semblables à celles par lesquelles le fleuve Hudson, aux Etats-Unis, traverse l'une après l'autre les chaînes de montagnes qui se trouvent sur son passage. Les Cordillères des Andes présentent les plus grandes de ces passes; il y en a de i,600 mètres de profondeur.

Les basses vallées s'élargissent à mesure qu'elles s'éloignent des montagnes de second ordre d'où elles partent. La plupart sont arrosées par des fleuves proportionnés à leur grandeur, d'autres vallées moins importantes aboutissent toujours à la principale et fournissent des affluents aux cours d'eau qui occupent le fond de celle-ci.

Le point de départ de deux vallées est marqué par une dépression qui porte dans les Alpes et dans une partie des Pyrénées le nom de col. Entre deux cols voisins se trouve une partie du faîte resté isolé qu'on appelle cîme.

On nomme ligne de faîte celle qui est déterminée par la série de tous les points les plus élevés d'une même chaîne, elle marque l'arête de la montagne ou plutôt le point de partage des eaux descendant vers l'une ou l'autre pente.

Le thalweg ou chemin de vallée est la ligne qui se prolonge au fond des vallées et dans toute leur longueur.

On partage les plaines en deux classes : les plaines hautes et les plaines basses. Les plaines hautes se trouvent entre les grandes chaînes de montagnes et sont souvent fort étendues, les plaines basses semblent être sorties récemment du domaine des eaux.

Les côtes de la mer et des lacs recoivent aussi plusieurs appellations. Il y a les "côtes escarpées quand un sol de roche s'étend soit à découvert, soit sous terre jusqu'aux rivages, comme en Galice, en Bretagne, en Norwége et en Ecosse, On les subdivise en deux catégories: les côtes escarpées et dentelées qui sont celles ceintes de rochers, soit au-dessus, soit au-dessous de l'eau. Ces rochers forment souvent de véritables labyrinthes d'îles qui entourent les côtes. Tels sont le Jardin du Roi et le Jardin de la Reine, près de Cuba, l'archipel de Mergin dans les Indes, les côtes de la NouvelleGalle du Sud, le Skiergard de Suède et de Norwége. Cette classe doit être divisée selon que

les escarpements sont produits à de véritables rochers ou à ces masses de coraux qui remplissent les mers entre les Tropiques; 2° les côtes s'enfoncent quelquefois brusquement dans l'eau, ce sont les côtes par escarpement ou plutôt les falaises. Telles sont celles qui bordent la Manche, entre la France et l'Angleterre. La plus longue falaise connue commence au cap Horn pour se terminer au détroit de Béring.

Les côtes basses sont formées de terrains argileux et mous qui s'abaissent par pentes douces. Telles sont les côtes par collines qui semblent appartenir aux lacs et aux petites mers intérieures, et les côtes par dunes et atterrissements qui se présentent comme des plaines sablonneuses ou marécageuses qui se perdent par une pente douce sous l'eau.

Les îles d'une étendue considérable offrent à peu près les mêmes circonstances que les continents, les petites offrent plus d'intérêt; on peut les classer en îles isolées, en groupes et en chaînes. Il y en a d'élevées et de plates. Les îles plates ne sont souvent que des bancs de sables s'élevant au-dessus du niveau de la mer,

d'autres sont des amas de coquilles et de débris fossiles. La plupart des îles de la mer du Sud ne consistent qu'en coraux et en madrepores, travaux gigantesques des polypes.

Les îles élevées doivent généralement leur origine à l'action des volcans qui ont soulevé le sol ou percé l'ancien sommet de l'île, et, en rejetant toujours les laves par leur cratère, ont formé des pics énormes.

Lotsque des îles forment un groupe trèsrapproché, il est permis de supposer que ce ne sont que les sommets d'un plateau sous-mnrin.

De même, lorsqu'elles se suivent de très-près dans une même direction, doit-on les considérer comme les éminences ou le dos d'une chaîne de montagnes sous-marines.

Parcourons, avant de terminer, les principales montagnes du globe avec M. Louis Figuier, que nous nous plaisons à citer souvent, car, à côté d'une érudition des plus remarquables, il a su créer un nouveau genre de lecture en rendant l'étude attrayante et vulgariser les notions les plus arides de la science.

« Plaçons-nous pour un instant, écrit l'auteur du Tableau de la Nature, au milieu de l'océan Pacifique, à une grande hauteur au-dessus de la Nouvelle-Zélande, et dirigeons nos regards vers le Nord de la Terre. Nous aurons à notre droite l'Amérique, à notre gauche les côtes de l'Afrique et de l'Asie.

« L'Afrique australe forme un vaste plateau dont les trois faces occidentale, méridionale et orientale descendent vers la mer en larges gradins escarpés, qui sont coupés de nombreuses brèches et surmontés çà et là de quelques pics de soulèvement. L'escarpement oriental de ce grand plateau, qui se dirige droit au nord en laissant à son est le cap Guardafui qui fait face au golfe d'Aden, était considéré par les géographes des siècles derniers comme une énorme chaîne, à laquelle ils donnaient le nom de monts Lupata ou de l'Epine du monde; mais le nom de Lupata, qui signifie gorge, n'est appliqué par les indigènes qu'au groupe de rochers qui livrent passage à la rivière Zambèze. La côte africaine entre Zanguebar et le cap Guardafui semble être un plateau raviné, sans montagnes inférieures. Les chaînes de l'ArabieHeureuse et de la Perse courent du sud-est au nord-ouest et se relient à la grande chaîne principale de l'Asie, ilaquelle commence, sous e nom de Taurus, dans l'Asie-Mineure, contourne les rives méridionales de la mer Caspienne, et rejoint, sous le nom de l'HindouKouch, le massif de Bolor-Tag (montagnes du Brouillard). Ce massif est le nœud d'où partent plusieurs branches de la grande chaîne, pour se diriger vers le nord-est, l'est et le sud-est.

La branche dite Kouen-Louen suit de l'ouest à l'est le 36e parallèle à travers la Mongolie, au nord du grand plateau thibétain, et se prolonge dans la direction du nord-est par la chaîne du Nan-Chan et In-Chan. La branche plus méridionale du Karakoroum et de l'Himalaya descend vers le sud-est à la mer de Chine. La branche la plus septentrionale des monts Thian-Chan se relie, par les monts Altaï, à une suite de montagnes et de collines qui descendent doucement vers le cap Tchoukchi et la mer glaciale. Le détroit de Behring coupe cette chaîne, en séparant l'Asie de l'Amérique du Nord ; mais, à l'est, les montagnes se relèvent et suivent les côtes occidentales de l'Amérique jusqu'au cap Horn, en formant une chaîne non interrompue qui, de temps en temps, se retire un peu à l'intérieur, mais le plus souvent borde immédiatement l'Océan par d'immenses falaises.

De l'autre côté, les terrains s'inclinent peu à peu vers l'océan Atlantique, ainsi qu'on le reconnaît par la direction des grandes rivières.

« Les plus hautes montagnes du monde entourent un vaste bassin dont le milieu est oc-

cupe par un amas d'îles plates. Les flots de ce bassin baignent souvent le pied de la chaîne qui borde ses rives; mais, sur quelques points, les montagnes sont encore séparées de la mer par des terrains en pente douce. Les régions de l'Inde et de la Chine s'étendent entre la ceinture rocheuse et le Grand-Océan; les presqu'îles du sud de l'Asie sont comme des tronçons de l'isthme qui joignait ces parages à ce groupe de pays brisés et morcelés qui remplissent le milieu du grand bassin, et dont le morceau le plus important est l'Australie. Ils ressemblent aux débris d'un continent écroulé.

« Une ramification importante des grandes chaînes de l'Asie se propage dans l'Europe, où elle a ses points culminants dans les Alpes; de là les terrains descendent doucement vers la mer. Les couches qui forment le sol des continents s'enfoncent graduellement sous les océans, vont reparaître de l'autre côté, et, dans l'intervalle, elles forment le fond des grands bassins du Pacifique et de l'Atlantique.

« Les rives de l'océan Atlantique sont loin d'offrir des escarpements aussi raides que les falaises orientales et occidentales du Pacifique, avec leurs chaînes des Cordillères des Andes, etc. La pente générale des plateaux qui entourent l'Atlantique est bien plus douce, et ce bassin sinueux, tout vaste qu'il soit, ne paraît que comme un grand canal ou comme une sorte de Méditerranée. »

Quand on parle de la hauteur d'une chaîne de montagnes, il est bon de distinguer l'élévation des cimes et l'élévation moyenne des passages ou cols, laquelle représente la hauteur du dos des montagnes. De Humboldt a calculé comme il suit ces deux données pour les principales chaînes du globe. Il y ajoute l'élévation de la base de ces montagnes au-dessus du niveau prolongé de la mer.

Himalaya.

Mètres.

Kauchinganga. 8,592 Crlc,. ,.. 4,777 Pied (à Dehli). 300

Alpes.

Mètrei.

Mont Blanc. 4,810 Cr~e. 2,340 Pied..,. 400

Cordillères.

Acoucagua. 7,290 Crète" 3,607 Pied (mer)-. 0

Pyrénées.

Maladetta 3,480 Cl'Ne. , 2,437 Pied (mer). 0

Ainsi dans les Alpes et aussi dans le Caucase, la hauteur des faites est le double de l'élévation moyenne des passes; dans les Cordillères de Quito et les monts Himalaya, le rapport est celui de 9 à 5; dans les Pyrénées de 3 à 2.

Les Pyrénées sont le rempart le moins accessible de l'Europe; les Alpes, au contraire, qui offrent des dépressions plus profondes, sont beaucoup plus faciles à traverser.

Les chiffres qui précèdent ont été donnés par de Humboldt en 1825. Nous n'avons pas à modifier le tableau qu'il nous a laissé. D'après des ascensions plus récentes, ces chiffres ont dû être changés; mais ils suffisent pour donner une idée des rapports de hauteur des principales chaînes.

Voici des évaluations plus exactes de ces mêmes hauteurs. Les frères Schlugintweit ont donné les comparaisons suivantes pour l'Ilimalaya, le Karakoroum et les Alpes :

Himalaya.

Mitres.

Faîte (Ganrizankar) 8,840 Passes 5,430

Karakoroum.

Mètros.

Faîte ( Dis pang) , 8,625 Passes 5,700

Alpes.

Mètres.

Faîte. 4,810

Mlltr.

P&Ses. 2,300

Bergham donne pour les Andes les comparai sons suivantes : Cordillères.

Mèlret.

Faîte (Cliimborazo) 6,530 Passes (occidentales). , 4,420 Passes (orientales)., 4,120 Passes (moj'ennes),.,.. 4,270

Enfin M. Levasseur, dans sa géographie publiée cette année (1874), donne les utiles renseignements qui suivent sur la hauteur do quel..

ques-unes des montagnes des deux hémisphères: « L'Asie possède, dans la chaîne de l'Hima-

laya, les plus hautes montagnes du globe, car elle renferme plus de deux cents sommets dépassant 7,000 mètres, dont les plus élevés sont le Gaurisankar (8,840 mètres) ou mont Everest, le Kitschin-Djounga (8,580 mètres) et le Dhawa.

lagiri (8,170 mètres). Le Dapsang (8,630 mètres), dans le Karakoroum, est presque aussi élevé. En Amérique, les plus grands pics des Andes dépassent 6 et 7,000 mètres, tels que le pic de So.

rata (7,694 mètres), le pic Illimani (7,134 métrés) et le Sajama (6,939 mètres) en Bolivie; l'Acoucagua (6,834 mètres) et le Chimborozo (6,427 mètres), et quelques sommets au Mexique approchent de 4,500 mètres (Popocatepete, 5,345 mètres). Dans l'Afrique orientale, le Kilima-Ndjaro atteint 6,100 mètres. Les principales montagnes des îles de l'Océanie ont environ 4,000 mètres : Sémérol (4,300 mètres), Mauna-Loa (4,250 mètres), Indra-Poura (3,800 mètres). La plus haute montagne de l'Europe, le mont Blanc, mesure 4,810 mètres.

« Une partie de ces chaînes de montagnes sont des masses de roc soulevées, comme l'Himalaya, le Caucase, les Alpes; d'autres sont des volcans éteints ou actifs, vomissant, les uns de la lave et des pierres, les* autres de la boue, quelques-uns de l'eau. Le plus haut volcan de l'Europe est l'Etna (3,180 mètres). L'Asie en a de beaucoup plus élevés : le Klioutcheff, dans le Kamtchatka, a 4,900 mètres. Le mont Ararat atteint presque 5,000 mètres. L'Amérique en a de plus élevés encore, car le Popocatepete a 5,345 mètres, l'Antisana, 5,660 mètres, le Gualatieri, 6,590 mètres, et l'Acoucagua, le plus haut volcan du monde, 6,734 mètres. Les plus nombreux volcans du globe sont rangés autour de l'océan Pacifique, qu'ils enceignent d'une vaste ceinture de feu sur la côte des deux Amériques, dans le Kamtchatka, le Japon, les îles de la Sonde; au centre de ce cercle bouillonnent les volcans des îles Hawaii, dans lesquelles le Mauna-Loa se dresse à une hauteur de 4,250 mètres.

LES EAUX. — Les eaux se divisent en deux catégories : les eaux douces et les eaux salées.

La formation de l'eau est due à l'ascension de l'air humide le long des flancs des montagnes; arrivé à une certaine hauteur, cet air devient nuage ou brouillard; en s'élevant davantage, ce nuage se résout en pluie; en arrivant dans l'atmosphère des hautes montagnes, cette pluie se congèle et devient neige ou glace. Cette agglomération de l'eau produit , par divers moyens, les sources, les rivières et les fleuves; par cette raison, la précipitation des vapeurs, la fonte des neiges et des glaces, l'infiltration des eaux marines, l'action capillaire du sol, le soulèvement des vapeurs souterraines, l'action de la pesanteur qui entraîne les liquides vers les parties basses des couches terrestres concourent également à la formation des sources.

En examinant les hautes montagnes et les glaciers, il est facile de s'expliquer la création des sources. En effet, à chaque retour de la belle saison, l'action solaire fait fondre une partie des glaces et des neiges accumulées, et qui s'infiltrent alors, sous la forme liquide, entre les couches dos riches primitives formant les

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GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

sources Indépendamment de ces grandésîjHtei 1 accumulées, les grands amas de glkôra\en éprouvent une autre journalière et pouV ainsi dire inappréciahle, mais qui n'en cone r,41 pas moins à l'alimentation des réservoirs iminj

rels du globe terrestre. Lorsque les hautes montagnes ne supportent pas de glace, leurs pics s'entourent d'une sorte de panache de vapeurs, qui se condensant avec la montagne par ses sommets les plus élevés, se résout en humidité d'abord, puis en eau, qui, par les raisons indiquées ci-dessus, vont enfin prendre part au grand travail de la nature.

C'est pour ces raisons que.les chaînes de montagnes sont le berceau des fleuves.

Une partie de l'eau qui tombe en rosée, en pluie ou en neige s'évapore .de nouveau sous l'action solaire; une autre partie glisse sur la surface des terrains, et va alimenter les ruisseaux et les rivières; enfin, une dernière partie s'infiltre dans la terre, et va former, dans les terrains perméables, ces masses d'eaux souterraines qu'on rencontre à plus ou moins de profondeur.

Les sources n'ont pas d'autre origine. Ces masses souterraines se font jour dans un lieu situé plus bas; puis, grossies par d'autres ruis-.

seaux, elles forment les rivières et les fleuves.

Ces' deux derniers noms désignent des cours d'eau plus ou moins considérables, qu'il est toujours facile de distinguer sur une carte. La rivière se jette dans les fleuves, le fleuve se jette dans l'Océan.

Les bords d'un cours ù'-eau s'appellent les rives. La rive droite et la rive gauche se distinguent en supposant qu'on se place à la source et que l'on regarde couler l'eau. On nomme berges les rives escarpées, et talus les rives en pente douce. Le lit d'une rivière est l'espace parcouru habituellement par les eaux.

On appelle torrents les cours d'eau qui traversent les flancs des montagnes, et qui généralement se perdent dans les ravins. L'eau qui, arrivée à un plan horizontal ou ascendant, ne trouve plus d'issue ou d'écoulement, forme les marais. Dans les cavités plus ou moins grandes des terrains, si l'eau peut s-accumuler, nous aurons les lacs et les étangs. On rencontre des sources dans tous les ter-

rains et a toutes les hauteurs; on en rencontre même à la base et aux environs des volcans, mais très-rarement sur le volcan lui-même.

L'élévation des montagnes eranitiques, grâce à leurs sommets toujours couverts de neige, est la cause de la formation de sources volumineuses,

qui deviennent, à très-peu de distance, de véritables rivières. Nous prendrons, pour exemple, dans les Alpes, le Rhône, le Rhin, Je Pô et le Danube. Dans les montagnes calcaires, formées de roches tendres, J'eau pénètre facilement, et se rassemble dans les réservoirs qui se rencon-

trent en grand nombre dans ces terrains.

Les sources qui prennent naissance dans ces endroits ont très-souvent un très-fort volume, et donnent naissance à de puissants cours d'eau, qui, alimentés par une infinité de tributaires, forment de véritables rivières aussitôt leur apparition.

Les fontaines intermittentes ou miraculeuses suivent souvent des périodes régulières dans leur abaissement et leur retour. La fontaine périodique de Côme, dans le Milanais, s'élève et s'abaisse d'heure en heure. Celle de Boulaigne, dans le département de l'Àrdèche, reste quelquefois plus de vingralls sans couler, puis elle reparaît pendant un mois ou deux, souvent même pendant une année, mais jamais au delà.

La fontaine de Fontestorbe ou fontaine interrompue, dans les Pyrénées, est une des plus curieuses; - pendant les saisons de sécheresse, l'eau coule en abondance pendant environ une demi-heure, puis l'écoulement cesse pendant

ll< Alênes {espace de temps. Quelquefois on Ja •\fcit einglgyer 16 minutes à augmenter de niveaH, V A se maintenir à son maximum, 31 -a:ei de nouveau et 8 à s'interrompre tout IMit^

-~~Près de Brest, à vingt-cinq mètres de la mer, un puits s'abaisse avec la haute marée et s'élève lorsque la mer baisse.

Les fontaines jaillissantes forment d'es jets d'eau naturels, elles doivent être produites par des eaux qui, descendant d'une pente rapide, trouvent une issue dans la couche supérieure et s'en échappent avec force. On en trouve des exemples dans les sources du Louit et de la Touyre. Cette dernière, un des affluents de la Charente, fournit à cette rivière la moitié de ses eaux. Les sources jaillissantes se font jour quelquefois au-dessus de la surface de la mer, comme dans la baie de Jagua, sur la côte méridionale de Cuba, et dans le golfe de Spezzia.

Cette dernière source s'élance au-dessus de la mer et forme un mamelon de plus de vingt mètres de diamètre sur trois à quatre décimètres de hauteur.

Les jets d'eau bouillantes qui paraissent accompagner les volcans, suivent probablement les mêmes lois. La plus célèbre est le Geyser,

en Islan de.

Les eaux souterraines doivent être formées par des veines d'eaux qui ne trouvant pas œécoulement extérieur, se répandent dans les cavités souterraines et forment des lacs souterrains d'une très-grande importance.

Avant de quitter les sources, jetons avec M. Louis Figuier, un coup d'œil sur les eaux naturelles ou thermales.

(cOn appelle, dit-il, eaux minérales naturelles les eaux qui tiennent en dissolution de notables quantités de subtances minérales, dont elles sont chargées pendant leur trajet souterrain.

On les divise en quatre classes : 1° Eaux salines (Carlsbad, Kissingen, etc.); 20 Eaux alcalines (Vichy, Toeplitz, etc.).; 3°, Eauxrerruineuses (Spa, Pyrmont, etc.) ; 4° Eaux sulfureuses (Baréges, Aix-la-Chapelle, etc.) Les propriétés médicinales de ces diverses catégories d'eaux minérales sont connues de tout le monde.

« Quand les eaux naturelles sont au-dessus de la température ambiante, on les nomme thermales. Leur degré de chaleur est quelquefois très-élevé. Voici le tableau de la température d'un certain nombre d'eaux minérales :

Coùrmayeur (Piémont) 34 degrés.

Saint-Gervais (Savoie) 37 Vicby 40 Mont-Doré 44 Aix-en-Savoie 45 — Balaruc 47 Baréges (France) 49 — Louiches (Suisse) 52 — Cauterets (France) 55 Bourbonne-les-Bains 57 Bagnères (France) 59 — Dax (Landes) 60 — Aix-la-Chapelle (Prusse) 62 Borset (Prusse) 70 — Carlsbad (Bohême) 74 — Chaudesaigues 88 — La Trinchera (Amérique) 9i) Reckum (Island) 100 *— Geyser (Islande), au fond 124

« Ce tableau montre des températures atteignant jusqu'à 88 degrés pour les eaux consacrées à l'usage médical. De Humboldt a trouvé près de Valence, en Athérique, une source marquant 90 degrés. M. Boussingault a trouvé dans la même partie du monde trois sources étagées à dès hauteurs différentes:: celle de Trincheras, près Pùerto-Cabello, presque au niveau de la mer était à 97 degres ; celle de Mariana, qui émerge à 676 mètres de hauteur avait 61 de-

grés, et celle d'Oecoto, à 702 mètres d'altitude, 45 degrés seulement.

« Les eaux thermales sortent de tous les terrains; on en voit surgir du milieu des fleuves et même de la mer. Le golfe de Naples -et le Rhône (près de Saint-Maurice), présentent des exemples de ces émèrsions d'eau chaude.

« La chaleur des eaux thermales provient de ce que ces eaux ont pénétré fort bas dans l'intérieur de la terre, et se sont échauffées au contact des roches rendues brûlantes par le voisinage du feu central. A la profondeur de trois kilomètres, les roches ont une température de 100 degrés; dès lors, si par une fissure d'une longueur suffisante, les eaux pluviales pénètrent jusqu'à cette profondeur, elle s'échauffent jusqu'à 100 degrés; devenues ainsi légères, elle s'élèvent à la partie supérieure de la colonne d'eau, et si elles trouvent sur leur passage un libre écoulement au dehors, elles apparaissent au jour avec une température plus ou moins élevée. Voilà comment il faut s'expliquer la thermalité des eaux minérales.

« Les eaux thermales sont abondantes dans les terrains volcaniques parce que les éruptions de matières ignées, venues de l'intérieur du globe, ont laissé à demi-libres les trajets verticaux ou sinueux, par lesquels les eaux pénètrent à de grandes profondeurs, s'échauffent en ces poin's et ressorlent dans une autre partie du sol avec la température élevée qu'elles ont empruntée aux couches profondes et les composés sulfureux qu'elles ont dissous pendant leur contact avec les produits volcaniques; c'est dans les Pyrénées, dans l'Auvergne et dans les Alpes, en France;'atix environs de Naples et dans la Sicile, en Italie, qu'existent surtout des eaux thermales sulfureuses.

« Le capitaine Burlon, dans un voyage fait aux grands lacs de l'Afrique orientale, a rencontré des sources thermales dans le district de Zoungomero, pays insalubre, humide et sulfu-, reux que l'.on trouve avant d'arriver à la chaîne de l'Ousagara.

« Le même voyageur a visité, en 1860, les Ilot-Springs ou sources chaudes, eaux thermales sulfureuses, situées à cinq kilomètres environ de la ville des Saints, capitale du pays des Mormons, dans l'Utah (Amérique du Nord), ces eaux sortent du versant occidental des montagnes voisines. Une nappe abondante s'échappe des rocs et tombe dans un bassin, d'où elle s'écoule et va former un petit lac, dont la circonférence est de deux à six kilomètres, suivant la saison. — Au point d'immersion l'eau est assez chaude pour faire cuire un œuf, elle marque un peu plus bas cinquante degrés.

A une grande distance de la source, elle conserve encore une certaine chaleur; elle est fréquentée en hiver par des bandes d'oiseaux qui vienne s'y réchauffer, et par les enfants des

Indiens qui s'accroupissent sur ses bords pour se dégourdir. Les Mormons prétendent que cette eau surpasse en vertu purifiante les rivières de l'ancienne Judée. »

La disette d'eau a fait inventer les puits artésiens ou puits forés, connus depuis fort longtemps d'ailleurs, puisque celui de Lillier, à quelques kilomètresjde Béthune, date, dit-on, de 1124. En Afrique, dans l'intérieur de l'Algérie, les habitants trouvent l'eau à 200 brasses de profondeur, et cela en telle abondance qu'ils appellent cette eau la mer intérieure..

Les glaciers ont avec les sources une liaison et une origine communes, l'utilité constante de ces masses de glaces accumulées au sommet des montagnes, et qui forme ces champs de neige glacée qu'on trouve entre plusieurs sommets, est de fournir une alimentation aux sources qui sillonnent le Continent. Il y en a plusieurs lieues d'étendue dans les Alpes et dans les Pyrénées. Il en existe aussi dans le Caucase

indien, mais M. de Humboldt n'en a pas trouvé dans les Cordillères.

Les fleuves qui descendent des montagnes font souvent des sauls et des cataractes, les plus renommées sont les cataractes du Nil, du Gange et de quelques autres grands fleuves.

Les rivières forment aussi parfois des cataractes; Je saut du Niagara et la chute nommée par le docteur Livingstone chute de Victoria, dans le Zambèze, en sont de remarquables exemples.

Les chutes formées par les ruisseaux prennent le nom de cascarles. Quand une rivière se trouve resserrée entre des rochers, sur une pente trèssensible, elle forme un rapide.

On a longtemps regardé comme un phénomène unique les crues périodiques du Nil, mais les explorations des modernes, dans la région de la zone Torride, ont fait découvrir que celte particularité se présentait dans beaucoup d'autres fleuves.

Ces crues sont causées par les pluies torrentielles et continues d'une certaine époque de l'année. Ces pluies, se versant par torrents, font bientôt déborder les fleuves, les lacs et les rivières.

Les fleuves ne se réunissent facilement à la mer qu'au moyen d'une embouchure très-large, comme celle de la Loire et de l'Elbe, de la Plata; d'autres, comme la Seine et la Garonne, ne pouvant déverser leurs- crues assez vite, forment une barre d'eau, qui, repoussée par la marée montante, roule en arrière, inonde les rivages et ballotte les navires. Cette barre d'eau refoulée se nomme le mascaret.

Le plus beau phénomène de ce genre est celui qu'offre l'Amazone. Il verse ses ondes deux fois par jour dans le sein de l'Océan, la barre d'eau atteint souvent une hauteur de soixante mètres; lorsqu'elle se rencontre avec la marée, le choc de ces deux' puissances terribles fait trembler les environs.

Il nous reste à parler des lacs qu'il nous faut diviser en plusieurs classes.

On appelle lacs, des amas d'eau entourés de tous côtés par la terre et n'ayant avec l'Océan aucune communication immédiate.

La première classe comprend les lacs isolés ; ils n'ont point d'écoulement et ne reçoivent pas d'eaux courantes. Ce sont plutôt des étangs formés par l'affaissement des terres circonvoisines.

La deuxième classe est formée par les lacs qui ont un écoulement, mais qui ne reçoivent pas d'eau courante ; ils sont alimentés par des sources inférieures, et sont habiluellemen t placés à une assez grande hauteur. Quelques grands fleuves et des rivières ont des lacs de cette nature pour sources.

Les lacs qui reçoivent et émettent des eaux courantes forment la troisième classe. Chacun de ces lacs peut être regardé comme un bassin alimenté par des eaux voisines, et n'a ordinairement qu'un seul débouché, La quatrième classe comprend les lacs sans écoulement; ils reçoivent des rivières et quelquefois même des grands fleuves sans avoir aucun écoulement visible. Le plus célèbre est la mer Caspienne.

Il existe encore d'autres amas d'eau qui tiennent, dans le continent aqueux, la même place que les péninsules dans le continent terrestre.

Ces amas d'eaux tiennent aux mers par un çanal qui ne saurait être appelé rivière. On les désigne sous le nom de lagunes.

L'Océan est une immense nappe d'eau qui recouvre à peu près les trois quarts de la surface du globe; par ses exhalaisons qui rafraîchissent et humectent, il entretien la vie végétale et fournit les aliments nécessaires à ces canaux d'eau courante qui, en coulant toujours, ne se udent jamais.

, Le dessèchement lent et subit de l'Océan suf-

firait a plonger dans le néan-t toute la nature

organique. Nous avons parlé des côtes; quant au fond, il présente, d'après toutes les études faites jusqu'à ce jour, à peu près le même aspect que le continent terrestre. Il y a des endroits de l'Océan où l'on ne trouve pas de fond, mais, procédant par analogie avec la surface du globe, on s'accorde à penser que la plus grande profondeur de l'Océan n'excède pas dix mille mètres.

La salure de la mer semble, en général, être moins grande vers les pôles que sous l'équateur ; dans certains endroits l'eau de mer est moins salée à sa superficie qu'au fond, la proportion est de 72 à 62 au détroit de Constantinople, et de 32 à 29 dans la Méditerranée.

La couleur de la mer varie beaucoup, mais surtout en apparence. En général, elle est d'un bleu verdâtre foncé, qui devient plus clair en se rapprochant des côtes.— Les autres nuances de la couleur des eaux marines dépendent de circonstances toutes locales, telles que, par exemple, à peu de profondeur la couleur du sable, ou la présence en grandes masses d'animalcules colorés. Les teintes vertes et jaunâtres proviennent des végétaux marins..- C'est à une cause du même genre qu'il faut rapporter la phosphorescence de la mer, qui est due à la présence d'une innombrable quantité de mollusques et de zoophytes doués de cette faculté.

La température de la mer change moins facilement et moins soudainement que celle de l'atmosphère, cependant de Humboldt a constaté que l'eau qui recouvre un banc de sable est toujours plus froide qu'en pleine mer. Cette différence est d'autant plus grande que le banc est moins abaissé à la surface des eaux. Plus un banc est étendu, plus l'eau qui le recouvre est froide. L'abaissement de la température est trèssensible à l'approche des. terres. On peut estimer l'importance de la découverte de Humboldt, puisque Je fait seul de l'abaissement de la température peut signaler au navigateur un danger inattendu en lui indiquant l'approche d'un haut fond.

Les glaces marines naissent vers le pôle à mesure que la salure de la mer diminue et que le mouvement de rotation diminue de rapidité.

Vers le 40e degré de latitude, on voit déjà flotter de gros morceaux de glace; à 50 degrés, les lacs, les rivières et même les bords de la mer se couvrent souvent de glaçons ; à 60 degrés, les golfes et les mers intérieures se gèlent souvent dans toute leur étendue; à 70 degrés, les glaçons deviennent beaucoup plus gros, et vers le 80e degré on trouve les glaces fixes. Ces glaces polaires se présentent sous forme de masses, de montagnes ou de vastes champs.. Le baleinier Scoresby a laissé une relation très-exacte de ces différentes formes que prend la glace dans les mers polaires. Il nomme icofield ce que nous appelons champ de glace ou banquise. Ces banquises ont quelquefois jusqu'à 35 lieues de long sur 10 de large, et leur épaisseur est de Jo mètres.

Les montagnes de glace offrent les formes les plus étranges et les plus variées; on en rencontre peu dans les environs du Spitzberg, mais elles sont assez communes dans le détroit de Davis, où on a pu en voir ayant 3 kilomètres ie longueur sur un demi-kilomètre de large, et dont la hauteur du sommet dépassait 50 mètres. Il faut, dit Malte-Brun, avoir un cœur d airain pour oser s'enfoncer dans ces mers inhospitalières, car si le navigateur n'y a point à craindre les tempêtes, il court d'autres dangers bien plus capables d'effrayer les esprits les plus téméraires. Tantôt des glaçons énormes, agités par les vents et par les courants de la mer, viennent se heurter contre son frêle navire ; point de rocher ou d'écueil si dangereux ni si difficile à éviter; tantôt ces montagnes flottantes entourent perfidement le voyageur et lui ferment toute issue, son vaisseau s arrête, se fixe; en Tain là hache impuissante cherche à -briser ces massés

énormes, en vain les voiles appellent les vents.

Le bâtiment est comme soudé dans la glace et le navigateur, séparé du monde des vivants, reste seul avec le néant.

Le choc de deux champs de glace surpasse tout ce que l'imagination peut inventer de plus terrible. J'ai vu, écrit Scorosby, un navire qui, écrasé entre deux murs de glace, fut anéanti instantanément dans leur choc formidable, seule la pointe du grand mat resta debout au-dessus de ce tableau flottant comme un funèbre signnl.

Un autre se dressa sur sa poupecomme un cheval cabré. Deux autres beaux ttois-mâls ont été, sous mes yeux, percés d'outre en outre par des glaçons aigus de plus de 100 pieds de long.

Ces régions sont distinguées du reste de la terre par leurs longs jours et leurs longues nuits. Pendant six mois le soleil y reste invisible, mais ces longues nuits sont souvent interrompues par un phénomène qui vient éclairer ces ténèbres de la façon la plus imposante.

Nous voulous parler des aurores boréals. Voici, d'après M. Louis Figuier, la description de ce phénomène : le ciel commence à se rembrunir, il s'y forme bientôt un segment nébuleux, bordé d'un arc plus large d'une blancheur éclatante et qui semble agité par une sorte d'effervescence. De cet arc sjêlancent des rayons et des colonnes de lumière qui montent jusqu'au zénith. Ces gerbes lumineuses passent par toutes les couleurs du prisme, du violet et du bleu bleuâtre jusqu'au vert et au rouge purpurin.

Tantôt les colonnes de lumière sortent de l'arc brillant, mélangées de rayons noirâtres; tantôt elles s'élèvent simultanément en différents points de l'horizon et se réunissent en une mer de flammes agitées par de rapides ondulations, D'autres fois ce sont des étendards flamboyants qui se déroulent et flottent en l'air. Une sorte de

dais, formé d'une lumière douce et paisible que l'on appelle la couronne, annonce la fin du phénomène. Alors les rayons lumineux commencent à perdre leur éclat, les arcs colorés se dissolvent, s'éteignent, et bientôt on ne voit plus qu'un faible nuage blanchâtre dans les points..du ciel où se jouaient les mille feux brillamment colorés de l'aurore polaire.

Les eaux de la mer obéissent à trois mouvements bien distincts : les marées ou mouvements sidériques dépendant de l'influence des astres; les mouvements propres de la mer, c'est-à-dire les courants généraux et la plupart des courants particuliers prennent leur cause dans la mer elle-même; enfin les mouvements atmosphériques produits par l'action des vents.

On pourrait diviser la profondeur de la mer en trois couches : la première, agitée par les vents, serait la région des ondulations; la secondeserait celle des courants; la troisième enfin où le mouvement est pour ainsi dire complètement nul, serait la région immobile.

Les marées sont dues, comme nous venons de le dire, à l'influence des astres. La lune et le soleil, par leur position, doivent exercer chacun cette influence à des degrés différents. L'action attractive de la lune et du soleil détermine ce phénomène. Occupons-nous d'abord de l'action lunaire qui est la plus considérable, parce que cet astre est beaucoup plus rapproché de notre globe. Cette action s'exerce en raison inverse des carrés de sa distance. Dans l'hémisphère qui est directement en face de la lune, les points les plus rapprochés seront forcément plus fortement attirés par la force d'attraction que le centre de la terre, tandis que les points opposés sont moins exposés à cette action attractive. Il en résulte que les eaux situées directement sous la Lune formeront une sorte de promontoire en s'élevant vers cet astre, tandis que les eaux de l'autre hémisphère, moins fortement attirées que le centre de la terre, formeront de leur côté en restant en arrière un autre renflemelit. De là, une double, marée haute sou..

la lune et au point opposé, sur tous les autres points du pourtour intermédiaire il y aura nécessairement marée basse.

La terre tournant en vingt-quatre heures, tous ses méridiens, dans un espace de dix heures, se trouvent donc conséquemment tantôt sous la lune, tantôt à 90 degrés de cet astre; il en résulte que, dans 1 espace de vingt-quatre heures cinquante minutes, la mer monte et descend deux fois.

Le soleil, autour duquel la terre fait sa révolution, produit un effet analogue, mais beaucoup moins sensible. Toutefois, quand le soleil et la lune sont en conjonction ou en opposition, ce qui arrive aux époques de la nouvelle et de la pleine lune, les efforts d'attraction de ces deux astres amènent les marées dites de syzygies, qui sont très-fortes, tandis qu'aux époques des quadratures (du premier et du dernier quartier), la marée lunaire se trouve considérablement affaiblie.

Les marées sont à peine perceptibles dans les lacs et très-peu sensibles dans les méditerranéens ou mers intérieures.

On nomme établissements du port le nombre d'heures et minutes dont la marée, à un point donné d'une côte, retarde sur le passage de la lune au méridien.

La hauteur des marées varie beaucoup. Les flots sont extrêmement forts sur les côtes occidentales de l'Europe et sur les côtes orientales de l'Asie; dans les îles du sud, ils n'atteignent pas 50 centimètres; à l'occident de l'Amérique du Sud, les marées atteignent rarement 3 mètres, tandis que dans l'Inde occidentale, elles s'élèvent à 6 ou 7 mètres, et dans le golfe de Cambaye, à plus de dix. La plus haute marée connue est celle de la baie de Fundy. La pleine mer y monte de 20 à 30 mètres. Du reste, en général, la marée monte plus haut dans le fond d'un golfe qu'à son entrée.

Quand la marée montante remonte un basfond, la vague se brise et forme ce qu'on appelle un ressac; on observe cette particularité à l'île de Fogo (cap Vert) et dans l'Inde.

Les courants de la mer se trouvent surtout entre les tropiques, et, jusqu'à 30 degrés de latitude nord et sud, ils vont d'orient en occident dans une direction contraire à la rotation du globe. Ce sont des sortes de fleuves dont les rives sont indiquées par les eaux en repos. Le courant est visible, d'abord parce que les navires qui les atteignent vont plus vite que sous l'action isolée du vent, et de plus par les corps flottants qui suivent son cours. On appelle aussi ces courants fleuves Pélagiques. Un second mouvement porte vers J'équateur d'autres courants venant des pôles; on les reconnaît à la marche des glaçons qui se portent constamment dans cette direction.

Les principaux courants sont, dans l'Atlantique, le courant équatorial, qui, venu des côtes de Guinée, se divise en deux branches, un peu au sud de l'équateur; la branche sud suit les côtes du Brésil, tandis que la branche nord glisse le long des côtes de la Guyane, pénètre au sud des Antilles, dans le golfe du Mexique, se grossit des eaux du Missisiipi et débouche par le canal de la Floride, où il forme le grand courant appelé le Gulf-Stream ou courant du golfe.

Le Gulf-Stream, à la sortie du canal de la Floride, a une longueur de 55 kilomètres, une profondeur de 670 mètres, et une vitesse de 7 h-ilomètresil2 à l'heure. Dans ces parages, la température de ses eaux est de 30 degrés.

« Il est un fleuve au sein de l'Océan, a écrit le capitaine Moury, dans les plus grandes sécheresses, jamais il ne tarit; dans les plus grandes crues, jamais il ne déborde. Ses rives et son lit sont des couches d'eaux froides entre lesquelles coulent à flots pressés des eaux tièdes et bleues : c'est le Gulf-Stream ; nulle part dans

le monde il n'existe un courant aussi majestueux. Il est plus rapide que l'Amazone, plus impétueux que le Mississipi, et la masse de ces deux fleuves ne représente pas la millième partie du volume d'eau qu'il déplace. »

Ce courant d'eau chaude se divise en deux branches à la hauteur du 35e parallèle environ.

L'une va vers l'est, traverse l'Atlantique en trente-huit jours, et, après avoir fourni aux côtes d'Afrique un nouvel embranchement, connu sous le nom de Courant-de-Guinée, elle se replie vers l'ouest et va rejoindre ce nouveau courant dans la mer des Antilles. Au milieu du vaste circuit formé par ces deux fleuves Pélagiques, on voit se réunir les plantes, les bois et les épaves de toutes sortes charriés par l'Océan.

C'est là aussi que se trouve la mer de Sargasse ou de Varechs, où poussent des bancs immenses de fucus gigantesques, qui forment une prairie d'une effrayante étendue, servant d'asile à tout un monde de mollusques et de crustacés. Les eaux du courant mettent près de trois ans à parcourir le circuit océanique qui embrasse la mer de Sargasse.

L'autre branche du Gulf-Stream va parcourir les côtes de l'Islande et de la Norwége, et réchauffer les eaux de la mer Boréale Grâce à la température qu'il apporte à sa suite, le GulfStream rend plus habitable les côtes orientales du Groenland, donne des hivers moins rudes aux îles Britanniques, aux îles Féroé, et rend les mers libres de glace par un froid atmosphérique de 20 degrés.

Les tempêtes et les cyclones engendrés par les différences des températures du Gutf-Strcam et des eaux qu'il traverse ont fait donner au terrible courant le nom de Roi-de-la-Tempête.

Le courant équinoxial de l'océan Pacifique présente à peu près les mêmes phénomènes. Il traverse le Grand-Océan dans toute sa longueur.

Il part des côtes de la Colombie et se divise en plusieurs branches dans l'archipel Australien; la branche la plus faible va vers le nord, longe les îles Japonaises, devient le courant du Japon nommé par les indigènes KurQ-Siwo, ou fleave noir, à cause de la couleur de ses eaux, traverse le Pacifique à peu près à la hauteur du 40e degré. Douée d'une température presque aussi élevée que le Gulf-Stream, elle va jusqu'à la mer de Behring, où elle rencontre le courant pô* laire, suit la côte américaine, porto à laColombie britannique la température des zones tempérées, et retourne se confondre dans le courant équatorial, formant, comme dans l'Atlantique, une mer de Varechs. La branche la plus considérable contourne l'Australie et se replie sur la Nouvelle-Zélande au contact du courant du pôle Austral. Là on rencontre les contre-courants venus de la mer des Indes, et que Cook et La Peyrouse ont signalés comme très-compliqués et très-dangereux.

Les eaux froides du pôle antarctique sont portées vers J'équatcl'I' par trois grands fleuves Pélagiques. Le premier se bifurque par 45 degrés.

Une partie va doubler le cap Horn; l'autre, nommé le Comant-de-Humbuhlt, remonte le long des côtes du Chili jusqu'à l'équateur, et tempère le climat du Chili et du Pérou. Un deuxième grand cour ntse dirige vers le cap de Bonne-Espérance, où il se divise pour remonter de chaque côté de la péninsule africaine.

Les courants du Nord sont plus connus. L'un débouche par le détroit de Behring, se mêle au courant du Japon, et va passer à l'ouest entre le Japon et la Chine. Un second passe entre l'Islande, le Spitzberg et le Groenland. Le troisième connu, sous le nom de courant de la baie d'Hudson, débouche par la mer de Bartin et le détroit de Davis, entoure Terre-Neuve, et se perd entre Je Gulf-Stream et les côtes des Etats-Unis.

Parmi les courants secondaires ou particu-

liers, il faut citer celui qui entraîne dans le golfe de Guinée les navires qui s'approchent trop près des côtes; dans le golfe de Gascogne il en est un qui se dirige vers le nord-est. Dans la Méditerranéecelui qui vient de l'océan Atian- tique suit la côte septentrionale de l'Afrique, remonte vers le nord sur les côtes de Syrie et paraît s'arrêter à Candie, d'où il se dirige vers la Sicile, et de là vers la péninsule hispanique.

La Méditerranée possède un autre courant sousmarin qui porte les eaux de cette mer vers l'Océan. Cette hypothèse, admise par presque tous les géographes, paraît avoir été confirmée, dit M. Louis Figuier, par un point des plus curieux : vers la lin du dix-sept ème siècle, un brick hollandais, poursuivi et atteint entre Tanger et Tarifa, par le corsaire français le Phénix, fut eoul par une seule bordée d'artillerie, mais au lieu de sombrer sur place, le brick, grâce à son chargement d'huile et d'alcool, flotta entre deux eaux; il dériva vers l'ouest, et finit par s'échouer, après deux ou trois jours, dans les environs de Tanger, à plus de douze milles du point où il avait disparu sous les flots. Il avait donc franchi cette distance, entraîné par l'action d'un courant inférieur dans une direction opposée à celle du courant qui règne à la surface. Ce fait historique, joint à quelques expériences récentes, vient à l'appui de l'opinion qui admet l'existence d'un courant de sortie dans le détroit de Gibraltar. »

Signalons encore le courant du détroit de Bab-el-Mandel, et ceux de la mer Baltique.

L'ATMOSPHÈRE. Après avoir examiné la terre et les mers, il nous faut jeter un rapide coup d'oeil sur le vaste assemblage des divers fluides qui enveloppent notre globe, et en forme, pour ainsi dire, une partie intégrante. Les fluides atmosphériques peuvent être divisés en trois classes. La première comprend l'air. La seconde est formée des vapeurs aqueuses. La troisième renferme les divers fluides aériformes ou supposés qui se montrent dans l'atmosphère soit visiblement, soit par leurs effets.

L'air est ordinairement composé de deux substances, mais dans des proportions bien différentes, savoir : 0,21 de gaz oxygène et de 0,79 de gaz azote. Le gaz oxygène est seul propre à la respiration animale, mais s'il était en quantité surabondante, il exciterait trop les esprits vitaux et selon l'heureuse expression de MalteBrun, nous ferait vivre trop vite; par contre, le gaz azote n'est pas propre à entretenir la vie animale. C'est le mélange de ces deux gaz qui donne à l'atmosphère une constitution favorable à l'existence des animaux.

L'air est pesant ainsi que tous les gaz; pour s'en convaincre il suffit de peser d'abord un ballon rempli d'air ou d'un autre gaz quelconque, puis à le peser de nouveau après y avoir fait le vide au moyen d'une machine pneumatique, La différence qui existe entre les deux poids indique la pesanteur de l'air ou du gaz. La pretsion que l'air exerce sur la suiface d'un corps humain est plus dei 6,000 kilogrammes. et la variation de deux millimètres dans la hauteur du mercure fait un changement de 68 kilogrammes dans la pression de l'air. Sur les montagnes très-hautes la diminution de la pesanteur, jointe à d'autres circonstances, détermine chez l'homme des nausées, des vertiges et des hémorragies. M. de Humboldt qui s'est élevé sur le Chimborazo, en 1822, à une hauteur qu'atteint rarement le vol du condor, constate la généralité de ce fait qui donne, en quelque sorte, la mesure de la raréfaction de l'air : « Peu à peu, dit-il, nous commençâmes à éprouver tous un vif malaise, le mal de cœur, accompagne d'une sorte de vertige, nous faisait souffrir beaucoup plus que la difficulté de respirer. Un métis du village de San-Juan, paysan pauvre et robuste, qui avait voulu nous suivre

jusqu'au bout, était plus mal à l'aise encore que nous. Nous saignions tous des gencives et des lèvres; tous aussi nous avions la tunica conjunrtiva des yeux injectée de sang. Ces symptômes d'extravasion et de suinlement ne pouvaient d'ailleurs nous inquiéter beaucoup, .puisque nous les avions déjà éprouvés plusieurs fois. » Ce mal, que de Humboldt appelle le mal de montagnes, ne se déclare pas toujours à une élévation rniforme. Surlethimborazo il s'était déclaré par une suffocation à 5,070 mètres; sur le P:nchina les symptômes s'en était fait sentir à 4,600 mètres, et sur l'Antisana, un compagnon de l'illustre voyageur, avait saigné abondamment des lèvres à 2,530 mètres de hauteur.

L'élasticité de l'air est la qualité qu'il a, étant compressible, de résister à la force qui le comprime, et de se rétablir dans son ancien volume dès que la force qui le comprime vient à disparaître. Plus l'air jouit de son élasticité, plus il se dilate. Newton a calculé qu'à b7 lieues de hauteur l'air serait d'un milliard de milliards de fois plus raréfié qu'à la surface terrestre.

L'air est toujours mêlé d'une certaine quantité de vapeur d'eau due aux évaporations de particules, dont les corps terrestres se déchar.

geot incessamment. Cette- vapeur se mêle à l'atmosnhèrc aui la dissout: l'eau y est invi-

sible, mais lorsque l'air est saturé d'eau, les particules aqueuses ne se dissolvent plus et y restent suspendues en vapeurs vésiculaires, dont la réunion forment les nuages et les brouillards. Ces météores aqueux restent suspendus en l'air ou tombent à terre comme la rosée, la pluie et la neige.

Les brouillards sont de deux espèces, secs et humides. Ces dernier, très-rares près de J'équateur, sont très-fréquents dans les régions polaires. Suivant. quelques savants, les brouillards secs proviennent des vapeurs souterraines et montrent une liaison sensible avec les éruptions volcaniques.

La rosée est en partie produite par la transpiration des plantes mais la plus grande partie se forme par la précipitation des vapeurs, qui pendant uns chaude journée se sont élevées à des hauteurs peu ronsidérablef. La gelée blanche est une rogée qui s'est gelée un moment après être tombée. La pluie tombe d-s niie, lorsque les vapeurs vésiculaires qui en font partie se réunissent en gouttes. Lorsque les vapeur. aqueuses se congèlent, soit en tombant, soit dans l'air, elles forment la neige.

La grêle, qu'on a longtemps regardé comme de la neige ayant subi plusieurs congélations en passant par différentes zones, paraît devoir être assimilée à certains phénomènes électriques. On sait que l'électricité, en combinant l'hydrogène et l'oxigène, leur enlève une partie de leur calorique. Aussi la grêle est-elle toujours accompagnée de traces d'électricité. « On entend quelquefois, avant la chute de la grêle, dit M. Arago, un bruit, un craquement particulier qu'il serait difficile de mieux définir qu'en le comparant à celui que produit un sac de noix qu'on vide. La plupart des météorologistes croient que les grêlons, poussés par les vents, s'entre-choquent continuellement dans les nuages qui les portent, et c'est là, suivant eux, l'origine du mugissement dont la chute du méléorl est précédée. D'autres supposent que les grêlons sont fortement et diversement électrisés, et regardent dès lors le craquement en question comme le résultat de petites décharges électriques mille et mille fois répétées. »

Le grésil, qui tient le milieu entre la neige et la grêle, tombe dans les climats tempérés vers le commencement du printemps. C'est encore de l'eau glacée; mais on ignore le mode et les circonstances de sa formation.

Parlons maintenant des météores lumineux.

La réfraction de la lumière lui permet de se répandre sur noire hémisphère longtemps avant que le soleil y paraisse et que cet astre est encore à i8 degrés au-dessous de notre horizon. C'est cette réfraction qui produit l'aube et, en sens inverse, le crépuscule. Les parélies ou faux soleils sont des phénomènes peu communs. Ce sont des images plus ou moins vives de cet astrl, que l'on voit quelquefois, tantôt entourées d'un cercle d'une lumière pâle, tantôt ornées des couleurs de l'iris. Ce météore change d'aspects pour des spectateurs assez voisins les uns des autres; c'est donc un effet d'optique. L'arc-en-ciel a beaucoup de rapports avec les parélies et les accompagne assez ordinairement.

Parmi les météores ignés. le tonnerre occupe le premier rang. 011 sait qu'il est le produit de l'électricité. C'est au célèbre Franklin qu'on doit la preuve de Péleciricité dans l'atmosphère.

Les orages, malgré les malheurs qu'ils exercent, méritent d'être regardés comme l'un des plus grands bienfaits de la nature. Ils répandent la fraîcheur dans l'atmosphère embrasée des jours d'été, et, grâce à eux et aux pluies, violentes qui les accompagnent, les plantes renaissent à la vie et reprennent leur fraîcheur.

L'atmosphère éprouve des mouvements qui en déplacent les particules en sens différents.

Tous ces mouvements dépendent -d'une -mêtue cause : le déplacement d'une masse d'air, c'està-dire un vent plus ou moins violent. Le degré de vélocité des vents a donné lieu à des dénominations arbitraires dont voici les principales :

Zéphyr, qui parcourt par seconde de 2 à 3 mèt.

Yenl doux ou modéré - 3 à 5 — fort ou grand vent - 5 à 8 — impétueux ou coup de vent - 8 à 12 ( Petite. - 12 à 14 Tempête ] Moyenne. — 14 à 16 Tempête ( Forte — 16 à 20 Ouragan européen. - 20 à 30 .américain. - 20 à 100 -

On distingue, sous le rapport de la durée, les vents constants et les vents variables, et sous le rapport de l'étendue, les vents généraux et les vents partiels.

Les vents alizés, ou vent constant d'est, sont produits par le mouvement équatorial de l'atmosphère. Ces vents ont pour cause première la dilatation qu'éprouve l'air par l'action de la chaleur. Mais dans le même temps que les colonnes d'air sont élevées au-dessus de leur niveau, il doit survenir un nouvel air frais qui, arrivant des régions polaires, vient remplacer celui qui a été raréfié vers l'équateur. JI se forme des lors deux courants d'air opposés, l'un dans la partie inférieure, l'autre dans la partie supérieure de l'atmosphère.

Les inégalités de là surface terrestre et la diversité des sols influent beaucoup sur la constitution de l'atmosphère. Dans les contrées où l'on trouve des montagnes couvertes de neiges éternelles, l'air ne peut éprouver la même dilatation que dans les vallées ; tous les accidents de terrain viennent apporter une nouvelle cause à la différence de l'atmosphère dans les pays les plus voisins les uns des autres C'est ce qui occasionné les brises de mer, de terre ou de montagne.

Les brises alternatives de terre et de mer se font sentir même à des latitudes tiès-élevées, comme, par exemple, à Bergen, en Norwége.

Les îles de la mer du Sud, malgré leur petite circonférence, attirent, pendant le jour, tellement sur elles le vent général d'est, qu'il les embrasse, pour ainsi dire, de toute part et souffle de tous les poiuts du compas vers le sommet central de l'île. La nuit venue, l'air reflue vers la mer dans toutes les directions.

Les chaînes de montagnes peuvent arrêter les vents dans la partie inférieure de t'almosphère, ou, tes détournant de leur marche, leur donner quelquefois plus d'impétuosité. Ces mouvements violents des vents arrêtés par un obstacle ont rendu célèbres le cap des Tempêtes, le cap Horn, le cap de Bonne-Espérance, le cap Sud de la terre de Diémen, le détroit de Bab-clMandel et la Bouche du Dragon, en Amérique.

Les exhalaisons du sol communiquent aux vents leurs vertus particulières. Ainsi, le simoun des Arabes porte beaucoup de gaz nitreux. le harmaltan de Guinée beaucoup d'oxigène, le khamsin d'Egypte beaucoup d'azole.

Les ouragans ont pour cause l'électricité.

Ceux d'Europe ne sont rien en comparaison de ceux des Antilles et de la Chine. Là, tous les éléments semblent se ligner contre le globe ter.

rcslre, La foudre gronde et croise se&rarreaux, la pluie tombe par torrents, et les vents soufflent avec une impétuosité telle que les arbres et les habitations sont renversés les uns sur les aùtrps. Il n'y a à comparer à ces ouragans que les trombes ou siphons maritimes ou terrestres.

Il nous reste à parler des vents alizés et des mousson, Le vent général d'est, nomml vent alizé, règne dans l'océan Atlantique, selon que Je soleil est dans l'un ou dans l'autre hémisphère, jusqu'à 28 ou jusqu'à 32 degrés. Sur les côtjs nord-est d'Amerique. ce vent s'étend jusque 40 degrés. Ces vents d'est recevant toujours le-chor des deux courants atmosphériques , polaires sous un angle plus, ou moins droit, se changent en nord-est dans l'hémisphère boréal et en sud-est dans l'hémisphère austral. Mais à mesure qu'il se rapproche des côtes d'Amérique, le vent général d'est prend de la force, surmonte l'effet des courants polaires et suit sa

direction propre de l'est a 1 ouest. j Dans le grand Océan, on retrouve le mouve-

ment général de l'atmosphère. Les vents alizés du nord-est et du sud-est sont si forts que si un détroit se trouvait à la place de l'isthme de Panama, on irait beaucoup plus vite en Chine par l'ouest que par l'est. Très-faibles à leur point de départ sur les côtes d'Amérique, les vents al.zés deviennent sensibles vers les tropiques.

Sur les côtes opposées de l'Asie et des terres australes, ils s'étendent jusqu'au 408 parallèle.

Les moussons ne se rencontrent que dans l'océan Indien. Ce sont des vents semestriels.

Ils commencent vers le lue degré. Au nord de L'équateur, uu violon' vent de sud-ouest accompagné de tempêtes, d'orage,: et de pluies règne depuis avril jusqu'à octobre. Dans les autres -,ix mois règne un vent de nord-est doux et agréable.

Entre le 2e et le 12" parallèle de latitude, les vents soufflent généralement de nord-ouest en hiver et de sud-ouest en été.

LES TROIS RÈGNES DE LA NATURE.

- MINÉRALOGIE. — La minéralogie est la science des minéraux, c'est-à-dire des corps inorganiques formés par la nature et qui. se rencontrent, soit à la surface de la terre, soit à l'intérieur du sol. Les minéraux se divisent en quatre classes, savoir : les minéraux terreux, comme les terres, les pierres et les cristaux;.

20 les minéraux salins, c'est-à-dire ceux qui se fondent dans l'eau, qui sont incombustibles et qui ont une saveur acide, comme le sel, Palan, etc. ; 39 les minéraux inflammables, comme la houille ou charbon de terre, le soufre, le bitume, etc. ; 4° les minéraux métalliques, comme le fer, l'or. l'argent, etc.

La terre végétale est formée des débris de roches très-d.visés, tre-atténués, provenant de la décomposition, par l'eau ou par les autres éléments atmosphériques. On distingue ces

terres en terre végétale, siliceuse, calcaire, gra-

nitique, argileuse et volcaoique.

Les minéraux n'ont aucun rapport arec le

;Al'lIIE UNIVERSELLE

53

climat La nstitution géologique déterimne seule leur p ésence dans un terrain. Les termes siliceuses ou sablonneuses sont composées c

sable quartzeux très-fin, transparent, cristallisé, blanchâtre, reflétant les rayons du soleil et s'échauffant peu. Quand ce sable est mêlé à J'humus, il forme une terre légère, d'un labour facile et très-propre à l'horticulture. Tel est le sol des environs de Paris, d'une partie de la Brie et de toute la Beauce.

La ferre calcaire est composée de graviers, de sables et de cailloux calcaires bien plus grossiers et bien moins purs que les sables quarlzeux, mais qui s'altèrent bien plus vite Ear l'action des éléments et se réduisent en boue et en poussière. Le sol calcaire s'échauffe davantage et retient mieux l'humidité que le sol sablonneux, surtout quand il repose sur l'argile. Il est propre à toute culture, principalement a celle de la vigne. Une partie des vignes de la Bourgogne et de la côte du Rhône est plantée dans le sol calcaire.

La craie est peu propre à la végétation, mais elle la favorise quand elle forme une assise audessous du sol en culture. Quand elle est à découvert, elle ne peut servir à aucune végétation.

Les plaines de la Champagne occupent un espace de 120 kilomètres carrés, formé sur une assise de craie recouverte seulement de quelques centimètres de terre, et en beaucoup d'endroits entièrement nue. Une autre raison de cette stérilité. c'çst Ja grande quantité de magnésie que renferme cette contrée. La magnésie, qui est sèche, aride et absorbante, n'est pas plus propre à l'entretien des végétaux qu'à celui des animaux.

Le sol formé par la décomposition simple du granit est aussi généralement stérile. La plupart des déserts de l'Amérique méridionale appelés Llanos, ont leur sol composé de débris de roches granitiques. Les terres argileuses connues des cultivateurs sous les noms de terres fortes, grasses, franches, entières ou terres à blé sont épaisses, tenaces, d'une couleur jaune ou rougeâtre qu'elles doivent à l'oxyde de fer, elles se moulent comme la terre glaise, et se durcissent beaucoup en se desséchant, prennent du retrait et se crevassent, elles retiennent longtemps l'eau à la surface. Les terres argileuses sont les terres à blé par excellence et forment le sol des meilleures prairies, elles conviennent peu à la culture de la vigne et du jardinage.

Les terrainsvolcaniques, porphyritiques et basaltiques sont les plus fertiles et les plus productifs, mais ils faut qu'ils soient préalablement décomposés et réduits en matières friables, brunes, rougeâtres faisant pâte avec l'eau. Les terres volcaniques brunes et noirâtres s'imprègnent des rayons solaires et s'échauffent beaucoup. L'Italie méridionale, la Sicile, les îles de l'Archipel, leVivarais, l'Auvergne, etc., doivent la grande fertilité de leur sol à la présence de matières volcaniques en décomposition.

La plupart des cristaux sont formés par les eaux où leurs particules d'abord suspendues et séparées, se sont rapprochées en s'attirant mutuellement; et comme elles ont des formes régulières terminées par des faces pleines, elles se sont appliquées les unes contre les autres par ces mêmes faces, et leur assemblage a produit ces solides à l'aspect tellement symétrique qu'on les croirait taillés par la main d'un lapidaire.

Les minéraux métalliques sont au nombre de quatre : 1° L'or qui, bien que toujours à l'état natif, se présente uni en diverses proportions avec l'argent, il cristallise en cubes, en octoèdres, ou se présente en lames, en rameaux, en paillettes et en grains d'une grosseur très-variable.

Le platine est réconnaissable à son gris de

! h ..-.

plomi) p ant du blanc d'argent. Il se présentent} grains isolés plus ou moins épais, et M en petites paillettes. On trouve en antités mélangées au platine, le pal-

ladium, qui réduit à son état de purété n'est pas moins éclatant que le métal qu'il accompagne. On en fabrique des vases d'ornements, mais d'un prix plus élevé que l'or. Enfin l'iridosmine, alliage naturel d'osmium et d'iridium, s'offre aussi au milieu du platine en grains plus ou moins cristallisés.

L'exploitation et la préparation des métaux usuels ont de tout temps contribué à augmenter la fortune des Etats, nous avons vu dans notre histoire générale combien de voyages ont été enirepris pour la découverte de nouveaux filons de richesse pour la mère-patrie, la fable même nous en donne un exemple par la relation du voyage des Argonautes à la recherche de la Toison d'or. Voici aujourd'hui le tableau exact de la répartition des richesses de la métallurgie minerale.

Pour le fer, l'Angleterre occupe le premier rang, puis viennent la Russie, la France et la Suède.

Pour le plomb, les Etats les plus riches sont dans l'ordre suivant : l'Angleterre, la Prusse, l'Autriche et l'Espagne.

Pour le cuivre, l'Angleterre, la Russie, la Suède, la Saxe et l'Autriche.

Pour l'étain, l'Angleterre, la Saxe et l'Autriche.

Pour le zinc, la Prusse, l'Angleterre et l'Autriche.

Pour le mercure, l'Espagne, l'Autriche et le Pérou.

Pour le cobalt, la Saxe, la Suède et l'Autriche.

Pour l'argent, le Mexique, le Pérou, l'Etat de Buenos-Ayres, la Russie, l'Autriche et la Saxe.

Pour l'or, les Etats-Unis, la Californie, l'Australie, le Brésil, le Mexique, la Russie, le Chili, l'Etat de Buenos-Ayres et l'Autriche.

Pour le platine, la république du Chili et de Buenos-Ayres et la Russie.

Renvoyant à un traité complet de minéralogie la description des diverses classes de minéraux, nous ne nous occuperons que de ceux de ces minéraux pouvant être d'une véritable utilité au commerce et à l'industrie en général.

En première ligne, pour ces matières d'une utilité constante, il faut placer les albâtres et les marbres.

Les albâtres veinés les plus connus sont ceux de Bastia, de Montréal, de Capulo et de Sagasse (en Sicile) et de Alalaga (en Espagne).

Quant aux marbres, Pline a dit avec raison : « Quel pays n'a pas son espèce de marbre? »

L'Asie paraît être la partie du monde la plus riche sous ce rapport. La Chine, l'Hindoubtan, la Syrie, la Perse et la Sibérie renferment des marbres de toutes les variétés. Ceux de l'Europe sont les plus connus. La Suède et la Norwége ont des carrières exploitées depuis longtemps.

L'Allemagne en possède plusieurs, qui ont conquis de la réputation. On connaît le marbre de Hesse, d'un jaune paille, et orné d'herborisations, les marbres rouges de Bohême, les marbres verts du Tyrol, celui d'Osnabruck, recherché pour sa couleur noire, et celui de Ratisbonne, renommé pour sa couleur blanche. La Suisse en fournit aussi une grande variété. L'Italie, plus riche encore, a ses marbres jaunes de Sienne; Vérone, son marbre d'une belle teinte rouge, sur laquelle se détachent des ammonites. Florence a son marbre vert; Prato, Bergame et Susse ont leurs marbres verts tachés de blanc ou de gris, qui doivent leurs principales couleurs à la serpentine. Les Abruzzes fournissent au commerce leurs marbres coquilliers; connus

sous le nom de lumachelle gris d'Italie. Mais Gênes est le pays de production par excellence des marbres recherchés par les sculpteurs. C'est là qu'on trouve ces brèches si variées par leurs couleurs, ces beaux bleus turquins, ces marbres serpentineux verdâtres, ce portor noir tacheté de jaune et veiné de blanc, enfin ces marbres statuaires de Carrare, qui l'emportent sur tant d'autres par leur finesse et leur netteté.

L'Espagne pourrait rivaliser avec i Italie pour ses marbres. Ceux des environs de Molina passent pour être d'un grain aussi beau que celui de Carrare. Les provinces d'e Grenade et de Cordoue en possèdent qui ne lui cèdent point en blancheur. Les marbres colorés d'Espagne les plus renommés sont : les marbres grrs de Tolède, de la Manche et de la Biscaye, le noir et jaune de cette province, le noir veiné de blanc de Morindro, les marbres violets de la Catalogne, le rouge de Séville et de Molina, le vert de Grenade, le rose veiné de blanc de Santiago et les lumachelles rouges de Grenade et de Cordoue. Le Portugal possède, comme le reste de la péninsule, des marbres très-estimés.

La Grande-Bretagne en exploite qui ne le cèdent en beauté à aucun autre du continent.

Les Pays-Bas ont la spécialité des marbres de commerce, parmi lesquels il faut citer le marbre noir, connu sous le nom de petit granit, et le marbre gris, rempli de taches irrégulières, nommé le marbre Saint-Anne.

Nous, ne donnerons pas la nomenclature des pierres précieuses; cela nous conduirait trop loin; disons seulement qu'elles sont divisées en onze genres, qui comprennent toutes les variétés, depuis le diamant jusqu'à la modeste cornaline.

Les minéraux salins sont des substances acides combinées avec une bande alcaline terreuse ou métallique; ils so"t ordinairement cristallisés, et ont pour propriété générale d'être soluble dans l'eau; il en est cependant qui ne le sont que dans les acides.

1. — Dans les principales substances acidifères, on remarque la chaux carbonate ou carbonate de chaux, le plus abondant de tous les corps qui existent à la surface et à l'intérieur du globe; il appartient à tous les terrains et se trouve souvent, pur ou presque pur, en masses énorme. Le carbonate de chaux se distingue facilement des autres minéraux par la faculté qu'il a de se dissoudre avec effervescence dans les acides, de se réduire en chaux vive par la calcillation, et de se laisser rayer profondément par une pointe de fer.

Cette espèce est féconde en variété de formes et de substances. Nous nous bornerons à indiquer celles qui ont le plus d'importance : 1° Le spath d'Irlande, cristal transparent qui a la propriété singulière de faire paraître double les objets qu'on regarde à travers.

2° La chaux carbonalée fibreuse, dont le fond est satiné et présente des reflets ondes semblables à ceux que l'on remarque dans les étoffes nacrées, est travaillée en Angleterre où on en fait des bijoux.

38 La chaux carbonatée lamellaire, connue sous le nom de marbre de Paros. C'est le marbrestatuaire des anciens.

4° La chaux carbonatée saccharoïde, connue sous la dénomination de marbre de carrière, a un grain semblable à celui du sucre. On le tire des carrières de Carrare, sur la côte de Gênes, et en France, on le trouve dans les Pyrénées; 5° La chaux carbonatée grossière ou pierre à bâtir de la région de Paris ; 6° La pierre de liais, à grain très-fin, est réservée aux sculpteurs; 7° La chaux carbonatée crayeuse ou la craie, est blanche, quelquefois grisâtre ou sablons

ncuse, très-friable et laissant sur les corps durs la trace de son passage; broyée dans l'eau et réduite en pâte fine, elle constitue le blanc d'Espagne; 8° La pierre lithographique; 9° L'albâtre calcaire ou oriental ; 11. - Chaux pliosphastée ou sulfate de chaux.

JlI. - Chaux fluatée ou spath fluvre.

IV. - Chaux sulfatée ou sulfate de chaux, désignée aussi sous le nom de gypse, et dont une variété, le gypse grossier, sert à la fabrication du plàtre.

V. — Chaux nitratée.

VI."— Chaux arséniatée appelée aussi pierre empoisonnée.

VII. — Chaux silicatée.

VIII. — Baryte sulfatée ou sulfate de baryte.

IX.. Strontiane sulfatée ou sulfate de magnésie, que l'on désigne sous le nom de sel d'Epsom, sel de Sedlitz ou sel amer.

X. — Magnésie boratée ou sulfate de magnésie.

XI. — Potasse nitratée ou nitrate de potasse, qu'on appelle aussi sel de nitre ou salpêtre.

XII. - Soude muriatée ou chlorure de sodium. C'est le sel commun.

XIII. — Soude doratée ou borax.

XIV. — Soude carbonatée, connue anciennement sous le nom de natron.

XV. Ammoniaque muriatée ou sel ammoniaque.

XVI. — Alumine sulfatée ou alun.

Les principaux minéraux inflammables ou combustibles sont le diamant, le graphite, désigné dans le commerce sous le nom de plornbagine et employé à la fabrication des crayons dits mine de plomb; l'anthracite, formée comme la houille d'anciens végétaux détruits, mais brûlant plus difficilement; la houille ou charbon de terre; la lignite, sorte de charbon dont une variété, le jais ou jayet, d'un noir brillant. sert à fabriquer des bijoux de deuil; la tourbe, les bitumes ou huiles fossiles parmi lesquels on compte l'al)ha.te ou bitume de Judée; le malthe ou poix minérale; le naphte, le pétrole, le succin ou ambre jaune et le soufre.

Les divers dépôts ou les roches qui forment l'écorce solide du globe, loin de se mêler arbitrairement. se présentent dans un ordre tel que, pour peu que i'on étudie la succession, l'inspection d'une roche suffit pour pouvoir dire celle qui la supporte et celle qui la recouvre, lorsque cet ordre n'est pas interrompu par des lacunes plus ou moins importantes. L'association d'un certain nombre de roches constitue un groupe auquel on donne le nom de formation, plusieursformaiionsconstituenlun terrain.

Les terrains qui composent la croûte terrestre se divisent en deux espèces générales : i° les terrains déposés par les eaux ou terrains neptuniens, nommés aussi terrains de sédiment ; les terrains dus à l'action du feu ou terrains plutoniens, qui, à cause de leur mode de formalion, prennent quelquefois le nom de terrains de cristallisation.

Voici la nomenclature des différentes couches de terrains, en partant de la surface pour descendre dans l'intérieur de la terre.

TERRAINS NEPTUNIENS. — ALLUVIONS MODERNES. — Composé de différents dé-

tritus produits par des causes qui agissent encore, ce terrain est caractérisé par le dépôt plus ou moins argileux dont la superficie forme l'humus ou la terre végétale, première base de la fertilité des terres; mélange des débris organiques, et qui, malgré les soins constants de la culture actuelle, s'augmente avec beaucoup de

lenteur par les tourbes, les calcaires, les efflorescences de natron et de borax, etc., etc.

Les terrains diluvieni sont formés par le dilivium, considérés conmme le résultat du déluge universel ou de grandes inondations qui ont entraîné avec des débris de différentes roches les ossements des animaux qui couvraient la terre avant l'époque de ces catastrophes.

Les dépôts que forment ces terrains sont des limons composés d'argile et de sable, contenant quelquefois des ossements humains mêlés à des ossements d'animaux perdus, des cailloux mulés, des poudingues et des blocs entraînés de fort loin. On y trouve des ossements d'éléphants, de rhinocéros, de mastodontes et d'autres animaux qui ne vivent plus dans nos régions tempérées.

Ces dépôts se rencontrent dans les grandes vallées de France, d'Allemagne et d'Italie, et dans certaines contrées de l'Asie et de l'Amérique.

Les terrains supercrulacés viennent ensuite.

Dans l'étage supérieur de ce terrain, on trouve des coquilles identiques avec celles qui vivent encore; dans les autres étases, les espèces diffèrent plus ou moins des espèces vivantes. Le terrain supercrutaeé a une grande influence sur les formes extérieures du sol.

Ainsi les vallées les plus hautes du bassin de Paris sont creusées dans les amas de sables et de grès que couronne le silex meulière. Ces vallées ont des pentes rapides, et les flancs de leurs collines se montrent partout mollement arrondis; au-dessous, le gypse forme des vallées non moins rapides qui succèdent aux précédentes. Presque toujours les collines gypseuses supportent la masse de grès et de sables, et se montrent isolées, allongées ou coniques, reconnaissables à leurs pentes rapides et à leurs contours plus ou moins courbés.

Le terrain crétacé présente des fossiles appartenant à des espèces éteintes et qui diffèrent de ceux des terrains supercrutacés.

Le terrain crétacé est divisé en trois étages.

L'étage supérieur comprend la craie blanche à.

silex pyromaques noirs, la craie jaunâtre ou tufau à silex blonds, lacraie mélangée de grains ferrugineux verdâtres, ou la craie chloratée qui s'offrent successivement de haut en bas.

L'étage moyen se compose de marnes argileuses d'un bleu grisâtre et de sables ou grès verts ferrugineux.

L'étage inférieur présente, dans l'Europe occidentale, des sables et grès ferrugineux, des masses d'argile de plus de cent mètres de puissance, et dans les parties inférieures, des couches de calcaires argileux alternant avec les marnes.

Dans plusieurs contrées de l'Europe, cet étage est représenté par des calcaires, des marnes et des sables qui constituent une formation Qu'on

a nommée formation néoconienne. & Les terrains jurassiques se divisent en deux grandes formations nommées volithique et liasique. La formation volithique a été donnée à un calcaire composé de petits grains, mêlés à d'autres de différentes textures qui alternent souvent avec des marnes argileuses. La même formation comprend un calcaire rempli-de madrépores, de marbres coquilliers, connus sous le nom de lumachelles, de sables ferrugineux, et, en France comme en Angleterre, une marne bleu très-épaisse recélant les restes de reptiles gigantesques; on y rencontre aussi des calcaires grenus appelés dolomies, et d'autres tantôt schisteux, tantôt compactes, fournissant les pierres lithographiques.

La formation liasique comprend une masse imposante de marbre gris bleuâtre reposant sur des couches de calcaires, de grès et de schistes argileux.

Le terrain triasique est divisé en cinq formations.

La formation kenperique renferme du sel gemme et est la principale origine des sources salées; elle se compose d'un grès à grain fin appelé kenper par les Allemands, et alternant avec des argiles et des marnes de diverses couleurs, puis des dépôts irréguliers de-gypse, de grès et de dolomics alternaut avec les bancs de sel.

La formation conchylienne est composée en grande partie de calcaire compact et coquillier, de calcaire marneux et de sel gemme.

La formation pœcilienne ou bigarrée contient des marnes argileuses de différentes couleurs renfermant des gypses, des calcaires magnésiens et du sel gemme.

La formation magnésifère est principalement composée de calcaires au milieu desquels se trouvent des couche de gypse, de calcaire magnésien, de houille et de sel gemme, de schistes riches en poissons fossiles et surtout importantes par des gisements de mercure.

La formation psammérythique est exclusivement composée de grès rouge et de conglomérat calcaire

Le terrain carbonifère est un terrain dans lequel domine le carbone, soit à l'état de houille, soit à celui d'anthracite. Il est divisé en trois formations.

La formation houillère se compose à sa partie supérieure de roches quartzeuses, au milieu desquelles on trouve d'autres roches d'une origine ignée. Le minerai de cuivre y est abondant. L'étage inférieur présente une suite d'alternements d'argiles schisteuses et micacées et de roches quartzeuses et de grès micacés. C'est au milieu de ces roches que se trouve la houille.

La formation carbonifère se distingue de la précédente par le développement considérable des calcaires de la formation précédente, ils deviennent de plus en plus foncés en arrivant aux couches inférieures. C'est là que se trouve l'anthracite.

La formation paléopsammérythrique est composée de conglomérats, de marnes, et surtout de grès rouge.

Les terrains schisteux tirent leur nom de l'abondance des roches schisteuses qu'on y rcncontre. On les divise en trois formations.

La formation caradocienne est composée de roches armacées quartzeuses, de grès micains, d'un calcaire compacte renfermant des couches de schiste et de l'anthracite. Les collines d'Angers qui fournissent une immense quantité d'ardoises appartiennent à cette formation.

La formation snowdonlenne se compose de diverses roches où se trouve le quartz,et groupes d'une façon très-variée, des schistes argileux a débris de plantes monocotylédones et de mollusques généralement disparus, avec des roches quartzeuses à texture grenue, et enfin des roches tulqueuses et magnésiennes.

La formation micaschiteuse se trouve au-dessous des roches précédentes. Ce sont des schistes chJorilaux. passant cà et là au micarchite, au gneiss, et d'autres roches quartzeuses surnommées métamorphiques. Cette formation renferme en outre des couches de calcaires grenu, micacé et magnésifère, et reposant sur des granit s.

Les terrains plutoniens, ainsi que J'indique leur nom, sont d'origine ignée. On y rencontre aucun débris de corps organisés. Ils sont divisés en trois classes, savoir : le terrain granitique, le terrain pyroïdeet le terrain volcanique, Le terrain granitique se subdivise en deux formations. La formation granitique comprend, outre les granités, d'autres roches qui s'en rapprochent par les substances dont elles sont for-

mées, telles que les granités porphyroïdes, les pigmatites, les protogynes, les syénites et les divrites.

La formation porphyrique comprend les porphyres, les carites si les trappites.

Ainsi que le précédent, le terrain pyroïde se divise en deux formations : la formation trachytique et la formation basaltique.

Les trachytes qui ne sont que des porphyres présentent des traces évidentes de l'action du feu, et représentent avec les argilophyres une époque distincte. Les trachytes forment en Amérique le Chimborazo et le Pichincha, en France le Puy-de-Sancy (Mont-Dore). le Cantal et le Puy-de-Dôme La formation basaltique est remarquable par sa structure prismatique.

Quelques roches appelées dolerite, spilite et vilike composent cette formation'.

Le terrain volcanique lie sans aucune nuance tranchée les volcans éteints aiix volcants brûlants, les laves sont plus ou moins poreuses, elles prennent toutes les formes depuis la ponce qui n'est, pour ainsi dire, qu'un verre poreux et fibreux, jusqu'à la stigmate et à l'obsidienne qui sont de véritables émaux.

LE RÈGNE VÉGÉTAL.-Lesvégélaux, contraire ment aux minéraux, sont soumis à la loi des climats et de la température. Or, on sait que rien n'est plus variable que cette température, que tout sert à modifier, la configuration du continent, la distribution des eaux, la présence des montagnes, l'élévation d'un lieu au-dessus du niveau de la mer, la distribution des lacs, des marécages et des forêts, tout ces accidents ont modifié énormément le cours des lignes isothermes ou d'égale chaleur.

En ne tenant compte que des causes principales et en réunissant sur une carte les lieux par lesquels l'observation a donné une température moyenne pendant J'année entière, on obtient des courbes qui font le tour du globe et qu'on appelle lignes isothermes. Mais il serait au moins arbitraire de prendre ces lignes comme point de démarcation de la végétation en général et de sa distribution sur la surface du globe. En considérant séparément les températures de l'été et de l'hiver dans les différentes latitudes on trouve ces températures constantes qui s'appellent lignes isothères (égal été) ou isochimènes (égal hiver). Ces lignes sont aussi irrégulières que les lignes isothermes en général.

Ces lignes isothères ou isochimènes doivent donc bien plutôt servir de point de comparaison pour la flore terrestre.

Examinons donc les produits végétaux des différentes zones.

Les espèces sont rares dans la zone glaciale, mais la végétation étant très-rapide pendant l'été polaire, ces espèces deviennent plus nombreuses en individus qu'on ne saurait le croire au premier abord. La verdure de l'été polaire ne se montre que sur les versants méridionaux, mais si elle dure peu, elle est très-brillante.

On y trouve non-seulement les mousses et les lichens en assez grande quantité, mais encore des fougères, des plantes rampantes et des arbustes à haies, tels que les irioseillers, les rubus chamœmorus, le rubus articus et les divers vaccimum qui font une partie de la richesse de la flore de la Laponie et de la Sibérie. On trouve aussi quelques arbres dans cette zone, surtout des bouleaux et des saules, mais ces arbres n'atteignent jamais une hauteur excédant 70 centimètres.

La Laponie produit du seigle et quelques légumes et, aurait, dit M. Hermelin, de belles forêts si une mauvaise économie ne les avait fait détruire.

Tous les produits de la zone glaciale se retrouvant dans d'autres parties du globe, on

peut conclure qu'elle n'a pas de végétation exclusive.

La zone tempérée boréale doit être partagée en deux moitiés ou demi-zones, dont les contours sont tracés d'une façon fort iriégulière et suivent, ainsi que nous l'avons dit, à peu de chose près les lignes isochimènes.

Sur la limite nord de la zone tempérée commence l'éternelle verdure des pins et des sapins.

Les pommiers, les poiriers, les cerisiers, les pruniers et certains légumes viennent mieux dans la partie septentrionale de la zone tempérée. Le lin et le chanvre y sont indigènes, la verdure y est plus brillante, surtout dans les pays maritimes. A mesure qu'on y avance, le chêne, l'érable, l'orme, le tilleul prennent la place des arbres septentrionaux.

La parie plus méridionale de cette zone produit les fruits plus délicats, tels que l'olive, le citron, l'orange, la figue, et parmi les arbres sauvages on trouve le cèdre, le cyprèa et le liège; en deçà et au-delà du 45e degré, on trouve même une d fférence sensible dans la culture des légumes, les fèves, les lentilles et les artichaux semblent indigenes au sud de cette ligne, les oignons y ont moins d'acreté, et plusieurs végétaux délicats, comme les truffes, par exemple, ne viennent pas dans la même perfection au nord de ce parallèle.

La vine et les mûders occupent le milieu entre le 30e et le 506 parallèle; seules la France, l'Allemagne et la Hongrie ont forcé la culture de la vigne à se développer au-delà du 50e parallèle, mais cette preuve de l'activité, de 1 intelligence et de l'industrie ne saurait infirmer les affirmations des savants qui ont donné à la vigne sa véritable latitude de producion.

Là, comme partout, l'exception prouve la règle.

Les pêchers, les abricotiers, les amandiers, les cognassiers, les châtaigniers et les noyers craignent également le voisinage du Tropique et celui de la zone polaire.

Les céréales sont partagées delà manière suivante : l'avoine et l'orge sont les espèces qui s'accommodent le mieux du voisinage de la zone glaciale. Entre le 60e et le 40e degré, le seigle, le froment, le millet, le blé sarrasin poussent avec abondance, et ne font pas regretter au laboureur les produits de> contrées plus méridionales, tels que le riz, le maïs et autres produits similaires qui mûrissent près du sole.l des Tropiques, et qu'une culture intelligente peut faire réussir jusqu'au 50e degré.

La zone tempérée chaude ou du 40e au 25e parallèle, offre en général moins d'humidité constante et une végétation moins belle que la zone tempérée froide. Il n'y a d'exception que pour les Etats-Unis et la Chine, où les climats de la zone tempérée froide touchent immédiatement ceux de la zone torride, ce qui produit le mélange le plus agréable et le plus varié de la végétation boréale et de celles des régions équa-

toriales.

La zone torride présente une végétation qu'il est inutile de chercher à acclimater ailleurs. Là se trouve la flore la plus riche et la plus puissante du globe. Les rayons du soleil brûlant de l'équateur y transforment la plante en arbuste, l'arbuste en arbre gigantesque. C'est là que mûrissent les fruits les plus s-ucculents et les aromates les plus piquanis, c'est là que viennent éclore la canne à sucre, le caféier, le palmier, l'arbre à pin, le pisang, le baobab, dont les rameaux gigdulesquescouvrentde son ombre un immense espace de terrain, les choux palmistes, le cacao, ia vanille, la cannelle, la noix muscade, le poivrier, le camphrier, etc. Ce n'est plus une simple sève qui coule dans les veines de tous ces rois de la végétation, ce sont des baumes, des gommes, des sucs, que le combaumees, t l'industrie de la vieille Europe ont su merce

utiliser et faire servir au confortable du goût raffiné des gourmets modernes.

Là aussi on trouve beaucoup de bois de teinture et des espèces particulières de blés, comme le durra, le holcus, le cambu, le kébru, qui appartiennent presqu'exclusivement à la zone torride, tandis que sur les montagnes de cette zone, à une altitude représentant notre zone tempérée, on retrouve le blé commun de nos contrées, et jusqu'aux plantes qui, en Sibérie, végètent dans les plaines froides et exposées au vent glacial du pôle.

L'aspect de la végétation sous l'équateur, écrit Malte-Brun, enchante l'imagination, c'est là que les plantes déploient les formes les plus majestueuses, de même que dans les frimas du nord, 1 écorce des arbres est couverte de lichen et de mousse, de même entre les Tropiques le cymbidium et la vanille odorante animent le tronc de l'anarardiumet du figuier gigantesque.

La verdure fraîche des feuilles du poihos contraste avec les orchidées variées de mille couleurs bizarres. Les hauhinia, les grenadillcs grimpantes et les baniesteria aux fleurs d'un jaune doré enlacent le tronc des arbres des forêts Des fleurs délicates naissent des racines du throbroma-jiuazuma, ainsi que de l'écorcc éoriisçp. rortf HI nnm>if> rln p.atfihasifir fit. Hn eus-

lavia. Au milieu de cette végétation si riche et de cette confusion de plante* grimpantes, le naturaliste a souvent de la peine à reconnaître à quelle tige appartielillem les feuilles et les fleurs. Un seul arbre orné de pauilenia, de bignonia et de dendrobium forme un groupe de végétaux qui, séparés les uns des autres, couvriraient un espace considérable. Dans la zone torride, les plantes, plus abondantes en sucs, offrent une verdure plus éclatante et des feuilles plus grandes que dans les climats du Nord.

Les végétaux qui vivent en société et qui rendent monotone 1 aspect des campagnes de l'Europe, manquent presqu'entièrement dans les régions équatoriales. Des arbres deux fois aussi élevés que nos chênes s'y parent de fleurs aussi belles et aussi grandes que nos lys.

Sur les bords ombragés de la rivière de la Magdalona, dans l'Amérique méridionale, croit une aristoloche grimpante dont les fleurs ont 1 mètre 30 centimètres de circonférence. Les enfants s'amusent à s'en couvrir la tête.

Ajoutez à ce tableau les formes gigantesques des baobabs dont la circonférence s't tend quelquefois à 26 mètres, et la tulle élégamment nantie des encalyptus et des palmiers à cire qui atteignant de 50 à 60 mètres d'élévation, forment des portiques aériens au-dessus des forts.

La hauteur prodigieuse à laquelle s'élèvent sous les Tropiques des contrées entières et la température froide de cette élévation procurent aux habitants de la zone torride un coup d'œil extraordinaire.

Outre le groupe de palmiers et de bananiers, ils ont aussi autour d'eux des formes de végétaux qui semblent n'appartenir qu'aux régions du Nord. Des cyprès, des sapins et des chênes, des épines-vinettes et des aulnes qui se rapprochent beaucoup des nôtres, couvrent les cantons montueux du sud du Mexique, ainsi que le chêne des Andes sous l'équateur.

RÈGNE ANIMAL. — Comme la flore, la faune terrestre occupe des zones différentes. Cependant beaucoup d'animaux ayant la facilité de s'étendre ou de se déplacer, il en résulte qu'il est plus difficile de leur assigner une zone fixe, ainsi qu'on peut le faire pour les végétaux.

Cependant beaucoup d'espèces, parmi les trois cent mille qui composent le règne de la nature, sont condamnées à l'immobilité et c'est de celles-là que nous allons parler d'abord.

Les zoophytes sont encore fort mal connus et assez difficile à classer. On ignore encore si

chaque région maritime possède en propre telle ou telle espèce.

Le corail semble n'exister que dans les régions chaudes. On connaît plusieurs mers dites de corail, à cause de la multitude de polypiers qu'on y trouve. La première comprend la partie du grand Océan où se trouvent les îles Basses, celés des Amis, la Nouvelle-Caledonie, les îles Salomon et une grande partie de l'Océanie.

Une autre mer de corail s'étend de la côte de Malabar jusqu'à celle de Madagascar et de Zanguebar. La mer Méditerranée est la troisième région, mais ses produits sont bien supérieurs à ceux de l'Océan du Sud, et sont recherchés depuis l'Afrique jusqu'au Japon.

Les zoophytesou animaux végétant semblent nous offrir les premières ébauches de la force créatrice. Ce sont des masses confuses ou ramifiées de plusieurs êtres animés d'un semblant d'existence; plus développés, les mollusques tant nus que crustacés, jo issent d'une vie qui leur est propre; la Méditerranée nous offre pour les premiers les poulpes et les sèches.

On est peu renseigné sur la grandeur des poulpes qui, dans la Manche et dans le détroit de Messine ont des bras de 3 mètres 50 centimètres de long; mais que beaucoup -de voyageurs prétendent avoir trouvé dans l'Océan, avec des bras ayant de 10 à 15 mètres de longueur. La même obscurité @ règne sur les monstrueux krakus de la Norwége.

Les mollusque conchifères sont divisés en plusieurs parties.

Les coquillages de Timor ne se trouvent sur les côtes de l'Australie que jusqu'à la pointe sud-ouest; à l'opposé l'halistis gigantéa et la phasianelladiminuentde grmdeur jusqu'au détroit du Roi-Georges et disparaissent au delà.

Le jambonnau ou pinne marine, dont le byssus éclatant éclipse la soie, ne se trouve que dans les mers de l'Inde et dans la Méditen anée.

Les mers équaloriales sont les seules dans lesquelles ont trouve les véritables pintadium ou huîtres à perles. Cependant les navires ont transportés ces espèces attachées à leur coque, et les ont un peu disséminées sur les points les plus opposés du globe. C'est à cette cause que la Hollande doit l'importation du taret, qui détruit les vaisseaux et menace continuellement les digues de ses valves puissantes.

Les insectes tiennent une place plus élevée dans la série des êtres vivants. Les insectes les plus brillants et les plus forts naissent et vivent dans la zone torride C'est là que l'on rencontre ces splendides papillons, dont les ailes rivalisent d'éclat avec les pierres les plus précieuses. C'el-t dans l'Amérique du Sud surfout que l'on trouve ces énormes vers luisants qui, la nuit, transforment les forêts en un immense brasier, et en Afrique, le termite ou fourmie blallche, construit ses nids qui hérissent la plaine de collines solides- en Guyane, l'araignée atteint une telle grosseur qu'elle fait aux petits oiseaux une guerre acharnée. Le plus grand des insectes terrestres, le scarabée hercule, ne se trouve guère qu'aux Antilles.

Les cousins, les abeilles et les mouches seinblent être répandus également sur toute la surface du globe. Les cours étés polaires en font éclore une aussi grande quantité que les chaleurs de l'équateur.

Parmi les insectes aquatiques ou les crustacés, nous remarquerons le plus grand de tous, le polyphême géant, qui habite sous l'équateur. puis le limale polyphême qui, sur les côtes d'Amérique est appelé casserole à cause de sa forme et qui atteint parfois 65 centimètres de longueur. Les crabes, dont on connaît à peu près quinze espèces, viennent ensuite; ils sont répandus à peu près dans toutes les parties du monde. Toutes ces espèces sont plus

ou moins voraces et se réunissent en troupes pour dévorer les animaux morts.

Le bernard-ermite, au contraire, vit seul dans le grand Océan et dans l'Atlantique et s'établit dans les coquilles qu'il trouve vides.

Le homard et la langouste viennent ensuite.

Puis arrive le hideux tuurtourou, vivant indifféremment dans l'eau et sur la terre, et qui ne s'éloignant pas des côtes méridionales, quitte par moment son repaire pour aller, pendant la nuit, dévorer les cadavres. Enfin, les phylosomes, habitant 1 Atlantique et le grand Océan, sont les crustacés les plus extraordinaires par la transparence cristaline de toutes les parties de leur corps.

Les poissons offrent le commencement d'une ossification intérieure, mêlée de quelques sécrétions extérieures qui appartiennent aux reptiles et aux animaux sans vertèbres. Il paraît probable que chaque bassin de l'Océan pos-

sède des espèces particulières. Ainsi, la morue, répandue dans toutes les mers boréales, entre l'Europe et l'Amérique, se rassemble principalement sur les grands bancs de sable au sud-ouest de Terre-Neuve.

Les coryphènes et les chetodons se tiennent exclusivement dans la zone torride; ces diverses espèces aux couleurs brillantes ont reçu le nom de dorades. Ce sont les ennemis implacables des poissons volants qui se montrent également vers les Tropiques. On croit que les poissons électriques sont circonscrits dans la zone torride, car le gymnote électrique appartient exclusivement à l'Amérique, et le trembleur ou silutus aux fleuves d'Afrique; cependant la torpille se trouve dans toutes les mers.

Les migrations des poissons sont provoquées par le besoin de trouver des eaux moins profondes pour déposer leur frai. Ainsi les harengs quittent le fond de la mer glaciale pour venir tous les ans sur les côtes de l'Islande, de l'Ecosse, de la Norwége, de la Suède, du Danemark, de la Hollande et des Etats-Unis d'Amérique, aussi bien que sur celles du Kamtchatka et des îles voisines. Les thons se transportent pour les mêmes causes de l'océan Atlantique dans la mer Méditerranée.

D'autres poissons n'ont pas de résidence fixe dans un bassin déterminé, ce sont les chasseurs de la mer, parmi eux on distingue les requins (squalus carcharius), le plus cruel et par conséquent celui qui parcourt les plus grandes distances. On les rencontrent dans toutes les mers, à la suite des vaisseaux, dont les immondices assurent leur nourriture. Les coryphènes et les scombres se rencontrent également un peu partout sur l'Océan.

Cependant il faut croire que la mer comme la terre a ses déserts et ses steppes inhabités, car les navigateurs ont remarqué de longs espaces complètement solitaires, et ce n'est qu'en approchant des terres qu'ils on pu constater la présence de ce géant aquatique. Ce fait s'explique surabondamment par le besoin de trouver dans un espace rapproché l'endroit propice au dépôt des œufs.

Les poissons des lacs et des fleuves sont encore bien plus difficiles à classer comme zone d'habitation. Cependant on trouve des carpes et des perches dans presque toutes les rivières des zones tempérées. Les esturgeons habitent les petites méditerranées, telles que la Baltique, la Caspienne, le Pont-Euxin ; la grande espèce que l'on rencontre dans le Danube et dans le Volga le cède encore pour la taille au mâl ou silutus glanis, le géant des poissons des fleuves.

Les cétacés, ces hermaphrodites du règne animal, qui, au sang chaud des mammifères, joignent des formes propres aux poissons et aux quadrupèdes. Habitants de la mer et de la terre, les baleines, les narvals, [les cachalots,

les dauphins, les morses et les phoques sem.

blent le lien naturel de deux ordres différents.

La baleine tient beaucoup plus du poisson que des autres ordres de l'ordre animal, et l'on a quelquefois confondu certains phoques avec les loutres, forcés, par leur conformation de res pirer fréquemment l'air atmosphérique. Le3 mammifères amphibies et les cétacés sont bornés à certains climats.

Les phoques des mers australes ne sont pas de la même espèce que ceux des terres boréales. Le lion de mer du Kamtchatka diflere considérablement de celui du Groëland. Il en est de même des baleines qui diffèrent beaucoup dans les deux hémisphères. Le cachalot de l'océan Indien, qui nous donne l'ambre gris, ne ressemble non plus en rien au grand cachalot des mers glaciales.

Les reptiles tiennent le milieu entre les animaux aquatiques et les animaux terrestres; ils tiennent le premier rang parmi ces derniers.

Ils semblent prospérer dans la boue échauffée par les rayons verticaux du soleil.

Les plus grands parmi les sauriens sont les crocodiles du Nil, le getioJ du Gange et les caïmans d'Amérique. Les serpents les plus gigantesques se trouvent dans les régions les plus brûlantes de l'Amérique et des terres Océaniques, et les tortues ne déposent leurs œufs que dans les sables des régions équatoriales.

Bien que les oiseaux semblent avoir l'atmosphère entier pour domaine, ils n'en sont pas moins soumis à des lois géographiques, et les espèces qui paraissent semblables à première vue, diffèrent d'une façon assez notable pour le naturaliste. La zone torride est la plus riche en variétés et surtout en éclat. Les oiseaux de moyenne et de petite taille y brillent des couleurs les plus variées. Les oiseaux qui ne volent pas se retrouvent dans les différentes régions équatoriales, nais avec des différences sensibles ; telles sont l'autruche d'Afrique, le casoar de Java, et le tougan d'Amérique.

Le fait géographique le plus curieux dans l'étude des oiseaux est la migration annuelle des hirondelles, des cigognes et des grues, qui à l'approche de l'hiver quittent les régions boréales pour se réfugier en Italie, en Espagne et jusqu'en Afrique.

Les oiseaux de la zone glaciale se réduisent à un petit nombre d'espèces parmi lesquelles nous trouvons le xanas mollissina. qui nous fournit l'édredon, la chouette lapone et le lagopède ptarmigan.- Chaque grande division maritime a aussi ses oiseaux. Les mers polaires ont le pingouin, le 40e parallèle de latitude possède l'abatis, l'équateur voit vivre les frégates et les oiseaux des Tropiques, enfin le pôle central possède le manchot.

Il serait très-difficile d'établir d'une manière certaine la classification, par contrées, des quadrupèdes qui peuplent la terre. D'un côté les carnivores ont dû s'étendre fort loin de leur zone primitive, par suite du manque de nourriture ; de l'autre, le travail incessant de l'homme a dû chasser Je bien des contrées de; animaux qui s'y étaient acclimatés. La destruétion des forêts, ledesséchementdesmaraisetmilie autrescauses, ont dû occasionner des migrations sans nombre. Cependant, il est facile de constater que certaines races sont répandues à peu près sur toute la surface du globe terrestre.

De ce nombre sont le chien, le bœuf, la brebis, la chèvre, le cheval, l'âne, le cochon et le chat. c'est-à-dire presque tous les animaux domestiques. A l'état sauvage, nous trouvons dans presque toutes les latitudes, le renard, l'ours, le lièvre, le lapin, le cerf, le daim, l'écureuil, le rat et la souris. Cependant, quelquesunes de ces espèces ne peuvent vivre dans la

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zone glaciale; mais tous ces animaux ne sont pas originaires des pays qu'ils habitent, et beau- coup ont été transportés par Jes navigateurs de l'un à l'autre continent. Pour ne citer qu'un exemple, .le cheval que l'on trouve aujourd'hui en Amérique jusqu'en Patagonie, y a été im- porté par les Européens.

Examinons maintenant les espèces propres aux différentes zones.

Dans l'hémisphère boréal, on trouve des animaux capables de supporter les plus grands froids; de ce nombre est le renne, qui ne vit que dans la zone glaciale physique de l'ancien continent, c'est-à-dire là où il trouve les lichens qui composent sa nourriture. Un autre habitant, terrible, des régions boréales, est l'ours blanc polaire, si peu accessible au froid qu'il se laisse transporter, d'un pays à un autre, sur des glaces flottantes. L'ours polaire diffère beaucoup de l'ours terrestre ordinaire, et est bien plus féroce que ce dernier. L'isotis ou renard polaire, semble aimer le froid plus encore que l'ours blanc et le renne, car ces animaux se cachent Quand commence la nuit polaire, tandis que l'isotis choisit cette heure pour se montrer.

On retrouve l'isotis àu Kamtschatka, en Islande et en Laponie.

Du 70e degré jusqu'au 20e, dans le royaume de Siam, on trouve la loutre, qui est presque inconnue sur les côtes de la Méditerranée.

Quant au castor, qui a fui devant les invas'ions des hommes, il paraît probable qu'il a habité un peu toutes les régions, mais qu'il s'est retiré maintenant dans le Nouveau-Monde, où on le trouve entre le 60e et 30e parallèle boréal.

La martre habite les deux tiers de la zone tempérée du nord en commençant vers le 61° degré en Europe, le 64e, en Asie, et le 60e, en Amérique.

Quelques animaux paraissent attachés aux confins de la zone tempérée et de la zone torride; de ce nombre est le chameau à deux bosses, qui semble être originaire de la grande Boukharie. Le dromadaire ou chameau à une bosse, dont la patrie primitive paraît être l'Arabie ou l'Afrique, a été transporté dans la Chine méridionale, mais il sfc plaît mieux dans l'Egypte, la Barbarie, le Sénégal et la Gambie.

Si la zone tempérée possède le chamois des Alpes, des Apennins des Karpathes et du Caucase, l'Afrique lui oppose la gazelle, qu'on retrouve dans la zone tempérée australe et dans la Cafrerie.

Le buffle, originaire de la zone torride, est devenu domestique, et on le trouve maintenant jusqu'au 46e parallèle en Europe et en Asie.

Les quadrupèdes de la zone torride de l'ancien continent sont : Les singes dont la nombreuse famille gambade dansées forêts qui croissent entre les tropiques. Bien que le nom générique de singes ait été donné un peu arbitrairement, ce qui a fait supposer que cette famille immense était répartie dans les deux continents, chacun d'eux a ses espèces propres, et pas une de ces espèces n'est commune aux deux mondes. Il y a même une limite bien'tranchée entre la région qu'occupent les guenons, les magots, les mandrilles, le chimpanzé et les autres singes d'Afrique, et celle où habitent l'orang-outang, le gibbon, le wouwou, espèces dont la tête se rapproche Je plus de la figure humaine, et qui se trouvent dans les îles de Bornéo et de Java.

La girafe semble n'appartenir qu'à la région de l'Afrique qui s'étend du cap Guardafui au cap de Bonne-Espérance. Cette contrée, peu connue, semble très-riche en espèces animales; on y connaît trois sortes d'ânes, le zèbre commun, le zèbre burchell, le couagga et un sanglier auquel deux protubérances de chaque côté de la hure ont fait nommer sanglier à masque.

i- 1 1 P ^Le rhu inocéros QKW deux variétés, celui a de xrne.!'J!abitè't frique méridionale, l'autre^tffîç^aôrp^ se/trouve en Chine et dans les ImJ«s/orîàùialés. — L'hippopotame ne se

trouve plus maintenant qu'en Afrique dont il habite les grandes rivières, en commençant au cap de Bonne-Espérance. Les éléphants * d'Asie et d'Afrique sont de deux espèces bien distinctes. L'éléphant asiatique n'habite que la Chine, les Indes et quelques îles au sud-est de l'Asie; l'éléphant africain, qui se trouve en grande quantité dans la partie méridionale, ne monte que jusqu'au 20e degré de latitude nord.

Les lions les plus terribles et les plus forts habitent l'Afrique, où ils semblent avoir fui les hommes, dans les grandes plaines qui sont au delà de mont Atlas. Cependant on trouve cette redoutable espèce en Arabie, dans les montagnes de l'Hindoustan, sur la côte du Malabar, et jusque dans l'Indo-Chine. Le tigre, non moins redoutabte que le lion, monte un peu plus vers les pôles. Il existe dans la Perse orientale et dans l'empire de la Chine, mais son climat de prédilection est le Bengale, le Dekkan, le Malabar et l'Inde. Si l'Afrique ne renferme pas de véritables tigres, elle possède en échange ses léopards et ses panthères, qui habitent la Guinée et la Sénégambie.

Les animaux du nouveau continent sont aussi très-nombreux, et, fait digne de remarque, sont généralement de petite taille. — Cependant, les animaux convenables au climat de l'Amérique, et que l'on y importe, ne perdent ni leur taille, ni leur force, ni leur beauté; le bœuf et le cheval n'y ont pas dégénéré dans les vastes pâturages du Paraguay.

L'Amérique septentrionale compte parmi les espèces qui lui appartiennent, en propre, le grand élan, surnommé moose-deer parles Américains, les ours, les lynx et les jaguars; les bisons ou taureaux à bosse errent en grands troupeaux depuis ta baie d'Hudson, dans tout le Canada, dans le territoire occidental des Etats-Unis, dans la Louisiane, au nouveau Mexique et jusque sur les bords de la mer Vermeille. Le bœuf musqué offre l'aspect d'un gros mouton, et habite les extrémités de l'Amérique entre la Welcome, la mer de Baffin et la rivière de Cuivre.

Dans l'Amérique méridionale nous trouvons le jaguar et le puma, deux races complètement étrangères à l'ancien continent. Le Lama vigogne habite le Chili et le Pérou et se répand dans les plaines de Tucuman et dans celles du Paraguay, Le plus grand quadrupède de l'Amérique méridionale est le tapir. Les autres animaux originaires de cette contrée sont l'armadille ou la tatou, le tajassou-peccari, le paresseux aï, le bradype-unau, le fourmillier, Je tamanoir, Jes divers agoutis et coatis, et enfin les petits singes à queue, tels que les sapajous, les sagouins, les tamarins et autres espèces très-nombreuses qui peuplent la zone torride. Les reptiles et les insectes sont aussi en très-grand nombre.

L'Australie possède quelques espèces particulières, mais qui ne s'étendent pas aux autres îles du vaste archipel du grand Océan, ce soat les ornithorhynques, les wambots et les opossums.

« Entre les trois règnes de la nature, dit M. Levasseur, il y a un transport et comme un commerce incessant de matière, d'où résultent l'harmonie et l'équilibre du globe terrestre. Le règne inorganique fournit par l'air, la terre et l'eau, les substances gazeuses, solides et liquides qui, assimilées par les plantes, sous l'influence fécondante de la chaleur, entrent dans le règne végétal. Une notable partie du règne végétal passe à son tour dans le règne animal avec l'air, l'eau et quelques autres substances em-

pruntées au règne inorganique, la matière organisée devient animal herbivore, puis carnivore. Mais la mort décompose sans cesse et déjoue en quelque sorte la combinaison de la vie.

Plantes et animaux rejettent continuellement dans le grand réservoir inorganique ce qu'ils ne se sont pas assimilé, jusqu'à ce qu'ils y soient rejetés eux-mêmes après la cessation de la vie.

Alors leurs restes se disséminent, partie en gaz dans l'atmosphère, partie en molécules liquides et solides, soit sur la terre où ils ne tardent pas à rentrer dans la grande circulation de la vie, soit au fond des mèrs, où ils élèvent aujourd'hui des couches nouvelles de terrain semblables aux couches qui constituent nos continents actuels.»

L'HOMME. — L'homme occupe le premier rang parmi tous les êtres vivants qui couvrent le globe terrestre. L'organisation de son cerveau et de ses cinq sens lui assure cette prééminence. Quand on compare la forme et la grandeur du cerveau chez les différents mammifères, on est frappé de cette vérité incontestable que cet organe s'augmente progressivement et acquiert peu à peu plus de ressemblance avec la structure humaine. Depuis le zéophite jusqu'au singe, le cerveau augmente d'importance. Mais, dit M. L. Figuier, dans les races humaines, quand on passé du cerveau du singe à Celui de l'homme, on a une grande dir tance à franchir. Le gorille, l'orang, le chimpanzé. c'est-à-dire les plus rapprochés de l'homme et qui sont désignés pour cela sous le nom de singes anthropomorphes, ont le cerveau beaucoup plus petit que celui de l'homme. Les lobes cérébraux sont bien pins longs chez l'homme que chez les singes anthropomorphes.

et la hauteur de ces mêmes lobes est hors de toute proportion avec la hauteur des Jobt-s du cerveau des singes. C'est ce qui produit cette belle courbe du front, l'un des traits caractéristiques de la physionomie humaine.

« Les lobes cérébraux vont recouvrir en arrière une troisième masse nerveuse nommée le cervelet. Le volume considérable de ces trois lobes cérébraux, la profondeur et le nombre des circonvolutions de la masse ancéphalique, et d'autres détails anatomiques du même organe sur lesquels nous ne pouvons insister, mettent le cerveau humain à une grande distance audessus de celui de son congénère dans l'ordre zoologique. Cesdifférences témoignent en faveur de l'homme d'un développement intellectuel hors ligne, et nous pourrions mieux mesurer cette différence si nous savions en quoi consiste l'action cérébrale, ce qu& nous ignorons absolumeilt.» Si, pris isolément, les sens de l'homme sont inférieurs à ceux de plusieurs animaux, si sa vue ne peut lutter contre la vue puissante de l'aigle, si le lièvre a l'ouïe plus développée, si le chien a l'odorat plus subtil, si enfin le toucher même est inférieur à celui de beaucoup d'espèces, la réunion de ces cinq sens compense largement ce qui peut manquer à chacun d'eux.

Le sens de la vue est plus complet chez l'homme que chez la plupart des antres animaux, la position des yeux qui permet à cet organe de doubler l'impression reçue par les objets extérieurs, est un grand avantage sur les animaux dont les yeux sont placés de chaque côté de la tête.

Le toucher a chez l'homme une supériorité incontestable sur tous les animaux; grâce aux doigts de la main, l'homme peut se rendre compte de la forme, de la grandeur, des sinuosités de tous les objets qu'il touche ; chez l'aveugle, la main remplace les yeux puisque, grâce aux nouveaux procédés inventés par quelques bienfaiteurs de l'humanité, on est arrivé, au moyen de caractères en relief, à faire lire les hommes privés de l'organe de la vue. Dans SOi

immortel ouvrage, De insu partium, Galion a rendu à la main de l'homme rhommage qu elle mérite.

« L'homme seul, dit Galien, a la main, comme seul il a eu la sagesse en partage, c'est pour lui l'instrument le plus merveilleux et le mieux approprié à sa nature. Supprimez la main, l'homme n'existe plus. Par la main, il est prêt à la défense comme à l'attaque, à la paix comme à la guerre. Qu'a-t-il besoin de cornes ou de griffes? avec sa main il saisit l'épée et la lance, il façonne le fer et l'acier, tandis qu'avec les cornés, les dents et les griffes, les animaux ne peuvent attaquer et se défendre que de près ; l'homme peut jeter au loin les instruments dont il est armé. Lancé par sa main, le trait aigu vole à de très-grandes distances chercher le cœur de l'ennemi ou arrêter le vol de l'oiseau rapide. Si l'homme est moins agile que le cheval ou le cerf, il monte sur le cheval, le guide et atteint le cerf à la course. Il est un être faible, et sa main lui fabrique une enveloppe de fer et d'acier. Son corps n'est protégé par rien contre les intempéries de l'air, sa main lui donne des habits commodes et lui façonne des vêtements. Par la main, il devient dominateur et le maître de tout ce qui vit sur la terre, dans les airs et au sein des eaux. Depuis la flÙte et la lyre, avec lesquelles il charme ses loisirs, jusqu'aux instruments terribles avec lesquels il donne la mort, jusqu'au vaisseau qui le porte, hardi navigateur, sur la vaste étendue des mers, tout est l'ouvrage de sa main.

« L'homme eût-il pu, sans elle, écrire les lois qui le régissent, élever aux dieux des statues et des autels? Sans la main pourriez-vous léguer à la postérité les fruits de vos travaux et la mémoire de vos actions? Pourriez-vous sans elle converser avec Socrate, Platon, Aristote et tous ces div ers génies qu'enfanta l'antiquité?La main est donc le caractère physique de l'homme, comme l'intelligence en est le caractère moral.» « En présence de cette main, s'écrie Galien, après avoir consacré de longues pages à la description du mécanisme admirable de cette splendide structure, en présence de cette main, de ce merveilleux instrument, ne prend-on pas en pitié l'opinion de ces philosophes qui ne voient dans le corps humain que le résultat et la combinaison fortuite des atomes? Tout, dans notre organisation, ne jette-t-il pas un éclatant démenti à cette fausse doctrine? Osez invoquer le hasard pour expliquer cette disposition admirable! Non, ce n'est pas une puissance aveugle qui a produit toutes ces merveilles Connaissez-vous parmi les hommes un génie capable de concevoir et d'exécuter une œuvre aussi parfaite? Un pareil ouvrier n'existe pas. Cette organisation sublime est donc l'œuvre d'une intelligence supérieure dont celle de l'homme n'est qu'un faible reflet sur cette terre. Que d'autres offrent à la Divinité de sanglantes hécatombes, qu'ils chantent des hymnes en l'honneur des dieux, mon hymne, à moi, c'est l'étude et l'exposition des merveilles de l'organisation humaine!» L'ouïe, l'odorat et le goût complètent la perfection de la machine humaine.

« La stature droite, dit M. Louis Figuier, dans les Races humaines, est un des caractères qui distinguent l'espèce humaine de tous les animaux et même du singe, chez lequel cette stature n'est qu'accidentelle et contre nature.

« Dans le squelette de l'homme, tout est assuré pour amener la stature verticale : c'est d'abord la tête qui s'articule avec la colonne vertébrale dans un point tel que, lorsque cette colonne vertébrale se trouve debout, la tête repose sur elle en équilibre par son propre poids.

En outre, la forme de la tète, la direction de la face, la position des yeux, l'ouverture des narines, exigent la stature verticale et bipède.

« Si notre tronc devait être placé horizontalement, tout serait à contre-sens. Le sommet du crâne serait la partie avancée, au grand détriment de l'exercice de la vue; les yeux regarderaient le sol, les narines s'ouvriraient en arrière, le front et la face seraient placés endessous. D'ailleurs, tout le système musculaire, toutes les insertions tendineuses, sont calculées chez l'homme pour la stature verticale, sans parler des courbures de la colonne vertébrale, du grand écartement des membres, etc., etc.

« J.-J. Rousseau avait donc grand tort quand il prétendait que l'homme est né pour vivre à quatre pattes.

« La taille de l'homme ainsi que la couleur de sa peau sont des caractères sur lesquels il faut insister, pour établir leur importance comme signe distinctif Jes races humaines.

« Et d'abord, quant à la taille, on a beaucoup exagéré les différences qu'elle peut offrir dans l'espèce humaine. Il faut beaucoup rebattre de ce qui a été écrit sur les nains comme sur les géants. Les Grecs croyaient à l'existence d'un peuple qu'ils nommaient Pygmées, et dont ils négligèrent toutefois de fixer le lieu d'habitation. C'étaient de très-petits hommes, qui n'étaient plus visibles au milieu d'un champ de blé, et qui passaient une partie de leur temps à se défendre contre les grues. La même fable s'est renouvelée de nos jours à propos d'un peuple qui vivait à l'île de Madagascar et qu'on appelait les Kymes. Les Pygmées et les Kymes sont également fabuleux.

« L'antiquité a admis des géants, mais sans en faire une race caractérisée. Ce sont plutôt les modernes qui ont mis en avant les races de géants humains. Au seizième siècle, quand Magellan eut doublé le cap Horn et découvert l'océan Pacifique, le compagnon de ce navigateur, Pigafetta, donna une description tout à fait extraordinaire des Patagons ou habitants de la Terre de feu. Il en fit des géants. Un de ses successeurs, Leaya, amplifiant encore la taille des Patagons, donna à ces hommes une taille de trois à quatre mètres.

« Les voyageurs modernes ont réduit à de justes proportions les dires des anciens navigateurs. Le naturaliste français Alcide d'Orbigny a mesuré un grand nombre de Patagons, et il a trouvé que leur taille moyenne est de 1 m. 73.

« Telle est donc la limite extrême de hauteur que puisse atteindre l'espèce humaine.

« Quant à la limite de petitesse, elle nous est fournie par le peuple des Boschimans, qui vit au sud de l'Afrique. Un voyageur anglais, Barrow, a mesuré tous les individus d'une tribu de Boschimans, et il a trouvé que leur taille moyenne est de 1 m. 31.

« Ainsi, la taille humaine ne varie guère que de 0 m. 42, c'est-à-dire de la différence entre la taille des Patagons et celle des Boschimans. Il est bon de faire en passant cette remarque, car

les partisans de la pluralité des races humaines ont invoqué les différences des tailles pour soutenir la multiplicité des races dans l'humanité.

Il est évident que les races varient beaucoup plus pour la taille chez les animaux que chez l'homme, et qu'entre un chien griffon et un chien des Pyrénées, il y a plus de différence de taille qu'entre un Boschiman et un Patagon. »

En résumant toutes les observdtions faites par les voyageurs, le célèbre Blumenbach réduit toutes les variétés des races humaines à cinq types principaux : la variété caucasienne, la variété orientale de l'ancien continent, la variété américaine, la variété océanique et la variété nègre.

Le premier type occupe les parties centrales de l'ancien continent, c'est-à-dire l'Asie occidentale, l'Afrique orientale et septentrionale, l'Hindoustan, et enfin l'Europe.

Ses caractères sont la couleur de la peau plus ou moins blanche ou brune, les joues teintes d'incarnat, les cheveux longs, blonds ou bruns la tête presque spherique, la face ovale, étroite les traits médiocrement prononcés, le front uni le nez légèrement arque, la bouche petite, les dents incises des deux mâchoires placées perpendiculairement, les lèvres, et surtout l'inférieure, mollement étendues, le menton plein et rond. La régularité des traits du visage de cette race la fait regarder comme la plus belle et la plus agréable ; Blumenbach la désigne sous le nom Je race caucasienne, et c'est du reste dana la région du Caucase que presque toutes les traditions placent le berceau de l'humanité.

La variété orientale de l'ancien continent est celle que Blumenbach appelle la race mongolique. La couleur de la peau est jaune, les che.

veux sont noirs, raides, droits et peu fournis la tête presque quadrangulaire, la face à la fois plane et déprimée, les traits peu marqués et comme fondus ensemble, l'espace entre les sourcils large et uni, le nez petit et camus, les joues globuleuses et saillantes au dehors, l'ouverture des paupières étroite et linéaire, le menton pointu. Cette variété s'étend à l'orient du Gange et du mont Belour, excepté les Malais de l'extrémité de la péninsule au delà du Gange.

On la retrouve en Europe chez les Lapons et les Finnois, et en Amérique chez les Esquimaux, depuis le détroit de Behring jusqu'au Groënland, La variété américaine offre les principaux caractères suivants : couleur cuivrée, qui a fait donner à ses membres le nom de Peaux-Rouges; cheveux noirs, droits, raides et rares; front court ; yeux enfoncés ; nez presque camus, et cependant saillant; pommettes éminentes.

Cette variété occupe toute l'Amérique. Tousces peuples ont de la barbe, mais très-peu fournie.

Le type océanique, qui comprend tous les in.

sulaires de la mer Pacifique, est désigné, un peu arbitrairement, par Blumenbach, sous le titre de race malaise. En voici le caractère gé.

néral : couleur basanée, cheveux noirs, mous, épais, abondants et frisés, la tête légèrement ré.

trécie, le front un peu bombé, le nez gros, large, épaté, la bouche grande, et la mâchoire supérieure un peu avancée.

Enfin, la cinquième variété ou variété nègre présente les caractères suivants : couleur noire, cheveux noirs et crépus, tête étroite, comprimée sur les côtés, front très-convexe, voûté, les os de la pommette saillants en avant, lesyeui à fleur de tête, le nez gros et se confondant presque avec la mâchoire supérieure, qui est portée en avant, le bord alvéolaire étroit et allongé, les dents incisives supérieures placées obliquement, les lèvres gonflées, le menton retiré, les jambes en général cambrées. La race nègre est répandue dans toute l'Afrique occidentale et méridionale. Elle se retrouve sur les côtes de Madagascar, dans les grandes îles de Van-Diémen, de la Calédonie et de la Nouvelle-

Guinée.

Telles sont les principales variétés de l'espèce humaine répandues sur la surface du globe.

Linnée admettait, comme Buffon, une seule espèce humaine divisée én variétés l'Américaine, brune ; l'Européenne, blanche ; l'Asiatique, jaune; l'Africaine, noire, et la monstrueuse.

M. Duuiéril reconnaît aussi cinq variétés : la caucasique ou arabe-européenne, l'hyperboréenne, la mongole, la malaise, la nègre et l'américaine.

G. Cuvier ne reconnaît que trois races éminemment distinctes : la blanche ou caucasique, la jaune ou mongolique, et la nègre ou éthiopique.

M. Virey admet deux espèces, qu'il divise en six races et qu'il distingue par l'ouverture de l'angle facial ou angle du compas,

Cet angle est formé par deux lignes partant du bord alvéolaire des dents incisives chez un sujet bien conformé de vingt à trente ans, et dirigées l'une à la racine du nez et l'autre au trou auditit. La première espèce a l'angle facial ouvert de 85 à 90 degrés, et comprend la race blanche, la race basanée et la race cuivreuse; la seconde espèce a l'angle facial de 75 à 82 degrés, et comprend la race brun foncé, la race noire et la race noirâtre.

En 1848, Bérard donnait la classification suivante: 1. Types hottentots et boschiman.

2. Type éthyopien.

3. Autres types africains non classés : Cafres, Foulahs, Mandigas, Serruires, Jolas, Touklors, Sarracolets, Abyssins, Gallas, anciens Egyptiens, etc.

4. Type berbère.

5. Type arabe.

6. Type celtique.

7. Type pélage.

, 8. Type scythique.

Comprenant : 1° la race germaine; 2° la race slave; 3° la race finnoise; 4° la race turque.

9. Type caucasique.

10. Type hindous.

11. Type mongolique.

1° Race indo-sinique; 2° race mongole; 3° race hyperboréenne.

12. Types kourilien ou aïnos.

13. Type milanésien.

Race nègre océanienne; 2° race papoue ; 3° race australienne.

14. Type polynésien.

Race polynésienne proprement dite; 2° race mieronésienne; 3° race malaise.

15. Type des Américains du Nord.

16. Américains du Sud, irréductibles à un même type.

iO Race ando-péruvienne ; 2" race pompéenne ; 3° race brasilio-guaranienne.

Enfin, Agissiz, considérant que tous les animaux permettent, pour ainsi dire, d'adopter à chaque zone une forme spéciale, a pensé qu'on pouvait faire correspondre à chacun de ces groupes une forme particulière de l'humanité propre à chacune de ces zones. Suivant la même idée, M. Nott dans Indigenous races of the Earth, a introduit dans ces grands groupes des divisions plus restreintes établies sur une base anatomiques.

ZONE ARCTIQUE

FAMILLES FAMILLES

1 Lapons. 5. Yakagies.

2. Samoïliles, 6. Esquimaux.

3. Yénissens, 7. Kouriliens.

4. Koriaks,

ZONE ASIATIQUE

8. Kamchatkadules. li. Indo-Chinois.

9. Toungouses. 1b. Thibétains.

10. Mongols. 16. Parbatyans.

11. Siniques. 17. Turks.

12. Coriens. 18. Hindoustaniens.

43. Japonais. 19. Bohémiens.

ZONE EUROPEENNE

20. Ouraliens. 28. Slavons.

21. Scandinaves. 29. Cosaques.

22. Teutons. 30. Caucasiens.

23. Celtes. 31. Géorgiens.

24. Basques. 32. Ariens.

23. Latins. 33. Atlantes.

26. Atbanais. 34. Egyptiens.

27. Grecs. 35, Semites.

ZONE AFRICAINE

36. Abyssins. 40. Mozambiques.

37. Sénégaliens. 41. Cafres.

38. Soudaniens. 42. Hottentots.

39. Nigritiens. 43. Malgaches.

ZONE AMÉRICAINE

44. Boréaliens. 51. Apaches.

45. Lennapées. 52. Azvêques.

46. Iroquois. 53. Chiapares.

47. Koluschiens. 54. Brésiliens.

48. Colombiens. 55. Habitantsdes Andes 49. Californiens. 56. Pompéiens.

50. Floridiens. 57. Patagoniens.

ZONE POLYNÉSIENNE

58. Tabous.

59. Micronésiens.

60. Papous.

ZONE MALAISE

61. Malais.

62. Indiens orientaux.

63. Ilarafouriens.

ZONE AUSTRALIENNE 64. Australiens. 65. Tasmaniens.

Enfin, M. d'Omalius, et à sa suite, M. Figuier, ont adopté la classification suivante : La race Manche ; La race jaune ; La race brune ; La race rouge ; La race noire.

Ces groupes ne sont pas uniquement fondés sur la couleur de la peau, ils reposent sur la considération d'autres caractères, et surtout sur les langues parlées par ces peuples.

L'homme peut supporter aussi bien un trèsgrand degré de chaleur qu'un très-grand froid.

Sur les bords du Sénégal, il supporte un degré de chaleur qui fait bouillir l'esprit de vin, et dans le nord-est, il résiste à un froid qui rend le mercure solide et malléable. On peut citer comme températures extrêmes régulièrement constatées : — 56° 7 fort Reliance (capitaineBack, 1834) + 48° Sénégal (à l'ombre).

+ 47° 4 Esné (haute Egypte).

Sur les bords de la mer Morte, à 408 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée, la température doit certainement s'élever encore plus haut. A Ingloolik, dit Arago, le mercure resta gelé pendant les mois de décembre, janvier, février et mars 1822, pendant que près de nous des tribus d'Esquimaux continuaient à habiter aux environs de l'île. Il est probable que l'homme pourrait naviguer aussi bien dans les régions polaires que vers l'équateur, s'il n'était pas arrêté par des glaces infranchissables.

La population complète du globe est évaluée à peu près à 800 millions d'hommes ; dans ce nombre, l'Asie figure à peu près pour moitié; l'Europe pour un peu plus du quart; l'autre fraction est partagée entre l'Afrique, l'Amérique et l'Océanie.

La vie moyenne de l'homme est estimée de 38 à 42 ans. L'homme naît faible, dit le naturaliste Lesson : il tête d'un an à i8 mois; ne marche seul que vers 2 ans; reste longtemps débile; entre dans l'adolescence vers 16 ans; dans la virilité à 30; dans l'âge mûr à 40; dans la vieillesse à 60, et décroît alors rapidement vers le terme de son existence. Flourens se rapproche assez de cette estimation. Pour lui, la première enfance s'étend jusqu'à 10 ans; l'adolpscence jusqu'à 20 la jeunesse de 20 à 40; l'âge mûr ou la virilité de 40 à 70, époque où la vieillesse commence.

La limite naturelle de la vie humaine semble être l'âge de 80 ans, pourtant bien peu d'hommes atteignent cet âge, et la grande majorité périt avant de s'en être approchee.

Le quart de tous les individus nouveaux-nés meurt dans le courant de la première année, à peine si les deux cinquièmes atteignent la sixième année, et la moitié d'une génération meurt avant la vingt-et-unieme année. Ce rapport varie considérablement selon les sexes, les localités et les climats. La différence est aussi très-sensible entre habitants de la même province. L'air vicié des villes et surtout des grandes villes est beaucoup plus dangereux que l'air pur des campagnes environnantes.

Cependant, il ne faut pas trop exagérer les bienfaits de l'air des champs, si la vie sobre et mieux réglée des paysans leur assure un avantage marqué sur les habitants des villes, la différence dans la mortalité n'est pas aussi grande qu'on pourrait le supposer à première vue.

Dans la marche ordinaire de la nature il naît plus d'individus qu'il n'en meurt; voici le tableau dressé par M. Benoisleau de Châteauneuf du nombre d'enfants par ménage dans les divers pays de l'Europe : Il naît en moyenne par ménage : ,

Dans la Suède 3 62 Dans la Moravie. r 5 25 Dans la Hollande , 4 20 Dans la Belgique. 5 27 Dans une partie de l'Ecosse 5 13 Dans l'Angleterre. 5 30 Dans la Moravie et la Silésie. 4 81 Dans la Bohême. 5 27 Dans la France 4 21 Dans le département du Bas Rhin, réuni au Jura, en France. 5 02 Dans la Vendée réunie au Morbihan 5 49 Dans la Loire réunie aux BassesAlpes. 5 54 Dans les Pyrénées-Orientales ri 17 Dans le canton de Fribourg., 5 35 Dans la Savoie. 5 43 Dans le gouvernement de Venise.. 5 43 En Portugal 5 14

On voit, ajoute Malte-Brun, que l'ancien préjugé qui faisait regarder le Nord comme l'officine des nations est tout à fait dénué de ronde..

ment.

Terminons cette analyse des races humaines par la table d'Euler, au moyen de laquelle on voit en combien d'années le nombre d'individus d'une nation peut doubler dans des circonstances données.

Pays de 100,000 habitants. — Mortalité de 1 sur 36.

LES DÉCIS LE SURPLUS CE SURPLUS FERA LE DOUBLEMENT étant aux des de la de population NAISSANCES COMME NAISSANCES SERA SOMME DES VIVANTS AURA LIEU EN

40 il il 277 1/361 250 1/12 années - à 12 55 r» 1/180 125 - à 13 722 1/138 96 - à 14 1.100 1/90 62 1/4 - à 15 1.388 1/72 50 1/4 - à 16 1..j66 1/50 42 , - à 17 1.943 1/51 35 1/4 - à 18 2.221 1/45 31 2/3 - à 19 2.499 1/40 28 - à 20 2.777 1/36 25 1/10 - à 22 3.332 1/30 21 1/8 - à 25 4.165 l/24 n - à 30 5.554 1/18 12 1/5 -

Le même géomètre a calculé, en admettant des suppositions extrêmement favorables à la propagation de l'espèce, une table à séries récurrentes, dont le résultat général est que le genre humain a pu se tripler en vingt-quatre ans, et qu'au bout de troi, cents ans la parenté d'un seul couple a pu s'élever à 3,993,954 individus.

Si l'on évalue, dit Malte-Brun, le nombre total des humains à 700 millions, le rapport entre les décès et les vivants de 1 à 33, et celui entre les naissances et les vivants, de 1 à 29 1/2, on trouve les résultats suivants pour la totalité du globe :

EPOQiJE DE TEMPS NAISSANCES MORTS

Dans une année. 23.728.813 21.212.121 — un jour. 65.010 58.120 1 — une heure. 2.708 2.421 — une minute 45 40 — une seconde 3/4 2/3

EUROPE L'Europe est la plus petite des cinq parties du monde. En revanche, c'est elle qui est la souveraine maîtresse du globe terrestre tout entier. Dans les chapitres précédents, nous avons tracé sa forme successive et ses progrès à travers les âges. Nous avons vu la Grèce, ce berceau du monde, opposer sa puissance aux invasions des peuples de l'Asie ; nous avons assisté à la grandeur et à la décadence de l'empire romain ; nous avons vu se former sous la domination de Charlemagne, cet immense empire d'Occident qui s'étendait de l'Ebre à l'Oder et de la mer du Nord au Gai igliano.

En 843, cet empire, trop vaste, fut détruit, mais toutes les nations appartenant à la civilisation occidentale, étaient si.iimises au Christianisme et formèrent les groupes de France, d'Italie et d'Allemagne.

Dans les temps modernes, nous trouvons la Turquie régnant sur toute la péninsule hellénique, sur les bords de la mer Noire et dans la vallée du Danube jusqu'à Raab ; la Pologne, si longtemps envahie, morcelée et anéantie aujourd'hui, est alors dans toute sa puissance. La Russie est encore barbare, et, à l'occident la Maison d'Autriche réunissant l'Espagne et l'empire germanique, semble vouloir reconstituer l'empire de Charlemagne.

Au dix-septième siècle le protestantisme prêché par Luther et Calvin détache le nouvel empire allemand, la Basse-Allemagne, les PaysBas, la Scandinavie et la Grande-Bretagne de l'Eglise catholique, et, en 1648, la paix de Westphalie constitue l'équilibre européen, en détruisant les prétentions de la Maison d'Autriche à la domination occidentale, en agrandissant la France et en reconnaissant l'indépendance de la Suisse et de la Hollande.

Dans la seconde moilié du dix-septième siècle, écrit M. Levasseur, et au commencement du dix-huitième, les conquêtes de la France.

sous Louis XIV, menacèrent de nouveau l'équilibre européen; le traité d'Autriche (1713), marqua le temps de la coalition formée contre elle, et tout en donnant la couronne d'Espagne à un prince français, enleva à l'Espagne ses possessions d'Europe pour les donner à l'Autriche. L'Angleterre, devenue par la réunion de l'Ecosse le royaume de Grande-Bretagne, domina sur les mers et exerça une grande influence sur la politique continentale au dixhuitième siècle. La Prusse devint un @ royaume qui lit équilibre à l'Autriche, demeurée en possession de la couronne impériale.

A l'orient, les Turcs furent refoulés derrière le Danube : la Russie, agrandie aux dépens de la Suède et de la Turquie devint un état véritablement européen par l'acquisition des eôtes de la Baltique et la mer Noire, et avança sa frontière vers l'Europe centrale par le partage de la Pologne.

« Depuis le seizième siècle, l'unité religieuse de l'Europe occidentale était brisée ; l'Eglise catholique conservait l'Italie, la Hongrie, l'Allemagne du Sud, la France, les Pays-Bas autrichiens, la péninsule Ibérique, l'Irlande.; mais l'Allemagne du Nord, les Etats Scandinaves, la Hollande, la Grande-Bretagne, une partie de la Suisse et de l'Allemagne du Sud, appartenaient aux églises protestantes. L'Europe orientale (Péninsule hellénique et Russie), depuis le schisme de Photius, formaient l'Eglise grecque, et l'invasion avait amené l'islamisme dans la Péninsule hellénique.

« Les guerres de la Révolution française et de l'Empire bouleversèrent l'équilibre européen tel que l'avait fait la paix d'Utrecht. En 1812, l'Empire français s'étendait, par ses possessions directes, des Pyrénées et de la vallée du Tibre jusqu'à la mer Baltique ; par ses alliés ou ses vassaux, du Guadalquivir à la Vistule. Les traités de 1814 et de 1815 contraignirent la France à se resserrer dans les limites de 1789 et constituèrent un nouvel équilibre européen, fondé en partie sur l'état de choses anlérieur à

1789, en partie sur des combinaisons nouvelles: formation du royaume des Pays-Bas et de la Confédération germanique, amoindrissement du Danemark, agrandissement de la Russie, déjà maîtresse de la Finlande et de la Bessarabie, et dotée, en 1815, du royaume de Pologne.

« Cet état de choses a été modifié par un certain nombre de points : à l'orient, par le traité d'Andrinople (1829), qui a créé le royaume de Grèce et presque entièrement affranchi les Principautés danubiennes au détriment de la Turquie, et par la suppression complète du royaume de Pologne (1830-1864) ; dans l'Europe centrale et occidentale, par la formation (1830) du royaume de Belgique au détriment des Pays-Bas, par la suppression de la Confédération germanique, la création de la Confédération du nord de l'Allemagne, et l'agrandisseinent de la Prusse en 1866, par l'extension de la France jusqu'aux Alpes (1860) ; au sud, par la création du royaume d'Italie. »

M. Levasseur oublie le malheureux traité qui a enlevé à la France, au bénéfice de nos vainqueurs, l'Alsace et la Lorraine, et la création de l'Empire d'Allemagne, qui menace de son envahissement toutesies nations environnantes.

Nous reviendrons à cette lamentable guerre et à ses conséquences en temps utile.

Voici, d'après Malte-Brun, la classification des peuples de t Europe par langue : Les langues européennes se divisent en deux grandes classes : If) celles qui se ressemblent entre elles, et qui, toutes, ont des rapports avec le sanscrit et le persan ; 2° celles qui ne présentent guère ces traits de ressemblance.

Dans la première classe, on distingue le grec et en partie le latin, l'esclavon avec ses branches, les langues germanique et Scandinave; dans la seconde se trouvent le finnois, le celte et le basque. Cette différence radicale indiquerait-elle deux invasions différentes de peuples asiatiques? N'indiquerait-elle que deux changements de civilisation ? C'est ce que nous n'entreprendrons pas de discuter.

Dix familles distinctes de peuples existent encore en Europe, mais ce sont en partie les plus anciens qui ont conservé le moins de force numérique, comme dans une forêt les vieux chênes s'épuisent, tandis que leurs rejetons, plus jeunes, étendent au loin leurs nombreux rameaux. On pourrait même un jour réduire ces dix familles à cinq ou six.

Les Grecs, dont les Pélasges étaient une trèsancienne branche, après avoir peuplé de leurs colonies la plupart des rivages de'la Méditerranée, ne vivent plus que dans quelques provinces de la Turquie, principalement dans les îles de l'Archipel et dans le Péloponèse. La langue moderne est fille de l'ancienne, dont les traits, quoique altérés par le malheur et l'esclavage, charment encore jusqu'à ses barbares oppresseurs.

Voici ce que dit du peuple grec M. Louis Figuier, dans les Races humaines : « Maigre tous les malheurs d'une décadence sociale qui devait aboutir à plusieurs siècles d'asservissement, les Grecs ont conservé de nos jours les caractères physiques de leurs ancêtres. Chacun sait quo le plus beau développement du front, la plus belle forme du crâne humain, est celle que nous retracent les œuvres de sculpture de l'ancienne Grèce. On avait supposé que les magnifiques tètes au noble profil, que l'on admire dans tes sculptures des Grecs, n'étaient pas la reproduction exacte de la nature, et que certains traits avaient été exagérés dans le sens de la beauté idéale. Mais on a trouvé de nos jours des crânes d'anciens Grecs qui, sous le rapport des proportions et des contours généraux de la tête, démontrent que chez les artistes de la Grèce, la statuaire antique n'était pas allée au delà de la nature, et qu'elle n'avait fait que s'inspirer des types vivants.

OflËflafewPHIIi UNIVERSELLE

61

a L'Apollon du Belvédère peut donc être con-

sidéré comme un modèle, seulement un peu idéalisé par l'art, de la physionomie générale des anciens Grecs. Dans un Voyage lin Morée, M. Pouqueville donne une description des Grecs actuels, qui permet de juger de l'étonnante persistance des plus belles formes, même au sein d'une condilion sociale si profondément modifiée.

« Les habitants de la Morée, dit M. Pouqueville, sont généralement grands et bien faits.

Leurs yeux sont pleins de feu, leur bouche est admirablement bien formée et garnie des plus belles dents. Les femmes de Sparte sont blondes, sveltes, et ont de la noblesse dans le maintien. Les femmes de Taygite ont le port de Pallas. La Messénienne se fait remarquer par son embonpoint; elle a les traits réguliers, de grands yeux et de longs cheveux noirs ; l'Arcadienne, cachée sous de grossiers vêtements de laine, laisse à peine apercevoir la régularité de ses formes.

» Voici, du veste, les caractères fournis par la statuaire, et qui. d'après ce que nous avons dit, peuvent être réellement considérés comme ceux du type grec : front élevé, espace interoculaire assez grand, offrant à peine une légère inflexion à la racine du nez. Ce dernier droit ou faiblement aquilin. Les yeux grands, largement ouverts, couronnés d'un sourcil peu arqué.

La lèvre supérieure courte, la bouche petite ou médiocre et d'un gracieux contour. Le menton Baillant et bien arrondi. »

Les Albanais sont les restes des anciens Illyriens, mêlés d'abord aux Grecs Pélasges et ensuite aux Grecs modernes, mélange qui a pourtant laissé subsister assez d'éléments de leur ancienne langue pour y reconnaître quelque parenté avec la germanique, avec l'esclavon, et au total, au caractère européen. Concentrés dans les montagnes, les Albanais passent à juste titre pour les meilleurs soldats de l'armée ottomane. L'Albanie est bornée au nord par le Monténégro, la Bosnie et la Servie -, à l'est, par la Macédoine et la Thessalie ; au sud, par la Grèce, et à l'ouest par la mer Adriatique et Ioumena. Malgré l'étendue de cette contrée, le nombre des habitants n'excède pas deux millions. Longtemps soumis à la religion chrétienne, les Albanais ont fini par adopter la religion mahométane, après leur soumission 11 la Turquie. Cependant, quelques cantons ont conservé le culte grec, et on cite, entre la mer et le Drin noir, une tribu, nommée les Méidites, qui pratique le culte catholique. Il est vrai que cette tribu a conservé sa liberté.

Les Turcs, envahisseurs de la Grèce, appartiennent à la même race que les Tatars, disséminés en Russie depuis la Crimée jusqu'à Kazan. Les Turcs sont originaires des régions ouraliennes extrêmes au nord de la Caspienne, mais ils se sont incorporés un grand nombre de familles grecques et une partie des anciennes nations de l'Asie mineure et de la Thrace. Les Turcomans établis en Macédoine ont conservé sans mélange le sang asiatique.

Vers le nord ouest, on trouve deux grandes familles, probablement indigènes depuis des milliers d'années : ce sont les Slaves et les Finnois. Ces deux races populaires ont occupé tous les pays compris sous les noms vagues de Scythia et de Sarmatia.

Les nations slavones se divisent, d'après leur idiome, en trois branches : les Slavons orientaux, comprenant les Russes, les Roussiaques, en Galicie, les Slavons danubiens ou Serviens, Esclavons, Croates ou autres ; 2° les Slavons occidentaux, composés des Polonais, des Bohèmes et des Tchèkkes, des Hovaques de Hongrie, des Sorabes ou Serbes, dans laLusace; 3° les Slavons septentrionaux ou les Venedi des Romains, les Wendes des anciens Scandina-ves: et enfin les Lithuaniens, seule

"branc i e ~di ait ^o jservé un reste de son ancienne langué,&ii ique mêlée de Scandinaves ef Fiurrms. f ~tt~ Edwards a décrit ainsi le type organi es Slaves :

« Le contour de la tête, vue de face, représente assez bien la figure d'un carré, parce que la hauteur dépasse peu la largeur, que le sommet est sensiblement aplati, et que la direction de la mâchoire est horizontale ; le nez est moins long que la distance de sa base au menton ; il est presque droit, à partir de sa dépression à la racine, c'est-à-dire sans courbure décidée, mais si elle était appréciable, elle serait légèrement concave, de manière que le bout tendrait à se relever ; la partie inférieure est un peu large et l'extrémité arrondie. Les yeux, légèrement enfoncés, sont exactement sur la même ligne, et lorsqu'ils offrent un caractère particulier, ils sont plus petits que la proportion de la tête ne semblerait l'indiquer. Les sourcils, peu fournis, sont rapprochés, surtout à l'angle interne ; ils se dirigent de là obliquement en dehors. La bouche, qui n'est pas saillante, et dont les lèvres ne sont pas épaisses, est beaucoup plus près du nez que du menton. Un caractère singulier, qui s'ajoute aux précédents, et qui est très-général, se fait remarquer dans leur peu de barbe, excepté à la lèvre supérieure. »

Les Valaques et les Moldaves sont un mélange d'anciens Gètes, de Slaves et de Romains; mais ces derniers s'y sont si longtemps imposés que leur idiome a été conservé. Les Bulgares sont une tribu tatare des environs de Kazan, mélangée avec les Slavons danubiens. Ils en ont à peu près adopté la langue.

Les Finnois occupent de temps immémorial toute la plaine orientale de l'Europe. Leurs restes ont été successivement repoussés par les conquêtes de la grande famille slavonne, dans laquelle beaucoup de familles finnoises se sont fondues. Pourtant on retrouve encore les Lapons, très-probablement mêlés de Huns. Les Finnois propres en Finlande, les Esthes, les Lives, les Permiens, mêlés de Scandinaves et principalement de Norwégiens, qui, au dixième siècle, fondèrent un état puissant, et enfin les Hongrois ou Magyars, mélange de tribus finnoises et turques.

Les Russes forment la branche la plus importante de la famille slave. On peut les diviser en Russes proprement dits, en Bousniaques et en Cosaques.

Les Finnois forment de petites populations éparses qui s'étendent de la mer Baltique jusqu'à l'est de l'Obi. Les caractères principaux de cette race sont des cheveux d'un blond rous-

sâtre ou souvent roux, une barbe peu fournie, un teint chargé de taches de rousseur, des yeux bleuâtres ou grisâtres, des joues enfoncées, des pommettes saillantes, un occiput large, une figure anguleuse et qui est moins belle que celle des Européens et des Aramiens. Ces caractères se sont modifiés chez un grand nombre de ces peuples.

Les Finnois de Sibérie se divisent en deux groupes, l'un au midi, l'autre au nord.

Le premier groupe se compose de quelques peuplades, dont le langage se rapproche des dialectes turques : ce sont les féléoules, les Sagais et les Kachintz.

Le groupe du nord se compose des Ostraks et des Vogouls, ces derniers ne forment qu'une très-faible population qui habite à l'est de l'Oural. Les Ostraks, qui habitent les rives de l'Obi conservent mieux le type finnois.

Les Finnois de la Russie orientale, comprenant les Baskirs, les Teptiaires et les Metschenaks de la partie méridionale de l'Oural : ces trois petite peuples parlent des dialectes tous

mêlés de mots finnois. Les Baskirs sont les plus nombreux ; ils s'occupent de l'élevage des chevaux et de l'éducation des abeilles.

Les Finnois du Yolga, comprenant les Tchouvaches, les Tchérimiesses et les Moaduiens, qui parlent un dialecte mélangé de turc et qui s'adonnent à l'agriculture.

Il est fort difficile, comme on vient de le voir, d'accepter aujourd'hui la classification complète de Malte-Brun, et les races slavonnes et finnoises sont trop intimement liées par les agglomérations politiques actuelles pour être complétement séparées l'une de l'autre.

Les Samoièdes, les Siriames, les Morduins et autres tribus venues d'Asie, ont adopté des mots de plusieurs langues, et il est presque impossible de leur assigner une origine certaine.

A l'ouest des Slavons et des Finnois, nous trouvons, dans le centre et dans l'Europe, la grande famille teutonique dont les Allemands, les Scandinaves et les Anglais, sont les trois grandes divisions politiques. Les Allemands doivent être, sous le rapport du langige, divisés en deux branches bien distinctes. Les durs et rauques dialectes du haut allemand embrassent la Suisse, la Souabe avec l'Alsace, la Bavière, les Etats autrichiens, la Silésie et la Transylvanie; les idiomes plu; doux et plus flexibles du bas allemand se subdivisent de nouveau et très-distinctement en Hollandais et Flamands, restes de l'ancien belge; les Frisons, répandus depuis le Zuyderzée jusque dans le Schleswig, et, en bas et vieux saxon, parlé depuis la Westphalie et le Holstein jusque dans la Prusse orientale. Enfin, entre ces deux variétés d'allemand, on trouve les idiomes de la Saxe proprement dite, de la Franconie et de la classe supérieure en Livonie et Esthonie, idiomes tenant au haut allemand par la forme des mots, et au bas allemand par la douceur de la prononciation Examinons maintenant les caractères principaux de la physionomie de cette partie de la race teutone : Les Germains modernes ou Allemands occupent une grande partie de l'Allemagne et de la Prusse orientale, au sud et à l'est; ils se sont beaucoup mêlés avec les peuples du midi de l'Europe et ont beaucoup perdu du type teuton.

On trouve parmi eux des hommes aux cheveux bruns et aux yeux noirs.

Confinant par les frontières du sud-ouest au monde latin, écrit le docteur Clavel, dans les Races humaines et leur part dans la civilisation, par sa frontière au sud-est au monde slave; par sa frontière du nord à la Scandinavie, l'Allemagne n'a pas de limites bien accusées. Sur toute sa périphérie, elle n'offre identité ni de mœurs, ni de langage, ni de religion. Ses provinces limitrophes du Danemark sont à moitié scandinaves; celles qui confinent à la Russie ou à la Turquie sont à moitié slaves; celles qui avoisinent l'Italie et la France sont à moitié latines; elles forment, dans leur ensemble, une zone mixte et plus large dans (les frontières de l'Allemagne que dans les frontière de toutes les autres na-* tionalités.

C'est seulement vers le centre que l'on rencontre, dans toute sa pureté, le type blond de la Germanie, l'organisation féodale et les nombreuses principautés qui en sont la conséquence. C'est là que se trouvent également les conditions climatériques sur lesquelles semblent se modeler cette race aux yeux bleus, à la carnation éclatante de blancheur, à la stature élevée, aux formes pleines et vigoureuses.

* De même que le Latin, amoureux du soleil et de la lumière, élargit ses fenêtres, construit des terrasses, défriche ses bois pour leur subs" tituer la culture de la vigne, de même l'Alle-

mand veut, avant tout, l'ombre et les retraites mystérieuses. Il cache sa maison sous les arbres, il rétrécit l'ouverture de ses fenêtres, il borde ses routes d'ormeaux touffus, il pousse jusqu'au culte le respect de ses vieux chênas, il leur donne une âme et une voix, il en fait la résidence d'une divinité. »

Celui qui possède une constitution forte et vivace doit à ses moyens d'action l'énergie de sa volonté. Ses projets ne sont pas conçus à la légère ; ils ne sont pas abandonnés sans de graves motifs; ils sont souvent poursuivis à travers mille obstacles. De là celte activité patiente et continue de l'Allemagne, qui réussit dans toutes les industries, malgré son morcellement et les empêchements résultant de sa constitution politique.

« Où les hommes sont laborieux, patients et économes, on doit s'attendre à voir la famille s'organiser fortement et prendre une influence décisive sur les mœurs nationales. »

Cette peinture de mœurs allemandes, ajoule M. Le Figuier, se rapporte surtout aux habitants du midi de l'Allemagne, aux Autrichiens.

C'est dans le midi de l'Allemagne que l'on trouve cette activité patiente et cette douceur de mœurs décrites par le docteur Clavel ; mais ces qualités sont loin d'être les apanages des habitants du nord et de l'ouest. Les Allemands du nord et de l'ouest se sont montrés à nu pendant la guerre de 1870, eiors qu'une série de fatalités déplorables et d'inconséquences funestes avaient livré notre malheureuse pairie à la discrétion de l'envahisseur. On a vu alors ce qu'il fallait penser de la réputation de bonhomie, de naïveté et de douceur que s'étaient acquis dans le vulgaire les peuples d'oull'c,Hhin, Cette bonhomie est devenue une férocité non déguisée, ce te naïveté une duplicité noire, cette douceur une violence hautaine et brutale.

La haine, la fureur jalouse des Prussiens, qui s'étaient rués sur la France dans l'intention avouée de la réduire à l'impuissance et de la rayer, s'il était possible, de la carte des nations, leurs froides cruautés, leurs rapines éhontées sont trop présentes à lai mémoire de tous pour qu'il soit nécessaire de les rappeler.

La barbarie prussienne a atteint le niveau de celle des Vandales du second siècle.

Il est facile d'expliquer ce fait en disant, avec M. Gaudron, naturaliste de Nancy : « Les Prussiens ne sont ni des Allemands, ni des Slaves', ils sont Prussiens ! »

Riais détournons les yeux de cette agglomération teutonique à laquelle nous aurons malheureusement à revenir, et considérons chez les Scandinaves les caractères typiques de la famille teutone. Les Scandinaves semblent, en effet, avoir conservé presque intacts les principaux traits de la grande famille originaire. Leur intelligence est très-développée. On peut la diviser en trois classes : les Suédois, les Norv égiens et les Danois, auxquels il convient d'ajouter la petite population islandaise, qui est celle où l'ancien dialecte Scandinave semble s'être le mieux conservé.

Les Islandais sont de taille moyenne et peu vigoureux. lis sont probes, fidèles et hospitaliers.

Les Norwégiens sont robustes, vifs, durs à la fatigue et d'une bienveillance proverbiale.

Les Danois, anciens Jutes ou Goths, forment un peuple lier et plein de vaillance et d'opiniâtreté. Les hommes sont grands et forts, les femmes sveltes et alertes. — Ces peuples ont les cheveux blonds, les yeux bleus, le teint éblouissant ; les enfants sont frais et vermeils, les vieillards lestes et droits sur leurs jambes.

Nous arrivons aux Anglais, qui peuvent être considérés comme le résultat du croisement des races des Saxons et des Angles, avec les anciens

habitants de la Grande-Bretagne. Le type physique de l'Anglais actuel peut se résumer ainsi : La tête a une forme longue et élevée, la peau est claire et transparente, les cheveux sont châtains plutôt que blonds, la taille est svelte, la démarche raide et la physionomie froide.

Dans l'Anglais, dit le docteur Clavel, il y a deux hommes : le Cette et le Germain, un examen superficiel peut seul les confondre.

« Le Celle, que l'absence de notions précises sur une population antérieure tait considérer comme indigène, se rapproche des races néolatines, et surtout des Français actuels. Il n'existe guère à 1 état d'agglomération que dans l'Irlande et dans quelques districts montagm ux du pays de Galles et de l'Ecosse. Son crâne et ses traits indiquent des aptitudes artistiques.

Il préfère le christianisme sous la forme catholique et anglicane. Comme l'ancien Gaulois, il aime le vin, le rire, le jeu, la danse, la causerie, la raillerie, les batailles. Il est spirituel et porte l'instinct du comique; il est franc et hospitalier, mais sa vénalité le rend incapable de mûrir et de poursuivre une entreprise, de se donner les avantages de la réflexion, de se ré server l'avenir; faute de savoir coordonner ses forces et agir avec ensemble, il e:-t devenu la proie d'un ennemi qui n'était son supérieur ni en nombre, ni en bravoure, ni même en intelligence. La vieille, la joyeuse Angleterre et la verte Irlande ont subi le joug du Danois, du Saxon et du Normand; elles ont perdu leur gaieté proverbiale, leurs bardes, leur génie démocratique et leur civilisation.

« Entre les conquérants modernes de l'Angleterre, les différences physiques et morales >ont minimes. Tous sont venus des bords de la Baltique et portent en eux l'élément germanique et Scandinave; tous portent dans leur sang les aptitudes des anciens rois de la mer. Ils ont encore la force qui érige la conquête en droit, et prend ce qui est à sa convenance; l'orgueil, qui se refuse à courber la tête même pendant la tempête; l'initiative individuelle qui exige, avant tout, la liberté; une ténacité que rien ne décourage; une intelligence capable de toutes les subtilités; une sensualité générale, qui cherche à transformer les besoins du corps en moyens de jouissances; une insuffisance de sentiment qui suppose le manque d'aptitudes pour les arts; enfin, un tempérament calme

et robuste entre tous. «Ce type, qui se retrouve encore dans les sommités sociales et dans l'aristocratie, s'est modifié par sa combinaison avec l'élément celtique, mais a imposé plus qu'il n'a reçu. Le Saxon, en général absorbe les autres races et les détruit; on dirait qu'il boit leur vie et ne peut se plier à leur génie.

Avant d'arriver aux races latines, signalons les Basques qui, resserrés aux pieds des Pyrénées orientales, ont conservé une langue des plus originales et des plus mémorables de notre partie du monde. Il paraît aujourd hui prouvé que cette langue est un reste authentique de la langue générale de l'Ibérie, c'est-àdire de l'Espagne orientale et occidentale, qui régnait aussi sur la Gaule aquitanique.

Les Celtes, dont nous venons d'esquisser les principaux traits, en parlant de la race anglaise, sont une des races primitives européennes les plus répandues. L'histoire la plus ancienne de l'Europe nous les montre étabhs le long des Alpes et à travers les Gaules, d'où ils ont émigré, à une époque très-reculée, dans les parties centrales et occidentales de l'Espagne, ainsi que dans les îles britanniques.

Les anciens Belges étaiènt une nation mixte, composée de Celles et de Germains. Après avoir conquis une partie de l'Angleterre et de l'Irlande, ils s'y mêlèrent avec des Celtes purs.

Repoussés par les Anglo-Saxons dans le pays

de Galles, le Cumberland et le Cornouailles.

une partie des envahisseurs revint sur le conti.

nent et peupla la basse Bretagne.

L'Occident et le Midi de l'Europe sont aujourd'hui le domaine des langues romaniques, ou dérivées du latin.

« La famille latine, dit M. L. Figuier, s'est développée en Italie. De là elle étendit ses conquêtes sur une grande partie de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et fonda l'empire romain. Les seules parties de ce vaste empire où se soient conservées de nos jours les langues latines sont l'Italie, l'Espagne, la France et quelques conttées du sud-est de l'Europe.

« Les peuples appartenant à la famille latine ont en général une taille moyenne, des cheveux et des yeux noirs, un teint susceptible de brunir sous l'action du soleil, mais ils présentent beaucoup de variations Ils parlent des dialectes nombreux, qui se fondent souvent l'un dans l'autre.

« On distingue parmi les peuples de la famille latine : les Français, les llispaniens, les Italiens et les Moldo-Valaques.

Les Francs provenaient du mélange des Gaulois avec les anciens habitants du pays, c'est-àdire du peuple que les historiens de l'antiquité nous ont désigné sous le nom d'Aquitains et d'Ibères, dont il ne reste plus que le petit peuple basque, dont nous venons de parler.

Les Gaulois étaient une branche des Celtes ou Gails qui occupa une partie de 1 Europe oc.

-cidenlale et particulièrement la Belgique actuelle, la France et une partie de la Suisse, vers le dixième siècle avant Jésus-Christ. Quand Jules César envahit les Gaules, on distinguait les Gau ois du nord, ceux du nord-est et de l'ouest, et ceux du sud. Les premiers se faisaient remarquer par l'abondance et la longueur de leur chevelure.

Le Franck, mélange des Gaulois et des Ibères, avait la taille haute, la peau très-blanche, les yeux bleus et étincelants, le visage était rasé, sauf à la lèvre supérieure qui portait de fortes moustaches, les cheveux blonds étaient coupés par derrière et longs par devant.

Après l'invasion romaine, les langues cettiques et ibériques disparurent pour faire place à l'ffiiome latin. Sous le joug romain, l'élément latin ne fit que s'accroître, et peu à peu les principaux traits du type franc disparurent.

Cependant, il est utile, pensons-nous, de diviser les Français proprement dits en trois groupes : le Romain, qui habite le cours inférieur de la Loire, est plutôt cette que latin, tandis que les Wallons, dans le Nord, semblent se rapprocher de la race teutone; au contraire, les Romans, dans le Midi, ont peu à peu pris un dialecte et des caractères généraux se rapprochant beaucoup de ceux de l'Italie et de l'Espagne.

Le Français n'a donc point de physionomie propre, puisque les grands traits principaux semblent suivre la conformation géologique du sol ; cependant, si on met de côté quelques points extrêmes, le Français peut se caractériser de la façon suivante : * ni grand, ni petit,son corps a des proportions excellentes, et s'il n'est pas capable de grands efforts musculaires, il sait resister à la fatigue et à de longs exercices, il est adroit au physique comme au morat, asile et nerveux ; au point de vue intelJectuel, il comprend vite et bien. Les tiers des Français et la moitié des Françaises ne savent ni lire ni écrire, ce qui revient a dire que sur environ trente-six millions d'habitants, quinze millions sont tout à fait illettrés.

On comprend sous le nom d'Hispaniens les Espagnols et les Portugais. Ils sont les résultats du mélange des Latins, des Celtes et des Teutons. L'Espagnol est en général d'une taille peu élevée, il a la peau brune, les membres muscu-

leux, secs et agiles. Le type mauresque s'est conservé d'une m manière très-tranchée dans la province de Valence. Les Portugais, autre type de la race ibérienne, sont de petite taille et ont des formes dégagées et vigoureuses, les femmes sont souvent jolies et quelquefois complétement belles.

L'I'alie est la patrie du groupe latin, c'est aux environs de Rome qu'il faut chercher le type primitif de cette vaste agglomération.

Dans Jes autres parties de la Péninsule, le mélange avec tous les peuples conquérants qui se sont tour à tour précipités sur cette riche proie, en ont considérablement altéré le caractère piimitif.

Les traits de la population latine peuvent se résumer ainsi : la tête est large, le front peu élevé le rictus aplati, la région temporale en saillie, la face proportionnellement courte, le nez, séparé du front par une dépression prononcée, est aqllilin, la mâchoire inférieure est large, le menton est saillant.

Dans les autres provinces de l'Italie, le type latin est fort altéré et dans beaucoup d'endroits il a disparu tout à fait. En Toscane, nous trouvons les descendants des Etrusques, dans, les provinces méridionales le sang africain a complètement dénaturé le typ3 italien.

Terminons cet exposé des races européennes par les Valaques ou Mo'do-Valaques, derniers rameaux des races latines. « Les Valaques, dit M. Vaillant, sont généralement de grande taille, bien pris et robustes, ils ont le visage oblong, les cheveux noirs, les sourcils épais et bien arués, l'œil vif, les lèvres petites, les dents blanches. lis sont gais, hospitaliers, bohres, ngiles. bravas et aptes à faire de bons soldats.

Ils professent le christianisme selon le rite grec.

Ce peuple, qui habita des contrées longtemps dévastées par la guerre, paraît avoir en ce moment une grande disposition à se développer. »

Voici maintenant, suivant Malte-Brun, la classification des peuples de l'Europe par religion : « La religion chrétienne, dans ses diverses formes, est répandue sur la presque totalité des Européen. L'Eglise grecque ou orientale, qui descend directement de l'ancienne Eglise de l'empire d'Orient, règne sur les Grecs, sur une partie des Albanais et des Bulgares, sur les Serviens, tes Esclavons, les Raatzes, en Hongrie, les Croates, les Dalmates, les Valaques, les Moldaves, et sur la puissante nation des Russes. La re igion grecque unie, qui s'est séparée de l'Eglise grecque orientale, forme un faible appendice de l'Eglise catholique. C'est dans le midi, l'ouest et une partie du centre que règne l'Eglise latine, qui se nomme ellemême catholique romaine, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, plus des neuf dixièmes de la France, les trois quarts de l'Irlande, la Belgique, la moitié de l'Allemagne et de la Suisse, les trois quarts de la Hongrie et de l'ancienne Pologne, obéissent unanimement aux dogmes de l'Eglise de Rome et varient peu dans leur soumission à l'autorité du Pape ou SouverainPontife ; cette grande - Etjlise compte même quelques membres en Angleterre, en Hollande, en Turquie, et peut se glorifier de régner sur plus de 130 millions d'Européens.

« L'Eglise évangélique ou protestante (65 millions d'adhérents), répandue dans le nord, est conformément à son principe de liberté, divisée par quelques nuances de doctrines, parmi lesquelles se distinguent le luthéi ianisme, dominant dans les deux Saxes, le Wurtemberg, le Hanovre, la liesse et autres parties de l'Allemagne, dans toute la Scandinavie, dans les provinces baltiques de la Russie, dans la Prusse et dans une partie de l'empire d'Autriche.

« La religion réformée ou le calvinisrve, répandue en Suisse, dans l'Allemagne occiden-

tale, en Hollande et en Ecosse. Le système anglican, qui règne sur l'Angleterre et qui opprime l'Irlande.

« On trouve aussi des chrétiens évangéliques en France, en Hongrie, en Transylvanie, et dans les vallées près du Piémont.

a Outre ces trois grandes divisions ecclésiastiques de l'Eglise chrétienne, il est quelques petites associations religieuses séparées de la masse. telles que les sociniens, ('n Transylvanie, les quakers, en Angleterre, les anabaptistes en Hollande, les Arméniens (400,000), en Turquie et en Russie, et d'autres, parmi lesquelles on ne peut qu'improf rement placer les frères moraves ou herrenhutiens, distingués des luthériens uniquement par leur discipline. En Ecosse, principalement, se trouvent un grand nombre de congrégationisles ou indépendants et les presbytériens.

« L'Europe non chrétienne comprend les mahométans, au nombre d'environ 600.000, parmi lesquels les Turcs, les Tatares, les Bosniaques, sont les principaux peuples; les idolâtres qu'on ne trouve que vers tes extrémités voisines de l'Asie, qui comprennent quelques Lapons, les Samoièdes, les Tchérémises, les Vogouls, les Kalmouks et trois ou quatre autres tribus nomades qui diminuent de jour en jour; enfin les Juifs, répandus partout excepté en Norvége et en Espagne, mais nombreux uniquement en Pologne, en Turquie, en Allemagne, en Hollande, en Alsace, etc.

Voici aujourd'hui les vingt-trois Etats souverains de l'Eul'ope : Dans le nord-ouest de l'Europe : Le royaume uni de la Grande-Bretagne et d Irlande ou îles Britaniques; capitale, Londres.

Le royaume de Belgique; capitale, Bruxelles.

Le royaume des Pays-Bas; capitale, Amsterdam.

La France; capitale, Paris, Dans l'Europe septentrionale : Le royaume de Suède et de Norvège; capitales, Stockholm et Christiania. .Le royaume de Danemark; capitale, Copenhague.

Dans l'Europe centrale: L'empire d'Allemagne ou Confédération germanique du Nord; capitale, Berlin.

La Hesse-Darmstadt ; capitale Darmstadt.

Le Grand Duché de Bade; capitale, Carlsruhe.

Le Wurtemberg; capitale, Stuttgard.

Le royaume de Bavière; capitale, Munich.

L'empire d'Autriche; capitale, Vienne.

La Suisse; capitale fédérale, Berne.

Dans l'Europe orientale : L'empire de Russie; capitale, St- Pétersbourg.

Dans l'Europe méridionale : L'Espagne; capitale. Madrid.

Le royaume de Portugal ; capitale, Lisbonne.

Le Royaume d'Italie ; capitale, Florence.

Les Etats pontificaux ; capitale, Rome.

La Turquie; capitale, Constantinople, avec ses tributaires, la Servie, le Monténégro, et la Roumanie; capital-, Bukharest.

La Grèce; capitale, Athènes.

LES CAPS. — De tous les caps de notre continents, nous ne citerons que les principaux, qui sont au nombre de cinq : Le cap Nord, à l'extrémité septentrionale de la Norvège ; 2* Le cap Matapan qui termine la Morée, au sud ; c'est le point le plus méridional de l'Europe; 3° Le cap Saint-Vincent qui forme l'extrémité sud-ouest du Portugal;

4° Le cap Finistère, le point de l'Espagne le plus avancé au nord-ouest dans l'océan Atlantique; 5° Le cap de Lucca, à l'extrémité sud-est de l'Italie et formant la séparation entre la mer Ionienne et le canal d'Otrante.

LES MERS. LES GOLFES ET LES DÉTROITS. Les mers qui baignent la grande péninsule européenne sont un des traits caractéristiques de notre partie du monde; ces grandes masses d'eau qui s'avancent jusque dans les terres de l'Europe manquent à l'Asie et à l'Afrique, a la No ivelie-Hollande et à la majeure partie de l'Amérique.

L'océan Atlantique ou occidental baigne notre partie du monde du côté de l'ouest et même dans le langage rigoureusement géographique, du côté du nord, car la mer, au nord des Iles Britanniques, entre le Groenland et la Norvège ne mérite pas d'être distinguée sous le nom d'océan Septentrional. Les eaux qui entourent le nord de l'Europe jusqu'à la Nouvelle Zemble appartiennent évidemment à l'océan glacial Arctique.

La mer Blanche est plutôt un golfe qu'une mer véritable, elle entre dans les terres du nord de la Russie; elle gèle facilement surtout dans sa partie occidentale semée d'îlots et d'écueils. Ses rivages, généralement peu élevés, présentent presque partout des rochers inabordables ou des marais tourbeux. Comme la mer de la Nouvelle-Zemble, la mer Blanche est exposée à de violentes tempêtas.

Après avoir passé le cap Stat, point occidental de la Norvège, nous trouvons un autre grand golfe nommé mer du Nord ou d'Allemagne qui s'étend depuis les îles Shetland jusqu'au détroit du Pas-de-Calais et des côtes d'Angleterre, jusqu'à l'entrée du canal de Julland, Dans le petit golfe de Wash, la mer du Nord roule souvent ses flors agités par-dessus les terres pendant un espace de plus de 1,850 mètres. Mais c'est surtout sur les côtes des Pays-Bas -que le fléau se fait le plus violemment sentir, et ce n'est qu'au moyen de digues élevées par l'industrie hollandaise que les riverains ont pu se soustraire à ces dévastations. Dans le treizième siècl, une effroyable éruption changea le lac Flévo, uni à la mer par des fleuves, en un golfe ouvert, nommé aujourd'hui le Zuyderzée.

Les côtes du Hol-tein et du Sleswig ont été déchirées plus d'une fois par les flob. En 1634, l'île de Nordstrand fut compltemellt engloutie, et la terre haute d'Héligoland fut réduite à un seul rocher. Dans la partie de la mer du Nord, nommée par les marins le golfe de Hambourg, le limon déposé sur les rivages accroît la fécondité de la terre. Plus au nord, un double rempart île bancs et de collines défend aujourd'hui le Jutland contre de nouvelles invasions.

C'est à tort que l'on donne quelquefois le nom de Skager-Rack à la portion comprise entre la Norwége et le Jutland, et désignée par les Anglais et les Hollandais sous le nom de The Sleeve; la première dénomination ne s'applique qu'au passage de Stuken; on pourrait mieux la désigner sous le nom de canal de Norwége ou de Jutland.

Au sud de la pointe extrême du Jutland, le cap Skagen, un second canal plus resserré sépare le Jutland de la Suède, c'est le Kattégat, qui se termine par les trois détroits : le Sund, le grand et le petit Beit, dont les nombreux embranchements baignent l'archipel Danois.

Ici, nous nous trouvonsdans la merBaltiqué, la Méditerranée du nord. Cette mer reçoit le superflu de tous les lacs dont la Finlande, l'Ingrie et la Livonie sont couvertes. C'est dans son sein que s'écoule la moitié des rivières de la Pologne et de l'Allemagne orientale, enfin les nombreux fleuves du nord de la Suède y por-

tent leurs eaux grossies par les neiges des monts Dofrines. Le golfe de Bothnie et celui de Finlande envoient presque toute l'année des courants dans le grand bassin de la Baltique.

En revenant dans la mer du Nord et en suivant les côtes septentrionales de l'Europe, on trouve le détroit du Pas-de-Calais, qui sépare la France des Iles britanniques et qui n'a qu'une largeur de 42,88*2 mètres. Ce canal conduit dans la Manche ou canal britannique.

Le go'fe de Gascogne ou de Biscaye n'a rien qui le distingue de l'océan Atlantique dont il est formé.

Entre l'extrémité méridionale de l'Espagne et l'Afrique, existe le détroit de Gibraltar, large de * 13 kilomètres, c'est-à-dire plus de moitié moins large que le Pas-de-Calais, et conservant la forme d'une rupture. Ce détroit conduit dans la Méditerranée, formée elle-même d'une série' de mers intérieures.

Le premier bassin de la Méditerranée se termine au cap Horn et au détroit de Messine, il est partagé en deux parties égales par les îles de Sardaisne et de Corse. On y remarque le golfe de Gênes et celui du Lion. La partie orientale, nommée mer d'Italie par quelques géographes, contient des îles volcaniques parmi lesquelles on remarque celles de Lipari, Ponce et autres, qui paraissent liées au même foyer qui entretient le Vésuve et l'Etna.

Le deuxième bassin de la Méditerranée se prolonge sans interruption des côtes de Sicile et de Tunis jusqu'à celles de Syrie et d'Egypte, il forme au nord deux bassins particuliers, aussi remarquables dans l'histoire que dans la géographie : la mer Adriatique et la mer Blanche ou l'Archipel. Au midi, le golfe de la GrandeSyrte pénètre en Afrique.

Le plus remarquable des bassins de la Méditerranée est celui de la mer Noire. Le passage île la Méditerranée à la mer Noire s'effectue par le détroit des Dardanelles, large de 1,750 mètres, la petite mer de Marmara ou la Propositide, et l'étroit canal de Constantinople ou le Bosphore.

Cette mer, nourrie par les plus grands fleuves de l'Europe centrale, reçoit encore par le détroit de Caffa ou plutôt d'iénikalé, les eaux limoneuses de la petite mer d'Azow, les PalusMéotides des anciens.

Les eaux très-salées de la Méditerranée proviennent principalement du Nil, du Danube, du Dniéper et autres fleuves de la mer Noire, du Pô, du Rhône et de l'Ebre, de sorte que les neiges de l'Abyssinie, des Alpes et du Caucase y contribuent, également. Le mouvement général de la Méditerranée se dirige de l'est à l'ouest, mais la réaction des eaux contre les côtes font naître plusieurs remous ou courants latéraux contraires. Les détroits donnent aussi naissance à des courants locaux très-variables, parmi lesquels le phare de Messine ou la Charybde des anciens, et l'Euripe, entre le continent et l'île de Nègrepont, méritent d'être signalés.

La mer Caspienne baigne l'Europe depuis l'extrémité du Caucase, près de Derbent, jusqu'à l'embouchure de l'Oural. Nous la retrouverons en Asie.

Toutes les mers que nous venons de nommer bornent le continent européen sur une ligne de 37,080 kilomètres. Elles sont d'une grande importance sous tous les points de vue : au nord, elles nous sépare des glaces du pôle Arctique; au midi, elles nous garantissent des chaleurs de la zone torride.

Nous empruntons à M. Levasseur la distribution des eaux douces sur le continent européen. Ce géographe divise ce système en cinq grands bassins maritimes : 1° Le bassin de la Méditerranée, que ferment au nord la Sierra-Nevada, les monts Ibériques,

les Pyrénées, les Cévennes et leur prolongement, le Jura, les Alpes et les Balkans, et qui se divise en deux parties séparées par les Apennins et la Sicile, le bassin antérieur et le bassin postérieur.

2° Le bassin de l'océan Atlantique qui, jusqu'aux Alpes Lépontiennes, a la même limite que le précédent, et que bornent ensuite les rameaux des Alpes jusqu'à la forêt Noire, la branche méridionale du système allemand, les deux chaînes méridionales du quadrilatère de Bohême, les Carpalhes, le plateau marécageux de Pinsk, le plateau de Waldaï et celui de la Finlande. Il se subdivise lui-même en : Bassin occidental de l'Atlantique, qui comprend la partie sud-ouest du continent jusqu'aux Ardennes et aux collines de l'Artois, plus l'Irlande et le versant occidental de la GrandeBretagne.

Bassin de la mer du Nord, qui comprend la partie centrale du continent, des Ardennes, jusqu'aux monts Sudètes, y compris le Jutland, plus les deux versants des Langfield, dans la Scandinavie, et le versant oriental de la Grande-Bretagne.

Bassin de la mer Baltique, qui comprend le reste du bassin continental, plus le versant oriental des Alpes scandinaves.

3° Le bassin de la mer Noire, qui s'étend entre les limites des deux bassins précédents, depuis la Forêt-Noire à l'occident, jusqu'aux collines du Volga à l'orient et au plateau de Waldaï au nord.

4° Le bassin de l'océan Glacial au nord du plateau de la Finlande et des plateaux de la Russie septentrionale (Waldaï et Uvalli).

5° Le bassin de la mer Caspienne, au sud des plateaux de la Russie septentrionale et à l'est du plateau de Valdaï et des collines du Volga.

Le bassin antérieur de la Méditerranée reçoit :

Sur la côte espagnole : la Segura et le Xucar, qui descendent des monts Ibériques ; l'Ebre, le plus important des fleuves de la péninsule. Il prend sa source dans les monts Cantabres. La Sègre est son principal affluent.

Sur la côte française : l'Aude, l'Hérault, le Rhône et le Var.

Sur la côte italienne : l'Arno, l'Ombrone, le Tibre, le Garigliano, le Vulturne et le Sile.

Le bassin postérieur de la Méditerranée, plus montagneux que le précédent, reçoit : 1° dans la mer Adriatique ou la mer Ionienne et sur la côte italienne : le Bascinio et le Bradano, l'Ofanto, le Pô, qui, après un parcours de 650 mètres, vient former un vaste delta marécageux au milieu duquel neuf bouches (dont deux seulement sont importantes : Po-di-Goro et Podella Maestra) versent ses eaux à la mer. Il a pour principaux affluents, sur la rive gauche, les deux Doires (D. Ripuaire et D. Baltee), la Sesia, le Tessin, l'Adda, l'Oglio, le Mincio. et sur la rive droite, le Tanaro, grossi de la Bor- mida, la Trébie, le Taro, le Secchia, le Panaro.

L Adige, qui prend sa source dans les Alpes Rhétiques, se jette dans la mer après un cours de 340 kilomètres, en confondant ses embouchures avec celles du Pô.

La Brenta, la Piava, le Tagliamento, l'Isonzo, qui descendent des Alpes Cadoriques et arrosent la Vénétie orientale.

2° Dans la mer Adriatique ou mer Ionienne et sur la côte de la péninsule Hellénique : la Narenta, qui descend des Alpes Dinariques et arrose la montueuse Herzégovine, le Drin, formé de la réunion du Drin noir et du Drin blanc, la Vouissa, etPAspropontamo, et enfin le Raphia, le principal cours d'eau du Péloponèse 3° Dans la Médi'erranée, entre la mer Ionienne et l'Archipel, l'Iri (Eurotas des anciens).

4° Dans l'Archipel et sur la côte de la péninsule Hellénique : Le Salembria, la Wistritza, le Vardar et la Maritza.

Le bassin occidental de l'Atlantique reçoit : Sur la côte de la péninsule Ibérique : Le Guadalquivir (du nom arabe Oued-elKebir). qui se jette à la mer après un parcours de 400 kilomètres.

La Guadiana, qui, après un cours de 850 kilomètres, dont un dixième à peine est navigable, et qui se jette dans la mer sur les frontières de l'Espagne et du Portugal.

Le Tage, le Duero ou Douro, et le Minho.

Tous les fleuves de la péninsule, mal alimentés par un plateau où la pluie est rare, ont un régime irrégulier, et la plupart sont peu ou point navigables.

2° Sur la côte française : L'Adour, la Gironde, la Charente, la Loire, la Villaine. l'Orne, la Seine, la Somme. Nous retrouverons tous ces fleuves à la géographie de la France.

3° Sur la côte britannique : La chaîne dévonienne, serrant de très-près les côtes, ne donne naissance au sud qu'à des cours d'eau sans importance.

A l'ouest, la Severn, la Mersey, la Clyde et le Schannon, en Irlande.

Le bassin de la mer du Nord reçoit : 1° sur la côte britannique : Le Tay, le Forth, la Tweed, des vallées étroites de l'Ecosse.

La Tyne, la Tees, l'Humber, et enfin la Tamise, le plus important des cours d'eau de la Grande-Bretagne.

2° Sur la côte des Pays-Bas : l'Escaut, qui recoit dans son cours la Scarpe, la Lys, le Dender, le Rupel, formé lui-même de la réunion de la Senne, de la Dyle et des deux Nèthes ; la Meuse, qui, pendant un parcours de 900 kilomètres, se grossit successivement des eaux du

Chiers, de la Semoy, delà Roer, de la Sambre, et se réunit aux environs de Maestricht avec le Wahal, et enfin le Rhin, formé par la réunion de plusieurs torrents des montagnes des Alpes; le Rhin forme entre les Alpes et la Forêt-Noire le lac de Constance, d'où il sort à l'ouest ; il forme à Shaffouse une chute de '20 mètres de hauteur, puis reçoit dans son parcours les eaux de l'Aar, de l'Ill. du Necker, du Mein, de la Nalie, de la Moselle. grossie de la Meurthe et de la Sarre, de la Lahn et de la Sieg, entre dans les Pays-Bas, reçoit encore la Ruhr et la Lippe ; puis il se partage en plusieurs branches, dont les unes s'écoulant par le canal de Drusus, disparaissent dans l'Yssel et le Zuyderzée, tandis que la moindre partie continue son cours sous le nom de Rhin courbé, qui communique d'une part avec le Zuyderzée par le Vecht, et d'autre part se jette dans la mer du Nord par le vieux Rhin.

30 Sur la côte allemande : L'Ems, le Weser et l'Elbe, qui se jette dans la mer après un parcours de 1,080 kilomètres, grossi des eaux de l'Elster, de Ja Saale et du Havel.

4° Sur la côte Scandinave : Le Glommen et le Gota, qui se jettent dans les détroits entre la mer du Nord et la Baltique.

Le bassin de la mer Baltique reçoit : 1° Sur la côte Scandinave : Le Dal, l'Uméa, la Pitéa, la Tornéa et un grand nombre d'autres petits fleuves.

2° Sur la côte orientale : La Neva, qui verse dans la mer les eaux des quatre .plus grands lacs de l'Europe (Ladoga,

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

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Onéga, IImenet Sauna), la Dwina, ïe^fén^eji et la Prégel. ; r- j

3° Sur la côte méridionale : La Vistule, grossie des eaux de la nAt ,du Bue. et l'Oder. oui recoit dans son parcorlfs',h!

Bober, les deux Neisse et la Wartha. "<-Le bassin de la mer Noire reçoit: Le Danube, qui, après un parcours de 2,800 kilomètres, se jette dans la mer par plusieurs bouches. Il prend sa source dans la Forêt-Noire, et est bientôt grossi par les eaux de l'Aller, du Lech, de J'Inn, de FEnns, du Raab, de l'Altmuhl et du Naab, puis de laMarch et du Waag, et tourne brusquement au sud.

Après avoir arrosé Ulhm, Ratisbonne, Vienne et Pesth, il reçoit encore les eaux de la Drave, de la Save, de la Theiss, de la Morava, de l'Aluta, du Sereth et du Pruth.

20 Le groupe du golfe d'Odessa comprend le Dniester, le Boug, le Dnieper, grossi de la Bércsina et du Pripet, de la Desna, etc.

3o Le groupe de la mer d'Azow reçoit : Le Don, qui se jette à la mer après avoir reçu dans son cours la Khoper, le Manytch et le Donetz.

Le Kouban, qui sort du mont Elbrouz et reçoit les eaux du Caucase occidental.

Le bassin de la mer Caspienne reçoit : Le Volga, le plus grand fleuve de l'Europe, dont le parcours n'a pas moins de 3,960 kilomètres. Ses affluents sont l'Oka, grossi luimême de la Moskowa, la Soura, la Kama, la Samara, Et l'Oural.

Le bassin de l'océan Glacial reçoit : La Petchora, le Mezen, la Dwina du nord et l'Onega.

L'Europe renferme quelques régions remarquables par l'abondance d'eauT douces réunies en grands et petits lacs. La première de ces régions est celle qui a pour bornes les sources du Volga au sud, la mer Baltique à l'ouest, la mer Blanche au nord-est.

On y trouve les lacs suivants, dont nous indiquons la mesure d'après Malte-Brun :

Le lac Ladoga 16,400 kil- carr.

— Onéga.., 9,500. — Vigo.,. 11400 — Sig.,., 1,200 — — Lekcha'; 300 — - V od \a. , , 1,000 - Latcha",.. 300 — Ando, Rangozero, Kartuschevo, Sodders, et une douzaine d'autres plus petits dans le gouvernement d'Olonetz..,. 3,000 — Le lac Woja , 600 kil. car.

- Bel-Ozero 1,400 - ïlmen. 1,200 — Plusieurs petits lacs entre Kargapol et la mer Blanche. 1,600 Le lac Peipous. 3,000 — — Pskov.,. 900 Vingt autres dans le gouvernement de,Pleskov. 1,200 — Le lac de Wirtz 200 — — Koublnskoé.,..,.. 800 — — Saïma. , , , 4,100 — — Knopio. - i,600 Pazzœne 2,400 Pieliszœrvi 1,600 Ko! ki 1,400 -r-' — Ulcatrask.,.. 1,200 Haukivesi.,. 700 - Puruvesl.,. 800 —

* A reporter 57,800 kil. carr.

r , ■ Report. , , 57,800 kil.enrr.

< ::: J Lexa.. ; MO -- .::.: Uléa 600 — Orivesi..,. 4M — YSY- Kulluvesi 300 — --,,/ - Tavaché 400 — Une douzaine d'autres. 1,200 Le lac Topozero 7,000 — — Imandra.,. 2,000 — — Piavozero.,. 1,700 — Kordozero. 1,700 — — Topozero,..,. 700 — - Ok)admkoro. 600 — - Niouk.,. 500 — - Kamennoé. 500 — - Keret 500 TOTAL. 76,500 kil. carr.

Il y a dans les lacs une quantité d'eau égale à celle de la Manche.

La Scandinavie est remplie de lacs, mais moins cependant que la région précédente; celui de Wenern a 5,590 kilomètres carrés; celui de Wettern, 1,889; celui de Màlarn, 1,750, et tous les lacs de la presqu'île Scandinave, 14 à 1,500 kilomètres carrés.

Les plaines au sud de la mer Baltique offrent deux ou trois contrées qui sont comme semées de petits lacs. Dans le Mecklembourg, dans l'ancienne Marche de Brandebourg, dans l'intérieur de la Poméranie et dans la Prusse orientale, on ne compte pas moins de 400 petits lacs.

La chaîne des Alpes est accompagnée de moins de lacs que celle des monts scandinaves.

Ceux qu'on trouve sur les penchants méridionaux sont les suivants :

Le lac Majeur, ., 395 kil. carr.

.— Lugano.,.,. 197 — CÔme.,.,. 257 — Garde.,. 395 — Iséo.,.,. 79 Quelques autres petits iacs. 257 TOTAL du versant méridional. 1,580 kil. carr.

Les pentes septentrionales offrent beaucoup plus de lacs que les pentes opposées :

Le lac de Constance. 592 kil. carr.

— Zurich. , , 257 — 'Wallenstadt. 79 — Lucerne ou des Quatre-Cantons 257 - Zug. 70 — Bienne. 59 enn 59 - Thun. , , 99 - Neufcliâtel - 296 QueIque autres petits lacs de la Suisse. 59 -

Cinq ou six dans la haute Souabe. 40 Le lac d'Ammer. 79 — de Chiemm..,. 119 Une douzaine d'autres en Bavière.,.,. 59 Le lac d'Atter 79 Le lac d'Aber ou de Saint-

V olfang. 40 Le Mondsée, le Traun, le Trummer, le Waller, le Zeller, le Halstadt et quelques autres de l'Autriche 177 TOTAL du versant septentrional.. 2,361

Les pentes orientales offrent, à leur extrémité, deux lacs considérables:

Le lac N eusicd. , , , 356 kil. carr.

— Balaton. 513 Différents lacs des Alpes Styriennes, Carniques et Juliennes. 316

TOTAL du versant oriental 1,185 -

Les pentes occidentales sont les moins four., nies d'eau rassemblée en lacs : Le lac de Genève 632 kil. carr.

— d'Annecy. 59 du Bourget.. , 40 Divers autres petits lacs. 59 -Total du versant occidental. 790 -

La presqu'île Italique ne renferme que quatre ou cinq lacs un peu considérables. Dans toute l'Europe occidentale, principalement dans l'Angleterre, la France, l'Espagne et le Portugal, on trouve extrêmement peu de lacs. En Irlande, au contraire, on trouve quatre ou cinq lacs, dont un égale celui de Zurich, et une dizaine de plus petits.

MONTAGNES. — Sir John Herschell divise les montagnes de l'Europe en six groupes ou systèmes principaux : Je système Scandinave, le système britannique, le système ibérique, celui des Alpes, le système slave-heliénique et le groupe sarmatique ou plateau de Valdaï.

Le groupe scandinave ou les Dofrines, qu'on appelle aussi les Alpes de Scandinavie, présentent un groupe parfaitement isolé du reste des montagnes européennes. L'ensemble s'étend depuis le cap Lindeness, pointe méridionale de la Norwége, jusqu'au cap Nord, dans l'île Magerœ. C'est la partie du milieu ou Dofrines propres qui offre seule les caractères d'une chaîne. La Laponie et le sud-ouest de la Norwége sont deux plateaux couronnés de chaînons isolés. Des abîmes taillés à pic, d'immenses chutes d'eau, des glaciers, tout rappelle ici l'aspec des autres grandes chaînes du globe, mais ses sommets les plus élevés n'atteignent pas plus de 2,500 mètres. Les Sèves ou Sevons, branche inférieure des Dofrines, servent de limites entre la Suède et la Norwége et se terminent en collines. Des hauteurs à peine sensibles traversent la Laponie et viennent se relier aux collines rocheuses de la Finlande pour disparaître tout à fait entre les nombreux lacs de ce pays.

M. Levasseur subdivise les Alpes de Scandinavie en quatre parties : Les monts Langfield, qui forment la pointe méridionale de la Norwége, du cap Lindeness au mont Sogmfield ; 2° Les monts Dovrefield ou Dofrines, où la chaîne atteint sa plus grande largeur et sa plus grande hauteur; 3° Les monts Kœlen, plus étroits et plus sauvages ; 4° Les îles Lafoden, qui sont en réalité, avec le plateau de Laponie, la continuation de la chaîne sur le bord de l'Océan.

Le groupe britannique est peu important. Il a son centre montagneux au nord, dans l'Ecosse, et se compose de trois massifs. Le premier est formé par les Hébrides, les Orcades et les Shetland. Les monts grampiens ou calédoniens, dont l'élévation ne dépasse pas 1,325 mètres (mont Ben-Newis), forment le second massif. Le troisième se compose des monts Cheviots.

L'Angleterre ne possède guère que des rangées de collines souvent fertiles, et qu'on désigne sous les noms de chaînes Pennine, Divonienne et Galloise, ou massif du.pays de Galles.

L'Irlande n'a de montagnes qu'au nord : les

montq Mourne et monts Donega, et au sudouest : les monts Weklow et de Kerry.

Le système ibérique embrasse les Pyrénées, , dont quelques cîmes atteignent de grandes hauleurs : le Malahite ou Néthon, 3,400 mètres ; le mont Perdu, 3,350 ; le Malore, 3,322 ; la Maladetta, 3,312. La hauteur moyenne de la crête des Pyrénées est de 2,440 mètres. ,

La Péninsule ibérique ou hispanique peut être considérée comme formée d'un plateau central ayant de 300 à 350 mètres d'élévation.

Les Pyrénées se présentent au nord, et les AIpagarras ou Sierra-Nevada au sud, comme deux boulevards extérieurs de ce plateau. Les chaînes intermédiaires sont le Guadarrama, entre les deux Castilles ; la Sierra-Morena, au nord de l'Andalousie, et l'Estrella, dans le Portugal.

Le plus célèbre et le plus central de tous les systèmes européens est le système alpique, dont la chaîne principale renferme le Mont-Blanc, le sommet le plus élevé de l'Europe. La longueur de la chaîne, depuis le mont Ventoux, en Dauphiné, jusqu'au mont Kahlenberg, en Autriche, est d'environ cent myriamètres. L'élévation des sommets est de 3 à 5,000 mètres, et celle des passages à travers la chaîne est de 1,500 à 2,000"mètres.

Les glaces perpétuelles, qui commencent entre 2,400 et 2 800 mètres d'élévation. forment dans la partie centrale du système des Alpes des mers glacées comme celles des pôles. Passé 3,500 mètres, la glace même ne peut plus se former, les vapeurs de l'atmosphère, retombant déjà glacées, couvrent tout cet espace de neiges éternelles.

L'énorme profondeur des lacs situés dans les hautes Alpes est encore un trait caractéristique de cette chaîne ; le lac d'Achen. entre autres, a une profondeur de 570 mètres.

On peut diviser le système alpique en cinq groupes.

Le central ou helvétique comprend la chaîne du Jura, dont la cime la plus élevée, -le Reculet, atteint 1,680 mètres.

L'occidental ou franco-celtique est séparé des groupes précédents par l'étroite vallée du Rhône.

Il comprend les Cévennes et ses dépendances, les monts Dore, les Vosges, les Ardennes et l'Eifel. Il offre des sommets de 17 à 1,900 mètres au sud, et des cîmes de 12 à 1,400 mètres au nord.

Au sud, l'Apennin, avec ses diverses dépendances, que Malte-Brun appelle les Sub-Apennins, forme la branche méridionale du système des Alpes. Les montagnes de la Sicile sont visiblement un appendice de cette chaîne ; aussi l'ensemble de ces montagnes forme-t-il un groupe qui a reçu le nom de Méridionale ou Italique.

Une branche orientale des Alpes passe entre les affluents duanube et la mer Adriatique, en réunissant sans interruption les Alpes aux monts Hémus ; les autres branches qui s'y rattachent, et qui, en suivant le cours du Danube, vont se terminer aux contins de la mer Noire et de la mer de Marmara, ont conservé les noms poétiques que leur avaient donnés les Grecs primitifs : l'Olympe, le Pinde, FQËta, le Parnasse, l'Hélicon et le Lycée ; ils traversent la Grèce, le Péloponèse, et se propagent dans les îles de l'Archipel, formant avec les précédentes chaînes le groupe connu sous le nom d'oriental ou Slavo-Hellénique.

Enfin, le groupe des monts Karpathes ou Hercynius n'est séparé des Alpes et des monts Hémus que par le bassin du Danube, et en Autriche et en Servie, les branches respectives resserrent tellement le Iii du fleuve qu'elles forment de véritables défilés. Ces montagnes ne sont donc, selon la pittoresque expression de Malle-Brun, que l'avant-garde des Alpes.

Ces deux dernjers groupes forment, dans le classement de John Herschell, le système Slavo-Hellénique.

Dans le premier groupe, nous trouvons tout d'abord le Jura, qui est relié aux Alpes par le Jorat, et qui sépare la France de la Suisse.

Les Cévennes, .qui commencent le second groupe, se prolongent par les montagnes de la Côte-d'Or, le plateau de Langt'es, les familles et les rameaux qui continuent la pente nordouest. Puis vient le plateau central et les prolongements de l'Argonne et des Ardennes. Ces dernières se prolongent entre la Meuse et la Moselle jusqu'aux bords du Rhin et forment les plateaux de l'Eifel.

Enfin, les Vosges, qui ont leurs plus hauts sommets en France, passent la frontière où elles prennent le nom de Hardt. C'est dans cette partie que se trouve le mont Tonnerre, la dernière éminence importante de la chaîne.

Dans le troisième groupe, nous suivrons les Apennins, qui, sur une longueur de 1,000 kilomètres, parcourent du nord au'sud toute la péninsule italienne. Les Apennins se divisent en trois parties.

L'Apennin septentrional s'étend du col de Cadibone, près de Savone, jusqu'à la source du Tibre. Les principaux cols sont ceux de la Bochetta, de Pontremoli, de Poretta et de PietraMala. L'Apennin central s'étend de la source du Tibre jusqu'auprès du lac de Celano. Ses grands rameaux, désignés sous le nom de sub-alpins, s'en vont vers l'est. Le sub-Apennin toscan part du mont Cornaro et s'étend dans les vallées de l'Arno et du Tibre. Le sub-Apennin romain part du mont Yellino et couvre de collines le terrain compris entre le Tibre et le Vulturne.

L'Apennin méridional va du mont Yellino au cap fl'Ell-Armi. Le sub-Apennin vésuvien entoure le Vésuve. Deux autres branches de J'Apennin méridional partent du mont Acuto.

L'une se prolonge jusqu'au cap de Leuca, tandis que l'autre va former le sol accidenté des Calabres et finit aux caps Spartivento et d'EllArmi.

Les montagnes de la Sicile ne sont guère qu'une suite de la chaîne des Apennins. Elles se composent de deux chaînes : l'une traverse l'île dans toute sa longueur, de l'est à l'ouest: l'autre se détache dl celle-ci et se dirige vers la pointe sud est: L'Etna est isolé sur la côte et s'élève à 3,310 mètres.

.II faut aussi rattacher aux Apennins les petites chaînes de la Corse et de la Sardaigne.

Les Alpes proprement dites se divisent en trois groupes : Alpe occidentales, Alpes centrales et Alpes orientales.

Les Alpes occidentales séparent la France de l'Italie. On les subdivise en quatre sections : Alpes maritimes, Alpes cottiennes, Alpes grées, et enfin les rameaux compris sous les dénominations des Alpes de Provence, du Dauphiné, de Savoie et du Valais.

Les Alpes centrales ou grandes Alpes comprennent les montagnes les plus élevées du système alpique. Elles comprennent huit chaînes.

io Les Alpes pennines, qui vont du MontBlanc jusqu'au Mont-Rose. Elles comprennent le Mont-Blanc, la plus haute montagne de l'Europe, le Mont-Cervin et le Mont-Rose, C'est aussi dans cette chaîne que se trouve le célèbre mont Saint-Bernard.

2° Les Alpes lépontiennes partent du MontRose pour aboutir au Bemardino, Le SaintGothard est, pour ainsi dire le centre de tout Je massif alpestre. C'est de ce groupe que partent dans tous les sens le Rhône, le Tessin, la Reuss, le Rhin, etc.

-3° Les Alpes rhétiques s'étendent du Bernar.

dino au pic des Trois-Seigneurs. On y remarque le mont Bernina, avec les glaciers de l'QEtzthal.

40 Les Alpes bernoises prennent naissance dans le massif du Saint-Gothard, et forment avec les Alpes lépontiennes et petlnirLes, un angle aigu dans lequel coule le Rhône. Les Alpes bernoises renferment de nombreux glaciers, parmi lesquels se trouve celui d'Alatsch.

On y remarque le Finister-Aar Horn et la Yung-Frau.

5° Les Alpes des quatre cantons vont du StGothard vers le nord, et renferment le Tiflis et le Pilate.

6° Les Alpes de Glaris partent aussi du groupe du St-Gothard. Le Mont Todi, le Rigi, les sept Churfurstein et leSœntis font partie de ce massif.

7° Les Alpes des Lignes grises, formant plusieurs rameaux, contiennent leMont-Maloïa.Ses branches principales sont nommées Alpes algaviennes, Alpes de Constance et monts de l'iunthal.

8° Enfin, de nombreux contreforts, qui se dirigent vere le sud, contiennent une seule véritable chaîne : le massif du Mont-Ortler.

Les grandes routes qui percent ces massifs sont celles de Simplon, de Saint-Gothard, du Brrnardino, de la Maloïa, de la Volteline et du Tyrol.

Les Alpes orientales commencent au pic des Trois-Seigneurs et se composent de deux grandes chaînes avec prolongement et comprennent sept chaînes : 1° Les Alpes de Salzbourg remontant vers le nord-pst. On peut y rattacher les massifs situés entre la Salza et l'Enns; 2° Les Alpes Noriques se dirigeant entre la Muhr et la Drave et s'arrêtant au Danube; 3° Les Alpes de Styrie, comprenant les Alpes de Radstadt, se prolongeant entre la Muhr et l'Enns ; 4o Les Alpes carniques s'étendant du pic des Trois-Seigneurs au col de Tarvis.

50 Les Alpes Juliennes vont du col de Tarvis jusqu'aux environs de Fiienne; 6° Les Alpes Cadoriques séparent la vallée de l'Adige des vallées de la Piave et de la Brenta; 7° Les Alpes de la Croatie s'étendent entre la Drave et la Save jusqu'au-dessus de la plaine marécageuse du Danube.

Le groupe des monts Karpathes ou Hercyniens n'est séparé des Alpes et des monts Hémus que par le bassin du Danube.

On peut donc le considérer comme faisant partie du système alpique; ce groupe n'est pas très-élevé, mais il renferme de grands plateaux, tels que la Bohême et la Transylvanie. C'est la chaîne de l'Europe la plus riche en or, en argent, en cuivre et en sel gemme.

Les principales parties de ce groupe sont les

Alpes Bastarniques des anciens, les monts Kar-

pathes, les monls Sudetes, les monts Metalliques et, enfin, les petites chaînes de l'Allemagne.

L'Oural est une bande longue et très étroite qui mesure près de 3,000 kilomètres et qui sépare l'Europe de l'Asie. Dans sa partie méridionale, la chaîne se divise en plusieurs parties. A l'ouest de la chaîne, mais sans se relier à elle, est une série de plateaux élevés, tels que l'Uvalli et le plateau de Valdaï, qui donne naissance à de grands fleuves.

Enfin, le Caucase, sans ramifications sur Je versant septentrional, s'élève depuis les steppes jusqu'aux sommets par une série de gradins d'une végétation remarquable.

Voici les altitudes des cîmes les plus élevées des chaînes de montagnes de l'Europe :

Hekla, volcan d'Islande. 1,690 mètres.

Snechaetta, monts Dofrines (Norwége). 2,500 Lan gfield, monts Thuliens (Norwége),. 2,010 Ben Newis, monts Crampians (Ecosse) 1,330 Lowter, monts Cheviots (Ecosse) 955 Plomb du-Cantal, monts d'Auvergne (France). 1,855 Puy-de-Dôme, monts d'Auvergne (France) 1,470 Moni-Dore, monts d'Auvergne (France) 1,900 Ballon de Guebwiller, Vosges (France) 1,430 Le Reculet, Jura (Suisse). 1,715 Le Dôle, Jura (Suisse).,..,. 1,680 Pic du Midi (de Bigorre), Pyrénées (France). 2,875 Mont-Blanc, Alpes françaises (France) ! 4,810 Mont-Rose, Alpes (Italie). 4,630 -

Mont-Cervin, Alpes (Italie). 4,505 Finstararhorn, Alpes helvétique a (Suisse). 4,360 Yungfrau, Alpes helvétiques ,(Suisse) 4,180 Ortler, Alpes rhétiques (Tyrol) 3,920 Gros-Glockner, Alpes noriques 3,900 Marmolata, Alpes carniques. 3,510 Paglia-Orba, île de Corse. 2,630 Ruska-Poyana, Karpathes. 3,025 Scheekoppe, Riesen ebii'ge,. 1,645 Monts Estrella, Portugal. 2,300 Malahite, Pyrénées (Espagne). 3,405 Mont-Perdu, Pyrénées (Espagne). , 3,350 Maladetta, Pyrénées (Espagne) 3.318 Mu hacen, Sierra-Nevada (Espagne). 3,355 Tchardagh, Balkans (Turquie). 3,200 Olympe, Balkans (Turquie). 1,950 Mon le Corno, Apennins (Italie) 2,900 Etna, volcan de Sicile.. , 3,315 Vésuve, volcan de Naples. 1,190

CLIMATS. — Le climat péninsulaire de l'Europe offre l'ensemble le plus compliqué des exceptions les plus frappantes qui existent sur le globe. La distribution de la chaleur solaire n'est pas la seule cause de la différence des climats européens : trois grandes causes physiques modifient tous les résultats du climat atmosphérique.

A l'est, l'Europe tient, dans toute sa largeur, à l'Asie septentrionale qui, grâce à l'élévation de son plateau central, éprouve un climat presque aussi rigoureux que celui de laméi-ique du Nord.

Toute la partie septentrionale de l'Europe serait donc exposée à une température glaciale provenant des terres polaires; mais, grâce aux Alpes et aux Apennins, les vents d'est et du nord-est qui, à travers les plaines de la Russie et de la Pologne nous apportent quelquefois leur froid glacial, s'arrêtent aux contins de nos péninsules méridionales, garanties par leurs chaînes de montagne. Partout où existe cet tbri, le climat est moins dur, et la Bohême et la Hongrie lui doivent leurs magnifiques vignobles. Même près de l'extrême nord, cette protection se fait sentir, et Christiania, en Nor-

wege, lui doit un climat plus agréable que celui de Berlin ou de Varsovie, et beaucoup plus doux que celui de Saint-Pétersbourg.

La liberté d'action que trouve le vent d'est, dans tout l'orient de l'Europe, est la seule cause du froid qui règne dans cette moitié de notre partie du monde. La Grèce elle-même, bien que protégée par les monis Ibérins et une partie de la chaîne hellénique, éprouve souvent les effets des vents de Scythie, alternant avec ceux du

mont Taurus. De là la grande inégalité qui existe entre ses hivers et ses étés avec ceux de l'Italie.

Si l'Asie nous envoie les froids, l'Afrique au contraire déverse sur nous son foyer de chaleur, en nous envoyant, au moyen de ses vents (Tu sud ou du sud-est, un atmosphère qui pourrait devenir redoutable si la Méditerranée ne la tempérait pas au passage. Les nombreuses chaînes de l'Atlas amortissent les vents du Sahara, qui ne parviennent sur les côtes d'Italie qu'à l'état de brises, mais l'Espagne, beaucoup plus rapprochée du continent africain, reçoit souvent le vpnt brûlant et malsain nommé Solum ou de Médine.

La troisième cause déterminante de notre climat est le voisinage de ("océan Atlantique et Septentrional, c'est le grand mouvement de cette énorme masse d'eau qui empêche les glaces delà mer polaire d'approcher des côtes occidentales de notre continent Cependant l'atmosphère répandu au-dessus de la surface de l'océan Atlantique éprouve aussi des mouvements généraux qui influent sur le climat de l'Europe de deux manières : lorsqu'elle conserve encore sa température d'hiver, elle est souvent attirée sur notre continent pour y prendre la place de notre atmosphère raréfié par la chaleur, surtout dans nos printemps prématurés; de là les retours de l'hiver qu'on remarque surtout dans le nord-ouest de la France, en Hollande et en Danemark. Si à ces causes vient se joindre la persistance du vent d'est, qui nous ramène le froid sec de l'océan Septentrional, nous éprouvons une rudesse de température peu commune.

Les différents progrès de la culture ont d'ailleurs changé la température générale de l'Europe. Tandis que la Russie et la Pologne, moins incultes, réflètent ptus de chaleur, Je déboise-

ment de beaucoup de parties de l'Allemagne, de la France et même de l'Angleterre, fait disparaître beaucoup des obstacles qui s'opposaient à la marche des vents d'est et d'ouest. De là cette particularité que tout le pays situé entre les Pyrénées et les Dofrines, est devenu moins froid, mais plus variable. Il en est résulté que la vigne, sensible aux grands froids et qui se trouvait au douzième siècle jusqu'à Linau et jusqu'en Angleterre, a disparu peu à peu de ces contrées, qui ne sont plus suffisamment abritées contre les invasions subites des froids Au contraire, la culture des céréales, ne redoutant pas l'atmosphère océanique ni les changements de température printamère, s'étend maintenant jusqu'auprès de l'extrémité septentrionale de l'Europe.

Le printemps voyage du sud au nord dans l'Europe occidentale, tandis qu'il ne quitte jamaib entièrement les côtes de la Méditerranée, et que dans le nord est il ne fait qu'une courte apparition, de là l'existence de plusieurs différences dans les phénomènes climatériques des trois grandes régions européennes. Dans le midi, les jardins et les forêts conservent toute l'année à peu près la même apparence, tandis que dans les régions du centre et du nord, on peut jouir du grand spectacle de la résurrection de la nature Au contraire, dans les pays intérieurs rapprochés de l'Asie, on peut admirer les splendides beautés de l'hiver, mèlées à la verdure perpétuelle des pins et autres arbres de la même nature.

Si l'on veut une classification plus détaillée des influences climatologiques qui agissent du dehors sur l'Europe, on peut trouver, ditMalte.Brun, l'heptagone que voici : 1° Côté tourné vers l'Afrique, depuis Gibraltar jusqu'à l'île de Candie.

20 Côté tourné vers le mont Taurus et le Caucase, depuis Candie jusqu'à la mer d'Azof.

3° Côté tourné vers la mei Caspienne et les déserts qui l'avoisinent.

4° Côté tourné vers les monts Ourals et la Sibérie.

58 Côté tourné vers la mer Glaciale, depuis le détroit de Volgatz jusqu'au cap Nord.

6° Côté tourné vers la partie septentrionale de l'océan Atlantique, depuis le cap Nord jusqu'au cap d'Ouessant.

7° Côté tourné vers la partie moyenne de l'océan Atlantique.

Cette division heptagone sert à classer presque tous les faits locaux, relatifs aux éléments continentaux, ceux des îles devant être considérés à part, M. Levasseur divise les climats européens en quatre groupes principaux : 1° Les climats hyperboréens, où les longues nuits d'hiver se prolongent durant vingt-quatre heures et plus, et où la température moyenne, extrêmement rigoureuse pendant les deux tiers de l'année et inférieure en moyenne à 0, ne favorisent pour ainsi dire aucune culture.

2° Les climats continentaux, comprenant sept différentes régions, et dans lesquels il y a, outre l'hiver et l'été, une grande différence de température et où la transition de l'un à l'autre est ordinairement brusque. Ces climats occupent presque toute la région orientale et centrale de l'Europe et renferment des différences très-sensibles.

La région de la Baltique septentrionale comprend la Suède septentrionale, beaucoup plus froide et moins humide que la Norwége, parce que les Alpes scandinaves arrêtent les nuages; et la Finlande, couverte de lacs et d'étangs, et où le thermomètre, en hiver, descend au-dessous de 25 et même 30 degrés au-dessous de zéro.

La région de la plaine méridionale, sèche et froide, balayée par les vents du nord-ouest et du nord-est, sans abri de montagnes, recevant peu de pluie, mais surtout la pluie d'été par le vent nord-est.

La région des steppes, plaines basses et dépourvues d'arbres, très-exposées aux vents g acés et secs du sud-est et aux tempêtes, dites métals, bouranus ou chasse-neige, produites par le vent du nord.

La région polonaise, s'étendant sur les trois grands bassins du Dniéper, de la Dwina et de la Vistule, participant au caractère météorologique du plateau moscovite, mais où le climat,' grâce à l'élévation moins grande des plaines est plus humide et moins rigoureux.

La région de la Basse-Allemagne, qui s'étend du Brandebourg à la France orientale, en y comprenant le Jutland et même la Suède méridionale, et qui présente une vaste plaine dans laquelle dominent les pluies d'été, mais où la différence entre la rigueur de l'hiver et la cha-

leur de l'été est moins accusée que dans l'Europe orientale.

La région des Carpathes ou Karpathes et de la Bohême, montagneuse, par conséquent plus arrosée par les pluies que les régions précédentes, et surtout mieux abritée contre les vents d'est.

Enfin les régions danubiennes tempérées, conservent certains caractères alpestres dans le bassin moyen, marécageuses sur le bas Danube, et froides en hiver à cause des vents des steppes et très-chaudes en été dans les plaines de la Hongrie.

3° L s climats océaniques, caractérisés par la douceur relative des étés et des hivers, par la fréquence des vents d'ouest et par l'abondance des pluies d'automne; ils comprennent les régions britanniques des Pays-Bas et de la Manche, et des contrées pyrénéennes et alpestres.

4° Les climats méditerranéens, plus chauds en général que les précédents, placés hors de

l'influence des vents pluvieux de l'Atlantique, mais soumis aux vents venant de l'Afrique; ils comprennent trois régions correspondant aux trois péninsules, c'est-à-dire la région ibérique, la région italique et la région hellénique.

LES VÉGÉTAUX DE L'EUROPE. - En Europe, les végétaux subissent l'influence des trois climats dominants, du moins à très-peu d'exceptions près, mais là, du reste, comme en toute chose, l'exception prouve la règle.

Les végétaux, qui ne résistent pas à un froid extrême, prospèrent mêmeà de hautes latitudes sur les côtes occidentales. C'est ainsi que l'avoine et l'orge et quelques autres céréales s'élèvent jusqu'au 70e parallèle en Norwége, tandis qu'en Amérique l'apparition des céréales cesse au 52e degré de latitude.

Partout ailleurs que sur les côtes, les arbres disparaissent vers le 606 degré. Dans l'Europe occidentale seulement, les pins et les sapins élancent leurs têtes dans les nues, et même le tendre feuillage du fayard, qui, dans la Pologne russe, cesse de se montrer vers le 52e parallèle, brille en Norwége au-delà du 61e. Le laurier d'Italie s'acclimate facilement en France sur les côtes de l'Océan, et quelques espèces qu'on croyait particulières au Portugal ont été reconnues par les naturalistes sous le ciel brumeux de l'Angleterre. Cependant, il est des plantes qui ne peuvent se contenter de cette température radoucie ; dans ce nombre il faut citer la vigne, à laquelle il faut une chaleur plus vive et plus riche, et qui, à partir de la Gironde et des Charentes, se retire dans l'intérieur du continent où sa région-se fait un milieu vers le 50o parallèle.

Pour retrouver l'ensemble de la flore du Danemark, du Mecklembourg et du Holstein, il faut descendre vers Orels et dans l'Ukraine, c'est là seulement qu'on peut cultiver avec certitude de récolte le froment et le poirier, c'est là seulement que les chênes peuvent acquérir tout leur développement. Au contraire, les plantes de la Scandinavie septentrionale et celles de la Laponie même, se retrouvent dans la Lithuanie et dans la Russie centrale, où on rencontre même le lichen des Rennes jusqu'au 54e degré de latitude.

Les grandes forêts européennes qui bordent les rives du Don, du bas Volga et de l'Olga disparaissent peu à peu sous l'influence des vents secs, venant des déserts du nord de la Boukharie et du lac Aral. Là commence une nouvelle végétation de plantes salines, mêlées de quelques arbustes. Cependant, à côté du câprier commun, du jasmin et du lilas, on rencontre aux bords de la mer d'Azof des pins maritimes atteignant quelquefois de 25 à 26 mètres de hauteur.

La végétation méditerranéenne, c'est-à-dire du côté du triangle européen, exposé aux influences du climat africain, s'étend sur une suite de pentes plus ou moins rapides, terminées, vers le nord, par de hautes montagnes; c'est là que le plus splendide spectacle s'offre aux yeux de l'observateur. La vigne se suspend jusqu'aux branches des ormeaux, et forme ces splendides treilles qui font l'un des plus beaux ornements de nos péninsules méridionales. Les oliviers, les amandiers, les figuiers forment des forêts de l'aspect le plus charmant. Les cyprès, les pins piniers annoncent une nature nouvelle, égayée par les fleurs rouges des grenadiers, et les douces senteurs du jasmin, de l'oranger et du citronier dont les fruits dorés brillent comme des étoiles au milieu des feuillages vert foncé des jardins de l'Europe méridionale.

Dans les plaines se trouvent le glaïeul, le t convolvulus tricolore, les narcisses magnifiques; Il le long des ruisseaux, des haies splendides de lauriers-roses égaient le paysage, tandis que

près des ruines le pittoresque scanthe vous rappelle les variations de la végétation tout entière.

Le botaniste, dit Malte Brun, reconnaît des espèces étrangères au nord : la proralée bitumineuse, aux fleurs d'un beau violet; le gainier commun, que l'on cultive dans nos jardins sous le nom plus connu d'arbre de Judée ; le biserulla pelecinu, plante herbacée à laquelle la forme de son fruit a fait donner le nom vulgaire de rateau ; il voit plusieurs familles de plantes, telles que les aristoloches, les malvacées, les aroïdes multiplier extrêmement leurs espèces, et d'autres, qui, dans le nord, sont de simples herbes, prendre la taille d'arbustes comme la luzerne en arbre; même parmi les plus humbles graminées et les rustiques roseaux, un caractère nouveau se manifeste ; les fleurs de la canne à sucre cylindrique, celles du lygeum spartum, du lagarus ovatus, aux feuilles velues, ont déjà l'éclat delà zone tropicale. L'élévation de l'arundo donax nous fait souvenir des bambous; enfin, le chamœreps représente, en diminutif, la superbe famille des palmiers.

Vers les montagnes qui bornent l'horizon, au nord, on retrouve une partie de la végétation de l'Europe centrale, et, tandis que le vent du nord, le tramontain, dépouille quelques arbres d'Italie de leurfeuillage, on peut considérer sur les bords de la mer de véritables forêts de lauriers, de myrtes, de romarins, de lauriers-thym.

de chênes-liéges et d'yeuses.

Descendons davantage encore vers le midi, dans les péninsules italiques et ibériques; les spécimens de la végétation africaine deviennent plus nombreux, nous y trouverons le raide feuillage de l'agave mêlé aux figuiers de l'Inde et même aux dattiers. Dans la péninsule hellénique, nous trouverons la végétation asiatique et surtout celle du Caucase, modifiant le carac- tère européen :-le platane oriental, le sycomore,

le cèdre précédant le tilleul de la Chine, le fayard, le sapin qui semblent relier les forêts des Karpathes et de la Germanie à celles du Caucase.

La végétation européenne doit encore être considérée sous le rapport de l'extension des arbres et des plantes les plus importantes pour la subsistance de l'homme, où pour l'exercice de son industrie. Ces végétanx occupent généralement les plaines ou les régions de moyenne élévation. Cette distribution influe beaucoup sur le genre de uourriture des peuples de l'Europe Une ligne à plusieurs courbures, tirée du midi de l'Angleterre, par les Flandres françaises, la Hesse. la Bohême, les monts Karpathes, Odessa et la Crimée, marque à peu près la limite entre les peuples qui boivent ordinairement du vin et ceux qui font un usage général de la bière.

C'est une ligne bien plus méridionale longeant les Pyrénées, les Cévennes, les Alpes et l'Hémus, qui sépare les pays à lait et à beurre des pays à l'huile. Dans les premiers, grâce aux bons pâturages, le bétail abonde et la viande, plus succulente, est consommée en bien plus grande quantité.

Après ces grandes lois distributives viennent les rapports avec l'élévation du sol.

En Norwége, les bouleaux montent sous le cercle polaire à 480 mètres, et le saule lainé touche presque aux neiges perpétuelles. On trouve des bouleaux nain à 300 mètres des glaces, Dans la Norwége méridionale quelques pins se trouvent encore à 974 mètres, plusieurs sortes de pommes mûrissent à 325 mètres, et l'agriculture ne cesse dans les vallées ouvertes qu'à 585 mètres.

Dans les monts Sudites l'agriculture cesse à 1,268 mètres. Dans les monts Karpathes les forêts cessent à 1,364 mètres, seul le pinus pumilio s'élève jusqu'à 1,624. Dans les Alpes les fo-

rêts parviennent généralement jusqu'à 1,625 m.

les sapins à 1,782 et l'orme vert à 1,900. On trouve le daphné odorant jusqu'à une hauteur de 3,450 mètres. La culture des céréales cesse à 1 ;226 et celle de la vigne à 560. Nous ne pousserons pas plus loin ces exemples, nous retrouverons d'ailleurs dans l'étude particulière de chaque contrée la flore propre à chacune d'elle.

Les céréales mûrissent dans toute l'Europe le maïs vient jusqu'au 50e degré, le riz jusqu'au 47e, le froment est cultivé jusqu'au 62e, degré de latitude, le seigle jusqu'à 64; enfin, l'orge vient jusqu'en Laponie, mais il lui faut une exposition favorable. La pomme de terre, importée en 1623, est aujourd'hui répandue sur toute la PéninsuleParmi les fruits, la cerise et la prune bravent le plus les climats septentrionaux, en revanche elle est rare en Ilalie. La pomme mûrit jusqu'au 55e degré, les groseilliers et plusieurs autres arbrisseaux à baies ne prospèrent compléte.

ment que dans les régions méridionales, le pêcher et l'abricotier se trouvent jusqu'au 50' parallèle; le figuier mûrit jusqu'à la même latitude, l'olivier ne guitte guère les bords delà Méditerranée; de meme le citronnier, l'oranger ne commencent vraiment à paraître que vers le milieu du 43" degré. Au dessous du 40" parallèle seulement se trouvent le palmier, le cactus l'aloës et la canne à sucre.

Le lin et le chanvre sont cultivés dans presque toute l'Europe, le coton ne l'est guère que dans.

les extrémités méridionales, et ne nous donnentt-ils que de faibles résultats.

LES ANIMAUX DE L'EUROPE. — La faune de l'Europe est très-restreinte.

Les régions du nord et du nord-est jusqu'à la Botique et jusqu'au centre delaRussie, présentent les mêmes particularités. L'ours blanc et le renard bleu apparaissent de temps en temps sur les côtes de l'océan Glacial. Le renne descend en Scandinavie jusqu'au 61e degré, et en Russie jusqu'au 68e. Le mus lemmus se tient entre le 55e et le 65e parallèle. Le glouton occupe la même région, L'élan, que l'on rencontre près du cercle polaires, descend jusqu'en Lithuanie et même jusqu'en Prusse; cette région nourrit encore les moutons de la variété ouralienne.

Dans les plaines qui bordent la mer d'Azor et la mer Caspienne, on trouve le chameau de Bactriane, le mouton circassien ou à longue queue, le léger cheval du Tatar, et le chacal.

Les grandes plaines fertiles et verdoyantes de l'Ukraine à la Flandre, soht le séjour des races les plus vigoureuses de bœufs et de chevaux ; dans toute cette zone on trouve une race de moutons identiques à celles d'Espagne et d'Angleterre. L'âne, qui n'est pas originaire de l'Europe, s'y est acclimaté, cependant il est rare en Suède et en Russie. Le cochon se ren-

contre un peu plus au nord que l'âne, il ne s'y estpropagé, ainsi quelechat,quedepuispeu.

La grande chaîne de montagnes qui parcourt la péninsule européenne, de l'est à l'ouest, est habitée par trois espèces particulières : le bouquetin, le chamois et la marmotte.

Le gibier et les troupeaux n'abondent pas moins dans le sud de l'Europe que dans la zone du milieu parmi les animaux utiles élevés dans la région méridionale. On doit citeples chevaux d'Espagne, qui jouissent d'une grande réputation, les buffles d'Italie, les moufflons de Corse, les chèvres, dont le lait remplace celui de la vache dans toutes les parties montagneuses du midi; les abeilles et surtout les vers à soie, qui sont pour la plupart des chaudes contrées du Midi une source immense de revenus et de travail.

Voici le tableau comparatif des familles de mammifères communs à l'Europe et à l'Asie.

;APHIE UNIVERSELLE

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I. Quadrumanes 186 1 0 - 4 II. Cal'llivores. 731 64 20 44 III. Marsupiaux 140 0 0 0 IV. Rongeurs. 604 61 21 40 V. Edents.,. 34 9 0 9 VI. Pachydermes 38 1 0 1 VII. Ruminants. 159 14 7 .7 VlIJ." Cétacés. , ., 75 24 7 17

TOTAL. 1967 174 55 119

LES CHEMINS DE FER DE L'EUROPE. — Avant de commencer l'étude géographique de chacune des contrées de l'Europe, il nous a semblé intéressant de donner les résultats qu'obtiennent différents pays au moyen de la construction et de l'exploitation de leurs chemins de fer. Bien que les renseignements, que nous puisons dans les publications du ministère des travaux publies, remontent à 1868, il n'en a pas moins d'intérêt.

L'exploitation des voies ferrées.en Europe a lieu dans quelques pays par l'Etat. Il en est ainsi à Bade, Oldenbourg, Brunswich et Reuss.

Les pays où l'Etat n'exploite qu'une partie du réseau national sont : la Prusse, la Bavière, le Wurtemberg, la Saxe royale, le Mecklemhourg, la Hesse-Darmstadt, les duchés de Saxe, les villes libres, l'Autriche-Hon^rie, la Belgique, la Russie, la Suède et Norwége et la Suisse.

Enfin, les pays dans lesquels l'exploitation des chemins de fer appartient exclusivement à l'industrie privée, c'est-à-dire aux compagnies, sont: Anbalt, l'Espagne, le Danemark, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Portugal et la Turquie.

La longueur totale des chemins de fer de l'Europe était, au mois de décembre 1868, de 90,901 kilomètres. Au 31 décembre 1867, elle était de 85 384 kilomètres ; il y a donc eu une augmeniation de 5,517 kilomètres d'une année à l'autre. Dans cette augmentation, la Russie entre pour 1,895 kilomètres, l'Autriche-Hongrie pour 738 kilomètres, l'Angleterre pour 712 kilomètres, l'Allemagne pour 625, et la France pour 539.

Sur les 9Q,901 kilomètres livrés à l'exploitation. les Etats en exploitent 14,032, et les compagnies 76,869.

Quant aux résultats financiers de l'exploitation de l'ensemble du réseau européen, on les trouvera dans les chiffres suivants :

1867 Totaux. Par kilom.

Recettes brutes. 2,906,156,055 35.164 Dl'p'nses. 1,43'.487732 17,321 Produit net. 1,474,668,323 17,843 1868 Totaux. Par llilom.

Recettes brutes. 3,098,834,443 36,406 Dépenses 1,489,870,383 17.503 Produit net. 1,608,964,060 18,903

Les recettes ont donc augmenté d'une année à l'autre de 192,678.388 fr., ou 6,63 pour 100.

Les dépenses de 58,382,651 fr., ou 4,08 p. 100, et le produit net de 134,295,737 fr., ou 9,11 pour 100.

La proportion pour 100 de la dépense à la recette donne les résultats suivants: En 1867, 49,26 pour 100; en 1868, 48,08 pour 100, avec une diminution de 1,18 pour 100.

Un fait remarquable, c'est que toujours l'exploitation par l'État donne comme produit net des résultats inférieurs à ceux qu'obtiennent les compagnies. Ces différences ne peuvent tenir qu'à ce que les Etats n'ont pas le même intérêt que les compagnies à réaliser toutes les économies compatibles avec un bon service et donner aux capitaux employés une rémunération convenahle, et en second lieu, à ce que, sous la

pression du commerce et des journaux, ils sont souvent obligés d'adopter des tarifs moins élevés que ceux que prennent les compagnies. On a donc en même temps augmentation de dépenses et diminution de recettes.

Le produit net kilométrique n'avait donné au maximum, en 1867. que 25.868 francs. Il s'est élevé, en 1868, à 29,751 francs. C'est l'AutricheHongrie qui a obt-nu ces résultats. Ensuite vient, en 1868, la France, avec 23,G0i francs.

Le second rang, en 186S, est occupe par PAngleterre, avec 23,956 francs, tandis que la France ne vient qu'en quatrième rang avec 22,494 francs. Enfin, le bas de l'échelie est occupé, les deux années, par la Turquie d'Europe, qui réalise un produit net kilométrique de 426 francs en 1867 et de 115 francs en t »68.

Nous ne poisserons pas plus loin cette analyse de la publication du ministère des travaux publics, parce qu'il faudrait entrer dans le dépouillement des nombreux tableaux dont elle se compose, et que ce que nous en avons extrait nous suffit pour donner une idée de ce qui se passe ailleurs qu'en France, et de J'intérêt qu'il y a à étudier ses voisins, aujourd'hui que la science et l'industrie ont passé un niveau général sur l'Europe et sur la plus grande partie du monde habité.

En effet, quelque arriéré, quelque rebelle à la civilisation que soit un pays, le chemin de fer qu'on y construit est exploité comme dans la contrée la plus avancée ; le télégraphe qu'on y place puise sa force à la même source et est mis eu jeu par les mêmes moyens sur toute la surface de la terre. Mais ce qui différencie un peuple de l'autre, c'est l'usage plus ou moins fréquent qu'ils font de ces instruments de progrès, et comme cet usage a pour expression les sommes qu'ony a consacrées, on peut dire qu'aujourd hui le degré de civilisation se mesure aux recettes des chemins de fer.

.FRANCE La France se compose d'une partie continentale, -le l'île de Core et de quelques petites îles sur le littoral de l'Océan. Elle est bornée au

nord et au nord-ouest par la Manche et le Pasde-Calais, la mer du Nord. la Belgique et le grand-duché de Luxembourg. A l'ouest, le golfe de Gascogne et l'océan Atlantique; au su l-ouest. par l'Espagne ; au sud est, par la Méditerranée: enfin, à l'est, par les Etats sardes, la chaîne du Jura et la Suisse, et enfin, par les deux provinces Alsace-Lorraine, si fatalemént arrachées à la mère-patrie par la guerre de 1870-1871.

La superficie de la France est de 52,857,675 hectares, ou 528,576 kilomètres carrés, y compris la Corse et les îles de la côte C'est à peu près la dix-huitième partie de la péninsule européenne.

En dehors de ce territoire, la France comprend les provinces suivantes : 1° En Asie, dans l'Indousfan : eondichéry, Koribal, Yanaan, Chandernagor, Mahé et le Cambodge annamite.

2° En Afrique : l'Algérie, les îles Saint-Louis et Gorée, avec les établissements du Sénégal et de la Sénégambie, les comptoirs de Guinée, les îles Bourbon, Sainte-Marie, Mayotte et NossiBé.

3° En Amérique : la Martinique, la Guade-

loupe, Marie-Galante, les Saintes, la llésil ade, la Guyane française, Saint-Pierre et Miquelon.

40 En Océanie : les îles Marquises, la Nouvelle-Calédonie, Taïti, etc.

La superficie totale de ces colonies est évaluée à 36,400,000 hectares, soit 364,000 lieues carrées.

CÔTEN. — L'étendue totale des côtes de France est d'environ 2,460 kilomètres, dont 920 ,ur' la mer du Nord, le Pas-de-Calais et la Manche ; 940 sur l'Atlantique et le golfe de Gascogne, et 600 sur la Méditerranée.

Les côtes de la mer du Nord se dirigent de J'es 1-rio t à l'ouest-sud-ouest. Elles sont généralement basses, sablonneuses, peu découpées et offrent ces monticules de sables appelés dunes. Sur le Pas-de--Calais, on trouve le cap Gris-Nez, Blanc-Nez el le grand banc appelé la Hassure-de-Baas. Jusqu'à l'embouchure de la Somme, la côte est encore sablonneuse; cependant, aux environs de Boulogne, elle se relève pour former des talaises granitiques.

Entre l'emboucuure de la Somme et la pointe du cap de la Hève, la côte est composée de falaises escarpées, dont quelques-unes ont 255 mètres de hauteur. Au cap la Hève commence l'etuaire de la Seine. Après l'embouchure de ce grand tleuve, !a côte se dirige de l'est à l'ouest. Elle offre des falaises à pic jusqu'à l'en, oouchure de la Dive, puis des dunes jusqu'à celle de la Seule. L'i, les falaises recommencent.

Après l'embouchure de la Tire, la côte forme la presqu'île du Cotentin, terminée au nord par le cap de Harfleur et au nord-ouest par le cap Hogue. Sur les côtes de la presqu'île, on trouve les Îles de Saint-Marcouf. Tatihou. Pelée. et les

anglo-normandes d'Alderney, Guernesey, Sers, Jersey, le petit groupe des Minquiers, le groupe Chanfrey, et les rochers de Saint-Michel et de Tombelaine.

De la baie du mont Saint-Michel jusqu'à la pointe Saint-Mathieu, la côte est rocheuse et n'offrè guère d'autres déchirures importantes que la baie de Cancale, la baie de Saint-Brieuc et celle de Lannion.

Les embouchures du Couesnon, de ia Rance, de l'Arguenon, du Gonet, duTrieux, du Jundy, du Guer et d'autres petites rivières y forment aussi de petites échancrures; de cette partie dépendent l'île Brihat, les sept îles en face de Lannion, l'île de Bas et les îles d'Ouessant.

Après avoir doublé le cap Saint-Mathieu, on pénètre dans l'Océan, la 'ctlte de la presqu'île armoricaine est rocheuse et parsemée d'îles; elle présente successivement la rade de Brest,

la baie de Châteaulin, la presqu'île de Quelern que termine le cap de la Chèvre, la baie de Douarnenez, la pointe de Ras et l'île de Sin, la baie d'Andierne, la pointe de Penmarch. A partir de cette dernière la côte forme avec celle de l'Espagne le golfe de Gascogne ; toute cette côte est rocheuse jusqu'à la pointe du Croisic et présente successivement l'anse de Benaudet, la baie de la Forêt, l'embouchure de l'Ellé, la rade de Lorient, la presqu'île et la baie de Quiberon, la petite mer du Morbihan, la presqu'île de Sarzeau, l'embouchure de la Vilaine et la pointe deFii iac. On y trouve les îles de Groix, BelleIsle, Houat, Houédic, etc., etc. Dans la petite mer du Morbihan, on remarque l'île d'Arz et l'île aux Moines.

De la pointe du Croisic à celle de la Coubre, la côte est basse, sablonneuse, couverte de marécages et de marais salants, on y distingue l'embouchure de la Loire, la pointe Saint-Gildas, l'île de Noirmoutier, l'embouchure de la Sèvre, la pointe d'Aiguillon, la baie de Bùùrgneuf, l'île Dieu, l'île de Ré, l'île d'Aix, l'embouchure de la Charente, l'île d'Oléron et l'embouchure de la Gironde comprise entre la pointe de la Coubre et la pointe de Grave.

Entre la pointe de Grave et l'embouchure de l'Adour, la côte est droite et couverte de dunes.

d'étangs et de bandes sablonneuses. Le bassin d'Arcachon, à l'entrée duquel est l'île de Maloc, est le seul golfe de cette partie de la côte, entre l'Adour et le Bidassoa, le rivage est rocheux et élevé.

Sur la Méditerranée, le littoral de la France se divise en deux parties, tracées par des courbes, l'une restreinte, entre le cap Creux et le Delta du Rhône, l'autre saillante, du Rhône au Var; la première partie, baignée par le golfe du Lion est basse, droite, sablonneuse et bordée de lagunes; la seconde, au contraire, est baignée par une mer profonde, rocheuse et parsemée d'îlots. Les côtes du golfe du Lion offrent successivement, d'abord, une petite partie rocheuse près'du cap Creux, puis une partie sablonneuse dans laquelle la mer pénètre par des passages appelés grau. On remarque aussi, en suivant le littoral jusqu'au Rhône, l'étang de Saint-Nazaire, l'embouchure de la Tet, du Gly, l'étang de Leucate, le grau de la Frangia, l'étang de la Palme, le grau de la Vieille-Nouvelle, l'étang de Gruisséa, le grau de la Grazelle, le grau et l'étang de Vendres, l'embouchure de l'Aude, le grand Agde, l'embouchure de l'Hérault, les étangs de Thau de Maguelonne, de Perols, d'Aigues-Mortes, et le grau du même nom, qui forment avec le canal de Silveréal et le Rhône-Mort la grande île de Peccais.

Après avoir passé les embouchures du Rhône et le port de Martigues, on rencontre les gorges de Sainte-Marie et de Foz sur la côte delagrandeîle de la Camargue. Au cap Couronne commence la côte escarpée et rocheuse; on trouve successivementle golfe de Marseille avec les îles d'If, de Pomègue, du Plamier et du Ratoneau, le cap Croisette, l'île de Rieu, le Bec de l'Aigle et la rade de la Crotat, le cap Sicée, la presqu'île et le cap Cepet, les deux rades et le port de Toulon, la presqu'île de Gènes, la rade des îles d'Hyères, les golfes Grimaud, de Fréjus et Napoule, de Jouan, le cap delà Garoupe, le petit port d'Antibes, l'embouchure du Var, le port et le cap de Nice, le port de Villefranche, et enfin les caps Saint-Hospice et Saint-Martin.

CLIMAT. — La température moyenne de la France est de 12 degrés J /2 centigrades, mais les variations causées par la proximité de la mer, l'altitude des vents, etc., ont fait diviser le territoire en cinq régions climatoriales : 1° Climat séquanien ou de la Seine; 2° climat vosgien ; 30 climat rhôdonien ou du Rhône ; 4° Climat méditerranéen : 5° Climat girondin.

Le climat de la France est tempéré et agréable, il ne devient rigoureux que dans les régions montagneuses; partout l'air est sain, même sur le littoral de la Méditerranée, qui est le plus chaud. La partie la plus renommée par la douceur de son climat est située au sud-est et participe du climat de l'Italie ; la partie la moins salubre est formée par les côtes sablonneuses des Landes.

FORMATION GÉOLOGIQUE. — La France possède à peu près la succession complète de tous les terrains, tels qu'ils sont classés par les géologues, mais elle les contient dans une proportion très-variable ; les chiffres suivants feront connaître l'étendue de chacun d'eux.

10 Terrains volcaniques 520,000 hect.

2° — primitifs 10,600,000

3° — de transition 5,400,000 — 40 — carbonifères 520 000 5° — triasique 2,600,000 — 6° — jurassiques 10,000,000 — 7° — crétacés 6,340,000 8° - tertiaires 15,600,000 98 — d'alluvions 500,000 —

MONTAGNES. — Les montagnes forment trois systèmes qui s'étendent sur presque tout le territoire; mais dont les branches centrales sont généralement peu élevées, et laissent entre elles de vastes espaces, unis ou parsemés de coteaux riants : Les Pyrénées, qui s'étendent de la Méditerranée à l'Océan, sur la frontière méridionale du royaume ; 2o Les Alpes, le mont Jura et les Vosges qui en couvrent à l'E., par une ligne non interrompue, toute la frontière orientale; 3° La grande chaîne où se trouvent les Cévennes, la Côte-d'Or et les monts des Ardennes.

Elle part des Pyrénées sous 00 20' de longitude O., court au N. N.-E. jusqu'au 48e parallèle et au 5e degré de longitude E., puis au N. N.-O., jusqu'au 50e parallèle et au 2e méridien oriental où elle se divise en plusieurs branches, dont la plus considérable court à l'O.

S.-O., et se termine un peu au-dessous de l'embouchure de la Seine, entre le 49e et le 50e degré de latitude; cette chaîne est liée aux Vosges sous le 48e parallèle.

Cette chaîne a deux ramifications principales, la première s'en détache par 440 30' de latitude, et par 30' de longitude E., s'avance au N.-O.; et se termine à l'Océan au-dessous de l'embouchure de la Loire ; elle se compose des montagnes de la Margéride, du Plomb de Cantal, du Mont-d'Or, du Puy-de-Dôme, etc.

La seconde part de la Côte-d'Or, par 470 de latitude et 2° de longitude E.; court comme la précédente au N.-O., jusque sous 480 30' de latitude et 2° de longitude, d'où elle se dirige directement à l'O. jusqu'à la mer. On peut joindre à ces grandes chaînes celle qui part presque du milieu des Pyrénées, et qui se termine aux Landes, à 30 ou 40 kilomètres au S.

de Bordeaux. Il y a une remarque générale à faire sur ces montagnes, c'est qu'elles s'abaissent à mesure qu'elles s'avancent au N. et à l'O.

HYDROGRAPHIE. - Ce système de montagnes divise la France en cinq grands bassins. Le premier, situé au nord-est, arrosé par le Rhin et la Moselle, son affluent, grossie de la Meurthe; par la Meuse et par l'Escaut ; il est limité à l'est et au sud par les Vosges, au sud-ouest par les monts des Ardennes, et la partie nord-ouest de la chaîne dont nous avons parlé ci-dessus, en troisième lieu.

Le second bassin est compris entre la partie septentrionale de cette chaîne et sa seconde ramification; la principale rivière qui le parcourt est la Seine, qui reçoit l'Yonne, l'Aube, la Marne, l'Oise, grossie de l'Aisne, et l'Eure.

Cette seconde partie est encore arrosée par l'Orne, par. la Vire et par le Trieux, qui se jettent dans l'Océan.

Le troisième bassin, déterminé par la partie moyenne de la même chaîne et par ses deux ramifications, est arrosé par la Loire, par l'Allier, par la Nièvre, par le Cher, par l'Indre, par la Vienne qui reçoit la Creuse, par la Mayenne, grossie du Loir et de la Sarthe, par la Sèvre nantaise, tous affluents de la Loire; par la Vilaine, grossie de l'ille, et par l'Aulne, tri.

butaires de l'Océan.

La partie méridionale de la même chaîne, sa première ramification et les Pyrénées, forment le quatrième bassin qui renferme la Gironde formée de la Garonne et de la Dordogne, lesquelles ont pour affluents principaux, la première le Tarn, grossi de l'Aveyron, le Gers et le Lot ; la seconde la Vezère, qui reçoit la Corrèze. Ce bassin renferme, en outre, la Charente et la Sèvre niortaise, au nord-ouest, l'A.

dour au sud, dont l'Océan reçoit directement les eaux.

Le cinquième bassin s'étend depuis la Méditerranée jusqu'au 48e parallèle entre les Alpes, le Jura, les Vosges, la Côte-d'Or, les Cévennes et la partie orientale des Pyrénées. On y trouve le Rhône et ses affluents, parmi lesquels on distingue la Saône grossie du Doubs, l'Ain, l'Isère, la Drôme, l'Ardèche, la Durance, le Gard. On y trouve encore le Var, l'Hérault, l'Aude et le Tet qui s.e rendent directement dans la Méditerranée.

On peut subdiviser ces cinq grands bassins en vingt autres, tant de rivières plus ou moins considérables, mais qui se rendent directement dans la mer, que de fleuves : ce sont les bassins de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin dans le premier bassin; de la Se/ne, de la Somme, de l'Orne, de la Vire et du Trieux, dans le second; de la Loire, de la Vilaine et de l'Aulne dans le troisième ; de la Gironde, de la Charente, de la Sèvre et de l'Adour, dans le quatrième; du Rhône, du Var, de l'Hérault, de l'Aude et du Tet, dans le cinquième. Ces vingt bassins comprennent tous les départements de la France continentale.

FORMATIONS TERRITORIALES. Nous renvoyons nos lecteurs à l'Atlas national pour retrouver l'histoire de la formation du territoire français (France générale, page 7). Nous nous bornerons à placer ici les anciennes et nouvelles divisions de la France.

Au moment de la Révolution, la France était divisée en 33 grands gouvernements et8 petits, les 33 grands gouvernements formaient des prinvinces, il y avait 34 intendances ou généralités, dont 19 subdivisées en élections (pays d'élections), et 15 pays d'Etats et pays conquis.

1° PAYS D'ÉLECTION.—Généralités d'Amiens, de Soissons, de Chàlons, de Rouen, de Caen, d'Alençon, de Paris, d'Orléans, de Tours, de Bourges, de Moulins, de Poitiers, de Limoges, deRiom, de Lyon, de Grenoble, de Montauban, d'Auch et de Bordeaux.

2° PAYS D'ETAT. — Généralités de Lille, de Rennes, de Pau, de Toulouse, de Montpellier, d'Aix, de Dijon.

30 PAYS CONQUIS ou PAYS D'IMPOSITION. Intendances du Hainaut, de Metz, de Nancy, d'Alsace, de Besançon et de Perpignan.

Les provinces du nord étaient divisées en bailliages, subdivisés en prévôtés; celles du midi en sénéchaussées ou présidiaux, subdivisées en vigueries. En 1789, il y avait 829 bailliages, sénéchaussées et présidiaux.

A cette organisation sans uniformité, l'Assemblée Constituante substitua en 1790 la divi-

sion en départements, districts, cantons et municipalités ou communes. En 1795, les districts furent abolis, mais le Consulat les rétablit sous le nom d'arrondissements, en diminuant leur nombre pour augmenter leur superficie. La France actuelle est divisée en 86 départements, subdivisés en 362 arrondissements, 2,865 cantons et 35,989 communes.

Tableau comparatif de la division de la France en gouvernements, et de sa division en départements.

- ANCIENS 1 DÉPARTEMENTS 1 CAPITALES GOUVERNEMENTS DÉPARTEMENTS CAPITALES

ter Frandre. ,., Nord. Lille.

2e Artois, Pas-de-Calais. Arras.

3e Picardie. Somme. Amiens.

Seine-Inférre..

1 Calvados.

4. Normandie. Manche,. Rouen.

Orne..,.,.., , I Eure ] i Oise. ]

5. He-de-FraBce.. Parls_ I Seine l Il Seine-et-Marne j Ardennes j 68 Champagne. Marne..,.:". Troyes.

Aube.,.,., , Haute.-Marne..

( Meuse } 7* Lorraine (1).1 Meurthe-et-Mo- j Hancy.

t selle. [

l Vosges. , , J 8e Alsace ) Bas-Rbin. J (Sct. rasb,ourg.

I H;i ut-Rhin.

[Ile-et-Vilaine.

9e Bretagne Cdtes- du-Nord ge Bretagne. F. l, t, Rennes Finistère. Rennes.

i Morbihan.

Loire -lnfâr,

foe Haine Mayenne .Le Mans.

Sarthe. ,.. , ,

t, e Anjou. , Maine-et-Loire i Angers.

12e Touraine.,.., Indre-et-Loire. ) Tours.

E L * r. 13e Orléanais., t Ldreu^ | Orléans.

| Loir-et-Cher )

Ile Bérry Indre Bourges.

1 Cher.,. {

la Nivernais. | Nièvre I Nevers 1 Yonne i I Côte-d'Or I Saône-et-Loire Dijon.

Ain. ]

17* Franche-Comté bonbs ne Besançon.

Jura, , , , , ,

18e Poitou Vendée ) ,

18e POItoU. D s, > PoitIers.

i Deux-Sèvres. !

! Vienne 19e Limousin ! Haute-Vienne.. Limoges.

Correze ,

20e M„ arche. Creuse.,..,.. Guéret.

21« Bourbonn^s Anier Moulins.

22e et 23e, Aunis, 1 f s, t Saintonge et An- Charente-Inf. Saintes.

goumois. ( Charente., Angoulême.

248 Auvergne. Puy-de-Dôme .Clermont.

Cantal 23* Lyonnais. Loire jLrY°n) Rhône. 1

D h" Isère } G bl 26" Dauphiné ;;;;;;; Grenoble. ;

v Hautes-Alpes.. )

[ Gironde ]1 l Dordogne.

1 Lot-et-Garonne I 7e Guyenne et Tarn-et-Garon. Bordeaux.

Gascogne Lot.,..,.

Aveyron Landes.

Gers." , ., ,

Haut.-Pyrénées 28* Béarn. Bass.-Pyrénées Pau.

(1) L'invasion 1870-1871 nous a coûté l'Alsace, le nord-ouest de la Lorraine et un canton des Vosges.

GOUrTS l «spweibsts cumus COUVERN i i CAPITALES Haute-Loire.

Lozère. , ,

Ardèche. ,

9' L d Gard Toulouse.

29* Languedoc. Hérault" Toulouse* '- Aude Haute-Garonne } Tarn, , , , Foix.

30e Comté de Foix Ariége. ,., ,. Perpignan, 310 Roussillon. Pyrénées-Or.

( Vaucluse. , ,

32* Province et Basses-Alpes.. Avignon.

comtat Venaissin u..du-Rhône..

Var., .,.,.

33' Corse. Corse. Bastia.

En 1860, le traité de Turin, conséquence de la guerre d'Italie, nous rendit la Savoie çt le comté de Nice, qui formèrent les départements des Alpes-Maritimes, de la Savoie et de la Haute-Savoie.

Nous ne nous arrêterons pas ici à la flore, à la faune et à la population de la France. Renvoyant nos lecteurs à l'Atlas national de MM. de La Brugère et Trousset, nous nous bornerons à indiquer sommairement les départements en les divisant par régions.

RÉGION SEPTENTRIONALE.

V Elle se compose de douze départements, en y comprenant celui de la Meuse, qui n'y est contenu qu'en partie.

NORD.

Ce département, qui est de la plus grande fertilité, est arrosé par l'Escaut, qui a sa source dans le département de l'Aisne, et par la Lys, qui a la sienne dans celui du Pas-de-Calais. Il produit le meilleur tabac de la France. On y élève et nourrit beaucoup de bêtes à cornes et de chevaux; on y trouve des mines de charbon, des tourbières et du marbre.

LILLE, chef-lieu, une des villes les plus fortes de France, est grande, riche et bien bâtie. Elle est environnée d'une multitude de moulins pour la fabrique de l'huile de colza, dont elle fait un grand commerce, ainsi que de houblon, de tabac, d'étoffes, de lin, de laine, de coton et de soie, de quincailleries, de verreries, etc. 158,117 habitants. 241 kilomètres N. de Paris. Latitude N. 50° 67', longitude E. 0° 44*.

DUNKERQUE, sous-préf., au N.-O., jolie ville, avec un bon port, commerce en vins, eaux-devie et denrées coloniales; fait de nombreux armements pour la pêche du hareng et de la morue. Sa rade est une des plus belles de l'Europe, et son port un des plus fréquentés de France.

33,088 habitants.

HAZEBROUCK, sous-préf., au N.-N.-O., sur la Borre, communique par un canal avec la Lys.

9,017 habitants.

DOUAI, sous-préf., au S., cette ville, bâtie sur la Scarpe, a des rues bien percées. On y voit un des plus grands arsenaux de la France et une fonderie de canons. 24,105 habitants.

CAMBRAI, sous-préf., au S.-S.-E., sur l'Escaut, ville forte, a une manufacture de tapisserie de haute lice. 18,507 habitants.

AVESNES, sous-préf., au S.-E., sur l'Hespre, est bien fortifiée. 8,151 habitants.

VALENCIENNES, sous-préf., au S.-E., au confluent de la Ronuelle et de l'Escaut, possède une bonne citadelle, des fabriques de toiles, de batistes, de linons, de gazes et de dentelles qui portent son nom. 24,966 habitants.

PAS-DE-CALAIS Ce département, baigné, à l'ouest et au nordouest, par la Manche, possède de gras pâturages qui nourrissent de nombreux troupeaux.

Les fabriques, la pêche et le cabotage sont une source de richesses pour ses habitants. Le sol, très-uni, est protégé contre la mer par les dunes qui s'élèvent çà et là en petites éminences.

ARRAS, chef-lieu, sur la Scarpe, ville bien fortifiée, dont la citadelle est regardée comme une des meilleures de l'Europe. Cette ville a des fabriques de dentelles et de batistes. 25,749 habitants. 400 kilomètres N. de Paris. Latitude N. 50° 19', longitude E. 0° 26'.

SAINT-OMEn, sous-préf., au N.-O., sur l'Aa et au bord d'un marais qui contribue à sa défense. Ce marais renfermait autrefois des îles flottantes. 19,922 habitants.

BOULOGNE-SUR-MER, sous-préf., au N.-O., à l'embouchure de l'Iane, bon port avec une belle rade. Boulogne s'occupe de la pêche du hareng et du maquereau. 40,251 habitants.

SAINT-POL. sous-préf., à l'O.-N.O., possède des eaux minérales renommées. 3,395 habit.

lUONTREUIL, sous-préf., à l'O.-N.-O., petite ville fortifiée, à 12 kilomètres de la mer, possède des raffineries de sucre. 3,305 habitants.

BÉTIIUNEj sous-préf., au N.-N.-O., sur le canal de Law, a un château-fort. 8,410 habitants.

SOMME Le département de la Somme abonde en grains, fruits, poissons, gibier, volaille et pâturages. Il possède de belles forêts, de la tourbe el de la marne. Les manufactures de draps, de tapis,- de toiles et de bonneteries y sont nombreuses ; on y fait beaucoup de cidre, et on y élève du gros et du petit bétail. La Somme, qui le traverse de l'est à l'ouest, et qui. s'y jette dans la Manche près de Saint-Valery, a sa source dans le département de l'Aisne.

AMIENS, chef-lieu, situé sur la Somme, dans un lieu très-fertile, est l'entrepôt général des produits et le centre du commerce de tout le département. Ses pâtés de canards sont fort estimés. 63,747 habitants. 128 kilomètres N. de Paris. Latitude 49° 53', longitude 0° 0'

ABBEVILLE; sous-préf., au N.-O., sur la Somme, a plusieurs manufactures. 19,304 habitants.

DOULENS, sous-préf., sur l'Authie, a deux citadelles. 4,188 habitants.

PÉRONNE, sous-préf., à l'E., sur la Somme, a de bonnes fortifications. 3,843 habitants.

MONTDIDIER, sous-préf., à l'O.-S .-O., près du Don. 4,230 habitants.

ARDENNES Ce département, qui tire son nom d'une vaste forêt qui en couvre presque entièrement la partie nord-est, renferme d'excellents pâturages qui nourrissent des moutons très-estimés; on y exploite des mines de fer, des carrières de marbre et d'ardoise.

MÉZlERES, chef-lieu, sur la Meuse, ville forte.

4,745 habitants. 235 kilomètres N.-E. de Paris.

Latitude N. 49° 47', longitude E. 2° 26'.

ROCROY, sous-préf., au N.-N.-O., ville forte.

2,519 habitants.

SEDAN, sous-préf., à l'E.-N.-E., sur la Meuse, ville forte, a un arsenal et des fabriques de draps fins très-recherchés. 15,586 habitants.

RETHEL,. sous-préf.,' au S.-S.-O., près de l'Aisne. 7,122 habitants.

VOUZIERS, sous-préf., au S. 2,995 habitants.

MEUSE Ce département, qui est arrosé par la Mpuse, ainsi que par le Chiers et l'Ornain, renferme des forêts considérables, abonde en grains, gibier, volaille et poisson. La Meuse, sa principale rivière, a sa source dans le département de la Haute-Marne.

BAR-LE-Duc, ou sur l'Ornain, chef-lieu, commerce en bois, fer, chanvre, confitures, toiles, tissus de coton et bonneterie; on y fait toutes sortes d'ouvrages en acier 14,515 habitants.

204 kilomètres E. de Paris. Latitude N. 48° 46', longitude E. 2° 29'.

COMMERCY, sous-préf., à l'E., jolie ville sur la rive gauche de la Meuse. 3,801 habitants.

VERDUN, sous-préf., au N.-N.-E., ville trèsforte sur la Meuse, renommée pour ses dragées, ses confitures et ses liqueurs. 10,236 habit.

MONTMÉOY, sous-préf., auN., sur le Chiers, est assez bien fortifiée. 1,967 habitants.

MEURTHE-ET-MOSELLE Ce département, formé en 1870, possède de belles prairies, de vastes forêts, des mines de fer, de charbon et des sources salées. On y élève beaucoup de moutons et de gros bétails La Meurthe, qui le traverse par le milieu, du S.-E, au l.-O" a sa source dans les Vosges.

NANCY, chef-lieu, sur la Meurtho, passé pour une des plus belles villes de l'Europe, par sa régularité et par la magnificence de ses édifices. Cette ville possède un musée, une bibliothèque et un jardin des plantes ; elle a des manufactures de tabac, de tapisserie, de bonneterie, des fabriques de toiles, de draps, de tricots, de savon et de chandelles. de liqueurs et de broderies. 52 900 habitants. 316 kilomètres

h. de Paris. Latitude N. 48° 41, longitude E.

3° 5'.

BRIEY, sous-préf., au N.-N.-O. 2,300 habit.

LUNÉVILLE, sous-préf., à l'E.-S.-E., sur la Meurthe et la Vezouze, a des manufactures de faïence et de porcelaine, ainsi que des filatures de coton. 12,393 habitants.

TOUL, sous-préf., à l'O., sur la Moselle, dans une vallée fertile. 6,800 habitants.

AISNE Arrosé par plusieurs rivières considérables, telles que l'Aisne, qui a sa source dans le département de la Marne, la Marne, l'Oise, la Somme, etc. Ce département est très-fertile.

LAON, chef-lieu, fait le commerce des grains, des vins, etc. 8,751 habitants. 129 kilomètres N.-E. de Paris. Latitude N. 49° 33', longitude E. 1° 17'.

Près de Laon est le village de Saint-Gobin, renommé pour sa manufacture de glaces.

VERVINS, sous-préf., au N.-N .-E., sur la Serre, fabrique de verreries. 2,508 habitants.

SAINT-QUENTIN, sous-préf., au N.-O., sur la Somme, i élèbre par ses manufactures de batistes, de linons, de basins et de gazes. Cette ville a aussi des fabriques de châles facon de cachemire, de dentelles d'argent, de' savon noir ; des filatures de coton et des blanchit-series. C'est à cette ville que commence le canal de son nom. 35,000 habitants.

SOISSONS, sous-préf., au S.-S.-O., sur l'Aisne.

à l'embouchure de la Crise. 10,404 habitants.

CHATEAU-THIERRY, sous-préf., au S., sur la Marne. 6,520 habitants.

OISE Le département de l'Oise nourrit de nombreux troupeaux de moutons, et beaucoup de volailles. Ses manufactures lui procurent de

grands avantages. Il est arrosé par l'Oise, qui vient des Ardennes, par l'Aisne, par l'Ourcq, etc.

BEAUVAIS, chef-lieu, situé sur le Thérain, est assez bien fortifié. Les tapisseries de Beauvais sont renommées. 15,307 habitants. 172 kilomètres N. de Paris. Latitude N. 49° 26', longitude 0.00151.

CLERMONT, sous-préf., à l'E., sur la Brèche.

3,643 habitants.

SENLIS, sous-préf., à l'E.-S.-E., sur la Nonette. 4,300 habitants.

COMPIÈGNE, sous-préf., à l'E., sur l'Oise, a un superbe château. 12,150 habitants.

SEINE-INFERIEURE Arrosé par la Seine, qui y a son embouchure, ce département, dont le sol est très-uni, présente partout l'aspect d'une grande fertilité.

L'industrie y est dans l'état le plus florissant.

Son commerce, très-étendu, est admirablement favorisé par la Seine, qui lui offre d'un côté un débouché à Paris, et de l'autre à l'étranger.

ROUEN, chef-lieu, une des plus grandes, des plus peuplées et des plus commerçantes villes de France. Elle est située sur la rive droite de la Seine, qu'on traverse sur un pont de bateaux qui monte et descend avec la marée, et qui s'ouvre pour laisser passer les bâ'iments. Les halles de cette ville ^ont les plus belles de l'Europe. Cette ville fait un commerce immense d'exportation et d'importation avec l'Amérique, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et le nord de l'Europe. 10,470 habitants. 126 kilomètres N.O. de Paris. Latitude N. 49° 26' 27", longitude O. 1° 14' 16".

YVETOT, sous-préf., au N.-O., dans une plaine dépourvue d'eau. 8,873 habitants LE HAVRE, sous-préf., à l'O., près de l'embouchure de la Seine, fait un grand commerce.

Son port, également à la portée des nations commerçantes du nord et du midi de l'Europe, est le plus fréquenté des ports de France ; la pêche du hareng et de la baleine, la construction, les corderies, les raffineries de sucre, et différentes fabriques, sont pour les habitants une grande source de richesses. 71,570 habit.

DIEPPE, sous-préf., au N.. jolie ville, avec un bon port pouvant contenir deux cents bâtiments de soixante à quatre cents tonneaux et autant de bateaux pêcheurs. Les habitants se livrent à la pêche et à la fabrication d'ouvrages d'ivoire, de corne et d'os. 18,916 habitants.

NEUCHATEL, sous-préf., au N.-N.-O., sur la Béthune. 3,521 habitants.

EURE

L'air de ce département est humide est froid ; mais le sol en e-t très-fertile ; la récolte des grains et des fruits est abondante. La vigne est cultivée dans plusieurs cantons, mais elle ne donne qu'un vin médiocre. Le commerce consiste en grains, en cidre excellent et en draps très-estimés. L'Eure, qui sort du département de l'Orne, traverse celui-ci du sud au nord, et s'y jette dans la Seine.

EVRFUX, chèf-lieu, sur l'Iton, a des fabriques de velours de coton et de coutil. 12,320 habitants. 104 kilomètre N.-O. de Paris. Latitude N. 48° 55', longitude O. 1° 10'.

BERNAY, sous-préf., à l'O.-N.-O., sur la Carenlonne, fait un commerce assez considérable.

7.402 habitants.

PONT AUDEMER, sous-préf., sur la Rille. 6,010 habitants.

LOUVIERS, sous-préf., au N., sur l'Eure, dans une plaine fertile, est célèbre par ses manufactures de draps, de mousselines, de nankins, de

siamoises, et par ses blanchisseries de toiles 11,707 habitants. ,

Les ANDELYS, sous-préf., ville divisée en deux parties qui portent le nom de Grand-Andely et de Petit-Andely. 5,461 habitants.

CALVADOS

La culture en grand des gommes et des fruits à noyaux, du lin, du chanvre, etc.; l'éducation des chevaux, de la volaille et des abeilles, distinguent ce département, qui fait un commerce étendu d'excellent beurre Son nom lui vient d'un rocher qui s'étend le long de la mer l'es- pace de 16 à 20 kilomètres.

CAEN. chef-lieu, à 12 kilomètres de la mer,

au confluent de l'Odon et de l'Orne, qui y est navigable pour les bâtiments de 150 à 200 tonneaux. On y trouve un jardin des plantes, des fabriques de draps, de toiles, de dentelles, etc. 36,077 habitants. 223 kilomètres N.-O. de Paris.

Latitude N. 49° 11', longitude O. 2° 41'. BAYEUX, sous-préf., à l'O.-N.-O., sur l'Aure, à 8 kilomèlres de la mer, a des fabriques de toiles, de dentelles, de siamoises et de bas. Son

commerce consiste principalement en beurre.

9,138 habitants. PONT-L'EvÊQUE, sous-préf , à l'E.-N.-E,, sur la Toucques, fabrique d'excellents fromuges.

2,783 habitants.

LISIEUX, sous-préf., à l'E., a des fabriques de flanelle, de molleton, de couvertures de laine et de toiles'qui portent le nom de cretonnes. Cette ville est située au milieu de vastes prairies, au confluent de la Toucques et de l'Orbec. 12,520 habitants.

FALAISE, sous-préf., au S.-S.-E., jolie ville sur l'Ante. 8,094 habitants.

VIRE, sous-préf.. au*S.-S.-0., sur la rivière du même nom. 7,500 habitants.

MANCHE Ce département forme dans sa partie septentrionale une presqu île qui s'avance dans la Manche , il est généralement fertile, il nourrit des chevaux, du gros bétail et des moutons ; il renferme des mines de fer et de cuivre, des cairières de granit et d'ardoises, des houillères.

La côte est très-poissonneuse, l'air est sain, quoique humide.

SAINT-Lo, chef-lieu, sur la Vire. Cette ville possède des fabriques de draps, de flanelle, de coutil et de galons. Son commerce a principalement pour objet le fil et le fer. 9,459 habitants. 285 kilomètres O. de Paris. Latitude N.

4o 7', longitude O. 3° 28'.

VALOGNES, sous-préf., au N.-N.-O., dans une vallée, sur le ruisseau de Merderet possède des

manufactures de draps, des filatures de coton et de laine, avec des fabriques de porcelaine.

5,897 habitants.

CHERBOURG, sous-préf., au N.-N.-O., a un port qui peut recevoir des vaisseaux de guerre, et qui est un des plus beaux de l'Europe : ses chantiers de construction sont très-vastes. Cette ville fournit des bœufs, des porcs, du beurre excellent et de la soude de varech. 35,580 lia- bitants: COUTANCES, sous-préf., à l'O., près de la mer, sur la Soule, possède des fabriques d'armes blanches, de coutil et de papier. 11,000 habitants.

AVRANCHES, sous préf., au S.-S.-O., à 6 kilomètres de la mer. 8,205 habitants.

MORTAIN, sous-préf., au S.-S.-E., petite ville sur la Cance. 2,443 habitants. RÉGION CENTRALE Partie française du Haut-Rhin. — Cette partie est composée des cantons de Belfort, de

..Q.OGRAPHIE UNIVERSELLE

73

-- ; il Delle. de GéroîRSgr^TdeFontaine et d{ cert !

tain nombre de .communes des cantonsDarlk ( nemarie et de Massevaux. Elle est bornée, au nord et à J'est par l'Alsace; au sud par la\^ oi1.' et le département du Doubs ; à i'ouest;~a~ ceux du Doubs, de la Haute-Saône et der-

Vosges.

BELFORT, 40,000 habitants. Jolie et forte ville, sur la rive gauche de la Savoureuse. 423 kilomètres de Paris. Tête de ligne des chemins de fer de France et d'Allemagne.

VOSGES.

Ce département est montagneux, mais assez fertile en grains, fruits à noyaux, bois et pâturages ! il renferme des mines abondantes de fer, de cuivre et de plomb; des carrières de différentes espèces de pierre; de l'ardoise, de la marne, de l'antimotne et de la terre à porcelaine, des eaux minérales et thermales ; il tire son nom des montagnes des Vosges.

EPINAL, chef-lieu, sur la Moselle, commerce en grains, bois, chanvre et lin; fabrique du fil, de la toile, de la faïence et de l'huile. Les environs, couverts de forêts, renferment des verreries et des papeteries. H,870 habitants; 378 kil.

S.- E. de Paris. Latitude N. 48° 22', longitude E. 4° 14'.

NEUFCHATEAU, sous-préf., à l'O. N.-O., au confluent de la Meuse et de la Mouzon. 3,579 habitants.

MIRECOURT, sous-préf., au N., sur le Modon.

5,466 habitants.

SMNT-DIÉ, sous-préf., au N. - E., sur la Meurthe. 12,000 habitants.

REMIREMONT, sous-préf., à l'E. S.-E., sur la Moselle, est le centre du commerce de toutes les montagnes voisines. Ce commerce consiste surtout en planches de sapin, en poix, en glu, en beurre et en fromage. 5,897 habitants.

On remarque aussi dans ce département Plombières, renommée pour ses eaux minérales et son beau papier vélin.

HAUTE-MARNE.

Ce département, traversé par la Marne qui y a sa source et qui se jette dans la Seine près de Paris, produit beaucoup de grains, peu de vin, mais de bonne qualité. Il abonde en gras pâturages et en forêts ; il a des mines et des carrières de meules.

CHAUMONT, chef-lieu, près de la Marne, a plusieurs fabriques de toile, de bas, de bonnets, de chapeaux et de chandelles; commerce en grains et en fer. 8,283 habitants. 262 kil. S.-E. de Paris. Latitude N. 48° 8', longitude E. 2° 50'.

VASSY, sous-préf., anN. N.-O., sur la Biaise.

3,105 habitants.

LANGRES, sous-préf., au S. S.-E., ville trèsancienne, située sur une montagne, dans les environs de laquelle la Meuse, la Marne et la Vingeanne prennent leur source Elle fabrique d'excellente coutellerie, et commerce en meubles estimés. 7,400 habitants.

MARNE.

Ce département, arrosé par la Marne, l'Aube, et l'Ornain, est très-fertile, surtout en vins excellents, connus sous le nom de vins de Champagne. On y trouve des forêts considérables, un grand nombre de forges, des fabriques de draps et de bonnets, des tanneries, des mégisseries et des poteries.

CHALONS-SUR-IIARNE, chef-lieu, a des fabriques considérables, et fait un grand commerce, particulièrement en vins. 15,203 habitants, 170 kil. E. de Paris. Latitude N. 48E 87, longitude E. 2° Vi

/ttËïiMSj ons-préf., au N. N.-O , est une des yifles, l6& lus anciennes et les plus célèbres de F ri:\nc le est située sur la Vesle, dans une plaine è tomée de côteaux qui produisent d'ex]"re vin, dont elle fait un grand commerce, 1 nnfl dp. crains, de fourras-es et de laines.

Cette ville. très-industrieuse, possède un grand nombre de fabriques, d'étoffes de laines, de cotons et de soie, de bonneterie, de chapellerie, de mégisserie, de chandelles et d'excellent pain d'épice. On admire ses promenades et sa cathédrale, le plus bel édifice gothique de Prance, le portail surtout est un véritable chef-d'œuvre.

71,800 habitants.

SAINTE-MENEHOULD, sous-préf., à l'E. N.-E., sur l'Aisne. 4,170 habitants.

VITRY-LE-FRANÇAIS, sous-préf., au S. S.-E., jolie viile. 7,456 habitants.

EPERNAY, sous-préf., à l'O. N.-O., sur la Marne. 12,927 habitants.

AUBE.

Ce département est arrosé par la Seine et l'Aube. Le sol assez uni de la partie N.-O. ne se compose que d'une légère couche de terre végétale qui s'élève sur un fond de craie ; aussi est-il peu productif. Le reste du département offre un sol inégal et très-fertile où l'on récolte de fort bon vin. L'Aube a sa source dans la Haute-Marne. :

TROYES, chef-lieu, ville en bois, fort mal bâtie, mais riche par son industrie, environnée de promenades charmantes, embellie par la Seine.

Cette ville possède une multitude de fabriques de toile, de bonneterie, de draperie, de rubannerie et de papier, des filatures de coton, des tanneries et des amidonneries ; elle fait un commerce considérable, sa charcuterie et renommée. 33,375 habitants, 161 kil S.-E. de Paris.

Latitude N. 48° 18', longitude E., 1° 44'.

ARCIS-SUR-AUBE, sous-préf., au N., 2,735 h.

BAR-SUR-AUBE, sous-préf., à l'E. 5,134 habit.

NOGENT-SUR-SEINE, sous-préfect., au N.-O., 3,609 habitants.

BAR-SUR-SEINE, sous-préf., au S. S.-E., 2,811 habitants.

YONNE.

Le département de l'Yonne possède peu de manufactures, mais il est riche en grains, vins estimés, pâturages, bois, gibier, poisson, fer, pierres lithographiques, pierres meulières, grès et ocre. Son commerce consiste en produits de son sol, en bestiaux et en laines.

L'Yonne, qui le traverse, a sa source dans le département de la Nièvre. *

AUXERRE, chef-lieu, agréablement situé sur l'Yonne, commerce en vins, draperies, coton, mercerie et droguerie, 15,497 habitants, 168 kilomètres E. de Paris. Latitude N. 47° 37', longitude E. 1° 14'.

JOYGNY, sous-préf., sur l'Yonne, au N. N.-O., 6.289 habitants.

SENS, sous-préf., au N. N.-O. dans une campagne fertile, sur la rive droite de l'Yonne, est une ville très-ancienne, entourée de murs de construction romaine : elle commerce en vins, bois flotté et charbon. 10,791 habitants.

TONNERRE, sous-préf., à l'E., sur l'Armançon, commerce en vin renommé, 5,157 habit.

AVALLON, sous-préf., au S.-E., sur le Cousin, 5,540 habitants.

SEINE-ET-MARNE.

Ce département se compose de plaines ondoyantes très-fertiles : on y trouve des carrières de pierres meulière et de grès, des manufactures de toiles peintes, de porcelaine, de poterie, de verres à vitres, des papeteries et

des tanneries. La Seine, la Marne et r Yonne le traversent.

\:ELU, chef-lieu, sur la Seine, a des manufactures de toiles peintes, de verres à vitres, de bouteilles, de toiles et de basins piqués. Son commerce consiste en blés, farines, vins et fromages, 11,400 habitants. 45 kilomètres S.-E.

de Paris. Latitude N. 48° 33', longitude E. 0° 16'.

MEAUX, sous-préf., au N. N.-E. sur la Marne; commerce en blé, laine et fromages excellents, 9,352 habitants.

COULOMMIERS, sous-préf., au N.-Est., sur le grand Morin, ville renommée pour ses melons et ses fromages, 4,434 habitants.

PROVINS, sous-préf., à l'E., commerce en blé, farines conserves de roses et de violettes, foins et cuirs tannés. Cette ville a des eaux minérales purgatives. 6,465 habitants.

FONTAINEBLEAU, sous-préf., au S., fait le commerce des raisins, des fruits et du savon ; fabrique de la faïence et de la porcelaine. Le château avec les jardins et la forêt qui en dépendent rendent cette ville remarquable.

9,971 habitants.

SEINE-ET-OISECe département, dont le territoire consiste en plaines et en collines, possède un sol fertile, un climat sain et tempéré; il abonde en grains, vins fruits, cidre, bois et pâturages. Les principales rivières qui l'arrosent sont la Seine, l'Oise et la Marne. On y trouve une multitude innombrable de manufactures.

VERSAILLES, chef-lieu, est une très-jolie ville, dont les rues sont larges, tirées au cordeau, et les édifices bein bâtis. On admire surtout le château, élevé par Louis XIV, et ses dépendances consistant en un jardin superbe, et en un parc de 16 kilomètres de long, où se trou veut Je grand et le petit Triauon. 61,686 habitants, 19 kilomètres de Paris S.-O. de Paris. Latitude N. 48° 48', longitude O. 0° 12' 53'.

MANTES, sous-préf., au N ,-O., sur la Seine.

5,186 habitants.

PONTOISE, sous-préf., au N., au confluent de la Viorne et de l'Oise, fournit d'excellents bestiaux à la capitale 5,995 habitants.

CORBEIL, sous-préf,, au S.-E., au confluent de la Seine et de l'Essone. 6,016 habitants. ,

ETAMPES, sous-préf., au S., fait un grand commerce de grains, de légumes, d'épiceries et de laine. 8,058 habitants.

RAMBOUILLET, sous-préf., au S.-O., bourg.

3,511 habitants.

Les autres lieux remarquables du département sont : Saint-Germain.en-Laye, au N. —

Marly, au N. sur la Seine, bourg célèbre par une machine qui fournit de l'eau à Versailles.

— Sèvres, au N.-E., bourg dont la porcelaine et la verrerie sont très-estimées.

SEINE.

Ce département, enclavé -dans celui de Seineet-Oise, se compose de Paris et de sa banlieue.

La Seine qui lui donne son nom, prend sa source dans le département de la Côte-d'Or, d'où elle coule au N.-O. dans la Manche.

PARIS, chef-lieu, sur la Seine. Eu égard à son étendue, au nombre et à la beauté de ses édifices, à sa population, aux mœurs de ses habitants, à son industrie, aux arts et aux sciences, dont il est le centre, Paris doit être considéré

comme la première ville du monde. 2,220,000 habitants. La Seine traverse Paris de l'E. à l'O.

Les fabriques les plus remarquables sont celles d'orfèvrerie, de joaillerie, de bijouterie, d'horlogerie, de gazes, de rubans, de fleurs artificielles, de modes, d'ouvrages d'ébénisterie,

de meubles de toute espèce, de papiers peints pour la tenture, d'instruments de mathématiques et d'astronomie, de porcelaine et de faïence. Latitude N. 48° 50', longitude 0°, 0'

SAINT-DEIS, sous-préf., au N., dans une plaine agréable, arrosée pas la Seine, a des manufactures de toiles peintes On remarque dans cette ville l'église de l'Abbaye: servant de sépulture aux rois de France, et la maison d'institution pour les filles des militaires morts pour la patrie. 31,000 habitants.

SCEAUX, sous-préf., à l'E. S -E.. bourg qui possède une manufacture de faïence imitant la porcelaine. 2,287 habitants.

On remarque encore dans ce département Vincennes, à I E. S.-E., ayant un château-fort nommé donjon, et un parc de plus de 400 hect.

17,000 habitants.

EURE-ET-LOIR.

Fertile en grains, en fruits et en chanvres estimé, ce dépaitement abonde aussi en pâturages; il possède des fabriques de draps, d'étamimines. d'é ingles, de papier et de bonneterie Son commerce consiste surtout en bois et en laine, le Loir y prend sa source.

CHARTRES, chef- ieu, sur l'Eure, ancienne ville, en général mal bâtie : elle commerce en grains, farilles, vins, tailles, et en produits de son industrie, lesquels consistent en draps, cuir, bonneterie et chapellerie. 19,586 habitants 88 kil. S -O. de Paris. Latitude N. 480 26', longitude O. 0° 50'.

DREUX, sous-préf., auN. N.-O., sur la Blaise, 7,237 habitants.

NOGENT-I,E-RoTROU. sous-préf., à l'O. S.-O., sur PHiiisne. 7,705 habitants.

CHATEAunuN, sous-préf., au S.-S. O., près du Loir. 6,522 habitants.

ORNE.

Ce département, arrosé par l'Orne qui y prend sa source, est très-favorable à la culture des grains, du chanvre, du lin et des fruits. Il possède une très-belle rilce de chevaux dits normands, de nombreux minéraux, des forges, des tannerie.., des verreries, des papeteries, des manufactures de toiles, de basins et de piqués ; il fait un'commerce considérable.

ALENÇON, chef-lieu, sur la Sarthe, a. entre autres, manufactures celle des dentelles dites point d'Ah nçon. On trouve dans les environs des cailloux qui jouent la pierre Une, et qu'on nomme diamants d'Alençon. 1(5,115 habitants 195 kil. O. S. O. de Paris. Latitude N, 48° 25', longitude O. 2° 16'.

DOMFRONT, sous-préf., à l'O. N.-O., près de la Varenne. 4,716 habitants.

ARGENTAN, sous-préf., au N. N.-O., près de l'Orne, a des manufactures de dentelles dites point d'Argentan. 5,402 habitants.

MORTAGNE, sous-préf., à l'E. N.-E., fabrique des basanes et des toiles. 4,716 habitants.

COTES-DU-NORD.

Le bétail, le bois, le fer et le plomb sont les principaux produits de ce département dont le sol est peu fertile à cause des landes, et dont le climat est changeant et pluvieuxSAINT- BRIEUC, chef-lieu, à 8 kil. de la Manche, commerce en grains, fruits, bestiaux et beurre. 17,096 habitants. 475 kil. O. de Paris.

Latitude N. 480 31', longitude O. 5° 4'.

GUINGAMP, sous préf., à l'O., sur le Trieux,' fabrique des toiles et des cuirs, 6,609 habitants.

LANNION, sous préf., à l'O. N.-O., sur leGuer, commerce en vins de Bordeaux, chanvre et beurre saj^. 6,490 habitants.

LOUDÉAC, sous-préf., au S., a des manufactures de toiles, des forges et des papeteries.

5,975 habitants.

DINAN, sous-préf., à l'E., fabrique de la flanelle et de la toile, commerce en beurre et ep suif. 8,510 habitants.

FINISTÈRE.

Ainsi nommé parce qu'il est situé à l'extrémité occidentale de la France, ce département, que la mer baigne de tous les côtés, excepté à l'E., est peu fertile dans l'intérieur; il renferme du bois de construction, des carrières de charbon de terre, des mines de fer et de plomh; on y élève'de bons chevaux et du bétail à cornes ; la récolte du grain n'y est pas abondante, mais on y fait beaucoup d'excellent cidre.

QUIMPER-CORENTIN, chef-lieu, situé au confluent de deux petites rivières, possède des manufactures de faïence et des brasseries; son commerce consiste en blé, chanvre, lin, toile, chevaux, beurre, poisson et miel. 13,159 habitants, 549 kil. O. de Paris. Latitude N. 57° 48', longitude O. 6° 26'.

CHATEAULIN, sous-préf., au N sur l'Aulne.

3,214'habitants.

BREST, sous-préf., au N.-E., possède le plus beau port de la France; sa rade peut contenir cinq cents vaisseaux de guerre. Son commerce consiste en sardines, maquereaux, vins et eauxde vie. 79,847 habitants.

MORLAIX, sous-préf., au N. N.-E., a un port sur la Manche, formé par Je confluent des rivières de Jacl01 et de Relec, et fait un grand commerce en chevaux, bestiaux, grains et toiles.

14,046 habitants.

QUIMPERLÉ, sous-préf., à PE. S.-E., au confluent de l'Isole et de l'Elle, 6,381 habitants.

MORBIHAN.

Couvert de landes et de terres incultes, ce département, qui tire son nom d'un golfe qui s'y trouve, est peu fertile en grain, excepté en seigle, mais il ade bonnes prairies sur les bords de la mer, de bons pâturages, des mines de plomb et de charbon. Les habitants des côtes se livrent à la pêche.

VANNES, chef-lieu, sur la Marie, communique à la mer par le canal du Morbihall, et fait un commerce considérable en sel, chanvre, grains, cidre, miel et beurre. 13,024 habitants. 459 kil.

O. O.-. de Paris. Latitude 47° 39, longitude 0 5° 5'.

PLOERMEL, sous-préf., au N. N.E., 5,244 habitants.

PONTIVY, sous-préf., au N.-O., sur le Blavet.

7,008 habitants.

LORIENT. sous-préf., à 10., jolie ville maritime, a un port facile, vaste et sûr, et fait un commerce considérable. 34660 habitants.

ILLE-ET-VILAINE.

L'Ille, qui a sa source dans ce département, et la Vilaine, qui vient de celui de la Mayenne, sont les principales rivières qui arrosent cette partie de la France, dont le sol, en pal tie sablonneux et en partie marécageux, est néanmoins assez fertile, surtout en pâturages excellents et en fruits à cidre; ce département renferme aussi des mines de fer et de plomb, ainsi que des carrières d'ardoise.

RENNES, chef-lieu, a un jardin des plantes.

Son commerce consiste en produits de son sol et de son industrie ces derniers sont des toiles à sacs et à voiles, des couvertures de laine,

des cordages et de la faïence. 49,231 habitants.

523 kil. S. Q.-O. de Paris. Latitude N. 45° 6', longitude O. 4° 1'.

SAINT MALO, sous-préf, au N. N.-O., a un port sur la Manche, très-fréquenté, quoique d'un accès difficile. Cette ville possède un arsenal pour la marine, des fabriques de tabac et des chantiers pour la construction des navires; elle entretient un commerce considérable avec l'étranger. 10,698 habitants.

FOUGÈRES, sous-préf., au N.-E., fabrique des toil s à voiles, e.' commerce en verrerie et eaux minérales. 9,041 habitants.

VITRÉ, sous-préf., à l'E. sur la Vilaine, fabrique aussi des toiles à voiles et des toiles d'emballage. 8,603 habitants.

REDON, sous-préf., au S. S.-O., sur la Vilaine, a un petit port, tonstruit des vaisseaux et fabrique du tabac. 6,064 habitants.

MONTFORT-SUR-MEU, sous-préf., à l'O., sur le Meu. 2,345 habitants.

LOIRE-INFÉRIEURE.

Ce département où se trouve l'embouchure de la Loire, produit beaucoup de grains et de fruits, abonde en pâturages qui nourrissent de nombreux troupeaux, et en poissons de mer et d'eau douce; il a des marais salants, des bois de consrruction, des mines de fer et de houille, des tourbières, des carrières de marbre et de granit.

NANTES, chef-lieu, sur la Loire, est une des villes les plus importantes de la franco, par son étendue, par son industrie et par ses richesses; elle a une manufacture de cordages, des fabriques d'indiennes, de coutils, de couvertures, d'instruments aratoires pour les co onies, de toiles à voile, etc., des raffineries de sucre, des verreries, des faïenceries et des filatures de coton. Son commerce, embrassant tous les produits de la France et de l'étranger, s'étend à toutes les parties du monde. Cette ville possède un jardin des plantes, un musée, une bibliothèque publique, un c binet d'histoire naturelle et une societé d'agriculture et de commerce.

111,956 habitants 421 kil. S.-O. de Paris. La- titude N. 47° 13', longitude O. 52'.

CHATEAUBRIANT, sous-préf., au N., fait d'excellentes confitures sèches d'angélique, 4,148 habitants.

ANCENIS, sous-préf., à' l'E. N.-E., sur la Loire. 4,148 habitants.

PAIMBOEUF, sous-préf., à l'O., près de l'embouchure de la Loire, a un port où s'arrêtent les vaisseaux qui ne peuvent remonter jusqu'à Nantes. 2,792.

SAINT-NAZAIRE, sous-préf., ville maritime très-montagneuse à l'embouchure de la Loire.

17,879 habitants. MAYENNE.

Ce département, fertile en grains et fruits à noyaux, nourrit une grande quantité de bestiaux, renferme des mines de fer, des carrières de marbre et d'ardoise. On y élève des vers à soie et des abeilles, La Mayenne, qui le traverse, a sa source daus le département de l'Orne.

LAVAL, chef-lieu, sur la Mayenne, fabrique des toiies, des flanelles et des étamines; commerce en fil, en fer et en bois de construction 24,201 habitants. 283 kil. O. S.-O. de Paris.

Latitude N. 48° 4', longitude O. 3° 9'.

MAYENNE, sous préf., au N., jolie ville sur la rivière du même nom, fabrique de belles toiles.

9,895 habitants.

CHATEAU-GONTHIER, sous-préf., au S , sur la Mayenne, fabrique aussi des toiles et des étamines. 7,019 habitants. A

SARTHE.

On. récolte dans ce département beaucoup de grains et de fruits, du vin et de la graine de trèfle; il renferme du fer, du marbre et de l'ardoise. La Sarthe, qui l'arrose, vient du département de l'Orne.

LE MANS, chef-lieu, sur la Sarthe, commerce en grains, châtaignes, bestiaux et poulardes excellenles, Cette ville a des fabriques de bougie estimée, de toile, de dentelles, de couvertures et d'étarnine. 46,981 habitants. 214 kil. S -0. de Paris. Latitude N. 480 0', longitude 0. 2° 8'.

MAMERS, sous-préf., au N. N.-E , sur la Dive, fabrique des toiles à voile. 5,832 habitants.

SAINT-CALAIS, sous-préf., à l'E. S.-E., 3,582 habitants.

LA FLÈCHE, sous-préf., au S.-O., sur la Loire, possède une école militaire. 9,341 habitants.

MAINE-ET-LOIRE.

Arrosé par un grand nombre de rivières, parmi lesquelles on distingue lesdeux qui lui donnent son nom, ce département est très-fertile : il abonde en bois de construction, en gibier et en poisson; on y trouve du fer, du marbre, de l'ardoise et de la houille. Les habitants nourrissent beauconp de chevaux et de bétail à cornes.

ANGERS, chef-lieu, sur le Maine, ville mal bâtie, excepté tes nouveaux quartiers, possède un jardin des plantes, un cabinet d'histoire naturelle, une bibliothèque publique, une école des arts et métiers. On y trouve des manufactures de draps, des fabriques de toiles, des raffineries de sucre, des tanneries et des blanchisseries. Son commerce consiste principalement en grains, vins, bois de construction et chevaux.

54,791 habitants. 302 kil S -0. de Paris. Latitude N. 47° 28' longitude 0. 20 53'.

SEGRÉ, sous-préf., au N.-O., sur l'Oudon.

2,500 habitants.

BAUGÉ. sous préf., à l'E. N.-E., sur le Couénon. 3,562 habitants.

SAUMUR, sous préf., au S.-E., sur la rive gauche de la Loire 13,663 habitants.

CHOLET, sous-préf., ville excessivement manufacturière, possède une manufacture très-renommée de mouchoirs et de toiles dites Cholettes. 13,552 habitants.

INDRE ET-LOIRE.

Le territoire plat, mais agrooble et très-fertile de ce département, lui a fait donner le nom de Jardin de la France. Cette partie de la France produit toutes sortes de grains et de fruits, de la soie et du miel; elle a d'excellents pâturages, des carrières de pierres meulières, des mines de fer et des eaux minérales.

TOURS, chef-lieu, sur la Loire, fait un commerce considérable, surtout en soie et pruneaux.

Elle a de nombreuses manufactures d'étoffes de !aine, de coton et de soie ; des fabriques de bougie et de faïence. 43,308 habitants. 236 kil.

S.-O. de Paris. Latitude N. 47° 23', longitude 0. 1° 38'.

CHINON, sous-préf., au S.-O., sur la Vienne.

6,810 habitants.

LOCHES, sous-préf., au S.-E., sur l'Indre.

5,038 habitants.

LOIR-ET-CIIER.

Ce département produit en abondance des grains, des légumes, du vin et des fruits; les bestiaux, la volaille, le gibier et le poisson y sont très nombreux. Il sort de ses fabriques des draps communs, des couvertures de coton, des gants, des bas et des ch 'peaux. Son commerce principal se fait en vins, eaux-de-vie et coutellerie.

BLOIS, chef-lieu, sur la Loire, dans une des plus jolies contrées de France, a un beau cliateau et un pont magnifique. Cette ville fait un commerce assez étendu. 19,860 habitants. 179 kil. S.-O. de Paris. Latitude N. 47° 35', longitude 0. 0° 59'.

VENDÔME, sous-préf., au N.-O., sur le Loir.

9,895 habitants.

ROMORANTTN, sous-préf., au S.-E.. sur la Saudre. 7,867 hahitants.

LOIRET.

Le vin est la principale récolte du département du Loiret, où se trouvent aussi de belles forêts, de gras pâturages, beaucoup de gibier et de poisson. La Loire arrose la partie méridionale de ce département et y reçoit le Loiret, rivière navigable dès sa source, mais dont la longueur n'est que de huit kilomètres.

ORLÉANS, chef-lieu, sur la rive droite de la Loire, fait un commerce considérable en grains et en vins. Elle possède de nombreuses fabriques d'étoffes de laine, de bas, de toiles peintes et de couvertures; des tanneries, des blanchisseries de cire, des raffineries de sucre, etc. Ses environs sont remarquables par la fertilité du sol et par la beauté des sites. 49,100 habitants.

LIU kil. S. S.-O. de Paris. Latitude N. 47° 54', longitude 0. 0° 25'.

PITIIIVIERS, sous-préf., au N.-E., sur l'Œuf.

4 807 habitants.

MONTARGIS, sous-préf., à l'E. N.-E., sur le Loing. 7,730 habitants.

GIEN, sous-piéf., à l'E. S.-E., sur la Loire.

6,717 habitants.

CHER.

Fertile en grains et en vins, ce département possède tous les éléments de prospérité. On y trouve du bois en abondance, de riches mines de fer, du charbon de terre et du marbre. Le Cher, qui l'arrose, a sa source dans le département de la Creuse.

BOURGES, chef-lieu, au confluent de l'Àuran et de l'Yevre, ville très ancienne, a des fabriques de draps et de Coutellerie renommée. 31,312 habiiants 232 kil. S. de Paris. Latitude N. 47° 5', longitude E. 0E 4'

SANCERRE, sous-préf., au N.-E., 3,688 habitants.

SAINT-ÀMAND, sous-préf., au S., commerce en grains et en bois merrain. 8,625 habitants.

NIÈVRE. *

Ce département, qu'arrosent plusieurs rivières considérables et qui renferme les sources de ia Nièvre, produit en abondance des grains, du vin, des fruits excellents et du bois; possède de bons pâturages où l'on élève beaucoup de gros et de menu bétail, des carrières de marbre, de pierres, de grès ; des mines de fer, de charbon ; des eaux minérales, etc. Il fabrique des draps, des toiles, des serges, des boutons d'émaux, des casques, des armes, des boulets, des ancres, du cuir, du verre, de la vaisselle et des clous : la coutellerie et la quincaillerie y occupent surtout un grand nombre de bras.

NEVERS. chef-lieu, au confluent de la Nièvre et de la Loire, possède un grand nombre de fabriques. et fait uncommerce considérable. 21,700 habitants. 234 kil. S.-E. de Paris. Latitude N.

46° 59', longitude E. 0° 49'.

COSNE, sous-préf., au N. N.-O., sur la Loire, 6,540 habitants.

CLAMECY, sous-préf., au N. N.-E., sur l'Yonne. 5,616 habitants.

CHATEAU CHINON, sous-préf., à l'E. S.-E., sur l'Yonne. 4,000 habitants.

ALLIER.

On trouve abondamment toutes les productions de la France centrale dans le département de l'Allier. 11 renferme des étangs poissonneux, des mines de houille et de fer, des carrières de marbre, de grès à aiguiser, de la terre à creuset, de l'argile à potier, et des eaux minérales, dont celles de Vichy et de Bourbon-l'Archambault sont très-renommées. Il y a des fabriques de toiles, de quincaillerie et de porcelaine.

L'Allier, qui lui donne son nom, prend sa source dans la Lozère.

MOULINS, chef lieu, sur l'Allier, et une ville trèscommercante 19.890 habitants 288 kil. E.

S.-E. de Paris, Latitude N. 46° 30', longitude E. 1° 0'.

LA PALISSE, sous-préf., au S.-E., 2,821 habitants.

GAGNAT, sous-préf., au S., commerce en bestiaux. 5,469 habitants.

MONTLUÇON, sous-préf., au S.-O., sur le Cher.

22,979 habitants.

INDRE.

Le territoire, généralement plat, de ce département, produit des grains en assez grande quantité, des vins médiocres, du chanvre et du bois; on y trouve beaucoup de fer. L'éducation du bétail, surtout des moutons et de la volaille, est-d'une grande ressource pour les habitants, qui fabriquent aussi des étoffes de laine, des toiles, de l'huile de noix, des cuirs, de la vaisselle commune et de la porcelaine.

ClIATEAUROUX, chef-lieu, sur l'Indre, a plusieurs fabriques et une manufacture de draps.

Son commerce consiste en bestiaux, laines et fer très-estimés. 17,161 habitants. 257 kil. S.O. de Paris. Latitude N. 46° 58', longitude 0.

0° 39'.

LA CIIATRE, sous-préf., au S.-E., sur l'Indre.

5,072 habitants.

LE BLANC, sous-préf., au S.-O., sur la Creuse.

5,814 habitaïits.

ISSOUDUN,sous-préf., au N. -E , sur le Théols, fait un grand commerce de bois et le bétail.

14,000 habitants.

VIENNE.

Le sol très-varié de ce département consiste en coteaux, plaines, landes, bruyères, prairies et terres labourables. Il renferme de belles forêts peuplées de gibier, d'excellents pâturages, des mines de fer,, d'antimoine et de charbon, des earrières de marbre et de granit. Les habitante se bvrent principalement à l'éducation du bétail, à la fabrication du papier et de la coutellerie.

La principale rivière de ce département, la Vienne, prend sa source sur les confins méridionaux du département de la Creuse.

POITIERS, chef-.lieu, au confluent du Clain et de la Boivre, fabrique des serges, des droguets, des étamines. de la bonneterie et des couvertures de lit. Son commerce consiste en fer, laines et papier. 31,0o4 habitants. 338 kil S. S.-O. de Paris. Latitude 46° 35', longitude 2° 0'.

CIIATELLERAULT, sous-préf., au N. N.-E., renommé par sa coutellerie. 14.278 habitants.

LOUDUN, sous-préf., au N. N.-E , 1,403 habi tants.

CIVRAY, sous-préf., au S., sur la Charente.

2,255 habitants.

MONTMORILLON, sous-préf., au sur la Gartempe. 5,208 habitants.

IIAUTE-VIENNE.

Cette partie de la France est une des moins fertiles en grains et en vin; mais elle a de bons pâturages qui nourrissent des chevaux estimés,

des mulets, des moutons et du gros bétail à cornes; elle a des forêts étendues et giboyeuses, des rivières poissonneuses, des mi nés très-riches, des carrières de marbre et de granit, des filatures de coton et de laine, des fabriques de draps, de toiles et de différents objets en fer, des fonderies, des papeteries nombreuses et de tanneries.

LIMOGES, chef-lieu, sur la Vienne, renferme des manufactures de toiles, d'étoffes de laine et de coton, de flanelles, de siamoise, de mouchoirs et de porcelaine, des papeteries, des forges, des blanchisseries de cire et des tanneries.

55,144 habitants. 371 kil. S. S.-O. de Paris.

Latitude N. 450 50', longitude 0. 1° 6'.

BELLAC. sous-préf., au N. 3,601 habitants.

ROCHECHOUART, sous-préf., à l'O. près de la Vienne. 4,159 habitants.

SAINT-YRIEIX, sous 'préf.,au S., sur la Loue.

7,730 habitants.

CREUSE.

Le territoire de ce département est peu fertile; mais on y trouve de bons pâturages et de nombreuses fabriques, parmi lesquelles celles de tapisseries de haute-lisse sont renommées La Creuse a sa source dans la partie méridionale de ce département. GUERET, chef-lieu, 5,725 habitants. 345 .1dl.

de Paris. Latitude N. 46° 10', longitude 0.

0° 25'.

BOUSSAC, sous-préf., au N.-E. 1,080 habitants.

AUBUSSON, sous-préf., au S.-E., sur la Creuse, renommée par ses manufactures de tapisseries.

6,482 habitants.

BOURGANEUF, sous-préf., au S. S.-E., 3,453 habitants.

PUY-DE-DOME.

Ce département tire son nom de la plus haute de ses montagnes ; son territoire, généralement montagneux, est sec, pierreux et aride dans les parties élevées, mais les parties basses sont très-fertiles surtout la belle vallée de la Limagne. Les productions de ce département consistent en grains, vins, châtaignes, fruits, plantes aromatiques, pâturages, miel, plomb,antimoine et houille. On y trouve des sources minérales et thermales.

CLERMONT-FERRANT, chef-lieu, possède des fabriques de ratines, de droguets, de bas, de rubans de soie, de blondes, de toiles, de siamoises, de basins, de damas, de calmandes, d'épingles, de papier, de cartes, de quincaillerie et de coutellerie. On estime les mulets, les chevaux et les fromages de ses environs. 34,546 habitants. 382 kil. de Paris.Latitude N. 45° 46', longitude E. 0° 45'.

RIOM, sous-préf., au N., commerce en épiceries et en quincaillerie. 9,401 habitants.

THIERS, sous-préf., à TE. N.-E. 16,069 habitants.

AMBERT, sous-préf., au S.-E., fabrique des papiers et des dentelles. 7,446 habitants.

ISSOIRE, sous-préf., au S., près du Mont-d'Or, fait de la chaudronnerie. 6,063 habitants.

LOIRE.

Le fleuve qui donne son nom à ce départe- ment, a sa source dans la partie des Cévennes, renfermée dans le département dé l'Ardèche. Il coule d'abord au N. O., puis à l'O. jusqu'à l'Océan, où il se jette après un cours de plus de 200 lieues. Le département de la Loire produit peu de vins, mais assez de grains, beaucoup de châtaignes et d'autres fruits. Il y a de belles forêts peuplées de pins, beaucoup de mines et

des carrières; ses fabriques sont nombreuses et très actives.

SAINT-ETIENNE, chef-lieu, au S.-E., sur le Furens, fabrique une grande quantité d'armes à feu et d'armes blanches d'une trempe excellente. 110,804 habitants, à 464 kil. de Paris.

Latitude N. 45° 35', longitude E. 1° 4'.

MONTBRISON, sous-préf., a des eaux minérales dans son voisinage. 6,987 habitants.

ROANNE, sous-préf., au N., sur la Loire, ville très-commerçante. 19,920 habitants.

HAUTE-LOIRE.

Ce département ne diffère guère du précédent, quant à la forme du pays, aux productions et à l'industrie.

LE PUY, chef-lieu, renferme des fabriques de dentelles, de blondes, de couvertures, d'étoffes de laine, de toiles et de faïence; ses teintures sont très-belles. 19,233 habitants. 610 kil. S.

S.-E. de Paris. Latitude N. 45° 30' longitude E.

1° 30'.

YSSENGEAUX, sous-préf., a l'E. N.-E. 3,347 habitants.

BRIOUDE, sous-préf., au N.-O., sur l'Allier.

4,856 habitants.

VENDÉE.

Le département de la Vendée s'étend le long de l'Océan au S. de celui de la Loire-Inférieure.

Son sol, entièrement plat, fournit le meilleur blé de France et nourrit de très-beau bétail. La Vendée, qui se jette dans la Sèvre, prend sa source dans ce département.

LA ROCHE-SUR-YON, chef-lieu, ville située sur une colline dont le pied est baigné par la rivière de l'Yon. 8,703 habitants. 413 kil. de Paris.

Latitude N. 46° 40', longitude O. 3° 45'.

FONTENAY-LE-COMTE, sous-préf., au S.-E., sur la Vendée. 8062 habitants.

LES SABLES-D'OLONNE, sous-préf., au S.-O., port sur l'océan Atlantique. 8,292 habitants.

DEUX-SEVRES.

Deux rivières du même nom, dont l'une se jette dans la Loire et l'autre dans l'Océan, ont leurs sources dans ce département où l'on récolte, outre une grande quantité de grains; des châtaignes et du tabac, et où l'on élève beaucoup de bétail.

NIORT, chef-lieu, sur la Sèvre Niortaise qui est navigab.e jusqu'à la mer et qui lui ouvre une voie commode pour le débit de ses marchandises, Niort fabrique des étoffes de laine, de la bonneterie, de la chamoiserie et du papier. 20,775 habitants. 411 kil. S.-O de Paris.

Latitude N. 46° 20', longitude O. 2o so'.

BRESSUIRE., sous-préf., au N. 3,369 habitants.

PARTHENAY, sous-préf., au N. N.-E., sur le Thouet. 4,541 habitants.

MELLE, sous-préf., à l'E. S.--E. 2,528 habitants.

CHARENTE-INFÉRIEURE.

Le département de la Charente-Inférieure est fertile, mais malsain Ses marais saians donnent le meilleur sel de l'Europe; ses forêts de bon bois de construction et d'excellents merrains.

LA ROCHELLE, chef-lieu, ville maritime, avec un bon port, où se fait un grand commerce particulièrement en vin et eaux-do-vie du département. 18,720 habitants. 473 kilom. S.-O.

de Paris. Laittude N. 56° 15', longitude O.

3° 25'.

ROCHEFORT, sous-préf., au S., sur la Cha"

rente, à peu de distance de son embouchure, a un port excellent et très-fréquenté. 30,151 h.

SAINT-JEAN-D'ANGELY, sous-préf., au S.-E., sur la Boutonne. 6,604 habitants.

MARENNES, sous-préf., au S. S.-E., à peu de distance de la mer. On pêche dans les environs de très-bonnes huîtres. 4,418 habitants.

SAINTES, sous-préf., au S. S.-E., sur la Charente. commerce en blé, vin, eau-de-vie, laine, basin et faïence. 12,347 habitants.

JONSAC, sous-préf., au S. S. -E., sur la Seugne. 3,147 habitants.

CHARENTE.

Ce département, fertile en grains et en vin, produit aussi des châtaignes, du safran et des truffes. On y trouve des mines de fer, du plâtre et des meules à aiguiser. L'industrie y a principalement pour objet le travail du fer, la fonte des canons pour la marine, celle des chaudières, et autres objets en fonte destinés aux raffineries des colonies; la fabrication d'un très-beau papier et la distillerie des eaux:devie connues de toute l'Europe sous le nom de Cognac. La Charente, qui traverse ce départe- ment, a sa source dans celui de la Haute- Vienne.

ANGOULÊME, chef-lieu, sur la Charente, fait un commerce considérable et fabrique une grande quantité de très-beau papier. 25,116 habitants. 442 kil. S. S.-E. de Paris. Latitude N.

45° 40', Longitude O. 2° 30'.

CONFOLENS, sous-préf., au N.-E., sur la Vienne. 2,755 habitants.

RUFFEC, sous-préf., au N., sur l'Auch., 3,290 habitants.

COGNAC, au N. N.-O., sur la Charente, renommé par ses eaux-de-vie. 13,400 habitants.

BARBEZIEUX, sous-préf., au S.-O., a des eaux minérales. 3,881 habitants.

DORDOGNE.

Ce pays, couvert de bois, est peu fertile en grains et en vin, mais il abonde en châtaignes, truffes et gibiers. Ses mines de fer et ses carrières de granit sont inépuisables. La Dordogne, sa principale rivière, prend sa source au pied du Mont-Dore, dans le département du Puy-de. Dôme.

PÉRIGUEUX, ef-lieu, sur l'Ile, commerce en châtaignes, truffes, volailles et pâtés de perdrix, dits pâtés de Périgueux 7,i 50 habitants, 499 kilom. S. S.-O. de Paris. Latitude N.

45° 15',' Longitude O. 1° 40'.

NONTRON, sous-préf., au N. 3,000 habitants.

RIBERAC, sous-préf.. à l'O. N.-O., sur la Drôrne, 3,465 habitants.

BERGERAC, sous-préf., au S. S.-O., sur la Dordogne, fournit des vins d'une excellente qualité, fabrique des eaux-de-vie. et des draperies. 9,530 habitants.

SARLAT, au S.-E., près de la Dordogne. 5,500 habitants.

CORRÈZE.

La partie septentrionale de ce département où se trouve la souce de la Corrèze, est montueuse et peu fertile; le sol de l'autre partie est plus productif, et fournit des grains et du vin en assez grande quantité. Les autres productions du département consistent en truffes champignons, châtaignes, bois, fer, plomb, cuivre, antimoine, houille, ardoise, laine, coton et soie fllés; en papier et cuirs.

TULLE, chef-lieu, sur la Corrèze, fabrique des armes à feu, des dentelles qui portent son nom, des étoffes de laine, de l'eau-de-vie, des li-

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE 77

queurs fines et de l'huile de noi (Y 0 ha- bitants, 480 kilom. S. Paris. Latitude/N. 4Ï° 20' ,' longitude 0. 0° 35'. I l. f USSEL, sous-préf., au N E 3 00 habitants..

BRIVES, sous-préf., au S.-O., su\ LA^9rrèze.c On v blanchit la cire et fabrique d

10,389 habitants. - -------CANTAL.

Ce département tire son nom de sa principale montagne. Il est peu fertile en céréales et en vins; mais il a de bons pâturages où l'on élève des chevaux, des mulets et des bêtes à cornes, Son industrie consiste à convertir en planches et en merrain les chênes et les sapins de ses forêts, à fabriquer de la chaudronnerie, du papier, de la toile et des dentelles.

AURILLAC, chef-lieu, sur la Jourdane, fournit au commerce des bestiaux, des fromages, des cuirs, des dentelles, etc. 10,998 habitants, 554.

kilom. S. de Paris. Latitude N. 44° 54', longitude E. 0° 8'.

MURAT, sous-préf., au N.-E.. 2,666 habitants.

MAURIAC, sous-préf., au N.-O. 3,540 habit.

SAINT-FLOUR, sous-préf., à l'E. N.-E., fait le commerce des grains, des mulets et de la chaudronnerie, 4,700 habitants.

COTE-D'OR.

Ce département, qui doit son nom à la fertilité de son sol, abonde en toute espèce de productions; mais sa grande richesse consiste dans ses vins, dont les plus renommés sont ceux du Clos-Yougeot, de Chambertin, de la Romanée, de Saint-Georges, de Beaune, de Pomard, de Volnav, de Meursault et de Nuits.

Les forges sont très-communes dans ce département, dont le commerce est favortsé par la Seine et la Saône, rivières navigables; par le canal de Bourgogne qui unit la Saône à la Seine, et par de belle routes.

DUON, chef-lieu, jolie ville, où se trouve un grand nombre de manufactures qui fournissent des toiles peintes, des couvertures de laine, de gros draps, de la bougie, du vinaigre et de la moutarde renommée, 89,193 habitants. 304 kil.

S.-E. de Paris. Latitude N. 47° 20', longitude E. 2° 40'.

CIIATILLON-SÙR-SEINE, sous-préf., au N., sur la Seine. 4,789 habitants.

SEMUR, sous-préf., à l'O. N.-E., sur l'Armançon, 3,815 habitants.

BEAUNE, sous-préf., au S , renommée par ses bons vins. 10,907 habitants.

HAUTE-SAONE.

La Saône, qui a sa source dans ce département, lui donne son nom. On recueille dans la Haute-Saône beaucoup de froment, du seigle, du maïs et du raisin. Ce pays possède de bons pâturages, du bois de construction, du fer, du cuivre, du plomb, de la houille, du granit, des sources salées, minérales et thermales, des fonderies, des tuileries, des verreries et des papeteries.

VESOUL, chef-lieu, sur le Durgeon, a beaucoup de vignobles dans ses environs. Cette ville commerce en draps, toiles, clouterie et quincaillerie. 7,615 habitants. 362 kilom. S.-E. de Paris. Latitude N. 47° 40', longitude E. 3° 45'.

LURE, sous-préf., à l'E. N.-E. 3,616 habit.

GRAY, sous-préf., à l'O. S.-O., sur la Saône, fait un commerce considérable en grains et en fer. 6,121 habitants.

DOUBS.

Ce département, généralement montagneux, est néanmoins très-fertile en grains et en vins,

c pté dans la partie S.-E., où l'on ne trouve pcesuue que des forêts de sapins et des pâtul s, Il possède des mines de fer, du marbre, Jtourbières, des salines, des forges, des filatures de coton, des tanneries, des brasseries.

Me. Il commerce en bestiaux, fromages, grains,

vins, bois, tôle, fer lamine, horlogerie, salpêtre, papier, bonneterie, gros draps, couvertures de laine et chapeaux. Le Doubs y a sa source près des frontières de la Suisse.

BESANÇON, chef-lieu, sur le Doubs, ville trèsbien fortifiée, où l'on fabrique des bas, des cuirs, de l'horlogerie, du fil de fer, des armes, 46,961 habitants. 388 kilomètres S.-E. de Paris.

Latitude N. 47° 15', longitude E. 3° 40'.

MONTBÉLIARD, sous-préf., au N.-E., 6,408 habitants.

BAUMES-LES-DAMES, sous-préf., à l'E. N.-E., sur le Doubs, a des fabriques de verre. 2,544 habitants.

PONT AR LIER, sous-préf., au S.-E., sur le Doubs. Tout près de cette ville est le fort de Joux. 4,896 habitants.

JURA.

Le département du Jura tire son nom de celui de ses montagnes. La partie basse est très-fertile en grains, en vin et en maïs; l'autre fournit du sapin, du buis et d'excellents pâturages. Ce département renferme des sources qui donnent dans les années ordinaires 150,000 quintaux de sel; des mines de fer qui alimentent un grand nombre de forges; des carrières de charbon, d'albâtre et de marbre, du sable propre aux verreries. On y fabrique des draps communs, des toiles, du papier, de la tabletterie. du fer, de l'horlogerie estimée, et une grande quantité de beurre et de bon fromage.

On y élève aussi de bons chevaux pour la cavalerie.

LONS-LE-SAULNIER, chef-lieu, sur la Vallière, commerce en grains, vins, sel et fromage, cuirs, bois et fer. Cette ville possède un grand nomb e de tanneries et de belles salines. 9,912 habitants. 409 kilonv S.-E. de Paris. Latitude N.

46° 40\ longitude E. 30 15'.

DOLE, sous-préf., au N., sur le Doubs et le canal du Rhin, fait un commerce considérable en grains, vin et fer. 11,093 habitants.

POLIGNY. sous-préf., au N. N.-E., fournit du salpêtre raffiné et de bon vin. 4,906 habitants.

SAINT CLAUDE, sous-préf., à l'E. S.-E., sur la Bianne et le Tacan, fait un commerce considérable en tabletterie. 6,748 habitants.

SAONE-ET-LOIRE.

Ce département, situé au sud de celui de la Côte-d'Or, produit aussi de bon vin et beaucoup de grains. On trouve dans la partie la plus montagneuse de bons pâturages, du bois, du fer, du charbon de terre, du marbre, de la pierre à plâtre et des eaux minérales. Ses produits industriels consistent en cuivre laminé, en cristaux, en ouvrages de fer, etc. La Saône, la Loire et le canal du Centre, qui unit ces deux rivières en traversant le département par le milieu, favorisent singulièrement son commerce qui est considérable.

M\CON, chef lieu, sur la Saône, fait un grand commerce, surtout en vins eslimés. 17,453 habitants. 401 kilom. S.-E. de Paris. Latitude N.

46° 20', longitude E. 2° 30'.

CHALON-SUR-SAONE. sous-préf., au N., entrepôt du commerce de la Méditerranée et de l'Océan, expédie une grande quantité de vin et de fer. 10,500 habitants.

AUTUN. sous-préf., au N. N.-O., sur l'Arroux, commerce en bois, chanvre, tapis et chevaux. 12,389 habitants. 1

CHAROLLES, sous-préf., à l'O. N.-O., 2,400 habitants.

LOUHANS, au N. N.-E., petite ville très-commerçante. 4,000 habitants.

AIN.

On trouve dans ce département des terres très-fertiles et bien cultivées; d'autres qui sont peu productives et en mauvàis état de culture.

Les étangs y sont nombreux et poissonneux; mais ils rendent l'air malsain. C'est particulièrement dans la partie N.-O. que l'on éprouve cet inconvénient. Ce département est peu manufacturier; son commerce consiste en produits du sol, c'est à-dire en grains, en vin et en bois, ,en chevaux, en bêtes à cornes, en poulardes et chapons dits de Bresse. L'Ain, qui le traver&e, a sa source dans le département du Jura.

BOURG, chef lieu, sur la Reyssouse, vilJe trèscommercante et très riche. 13,753 habitants.

332 kilom. de Paris. Latitude N. 46° 12', longitude E. 20 54'.

GEX, sous-préf., ville située au pied de la chaîne du Jura. 2,478 habitants.

NANTUA, sous-préf., à l'E., fabrique des draps de coton, des nankins, du papier-, des cuirs et des ouvrages au tour. 5,637 habitants.

BELLE Y, sous-préf., au S.-E. 4.316 habitants.

TRÉVOUX, sous-préf., au S.-O., sur la Saône 2,86J habitants.

RHONE.

Le Rhône, qui prend sa source au pied du mont de la Fourche, dans les Alpes de la Suisse, donne son nom à ce département entrecoupé de coteaux, de plaines et de montagnes, et fertile en grains, vins, fruits et pâturages.

Ce département possède de riches mines de différents métaux et de charbon de terre, des manufactures de draps, de toiles, de soieries très-renommées.

LYON, chef-lieu, au confluent du Rhône et de la Saône, seconde ville de France, est très-renommée par ses soieries. 316,280 habitants.

468 kilom. de Paris. Latitude N. 450 45', longitude E. 2° 25'.

VILLEFRANCHE, sous-préf., au N. N.-E. 11,87e habitants.

ISÈRE. ,

Le sol de ce département est montueux, et plus propre au pâturage qu'à l'agriculture. Il produit du bois de construction pour la marine, de la soie, des fourrages et les autres produc lions de la France centrale. On élève dans ce pays beaucoup de bestiaux. Il y a des mines d'argent, de cuivre, de plomb, d'acier, de fer et de charbon de terre, ainsi que des carrières de jais; on y fabrique d'excellent fromage, des draps, des toiles, des gants et beaucoup d'ouvrages en acier. L'Isère, qui descend des Alpes, traverse le département du N.-E. au S.-O.

GRENOBLE, chef-lieu, a de nombreuses fabriques, surtout de gants, d'ébénisterie et d'ouvrage-! faits au tour. 35,224 habitants. 643 kilomètres de Paris. Latitude N. 450 10', longitude E. 3° 25'.

LATOUR-DU-PIN, sous-préf., au N. N.-O. 2,835 habitants.

VIENNE, sous-préf., au N.-O. sur le Rhône, ville très-ancienne, avec des fabriques de papiers peints, de cartons, de ratines, de toiles à voile, de verre, de fer. d'acier et de cuivre. A l'ouest de cette ville se récoltent les bons vins de Côte-Rôtie, dans le département du Rhône.

26,200 habitants.

SAINT-MARCELLIN, sous-préf., à l'O. 3,082 h.

RÉGION MÉRIDIONALE.

Elle contient vingt-huit départements, en y comprenant celui de l'île de Corse.

ARDÈCHE.

Ce département produit des grains en assez grande quantité, du vin, des châtaignes, des figues, des olives et des truffes: on y élève beaucoup de bestiaux et de vers à soie. Il y existe des mines de houille, et l'Ardèche, qui lui donne son nom, y a sa source.

PRIVAS, chef-lieu, sur l'Ouvèse, a des manufactures de soie. 6,279 habitants. 608 kilom.

S.-E. de Paris. Latitude N. 44° 35', longitude E. 2° 18'.

TOURNON, sous-préf., au N. N.-E., sur le Rhône. 5,209 habitants.

LARGENTIÈRE, sous-préf., au S.-O. 3,296 hab.

DROME.

Le vin fait la principale richesse de ce département peu fertile en grains. On y recueille aussi de la garance, des châtaignes, des noix, des olives, des amandes et des truffes. L'éducation des bestiaux et des vers à soie, ainsi que la fabrication des étoffes de laine, de chanvre et de coton, procurent de grandes ressources aux habitants. La Drôme a sa source dans la partie orientale de ce département.

VALENCE, chef-lieu. sur le Rhône, possède des fabriques de toiles de coton, et commerce en grains, vins, soie et papier. 17,420 habitants.

560 kilom. S.-E. de Paris. Latitude N. 44° 53', longitude E. 2° 35'.

DIE, sous-préf., au S.-E., fabrique des draps et du papier. 3,741 habitants.

MONTÉLlMART, sous-préf., au S., sur le Roubion, commerce en serges, bonneterie et racines. 10,040 habitants.

NYONS, sous-préf., au S. S.-E. 3,611 habit.

HAUTES-ALPES.

Ce département étant hérissé de hautes montagnes et très-boisé, on y récolte peu de grains, de vin et d'autres productions de la France méridionale, mais on y élève beaucoup de gros et de menu bétail, et l'on y fabrique différentes étoffes, de la toile et des cuirs, des ouvrages en fer et en cuivre. Les productions minérales y sont très-abondantes.

GAP, chef-lieu, sur la Brème, a plusieurs manufactures. 7,517 habitants. 672 kilom. S.-E.

de Paris. Latitude N. 44° 35', longitude E. 3° 45'.

BRIANÇON, sous-préf., au N.-E., sur la Durance, ville forte, avec des filatures de coton, une manufacture de cristaux et une fonderie de cuivre. 3,402 habitants.

EMBRUN, sous-préf. à l'E., ville forte. 3,790 habitants.

BASSES-ALPES Ce département est un peu plus fertile que le précédent, auquel il ressemble d'ailleurs beaucoup sous le rapport de la forme du pays, des productions et de l'industrie.

DIGNE, chef-lieu, sur la Bléonne, possède dans son voisinage des eaux minérales ; commerce en fruits secs, cire jaune, miel blanc, laines recherchées, graines de trèfle, luzerne, chanvre, toile et vermicelle 6,12i habitants.

750 kilomètres S.-E. de Paris. Latitude N. 44° 5', longitude E. 3o 55'.

BARCELONNETTE, sous préf., au N.-E. 1,919 h.

SISTERON, sous-préf., au N,..O., sur la Durance, ville forte. 4,131 habitants.

FORCALQUIER, sous-préf., au S.-Q. 2,727 hab.

CASTELLANE, sous-préf., au S. S.-E. 1,805 h.

VAUCLUSE.

Une fontaine célèbre de ce département lui a donné son nom. Le sol de cette partie de la France est fertile dans les terres basses, pierreux et sec dans les montagnes, où il est surtout propre à la vigne. Outre les productions en grains et en vin, on récolte dans ce département de la garance, du safran, de l'anis de la omme de cerisier, de la térébenthine, des ecorces aromatiques et médicinales ; on y trouve des mines de fer, de houille, du jaspe, des géodes, des calcédoines et du plâtre; de le. terre à porcelaine, à poterie, à creusets ; des sources d'eaux minérales et salées: on y élève des abeilles et beaucoup de vers à soie; on y fabrique des soieries, des toiles peintes, du papier et de la faïence. Les cantharides y sont l'objet d'un grand commerce.

AVIGNON, chef lieu, sur le Rhône, a de nombreuses manufactures, une fonderie, des fabri ques de vert-de-gris et d'acide nitrique, et une raffinerie de salpêtre. Son commerce consiste en vin, eau-de-vie, eau-forte, huile, fruits secs, soie, laine, drogues médicinales, parfums, miels, etc. 31,907 habitants. 729 kilom. S.-E. de Paris. Latitude E. 43° 57', longitude N. 2° 30'.

ORANGE, sous-préf., au N., fournit au corn.

merce les mêmes objets qu'Avignon. 7,250 h.

CARPENTRAS, sous-préf., au'N.-E. sur l'Auzon, au pied du mont Ventoux, ville très-commerçante, 10,414 habitants.

APT., sous-préf., à l'E. S.-E., sur le Calavon, commerce en fruits et confitures renommées.

5.006 habitants.

GARD.

Traversé au N.-O. par les Cévennes, ce département est généralement peu fertile en grains, mais il produit de bons vins le long du Rhône, des châtaignes, du kermès, de la soie, du miel, etc. Ses montagnes renferment des minéraux de toute espèce et des eaux minérales. La population du Gard est très-industrieuse ; elle fabrique des eaux-de-vie, de l'esprit de vin, du savon, des cuirs,- du papier, des étoffes de soie et de laine, des bas, des rubans, des tonneaux, du verre et de la faïence. Le Gard ou Gardon, sur lequel est un pont ou acqueduc remarquable de construction romaine, arrose ce département.

NÎMES, chef-lieu, ville ancienne qui conserve de beaux monuments de l'antiquité, parmi lesquels on distingue les Arènes et la Maison Carrée. On y trouve de nombreuses manufactures et un commerce assez florissant. 60,240 habitants. 713 kilom. S.-E. de Paris. Latitude N.

43° 40', longitude E. 2° 2'.

UzÈs, sous-préf., au N., commerce en huile, vin, soie, bas de soie, draperies et cartons.

5,895 habitants.

ALLAIS, sous-préf., au N. N.-O., sur le Gardon, fait un grand commerce en soie, a des manufactures de rubans et bas de soie, une verrerie considérable et des eaux minérales.

19,345 habitants.

LE VIGAN, sous-préf., à l'O. N.-O., 5,011 h.

BOUCHES-DU-RHONE.

Quoique ce département reçoive des ramifications des Alpes, il ne forme pour ainsi dire qu'une vaste plaine à l'embouchure du Rhône ; son sol est peu fertile en blé, mais on y trouve toutes les autres productions du midi-de la France, en assez grande quantité. Son commerce maritime est immense.

MARSEILLE, chef-lieu, sur la Méditerranée, doit sa fondation à une colonie de Phocéens.

Cette ville, une des plus peuplées et des plus belles de France, est aussi une des plus impor-

tantes par son port, un des meilleurs de la Méditerranée, par son industrie et par son com- merce. 833 kilom. S. de Paris. Latitude N. 43° 17' 49", longitude E. 3° 2' 0'. 300,131 habitants.

Aix, sous-préf., au N., ville très-agréable qui fait le commerce des vins, des eaux-de-vie, des huiles, des fruits du Midi, du vermicelle, de la semoule, des truffes marinées et de la soie; elle a des filatures de coton, avec des fabriques d'étoffes de laine, de coton et de soie. 28,152 1 habitants. Ses eaux minérales étaient célèbres du temps des Romains.

ARLES, sous-préf., au N.-O., ville ancienne et célèbre, qui conserve de nombreux monuments de l'antiquité. Son commerce et son industrie sont les mêmes qu'à Aix. 25,821 habit.

VAR.

Le département 'du Var se compose de montagnes au nord, de terres basses et marécageuses au sud. La partie occidentale fournit de bons vins rouges et blancs muscats, des pistaches des avelines, beaucoup de fruits, mais peu de blé. Les montagnes renferment d'excellents pâturages. Les productions minérales se composent particulièrement de fer, de marbre, de houille et de pouzzolane ; celles de l'industrie consistent en draps commnns, soierie, cuirs, verre, sel de saturne et autres; la pêche, dans la Méditerranée, occupe un grand nombre d'habitants. Le Var, qui a sa source dans la partie N.-O du comté de Nice, sépare ce département des Alpes-Maritimes.

DRAGUIGNAN, chef-lieu, a des fabriques de gros draps, de cuirs et de bonneterie. 9,446 habitants. 864 kilom, S.-E. de Paris. Latitude N.

43° 30', longitude E. 4° 10'.

BRIGNOLES, sous-préf., à l'O. S.-O., com-

merce en pruneaux et fruits secs renommés.

5,376 habitants.

TOULON, sous-préf., au S.-O., ville 'maritime bien fortifiée; son port est un des plus beaux de l'Europe; il s'y fait un commerce considéra- ble en production'du pays. 74,800 habitants.

ALPES-MARITIMES.

Le sol de ce département diffère peu de celui du Var. On s'y occupe beaucoup de l'éducation des abeilles et des vers à soie. On y trouve des distilleries, des filatures de soie, des moulins à huile, des papeteries- et des savonneries. Les principales productions industrielles sont le bois de construction, les essences, les fruits du midi, les huiles d'olives, le miel, la parfumerie, la soie, etc.

NICE, chef-lieu, à l'embouchure du Var, avec un bon port à l'abri de tous les vents, dans une situation délicieuse et où les rigueurs de l'hiver sont inconnues. 52,377 habitants, à 880 kilom. S. de Paris.

GRASSE, sous-préf., admirablement située sur le revers d'une colline qui présente un superbe amphithéâtre. 12,241 habitants.

PUGET-TIIENIERS, sous-préf. Sources d'eaux minérales ferrugineuses. Manufactures de draps.

1,320 habitants.

SAVOIE.

Le département de la Savoie est un pays de montagnes, il est cependant � agricole et la science de la terre y est en progrès, bien que le sol soit tourmenté et d'une culture difficile. On s'y occupe beaucoup de l'élevage des bestiaux et de l'industrie des vers à soie.

CIIAMBÉRY, chef-lieu. Jolie ville située dans une plaine fertile sur le torrent de Laisse et sur l'Atbane ; on y fabrique de la gaz de soie, du savon, des bougies, du drap, des bas de soie et de laine. 18,300 habitants, à 600 kilom. S.-O.

de Paris.

ALBERTVILLE. Se compose des deux villes de l'Hôpital et de Conflans. 4,398 habitants.

MOUTIERS, sous-préf. Petite ville industrielle, importante par ses eaux de mer chaude (30° centigrade), unique dans ce genre. 1,956 hab.

SAINT-JEAN-DE-:MAURIENNE, 3,121 habitants.

HAUTE-SAVOIE.

Le département de la Haute-Savoie est aussi un pays très-accidenté. L'agriculture y est en voie de progrès et* les terres y sont bien cultivées. L'élevage des animaux domestiques forme une branche importante de commerce. On y fabrique du fromage de Gruyère et du miel très-renommé. Le commerce consiste surtout eu bois de sapin et en bois de construction ; la Haute-Savoie possède des hauts-fournaux, des lorges, des fonderies, des laminoirs, des fours à cnaux, etc. On y fabrique des indiennes, du papier et du verre, Dans la partie S.-E. le tabac est cultivé et donne un produit de bonne qualité. ANNECY, chef-lieu, ville importante par ses nombreuses fabriques; commerce considérable.

10,195 habitants, à 440 kilom. S.-O. de Paris.

BONNEVILLE, sùus-préf., 2,101 habitants.

SAINT-JDLTEN-GENEVOIS, sous-préf., 1,242 h.

THOUON, sous-préf., sur les bords du lac de Genève. 6,056 habitants.

HÉRAULT.

Traversé par les Cévennes au N.-O., et baigné par le golfe de Lyon, au S.-E., ce département est en partie montagneux et aride, en partie unie et fertile; on y récolte peu de blé, mais beaucoup de vin et des fruits, du pastel, du salicot, de la garance, du tournesol et de la soie. On y trouve des pâturages, de belles forêts, du plomb, de la houille, du marbre et de belles salines. l'Hérault, qui a sa source dans le département du Gard, traverse celui-ci du nord au sud.

MONTPELLIER, chef-lieu, à peu de distance de la'mer, renferme de nombreuses manufactures d'étoffes de laine, de coton et de soie, des fabriques de parfums, de savon, de liqueurs, d'eau-forte, d'eau-de-vie, d'huile de vitriol, de vert-de-gris et des tanneries. Cette ville possède un très-riche Jardin des Plantes. 50,000 habitants. 750 kilom. S. S.-E. de Paris. Latitude N.

430 35', longitude E. 38'.

LODÈVE, sous-préf., à l'O. N.-O., sur l'Ergue, fabrique de draps pour l'habillement des troupes. 10,571 habitants.

SAINT-PONS, sous-préf., à J'O. S.-O., sur le Jaur, a dans son voisinage de belles carrières de marbre. 6,137 habitants.

BÉZIERS, sous-préf., au S.-O. Son climat et son site sont également admirables. Cette ville a un'grand nombre de fabriques. 27,722 habit.

AUDE.

Les Cévennes qui traversent ce département, et les Pyrénées qui y envoient des ramifications, le rendent très-accidenté; il est néanmoins assez fertile, et l'on élève dans ses pâturages un grand nombre de bêtes à laine; ses montagnes fournissent beaucoup de bois, du cuivre, de l'étain, du plomb, de la houille et du marbre. L'Aude, qui descend des Pyrénées, est la seule rivière considérable qui l'arrose, mais il est traversé par le canal qui unit la Méditerranée à la Garonne, et par conséquent à l'Océan.

CARCASSONNE, chef-lieu, sur le canal du Midi, fait un grand commerce en grains, vins, eauxde-vie, fruits, papier, savons, cuirs, toiles, draps, couvertures de laine et bonneterie.

25,644 habitants, 701 kilom. S. de Paris. Latitude N. 43° 15', longitude E. 0° 0.

NARBONNE, sous-préf., à l'E , près de la mer, à laquelle elle communique par le canal de la Robine, fournit du miel excellent et d'autres produits du Midi. 17,266 habitants.

CASTELNAUDARY, sous-préf., à l'O., sur le canal du Midi, a des fabriques de draps et de cuirs. 8,873 habitants.

LIMOUX, sous-préf., au S. S.-O., sur jl'Aude.

6,198 habitants.

PYRÉNÉES-ORIENTALES.

La partie méridionale de ce département étant très-montagneuse, on y récolte peu de grains; l'autre partie, arrosée pai la Tet, est fertile, surtout en vins chauds et colorés, parmi lesquels on distingue ceux de Salces et de Rivesaltes. Les moutons sont nombreux dans ce département, ainsi que la volaille et le gibier.

Les montagnes abondent en bois, cuivre, fer, antimoine, houille, granit. Quant au commerce, il consiste principalement en bestiaux, grains, vin, fer, poisson et parfums.

PERPIGNAN, chef-lieu, sur la Tet, à 3 kilom.

de la Méditerranée, ville forte et très-commerçante, a des manufactures de draps, de soieries et de dentelles, ainsi que beaucoup de forges.

27,378 habitants. 846 kilom. S. de Paris. Latitude N. 42° 40', longitude E. 0° 35'.

CERET, sous-préf., au S. S.-O., sur le Tech.

3,712 habitants.

PRADES, sous-préf., à l'O. S.-O., sur la Tet.

2,400 habitants.

LOZÈRE.

Son nom est tiré de celui d'une petite chaîne de montagnes qui fait partie des Cévennes. Ce département est peu fertile en grains à cause de la nature montagneuse de son sol, mais les châtaignes, les pommetrde terre, le chanvre, la soie, le tabac, les pâturages et les bois y abondent, ainsi qu'un grand nombre de minéraux.

MENDE, chef-lieu, sur le Lot, fabrique des serges et des cadis. 5,953 habitants. 567 kilom.

S. de, Paris. Latitude N. 44° 30', longitude E. 1° 12'.

MARVEjoLS, sous-préf., à l'O., a des fabriques d'étoffes, commerce en laine. 4,818 habit.

FLORAC, sous-préf., au S. S.-E. 2,171 habit.

AVEYRON.

Un peu moins montueux que le précédant, à l'O. duquel il e.t situé, ce département est plus fertile; on y élève beaucoup de bétail: l'Aveyron y a sa source.

RHODEZ, chef-lieu-, sur l'Aveyron, ville ancienne où sont fabriquées des étoffes de laine, des toiles et fie la bougie, 9,690 habitants. 604 kilom. S. de Paris. Latitude N. 40° 20', longi- tude E. 0° 15'.

ESPALION, sous-préf., au N.-E., sur le Lot, fabrique de grosses étoffes- 4,269 habitants.

VILLEFRANCHE, sous-préf., à .rO., sur l'Aveyron, commerce en toiles. 9,501 habitants.

MILIIAIT, sous-préf., au 'S.-E., près du Tarn, a des fabriques de peaux, de gants et de bois merraîns. 13,591 habitants.

SAINT-AFRIQUE, sous préf., au S.-E., sur la Sorgues, possède des manufactures de draps, de cadis et de molleton. 6,712 habitants.

TARN.

Le sol de ce département forme une plaine ondoyante, traversée par plusieurs petites collines; il est généralement fertile, et produit en

abondance, outre les grains ordinaires et les vins, du pastel, de l'anis, de la coriandre, du safran, des châtaignes et d'autres fruits. On trouve dans ce département de belles forêts, d'excellents pâturages couverts de nombreux troupeaux, différents métaux, des pierres et des terres précieuses ; des fabriques d'étoffes de laine, de soie et de coton, et de toiles de chanvre ; des tanneries, des papeteries et des verreries. Le Tarn, principale rivière de ce département, descend de la Lozère.

ALBY, chef-lieu, sur le Tarn, possède des fabriques de bougie estimée, de linge de table et de différentes étoffes en laine et coton. 17,469 habitants. 657 kilom. S. de Paris. Latitude N.

45° 57', longitude 0. 0° 10'.

GAILLAC, sous-préf., à l'O.. S.-O., sur la rive droite du Tarn, commerce en vins excellents.

7,832 habitants.

LAVAUR, sous-préf., au S.-O., sur l'Argout, fabrique des étoffes de soie pour meubles. 7,067 habitants.

CASTRES, au S., sur la même rivière, est la ville la plus industrieuse et la plus commerante du département; elle a un grand nombre de fabriques. 19,867 habitants.

HAUTE-GARONNE.

La Garonne, qui sort des Pyrénées, et coule au N.-O., traverse ce département qui produit une grande quantité de grains, de vins et de fruits; nourrit de bons chevaux et du gros bétail à cornes; renferme de nombreux minéraux et des eaux minérales ; fabrique de la faïence, de l'étain laminé et des étoffes de différentes espèces.

TOULOUSE, chef-lieu, sur la Garonne, près de l'endroit où se termine le canal du Languedoc, possède des manufactures de draps fins, d'étoffes de soie pour meubles, de gaze pour robes, de toiies peintes, de couvertures en laine et en coton. Cette ville e?t une des plus belles de France. 126,936 habitants. 706 kilom.

S. de Paris. Latitude N. 43° 35', longitude 0. 0° 53'.

VILLEFRANCHE-DE-LAURÀGAIS, sous-préf., au S.-E., sur l'Herz, 2,810 habitants.

MURET, sous-préf., au S. S.-O., sur la Garonne, fabrique des draps. 4,041 habitants, SAINT-GAUDENS, sous-préf" au S.-O., fabrique de porcelaine et faïence. 8,996 habitants.

ARIÉGE.

Ce département, situé au S.-E. du précédent, v est compris entre les Cévennes et les Pyrénées; son sol monlagneux est peu propre à la culture du blé, mais il renferme des mines d'or, d'argent, de cuivre, d'étain, de plomb, de fer, de houille, etc. ; du marbre et des eaux minérales. Il fournit du bois et de bons pâturages.

L'Ariége, qui descend des Pyrénées et qui arrose ce département, roule des paillettes d'or d'une belle qualité.

Foix, chef-lieu, sur l'Ariége, fait le commerce des bestiaux, du liège, de la poix, de la térébenthine, du marbre et du fer. 6,256 habitants. 870 kilom. S. de Paris. Latitude N. 42° 58', longitude O. 0° 45'.

PAMIERS, sous-préf., au N., sur l'Ariége, a des eaux minérales dans son voisinage. Cette ville commerce en fer, laine et coton. 7,396 habit.

SAINT-GIRON, sous-préf., à l'O., sur le Salat, 4;745 habitants.

GERS.

La température et la conformation géologique du pays, rendent ce département plus propre au pâturage et à la culture de la vigne

qu'à celle du blé ou du mais, qu'il produit cependant en assez grande quantité pour dispenser les habitants d'en tirer d'ailleurs. Le bétail, les eaux-de-vie, les fruits, les laines, le lin, différentes étoffes, le merrain, le plomb, le feu. les turquoises, sont l'objet du commerce du département du Gers.

AUCH, chef-lieu, sur le Gers, rivière qui a sa source dans le département des Hautes-Pyrénées. Cet'e ville fabrique des eaux-de-vie, des bas, des bu rats, des étoffes de coton, des cuirs.

et de la chapellerie. 59,000 habitants. 685 kil.

S. S.-O., de Paris. Latitude N. 43° 40', longi'tude 0. 1° 45'.

, LECTOURE, sous-préf., au N. 5 863 habitants.

CONDOM. au N. N.-O., sur la Baise, commerce en blé, vin et eaux-de-vie. 8,140 habit.

MIRANDE, au S.-O. 4,000 habitants.

LOMBEZ, au S.-E., sur la Save. 1,694 habit.

TARN-ET-GARONNE.

Ce département est formé d'une vaste plaine, éraversee par quelques collines, dont les plus - jlevées ont à peine 337 mètres de hauteur; e climat y est très-doux, et toutes les productions du S.-O. de la France y abondent.

MONTAUBAN, chef lieu, sur le Tarn, fabrique des étoff s en laine, en coton et en soie, des bas de soie, des cuirs, du tabac, du savon, de l'amidon et de la faïence. 23,061 habitants. 641 kilomètres de Paris. Latitude N. 44°»1', longitude O 1° 0'.

MOISSAC, sous préf., à l'O. N.-E., sur leTarn.

7,442 habitants.

CASTE r-SARRAZIN, sous-préf., à l'O., a des fabriques d'étoffes de laine. 6,709 habitants.

LOT.

Ce département, très-fertile, abonde aussi en gibier et en poisson, et nourrit une grande quantité de moutons, dont la laine est trèsestimés, on y fabrique beaucoup d'étoffes de laine et de soie, de la toile, des bas, du papier, etc., qui, avec les productions du sol, forment l'objet d'un commerce considérable que favorise la navigation du Lot et de la Dordogne, rivières principales du département.

CAHORS, chef-lien, sur le Lot, fait un commerce considérable en vin, huile de noix, truffes, chanvre, lin, draps, papiers, faïence, verrerie et épingles. 14,115 habitants. 596 kilom.

S. de Paris. Latitude N. 44° 30', longitude O.

0° 50'.

GOURDON, sous-préf., au N. N.-O, fabrique des toiles à voiles. 5,080 habitants.

FIGEAC, sous-préf., à -l'E. N.-E., sur le Célé, commerce en bestiaux, farine et vin. 7,391 hab.

LOT-ET-GARONNE.

Ce département n'est pas moins fertile que les deux précédents, à l'ouest desquels il est.

situé. Le tabac, l'arbre à liége, le prunier et l'éducation du bétail ne contribuent pas peu à sa richesse. Il s'y fait un grand commerce de farines dite de minot, et l'on y trouve beaucoup de forges, de faïenceries, de tanneries et de papeteries.

AGEN, chef-lieu, sur la Garonne, possède des fabriques de serges, de toiles à voiles, d'indiennes, de molletons, de couvertures de coton, d'amidon, de chandelles, de cuirs et de chaudronnerie. 18,877 habitants. 731 kilom. S. S.O. de Paris.

VILLENEUVE-SUR-LOT, sous-préf., à l'E. N.-E., sur le Lot, fournit des grains et des bestiaux.

13,114 habitants.

MARMANDE, sous-préf., au N.-O., sur la Ga-

ronne, fait un grand commerce en grains, eaux-lie-vie et prunes. 8,500 habitants.

NÉRAC, sous-préf., au S.-O., sur la Baise.

5,500 habitants.

GIRONDE.

La Garonne, qui, après sa réunion avec la Dordogne au bec d'Ambès, prend, jusqu'à l'Océan. le nom de Gironde, à fourni la dénomination de ce département stérile et couvert de bruyères dans le voisinage de la mer, mais assez fertile dans sa partie orientale. Le vin, connu sous le nom de vin de Bordeaux, est la principale richesse du pays. Le blé, peu abondant, ne suffit pas à la consommation : les pins des Landes fournissent de la térébenthine.

BORDEAUX, chef-lieu, sur la Garonne, a un port qui peut contenir 1,200 vaisseaux. Cette ville est une des plus anciennes, des plus grandes et des plus riches de France. Son commerce consiste principalement en vin, eauxde-vie, vinaigre, prunes, miel, châtaignes, résine, goudron, térébenthine, chanvre, parfumerie, fruits confits, jambons et vivres de toute espèce. Elle a des raffineries de sucre, des fabriques d'eau-de-vie, d'anisette, de vinaigre, d'eau-forte, d'indiennes, de cordes pour la marine, de faïence, de verre blanc. 194.650 habitants. 561 kilom. S. 0. de Paris. Latitude N.

40° 50' 14", longitude O. 2° 54' 14".

LESPARE, sous-préf., au N. N.-O. 3,680 hab.

BLAYE, sous-préf., au N. N.-O., sur la Gironde, avec un port très fréquenté et une bonne citadelle. 4,761 habitants.

LIBOURNE, sous-préf., à l'E. N.-E., sur la Dordogne, commerce en grains et merrains.

4,659 habitants.

LA RÉOLE, sous-préf., au S.-E., sur la Garonne. 4,167 habitants.

BAZAS, sous-préf., au S. S.-E. 5,136 habit.

LANDES.

Les Landes sont un territoire sablonneux qui s'étend le long de l'Océan, depuis Bordeaux jusqu'à l'embouchure de l'Adour, et dont la plus grande largeur est d'environ 88 kilom.

Les Landes ont, particulièrement sur le bord de la mer, des espèces d'oasis très-fertiles, où se trouvent des champs bien cultivés, des pâturages couverts de moutons, de gros bétail à cornes, de mulets et de chevaux d'excellentes races; de forêts de pins, dont on tire des mâts et de la térébenthine. Le reste est stérile. La plus grande partie de ce territoire est comprise dans le département des Landes, l'autre dans celui de la Gironde. Le département des Landes se compose en outre de bon terrain situé au S.-E., lequel produit des grains et du vin. Ce département possède du fer, du basalte, du grès, du marbre, du charbon de terre, du bitume et de la tourbe. Le gibier y est très-abondant.

MONT-DE-MARSAN, chef-lieu, au confluent de la Douze et du Midou, possède des fabriques d'eau-de-vie, de draps, de couvertures et de toiles à voiles ; il a des eaux minérales trèsefficaces pour les maladies de l'estomac et les obstructions. 8,455 habitanst. 702 kilom. S.-O.

de Paris. Latitude N. 43° 55', longitude O.

2° 48'.

SAINT-SEVER, sous-préf., au S. sur l'Adour, commerce en vin et faïence. 4,916 habitants.

DAX, sous-pr.éf,au S.-O. sur l'Adour, fait un grand commerce de grains, de vin, de bois de construction, de planches de sapin, de résine, de brai et de goudron. 9,134 habitants.

BASSES-PYRÉNÉES.

Ce département étant très-propre aux pâturages, on y élève beaucoup de petit et de gros bétail à cornes, de chevaux estimés et de poulets. On y récolte du blé en petite quantité, de

orge, de l'avoine, du lin très-fin, du vin sur es coteaux, des fruits excellents et du foin. Ce département possède des mines d'argent, de cuivre et de fer, du soufre, du marbre, de l'albâtre, du granit, de l'ardoise et des eaux minérales.

PAU, chef-lieu, sur le gave de Pau, fabrique des droguets, des cadis, des couvertures, des toiles, des mousselinettes, des bonnets et des bas ; prépare des cuirs et des peaux. 24,563 ha.

bitants. 756 kilom. S.-O. de Paris. Latitude N.

43° 20', longitude 0 2° 45'.

OUTIIlh, sOlls-préf., au N.-O. sur le gave de Pau, commerce en cuirs et toiles. 6,563 hab.

BAYONNE, sous-préf., à l'O., au confluent de la Nive et de l'Adour, à 4 kilom. de la mer, ville forte avec un bon port, commerce en vins et eaux-de-vie, laines, jambons, bétail, cuirs bois, sel et fer. 23,266 habitants.

MAULÉON, sous-préf., à l'O. N. O. 1,876 hab.

OLORON, sous-préf., au S.-O. 8,786 habitants. •

HAUTES-PYRÉNÉES.

Ce département, encore plus montagneux que le précédent, est généralement peu propre à la culture; cependant il renferme des cantons très-fertiles en grains et en bons vins, et d'eleellents pâturages qui nourrissent beaucoup de moutons, des bœufs, des chevaux et des mulets. Il possède des mines de cuivre, de plomb et de fer; des carrières d'ardoise, de marbre et d'amiante, des eaux minérales renommées.

Celles de Baréges, de Bagnères et de Cauterets sont connues de toute l'Europe. Son commerce consiste surtout en bœufs, laines et lin.

TARBES, chef-lieu, jolie ville en partie bâtie en marbre, possède des fabriques de papier.

C'est l'entrepôt du commerce du département.

13,901 habitants. 756 kilom. S.-O. de Paris. Latitude N. 43" 18', longitude O. 2° 22'.

BAGNERES-DE-BIGORRE, sous-préf., au S.

S,-E., a des fabriques de papier, de draps, de toiles, de voiles et de crêpes. 9,433 habitants.

ARGELÈS, sous-préf., au S. S.-O. sur le gave d'Azun. 1,698 habitants.

CORSE.

L'île de Corse, qui compose ce département, a 145 kilom. de long sur 80 de large ; elle est couverte de montagnes, dont l'une, le MonteRotondo, s'élève à plus de 2,673 mètres au-des.

sus du niveau de la mer, et une autre, le MonteOro, à près de 2,650 mètres. Cette île. arrosée par une multitude de petites rivières, et où se trouve un grand nombre de lacs, a un climat très-froid en hiver, chaud en été, et quelquefois malsain; son sol varié et rocailleux, quoique mal cultivé, produit des plantes oléagineuses, du blé, du vin excellent, des oranges, des limons, des châtaignes et d'autres fruits. Le bois abonde dans cette île, où l'on trouve de l'argent, du cuivre, du plomb, du fer, de l'alun et du salpêtre. L'éducation des vers à soie et la pêche fournissent de grandes ressources aux habitants, qui n'ont d'ailleurs aucune manufacture, et qui ne font que peu de commerce. Indolents, vindicatifs, indiscjplinables, les Corses sont zélés catholiques.

AJACCIO, chef-lieu, jolie ville avec un bon port au fond du golfe du même nom, dans la partie occidentale de l'île, a une bonne citadelle. 14,558 habitants. 1,089 kilom. de Paris.

Latitude N. 41° 68', longitude E. 6° 71'.

CALVI, sous-préf., au N., ville forte, avec un bon port. 2,000 habitants.

BASTIA, sous-préf., au N.-E., ville forte avec un bon port. Les habitants pêchent du corail.

20,194 habitants.

CORTE, sous-préf., au N.-E., dans l'intérieur des terres. 5,730 habitants.

SARTHÈNE, sous-préf, au S.-E., dans l'intérieur des terres. 3,956 habitants.

COLONIES

ALGÉRIE. L'ancienne régenc con- quise par les Français en 183 { )^ $t pOTnétaa l'est par la régence de Tunis l «> i'o|ieçt [>ar l'empire du Maroc, au nord par l Méditerranée,, et au sud par Je grand désert SMàpa,- s.

longueur est de 710 kilom. de l'est sa largeur du nord au sud est de 400

L'Algérie est divisée en trois grands départements. Sa population civile européenne est de 220,000 habitants, et sa population indigène de 2,200,000 habitants.

Le département d'Alger occupe la partie centrale de l'Algérie. Sa superficie est de 113,000 kil. carrés, dont 30,000 dans le Tell et 83,000 dans le Sahara.

ALGER. chef-lieu de préfecture, est un port sur la Méditerranée, à 760 kilomètres de Marseille.

Entrepôt central du commerce des grains, huiles, fourrages, bestiaux, cuirs, laines, coton, minerais, oranges et citrons de l'Algérie centrale et culture maralchaire pour l'importation des artichaux, petits pois, etc., etc. 62,684 habitants y compris la banlieue.

MILIANAH, ville située sur les hauteurs de l'Atlas, 7,906 habitants. A ses pieds s'étend la plaine du Chélif, riche en grains et en fourrages, mines de fer et de cuivre ; les monts Zakkar qui dominent la ville offrent des massifs boisés, Le département de Constantine occupe la partie orientale de l'Algérie sur une superficie de 175,000 mètres carrés. La soumission, à la fin de 1854 et en 1855 des oasis du Souf, de Tamacin et de l'Oued-Righ a accru cette surface de vastes territoires. Population 56,879 européens et 70,150 musulmans, dans les arrondissements civils. Territoires militaires indigènes 1,200,000 habitants.

CONSTANTINE, chef-lieu, est une ville antique, située sur l'Oued-Rhummel, à 422 kilom. d'Alger. 39,998 habitants. Commerce très-important en laines, grains et cuirs.

BONE, chef-lieu de subdivision. Son port est un des meilleurs et des plus sûrs du littoral algérien, son climat sain et tempéré, la beauté de ses plages et de ses environs font les délices des nombreux étrangers. 20,781 habitants.

GUELMA, forêts d'oliviers dans les environs.

fabriques d'huiles, de farines, mines de fer, d'antimoine et de mercure. 5,824 habitants.

PHILIPPEVILLE, ville maritime avec un beau port de construction dans la baie de la Sikida.

13,447 habitants. Au sud de la ville on trouve de vastes forêts de chênes-lièges.

SÉTIF, Située sur un platean à 1,060 mètres au-dessus du niveau de la mer, possède de vastes forêts de cèdres à 60 kilom. de la ville.

10,580 habitants.

Le département d'Oran occupe, sur la partie occidentale de l'Algérie une étendue superficielle de 195,000 kil. carrés.

ORAN, chef-lieu, est bâtie au bord de la mer dans une situation très-pittoresque, beau port de commerce. 40,615 habitants.

MOSTAGANEM, entrepôt de la région orientale du département d'Oran. 10,706 habitants.

TLEMCEN, ville antique, fondée par les Venètes, devint plus tard la capitale d'un royaume qui renfermait les villes de Nedroma, Oran, Arzeu, Mazagran et Mostaganem; possède dans ses environs des carrières de marbre onyx translucide ou agate antique, des mines de plomb argentifère, des mines d'antimoine, de cuivre et de fer. 16,722 habitants.

ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS EN AMÉRIQUE LA MARTINIQUE

'JL'une des plus considérables et la plus riche (jre nos possessions dans les Antilles.

Cette île compte deux villes, 4 ports, 22 bourgs. Sa population est de 139,353 habitants.

Elle exporte annuellement pour 17,890,128fr.

L'importation s'élève à 23,621,505 fr.

Ses principales productions sont le café, la canne à sucre, le cacao, le gingembre, l'aloës, le tabac, les cocos, bananes, oranges, citrons, ananas, melons, casse, légume, fruits, fleurs, plantes médicinales, bois d'ébénisterie, de construction et de campêche, tafias, rhums, etc.

On y compte 564 sucreries.

Le FORT-DE-FRANCE est une ville forte et maritime, située au fond d'une baie où elle à un port excellent. C'est une ville bien bâtie dont les rues sont tirées au cordeau.

SAINT PiERRE est bâtie au fond d'une anse circulaire et défendue par plusieurs forts. C'est le centre d'une grande partie du commerce de l'île.

LA GUADELOUPE

Comprend la Guadeloupe proprement dite, la Grande-Terre, les îles de Marie-Galante, des Saintes, de la Désirade et les deux tiers de l'île de Saint-Martin, dont la partie sud est occupée par les Hollandais. Population 150,677 habitants.

Les productions principales sont la canne à sucre, le café, le coton, le cacao, l'indigo, le gingembre, le tabac, le manioc, les patates, les ignames, le maïs, les bananes, etc., etc.

Poissons de mer en abondance, tortues, crustacés de terre. Bœufs, mulets, chèvres, moutons, agoutis, racoous, etc.

Les principales villes sont : LA BASSE-TERRE, rade foraine, chef-lieu et résidence du gouverneur.

LA POINTE-A-PITRE, magnifique rade, à l'abri de tous les vents, pouvant recevoir les navires du plus grand tonnage, à l'embouchure de la rivière Salée.

MARIE-GALANTE, île située à 4 myr. de la Guadeloupe, elle n'a point de port et n'est accessible que du côté de l'ouest.

LA GUYANE FRANÇAISE S'étend depuis la rivière de l'Arawari, jusqu'à l'embouchure du Maroni, elle est divisée en 14 quartiers. Sa population est d'environ 25,000 habitants. Presque tous les terrains de la Guyane sont aurifères et quelques gisements paraissent être d'une grande richesse. Une Compagnie, dite Compagnie des mines de l'Approuague, en a obtenu la concession pour cinq ans (1859) renouvelée en 1864.

CAYENNE, ville capitale de la Guyane française, située dans l'île de son nom, précédée d'une rade vaste et commode. 8,000 habitants.

S¡\INT-PIERRE ET MIQUELON

SAINT-PIERRE est une petite île dans l'Amérique du Nord, à 20 kilom. de la côte ouest de Terre-Neuve. C'est le point central des bâtiments français, armés pour la pêche de la morue. 5,000 habitants, et 12,000 environ dans la saison de la pêche..

MIQUELON est une petite île située à 53 kilom.

de Saint-Pierre. 650 habitants.

ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE LA COTE OCCIDENTALE D'AFRIQUE Les établissements francais de la côte occidentale d'Afrique se divisent en deux parties : la première comprend toute la partie entre le cap Blanc et Sierra-Léone, et l'autre depuis ce point jusqu'au cap de Bonne-Espérance. La première partie, Sénégal et dépendances, après bien des régimes succesifs, se trouve aujourd'hui réunie sous la domination du gouverneur du Sénégal.

La deuxième partie porte particulièrement le nom d'établissement de la côte occidentale.

SÉNÉGAL ET DÉPENDANCES. Le Sénégal est la plus ancienne colonie de la France, car les navigateurs normands fondèrent des comptoirs dès l'an 1364. Nos possessions comprennent aujourd'hui le bassin du fleuve le Sénégal qui a 1,600 kilom. de cours, depuis les montagnes de Ponta-Djolon jusqu'à son embouchure, et des forts et des comptoirs situés le long de la côte occidentale d'Afrique, depuis l'embouchure du Sénégal jusqu'à l'Equateur.

La colonie se divise en deux arrondissements : Celui de Saint-Louis comprenant le fleuve du Sénégal ; Celui de Gorée ou du sud, comprenant toutes nos possessions jusqu'à Sierra-Léone.

Les populations vivant sous notre dépendance peuvent être évaluées à 200,000 âmes, et celles qui commercent directement avec nous à 2,000,000 d'âmes.

Le commerce de la colonie, exportation et importation, s'élève à plus de 40 millions de francs.

Les principales productions sont la gomme, les arachides et autres graines oléagineuses, les cuirs, l'huile et les amandes de palme, la cire, l'ivoire, l'or, les bœufs, les graines tinctoriales , les plumes de parure , le coton, etc., etc.

SAINT-LOUIS, île et ville, centre administratif du Sénégal et des dépendances. Population 15,000 habitants.

GORÉE, île située au sud de la presqu'île du cap Vert. C'est un rocher fort élevé et stérile, mais important pour la sûreté de sa rade et le fort qui la protège. Centre de commerce de la côte depuis le cap Manuel, jusqu'au cap Gabon.

3,000 habitants.

ILE DE LA RÉUNION

Cette île est située dans la mer des Indes, et divisée en deux arrondissemellts, appelés du Vent et sous le Vent, et en treize communes ou quartiers, et deux districts. Saint-Denis en est le chef-lieu. Les côtes en sont escarpées sur une partie du littoral et n'offrent aucun port, mais seulement quelques rades foraines. La mer y roule de gros galets; les pirogues seules peuvent y arriver sans se briser. Le chef-lieu de l'île, Saint-Denis, possède, pour le déchargement des marchandises, six ponts prolongés au loin sur des pilotis en bois. A 28 knom.

Sous leVent de Saint-Denis, ou trouve le bourg de Saint-Paul sur la baie de ce nom, la mer y est calme et le mouillage plus sûr. Les côtes abondent en poissons. Population, 115,000 indjgènes et anciens esclaves, 70,000 travailleurs introduits depuis l'émancipation.

Les principales productions sont le sucre brut, la vanille, les sirops et mélasses, tafia, café, girofle, blé, riz, maïs, manioc, patates, pommes de terre, sauge, légumes, tabac, etc.

1 Arrondissement du Vent, chef-lieu, SaintDenis, 42,141 habitants. Arrondissement Sous le Vent, chef-lieu, Saint-Paul, 32,398 habitants

ETABLISSEMENTS FRANÇAIS DANS L'INDE (ASlE)

On comprend en France, sous la dénomination d'établissements des Grandes-Indes, toutes les colonies et comptoirs de la nation au sud et à l'est. Ces établissements sont Mahé, sur la côte du Malabar. Pondichéry, Karikal et Yanaon sur la côte de Coromandel, et Chandernagor dans le Bengale. Les villes et les territoires de Pondichéry font partie de la province de Carnaiie. La superficie du territoire est d'environ 29,471) hectares. On y récolte du riz, du grain, l'indigo en grand, le fruit du cocotier, le manioc, le bétel, le gihgely, le palma-christi, le pavot, etc.. etc — On y fabrique en grand plusieurs espèces de toiles de coton, les toiles bleues sont les plus estimées des Indes.

5 Districts, et Y5 aidées ou villages indiens.

Population, 125,992 habitants.

Pondichéry, grande et belle ville, chef-lieu des établissements français dans l'Inde, rade sûre quoique foraine, à 4,080 k lom. de l'île de la Réunion et 17,080 kilom. de Brut. Population, 48 135, habitants, dont 1,134 Européens, i,361 musulmans, 40,846 Indiens.

CHANDERNAGOR. sur la rive droite de l'Hougli. 25,505 habitants.

YANAON, établissement situé dans une contrée excessivement fertile où l'on récolte beaucoup de riz, de sésame et de grains, 5,733 habitants.

MAHÉ. comptoir situé sur la côte du Malabar, par 11° 4-2' 8" de latilude N et 73° 12' 23" de longitude E La superficie totale du territoire, y compris les aidées ou villages rétrocédés à la France, est de 5.909 hec tares Mahé est située sur la rive gauche et à l'embouchure d'une petite rivière qui porte son nom et qui est navigable pour des bateaux de 3 à 4 mètres de tirant d'eau jusqu'à 12 et 15 kilom. dans l'intérieur. Un pont de bois met en communication les deux rives française et anglaise de la rivière.

Population de Mahé et des aidées, 8,000 hab.

Climat très-sain, réputé le meilleur de la côte du Malabar; son sol fertile produit du poivre très-estimé, du l'iz, des noix de CIICOS, de l'arrow root et autres denrées. Rade foraine et bon mouillage.

COCHINCHINK. Les possessions françaises de la basse Cochinchine se divisent en six provinces: Saîgon, Bien-Hoa, Mythll, Vinch Long, Chandoc, Hatien, comprennent 19 inspections. Les principales productions sont le riz, le coton, le poivre, les matières tinctoriales, les bois de

construction, etc., etc. —Les importations sont évaluées à 70,000,000 de fr., les exportations à 65,000,000. Population. 1,500,000 habitants, dont un millier d'européens, sans compter les troupes de l'administration.

SAiGON, chef-lieu des possessions françaises, 115 OuO habitants, située sur le Dounaï, port franc, sûr et accessible aux navires du plus fort tonnage. 13,300 kilom. de Marseille.

ETABLISSEMENTS FRANÇAIS DANS L'OCÉANIE POLYNÉSIE. — Protectorat des îles de la Société et dépendances. — Le protectorat des îles de la Société et dépendances, dont Papeete (ile de Taïti). est le chef-lieu, comprend des îles nombreuses. Taiti en est la principale, elle est située entre 17° 29' et 17° 58' de latitude sud et entre 1510 26' et 156° 56 de longitude ouest.

Sa superficie est de 10^,000 hectares. Toutes les cultures coloniales sont possibles dans les

archipels de l'Océanie. On y cultive surtout le coton et la canne à sucre. La population indigène des îles Taïti et Moorea, des îles Tuomolu et du Tubuai y compris les-Gambier, est d'environ 10,000 âmes, et celle des Marquises de 4,000, ce qui permet d'évaluer à 14,000 âmes à peu près la population indigène des îles de l'Océanie sur lesquelles s'étend la domination ou le protectorat de la France.

PAPEETE, siège du gouvernement. Cette ville est située au nord de 1 île de Taïli et possède un port large, sûr et profond. Population environ 600 hab. dont 250 européens.

MÉLANÉSIE, Nouvelle- Calédonie. La NouvelleCalédonie découverte par Cook est l'une des îies les plus considérables de l'océan Pacifique, située entre le 200 et le 23° de latitude sud et le 1610 et 164° de longitude est. Elle jouit d'un admirable climat dont la température moyenne dépasse rarement celle du midi de la France et est régulièrement rafraî-hie par les brises du large, s'étendant sur 300 kilom. de longueur et 65 kilom. de largeur. La Nouvelle-Calédonie couvre une superficie de 11,700 milles carrés.

Elle est partagée dans le sens de sa largeur par une double chaîne de montagnes et arrosée par de nombreux cours d'eau Presque inacessible aux grandes embarcations à cause des barres qui encombrent leurs embouchures, ces cours d'eau répandent la fertilité dans les vallées longues et étroites qu'ils arrosent.

La population indigène estimée un peu arbitrairement de 40 à 50,000 habitants, se répartit sur 4,800 kilom. carrés par tribus subdivisées en villages de 150 à 200 habitants au plus.

Toutes les cultures coloniales, sucre, café, coton ont été essayées et ont donné de trèsbeaux résultats cou me produits marchands, mais jusqu'ici ces entreprises n'ont été faites que sur des étendues de terrain peu considérables, Il en est de même de presque toutes les céréales d'Europe et de quelques plantes fourragères qui s'y sont acclimatées sans effort.

L'élève du gros bétail y réussit aussi admirablement.

NOUMÉA, Sur la baie du même nom, port franc. Population, 1,500 habitants.

Iles dépendant de la Nouvelle-Calédonie. L'île des Pins, formée par une montagne et un plateau central difficilement utilisables pour l'agriculture, ne peut offrir au colon que la zone du littoral qui est franche et bien arrosée. —

— Aux Loyati, l'absence d'eau potable est un obstacle presque insurmontable à toute tentative agricole. Ces îles ont pouvant une population indigène estimée à 10,000 habitants.

Mare, Lifou et Ouvea, séparées de la terre par un canal d'une largeur moyenne de 50 milles, sont en partie stériles.

NOTA. — POUR LES DÉTAILS DE LA FRANCE ET DES COLONIES, VOIR L'Atlas natiOllal,

GRANDE-BRETAGNE ET IRLANDE

SITUATION. — La Grande-Bretagne ou îles Britaniques se compose de deux grandes îles et de plusieurs autres petites. La plus grande est divisée en deux parties; au sud est l'Angleterre et la principauté de Galles, au nord le royaume d'Ecosse, l'autre grand île est l'Irlande, séparée de la Grande-Bretagne oar la mer d'Irlande, dont les entrées sont le canal du Nord et le canal Saint-Georees.

Les petites Îles sont l'archipel de Shetland, l'archipel des Orcades, situés au nord de l'Ecosse, les Hébrides à l'ouest du même royaume; ainsi que Arrun et Bute..

Les îles de Man et d'Anglesey entre l'Angleterre et l'Irlande. Les Scilly ou Sorlingues au sud-est de l'Angleterre; l'île de Wight au sud de l'Angleterre et les îles Anglo-Normandes sur les côtes de France.

A ce groupe, il faut joindre les nombreuses colonies anglaises dans les cinq parties du monde, dont nous nous occuperons en temps utile.

Les îles Britanniques sont situées au nordouest du continent europeen entre 49° 55' et 600 40' latitude nord et environ 0° 30, et 12° 43'longitude ouest.

D'après Labèche, les îles Britanniques sont réellement unies au continent par divers bancs situés à des profondeurs plus ou moins grandes et sur lesquels le fond remonté par la sonde est de vase et de sable. Le tout est généralement connu sous le nom de sondages parce qu'on peut généralement trouver le fond avec des lignes de 80 à 90 brasses.

Voici comment M. Théophile Lavallée décrit les îles Britanniques : « Ces îles, très-découpées, fortement accidentées, bien arrosées, mais froides et humides et enveloppées de brouillard, abondantes seulement en métaux et en pâturages, sont le pays où l'activité industrielle de l'homme se déploie sur la plus vaste échelle et celui où les plus grandes richesses industrielles ont été accumulées. L'homme y a tout créé, il a boulversé le sol par des cultures perfectionnées, des canaux, des routes, des ports ; essentiellement marin, industriel et commerçant par la nature du sol et la position géographique de sa patrie, profitant de son existence insulaire, qui en le resserant chez lui, le forçait à répandre à l'extérieur son activité, il s'est créé une puissance toute artificielle, celle des vaisseaux avec lesquels il remue le monde. Entrepôt de toutes les productions du globe, ce pays les distribue à tous les autres, après que l'industrie en a centuplé la valeur, Puissance la plus colonisante qui fut jamais, il a porté sa langue et son pavillon sur tous les points de la terre; maître de l'océan Atlantique par sa position sur le flanc occidental de l'Europe, il menace les trois régions les plus redoutables par leur force continentale, la Russie, la Germanie et Ja France, et tranquille derrière son grand fossé maritime et sa cein- ture mouvante de navires, il semble ne rien avoir à craindre de leurs armées; il tient la Méditer- ranée par les rochers de Gilbraltar et de Malte; l'Amérique du sud par les Antilles, l'Amérique du nord par ses immenses possessions de la Nouvelle-Grenade; l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance; dans l'océan Indien, il domine sans rival et s'est fait un empire mer- veilleux de 180 millions d'asiatiques; en Aus- tralie. à la Nouvelle-Zélande, il 'est approprié i un territoire aussi grand que l'Europe, enfin, il tient aux abords de tous les continents des ports qui selon sa fortune, sont tour à tour des points d'appui pour la conquête, des centres de

refuge pour la retraite et toujours des foyers d'entreprises pour son commerce qui brave tous les périls et ne connaît aucun repos. »

Les îles Britanniques sont baignées par la mer du Nord à l'est, par le Pas-de-Calais qui sépare la Grande-Bretagne de la France et parla Manche au sud, par l'océan Atlantique à l'ouest et au nord.

SUPERFICIE. — Les îles qui composent le royaume de la Grande-Bretagne ont une superficie de 317,^00 kilom. carrés, dont environ 132,000 pour l'Angleterre, 19,000 pour le Pays de Galles, 81,000 pour l'Ecosse, et b4,000 pour l'Irlande.

CLIMAT. — Entourées de tous côtés par la mer, les îles Britanniques ressentent avec beau-

coup moins d'intensité que les contrées continentales placées sous le même parallèle les rigueurs de l'hiver et les chaleurs de l'été, les saisons sont tempérées par les vents de mer, mais les variations sont nombreuses et subites.

Les végétaux croissent facilement dans les contrées septentrionales, mais l'état de l'atmosphère est souvent un obstacle à leur maturité, les récoites sur pied sont parfois détruites par les pluies au moment même de la moisson.

Vers le nord, de grands espaces sont encore stériles, et sur la côte orientale, des sables et des marées s'opposent à toute culture.

Les parties les plus productives sont au centre et au midi.

FORMATION GÉOLOGIQUE. — La Grande-Bretagne renferme des rochers de tous les âges.

L'ardoise et la houille sont au nombre des productions les plus considérables de l'île. Les mines de fer et de plomb sont aussi nombreuses dans le nord que dans le sud; celles de cuivre et d'étain s'étendent vers le sud-ouest; au nord, on trouve du cuivre, du mercure et des p erres précieuses. Le micaschite est là roche dominal\t, en Ecosse, où il occupe plus de la moitié de li superficie, le grès rouge succède à ce grand dépôt, près des Orcades, de l'île de Skye et sur les bords du Tay.

A partir du golfe de Clyde jusqu'à Stouchaven on trouve une longue bande de roches chloriteuses et quartzeuses qui sépare le grès rouge du micaschite. En descendant vers le sud on ren -outre le grès houiller, le grès rouge et la roche que les Allemands appellent grauwacke.

Dans le reste de la Grande-Bretagne le grès rouge et les dépôts houilleurs s'étendent jusqu'à Trent. Ces dépôts sont entourés à l'ouest par des schistes ardoisiers et au sud et à l'est par des dépôts de marne rouge et de grès. Du sud-est au nord-est s'étend depuis l'embou- chure de la Severn jusqu à celle de l'Humber, une large bande de marbre bleu et de roche calcaire appelée lias par les Anglais. Une autre bande de calcaire oolithique, un dépôt de calcaire à polypiers, un autre de marne bleue, sont suivis jusqu'à la Manche par des bancs friables et sableux de glauconie, par la craie, l'argile plâtrique, et des terrains offrant de grandes analogies avec nos terrains des environs de Paris.

« Le groupe houiller du nord de la GrandeBretagne dit Malte Brun, se compose du grand dépôt du Northumberland et du Durham, de quelques bassins houillers dans le nord du Yorkshire et des comtés de Nothingham et de Derby, du bassin du nord de Straflordsiiire, du grand bassin de Manchester et de celui de Whitehaven dans le Cumberland. Le groupe central comprend trois bassins, celui qui existe sur les contins du Leicestersehire, celui du Warwickshire et celui des environs de Dudley. Enfin, l'ensemble desbass'ns houillers du Pays de Gal-

les lorme aussi trois groupes; celui du nordouest comprend les bassins houillers de l'île d'Anglesey et de Flintsehire, celui de l'est se compose des bassins de Shwetsbury, de Colebrookdale, de Clenhills et de Billingsby; celui du sud-est est formé des importants bassins du sud du Pays de Galles de Monmoulhshire, du Glocestersehire et Somersetsehire.

« Pour donner une idée de la richesse houil.

1ère de la Grande-Bretagne, nous dirons que le bassin de Newcastle a 58 milles de longueur sur 24 de largeur, qu'on y compte 40 couches de houille et qu'on y exploite chaque année 3,700,000 tonnes (37 millions de quintaux métriques). Une couche de grès, épaisse de 22 mè,res est exploitée dans la colline de Gatesheàdfell, au sud de Newcastle, elle fournit toute la Grande-Bretagne et même une partie du continent d'excellentes meules à aiguiser.

Le bassin de Dudley s'étend sur une longueur de 20 milles et une largeur de 4, on y connaît 11 couches dont la principale a 9 mètres d'épaisseur, le minerai de fer y est assez abondant, sa richesse varie de 20 à 40 pour cent. Le bassin houiller du sud du Pays de Galles, traverse toute la principauté de l'est à l'ouest et occupe une superficie de 100 milles carrés, on y connaît 25 couches de houil'e, sans compter un urand nombre de couches minces. La mine de fer y abonde aussi, sa richesse est de 33 p. 100. »

« La richesse de Newcastle, dit M. Alphonse Esquiros, dans son Itinéraire de la GrandeBretagne, est le charbon de terre. Ce combustible minéral y fut exploité dès 4260, mais ce n'est que depuis l'auplication des forces de la vapeur à l'exploitation des mines, c'est-à-dire depuis 171 4 que l'industrie charbonnière y a réellement pris un grand essor. Sur un rayon de 8 a 10 kilom. autour de Newcastle plus de 50 houillères importantes ont été ouvertes et parmi elles il faut citer Hatton, Hartley, Walsend, employant 0,000 à 15,000 ouvriers. Le grand bassin houiller du nord, dont Newcastle occupe à peu près le centre, couvre 500 milles carrés dans le Northumberland et le comté de Durham.

« Les géologues et les hommes pratiques ont calculé qu'il faudrait des centaines, sinon des milliers d'années pour épuiser cet énorme dépôt de matières combustibles. A Painshaw et à Mouwearmouth, près de Sunderland, il existe des mines ayant 300 mètres de profondeur. De trois millions de tonnes que reçoit chaque année la ville de Londres, plus d'un million vient de Newcastle. »

OROGRAPHIE GÉNÉRALE. — Les montagnes de la Grande-Bretagne forment un système auquel se rattachent celles de toutes les îles Britanniques On les divise en trois groupes : le premier situé au nord est formé par les hauteurs de Caithness et de l'Inverness dont les Orcades, les Hébrides, Skye et Mull sont les extrémités. Le second se compose des monts Grampians et d'autres montagnes qui se terminent au golfe de Forth et à celui de Clyde. Le troisième comprend les monts Cheviot et toutes les aspérités du Pays de Galles et de l'Angleterre proprement dite.

L'Irlande ne contient de montagnes que dans le voisinage des côtes aux extrémités septentrionales, occidentales et méridionales. Au sud on trouve les monts Mourne et Donegal, à l'ouest, les monts de Courremara et au sud ceux de Wicklow et de Kerry.

HYDROGRAPHIE GÉNÉRALE. — Il n'y a dans la Grande-Bretagne que des bassins peu considérables; le plus septentrional est formé par les montagnes de Caithness et la chaîne des Grampians et arrosé par la Spey, rivière obstruée par de nombreuses cataractes et qui se perd dans le golfe de Murray ; le Tay sort du golfe du même nom et se jette dans le golfe qui prend aussi le nom de Tay. Les ramifications méridionales des Grampians forment avec celles des monts Cheviot un grand bassin, dont le fleuve principal est le Forth qui se perd l'ans la mer du Nord après un parcours de 300 kilomètres. Les monts Moorland et quelques collines forment le bassin de l'Ouse qui, sous le nom de Ure, prend sa source dans le vallon de Weusley, passe à Aysçath où il forme une cascade importante, prend alors le nom de l'Ouse et se perd dans l'Océan, après avoir recu les eaux de la Swale. L'Humber arrose aussi ce bassin.

La chaîne qui forme l'extrémité méridionale de ce bassin borne au nord celui de la Tamise (Thames), qui baigne Londres et qui est formé

de la réunion de la Thame et de l'Isis. Son cours est de 320 kilom.; c'est le fleuve le plus important de la Grande-Bretagne.

Les bassins du versant méridional sont trop peu considérables pour donner naissance à aucune grande rivière; ceux du versant occidental sont aussi de peu d'étendue; cependant, il faut en excepter celui qui est arrosé par la Saverne et qui est formé par les principales montagnes de l'Angleterre et de la principauté de Galles.

La Saverne prend sa source au pied du Plinlimmore et a son embouchure dans le golfe appelé le canal de Bristol. Il faut encore citer en Ecosse, le bassin de la Clyde, célèbre par ses belles chutes d'eau.

Les principaux fleuves de l'Irlande sont le Sehannon, le Barrow, la Suir, la Boyne et la Kiffey.

Les lacs de la Grande-Bretagne sont d'une faible étendue. Le plus considérable de l'Angleterre est celui de Derwellt, long de 4 kilom. et large de 2; il renferme plusieurs îles et ses eaux sont souvent agitées sans cause apparente.

L'Ecosse compte plusieurs lacs dont le plus important est le Lomond, qui a 35 kilom. de long sur 5 de large; il est rempli d'une grande qnantité d'îles, surtout dans la partie méridionale.

On cite encore le lac de Ness, un peu moins grand que le précédent, et qui a de 60 jusqu'à 135 brasses de profondeur.

L'Irlande est pleine de lacs presque tous tributaires de l'Atlantique. Le plus considérable, non seulement de l'Irlande, mais des îles Brita.

niques, est le Lough-Neagh, qui a 35 kilom. de longueur et se jette dans l'Océan, par la rivière Bann.

Citons encore la Lough-Foyle, le Lough Erne.

le Lough-Ree, le Lough-Derg, le Lough-Corrib ctenfin le Lough-Lean ou plutôt les lacs de Killarney, car c'est la réunion de trois lacs dont les eaux s'écoulent dans l'Océan par la rivière Léan.

CÔTES. — Les côtes de la région occidentale sont déchirées par des golfes profonds, despromontoirs et des presqu'îles. Au sud-ouest on trouve d'abord la presqu'île de Cornouaille, terminée par le cap Land's End ou Finisterre ; au nord de cette presqu'île est le golfe connu sous le nom de canal de Bristol. Entre ce canal et la terre d'Irlande, on trouve la presqu'île qui forme le pays de Galles, et qui est à son tour entourée par la baie de Cardigan, Les côtes de la Grande-Bretagne présentent dans la mer d'Irlande trois grands golfes. Le plus méridional est le golfe de Morecambe dans le Lancastre; puis vient celui de Solway' entre le Cumberland et l'Ecosse; puis, en remontant vers le nord, celui de Clyde, dans lequel s'avance du nord à l'ouest la presqu'île de Cantyre. En avançant toujours vers le point le plus septentrional, on trouve une multitude de petites baies et de petites presqu'îles dont nous parlerons quand nous nous occuperons de l'Ecosse.

Les côtes de la Grande-Bretagne sur la mer du Nord sont basses; les principaux enfoncements sont le golfe de Dornoch, celui du Tay, le Forth, le Wash, et les Estuaires de l'Humber et de la Tamise. Sur les côtes méridionales on ne peut guère citer que les baies de Porlhaiôuth et d'Exeter.

L'Irlande, dont nous parlerons plus loin en détail, a comme l'Angleterre ses côtes occidentales très déchirées; on y distingue les grandes baies de Galway et de Donegal. A l'est, on ne peut guère citer que la baie de Dublin.

FORMATION TERRITORIALE. — Séparéespour ainsi dire du reste du monde et reléguées aux extrémités de l'Océan, les Iles Britaniques ne

furent connues anciennement que des Phéni- ciens et peut-être après eux des Carthaginois qui y allaient chercher l'étain. Encore ces peuples ne visitaient-ils que la partie méridionale de la plus grande île, où ils trouvaient facilement l'objet de leurs recherches.

La Grande-Bretagne, la plus grande île appartenant à l'Europe, fut aussi nommée Albion par les Romains, à cause de la blancheur de ses côtes. Elle se divisait en deux parties sous l'Empire romain, savoir : au sud, Britannia Romana, et au nord, Caledonia ou Picli, la Calédonie ou le pays des Pietés.

Avant l'expédition de Jules César, les peuples de cette contrée, d'origine celtique, presque sauvages, à moitié nus, vivant dans des cabanes au milieu des forêts, étaient féroces et intrépides et se rapprochaient beaucoup des Gaulois, nar le langage, les mœurs et la religion.

Les principaux fleuves de la Bretagne romaine étaient Tamesia (la Tamise), Abus (l'Humber), et Sobrina (la Saverne), qui va tomber dans le golfe appelé Sabrinæ aestuarium, aujourd'hui le canal de Bristol.

La province romaine comprenait dans cette grande île toute l'étendue qu'embrasse de nos jours l'Angleterre et la principauté de Galles et était bornée au nord par le mur d'Adrien, bâti pour contenir les Pietés. Elle renfermait les peuples et les villes que nous allons mentionner.

1° Les Cantiens (Cantii), aujourd'hui comté de Kent, ayant pour capitale Durovernum, sur l'emplacement de laquelle est la ville actuelle de Cantorbery. Sur les côtes des Cantiens étaient trois ports: Rutupive (Sandwich), le plus fréquenté de l'île sous les empereurs romains; Dubris (Douvres) etLemanis Portus (West-Heythe), où l'on croit que César débarqua quand il vint dans l'île.

2° Les Silures quavaient pour capitale Isea Silurum, vers l'embouchure de la Saverne.

3° Les Trinobantes, qui se soumirent les premiers à César et avaient pour capitale Londinium (Londres), déjà célèbre par son commerce du temps de Tacite.

4° Les Icènes (Iceni), un des plus puissants peuples de la Bretagne, ayant po ir capitale Venta Icenorum (Caster près de Nordwich). Les récits de Tacite ont immortalisé Boadicée, reine des Icènes, qui fit soulever une partie de l'île contre la domination romaine.

5° Les Brigantes, nation nombreuse et puissante, dont le territoire s'étendait d'une mer à l'autre. Ils avaient pour capitale Eboracum (York), ville fortifiée par les Romains et le siège de leur gouvernement dans toute la province.

Les empereurs Septime-Sévère et ConstanceChlore y résidèrent et y moururent tous deux.

Au-delà du mur qu'Adrien avait fait construire et qui dans un espace de 27 kilom.s'étendait du Sinus Ituna (golfe de Solway) jusqu'à l'embouchure de la Tina, l'empereur SeptimeSévère avait fait construire un second mur plus reculé vers le nord et qui sur une longueur de H lieu'es, allait de la rivière Glova 'la Clyde) au golfe de Bodotria igoll'e de Forth). Tout le pays compris entre ces deux murs fut encore après Septime-Sévère soumis aux Romains qui l'ajoutèrent comme cinquième province aux quatre qu'ils possédaient déjà dans la Grande-Bretagne, et la capitale de cette nouvelle circonspection territoriale était Alata Castra, aujourd'hui Edimbourg, capitale de l'Ecosse.

Les peuples qui habitaient depuis le mur de Septime-Sévère jusqu'à la pointe la plus septentrionale de l'île, plus sauvages, plus indomptés encore que les Bretons, se peignaient le corps de diverses couleurs, comme font plusieurs nations sauvages du Nouveau monde. C'est pour

cela que les Romains les nommèrent Picli. Agricola qui, de tous les généraux romains, fut celui qui poussa le plus loin la domination du peuple-roi, ne franchit pas les monts Grampians, près desquels il avait remporté une victoire mémorable. Là, il fonda une ville qui fut appelée Victoria, au lieu où est aujourd'hui Stirling, au nord ouest de laquelle, sur l'Océan Germanique, était Devana, aujourd'hui le vieux Aberdeen.

La seconde des deux grandes îles britanniques était et est encore appelée Erin par ses habitants. Les Grecs la nommaient lerne et les Romains Hibernia ou Britannia Minor. Les Européens l'appellent aujourd'hui l'Irlande.

Les principaux peuples qui l'habitaient étaient les Brigantes,probablement venus de la GrandeBretagne et qui en occupèrent les côtes méri dionales, et les Scots (Scoti) qui, au cinquième siècle, ayant envahi le nord de la Grande-Bretagne, lui firent donner par les Romains le nom de Scotia, de Schottland par les Européens septentrionaux, et d'Ecosse par les Français. Le fleuve Sehannon (Senus) est le plus grand fleuve de cette île où l'on comptait dans les temps anciens les villes de Jernis, au midi de Cashil, dans l'intérieur, de Regia (Armagh) vers le nord, et d'Eblana, qu'on croit être Dublin, sur la côte orientale.

Les îles connues des anciens sous le nom de Britannicæ Insulae étaient et sont encore : 1° Vectis insula (Wight), au sud, soumise aux Romains par Vespasien.

2o Cassiterides insulse (îles Sorlingues ou de Silly), visitées par les Phéniciens qui y allaient chercher l'étain et qui étendirent la dénomination des Cassitérides à toutes les îles britanniques, elles sont situées au sud-ouest.

3° Mana insula (Anglesey), dans le canal entre l'Hibernie et la Grande-Bretagne.

4° Manaria insula (île de Man), au nord de Mana.

5° Ebudes insulse (îles Westernes ou Hébrides), à l'ouest de la Calédonie ou Ecosse.

6° Orcades insula? (îles Orcades) au nord du même pays. Au temps d'Agricola, une flotte romaine qui.fit le tour de toute la Grande-Bretagne, soumit ces îles.

70 Thule. On ne sait pas positivement l'île que les anciens nommèrent ainsi. Elle fut, diton, découverte près de quatre siècles avant l'ère chrétienne par Pitias de Marseille. Quelquesuns pensent que c'était la plus grande des îles Sehetland, et d'autres que c'était l'Islande reléguée presque sous le cercle polaire et que pour cette raison, Virgile appelait Ultima Thule.

Pendant près de trois siècles l'île de Bretagne resta province de l'empire romain ; au commencement du cinquième siècle les légions romaines abandonnèrent ces , possessions pour se replier sur l'Italie menacée par les Barbares; et les Bretons, livrés à leurs propres forces, furent en proie aux incursions des Pietés, habitant, comme nous l'avons dit, les montagnes du nord et qui étaient toujours restés libres. Au neuvième siècle les Pietés furent soumis par les Scotts ou Ecossais, venus d'Irlande. Mais depuis longtemps les Bretons avaient invoqué l'aide et l'alliance des Saxons, qui peu à peu se rendirent maîtres de tout le pays et formèrent avec les Angles ou Anglais sept royaumes composant l'heptarchie Saxonne: Ket, Essex, Sussex, Vessex, Est-Anglie, Nort Humbrie et Mercie.

Les Danois envahirent l'île à leur tour et les Bretons, repoussés par les vainqueurs, passèrent la mer et vinrent se réfugier dans la grande presqu'île gauloise, à laquelle ils donnèrent leur nom ; les autres restèrent dans le pays de Galles.

En 1066, sous Guillaume le Conquérant, les Normands envahirent et conquirent l'Angleterre. Ils partagèrent le royaume de telle sorte qu'ils devinrent les maîtres et seigneurs de tout le pays, tandis que les Saxons étaient réduits à la servitude. L'aristocratie anglaise est presque entièrement aujourd'hui d'origine normande.

Aux souverains de la race de Guillaume le Conquérant succédèrent ceux de la Maison d'Anjou ou les Plantagenets qui ajoutèrent l'Irlande à leur royaume. Jusqu'alors cette île était restée à peu près étrangère à tout le reste de l'Europe et était divisée en plusieurs tribus ou états libres, continuellement en guerre entre eux. Si Henri 11 parvint à soumettre les Irlandais, sa conquête fut loin d'être exempte d'orages. Traitée en pays conquis, l'Irlande lutta avec une énergie sauvage contre la domination normande, et, aujourd'hui encore, malgré le mélange des races, malgré les siècles écoulés, une haine sourde subsiste encore dans le cœur des Irlandais contre l'Angleterre.

Le pays de Galles fut conquis par Edouard Ier et ajouté au Royaume, mais sans perdre toutefois son originalité et ses coutumes.

Les Plantagenets, vassaux du Roi de France par leurs possessions dans les Gaules, tâchèrent de secourir ce joug insupportable. De là ces guerres féodales qui ensanglantèrent si longtemps le sol français et qui dégénérèrent en guerres nationales dans lesquelles, après avoir été souvent vainqueurs, les Anglais finirent par être complétement vaincus. Ces luttes amoindrirent pendant longtemps la puissance politique de la Grande-Bretagne, et cependant ce n'était rien encore; la célèbre guerre civile connue sous le nom de guerre des Deux-Roses vint mettre l'Angleterre à deux doigts de sa perte.

Aux Plantagenets succédèrent les Tudors, famille galloise sous le règne de laquelle l'Angleterre prit enfin une voie conforme à sesintérêts et commença sa puissance maritime.

Depuis Henri VIII, dit Théophile Lavallée, l'Angleterre devint le champion du protestantisme; depuis Elisabeth, elle domina sur l'Océan.

Les Stuarts, rois d'Ecosse, qui succédèrent aux Tudors, amenèrent la réunion des trois grandes divisions des Iles Britanniques en une seule domination.

Cette union, continue le géographe, si favorable à la grandeur des Iles-Britanniques, n'amena que de médiocres résultats sous les Stuarts, car l'Angleterre luttait pour ses libertés intérieures et sauvait la double cause du protestantisme et ses droits parlementaires en deux révolutions mémorables, celle de 1648 qui renversa Charles Ier et celle de 1688 qui renversa Jacques II.

La Maison des Stuarts ayant été chassée du trône, le Royaume-Uni, guidé par une aristocratie pleine de génie et d'ambition, entre dans une voie de prospérité où il n'est point encore arrêté. Il a vaincu sous Guillaume III, sous la reine Anne et sous la dynastie hanovrienne, les nations de la France, de l'Espagne, hérité des possessions des Portuguais et des Hollandais en Asie, colonisé la moitié de l'Amérique du Nord (Etats-Unis, NouveJe Bretagne), fondé dans l'Inde sur les débris de l'empire des Mogols, un empire gigantesque. Enfin, pendant les longues guerres de la Révolution française, il s'est donné des positions militaires et politiques danstoutes les mers et est devenu la première nation commerçante du monde.

L'Angleterre est divisée en quarante comtés appela en anglais Counties ou Shires, on ajoute ordinairement ce dernier nom au nom du comtés, Yorkshire pour comté d'York, Devonshire, pour comté de Devon, etc. Ce mot vient du saxon et signifie division, coupure.

Voici le tableau de la division admhnstratH

de l'Angleterre.

NORD

Comtés Chef-lieux Northumberland Newcastle Cumberland Carisle Durham Durham Westmorelaml Appleby York York Lancaster Lancaster

EST

Comtés Chefs-lieux Lincoln Lincoln Norfolk Norwich Suffolk Ipswich Cambridge Cambridge Essex Colchester

SUD

Comtés Chefs-lieux Kent Canterbury Sussex Chichester Surrey Guilfort Berks Reading Hants Winchester Wilts Salisbury Dorset Dorchester Devon Exeter Cornwall Launceston

OUEST

Comtés Chefs-lieux Chester Chester' Gloucester Glouchester Monmouth Monmouth Hereford Ilereford Sommerset Bath Shrop ou Salop Shrewsbury

CENTRE

Comtés Chefs-lieux Iluntingdon Hunlingdon Derby Derby Nottingham Nottingham Strafford Strafford Oxford Oxford Buckingham Ruckingam Hertford llertfort Middlesex Londres Leicester Leicester Rutland Oaham W arwick Warwick Worcester Worcester Bedford Bedford Northampton Northampton

Le Pays de Galles, qui, malgré sa réunion à l'Angleterre, sous Edouard 1er, n'en forme pas moins une principauté distincte, est divisé en 12 comtés :

Comtés Chefs-lieux Auglesea Beaumaris Flint Flint Denbigh Denbigh Caernarvon Caernarvon Merioneth Balla ou Dalgelly Montgomery Montgomery Cardigan Cardigan Radnor Radnor Brecknock Brecknock Pembroke Pembrocke Caermarthen Caermarthen Clamorgan Cardif

1-,'; ,.

¡ sse est divisée en deux grandes régions.

Ile lands ou hautes terres et les Lowland, , pn baSfeos terres; elle forme 33 comtés :

NORD

- * L - Comtés Chefs iieux Orkney Kirkwall Caithnes Wick Sutherland Dornoch Ross Tain Cromarty Cromarty Inverness Inverness

CENTRE

Comtés Chefs-lieux Argyle Inverary Bute Rothesay Nairn Nairn Elgin ou Moray Elgin Bauff Bauff Aberdeen New-Aberdeen Mearn ou Kincardine Stonehaven Angus ou Forfar Forfar Perth Perth Fife Cupar Kinross Kinross Clarckmannan Clarkmannau Stirling Stirling Dumbarton Dumbarton

SUD

Comtés Chefs-lieux Edimbourg ou Mid. Lolhian Edimbourg Linlitligow ou WestLothian Linlithgow IIaddington ou Est Lothian Haddington Berwick Berwick Renfrew Renfrew Ayr Ayr Wigtown Wigtown Lanark Lanark Peebles Peebles Selkirk Selkirk Roxburgh Jedburgh Dumfries Dumfries Kirkendbrighd Kirkendbright

L'Irlande est divisée en 4 provinces : Leicester, Munster, Connaught et Ulster se subdivisant en 32 comtés :

PROVINCE DE LEICESTER

Comtés Chefs-lieux Dublin Dublin Louth Dundolk Wicklow Wicklow 'Vefilrt Wexfort East-Mtath Trim Wew-Meath Mullingar Longfort Longford King's-Couiity Philipstown Queen' -County Malhorough Kildare Kildare Carlow Carlow Kilkenny Kilkenny

PROVINCE DE MUNSTER

Comtés Chefs-lieux Waierfort Waterfort Cork Cork Kerry Tralee Limerick Limerick Clare Ennis Tipperary Clonmel

PROVINCE DE CONNAUGHT

Comtés Chefs-lieux Galway Galway Mays Castlebar Sligo Sligo Leitrim Leitrim Roscommon Roscommon

PROVINCE D'ULSTER

Comtés Chefs-lieux Fermanagh Enniskillen Cavan Cavan Monaghan Monaghan Donegal Donegal Tyrone Omagh Londonderry Londonderry Antrim Belfast Armagli Armagh Down Downpatrick

Les petites îles qui complétent le royaume uni de la Grande-Bretagne actuel, sont: 1° Les îles Shetland, situées au nord de l'Ecosse, elles sont au nombre de 64, dont plusieurs ne sont plus habitées, la principale est Mainland, l'air plus froid qu'en Ecosse, y est sain quoiqu'humide; 2° Orcades, on en compte 30 situées tout près de la pointe septentrionale de l'Ecosse, Pomone, la plus grande, a de bons ports; 3° Hébrides ou Westcrnes. Ces îles sont un groupe allongé le long de la côte occidentale de l'Ecosse où elles forment le canal nommé le Grand-Minsch au nord et le Petit-Minsch au sud.

Lewis, la plus étendue, a 132 kilom. de long sur 40 de large. Les plus remarquables des Hébrides, après Lewis, sont les îles Sky et de Mull. Celle de Staffa est fameuse par la grotte basaltique connue sous le nom de grotte de Fingal; 4° L'île de Man, située au milieu de la mer d'Irlande, à égale distance de l'Angleterre et de l'Irlande et de l'Ecosse, elle a 20 lieues de long sur 12 de large. Capitale Douglas.

5° Anglesey, située au sud de la mer d'Irlande, n'est separée du pays de Galles que par un canal très-étroit.

6° Les îles Sorlingues ou Scilly. Ce groupe, situéprès de la pointe sud-ouest de l'Angleterre, est composé d'un très-grand nombre d'îles dont aucune n'est remarquable pour son étendue.

7° Wight. Cette île est située tout près de le côte méridionale de l'Angleterre.

8° Les îles Normandes situées dans la Manche. La plus grande est Jersey, (ancienne Césarée) a pour chef-lieu Saint-Helier. - Guernesey, la seconde des îles de la Manche, a pour capitale Saint-Pierre-Port.—Puis viennent Aurigny, chef-lieu Saint-Anne, et Sere, qui est sans contredit la plus pittoresque et la plus accidentée de la Manche.

Les autres possessions Anglaises en Europe sont : L'île de Helgoland, située dans la mer du nord et vis-à-vis des embouchures de l'Elbe et du Weser ; Helgoland n'a pour habitants que des pêcheurs, mais c'est un port militaire trèsimportant par sa position et pour les fortifications qu'on y a établies. Chef-lieu Oberland.

GIBRALTAR. — Dans l'Andalousie, en Espagne, ville très-forte, sur la côte occidentale et au pied du célèbre promontoire dit Calpe. Port de relâche très-important.

Groupe de MALTE, ce groupe situé dans la Méditerranée comprend les îles de Malte, Goza et Camino.

POSSESSIONS ANGLAISES EN ASIE.

EMPIRE ANGLO-INDIEN.— Cet empire, auquel nous aurons occasion de revenir, est divisé en trois présidences dites de Bengale, de Madras et de Bombay. Le Pandjab, les provinces du nordouest et de l'Oude, et la Birmanie britannique sont adjoints à la première.

PRÉSIDENCE DU BENGALE.—Capitale ou cheflieu Calcutta, siége du gouvernement général de l'Inde est une des plus belles villes de l'Asie.

Cet entrepôt d'un immense commerce est situé sur la rive gauche du bras occidental du Gange, connu sous le nom de l'ilougly. Ce fleuve y forme un port capable d'admettre les navires marchands du plus fort tonnage. — Les autres villes principales sont: Agra, ancienne résidence du grand mogol Akbar; Benarès, très-grande ville qu'on peut regarder comme la métropole ecclésiastique de l'Inde et le siège principal de la littérature Brahmanique; Delhi, très-grande ville bâtie sur la rive droite de la Jumma; Lahore, sur la rive droite du Rawi ; Mirzapour, ville très-florissante par son industrie, et son commerce.

PRÉSIDENCE DE MADRAS. — Capitale Madras, ville très-grande et d'un commerce très-étendu quoique inférieur à celui de Calcutta. Un canal navigable construit en 1803, joint une partie de cette -ville à l'Eunord. Les autres principales villes de la présidence de Madras sont : Mazulipatan (dans les Circars du nord) sur un bras du Krichna, le meilleur port de la côte de Coromandel, Cochin et Tillitchèry, sur la côte de Malabar, ville indienne chef-lieu du district du Nord-Malabar.

PRÉSIDENCE DE BOMBAy,-Chef-lieu Bombay, Ville située sur la côte du Coucan, le port le plus sûr et le meilleur de -la côte occidentale des Indes, contenant six docks et un arsenal militaire. Les autres villes principales sont: Suray, sur la rive gauche du Tapti, célèbre marché de l'orient; la superstition indienne y a élevé un hôpital pour les animaux y compris les singes, les tortues, les punaises et autres vermines. Aurangabad, grande ville à moitié ruinée et déserte; Baroda dans le royaume de Guzerate et Hyderabad capitale du royaume de Dekhan ou deNizam.

ILE DE CEYLAN. - Cette île célèbre pour ses beaux ports et son excellente position forme un gouvernement séparé, dépendant uniquement de l'Angleterre. Capitale Colombo, ville forte et bien bâtie, centre du commerce extérieur de toute l'île malgré l'imperfection de son port qui n'offre de sûreté aux vaisseaux que pendant une partie de l'année. Les autres principales villes sont Kandy, ancienne capitale de l'île. Pointede-Galle, petite ville importante par son commerce, son beau port, et la salubrité de son air et Trinkemale que son beau port à fait surnommer la clé de l'Océan Indien.

ILE DE LABOUAN. —Sur la côte septentrionale de Bornéo, dans l'archipel des Indes orientales a été cédé à l'Angleterre en 1806.

ILE DE PULO-PINANG. — C'est-à-dire de la noix de bétel, appelée aussi île du prince de Galles. Capitale George-Town. Jolie ville bien fortifiée avec un port franc très-commerçant, Les autres villes importantes sont Malâeca, située à l'extrémité de la péninsule et sur le détroit auquel elle donne son nom; Singapore, ville bien bâtie et très-florissante, sur l'îlot du même nom.

CHINE. — HONG-KONG. — Ile de colonie Anglaise au sud de la province de Canton, capitale Yictoria-Town, jolie ville, mais insalubre.

ARABIE. - ADEN. — Ville fortifiée, importante par sa position à l'entrée de la mer Rouge ; excellent port, devenu très-important depuis le percement du canal de Suez.

AFRIQUE ANGLAISE.—Depuis l'année i866, la colonie de Sierra Leone et les forts et établissements Anglais de la côte occidentale d'Afrique ne forment plus qu'un gouvernement sous ce nom.

SIERRA LÉONE. — Colonie Anglaise dans la Nigritie; climat malsain, Freetown, port et capitale.

CAPE-COAST-CASTLE. — Etablissement de la Côte d'Or, comprenant les forts de Dix-Cove, Appolonia.

SACONllI, ANAMABOU. - Cap Coast-Castle, et -Acra; climat sain sur les hauteurs, mais dangereux sur les côtes.

CHRISTIANBORG, — Chef-lieu des établissements danois cédés aux Anglais en 1856 et formés des comptoirs de Tema et de Nimbo, du fort de Friedensborg, Adda etc.

LAGOS, colonie anglaise située sur la côte occidentale d'Afrique sur le golfe de Guinée, entre le pays de Danomey à l'ouest et les rivières du Sénia et les embouchures du Niger à l'est. Cédée à l'Angleterre par un roi indigène en 1860; la capitale qui se nomme aussi Lagos est construite dans une petite île près de l'embouchure du Lagos.

CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. — Ancienne colonie hollandaise fondée en 1632, appartient aux Anglais depuis 1806. La capitale, Capetown domine la montagne granitique de la Table, haute de 1100 mètres. On cite parmi les autres villes de la colonie, Constancia, célèbre par ses vins de liqueur; Graham's-Town, capitale de la partie orientale de la colonieduCap. Simon'sTown, sur la baie False, petite ville importante à cause de l'abri que les navires rencontrent en hiver dans son port contre les vents N.-O.; port Elisabeth ou Algoa-Bay, port trèsimportant de la province de l'est; Witenhage, la plus jolie ville de la colonie; Pieter Maritzburg, capitale du Natal, sur le Bosjeman. Port Durban et Deutschland sur les bords de l'Umgeni.

ILE MAURICE. — Cédée aux Anglais le 4 décembre 1810. Le climat est chaud et avait été sain jusqu'en 1867; à cette époque une épidémie de fièvre paludéenne a exercé de grands ravages. Cette fièvre est aujourd'hui endémique et aussi redoutable qu'à Madagascar. Capitale Port-Louis, beau port, établissement maritime où les navires du plus fort tonnage peuvent être réparés.

Dépendance de l'île Maurice : l'île Rodriguès, Saint-Brandon ou Calgados, banc de sable parsemé d'îlots; le groupe deChagon contenant Diégo-Garcia, les Six-Iles, les Trois-Frères, les îles de Salomon, les Peros-Banhos et l'îlot Ligour; l'archipel des Séchelles composé de trente petites îles dont la principale estMahé; l'archipel des amirautés composé de 11 petits îlots; les îles du Nord et du Nord-Est de Madagascar, qui sont: Agalega, Coëtivi, l'île Alphonse, l'île de la Providence, les îles de Jean de Nove, l'île Saint-Pierre, Aldobra, les îles Cosmolido, l'Assomption, Astova, Natal, Glorieuse et l'île de sable.

ILE D'AFRIQUE (Océan Atlantique). - SainteHélène, île isolée, est située à près de 2,000 kilom. de la partie la plus voisine des côtes de

l'Afrique méridionale. Station des vaisseaux anglais qui vont dans l'Inde ou qui en reviennent.

POSSESSIONS ANGLAISES DANS L'AMÉRIQUE DU NORD Les immenses possessions des Anglais dans l'Amérique du Nord ont une population totale de 5,700,000 dont 1,000,000 de race francaise et 2,000,000 d'indigènes.

CONFÉDÉRATION DU CANADA. — D'après un acte adopté parle Parlement anglais, le 29 mars 1867, les colonies du Haut et du Bas-Canada, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick sont unies en une confédération à partir du 1er juillet de la même année. Elle forment quatre provinces qui portent les titres de Provinces d'Ontario ou de Haut-Canada, de Québec ou Bas-Canada, de la Nouvelle-Ecosse et de Brunswick. C'est à la Reine d'Angleterre qu'ap.

partiennent le pouvoir exécutif et le commandement supérieur des forces de terre et de mer.

Elle nomme le gouverneur général qui admi.

nistre au nom de la Reine et nomme le ministère ou conseil privé de la reine pour la confédération.

Le Parlement fédéral se compose de deux chambres. Il y a à la tête de chaque province un lieutenant-gouverneur, nommé par le gou.

verneur général en conseil. Les provinces ont des législatures particulières qui règlent les intérêts locaux; mais les affaires d'intérêt général relèvent du parlement fédéral. L'acte d'union a prévu l'entrée dans la Confédération, de l'île de Terre-Neuve, de l'île du prince Edouard, de la Colombie anglaise, de la terre de Rupert et du territoire du nord-ouest. Mais cette réunion éventuelle devra être prononcée paria reine à la demande de ces différents pays.

OTTAWA. — Sur la rivière du même nom, limitrophe des deux Canadas est la capitale de la confédération et le siège du parlement fédéral.

CANADA. — Le Canada se compose de deux provinces distinctes, Haut et Bas-Canada. La presque totalité.de la population du Haut-Canada est anglaise, tandis que celle du BasCanada est presque toute française. Le Canada a 2,900,000 habitants.

Il y a au Canada 3020 kilom. de chemins de fer et les plus grands canaux du monde, un pont qui traverse le Saint-Laurent à Montréal est long de 3 kilom. et a coûté au delà de 40 millions.

Les exportations consistent en bois, en céréales, en potasse, en pelleteries, et en huile de pétrole. Il s'y fabrique une grande quantité de sucre d'érable.

Le Canada compte environ 110 journaux et publications périodiques. En dehors des grands établissements d'éducation, écoles normales, universités, collèges, etc., on compte environ 6,000 écoles élémentaires donnant l'éducation à 550,000 enfants.

BAS-CANADA. — Capitale Québec, métropole catholique de l'Amérique anglaise, bâtie sur la rive gauche du Saint-Laurent, et située sur le penchant d'un promontoire appelé le cap Diamant. La citadelle de Québec rend cette ville une des plus fortes places de l'Amérique.

HAUT-CANADA. — Villes principales : Fort William sur la côte septentrionale du lac Supérieur.

HAMILTON. — A l'extrémité de la baie de Bur lington, sur le lac Ontario.

KINGSTON. — L'une des plus anciennes villes

du Haut-Canada, à l'extrémité du lac Ontario et à l'embouchure de la petite rivière de Cataragui, qui se jette dans le Saint-Laurent.

LONDON. — Ville nouvelle et la plus rapprochée des frontières et centre d'un riche district agricole.

TORONTO. — Métropole du Haut-Canada, ville bâtie sur la côte N.-O. du lac Ontario, au fond d'une baie sûre, spacieuse et d'un accès facile.

NOUVEAU-BRUNSWICK. — Villes principales : Frédériktown, siège du gouvernement provincial.

SAINT-JOHN. — Beau port à l'embouchure de Saint-John. C'est la ville la plus importante de la province.

NOUVELLE-ECOSSE. — Chef-lieu Halifax, siège d'un archevêché catholique. Son port sur l'Atlantique est un des plus beaux de l'Amérique.

ILE DE TERRE-NEUVE. — L'un des points les plus remarquables du Globe ; depuis le quinzième siècle c'est sur ce banc que se fait la pêche de la morue qui attire annuellement des millions de navires dans ces parages.

Chef-lieu Saint-John's, ville fortifiée et importante par son beau port.

HARBOUR-GRACE. — Seconde ville de l'île.

LABRADOR ou NOUVELLE-BRETAGNE. — Produit des pierres de Labrador, la pierre spéculaire, l'arbeste, du fer, du cuivre, de la pyrite sulfureuse et du cristal de roche. Le Labrador fait partie du gouvernement de Terre-Neuve.

Chef-lieu : Charlotte-Town.

BAIE D'HUDSON. — La compagnie de la Baie d'Hudson, dont la charte remonte à 1072, a un capital de 2,348,367 livres sterling. Les affaires de la compagnie sont administrées par des directeurs qui résident a Londres. Ce pays est divisé en plusieurs départements : Département de MONTRÉAL, dépôt principal FORT-LA-CHINE.

Département du SUD, dépôt principal MoosEFORT.

Département du NORD, dépôt principal, FORTYORK.

RIVIÈRE-ROUGE. — Colonie agricole fondée en 1811. Chef-lieu Fort-Garry.

COLOMBIE-BRITANNIQUE. — On y trouve de l'or et de l'argent, mais le climat y est fort dur.

En 1862 on a détaché de la Colombie la colonie de Stickeen; mais cette colonie est restée provisoirement sous l'administration du gouverneur de la Colombie.

ILE DE VANCOUVER. — Chef-lieu Nanaims.

Villes principales : Camosack, port au sud et Mac-Neils, port au nord-est.

AUTRES POSSESSIONS ANGLAISES EN AMÉRIQUE PETITES-ANTILLES. - Barbade, la plus orientale de l'archipel des Petites-Antilles.

BRIDGE-TOWN. — Capitale et siège du gouvernement des Petites-Antilles, jolie ville au fond d'une baie qui y forme un beau port.

ILE DE GRENADE. — Chef-lieu Saint-Georges.

ILE DE SAINT-VINCENT. — Chef-lieu Kingstown.

ILES TABAGO. — Ile Sainte-Lucie, divisée en deux parties : la Capisterre, couverte de forêts,

et la Basse-Terre, dont le sol est fertile et bien cultivé. Chef-lieu, Castries.

ILE SOUS-LE-VENT. — lie Antigoa, chef-lieu: Saint-John's; Englih-Harbour, bon port et chantier de construction.

ILE-SAINT-CHRISTOPHE. - Chef-lieu, la BasseTerre.

ILE DOMINIQUE. —Chef-lieu, le Roseau.

ILE MONTSERRAT. — Chef-lieu, Plymouth.

ILE NÉVIS. — Chef-lieu, Charlestown.

ILES VIERGES. — Les principales sont les îles Sainte-Croix, Saint-Jean et Saint-Thomas.

JAMAÏQUE. — Elle est divisée en trois départements qui sont Middlessex, chef-lieu, SainteCatherine; Surrey, chef-lieu, Kingstown; et Cornwalle, chef-lieu, Sainte-Elisabeth. La principale ville de la Jamaïque est Kingstown, bâtie au fond d'une baie sur la côte méridionale de l'île.

ILES BAHAMA ou LUCAYES. — Archipel formé d'une centaine d'îles ou d'îlots madréporiques ou récifs, est divisé en grand banc de Bahama et petit banc de Bahama.

ILE DE LA NOUVELLE-PROVIDENCE. — Chef-lieu, Nassau, siège du gouvernement. Les autres îles principales sont: Abaco et Grand-Bahama, l'île Crooke'i, Elenihera, Grande-Inague, l'île Hasbour, l'île Longue, l'île Saint-André, etc.

ILES TURQUES OU de TURK. - Exploitation, importation de sel.

BERMUDES OU ILES SOMERS. — Groupe de 300 îles et îlots, dont les , plus considérables sont : Bermuda ou Mainlamî, Saint-Georges, SaintDavid, Somerset et Irlande. Chef-lieu, Hamilton, dans l'île de Uermuda.

HONDURAS. — Colonie de l'Amérique du Centre, sur le golfe du même nom, chef-lieu, Ba- lize. GUYANE ANGLAISE. — Colonie de l'Amérique méridionale, entre le Vénézuéla et le Brésil, divisée en trois comtés: Deméraz, Esséquibo et Berrbice. Chef-lieu, George-Town.

ILES FALKLAND OU MALOUINES. — Archipel le l'Amérique anglaise dans l'Océan Atlantique, composé de deux îles principales : East-Falkland et "West-Falkland et d'un grand nombre de petites îles.

ILE DE LA TRINITÉ.— Par sa position unique, la fertilité de son sol et son voisinage de la terre ferme, elle doit devenir le point central le plus important de toutes les colonies anglaises des Indes occidentales. Capitale, Port of Stain, port principal de l'île, une des plus jolies villes des Antilles. Un autre petit port, San-Fernando, prend de l'accroissement et alimente le plus riche quartier de l'île.

POSSESSIONS ANGLAISES EN OCÉANIE Cette autre partie de la monarchie britannique comprend l'Australie orientale ou Nouvelle Galles du Sud, l'Australie occidentale, l'Austraméridionale, Victoria, Queensland, la Terre de Van-Diémen ou Tasmanie et la NouvelleZélande.

AUSTRALIE ORIENTALE OU NOUVELLE-GALLES DU SUD.— Sidney, chef-lieu du comté de Cumberland et de toute la Nouvelle-Galles. Ville bâtie dans une situation magnifique, sur une petite anse du port Jackson, un des plus beaux du monde.

TERRE DE VAN-DIÉMEN (Tasmanie). — Cheflieu, Hobart-Town, ville considérable, située à l'embouchure de la rivière Derwent. Ville principale Lannceston, sur la rivière Tamar.

VICTORIA. — Capitale, Melbourne, dans la baie de Port-Philip.

AUSTRALIE MÉRIDIONAL¥.:.-Capitale, Adélaïde, dans le golfe de Saint-Vincent, AUSTRALIE ORIENTALE. — Capitale, Perth, sur la rivière du Cygnus.

NOUVELLE-ZÉLANDE. — Capitale, Auckland, sur la rivière Tamise; ville principale, Oltago.

QUEENSLAND. — Chef-lieu, Brisbane; ville principale, Wellington, siège du gouvernement, dans le détroit de Cook.

POPULATION. — La population de l'empire britannique s'élève à 281,948,000 habitants, ainsi répartis :

kilom. carr. habit.

Métropole. 314,951 31,800,000 Colonies 20,728,150 202 600,000 Tributaires indiens. 1,671,850 46,400,000 Totaux. 22,714,951 280,800,000 En plus ; Iles Fidge. 21,807 148,000 Nouvelle-Guinée. 709,972 1,000,000 Totaux généraux. 23,446,730 281,948,000

AGRICULTURE. f - On peut diviser en six régions la production agricole de l'Angleterre.

Voici de quelle façon M. Levasseur a distribué ces régions différentes : « j 0 La région du nord, plus montagneuse que les autres, granitique et quelquefois marécageuse dans le voisinage des Cheviots et sur le versant occidental de la chaîne Pennine, mais présentant sur le versant oriental, la belle vallée de la Tyne et les plateaux richement cultivés du comté d'York.

« 2° Le pays de Galles, formant en dehors de l'Angleterre proprement dite, une région d'un caractère tout particulier; le climat est froid, le sol est montagneux, bien que le plus haut sommet y dépasse à peine 1,000 mètres. On peut surnommer cette région la Petite Suisse et les pâturages y dominent.

3° La région de l'ouest, plus humide en général que les autres, par la fréquence des pluies et des brouillards, présente tantôt un terrain hérissé de collines, comme leSommerset, tantôt des plateaux d'une médiocre fertilité, comme dans les «Cotswolds» du Gloucestershire, tantôt de riches herbages sur les pentes et au fond des vallées comme dans le Chestershire.

4° La région du centre, où l'on rencontre aussi quelques parties montueuses, un sol quelquefois sablonneux, comme dans le Berkshire, plus souvent calcaire, comme dans le Wiltshire, ou argileux, comme dans les bassins de la Tamise, mais généralement cultivé avec beaucoup d'intelligence et de capitaux, surtout dans les comtés de Worcester, de Warwich, deLeicester, de Rutland, et divisé en grandes exploitations qui consacrent aux herbages presque autant de superficie qu'aux terres de labour.

50 La région de l'est qui présente comme une vaste plaine unie, sablonneuse dans le Norfolk, argileuse dans la plupart des autres comtés. Les côtes sont basses et les terres sont naturellement marécageuses, surtout dans le Norfolk et le Lincoln. Il y a cent ans, une grande partie de cette région, avait l'aspect de nos landes. Des canaux tracés dans le système hollandais, le drainage et les amendements consistant principalement dans l'emploi des os qui ont donné à

ce sol le phosphate de chaux, ont assaini le ter.

rain et en ont fait les plus beaux herbages et les terres à blé les plus productives de toute la Grande-Bretagne.

Les côtes ont été stir p'usieurs points endiguées, ce qui a fait donner au comté de Lincoln, le nom de Hollande anglaise. Les plaines voisines du Middlesex s'adonnent à la culture maraîchère et toute la région est enrichie grâce à la culture savante qui a donné naissance à l'assolement de Norfolk.

6° La région du sud qui n'est pas la plus fertile; sur les bords de la Tamise (île de Thanet) et sur les hauteurs, elle a des pâturages, mais elle présente sur la Manche des falaises et des collines crayeuses à l'est, granitiques à l'ouest, un sol généralement maigre, quelquefois stérile, mais très propre à l'élevage des moutons.

L'Écosse comprend deux régions bien distinctes : 10 Les Lowland, c'est-à-dire les Basses-Terres; on y comprend ordinairement le Border, contrée montagneuse qui dépend des monts Cheviots, et qui doit son nom à sa situation sur la frontière de l'Angleterre; les pâturages y dominent.

Les Lothians, composés des vallées de la Twed, du Forth et de la Tay, sont des plaines trèsfertiles et très-bien cultivées où abondent les céréales.

2° Les Highlands, c'est-à-dire les HautesTerres, qui s'étendent dans les Grampians etles monts de Ross, sur toute la portion du nordouest de l'Ecosse, région de montagnes d'un aspect pittoresque, en grande partie stérile, tres-peu propre au labourage, mais où paissent de nombreux troupeaux.

L'Irlande, placée commel a sentinelle avancée dtj l'Europe dans l'océan Atlantique qui l'enve.

loppe, qui y entretient une constante humidité et la préserve contre les froids, a mérité poursa belle végétation herbacée le nom « d'lie Verte ».

La grande plaine centrale est généralement basse et les eaux y ont peu d'écoulement. Les rochers, sur les côtes, les !acs et les marais au centre occupent à peu près le quart de sa superficie. Le Connaught. est peu cultivé, mais dans les trois autres parties, on trouve plus de deux millions d'hectares de bonnes terres à sous-sol calcaire. (E. Levasseur. L'Europe, moins la .France.) La grande propriété foncière et les vastes exploitations agricoles dominent dans toute l'Angleterre, dans le Lancashire seulement on trouve de moyennes et même de petites propriétés. Dans les basses terres d'Ecosse la propriété est de peu d'étendue. Tandis que dans les hautes terres il n'est pas rare de trouver d'immenses pâturages appartenant au même propriétaire, M. Levasseur cite entre autres le domaine de Sutherland qui n'a pas moins de trois cent mille hectares. En Irlande, la propriété est très-morcelée et la moyenne partie des fermes ne dépasse pas six hectares.

La plupart des bras étant employés par l'industrie, le commerce et la marine, il reste peu d'hommes pour la culture de la terre. L'Irlande seule est demeurée fidèle à l'agriculture. Le froment le meilleur et le plus abondant a pour provenance les comtés d'Essex, Kent, Suffolk, HuLJand, Hertford, Berks, Hants et Hereford.

Plusieurs autres comtés se livrent presque exclusivement à la culture de la pomme de terre.

Le houblon emploie à peu près cinquante mille hectares. La culture des cérales proprement dites occupe une superficie de quatre millions un tiers d'hectares, dont un tiers pour le froment, deux cinquièmes pour l'avoine et le reste pour l'orge, sauf quelques parcelles consacrées au seigle; aussi les produits du sol ne suffisent-ils pas à beaucoup près à la consommation et le

Royaume-Uni est-il obligé de recourir à l'importation pour alimenter la population.

Les autres cultures alimentaires destinées soit à l'homme, soit aux animaux donnent à peu près les résultats suivants : Turneps, 35 millions de tonnes, fèves, pois, haricots, carottes, luzerne, etc., occupent plus de 2 millions d^hectares. Le Norfolk produit une quantité très-abondante de navets. Dans le sud et le sudouest presque chaque cultivateur a son verger destiné à faire du cidre; Hereford et Glocester sont renommés pour cette boisson.

Le Kent possède beaucoup de cerisiers.

Parmi les plantes industrielles cultivées dans la Grande-Bretagne, on ne peut guère citer que le lin, dans la province d'Ulster, en Irlande, cette plante occupe 100,000 hectares, donnant annuellement 50,000 tonnes de filasse.

ANIMAUX DOMESTIQUES. — Les Iles-Britanniques, grâce à l'égalité de leur température et à l'humidité entretenue par le voisinage de la mer, sont comme nous l'avons dit, très-propres à l'établissement des prairies et des pâturages, et par conséquent très-favorables à l'élevage des animaux de boucherie et de la race chevaline.

La race chevaline anglaise pur sang, malgré sa noblesse et les frais qu'elle nécessite pour se conserver, ou plutôt à cause de cela, n'intéresse, guère nos cultivateurs français, qu'au point de vue des croisements. On la considère aujourd'hui comme le principe de l'amélioration de la race chevaline, ce qui peut être vrai surtout si on a soin de faire un choix judicieux et d'améliorer en mêlhe temps les races locales.

Elle a commencé à se former en Angleterre sous le règne de Jacques Ier, lorsque ce roi remplaça par des courses de chevaux les anciens tournois. Elle descend de chevaux arabes croisés avec les meilleures juments indigènes et ses qualités remarquables sont entretenues au moyen d'un régime spécial et de soins continus.

Les courses ont depuis quelques années entièrement modifié la construction du cheval pur sang. En demandant avant tout la vitesse la plus extrême, on a négligé et même annihilé les qualités qui formaient de cette race un type améliorateur, car on ne devrait pas oublier que le cheval pur sang n'est améliorateur qu'à la condition d'unir la force, l'ampleur des formes à l'énergie et à la vitesse. Sans l'étoffe et malgré la vitesse, il devient un agent destructeur, en amincissant les races et les rendant impropres aux mêmes services qu'elles rendaient avant le croisement.

Le cheval de race est intelligent, fort, vigoureux, plein d'énergie et capable d'opérer des prodiges de vitesse; par contre il est difficile à conduire, capricieux, emporté, souvent méchant; il a la bouche dure, les allures sans élasticité, exigeant el très-sensible aux intempéries. Malgré ces défauts qui en font un mauvais cheval de guerre et un médiocre cheval de selle, il est très-estimé pour l'amélioration de nos races indigènes françaises; toutefois nous devons constater que l'espèce d'engouement dont il a été l'objet se modère.

On commence à reconnaître qu'il ne peut s'allier avantageusement avec toutes les races et qu'on ne doit l'employer au croisement qu'avec la plus grande réserve. Les éleveurs du Perche et de la Flandre se plaignent beaucoup de l'introduction du sang anglais; ils prétendent même que c'est une des principales causes de la dégénération de ces belles races de travail.

Le cheval anglais est sans pareil pour améliorer nos fortes races carrossières dans les contrées où le sol est fertile, où l'élevage est bien compris et où les produits sont, dès leur naissance, l'objet de soins particuliers; mais il

n'en est pas de même dans les contrées pauvres où l'élevage se fait économiquement et où les poulains sont abandonnés à eux-mêmes sur un sol sec où poussent à peine quelques brins de graminées dures et à tiges rigides (Ed.

Vianne. — La ferme).

L'Angleterre nourrit à peu près 9 millions de bêtes à cornes dont voici les principales races : La race Short-Horn (courtes cornes), plus connue en France sous le nom de Durham, du comté où cette race a pris naissance se reproduit avec toutes ses qualités sous le climat brumeux du nord et du nord-ouest. Voici d'après M. Lefebvre de Sainte-Marie les principaux caractères de cette race due aux soins des frères Collerio, de Darlington, vers la fin du dix-huitième siècle.

« Leurs os, surtout ceux des extrémités,sont amincis, leur tête est large dans la région du frontal et s'amincit vers le mufle; leur cou est raccourci, léger chez les femelles, épais chez les mâles; l'épaule, droite, épaisse; s'unit avec le cou presque sans aucune saillie des os; la poitrine haute, profonde et large, descend parfois jusqu'aux genoux, se projette en avant perpendiculairement au point d'attache du cou avec la tête et produit entre les jambes un écartement tel que certains animaux ont peine à marcher, le garrot doublé forme avec le dos et les reins une surface droite horizontale, qui, développée sur les côtés par la forte courbure des côtes et la dimension extraordinaire des hanches et du bassin, offre l'aspect d'une table en carré long.

La masse du corps est profonde, près de terre; la chair descend jusqu'aux genoux et aux jarrets. A l'état d'embompoint, toutes les saillies d'os sont recouvertes de graisse et le corps présente de nombreuses boursouflures sur le sternum, les épaules, le dos, les côtes, les hanches, la queue, etc. »

Cette description donne une juste idée du développement et de la puissance des principaux organes et fait comprèndre les avantages que présente cette race sous le rapport de la précocité et de la transformation de la nourriture en viande.

La race Durham est, en effet, de toutes les races connues, celle qui possède à un plus haut degré les facultés assimilatrices des aliments, la facilité d'engraissement, la précocité, et qui, proportionnellement au poids brut, donne la plus grande quantité de viande. Mais, quoi qu'aient pu dire les partisans de cette race, il est prouvé qu'elle est plus que médiocre pour le travail et que le perfectionnement poussé trop loin sous le rapport de la facilité d'engraissement a nui à ses facultés lactifères.

On lui reproche surtout d'être peu prolifique et de n'engendrer que très-tardivement.

En Angleterre, pour fixer la valeur du mâle au point de vue de la boucherie, on a généralement adopté l'ordre suivant : Œil grand, clair et saillant; muscles du cou pleinement arqués, mais sans être grossiers ni pesants; poitrine profonde et circulaire; ventre bien arqué de la pointe des plus courtescôtes, circulaire et plus léger au flanc; peau molle au toucher, veloutée et modérément fine, cédant sous la main ; poil épais, doux, moelleux et tortillé; dos droit de la pointe des épaules à l'origine de la queue; pointe derrière l'épaule, pleine et de niveau avec les épaules, l'ensemble de la charpente osseuse du corps également rempli de tissus cellulaires, muscles et graisse; les reins larges, de niveau et bien remplis avec muscles et graisse. Tête belle et conique ou pyramidale; joues modérément remplies de chair; front large et concave; mufle fin et beau, d'une couleur orangée; gorge claire avec la peau détachée tombant sur le poitrail ; poitrail plein, porté en avant et profond; épaules non dures, mais charnues ; jarrets gras et nets avec chair

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE

89

:;;" /) descendant jusque près de la jointuR re; jftiPuh4, au-dessous du jarret, svelte et dé icy.tèment J formée; côtes bien arquées; jambes a W^çour-_ tes et carrément placées; avant-jam bes u /(fOq-, sous des genoux, larges avec muscles sailtaûls_

et fins au bas des genoux; couleur nette, riche, sans ombre de bleu ou de noir ; cornes de grandeur modérée non épaisses à leurs racines; paraissant douces et polies ; sabots ronds et de grandeur modérée; apparence générale gaie et regard docile.

« Malgré les éminentes qualités de la race de Durham, dit M. le marquis de Dampierre, je n'hésite pas à conseiller de repousser les taureaux de cette race de tous les pays où l'on élève pour le travail; bien au contraire j'en conseille l'emploi aux cultivateurs de tous les pays où l'on élève pour la boucherie et où l'on a un si évident avantage à ne pas garder inutilement dans les herbages des animaux plus lents à grandir, à se former, plus coûteux même à nourrir que ceux de la race de Durham. »

Il faut citer encore la race d'Herefort qui se plaît dans les pays du centre, celle de Devon que l'on trouve surtout dans les montagnes du sud-ouest et dans le pays de Galles, et enfin la race d'Ayr. Cette jolie race qui porte le nom du comté duquel elle est originaire, est renommée en Ecosse et même dans tout le Royaume-Uni comme une excellente laitière et recherchée par sa vigueur, sa rusticité, sa sobriété et sa douceur; si l'on ajoute à ces qualités une belle robe généralement rouge et blanche, une harmonie et une élégance de formes incomparables, on comprendra la haute préférence qu'on lui accorde sur les autres races.

La taille de cette race est moyenne, plutôt petite quegraride ; elle convient particulièrement pour l'amélioration des petites races.

« Les comtés qui possèdent le plus de bêtes à cornes sont le Cumberland et le Westmoreland au nord, le Lancashire et le Chester à l'ouest, le pays de Galles, le Sommerset, le Cornouailles au sud-ouest, Le Derby et le Leicester au centre. Dans ces comtés, ainsi qu'en Irlande (comtés de Limmerick, de Tipperary, Roscommon, Meath, etc.) et en Ecosse (comtés d'Ayr, de Renfrew et de Dumfries) on compte plus de cinquante têtes de gros bétail pour 100 hectares. » (Levasseur, L'Europe moins la

France).

Les Iles-Britanniques comptent près de 35 millions de moutons divisés en 3 races.

La race Dishley convient pour l'amélioration de la race jnérine ; elle lui donne de la précocité, augmente considérablement le poids, et améliore les formes sans nuire d'une manière notable au produit de la laine. D'après les auteurs anglais, les animaux de la race de Dishley (du nom de la ferme où elle a été obtenue vers

1760), doivent avoir la tête sans cornes, petite, allongée, terminée légèrement en pointe, les yeux saillants, d'une expression tranquille, les oreilles fines, assez longues et rejetées en arrière, le cou court, large près du poitrail et fin à sa jonction avec la tête, le poitrail ainsi que les flancs, développés, profonds et arrondis, les épaules larges et rondes, sans aucune inégalité anguleuse dans l'articulation où elles s'attachent au dos et au cou; aucune élévation, ni aucun creux près du garrot, la jambe charnue dans toute sa longueur, depuis le genou jusqu'au pied, les os petits, dépourvus de chair et de laine.

La principale qualité de cette race est d'apporter d'avantageux changements dans les races avec lesquelles on la croise, mais il lui faut une nourriture abondante et succulente pour se maintenir dans de bonnes conditions. La race de New-Kent possède à peu près les mêmes qualités.

La racè des Cheviots ne se rencontre guère que dans les comtés du Nord et en Ecosse, c'est le véritable type du mouton des montagnes.

1 :.

f 'La;ra e Soothdown, descend d'une des races qui tent les dunes de l'Angleterre; entourée dés plus d'un demi-siècle de soins intelligent et pourvue d'une nourriture abondante, s un climat doux, non sujet aux grandes

variations de température que - nous subissons en France, ct;Ue race s'est complètement transformée ; elle devrait être nommée New-Soothdown, car elle diffère totalement de la race ancienne qui habite encore quelques parties des dunes. La nouvelle race se trouve dans les collines calcaires, sèches, qui sont entourées de plaines fertiles et bien cultivées. C'est là ce que les cultivateurs français ne devraient pas oublier. Nous leur entendons souvent dire, les Soo'hdown sont rustiques, ils restent toute.

l'année dehors, sans abri, et vivent sur les dunes; cela est vrai, mais ils oublient que ces dunes sont fertiles ou au moins entourées de terres fertiles dont les produits sont consommés par les montons, que le climat de l'Angleterre présente moins de variations que celui de la France et que l'on n'y connaît ni les fortes sécheresses de nos étés, ni les froids vifs de nos hivers.

La race Soothdown est d'une taille un peu au-dessus de la moyenne de nos races françaises. Elle e.-t facile à distinguer par sa tête de grosseur moyenne, courte, à chanfrein un peu busqué, sans cornes, de couleur brune comme la tête, Je garrot est épais, le dos droit, large, le corps rond, la croupe épaisse, le garot très-descendu, le poitrail large et saillant.

Il n'y a pas de race dont les formes soient plus harmonieuses: elle porte la tête haute, a la démarche fière et le pas relevé, la laine est courte, commune et manque de nerf et (l'élasticité.

En somme, c'est une excellente race de boucherie, sa viande est bonne et très-estimée; sous ce point de vue, elle peut améliorer nos races communes et donner de bons résultats, à la condition d'être bien nourrie.

Comme en France, l'espèce porcine se trouve à peu près partout, pourtant on cite comme plus spécialement affectés a cet élevage les comtés de Suffolk, Belford, Essex, York et Gloucestcr.

Les nombreuses races anglaises sont le produit du croisement des races locales, qui avaient beaucoup de rapports avec nos races françaises et des races chinoises, cochinchinoises et napolitaines; elle ont généralement une grande propension à prendre la graisse, sont d'une crois" sance rapide, ont les membres fins, la tête petite et les oreilles dressées.

On a créé un nombre infini de races qui va toujours en augmentant, chaque agriculteur notable voulant avoir la sienne. Nous nous contenterons d'indiquer les principales, celles qui sont les plus utiles pour J'amélioration de nos races françaises.

Race du Yorkshire. Nous connaissons, en France, la grande et la petite race Yorkshire.

Cette dernière est aussi désignée sous le nom de race de Lincoln.

La grande race se distingue par sa couleur blanche, son dos horizontal, sa côte ronde, la croupe forte, bien garnie, descendant jusqu'au jarret et constituant de forts jambons, la tête forte et jlarge, les oreilles moyennes, les membres courts et minces proportionnellement au volume du corps.

Cette race conviendrait pour l'amélioration de nos grandes races françaises, à qui elle conserverait la taille, loul en améliorant les formes, et en augmentant la précocité; elle est moins en vogue aujourd'hui qu'il y a quelques années et on lui préfère généralement le Berkshire et le Hampshire.

La petite race est blanche, elle se confond avec la petite race de Leicester, dont nous allons parler.

Race de Leicester. Cette race, plus connue en France sous le nom de New-Leicester, est de petite taille, très trappue, prenant rapidement une grande quantité de graisse, elle est ordinairement blanche, sans taches et a le poil fixé et peu abondant. Le cou est court, ce qui, fait paraître la tête enfoncée entre les épaules; les ganaches sont écartées, la gorge très épaisse, le museau droit, les oreilles dressées, fines et très-petites.

Cette race convient dans les établissements où l'on veut engraisser les porcs jeunes et où l'on tient plus à la graisse qu'à la viande; ils sont peu difficiles sur la qualité de la nourriture et s'engraissent avec une rapidité surprenante. On reproche à la race de Leicester d'être peu prolifique, ce qui est dû à la grande propension à prendre de la graisse.

La race d'Essex est de taille moyenne, plutôt petite que grande, elle est caractérisée par sa peau entièrement noire, garnie desoies fines et rares. Elle a le corps très épais, le dos un peu arqué, le cou court, la tête très petite et fine, le museau pointu, les joues larges, les membres fins, est d'un entretien facile et sa viande est très estimée.

La race de Middlesex, introduite en France par M. L. Pavy, a enlevé plusieurs fois le prix d'honneur à nos concours de Poissy, et le premier prix d'animaux reproducteurs dans tous les concours. Elle a beaucoup de rapports avec la race de New-Leicester et non moins de propension à s'engraisser, mais elle a de plus la taille ce qui la fait préférer pour les croisements.

La nouvelle race de Berkshire, la seule qui soit devenue commune en France, est le produit obtenu par des croisements successifs de l'ancienne race de ce comté avec des races chinoises et napolitaines. L'ancienne race de Berkshire était très-frorte et jouissait d'une grande réputation; c'était la mieux conformée des anciennes races anglaises..

La trace des divers croisements qui ont servi à créer la nouvelle race de Berkshire se retrouvp dans la variété du pelage; qui est tantôt blanc, tantôt noir, le plus souvent noir et blanc ou moucheté de roux. La taille est moyenne, la tête est fine, le front s'élève brusquement, les oreilles sont dressées, assez longues et portées en avant, le corps est rond, les os minces en proportion du poids du corps.

La race de Hampshire a une grande similitude avec la précédente, il est même très difficile de la caractériser autrement, cependant on considère le Hampshire comme plus fort de taille et ayant la côte plus plate.

On élève, en Angleterre, beaucoup moins do volailles qu'en France. En revanche, les abeillee y sont l'objet d'un soin tout particulier.

LA CHASSE. — Les animaux indigènes de l'Angleterre sont à peu de chose près les mêmes que ceux du continent sous la même latitudes cependant les espèces sont moins nombreuses.

Le loup et le sanglier ont complètement dispara de la Grande-Bretagne.

Le renard aurait peut-être subi le même sort, si on n'avait pris des précautions pour le protéger. Dans beaucoup d'endroits on trouve en grande quantité le coq de bruyère qui se plait dans les contrées sauvages et incultes.

Les chiens sont très-soignés et les conditions primitives de leurs races ont élé modifiées et perfectionnées par des soins intelligents et des croisement.

LA PÈcHE.-Dans les rivières de la côte orientale de l'Ecosse, on pêche le saumon en grande abondance. C'est un aliment qu'on trouve sur toutes les tables et qui devient une branche importante de revenu pour ces contrées : sur

zi

les côtes de Caithness, dans le golfe Murray.

Dans le Loch Fyne et sur les côtes de l'Irlande on trouve en abondance le hareng, la morue, le pilchard, le maquereau et le turbot. On cite encore les huîtres des golfes de Forth et celles des côtes de Clarc.

MINES, CARRIÈRES, SOURCES.- La principale source de richesse de l'Angleterre est le produit de ses mines; au premier rang de ces produits il faut placer la houille, appelée souvent le diamant noir; à cause de cette richesse, les Anglais ont surnommé avec orgueil leur patrie les Indes noires (Black Indies). Les grands dépôts houilliers se trouvent surtout dans les comtés du nord, du centre et de l'ouest. Les plus considérables sont ceux de Northumberland et Durham, Cumberland, Manchester, Glascow, Edimbourg, Leicestershire, Monmouthshire, Somersetshire et Glamorganshire.

L'ensemble des houillères de la GrandeBretagne a produit en 1866 près de 100 millions de tonnes. L'Irlande seule est à peu près déshéritée de mines de houille.

Les autres métaux tiennent aussi une trèslarge place dans le total des produits du commerce anglais, l'exportation de ces provinces s'élève annuellement à sept cents millions. Le fer tient une des premières places dans ces productions. Les principaux centres de ces mines sont : le pays de Galles, le comté de Strafforl, le comté d'York et l'Ecosse. Le cuivre anglais est très-estimé, les mines les plus riches se trouvent dans le pays de Galles et dans les contrées d'Anglesey, de Cornouailles, de Devonshire et de l'Irlande. Les mines de plomb (la plupart argentifères) se rencontrent le plus abondamment dans les comtés de Cumberland, d'York et de Dei by; le pays de Galles etl'Irlande en possèdent aussi d'assez nombreuses et d'un très-bon rendement.

L'étain est une des richesses les plus anciennement connues de l'Angleterre.; nous avons vu dans les notions générales de la géographie que les navires de tous les peuples convergeaient de tous les points de l'Europe méridionale, vers les îles Casitérides, à la recherche de ce précieux métal. Les principaux centres de production, aujourd'hui, sont les comtés de Cornouailles et le Devon.

Les mines et carrières de la Grande-Bretagne produisent aussi du zinc, du cobalt, des granits, des pierres de construction, des ardoises et du kaolin. On cite aussi les salines de Northwich, dans le comté de Chester.

« Dans ce grand combat livré par l'homme à la nature, dit Théophile Lavallée, plus d'une victime succombe au champ de bataille du Ira vail. Sur les 500,000 ouvriers qui végètent au tond des mines d'Angleterre, la statistique constate annuellement, par le seul fait des éboulements, explosions ou chutes au fond des charbonnages 2,500 tués et 20,000 blessés.

Mais que dire de ces générations intérieures qui s'étiolent et s'abrutissent dans une vie souterraine et contre nature, où s'épuisent dans de mortels labeurs dans l'air infecté des manufactures? On oublie trop souvent de quelle source proviennent les capitaux de l'Angleterre et sur quel mépris de l'humanité est fondée la puissance de l'aristocratie britannique. »

« Sur 400 Anglais gagnant leur vie par le travail, dit Levasseur, on en compte en moyenne 243 employés dans l'industrie, 100 dans l'Agriculture, 32 dans le commerce et 24 dans les professions libérales.

« L'Angleterre, ajoute Th. Lavallée à ce triete tableau, se présente comme un immense bloc de fer et de houille, employant dans ses mines, dans ses manufactures, un peuple entier de travailleurs, une armée de prolétaires affamés, ignorants, misérables, représentant à peu près les cinq huitièmes de la population totale. »

Les sources thermales sont peu connues dans la Grande-Bretagne qui doit cependant en posséder un assez grand nombre. Voici les principales : Bixlon, comté de Derby, village considérable dont les eaux minérales d'une température de 28° cent. sont bicarbonatées calciques et employées en boisson, bains et douches contre la goutte et les rhumatismes.

CHELTENHAM (comté de Glocester), située sur la Chelt. ses eaux sont froides et purgatives, elles sont généralement employées en boissons l'our la chlorure, les gastralgies et les engorgements du foie. C'est de là que viennent les sels connus sous le nom de sels de Chelienham.

IIARROWGATE (comté d'York). — Station d'eaux minérales très-fréquentée. Les eaux d'Harrowgate sont sodiques-suffureuses de 10° à 12° centigrades et conviennent dans les maladies de la peau, les affections dyspespsiques et la diathèse scrofuleuse.

TUNBRIDGE WELLS (comté de Kent). — L'eau de cette station est ferrugineuse froide, elle est remarquable par l'abondance du protoxyde de fer qu'on y rencontre. Cette eau s'emploie pour la chlorose, la leuchorrée, etc.

ILE DE WIGHT (comté de Southampton). Station à la fois maritime et hydro-minérale, c'est-à- dire qu'on y peut faire usage des bains de mer et des eaux ferrugineuses froides.

WOODIIALL (comté d'York). — Eaux chlorurées-sodiques froides, spécialement employées contre les affections scrofuleuses. Les eaux de Woodhall contiennent, en outie, de l'iodure et du bromure de sodium.

INDUSTRIE ET COMMERCE. — L'Angleterre, grâce à la richesse et à la proximiié de ses mines, est le plus grand foyer du commerce du monde entier. Cependant une des plus solides bases de la prospérité anglaise, le coton, a subi dans les dernières années une inquiétante perturbation.

« La prospérité commerciale de l'Angleterre, dit Théophile Lavallée, repose en grande partie sur la fabrication du coton; la dernière guerre des Etats-Unis l'a prouvé. Or, que deviendra cptte prospérité au jour (et ce jour est prochain) où l'Amérique fabriquera elle-même le coton qu'elle produit pour l'expédier jusqu'ici aux manufactures anglaises, malgré de longs rat.irds et d'énormes dépenses? Les Etats-Unis y trouveront une richesse nouvelle; les fabriques de Manchester la ruine, le peuple la famine, l'Angleterre une révolution sociale. »

Si l'industrie utile rend l'Angleterre sans rivale, il n'en est pas de même de l'industrie de goût pour laquelle la France tiendra, nous l'espérons, longtemps encore le premier rang.

Voici, d'après M. Richard Cortambert la classification des comtés et des lieux de production, d'après leur industrie : « En Angleterre, les comtés les plus riches en beaux pâturages sont : Sommerset, Glocester, Monmouth, Herefort, Shropshire, Worcester, Wilt, c'est-à-dire généralement l'ouest.

« Les comtés qui s'adonnent le plus à l'agriculture sont: Lincoln, Essex, Kent, Southampton, Bedford, Hereford, Buckingham, Oxford, Middlesex et Sussex.

« Les comtés manufacturiers et miniers sont: Northumberland, York, Norfolk, Suffolk, CornOllaille, Chester, Lancastre, Westmoreland, Cumberland, Warwick, Straffort, Derby, Leicester.

« Le pays de Galles, peu peuplé (1,100,000 habitants); mais très-riche en mines de houille, se divise en Galles du nord et Galles du sud.

cette dernière est la plus industrielle et le comté le plus manufacturier est celui de Clamorgan;

« L'Ecosse est divisée en deux régions physiques : les Terres-Hautes (Highlands) au nord et les Terres-Basses (Lowlands) au sud. Ces dernières sont les plus peuplées, les plus manufacturières, les plus commerçantes, et les comtés qui se livrent le plus spécialement au commerce et à l'industrie sont Lanark, Renfrew, Stirling et Edimbourg.

« En Irlande les comtés de Dublin et d'Autrim sont les plus intéressants pour l'industrie. »

Voici dans les quatre pays les localitésr.qui se distinguent dans chaque spécialité industrielle.

Pour l'industrie cotonnière : Manchester, Balton, Blackburn, Preston, Rochdale, Wigan, Bury, Ashton-Under-Lyne, Stockport, Norwich et Londres en Angleterre et Glascow (en Ecosse).

Pour les lainages : Leeds, Halifax, Bradford, lIuddesfield, Keudal, Frome, Stroud, Colchester, Sehrewsbury, Salisbury, Exeter, Taunton, Coventry, Norwich, Nottingham, Glocester, Leicester en Angleterre; Glascow et Pertu en Ecosse.

Pour l'industrie linière: Warrington, Luds, Barnsley, Exeter, en Angleterre; ILisburn, Newry, Belfort, Dhrogheda, Cootehill, Monaghan, Armagh, Sligo, Galway, Dublin,en Irlande; Glascow, Dundee, Paisley, Montrose, en Ecosse.

Pour la soie : Coventry, Macclesfield, Londres, Nottingham, Derby, Sheffield, en Angleterre; Paisley, en Ecosse; Dublin, en Irlande.

Pour les fabriques d'objets en fer et en acier; la coutellerie, la serrurerie, la quincaillerie: SheffieIJ, Birmingham, Londres, Barnsley, Wolverhampton, Ketley, Dudley, Rotherdam, Colehrookdale, Schrewsbury, en Angleterre; Merthyr-Tydvil. Swansea, Neath, dans la principauté de Galles; Carron, Clyde-Works, en Ecosse.

Pour la construction des machines à vapeur: Newcastle et Glascow.

Pour la bijouterie; Sheffield. Birmingham et Londres.

Pour la faïence: Burslom, Newcastle, UnderLyne, Stoke et autres villes du Straffordshire, Bristol, en Angleterre; Glascow, en Ecosse.

Pour la porcelaine: Worcester, Kenitwortii, le Straffordshire.

Pour les tanneries, la préparation des peaux, les gants, etc.: Londres, Bristol, Worcester, en Angleterre; Glascow, en Ecosse.

Pour le papier: Maidstone, Hereford, l'Yorkshire, le pays de Galles et quelquee comtés de l'Ecosse.

Pour la librairie et la topographie : Londres, Edimbourg, Glascow.

Pour la carrosserie: Londres.

Pour l'horlogerie: Londres, Coventry.

Pour les constructions maritimes : Londres, Liverpool, Glascow et une foule d'autres ports.

Le commerce extérieur du royaume-uni de la Grande-Bretagne s'élevait, lors de la dernière publication des statistiques officielles (1867), à douze milliards et demi, dont environ cinq milliards et demi pour l'exportation etsept milliards pour l'importation.

A l'importation. le commerce consiste principalement en céréales et denrées alimentaires, (nous avons dit plus haut qu'en dépit de ses efforts et de sa grande culture, l'Angleterre était loin de produire assez pour sa consommation).

Le froment et la farine figurent dans la somme totale de l'importation pour sept cents millions.

Le sucre pour 330 millions, le thé pour 250 millions, le bétail gros et petit pour 150 millions, le café pour 110 millions, les vins pouf 100 millions; viennent ensuite: les fruits, fro-

mages, le lard, le jambon, l'huile d'olive, les spiritueux, le riz, le tabac, etc.

Les soieries de France dépassent 210 millions; les lainages et les cuirs ouvrés atteignent presque le même chiffre.

L'importation des matières premières se répartit à peu près de la façon suivante: coton, 1,030 millions; laine, 750 millions; bois, 400 millions; soie, 270 millions; lin, 135 millions; huiles non comestibles, 100 millions; graines de lin, 100 millions.

Articles non estimés: suif, peaux brutes, minerais de cuivre et cuivre brut, guano, indigo, chanvre, jute, fourrures, etc.

Dans le chiffre de sept millions auquel atteint l'exportation, le coton importé figure pour 460 millions, la laine 250 millions et la soie 100 millions. Viennent ensuite dans les objets de réexportation : le café, le thé et l'indigo.

Les produits britanniques qui forment les principaux articles de l'exportation sont : les cotonnades éerues, blanchies ou imprimées (1,200 millions), les lainages et surtout les étoffes de laine peignée (500 millions), les fils de coton (250 millions), le fer en barres, fonte, etc., (400 millions), les machines (i5 millions), la nouille 120 millions), la quincaillerie (100 millions), les vêtements, les fils de lin, la bière, le cuivre ouvré, la faïence, les armes, les alcools, les cuirs ouvrés.

Les métaux précieux constituent un article tout particulier, mais très-important du commerce britannique, qui reçoit chaque année de' 5 à 900 millions de France; l'or, principalement de l'Australie, des Etats-Unis, du Mexique; l'argent, du Mexique, des Etats-Unis, de la France, et qui envoie à l'étranger de 400 à 800 millions, l'or, surtout en France; l'argent, en Orient, en France et en Allemagne (Levasseur. L'Europe moins la France).

Les marchandises que la France fournit à l'Angleterre, y compris Malte et Gibraltar s'élevent annuellement à 1 milliard 39 millions de francs, et celles qu'elle en recoit à 691 millions, commerce général.

Les principales exportations de la France en Angleterre sont les tissus de soie et de laine, les peaux préparées et ouvrages en peaux, les eaux-de-vie, la soie, la bourre de soie, les tissus de coton, l'orfèvrerie, bijouterie et horlogerie, les œufs et le beurre salé, la mercerie, la parfumerie, les graines à ensemencer, le linge, les vêtements, les huiles de toutes sortes, le papier, les livres et les gravures, les céréales et farines, la poterie, le verre et les cristaux, la garance, les outils et ouvrages en métaux, les fruits de table, les fruits oléagineux. etc.

Les importations principales consistent en soie et bourre de soie, laines en main, fer, fonte et acier, houille, cuivre de première fusion, riz en grains et en paille, tissus et passementeries de laine, machines et mécaniques, châles de cachemire, etc.

Indépendamment de sa grande production manufacturière qui exige un apport considérable de matières premières, dit M. Levasseur, et convient à une exportation considérable de produits fabriqués, la Grande-Bretagne a dans ses nombreuses possessions coloniales la raison d'un commerce lrès-étendu. Bien que la GrandeBretagne ait renoncé au monopole commercial à l'égard de ses colonies, la dépendance politique, les liens de famille, la similitude de la langue, des habitudes, des institutions, les capitaux et les négociants de la métropole fixés dans les colonies lui assurent la prépondérance pour le placement de ses produits sur le marché de près de 200 millions de consommateurs qui lui fournit en échange le café, le coton, les matières tinctoriales, les peaux, le jute, les huiles, l'opium, le salpêtre, les graines oléagi-

neuses, le& châles, la soie, les épics de l'Inde, la canelle, le café, l'huile de' coco de Ceylan; le rhum et le sucre de Maurice, le minerai de cuivre, la laine, le vin, les peaux du Cap et de Natal, les produits agricoles, la potasse, et le bois du Canada et des provinces voisines, la morue et l'huile de Terre-Neuve, le café, le.

piment, le rhum, le sucre, la mélasse, le iiz, le cacao des Antilles et de la Guyane, l'or, les peaux, le suif, la laine, le cuivre de l'Australie et de la Nouvelle Zélande. Les Iles-Britanniques font avec leurs colonies un commerce d'environ 3 milliards et demi, dont les 2/5 à l'exportation et les 3/5 à l'importation. Ce commerce a doublé depuis dix ans. (L'Europe moins la France)

RIVIÈRES ET CANAUX. — Si comme nous l'avons vu dans la partie hydrographique de la Grande-Bretagne les grands fleuves sont rares dans le Royaume-Uni, il n'en est pas de même des canaux, dont la structure du terrain a singulièrement facilité la construction.

Les quatre principaux ports de l'Angleterre Londres, Bristol, Liverpool et Hull, communiquent entre eux par un réseau formé de rivières et de canaux correspondant les uns avec les autres; nommons seulement les principaux.

Le grand Trunk, joint le Trent et la Mersay, et relie Hull avec Liverpool. Le canal de la Grande-Jonction, joint la Tamise au grand Trunk, et met Londres en communication directe avec Hull et Liverpool. Ses prolongements sont le canal du Régent à Londres et le canal de la Grande-Réunion, vers le nord.

La Saverne est jointe au grand Trunk par le canal de Strafford et Worcester et vient relier Bristol à Liverpool.

Entre Londres et Bristol se trouvent le canal de Beerks et celui de Kennet et Avon; ce dern er prend son nom des deux fleuves qu'il joint ensemble. Le canal de Beerks part de la Tamise, près d'Oxford et va rejoindre au canal de Kennet et Avon.

Le nom des autres canaux expliquent d'euxmêmes la situation qu'ils occupent : Ce sont le canal d'Oxford ou Grand-Trunk, le canal de la Strande, joignant l'Isis à la Saverne, le canal de Worcester à Birmingham, le canal de Liverpool à Leed, joignant la mer d'Irlande à la mer du Nord, par l'Ayr et l'Ouse. Le canal de Liverpool à Manchester, piolongé d'un côté jusqu'à Halifax, par Rochdale et de l'autre jusqu'à Huddersfield. Ce canal joint le Calder, affluent de l'Ouse, à la Mersay. Le canal de Liverpool à Lancastre. prolongé jusqu'à Kendal. Le canal de Brigde-Waler, de Manchester à la Mersay.

En Ecosse, on trouve deux grands canaux. Ce sont : le canal Calédonien qui passe par le Loch-Ness et va, du golfe de Murray, rejoindre la côte occidentale, et le canal Forth et Clyde, qui réunit les deux principaux fleuves d'Ecosse.

On cite encore le canal d'Union, allant d'Edimbourg au canal derorth et Clyde, et le canal de Glascow à Androssan.

En Irlande, le Grand-Canal et le canal Royal, unissent la mer d'Irlande à l'Atlantique et joignent la Liffey au Banow et le Banow au Sehannon.

CHEMINS DE FER ANGLAIS. — La première ligne anglaise a été inaugurée en 1830. Depuis lors, cette industrie a pris des développements gigantesques. En 1843, les Iles-Britanniques comptaient déjà 3,275 kilom. de lignes ferrées; en 1856, il y avait 13,300 kilom., aujourd'hui, la longueur des voies en cours d'exploitation est de 23,640 kilom., ainsi répartis ; Angleterre, 17,640; Irlande, 3,500 et Ecosse, 3,000.

La longueur des voies ferrées dans les colonies est de 12,500 kilom , dont 6,000 pour l'Inde, 5,000 pour le Canada, 1,000 pour l'Aus-

tralie, 12Ô pour le Cap et pour Natal, et 78 pour les Antilles, le Honduras et la Guyanne.

Le réseau anglais ne peut être comparé qu'à celui de la Belgique. En effet, là comme ici, peu de villes de second et même de troisième ordre qui ne soinet reliés aux villes voisines et unies à la capitale par des tronçons de plus ou moins d'étendue.

Il serait impossible de déterminer d'une manière exacte le nombre des lignes qui s'entrecroisent dans le Royaume-Uni, cependant nous pouvons en donner une idée en prenant dans l'excellent guide du voyageur en Angleterre, de M. Alphonse Esquiros, la dénomination des lignes et leurs correspondances (Guide Joanne, Angleterre, Ecosse, Irlande).

ANGLETERRE LIGNES DU SUD ET DU SUD-OUEST

Milles (1).

De Londres à Chester, par Brighton 95 1/4 De Londres à Portsmouth, par Guilfort 80 De Londres à Portsmouth, par Bishoptok 94 De Londres à la mer, par Southampton 80 De Londres à la mer, par NewForest 107 1/4 De Londres à Salisbury, par le South-Western-Railway 83 1/2 De Portsmouth à Salisbury 46 De Londres à Exeter 171 1/2 D'Exeter à Exmouth 10 1/4 D'Kxeter à llfracombe, par Barnstaple 39 .1/2 D'Exeter à Bllde-Haven 57 D'Exeter à Brexh.im 31 D'Exeter à Plymouth 52 3/4 De Plymouth à Tavistok 16 1/2 De Londres à Truro 300 1/2 De Truro à Falmouth, à Elston,et au cap Lizard 11 3/4 De Truro à Penzance 26

LIGNES DE L'OUEST

De Londres à Bristol 118 1/4 De Londres à Salisbury, par Bath 134 1/4 De Londres à Exeter par Bristol 193 3/4 De Londres à nridport, par Bath 163 De Londres à Devizes 86 De Londres à Gloucester, par Swindon 114 De Bristol à Gloucester 37 De Londres à New-Milfort. - Sud de la principauté de Galles 285 1/4 De Gloucester à Herefort 30 1/4 De Newport à Hcrefort 39 3/4 De Newport à Monmouth 25 1/4 De Cardiff à Merthyr 24 1/2 De Swansea à Merthyr, vallée de laNeath • 30 1/2 De Lianelly, à Liandovery, vallée de la Towy 31 1/2 De Londres à Oxfort 63 1/2 De Londres à Worcester par Oxfort 120 1/2 De Worcester à Herefort 29 3/4 De Londres à Slratl'ort-upon-Avon 121 1/4 De Londres à ChelLenham 121 1/2 De Londres à Birmingham, par Oxford. 129 1/2 De Londres à Schrewsbury, par Birmingham et Wolverhampton 170 3/4 De Londres à Schrewsbury, par Worcester 170 De Herefort à Schrewsbury 91 De Herefort à Eardysley 13 3/4 De Herefort à Kington 43 1/2

(1) Le mille anglais équivaut à 1,609 mètres 134,900, de nos mesures française"

f Milles.

De Schrewsbury à Walshpool 19 3/4 P; De Londres à Chester, par Schrewsbury 213 De Schrewsbury à Oswestry 191 De Chester à Mold 13 3/4 De Chester à Rhyl. — Nord de la principauté de Galles 30 De Rhyl à Corwen. — Vallée de la Clwyd 29 1/2 De Chester à Couway 45 1/4 De Chester à Holyhead 84 De Bangor à Carnavon 8 3/4 De Carnavon à Nantlle 9 De Chester à Berkenhead 18 1/2

LIGNES DU NORD-OUEST

De Londres à Birmingham, par Rugly 1*3 De Birmingham à Wolverhampton, par la vallée de la Stour 13 Dé Birmimgham à Stafford, par Bescot 29 1/4 De Londres à Strafforù, par la vallée de Trent 133 1/2 De Londres à Manchester, par Rugby et Siaffort 188 3/4 De Londres à Manchester, par Birmingham 196 3/4 De Londres à Liverpool, par Crewe 209 3/4 De Liverpool à Manchester 31 1/2 De Manchester à Preston, par Bol-

ton 31 De Londres à Preston, par Crewe 210 1/4 De Liverpool à Preston 26 1/2 De Manchester à Ashton 6 1/2 De Manchester à Leeds, parBaddersfield 42 1/2 De Londres à Fleetwood 231 De Londres à Lancaster 291 3/4 De Londres à Carlisle 300 1/2 De Londres à Windermer, par Kendal 260 1/2 De Londres à Ulveston 256 De Londres à Whitehaven 304 1/4 De Whitehaven à Egremont 4 De Whitehaven à Maryport 12 De Maryport à Carlisle 28 De Carlisle à Sillotte et à Port-Carlisle 34 1/2 De Carlisle à Newcastle 66 1/4

LIGNES DU CENTRE ET DU NORD

De Londres à Manchester/par Sheffield 205 1/4 De Londres à Leeds, par Duncaster 192 1/2 De Londres à Leeds, par Leicester et Derby 200 De Derby à Manchester, par Macclesfield et Stockport 69 1/4 De Derby à Buxton 23 De Londres à Bradford et à Halifax, par Leeds 201 1/4 De Londres à Bradford, par Leicester 208 3/4 De Manchester à Leeds, par Rochdale 48 1/2 De Leeds à Lancaster 64 De Londres à York 191 De Londres à Stokton, par Ilarrogate et Thirsk 60 1/2 D'York à Harrogate 20 1/2 De Londres à Scarborough, par York 233 3/4 De Londres à Wiîhby, par York 247 3/4 De Londres à Durham, par York 261 De Londres à Newcasle, on-Tyne 275 De Londres à South-Shields 272 De Londres à Berwick-on-Tweed 341 3/4 De Londres à Hull, par Milford '4 3/4

Milles De Manchester à Hull, par New-Holland 107 De Londres à Huile, par Bedford et Brigg 180 3/4 De Londres à Lincoln, par Boston 138 1/4 De Hull à Lincoln 41 3/4 De Londres à Lincoln par Trent et Nottingham 161 1/4 De Londres à Great-Grennby 155 De Hull à Scarborough 53 1/2 De Hull à Withemsea 18 De Hull à Hornsea 16 De Londres à Northampton 67 3/4

LIGNES DE L'EST.

De Londres à Cambridge 57 1/2 De Londres à Lynn-Regis 99 De Londres à Hunstanton 114 De Londres à Dereham 425 1/2 De Londres à Norwich 126 De Londres à Wells 43 1/4 De Londres à Bury Saint-Edmund's 86 3/4 De Londres à Colchester 51 1/4 De Londres à Yarmouth-Ypswich 121 De Londres à Yarmouth par Cambridge et Els 146 1/2 De Londres à Wisbeach par Cambridge 95 1/2 De Londres à Southead 10 3/4 De Londres à Longhton 12

Voici le tableau des gares principales établies à Londres pour le service de ce vaste réseau qui enveloppe maintenant la presque totalité de l'Angleterre.

Charring-Cross, Railwny-station, chemin de fer par Grenwich et par les Etats du Sud de l'Angleterre.

Euston-station, Euston-square, chemin de fer du nord-ouest, savoir : Le London and Birmingham, Je grand Junction, le Manchester and Birmingham, le Liverpool and Manchester, Chester and Plolyhead, Northampton, avec plusieurs autres lignes en correspondance.

Paddington-station à l'extrémité nord-ouest de Londres. Stations du chemin de fer: le greatWestern, de Londres and Bristol, avec corres pondanceà Windsor, Oxford, Exeter, Plymouth, Glocester, etc. et en rapport avec tous les chemins de fer de l'Ouest.

King's Cross-station. DansleEuston-road, au coin de Gray's Jun. Read-slation du great Northern-Railway ; la route la plus directe pour le nord de l'Angleterre et pour l'Ecosse.

John Paneras-station Euston-Road, chemins de fer directs pour le nord et pour l'Ecosse.

Great Eastern Railway Bishops Gate street, au nord-est de Londres. Station de tous les chemins de fer des comtés d'Essex, Suflfolk et Norfolk.

Fenchurch station, Railway-Place, Fenchurchstreet, station du chemin de fer London and Blackwall, du chemin de fer de Bow et du chemin de fer de banlieue, Hackney, Hamerton, Balston, Kingsland, Istington et CamdenTown.

London-Bridge-stalion : Le Terminus de quatre compagnies de chemins de fer pour les lignes suivantes : Greenwich, Le Croydon and Epsom, Le Northkent à Woolwich, Gravesend et Chatam, le sud-est à Margate, Dover, Ilastings, etc. Le South-Coast à Brigthon, Portsmouth, etc., et le chemin de fer particulier au Cristal-palace de Sydenham.

Bricklayer's arms-station. Old Kent Road, Southwark. Station du chemin de fer South Eastern, etc.

Yictoria-station-Westminster. Station du chemin de fer London, Brighton, Chatham et Dover.

Waterloo-station, Waterloo-Road près Waterloo-Bridge Strand, station du chemin de fer de South-Ouest, London à Southampton avec correspondance à Gosport, Portsmouth, Salisbury, Giuldford, Parnham et Dorchester et du chemin de fer à Richmond, Windsor, etc.

Metropolitan Railway de Morgata-StreetCity. Ce chemin de fer est tout à fait souterrain depuis la cité jusqu'à Paddington.

Victoria Station-Pimlico, chemin [de fer pour les côtes du sud de l'Augleterre : Dover, Brigton, Folkstone, Newhaven, etc., et pour le Cristal-palace de Sydenham.

ECOSSE.

En Ecosse, les chemins de fer s'arrêtent du côté de l'Ouest au Strathmont et vont du côté de l'Est jusqu'au Glenmore. Ce réseau est assez complet vers le Sud. Il comprend les lignes suivantes :

Mtlles.

De Berwick on Tweed à Edimbourg 57 1/2 De Berwick on Tweed à Edimbourg 84 1/2 De Carlisle à Edimbourg 100 De Carlisle à Edimbourg parWaverley-Road 104 3/4 De Newcastle à Edimbourg 131 3/4 D'Edimbourg à Newtown 40 1/4 De Carlisle à Glascow, par Carstairs et Gartscherrie 104 De Carlisle à Glascow, par Cumberland 101 1/4 De Carlisle à Glascow, par Dumfries et Kilmarnock 129 De Dumfries à Portpatrick, par Curth-Douglas 80 1/2 D'Edimbourg à Glascow 45 if.

D'Edimbourg à Glascow par Bathgate et Coatbridge 44 1/5 De Glascow à Ayr et à Girvan 62 De Callander à Stirling 15 3/4 De Glascow à Stirling 29 1/2 De Glascow à Stirling, par Ballock 50 1/2 D'Edimbourg à Stirling 42 De Glascow à Bo'ness 31 3/4 De Stirling à Perth 33 D'Edimbourg à Perth, par Stirling 75 D'Edimbourg à Perth, par Burntisland 45 De Perth à Dundee 21 1/2 De Dundee à Kirriemnir 37 3/4 De Perth à Aberdeen 90 D'Aberdeen à Elgin 81 De Perth à Inverness 144

IRLANDE.

Le réseau d'Irlande a pour centre Dublin, et rayonne vers les principaux ports de la côte.

Les embarcadères sont distribués à Dublin de la facon suivante: Le Galway ou Great-Eastern-Railway est situé près de Queen's Junset de Broadstone Harbour.

Le Drogheda et Belfast-Railway, près de l'hôtel des Douanes.

Le Great southern and Western ou Kork livre, à Kuog's-Bridge.

Le Kingstown dans Westland Row Le .Wiclow dans Hartcourt Road. «

Milles De Dublin à Howth 8 1/4 De Dublin à Bray 12 1/4 Dé Dublin à Enniscorlhy 91 1/2 De Dublin à Kilkenny 81 De Kilkenny à Waterford 31 De Waterford à Limerick 77 De Dublin à Cork 165 3/4 De Cork à Queenstown 11 De Cork à Youghal 32 De Cork à Kinsale 24 De Cork à Killarney 60 3/4

GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE 93

.:aill.

De Dublin à Killarney U86 3/4!

De Limerick à Foynes 4 De Limerick à Ermis \25/1l/4 De Dublin à Athlone, par Mullengur 1'/4' De Dublin à Alhone, par Tullamore 80 h/4 De Dublin à Golway 126 1/2 De Dublin à Westport, par Cartlebar 150 De Dublin à Sligo • 134 De Dublin à Cavan 85 1/2 De Dublin à Enniskillen 116 1/2 De Dublin à Oldcastle 71 De Clones à Belfast 69 1/2 De Dublin à Belfast 112 1/4 De Belfast à Downpntrick 20 3/4 De Belfast à Donaghadee 22 De Belfast à Portrush (chaussée du Géant) 68 De Belfort à Londonderry 94 1/2 De Dublin à Londonderry 176 1/2

Le télégraphe électrique a pu prendre un développement énorme, grâce à cet ensemble de voies ferrées ; aussi son réseau est-il estimé à près de 27,000 kilomètres. De plus, des télégraphes sous-marins, mettent l'Angleterre en correspondance continuelle avec Calais, Ostende, Boulogne, Dieppe, les îles ang-Jo-normandes, Cherbourg, Dublin, Belfort. Wexford, les Pays-Bas, le Hanovre, l'île Valencia, TerreNeuve, les Etats-Unis, etc., etc.

ADMINISTRATION et GOUVERNEMENT. — La paroisse, le bourg ou la cité représentant le groupe municipal, constituent la principale et pour ainsi dire la seule unité politique au-dessous de l'Etat.

Tous les contribuables qui payent la taxe des pauvres font partie du droit de «La Vestry » assemblée qui administre tes affaires principales (églises, cimetières, routes, canaux, police, éclairage, etc.) et qui nomme les fonctionnaires, gardiens de l'église et autres ; ils y ont suivant leur fortune une ou plusieu s voix.

Certains services, comme celui des égouts et des eaux dépendent de commissions de districts ou de commiss ons spéciales qui proviennent également de l'élection.

Sont dits bourgs et cités les communes érigées en corporations par charte royale et composées de bourgeois s'administrant eux-mêmes et nommant un conseil, lequel à son tour nomme les maires et les abdermens. Un bourg peut comprendre plusieurs paroisses.

La cité de Londres en comprend 108, et son maire prend le titre de lord-maire.

Le comté a pour principaux officiers le lordlieutenant, commandant militaire de la province, dont les fonctions soni honorifiques et Je shérif, le premier rnagistratcivil. nommé chaque année par la Couronne et chargé du maintien de la paix publique. Mais l'administration est principalement aux mains des juges de paix, corps qui joue un grand rôle dans l'organisation politique de l'Angleterre, et qui, dans ses petites el dans ses grandes sessions, exerce l'autorité judiciaire et une partie de l'autorité administrative.

Au point de vue judiciaire, l'Angleterre est divisée en sept circuits, sans compter le Middlesex. Pour chaque circuit, deux juges de la Cour suprême sont délégués afin de tenir dans chaque comté les grandes sessions de concert avec les juges de paix.

Le gouvernement général se partage entre 1° le souverain, roi ou reine, qui exerce le pouvoir exécutif, nomme les fonctionnaires et administre à l'aide des ministres (au nombre de quinze), choisis par lui parmi les hommes investis de la contiance du Parlement. Le rang de premier ministre appartient d'ordinaire au premier lord de la Trésorerie.

ï o Laajhambre des loras ou Lnnmnre name, 66mpoâëe/de tous les lords ou pairs laïques ou spiril (archevêques et évèqul's d'Angleterre, de 2T*pairs laïques d'Irlande, nommés à vie par la. pairie d'Irlande et d'un des grands pairs spirituels d'Irlande, de i6 pairs laïques d'Ecosse

(en tout 478 membres environ.) 3° La Chambre des Communes ou Chambre basse qui comprend environ 658 membres élus pour sept ans dans les bourgs et comtés, par les citoyens payant une très-légère contribution.

Le Parlement contenant les deux Chambres, vote les subsides, les lois et peut réformer la Constitution, laquelle n'est écrite dans aucun acte précis, mais résulte de la pratique même de la vie politique. Les bills (c'est-à-dire projets de loi) relatifs aux subsides sont présentés d'abord à la Chambre des communes. Aucun acte ne peut être accompli par la Couronne sans être couvert par la responsabilité du ministre qui conseille et des fonctionnaires qui exécutent.

L'Angleterre n'a pas de codes, et sa législation se compose des anciennes coutumes ou ordonnances du Parlement. Dans toutes les affaires criminelles, les juges (excepté la Chambre des lords) ne peuvent rendre d'arrêt qu'avec le concours du jury. Il n'y a pas de pays en Europe où la centralisation administrative soit moindre et la liberté individuelle plus entière. (Levasseur, L'Europe moins la France).

ARMÉE. — L'armée anglaise, pour l'Europe seulement, se compose, sur le pied de paix, de: 1° Armée de ligne 148.000 hommes 2° Milice 165.000 3° Volontaires 142.000 Sur le pied de guerre, l'armée britannique subit les augmentations suivantes : 1° Armée de ligne 26-1. 000 hommes * 2" Milice 190.000 3° Volontaires 142.000

Total 595.000 595.000h.

L'armée coloniale, répandue dans toutes les possessions anglaises, se compose de, 1° armée dite de l'Inde: Européens 71.000 h.

Indigènes 212.000 Soit 283.000 2° Armée dite coloniale : Troupes 7 000 Milice 15,000 Soit 22.000 Total général 900. 0O0 h.

MARINE. — La flotte britannique se compose de 526 bâtiments, portant sur le pied de paix j 0.000 canons et 55.000 matelots.

Sur le pied de guerre le nombre des matelots est porté à 150.000 et 18.000 soldats de marine.

BUDGET.—Les recettes en francs du RoyaumeUni, s'elèvent pour les Iles-Britanniques seulement, à 1.778 000 000 Revenu de l'Inde (non compris les états tributaires). 1.180.000.000 Revenu des colonies. 502.000.000

Total 3.460.000.000 Dette (en francs) : Iles-Britanniques. 19.920.000.000 Dette de l'Inde. 2.550.000.000 Dette des colonies. 1.176.000 000

Total. 2o. 646.000.000

LA RACE. — L'Anglais peut être considéré comme le produit du mélange des races saxonnes et angles avec les habitants primitifs des lies Britanniques. Les Angles, d'après Tacite, habitaient avant la conquête de l'Angleterre les côtes du littoral de l'Océan. Les Saxons, d'après Ptolémée, occupèrent le pays situé entre le Schlewig et les bouches de l'Elbe. C'est vers le cinquième siècle de notre ère qu'eut lieu la première invasion de ces peuples, qui trouvèrent les îles habitées par des Celtes, des Arméniens et même des Latins.

Pendant les siècles suivants, les Normands et les Danois firent irruption dans les Iles Britanniques et en prenant la domination suprême, ajoutèrent un nouveau sang dans les veines du peuple primitif déjà si mêlé. Le type physique, qui est résulté de ce mélange, correspond un peu à toutes ces races. L'anglais a la tête d'une forme longue et élevée qui se distingue des tètes carrées des Allemands, il a la peau claire, transparente, les cheveux chalains, les formes élancées, la taille svelte, la démarche rade et la physionomie froide. Les femmes n'offrent pas la noblesse et la plénitu le des formes des femmes grecques et romaines, mais leur peau surpasse en éclat et en transparence celle des femmes de tout le reste de l'Europe.

« Des plaines basses et unies telles que les présente l'Angleterre proprement dite, écrit le docleur Clavel dans son ouvrage sur les races humaines et leur part dans la civilisation, sont peu favorables au développement des extrémités inférieures, ausbi la furce de l'Anglais est-elle moins dans les jambes que dans les bras, le, épaules et les reins. Le poing est son arme naturelle, soit dans l'allaque, soit dans la défense; son duel populaire est la boxe, tandis que le pied joue un grand rôie dans le duel qui prend en France le nom caractéristique de savate.

« Cette puissance des régions supérieures du corps donne à l'Anglais un aspect particulier.

En voyant ses épaules charnues, son cou épais et musculeux, sa poitrine proéminallte, on devine le rude travailleur, le marin intrépide, le fabricant infatigable, le soldat qui se fa t tuer à son poste, mais qui résiste mal aux marches forcées et à la faim. Ses ci'eveux blonds ou roux, sa peau blanche, ses yeux gris, disent les brumes de son pays, sa nuque peu saillante et l'ovale peu accusé de son crâne disent qu'il y a du sang finnois dans ses veines; les forces de ses maxillaires et le volume de ses dents, disent ses préférences pour le régime animal ; il a le front élevé du penseur, mais non les longs yeux de l'artiste.

« Dans l'Anglais, il y a deux hommes : le Celte etle Germain. Un examen superficiel peut seul les confondre.

« Le Cette, que l'absence de notions précises sur une population antérieure fait considérer comme indigène, se rapproche des races néolatines et surtout du Français actuel. Il n'existe guère à l'état d'agglomération que dans rIr..

lande et dans quelques districts montagneux du pays de Galles et de l'Ecosse. Son crâne et ses traits indiquent des aptitudes artistiques. Il préféré le christianisme sous sa forme catholique et anglicane. Comme l'ancien Gau.C'ls, il aime le vin, le rire, le jeu, la danse, la causerie, la raillerie et la bataille.

« Entre les conquérants modernes de l'Angleterre, les différences physiques et morales sont minimes. Tous sont %enus des bords de la Baltique, et portent en eux l'élément germanique et Scandinave. Tous portent dans leur sang les aptitudes des anciens rois de la mer.

Ils ont encore la force qui érige la conquête en droit, et prend ce qui est à sa convenance ; l'orgueil qui se refuse à courber la tête même devant la tempête, l'initiative individuelle, qui exige avant tout la liberté, une ténacité que

rien ne décourage, une intelligence capable de toutes les subtilités, une sensualité générale qui cherche à transformer les besoins du corps en moyen de jouissance, une insuffisance de sentiment qui suppose le manque d'aptitude pour les arts, enfin un tempérament calme et robuste entre tous.

« Ce type qui se retrouve encore dans les sommités sociales et dans l'aristocratie, s'est modifié avec l'élément celtique, mais a accaparé plus qu'il n'a reçu. Le Saxon, en général, absorbe les autres races et les détruit; on dirait qu'il boit leur vie et ne peut se plier à leur génie.

« Aucune aristocratie ne peut, sous le rapport de l'habileté, être comparée à l'aristocratie anglaise. Après s'être assure l'influence de la richesse, en s'emparant de la terre et en la substituant de père en fils par droit de primogéniture, elle donne le pouvoir législatif aux propriétaires du sol, au moyen d'une chambre de pairs dont la prorogation et les domaines sont substitués au fils aîné, et d'une Chambre élective dont la nomination appartient surtout aux tenanciers des grands propriétaires. Avec de pareils privilèges chez la noblesse, la royauté devient forcément dépendante, et se trouve réduite au rôle d'instrument. Les places influentes de l'administration, de l'armée, de la magistrature et de J'E,l ise reviennent de droit aux grandes familles, qui disposent de toutes les forces du pays et en usent au profit de leur caste. L'impôt est organisé de manière à peser principalement sur les classes intérieures, tandis que le produit en revient à la classe privilégiée sous forme d'appointements.

Pour amener l'aristocratie britannique au point de puissance où elle se trouve, il a fallu bien des conquêtes. Il a fallu dévorer la substance du Portugal, de l'Espagne, de la Hollande et de cent trente millions d'Indiens; il faut que quinze millions d'Anglais soient condamnés à vivre d'un salaire quotidien, quand il y a salaire, il faut que le canon ouvre les frontières de la Chine aux caisses d'opium et aux produits des manufactures obligées de vendre ou de succomber. Tant de maux n'ont pour compensation matérielle qu'une immense puissance donnée à l'argent. La sensualité, exploitée sous toutes ses formes, a décuplé le nombre des objets de consommation. Les maisons s'encombrent d'une multitude de meubles dont l'usage devient une sorte de science; les tables se chargent d'une variété infinie de mets, de fruits, d'argenterie et de cristaux; des étoffes aux mille nuances s'offrent au caprice de la mode, soit pour la confection des vêtements, soit pour la décoration des appartements; mais la maison n'est ni plus belle ni plus saine, la table n'est ni plus hospitalière ni plus réjouissante, le vêtement n'est ni plus gracieux ni plus chaud. Le confort étouffe le beau que les hommes d'argent confondent toujours avec ce qui est cher.

« Il ne faut demander à l'aristocratie britannique, ni la fière élégance de l'aristocratie latine, ni le sentiment de l'art qui fit naitre tant de merveilles en Italie et même en France.

« à l'ombre de la féodalité vit une classe de fermiers, d'industriels, de marchands, de rentiers et de spéculateurs, qui se console des humiliations subies par celles qu'elle impose à la plèbe. Cette bourgeoisie, opprimée d'en haut et menacée d'en bas, offre un singulier mélange de timidité et de résolution. Son existence toujours précaire, fait qu'elle s'aiarme facilement, qu'elle est prête à subir les conditions des forts, à se charger de tous les rôles, à répéter tous les mots d'ordre. Elle est inépuisable d'enthousiasme et d'admiration quand elle voit un gain pour elle-même dans la conduite de ses maîtres, mais elle oppose une résistance de la plus grande habileté quand les affaires publiques tournent à

son détriment. Le danger ne la surprend guère, il est signalé de loin, et conj uré quand il survient.

Dans la classe bourgeoise, l'aristocratie britannique trouve un instrument souple et fort, qui lui sert à maintenir les prolétaires, véritables héritiers du caractère du Celte. A ces malheureux, on reproche l'ivrognerie dans laquelle ils cherchent l'oubli de leurs maux, la brutalité qui se complaît dans les coups, les injures, les scènes de pugilat et les combats d'animaux, l'épaisse sensualité qui se repaît de viande et de bière, l'égoïsme qui sépare jusqu'aux verres des buveurs, enfin une criminalité plus forte que chez les autres nations civilisées.

« Mais, derrière ces vices, tristes fruits de la misère, de la douleur et de l'ignorance, il y a de solides vertns. Le prolétaire anglais a dans le cœur un sentiment inné de générosité. Il est doux aux faibles et rude aux forts. Le bien le charme, et son appui est assuré à ce qui est généreux. S'il est aveuglé par sa personnalité au point de perdre la notion de la justice, il n'est guère atteint d'avarice et donne avec p'aisir.

Son amitié est sûre quoique peu démonstrative, il tient sa parole et méprise la perfidie. Les revers redoublent son énergie au lieu de l'abattre: il ne désespère jamais de son entreprise, parce qu'il sait tout sacrifier au succès, même sa vie.

Il n'a pas les mesquines vanités qui avilissent les classes intermédiaires. A sa patrie, qui est moins pour lui une mère qu'une marâtre, il conserve un inépuisable amour. Il lui dévoue son existence entière, il l'admire, il la trouve aimable, il pousse l'illusion jusqu'à lui donner l'épithète de joyeuse et bonne Angleterre. »

Comme on vient de le voir par la citation précédente, qui, bien qu'assez longue, a été tant soit peu écourtée par nous, la race anglaise se divise en deux classes bien distinctes: l'aristocratie, qui appartient à la race saxonne et le prolétariat qui est un composé de Celtes et àé Normands.

LE CULTE. — L'exercice des cultes est absolument libre dans la Grande-Bretagne, cependant la grande majorité appartient au protestantisme.

Il y a deux religions d'Etal, en Angleterre, l'église établie ou l'église anglicane, dont la fondation remonte à Henri VIII, et en Ecosse l'église presbytérienne.

L'église anglicane compte deux archevêchés (Cantorbery et York) et 25 évêchés.

En Irlande, bien que l'église établie compte quatre archevêchés, Ja majorité des habitants est catholique.

Le nombre des catholiques dans toute l'étendue des Iles-Britanniques s'élève à sept millions, le reste se partage entre diverses sectes protestantes.

L'INSTRUCTION. — On compte en Angleterre dans les écoles de tous genres : écoles primaires des diverses communions religieuses, écoles de pauvres (Ragged schools), écoles de fabrique pour le degré inférieur et le degré intermédiaire, écoles de grammaire, écoles privées, etc., etc., environ deux millions et demi d'élèves. Aujourd'hui les trois quarts des Anglais savent lire et écrire, et, en Ecosse, il est très-rare de rencontrer un homme complètement illettré. En revanche, l'Irlandelaisse beaucoup à désirer sous ce rapport.

L'instruction supérieure est donnée dans les universités. Celles d'Oxford et de Cambridge sont connues dans le monde entier.

Ces deux établissements sont d'ailleurs placés sous le patronage de l'aristocratie et c'est tout dire : aussi lisez ce qu'en disent les narrateurs.

A Oxford et à Cambridge, quand on entre dans la ville universitaire, on se croirait trans.

porté dans un autre siècle et dans un autre pays.

Les rues principales sont bordées sans interruption, à droite et à gauche, de véritables palais, d'une architecture à la fois austère et splendide. Ces palais sont les colléges dont se compose chacune de ces universités. On en compte vingt à Oxford, dix-sept à Cambridge, sans compter les cinq hôtels d'Oxford. 1 Dans cette dernière université on remarque surtout le Christ-Church ou Collège de l'Eglise du Christ, qui domine la ville de toute la hauteur de ses tours majestueuses, à l'intérieur, sa cour quadrangulaire si vaste, sa cathédrale du douzième siècle, son réfectoire de 100 pieds de long et de 50 d'élévation, avec ses voûtes de chêne sculpté, ses élégants pendentifs, ses vitraux qui portent les armes royaies et rappellent fièrement l'époque d'Henry Vill et du cardinal Wolsey, ses fondateurs.

C'est dans une des tours du portail d'entrée que s'élève le beffroi de Tom, le bourdon d'Oxford, cloche deux fois aussi grosse que celle de Saint-Paul à Londres, mais dont la voix grave n'est pas toujours écoutée, quand le soir elle sonne la retraite pour les étudiants du collége.

Moins imposant, plus délicat d'exécution architecturale est le charmant collége gothique de Sainte-Marie Magdeleine, bâti au quinzième siècle, et dont les tourelles, les clochetons, les ogives encadrées de lierre se cachent au milieu de la verdure qui l'enveloppe de tous les côtés.

On se croirait revenu aux temps du moyen